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1888 - 1918 LES PREMIERS PHOTOGRAPHES AMATEURS EN GRUYÈRE

Patrick Rudaz, Serge Rossier, Christophe Dutoit

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Couverture: Détail, Dent de Bourgoz et Dent du Chamois, jÇj; 16

Page de gauche: Détail, Pont des Tines, fig. 45

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Edité à l'occasion de l'exposition «1888 -1918, les premiers photographes amateurs en Gruyère» au musée du Pays et Val de Charmey du 16septembre 2006au 29 avril2007

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SOMMAIRE

3 Deux fonds photographiques 6 Le bonheur est dans le pré

13 Fonds de la Chesnais 17 Regard - involontaire - d'un artiste 20 Les photographies du fonds «de la Chesnais» 49 La photographie de vacances 52 Les photographies du fonds «Charmey 1895»

Remerciements à Gérard Bourgarel, la commune de Charmey, Patrick Houitte de la Chesnais.

Toutes les photographies publiées dans ce cahier sont propriété du musée du Pays et Val de Charmey.

PRO FR1BOURG

IMPRESSUM

PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 Fax 026 323 23 87 E-mail: profribourg@ greenmail.ch CCP 17-6883-3

Abonnement Ordinaire: Fr. 55.- De soutien: Fr. 88.- Réduit: Fr. 44- (AVS, Etudiants, apprentis)

Rédaction Patrick Rudaz, Serge Rossier, Christophe Ducoic

Mise en page Caroline Bruegger, Fribourg

Impression Imprimerie MTL, Villars-sur-Glâne

Tirage: 4800 ex. Prix: 25 francs ISSN: 0256-1476

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ÉDITORIAL

DEUX FONDS PHOTOGRAPHIQUES

Patrick Rudaz, conservateur du musée du Pays et Val de Charmey

L'invention de la photographie, en 1839, mais surtout sa commercialisation à grande échelle, a profondément modifié l'accès à l'image et à sa reproduction. La peinture, la gravure, jusque là seul moyen de représenter une région visitée vont être supplantées dès la seconde moitié du 19e siècle par la photogra¬ phie. Après l'invasion touristique des Alpes et la découverte des grandes villes du plateau Suisse, de riches vacanciers découvrent une Gruyère dont les nouvelles voies d'accès - chemin de fer, ponts - en ouvrent grand les portes. Et le tourisme connaît alors un essor important qui provoquera le passage d'une économie rurale autarcique à une société de service: les conditions idéales pour la créa¬ tion d'un mythe, celui d'une Gruyère tradi¬ tionnelle peuplée d'armaillis et de vaches dans des paysages bucoliques.

Deux fonds photographiques, récemment entrés dans les collections du musée du Pays et Val de Charmey, illustrent cette Gruyère au

passage du 19e au 20e siècle. En 2004, grâce à l'entregent de Gérard Bourgarel et à la géné¬ rosité de la commune de Charmey, le musée a acquis un album de photographies dont le titre est à lui seul tout un programme: «Charmey 1895». Un photographe amateur - et toujours inconnu à ce jour - en villégiature documente son séjour dans les vallées de la Jogne et du Javroz, au total une quarantaine de clichés sur papier, collés dans un bel album titré à l'or par gaufrage. En 2005, surprise à Genève où le musée était l'invité d'Europ'art. Patrick Houitte de la Chesnais offre quelque 300 photographies réalisées entre 1888 et 1917 par son ancêtre Edmond de la Chesnais, aristocrate français, grand propriétaire foncier en Gruyère.

L'histoire de la photographie en Gruyère est encore lacunaire et reste à écrire. On connaît bien sûr quelques photographes profession¬ nels: un certain Baudère attesté à Bulle en 1865; Jules Gremaud (1849 - 1928), Simon

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Glasson (1888-1960) le seul a avoir bénéficié d'une monographie. On sait le rôle assumé par la carte postale et le succès qu'elle connaît alors entraînant à Charmey et dans le Sud fribourgeois en général des photogra¬ phes professionnels de la Suisse entière, témoignant de l'importance économique d'un marché en pleine expansion. Par contre, il en va tout autrement avec les photographes amateurs que l'on peine à cerner et ce d'au¬ tant plus que l'éloignement joue ici en défa¬ veur. Difficile d'appréhender des fonds qui souvent ne sont pas situés dans ie canton. Et la conscience de l'importance de ces albums est récente. Combien de photographies ont- elles été détruites? Combien dorment-elles encore dans des greniers?

