27
APPLICATION DU PROTOCOLE DE DÉTRESSE EN PHASE TERMINALE 14 RAPPORT COLLECTION LES RAPPORTS DU BTEC

14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

ApplicAtion du protocole de détresse en phAse

terminAle 14rApp

ort

COlleCtiOnles rApports du Btec

Page 2: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

UNE PRISE DE DÉCISION INFORMÉE PAR DES RÉSULTATS PROBANTS POUR LA PRATIqUE INFIRMIèRE

ApplicAtion du protocolE dE détrEssE En phAsE tErminAlE

Bureau de transfert et d’échange de connaissances (BTEC)Faculté des sciences infirmières

Hôtel-Dieu de LévisCentre hospitalier affilié universitaire à l’Université Laval

octobre 2007

Page 3: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

i

Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand)Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins

Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc.Infirmière cadre conseil en évaluation et au développement de la pratique infirmière

Secteurs : soins palliatifs et médecine

Ginette Mbourou Azizahb, Ph. D.Coordonnatrice BTEC

Johanne Gagnonb, inf., Ph. D. Sc. inf.Professeure agrégée

Codirectrice scientifique BTEC

Françoise Côtéb, inf., Ph. D. Professeure agrégée

Codirectrice scientifique BTEC

Remerciements

Jocelyne Picard-Morina, inf. M.Sc.Infirmière cadre conseil en évaluation et au développement de la pratique infirmière

Dre Linda Côté-Brisson, pédiatre oncologue,Centre de coordination de lutte contre le cancer au Québec

Ministère de la Santé et des Services Sociaux

a Hôtel-Dieu de Lévis b BTEC, Faculté des sciences infirmières, Université Laval

mEmbrEs du groupE d’élAborAtion dEs pistEs d’Action

Page 4: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

ii

L’intégration de preuves scientifiques aux pratiques professionnelles est devenue un

critère de qualité dans le domaine de la santé. À terme, de telles pratiques devraient se traduire par l’amélioration des soins

fournis à la population. Le Bureau de transfert et d’échange de connaissances (BTEC) est un moyen

dont se dotent des infirmières et des infirmiers dans la poursuite de cet objectif de mise en place de pratiques informées par des résultats probants. Au sein du BTEC,

les infirmières et infirmiers aux prises avec des préoccupations d’ordre professionnel agissent en tant qu’indicateurs de situations problématiques. Ces questionnements sont

acheminés, via une infirmière clinicienne cadre conseila. Sous sa supervision, une étudiante ou un étudiant de premier cycle ou une infirmière bachelière en formation continue traduit les

préoccupations provenant du milieu clinique en questions de recherche auxquelles il ou elle doit répondre par le biais d’une revue exhaustive de la littérature. Suite à l’obtention de cette réponse, l’étudiante ou l’étudiant poursuit sa tâche en préparant un compte-rendu synthétique, documenté et accessible qu’il ou elle accompagnera de pistes d’action pour la pratique. Ce document est ensuite retourné au milieu pour validation. L’infirmière cadre conseil, en collaboration avec les autres membres du personnel de soins, analyse l’à-propos d’utiliser ces connaissances pour améliorer les interventions de l’équipe. Cette analyse permet la poursuite du processus de transfert et d’échange de connaissances. Il s’agit alors de raffiner les pistes d’action proposées pour les rendre conformes aux réalités des milieux de pratique. Il appartient ultimement aux infirmières et infirmiers de devenir des agentes ou agents de changement en regard de leurs pratiques.

Pour communiquer avec le BTEC : Ginette Mbourou Azizah

Coordonnatrice du BTEC Université Laval

1077 Pavillon Lacerte [email protected]

Téléphone : (418) 656-2131 poste 11880 Télécopieur : (418) 656-7825

a Le BTEC utilise maintenant les nouvelles appellations de l’Ordredes infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

en quelques mots...

Page 5: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

méthode de recherche documentaire

Objectifs

Dans le cadre d’un projet BTEC, et à l’issue d’un groupe de discussion focalisée effectué par les infirmières travaillant auprès de la clientèle hospitalisée en soins palliatifs de l’Hôtel-Dieu de Lévis, il est ressorti que le personnel infirmier éprouvait des difficultés à bien cerner les signes et symptômes permettant la mise en application d’un protocole de détresse.Le premier objectif de cette revue de littérature est donc de délimiter le champ dans lequel s’inscrit le protocole de détresse, également nommé sédation palliative. Le second objectif est de soutenir l’infirmière dans l’application du protocole en la guidant dans sa prise de décision. Pour ce faire, il s’agit d’expliquer la nature de la sédation palliative, identifier les signes et symptômes en fin de vie, identifier et décrire les symptômes réfractaires conduisant à l’application du protocole de détresse pour une personne en fin de vie et enfin, présenter les responsabilités du personnel infirmier lors de l’administration du protocole.

QuestiOns Quels sont les signes et symptômes (physiques et psychologiques) observés chez une personne en phase terminale ? Quelles sont les indications conduisant à la mise en application du protocole de détresse ?

bases de dOnnées • PubMed • Current Contents • CINAHL • Repère• Embase • Cochrane Library

Autres types de recherchesRegistered nurses association of Ontario (RNAO)Up to dateClinical evidencesNational Institute of clinical excellence (NICE) National Library for Health (NLH)Scottish Intercollegiate Guidelines Network (SIGN)Royal College of Nursing (RCN)

années

1994-2007

iii

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 6: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

MOts clés et assOciatiOns Symptoms and sedation and palliative careSymptoms and palliative sedationSedation and terminal careRefractory symptoms and sedation and palliative careRefractory symptoms and sedation and dyingRefractory symptoms and dyingRefractory symptoms and palliative careRefractory symptoms and guidelines and palliative careGuidelines and palliative careGuidelines and palliative sedation DyspneaDyspnea and drugs adjuvants and terminal careDyspnea and palliative careTerminal dyspneaTerminal dyspnea and palliative careTerminal dyspnea and managementDyspnea and nursing managementDyspnea and end of lifeTerminal dyspnea and end of lifeDyspnea management and palliative careBreathlessness and end of lifeBreathlessness and palliative careBreathlessness and palliative sedation

critères d’inclusiOn personne en soins palliatifs, toutes pathologies confondues;personne nécessitant une sédation palliative.

critère d’exclusiOn

enfants;euthanasie;sédation chirurgicale ou anesthésique.

