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D ans tous les secteurs, les entre- prises commencent à prendre conscience de leur empreinte écologique. Pour produire, créer, innover, vendre, toutes ont be- soin d’une matière première qui lie leur activité – et donc leur économie – à la biodiversité. Le concept de la responsabilité socié- tale des entreprises (RSE), apparu dans les années 1960, est mieux ap- préhendé. Au salon Actionaria, qui s’est tenu en novembre à Paris, les directeurs du développement durable étaient plus nombreux que jamais pour évoquer la nécessité d’intégrer la notion de biodiversité aux perfor- mances de l’entreprise ; faisant pour ainsi dire de la biodiversité un capital naturel. Les investisseurs eux aussi se mobilisent au travers de leurs déci- sions d’investissement socialement responsable (ISR). L’entreprise renforce sa production responsable et intègre aussi de plus en plus souvent la question de la biodi- versité à la gestion des risques. Marie-Christine Korniloff, respon- sable de l’ISR à Financière de l’échi- quier, société de gestion à capitaux privés – détenue à 100 % par ses diri- geants et salariés –, revient sur l’entrée progressive dans le monde de l’entre- prise et l’univers de la finance de la biodiversité et de l’éthique. Quels sont les atouts des entreprises les plus réactives en matière d’envi- ronnement ? Ont-elles une meilleure rigueur de gestion ? Les entreprises les plus réactives à la thématique environ- nementale bénéficient souvent d’un avantage concurrentiel. Elles sont gé- néralement capables d’anticiper les futures évolutions réglementaires et ainsi de s’adapter plus rapidement. Nous rencontrons régulièrement des entreprises qui allouent une part signi- ficative de leur budget R&D aux enjeux environnementaux (L’Oréal, Bon- duelle, Michelin) afin de conserver leur statut de leadership. Par ailleurs, ces entreprises savent écouter les attentes de leurs parties prenantes afin de pro- poser de nouvelles solutions, comme en témoignent leurs divers partenariats avec des associations. Enfin, leur ri- gueur de gestion se traduit par des économies de coût substantielles (éco- nomies d’eau, d’énergie et réduction des déchets). Pensez-vous que la biodiversité puisse être un sujet à part entière pour étudier une entreprise ? La biodiversité figure parmi les sujets clés que nous abordons lors de nos entre- tiens avec les entreprises : 10 % de celles qui publient un rapport de développe- ment durable identifient la biodiversité comme étant un enjeu stratégique. Certains secteurs sont d’ailleurs parti- culièrement concernés : l’agroalimen- taire, le luxe et la cosmétique, l’énergie ou encore la construction. Par exem- ple, les groupes Danone, Casino, La- farge et LVMH prennent en compte dans leur plan d’action des mesures concrètes en faveur de la préservation de la biodiversité. Dans le cadre de l’investissement socialement responsable, peut-on mesurer la valeur de la biodiversité ? Selon le cabinet PricewaterhouseCoo- pers, 27 % des dirigeants à l’échelle mondiale se disent inquiets des impacts de la perte de la biodiversité.Nos échan- ges avec les entreprises confirment cette tendance, mais ne nous permettent pas à ce jour de chiffrer précisément ces impacts. Néanmoins, nous constatons qu’un nombre croissant d’entre elles cherche à valoriser financièrement la biodiversité. Dans le cadre de Financière de l’échi- quier, comment définiriez-vous le terme “biodiversité” ? En tant qu’ac- tionnaires, nous sommes attentifs aux “services rendus” par la nature aux en- treprises, et notamment à leur dimen- sion économique. En tant que société, nous pensons que la biodiversité est synonyme de richesse, de créativité et d’innovation, et doit être préservée. Nous y sommes sensibles et avons initié une action concrète : grâce à l’installa- tion de trois ruches sur le toit de nos bureaux,notre apiculteur a récolté cette année 60 kilos de miel. Cette contribu- tion à la biodiversité n’est pas anecdo- tique. Elle a surtout une dimension pédagogique forte auprès de nos clients et salariés. Propos recueillis par le FDB TENDANCES Valeurs actuelles 20 décembre 2012 86 www.fdbiodiversite.org Avec le PHOTOS : FINANCIÈRE DE L’ÉCHIQUIER - FDB Le quartier d’affaires de la Défense. Ci-dessous, Marie-Chris- tine Korniloff (Financière de l’échiquier). Entretien Les sociétés intègrent la biodiversité à leur stratégie et font de l’investissement socialement responsable (ISR) un atout. La biodiversité, un capital pour l’entreprise La biodiversité, un capital pour l’entreprise En partenariat avec

12.12.20_Valeurs Actuelles_Biodiversité

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Page 1: 12.12.20_Valeurs Actuelles_Biodiversité

Dans tous les secteurs, les entre-prises commencent à prendreconscience de leur empreinteécologique. Pour produire,

créer, innover, vendre, toutes ont be-soin d’une matière première qui lieleur activité – et donc leur économie –à la biodiversité.