Et pourtant l'importance de cette production est aujourd'hui reconnue, tant en quantité qu'en qualité. Les photographes amateurs, libérés de toute contrainte commerciale, peu¬

vent donner libre cours à leur imagination, à leur vision. Ce regard, personnel et subjectif, se mêle à celui du spectateur contemporain. Et avec le temps, la photographie s'esthétise, perdant progressivement sa fonction documen¬ taire et s'affranchissant de fa réalité qu'elle est censée représenter. Subsiste un triple objectif: la représentation du réel, une création subjecti¬ ve et artistique, le résultat d'un processus mécanique et chimique. Ces deux fonds déli¬ vrent des informations précieuses sur l'environ¬ nement, la vie quotidienne, les paysages de la Gruyère à la fin du 19esiècle. Mais ils génèrent aussi un autre débat autour de l'image véhicu¬ lée par cette région, sur la fondation d'un mythe, sur la perception que l'on pouvait en avoir à l'extérieur du canton. Ce cahier et une exposition au musée du Pays et Val de Charmey permettront de mieux cerner le rôle des photographes amateurs dans la découverte d'un espace encore presque vierge qui, depuis lors, est devenu une icône de la tradition.

1. Bois de la Tzintre, Charmey, vers 1905, carte postale, A. Trüb & cie, Lausanne

En 1901 a été créée à Charmey une Société d'embellissemenc, précurseur de la société de développement (fondée en 1924). Elle s'est activée à améliorer l'accueil des touristes, comme ici avec l'instal¬ lation d'une table et de bancs pour un espace en bordure de la Jogne prisé par les estivants.

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2. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives colléedansun album, 10,7 x 15,5 cm, indication

manuscrite: «Forêt de la Tzintre, 4 juillet».

Il s'agit de la première photographie de l'album au premier jour de villégiature le 4 juillet 1895, un jeudi.

Les touristes se sont installés au frais dans la forêt. À l'arrière-plan, un tuyau (sur lequel est assis un jeune

garçon vêtu en armailli) témoigne des travaux en cours à cette époque: endiguement de la jogne et correction

du tracé de la route avec canalisation de la rivière.

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3. Fonds Charmey 1895, photogra¬ phie sur papier Rives collée dans un album, 17 x 12,4 cm, indication manuscrite: Ruines et Moléson, 5 juillet.

Le château des Seigneurs de Corbières, sis sur la colline faisant face à l'église de Charmey fut érigé vers 1260 par Girard de Corbières, abandonné après qu'en 1553 la ville de Fribourg s'empare de la Seigneurie de Corbières lors de la faillite du Comté de Gruyère. En 1895, il en restait encore des ruines visibles. Diverses cartes postales, jusque vers 1910, en montrent des ruines toujours moins importantes. Aujourd'hui on en trouve plus aucune trace.

Ce cliché aurait pu être considéré par son auteur comme raté. Il l'a toutefois agrandi et même joint à son album. En effet, il y a visible¬ ment deux expositions sur la plaque photographique. Si l'on tourne l'image à l'envers on découvre alors un autre paysage de forêts.

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LE BONHEUR EST DANS LE PRÉ

Serge Rossier, historien et enseignant

Deux ensembles de photographies, deux regards portés sur le réel, deux visions du monde... S'agit-il seulement de 45 clichés jau¬ nis, saisis par une famille aisée - à ce jour enco¬ re anonyme - en villégiature à Charmey, durant le mois de juillet 1895? Quant aux 282 photo¬ graphies du comte Edmond-Marie Houitte de la Chesnais (1847-1929), ne sont-elles que le satisfecit d'un propriétaire terrien qui fait mont¬ re de sa réussite matérielle et sociale?

Certes, elles sont cela. Assumons d'emblée la nostalgie qui entoure toute publication de photographies anciennes, de documents sonores ou cinématographiques. Belles, trou¬ blantes, émouvantes parfois, ces parcelles de passé, à la fois archives et témoins, ont conservé leur proximité avec la mémoire vive. La charge émotionnelle qu'elles suscitent n'en est que plus évidente puisqu'elles sont devenues l'aura ténue de cette «presque Belle Epoque» dont nous n'avons connu que des «survivances»...

Que nous apprennent de telles photographies des gens d'alors et des terres d'ici? Quel est leur apport historique et patrimonial? Comment les deux photographes amateurs ont-ils orga¬ nisé et cadré le réel afin de le fixer et de le transmettre? Que révèlent-ils d'eux-mêmes, de leurs priorités, de leurs fascinations, autre¬ ment dit, de leur façon de voir le monde?

Un touriste à Charmey en juillet 1895

Au tournant du 20e siècle, le touriste «moyen» est un bourgeois aisé qui voyage pour son plaisir. En famille, il s'organise un périple afin de découvrir les «curiosités» des endroits visités, c'est-à-dire les nouveautés et les rare¬ tés qui jalonnent son itinéraire. Fixer sur des plaques de verre les «curiosités» de Charmey en juillet 1895, tel est bien le projet de notre photographe amateur. Et ce regard que l'on voudrait singulariser dut être le même - à quelques variations près, sans doute - que celui des «200 pensionnaires» attendus à