••

•••

iv

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 7: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Table des matières

Membres du groupe d’élaboration des pistes d’action i Le BTEC en quelques mots … ii

Méthode de recherche documentaire iii

Table des matières v

Résumé 1

Pistes d’actions documentées 2

Forces de preuve du BTEC 3

Introduction 4

Définitions 5

Sédation 5

Sédation palliative 5

Signes et symptômes en phase terminale, traitements et indications pour la sédation palliative 5

Signes et symptômes en phase terminale et leurs traitements 6

Signes et symptômes réfractaires 9

Considérations et mise en application du protocole de détresse 9

Responsabilités du personnel infirmier lors de l’administration du protocole de détresse 11

Rôles de l’infirmière 11

Mythes et réalités concernant le protocole de détresse 12

Conclusion 14

Références 15

Annexe A : Le protocole de détresse 17

Liste des tableaux et figure

Tableau 1 : Traitements des signes et symptômes en phase terminale 7

Tableau 2 : Signes et symptômes réfractaires nécessitant l’application du protocole de détresse 9

Tableau 3 : Mythes et réalités concernant la sédation palliative 13

Tableau 4 : Protocole de détresse de la Maison Michel-Sarrazin 19 Figure 1 : Arbre décisionnel pour la mise en application du protocole de détresse 10

v

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 8: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

résumé

Objectifs : L’application du protocole de détresse chez les personnes en phase terminale crée de l’inconfort chez le personnel infirmier qui l’administre. L’objectif de cette revue de littérature est donc de délimiter le champ dans lequel s’inscrit le protocole et de soutenir le personnel infirmier lors de son application.

Résultats : La sédation palliativea se définit comme l’utilisation d’une médication sédative pour soulager les symptômes réfractaires chez une personne en phase terminale. Ces signes et symptômes sont : dyspnée sévère, détresse respiratoire (i.e., tachypnée, tirage, sécrétions bronchiques, agitation, anxiété sévère, cyanose), douleur sévère et saignements majeurs. Ces symptômes sont incontrôlables par les traitements habituellement tolérables dans un court délai de temps. Avant de considérer la sédation palliative, il est important de traiter les principaux signes et symptômes présents en phase terminale (i.e., douleur, sécrétions respiratoires et dyspnée, agitation et anxiété, anorexie et cachexie, constipation, nausées et vomissements, insomnie, delirium).

En présence de symptômes réfractaires, cinq indications guident la mise en application d’une sédation palliative : maladie terminale et incurable, présence d’un ou de plusieurs signes et symptômes réfractaires, consentement de la personne ou de la famille, indication de non-réanimation prescrite au dossier et mort imminente.

Outre la mise en application du protocole de détresse, le personnel infirmier doit assurer les responsabilités suivantes : assurer l’évaluation et la gestion de la détresse lors du processus entourant la sédation palliative; transmettre l’information nécessaire ou utile à la personne, à la famille et à l’équipe interdisciplinaire; évaluer constamment l’état de la personne; enseigner et réassurer les personnes impliquées dans cet épisode de soins.

Conclusion : Une meilleure connaissance par le personnel infirmier de la nature des signes et symptômes présents chez la personne en phase terminale, de la sédation palliative et des symptômes réfractaires permettrait d’optimiser l’utilisation du protocole de détresse, diminuer l’inconfort des infirmières lors de son application et améliorer la qualité de fin de vie des patients.

1

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

a Mots écrits en gras sont des éléments traités dans les pistes d’action

Page 9: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

pistes d’actions documentées Page Force de preuve a

L’application du protocole de détresse en phase terminale

◘ Connaître la spécificité du protocole de détresse 4 Ia

▪ induire une sédation palliative 4

▪ soulager les symptômes réfractaires 8

◘ Reconnaître et traiter les signes et symptômes en phase terminale 5-7 Ia

▪ fatigue▪ douleur sévère▪ dyspnée▪ sécrétions

respiratoires

▪ agitation/anxiété▪ anorexie/cachexie▪ constipation▪ nausées/vomissements▪ incontinence

▪ plaies de pression▪ insomnie▪ delirium

◘ Reconnaître les signes et symptômes réfractaires 8 Ia

▪ douleur sévère▪ dyspnée sévère▪ détresse respiratoire (tachypnée, tirage, sécrétions bronchiques, anxiété sé-vère,

agitation, cyanose)▪ saignements majeurs

◘ Connaître les considérations pour la sédation palliative 8-10 IV

▪ maladie terminale et incurable ▪ présence d’un ou de plusieurs symptômes réfractaires ▪ consentement de la personne ou de la famille▪ indication de non-réanimation prescrite au dossier▪ mort imminente

◘ Assurer les responsabilités entourant l’administration du protocole de détresse 11 III

▪ évaluer l’état de la personne▪ transmettre l’information à la famille et à l’équipe interdisciplinaire▪ renseigner la famille sur les soins entourant la sédation ▪ réassurer▪ caring

2a Voir interprétation de la force de preuve à la page 3

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 10: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Forces de preuve du btEca

Niveau InterprétationIa Recommandation basée sur des résultats provenant de méta-analyse(s) ou de

revue(s) systématique(s) basée(s) sur des essais randomisés.

Ib Recommandation basée sur les résultats d’au moins un essai randomisé.

IIa Recommandation basée sur les résultats d’au moins une étude qui, bien que non randomisée, a été bien menée.

IIb Recommandation basée sur les résultats d’au moins une étude quasi-expérimentale qui, bien que non randomisée, a été bien menée.