Le concept de la responsabilité socié-tale des entreprises (RSE), apparudans les années 1960, est mieux ap-préhendé. Au salon Actionaria, quis’est tenu en novembre à Paris, lesdirecteurs du développement durableétaient plus nombreux que jamaispour évoquer la nécessité d’intégrer lanotion de biodiversité aux perfor-mances de l’entreprise ; faisant pourainsi dire de la biodiversité un capitalnaturel. Les investisseurs eux aussi semobilisent au travers de leurs déci-sions d’investissement socialementresponsable (ISR).

L’entreprise renforce sa productionresponsable et intègre aussi de plus enplus souvent la question de la biodi-versité à la gestion des risques.

Marie-Christine Korniloff, respon-sable de l’ISR à Financière de l’échi-quier, société de gestion à capitauxprivés – détenue à 100 % par ses diri-geants et salariés–,revient sur l’entréeprogressive dans le monde de l’entre-prise et l’univers de lafinance de la biodiversitéet de l’éthique.

Quels sont les atouts des entreprisesles plus réactives en matière d’envi-ronnement ? Ont-elles une meilleurerigueur de gestion ?Les entreprises lesplus réactives à la thématique environ-nementale bénéficient souvent d’unavantage concurrentiel. Elles sont gé-néralement capables d’anticiper lesfutures évolutions réglementaires etainsi de s’adapter plus rapidement.Nous rencontrons régulièrement desentreprises qui allouent une part signi-ficative de leur budget R&D aux enjeuxenvironnementaux (L’Oréal, Bon-duelle,Michelin) afin de conserver leurstatut de leadership. Par ailleurs, cesentreprises savent écouter les attentesde leurs parties prenantes afin de pro-poser de nouvelles solutions, commeen témoignent leurs divers partenariatsavec des associations. Enfin, leur ri-gueur de gestion se traduit par deséconomies de coût substantielles (éco-nomies d’eau, d’énergie et réductiondes déchets).Pensez-vous que la biodiversitépuisse être un sujet à part entièrepour étudier une entreprise ? Labiodiversité figure parmi les sujets clésque nous abordons lors de nos entre-tiens avec les entreprises :10 % de cellesqui publient un rapport de développe-ment durable identifient la biodiversitécomme étant un enjeu stratégique.Certains secteurs sont d’ailleurs parti-culièrement concernés : l’agroalimen-taire, le luxe et la cosmétique, l’énergieou encore la construction. Par exem-

ple, les groupes Danone, Casino, La-farge et LVMH prennent en comptedans leur plan d’action des mesuresconcrètes en faveur de la préservationde la biodiversité.Dans le cadre de l’investissementsocialement responsable, peut-onmesurer la valeur de la biodiversité ?Selon le cabinet PricewaterhouseCoo-pers, 27 % des dirigeants à l’échellemondialesedisent inquietsdes impactsdelapertedelabiodiversité.Noséchan-gesavec lesentreprisesconfirmentcettetendance,mais ne nous permettent pasà ce jour de chiffrer précisément cesimpacts. Néanmoins, nous constatonsqu’un nombre croissant d’entre ellescherche à valoriser financièrement labiodiversité.Dans le cadre de Financière de l’échi-quier, comment définiriez-vous leterme “biodiversité” ? En tant qu’ac-tionnaires, nous sommes attentifs aux“services rendus”par la nature aux en-treprises, et notamment à leur dimen-sion économique. En tant que société,nous pensons que la biodiversité estsynonyme de richesse, de créativité etd’innovation, et doit être préservée.Nousysommessensiblesetavons initiéune action concrète : grâce à l’installa-tion de trois ruches sur le toit de nosbureaux,notreapiculteurarécoltécetteannée 60kilos de miel. Cette contribu-tion à la biodiversité n’est pas anecdo-tique. Elle a surtout une dimensionpédagogiqueforteauprèsdenosclientset salariés. Propos recueillis par le FDB

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La biodiversité,un capitalpour l’entreprise

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