III Recommandation basée sur les résultats d’études non expérimentales descriptives bien menées, tels que les études comparatives, corrélationnelles ou études de cas.

IV Recommandation basée sur l’avis d’experts reconnus sous forme de rapports, d’opinions, ou d’expériences cliniques.

a Adaptées de Registred Nurses Association of Ontario (2006)3

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 11: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

L’appLication du protocoLe de détresse en phase terminaLe

intrOductiOn

L’application du protocole de détresse implique des compétences spécifiques de la part du personnel infirmier, notamment l’identification des signes et symptômes provoquant les souffrances. Selon les recommandations de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs,1 les compétences des soignants ressortent comme étant une condition préalable à l’administration d’une médication induisant une sédation. La méconnaissance des effets du protocole et la détresse de la famille sont deux facteurs qui contribuent à rendre difficile l’application du protocole.2-4 Aussi, la peur d’une mauvaise pratique ou d’un surdosage peut mener à une sous-utilisation du protocole.5

L’explication de la sédation palliative, l’identification des signes et symptômes en fin de vie, la description et l’identification des symptômes réfractaires pour la mise en application du protocole de détresse, de même que la présentation des responsabilités du personnel infirmier lors de l’administration du protocole permettront de délimiter le champ dans lequel s’inscrit le protocole de détresse et soutenir l’infirmière lors de son application en la guidant dans sa prise de décision.

4

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 12: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

définitiOns

sédatiOn

Lorsqu’on parle de sédation en fin de vie, la «sédation palliative» et la «sédation terminale» sont les deux expressions les plus utilisées. Toutefois, cette dernière a une connotation négative qui reflète davantage la situation de la personne que le but de la sédation.6 7 Afin d’évoquer principalement l’atténuation des symptômes réfractaires, l’utilisation de l’expression «sédation palliative» sera retenue dans le présent document.

sédatiOn palliative

Le mot sédation vient du latin sedare qui signifie apaiser, calmer. Le but premier de la sédation palliative est de soulager la personne et non de rapprocher ou d’induire la mort.7-10 Pour atteindre cet objectif, le moyen utilisé est la diminution du niveau de conscience.1 9 11-15 Même s’il n’existe aucun consensus pour définir la sédation palliative,6 9 14 16 17 la littérature permet d’identifier des facteurs centraux à ce concept tels la présence de signes et symptômes réfractaires, l’utilisation d’une médication sédative ainsi que la présence d’une maladie terminale et de la mort imminente.

Pour le groupe de travail de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs 1 la sédation en phase terminale pour détresse se définit comme suit :

(…) la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté par le patient. (p.6)

Dans le cadre du présent document, la sédation palliative sera définie comme l’utilisation d’une médication sédative pour soulager les signes et symptômes réfractaires chez une personne en phase terminale.

signes et syMptôMes en phase terMinale, traiteMents et indicatiOns pOur la sédatiOn palliative

Il est suggéré de distinguer les signes et symptômes en phase terminale des symptômes réfractaires.2-4 18-

20 Cette distinction permet de guider la mise en application du protocole de détresse tel que présenté à la Figure 1 (voir page 10).

5

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 13: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

signes et syMptôMes en phase terMinale et leurs traiteMents

Les signes et symptômes en phase terminale sont nombreux. Ils peuvent être vécus simultanément et associés à tous types de clientèles.3 4 18-21 La fatigue, la dyspnée et la douleur sévère sont les plus importants dans les trois derniers jours de vie.19 20 Kouch, ainsi que Plonk et Arnold, précisent que dans les derniers 24 heures de vie, la douleur, les sécrétions respiratoires excessivesa et l’agitation ressortent comme étant les symptômes amenant le plus de détresse chez la personne. L’anorexie, l’anxiété, l’agitation, la constipation, les nausées/vomissements, l’incontinence, les plaies de pression, l’insomnie et le delirium sont également des symptômes fréquents chez les personnes en phase terminale.4 8 16 19-23

La dyspnée est le symptôme qui atteint entre 20 % et 90 % des personnes en fin de vie.24-26 Elle est définie par plusieurs auteurs comme étant une expérience subjective d’inconfort respiratoire liée à des éléments physiologiques et émotionnels qui amènent la personne à augmenter sa ventilation et à réduire ses activités. La difficulté respiratoire n’est pas toujours associée à des signes objectifs,2 18 21 25 27 28 c’est une combinaison de sensations et de perceptions. La sensation de dyspnée est reliée à l’activation neuronale causée par une stimulation des récepteurs afférents tandis que la perception est la réaction à la sensation.25 29 Les traitements utilisés visent principalement à diminuer la perception de la dyspnée.

Pour atténuer les symptômes en phase terminale, différents traitements pharmacologiques ou non pharmacologiques sont présentés au Tableau 1.

L’objectif principal de la gestion des signes et symptômes est d’enrayer la cause originelle, de soulager et d’apporter un certain confort à la personne. Cependant, en phase terminale, il est fréquent qu’il soit médicalement et éthiquement difficile d’agir sur la cause. Le soulagement des symptômes en phase terminale nécessite un dépistage et un traitement précoce des signes et symptômes.2-4 19 20 25 Lorsque le soulagement de ces symptômes n’est plus réalisable par la médication usuelle, on peut alors conclure qu’il s’agit de symptômes réfractaires.

a Un protocole concernant le traitement des sécrétions bronchiques en phase terminale est actuellement en cours (Wee B, Hillier R. In-terventions for noisy (rattling) breathing in patients near to death. (Protocol) Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, Issue 2).

6

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 14: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Tableau 1 : Traitements des signes et symptômes en phase terminale

Signes etsymptômes en

phase terminaleCauses possibles

Dyspnée 2 3 18 20-22 24-26

28-30• Pulmonaire (envahissement du poumon par des métastases, lymphangite carcinomateuse,

pneumonie, broncho-pneumonie chronique obstructive, embolie pulmonaire)• Cardiaque (insuffisance cardiaque, obstruction veineuse centrale, maladies

coronariennes, péricardite, dysfonction valvulaire)• Détresse psychologique• Anémie• Fatigue musculaire• Distension abdominale

Douleur 20-22 • Masse cancéreuse• Métastases osseuses• Dysfonction neurologique• Immobilité• Mobilisation

Sécrétions respiratoires 3 18-20 28 31

• Immobilité• Accumulation de sécrétions dans l'arbre bronchique• Diminution du réflexe de toux• Diminution de la capacité à tousser

Agitation /anxiété 4 19 • Dysfonction organique• Rétention urinaire• Constipation• Autres causes physiques• Causes psychologiques et émotionnelles

Anorexie/cachexie 20-22 • Diminution de l'appétit• Nausées• Constipation• Dysfonction calcique

Constipation 4 19 • Utilisation des opioïdes• Immobilité• Diminution de l'alimentation et de l'hydratation• Compression abdominale• Hypercalcémie• Dysfonction électrolytique

Nausées/vomissements 19 21 22

• Utilisation d'opioïdes• Ulcères gastriques• Constipation• Obstruction intestinale• Nausées d'anticipation• Anormalités métaboliques• Augmentation de la pression intracrânienne (par la présence de métastases cérébrales)

Insomnie 21 • Anxiété• Douleur• Delirium• Inversion du cycle veille-sommeil

Delirium 21 22 • Neurotoxicité induite par les opioïdes• Métastases ou tumeur cérébrale• Traitements du cancer• Psychotropes (ADT, benzodiazépine)• Dysfonctions métaboliques (hypercalcémie, hyponatrémie, insuffisance rénale)• Syndrome paranéoplasique• Septicémie

7

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 15: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Traitements pharmacologiques Autres traitements

• Traitement de la cause • Opioïdes (diminution de la perception de la dyspnée,

effet inhibiteur sur le centre respiratoire)• Benzodiazépines (contrer l’anxiété qui engendre la

dyspnée) • O2, (en présence d’une hypoxémie ou effet placebo)

• Attitude calme rassurante• Présence• Technique de respiration contrôlée• Relaxation• Position semi-assise ou assise• Pièce bien aérée• Diffusion d'air directement vers le menton

• Opioïdes et co-analgésie • Mobilisation• Repos

• Anticholinergiques • Repositionnement ou changement de position• Évitement de la succion des sécrétions bronchiques

• Benzodiazépines• Neuroleptiques • Haloperidol (si présence de delirium)

• Encouragement à exprimer ses perceptions, ses peurs etses besoins

• Progestatif• Corticostéroïdes

• Laxatifs• Cathartiques émollients• Stimulants du péristaltisme

• Surveillance de la présence de selles aux trois jours

• Traitement de la cause• Metoclopramine• Dexamethasone• Corticostéroïdes• Haloperidol

• Petits repas fréquents• Soins de bouche

• Anxiolytique • Encouragement à exprimer ses perceptions, ses peurs etses besoins

• Haloperidol • Orientation dans le temps, les lieux, les personnes etl'environnement

• Environnement calme et sécuritaire• Évitement de changements subits d'environnement

8

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 16: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

signes et syMptôMes réfractaires

Le terme «réfractaire» est utilisé lorsqu’un signe ou un symptôme n’est plus contrôlable par les traitements habituels, tolérables par la personne dans un court délai de temps.1 11 32 33 En phase terminale, les signes et symptômes réfractaires ont de sévères implications, principalement sur le confort et l’anxiété.2 11 Cherny et Portenoy 11 rappellent l’importance de faire la différence entre un symptôme difficile et un symptôme réfractaire. Ils précisent qu’un symptôme difficile est celui qui cause un inconfort difficile à soulager, mais où il y a encore des alternatives de traitements tolérables qui restent inexplorées. Au contraire, dans le cas des symptômes réfractaires tous les traitements ont été envisagés sans résultats. Pour faire face aux symptômes réfractaires, il est suggéré de considérer la mise en place d’une sédation palliative.1 9 11-16 18 20-22 32-34 Avant la mise en application du protocole de détresse, ou toute autre forme de sédation palliative, les patients devraient présenter un ou plusieurs des signes et symptômes réfractaires 16 18 20 21 (Tableau 2).

Tableau 2 : Signes et symptômes réfractaires nécessitant l’application du protocole de détresse

Signes et symptômes réfractaires

• Dyspnée sévère• Détresse respiratoire

• tachypnée• tirage• sécrétions bronchiques

• anxiété sévère• agitation• cyanose

• Douleur sévère• Saignements majeurs

cOnsidératiOns et Mise en applicatiOn du prOtOcOle de détresse

Les conditions préalables rapportées concernent principalement l’évaluation globale de la situation de santé. Cinq indications spécifiques et essentielles sont indispensables à l’application du protocole de détresse 7-9 35 36 soit :

• souffrir d’une maladie terminale et incurable; • présenter un ou plusieurs symptômes réfractaires; • obtenir le consentement de la personne ou de sa famille;• avoir des indications de non-réanimation prescrites au dossier;• être en présence d’une mort imminente.

Il est précisé que la sédation palliative devrait être administrée à quelques heures voire quelques jours du décès de la personne.7 9 35 Cependant, la mort imminente est une considération difficile à évaluer. Il est suggéré que le personnel soignant mesure les paramètres vitaux et le niveau de conscience afin d’évaluer si la mort est imminente.9 Il est aussi important d’intervenir sur les symptômes en phase terminale par des traitements palliatifs avant l’application du protocole de détresse.9 35

En plus de ces considérations, un arbre décisionnel peut aider à la mise en application des protocoles de détresse (Figure 1).

9

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 17: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Figure 1 : Arbre décisionnel pour la mise en application du protocole de détresse

10

BTECAPPLICATION DU PROTOCOLE DE DÉTRESSE EN PHASE TERMINALE

Considerations maladie

terminale symptômes

réfractaires consentement non-réanimation mort imminente

Atténuation des symptômes

Personne dort ou calme Ajustement du traitement

Évaluation et avis au médecin 30 minutes après l’administration du protocole

Administration du protocole de détresse

Échec Réussite

Symptômes réfractaires Dyspnée sévère

Détresse respiratoire (tachypnée, tirage, sécrétions bronchiques,

anxiété sévère, agitation, cyanose) Douleurs sévères Saignements majeurs

Échec des traitements

Évaluation des traitements Réussite

Accompagnement, surveillance et évaluation d’une personne en fin de vie

Signes et symptômes en phase terminale

Fatigue Constipation Dyspnée Nausées/Vomissements Douleur Incontinence Anxiété Plaie de pression Agitation Insomnie Anorexie Delirium Sécrétions respiratoires

Traitements palliatifs

Médication Aération de la pièce Musique Stratégie de relaxation Positionnement Technique de respiration

Page 18: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

respOnsabilités du persOnnel infirMier lOrs de l’adMinistratiOn du prOtOcOle de détresse

De part sa proximité, le personnel infirmier joue un rôle crucial dans les soins aux personnes en fin de vie et à leurs proches.

rôles de l’infirMière

• transMissiOn d’infOrMatiOns à la faMille et à l’éQuipe interdisciplinaire

L’accessibilité à l’information influence le bien-être des proches lors d’une situation de détresse. Il s’agit d’anticiper l’application du protocole de détresse.16 Comme le mentionnent Blanchet 1 et Ferris 23, l’anticipation d’une sédation permet une information de meilleure qualité en assurant une compréhension adéquate. Ainsi, considérer avec la personne et sa famille les risques évolutifs de la maladie permet d’envisager la détresse, l’application d’une sédation et d’obtenir un consentement éclairé.1 5 Selon Rousseau 17, la situation de détresse peut soulever des dilemmes éthiques autant chez la famille que chez le personnel soignant. Ainsi, s’assurer de transmettre toute l’information et d’obtenir le consentement évitent des situations problématiques.

Pour assurer une bonne gestion des symptômes et un soutien adéquat à la personne et à ses proches, le personnel infirmier doit communiquer l’information pertinente aux autres membres de l’équipe et documenter le dossier.37 Par ses observations et la transmission d’informations, le plan de soins devient plus facile à élaborer en collaboration avec l’équipe interdisciplinaire et favorise de meilleurs soins.

• évaluatiOn

Suite à l’administration du protocole de détresse, le personnel infirmier doit maintenir la surveillance, principalement en évaluant l’efficacité du protocole de détresse. Quinze à trente minutes après l’administration, la personne devrait être calme ou dormir (Désilet, 2004, communication personnelle). Mis à part l’état respiratoire, la surveillance des signes vitaux devrait être évitée. En effet, le monitorage des signes vitaux (TA, pouls, température) met l’emphase sur la détérioration inévitable de l’état de la personne.8 38 À ce moment, l’attention des proches devrait être tournée vers la personne et non vers l’appareillage qui dénature la mort imminente.

• enseigneMent à la faMille

Ce rôle permet une collaboration avec la personne et ses proches.38 Le personnel infirmier doit expliquer à la famille quels sont les signes de détérioration pouvant être observés (e.g. des grimacements, une respiration plus laborieuse et irrégulière et l’anxiété).8 23 38 Cette collaboration et cette implication des proches peuvent permettre une détection plus précoce des symptômes 38 et aident à mieux gérer leur anxiété.2 38 LaDuke 38 précise aussi que l’information et la collaboration avec la famille peuvent éviter des demandes exagérées d’administration d’opioïdes pour une personne asymptomatique. De plus, comme le mentionnent Hall, Schroder et Weaver 37, le personnel infirmier est responsable d’initier la conversation avec les proches lorsqu’il y a une détérioration importante de l’état de la personne.

Devant une personne en fin de vie, les proches vivent de l’inconfort et ne profitent pas des derniers moments avec l’être cher. Le personnel infirmier doit encourager la proximité de la famille (e.g. s’asseoir, toucher, parler, lire ou prier) auprès de la personne pour atténuer le sentiment d’impuissance et leur offrir des souvenirs agréables.23 38

11

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 19: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

• réassurance

Le personnel infirmier doit montrer, par son attitude, qu’il est accessible et disponible. La disponibilité du personnel est réconfortante.38 Son calme et sa présence aident à retrouver un sentiment de contrôle et de prise en charge de la situation.2 8

• caring

L’infirmière continue d’apporter tous les soins de base à la personne en fin de vie. Elle accorde une attention particulière à l’hygiène buccale et au positionnement.39 À travers sa présence, ses paroles et son toucher, l’infirmière peut démontrer de la compassion pendant qu’elle administre les soins. Lynch 39 souligne l’importance d’encourager la famille à prendre soin d’elle-même par une alimentation et du repos adéquat.

Mythes et réalités cOncernant le prOtOcOle de détresse

L’avènement des soins palliatifs dans les milieux de soins aigus suscite souvent de nombreuses questions. Même si le protocole de détresse est souvent utilisé, des mythes continuent de se propager et empêchent une transmission d’informations juste et une application adéquate. Le Tableau 4 présente les principaux mythes véhiculés dans les différents milieux de soins et les réalités qui y sont reliées.

12

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 20: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

Tableau 3 : Mythes et réalités concernant la sédation palliative

Réa

lités

•le

but

du

prot

ocol

e de

dét

ress

e es

t d’

indu

ire u

ne s

édat

ion,

afin

de

soul

ager

des

sym

ptôm

es

réfr

acta

ires;

8 15

39

•le

pro

toco

le d

e dét

ress

e ne p

eut e

n au

cun

cas ê

tre co

nsid

éré c

omm

e une

form

e d’e

utha

nasi

e pas

sive

pu

isqu

’il e

st u

tilis

é à

des fi

ns d

e so

ulag

emen

t.8 39

•la

litté

ratu

re s

cien

tifiqu

e m

ontre

que

l’ad

min

istra

tion

d’op

ioïd

es e

t de

benz

odia

zépi

nes

n’es

t pas

as

soci

ée à

une

mor

t pré

cipi

tée;

15 4

0 41

•bi

en q

ue le

tem

ps d

e su

rvie

apr

ès le

déb

ut d

e la

séd

atio

n so

it de

moi

ns d

e qu

atre

jour

s, ce

s dé

cès

sera

ient

relié

s à l'

évol

utio

n de

la m

alad

ie.16

Selo

n le

cod

e de

déo

ntol

ogie

des

infir

miè

res :

42

•l’i

nfirm

ière

doi

t vei

ller a

u co

nfor

t et a

u bi

en-ê

tre d

es p

erso

nnes

en

phas

e te

rmin

ale

et d

es

mou

rant

s, en

allé

gean

t leu

rs so

uffr

ance

s et e

n le

s aid

ant à

mou

rir d

'une

faço

n di

gne

et p

aisi

ble;

•l’i

nfirm

ière

a la

resp

onsa

bilit

é de

soul

ager

les s

ouffr

ance

s che

z se

s pat

ient

s. A

insi

, l’in

firm

ière

a

l’obl

igat

ion

léga

le d

’avi

ser l

e m

édec

in tr

aita

nt e

t d’in

terv

enir

en c

as d

e dé

tress

e.

•l’u

tilis

atio

n de

l’ox

ygèn

e pe

rmet

de

dim

inue

r la

sens

atio

n de

dys

pnée

, mêm

e si

ses b

énéfi

ces s

ont

limité

s.3 28

.

•lo

rsqu

e le

s op

ioïd

es s

ont u

tilis

és a

déqu

atem

ent p

our r

édui

re la

dou

leur

, les

risq

ues

de p

rovo

quer

le

s effe

ts se

cond

aire

s son

t min

imes

;22 4

1

•se

ules

des

dos

es in

appr

oprié

es d

’opi

oïde

s pe

uven

t occ

asio

nner

ent

re a

utre

s de

s m

yocl

onie

s, de

s ha

lluci

natio

ns, u

ne d

épre

ssio

n re

spira

toire

et u

n de

liriu

m.9

•le

s soi

ns d

’hyg

iène

et d

e co

nfor

t son

t enc

ore

indi

qués

suite

à l’

adm

inis

tratio

n du

pro

toco

le;8

39

•le

touc

her e

t la

com

pass

ion

sont

des

atti

tude

s ind

iqué

es a

uprè

s d’

une

pers

onne

mou

rant

e et

de

sa

fam

ille.

8 38

Myt

hes

Prot

ocol

e de

dét

ress

e

=

euth

anas

ie p

assi

ve

Prot

ocol

e de

dét

ress

e

=

mor

t pré

cipi

tée

Prés

ence

des

sym

ptôm

es ré

frac

taire

s

=pa

s d’o

blig

atio

n d’

adm

inis

trer l

e pr

otoc

ole

Adm

inis

tratio

n d’

oxyg

ène

=

pas d

’effi

caci

té e

n ca

s de

détre

sse

Prot

ocol

e de

dét

ress

e

=

effe

ts se

cond

aire

s im

porta

nts

Séda

tion

palli

ativ

e

=

arrê

t de

soin

s

13

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 21: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

14

cOnclusiOn

Avant de considérer l’application du protocole de détresse, il est suggéré de distinguer les signes et symp-tômes en phase terminale des signes et symptômes réfractaires. Cette distinction permet de guider la mise en application du protocole de détresse. Le soulagement des symptômes en phase terminale nécessite un dépistage et un traitement précoce. Lorsque le soulagement de ces symptômes n’est plus réalisable par la médication usuelle, c’est le signe que ces symptômes sont réfractaires. Pour faire face aux symptômes réfractaires, il est suggéré de considérer la mise en place d’une sédation palliative. Cinq indications spécifiques et essentielles sont indispensables à l’application du protocole de détresse : souffrir d’une maladie terminale et incurable, présenter un ou plusieurs symptômes réfractaires, obtenir le consentement de la personne ou de sa famille, avoir une indication de non-réanimation prescrite au dossier et une mort imminente.

Les rôles qu’assure le personnel infirmier auprès de la personne et de sa famille facilitent la mise en place du protocole et le suivi de la personne. Il demeure cependant important de démystifier l’usage du proto-cole de détresse auprès du personnel soignant, de la personne en phase terminale et de sa famille.

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 22: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

15

références

1. Blanchet V, groupe de travail « sédation en fin de vie». La sédation pour détresse en phase terminale. Recom-mandations de la Société Française d’Accompagnement et de soins palliatifs. France, 2004.2. Handfield L. Le traitement de la dyspnée et de la détresse respiratoire chez les personnes en fin de vie. L’Avant-Garde 2005;6(1):8-10.3. Proulx J. «Docteur, vais-je mourir étouffé?» La dyspnée en phase terminale. Le médecin du Québec 1996;31(11):93-99.4. Synnot C. Les derniers jours de la vie. Le médecin du Québec 1994:105-111.5. Tarzian AJ. Caring for dying patients who have air hunger. Journal of Nursing Scholarship 2000;32(2):137-43.6. Beel A, McClement SE, Harlos M. Palliative sedation therapy: a review of definitions and usage. Internatio-nal Journal of Palliative Nursing 2002;8(4):190-9.7. Vissers KC, Hasselaar J, Verhagen SA. Sedation in palliative care. Current Opinion in Anaesthesiology 2007;20(2):137-42.8. Bruce SD, Hendrix CC, Gentry GH. Palliative sedation in end-of-life care. Journal of Hospice and Palliative Nursing 2006;8(6):320-327.9. Cowan JD, Walsh D. Terminal sedation in palliative medicine: definition and review of the literature (Struc-tured abstract). Support Care Cancer 2001(6).10. Edwards MJ. Opioids and benzodiazepines appear paradoxically to delay inevitable death after ventilator withdrawal. Journal of Palliative Care 2005;21(4):299-302.11. Cherny NI, Portenoy RK. Sedation in the management of refractory symptoms: guidelines for evaluation and treatment. Journal of Palliative Care 1994;10(2):31-8.12. Claessens P, Genbrugge E, Vannuffelen R, Broeckaert B, Schotsmans P, Menten J. The place of palliative sedation within palliative nursing care. Journal of Hospice and Palliative Nursing 2007;9(2):100-107.13. de Graeff A, Dean M. Palliative sedation therapy in the last weeks of life: a literature review and recommen-dations for standards. Journal of Palliative Medicine 2007;10(1):67-85.14. Morita T, Tsuneto S, Shima Y. Definition of sedation for symptom relief: a systematic literature review and a proposal of operational criteria. Journal of Pain and Symptom Management 2002;24(4):447-53.15. Verkerk M, van Wijlick E, Legemaate J, de Graeff A. A National Guideline for Palliative Sedation in the Netherlands. Journal of Pain and Symptom Management 2007.16. Engstrom J, Bruno E, Holm B, Hellzen O. Palliative sedation at end of life - a systematic literature review. European Journal of Oncology Nursing 2007;11(1):26-35.17. Rousseau P. Palliative sedation in the management of refractory symptoms. Journal of Supportive Oncology 2004;2(2):181-6.18. Desforges J. Traiter la dyspnée à domicile. Le médecin du Québec 1999;34(5):49-55.19. Kouch M. Managing symptoms for a «good death». Nursing 2006;36(11):58-63; quiz 63-4.20. Plonk WM, Jr., Arnold RM. Terminal care: the last weeks of life. Journal of Palliative Medicine 2005;8(5):1042-54.21. El Osta B, Bruera E. Overview of symptom control in the terminally cancer patient: UpToDate, 2007.22. Bruera E, Neumann CM. Management of specific symptom complexes in patients receiving palliative care. Canadian Medical Association Journal 1998;158(13):1717-26.23. Ferris FD. Last hours of living. Clinics in Geriatric Medicine 2004;20(4):641-67.24. Navigante AH, Cerchietti LC, Castro MA, Lutteral MA, Cabalar ME. Midazolam as adjunct therapy to

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 23: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

morphine in the alleviation of severe dyspnea perception in patients with advanced cancer. Journal of Pain and Symptom Management 2006;31(1):38-47.25. Spector N, Connolly MA, Carlson KK. Dyspnea: applying research to bedside practice. AACN Advanced Critical Care 2007;18(1):45-58; quiz 59-60.26. Tice MA. Managing breathlessness: providing comfort at the end of life. Home Healthcare Nurse 2006;24(4):207-10.27. Dudgeon DJ. Managing dyspnea and cough. Hematology and Oncology Clinics of North America 2002;16(3):557-77, viii.28. Zeppetella G. The palliation of dyspnea in terminal disease. American Journal of Hospice and Palliative Care 1998;15(6):322-30.29. LeGrand SB. Dyspnea: the continuing challenge of palliative management. Current Opinion in Oncology 2002;14(4):394-8.30. Marin I. [Palliative care of dyspnea at the end of life]. Revue des Maladies Respiratoires 2004;21(3 Pt 1):465-72.31. Synnot C, Farley J. Quelques urgences aux soins palliatifs. Le médecin du Québec 1994:97-103.32. Chiu TY, Hu WY, Lue BH, Cheng SY, Chen CY. Sedation for refractory symptoms of terminal cancer pa-tients in Taiwan. Journal of Pain and Symptom Management 2001;21(6):467-72.33. Levy MH, Cohen SD. Sedation for the relief of refractory symptoms in the imminently dying: a fine inten-tional line. Seminars in Oncology 2005;32(2):237-46.34. Rousseau P. Palliative sedation in the control of refractory symptoms. Journal of Palliative Medicine 2005;8(1):10-2.35. Braun TC, Hagen NA, Clark T. Development of a clinical practice guideline for palliative sedation. Journal of Palliative Medicine 2003;6(3):345-50.36. Sinclair CT, Stephenson RC. Palliative sedation: Assessement, Management, and Ethics. Hospital Physi-cian 2006:33-38.37. Hall P, Schroder C, Weaver L. The last 48 hours of life in long-term care: a focused chart audit. Journal of the American Geriatrics Society 2002;50(3):501-6.38. LaDuke S. Terminal dyspnea & palliative care. The American Journal of Nursing 2001;101(11):26-31.39. Lynch M. Palliative sedation. Clinical Journal of Oncology Nursing 2003;7(6):653-7, 667.40. Good PD, Ravenscroft PJ, Cavenagh J. Effects of opioids and sedatives on survival in an Australian inpa-tient palliative care population. Internal Medicine Journal 2005;35(9):512-7.41. Sykes N, Thorns A. The use of opioids and sedatives at the end of life. Lancet Oncology 2003;4(5):312-8.42. Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC). Code de déontologie des infirmières et infir-miers. Ottawa: Association des infirmières et infirmiers du Canada, 2002:28.43. Léveillé G, Maison Michel Sarrazin. Le protocole de détresse. Guide d’intervention clinique en soins pal-liatifs : à l’intention des infirmières et des infirmiers. 3e ed. Sillery, Québec: A. Sigier, 2003:155-159.44. Jackson KC, Lipman AG. Drug therapy for anxiety in palliative care. The Cochrane Library 2004(1):CD004596.45. Jennings AL, Davies AN, Higgins JP, Broadley K. Opioids for the palliation of breathlessness in terminal illness. The Cochrane Labrary 2001(4):CD002066.46. LeGrand SB, Tropiano P, Marx JD, Davis MP, Walsh D. Dying at home: emergency medications for termi-nal symptoms. American Journal of Hospice & Palliative Care 2001;18(6):421-3.

16

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 24: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

annexe a : le prOtOcOle de détresse

Une équipe formée par plusieurs intervenants de la Maison Michel Sarrazin à Québec a développé un protocole de détresse.2 18 43 Cette pratique s’est répandue rapidement dans les différents centres de santé et les centres hospitaliers de la province de Québec. Toutefois, aucune littérature n’est actuellement disponible concernant ce protocole. Aussi, aucune preuve ne supporte l’efficacité du protocole à ce jour.

Composition :• benzodiazépine (VersedMd);• opioïde (morphine ou hydromorphone);• anticholinergique (ScopolamineMd).

But :• induire une sédation rapide et l’amnésie;• diminuer les sécrétions bronchiques.

Administration :• prescrit au dossier de la personne;• administrer selon l’évaluation de l’infirmière;• administrer par voie sous-cutanée ou intraveineuse;• doser selon la posologie indiquée (Tableau 4) et l’état de la personne;• prescrit pour une seule dose;• aviser le médecin.

Effets de la médication :

• benzodiazépine (VersedMd);

Administré en premier, le VersedMd a la propriété d’avoir une action rapide et induire une sédation et une amnésie dans les dix premières minutes.43 L’effet myorelaxant des benzodiazépines contribue à réduire l’anxiété associée à la dyspnée.18 L’effet amnésiant est recherché pour atténuer le souvenir d’une expérience traumatisante pour la personne en fin de vie. Toutefois, l’efficacité des benzodiazépines pour soulager l’anxiété en phase terminale est grandement discutée dans la littérature.44 Selon Marin 30, les benzodiazépines n’ont pas d’effet propre sur la dyspnée, ils doivent être utilisés lorsque l’angoisse y est associée. De plus, Proulx 3 mentionne que le VersedMd agit en synergie avec les opioïdes pour le contrôle de la dyspnée. En effet, la combinaison d’un opioïde et d’une benzodiazépine diminue le travail respiratoire et soulage la dyspnée sans pour autant induire la mort.10

• opioïde (morphine ou hydromorphone);

Dans un deuxième temps, un opioïde (morphine ou hydromorphone) combiné à un anticholinergique (ScopolamineMd) sont administrés de façon simultanée dans la même seringue (ou dans deux seringues séparées), le plus rapidement possible après l’injection du VersedMd. Lorsque le volume est supérieur à 2 ml, les deux médicaments ne peuvent qu’être administrés de façon séparée (O. Désilet, communication personnelle, 2007).

17

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 25: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

18

L’action des opioïdes n’est pas clairement établie. Certains auteurs suggèrent qu’ils agissent directement sur le centre respiratoire et, par leur action centrale, causent une diminution du rythme respiratoire, de la sensation de dyspnée, de l’anxiété et potentialisent l’effet sédatif des autres médicaments.28 D’autres rapportent que les opioïdes altèrent la perception de la dyspnée en affectant l’interprétation centrale du signal neural.25 Cependant, Jennings, Davies, Higgins, et Broadley 45 mentionnent que l’utilisation d’opioïdes par voie orale ou parentérale serait efficace contre la dyspnée terminale.

• anticholinergique (ScopolamineMd);

L’ajout d’un anticholinergique (ScopolamineMd) a pour but de diminuer les sécrétions bronchiques, d’induire une sédation et d’induire un effet amnésiant (Désilet, 2007, communication personnelle). La ScopolamineMd a également un effet bronchodilatateur en relâchant la musculature lisse.3

Le Tableau 4 présente le protocole de détresse ainsi que les posologies proposées par la Maison Michel Sarrazin.

NB : Il est suggéré de combiner une benzodiazépine à un opioïde, afin de contrer les symptômes réfractaires.3

10 46 Jusqu’à maintenant, aucune preuve ne supporte l’efficacité des différents protocoles utilisés. Les questions éthiques que soulève la sédation palliative sont certainement à l’origine de ce manque. Néanmoins, l’infirmière a une responsabilité quant à l’évaluation et la gestion de la détresse.

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

Page 26: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

BTECAppliCATionduproToColEdEdéTrEssEEnphAsETErminAlE

19

Tableau 4 : Protocole de détresse de la Maison Michel-Sarrazin 43

MédicationPosologie

Effets recherchésDose actuelle Dose recommandée

Midazolam (VersedMd)

Seringue no 1

Si benzodiazépine prn ou DIE régulier et poids < 70 kg

5 mg s/c

Sédation en moins de 10 minutes;amnésie;brise le cercle vicieux de la dyspnée.

Si benzodiazépine > DIE régulieret poids > 70 kg

10 mg s/c

Si benzodiazépine à forte dose 15 mg s/c

ScopolamineMd

etOpioïde

Seringue no 2(le volume ne doit pas

dépasser 2 ml)

Scopolaminemd 0,4 mg à 0,6 mg s/c

Amnésie;diminution du volume des sécrétions;diminution des efforts respiratoires;sédation.

Morphine

Diminution du rythme respiratoire;diminution de la sensation de dyspnée;potentialisation de l’effet sédatif du VersedMd et de la ScopolamineMd

0 à 10 mg s/c 10 mg s/c

11 à 30 mg s/c 15 mg s/c

30 mg s/c et plus 50% de la dose (dose maximale 50 mg s/c)

Hydromorphone

0 à 2 mg s/c 2 mg s/c

2 à 5 mg s/c 2,5 mg s/c

5 mg s/c et plus 50% de la dose (dose maximale 8 mg s/c)

Page 27: 14 · i Marie-Soleil Hardya, inf. M.Sc. (Cand) Infirmière clinicienne, gestionnaire d’épisodes de soins Isabelle Vézinaa, inf. M.Sc. Infirmière cadre conseil en

btec.ulaval.ca

pavillon Agathe-lacertelocal 1077Québec (Québec) G1K 7p4cAnAdA

renseignements : (418) 656-2131, poste 11880télécopieur : (418) 656-7825

© Btec 2005 Graphisme : service de reprographie