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Charmey. Notre touriste leur sert seulement de porte-images: «Encore quelques jours et nos excellents hôtels-pensions du canton de Fribourg n'auront plus une chambre à donner sauf peut-être quelques-unes très conforta¬ bles d'ailleurs, hors des établissements. Depuis ces dernières années surtout, les étrangers se plaisent à venir passer quelques semaines dans nos stations climatériques, où se succèdent des Fribourgeois, des Suisses des autres cantons, des Anglais, des Allemands, mais surtout de nombreux Français. Nous trouvons à ce sujet des ren¬ seignements intéressants dans l'Ami du peu¬ ple de ce matin: Déjà plusieurs Français sont arrivés à Charmey où ils se trouvent en com¬ pagnie de Genevois, de Vaudois, et de quelques familles de la Ville de Fribourg. Du 10 au 14 juillet, d'autres curistes arriveront, et, à cette dernière date, il y aura au moins 200 pensionnaires à Charmey.» (1)

Ainsi, photographie-t-il l'Hôtel du Sapin (fig. 37), son lieu de résidence temporaire, la vue qui s'offre à sa gauche (fig. 53) et à sa droite (fig. 54) en sortant de l'établissement, le pay¬ sage pris de sa chambre, sise au n°11 (fig. 39). Il met en scène ses proches aux fenêtres de l'hôtel (fig. 37), sur la terrasse (fig. 61) ou à la grotte de Lourdes, sur les flancs de l'église. 11 joue sur les points de vue, monte au clocher de l'église pour réaliser l'une des premières «vues aériennes» de Charmey (fig. 51) ou se poste dans les ruines du château pour pré¬ senter une vue pittoresque de l'église (fig. 3). S'il s'intéresse aux maisons anciennes, au couvent de la Valsainte (fig. 60) ou aux paysa¬ ges bucoliques, c'est pour leur rareté, leur

caractère «extraordinaire», leur singularité, Il en va de même à Bellegarde où notre touriste anonyme fait quelques beaux clichés de l'église Saint-Etienne.

Amateur appliqué, il construit ses images sur trois plans: des ruines du château (fig. 3) - une des rares photos qui en révèlent l'état en 1895 - il cadre d'une façon spectaculaire l'é¬ glise en ménageant une échappée sur le décor naturel de la Dent de Broc et du Moléson. Pareille construction rigide souligne l'opposition entre une nature intacte - qui se donne à voir depuis toujours - et les réalisa¬ tions humaines, contingentes. Il met en scène ce que l'homme a construit, modifié, altéré au cœur d'une nature proposée comme inaltérable. Aussi photographie-t-il à plusieurs reprises le pont du Javroz (fig. 44) ou la prise d'eau de la Tine (fig. 45, 46, 47). L'être humain est donc perçu comme capable de modifier la nature grâce à son savoir technique: actif et industrieux, il s'impose au milieu naturel pour le rendre plus hospitalier, moins sauvage, plus utile et plus profitable.

Les personnages - membres de la famille du photographe et hôtes charmeysans - posent en portraits familiaux de groupes, toujours dominés par les éléments d'un décor cons¬ truit ou naturel: terrasse de l'Hôtel du Sapin (fig. 61), Jogne et Javroz, grotte, cascade de Bellegarde (fig. 58). Transparaît aussi le souci du bourgeois industrieux de ne pas paraître inoccupé mais, au contraire, de pouvoir s'of¬ frir, de temps à autre, le luxe de l'oisiveté: sur toute photographie, on s'adonne à la lecture, à la broderie. Le photographe marque néan-

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moins peu d'intérêt pour les habitants de Charmey. Un seul portrait d'autochtone: le bouébo Emile {fig. 35), en bredzon, qui joue le guide pour ces amateurs de «curiosités». Encore une pratique habituelle! «Nous voilà arrivés à la saison où les touristes viennent visi¬ ter nos montagnes et où les indigènes vont aussi respirer l'air frais des sommités. Tous sont très bien reçus par nos braves monta¬ gnards, qui s'ingénient à procurer à leurs hôtes momentanés bon couvert et bon gîte. Le boué¬ bo (garçon) leur sert parfois de guide, et, pour une bonne-main escaladera même les rochers les plus abrupts pour leur cueillir un bouquet de rhododendrons ou d'edelweiss.» (2)

Au fil de ces photos, l'ambivalence de la représentation d'un lieu n'en est que plus manifeste: l'image d'une région nécessite une prise de distance, un regard extérieur. Mais elle doit surtout accepter de se donner à l'étranger pour y subir comme apport, un questionnement venu du dehors. De cette interaction, sans cesse renouvelée, entre le «Moi» et l'«Autre» naît la complexité d'une identité.

La parade photographique de Monsieur de la Chesnais

La vision du monde du comte Edmond-Marie Houitte de la Chesnais est plus personnelle que celle du touriste en villégiature à Charmey. Les albums de photos du gentil¬ homme français se veulent le témoignage de sa réussite, une tentative de s'approprier le monde pour le faire sien... Aussi a-t-il photo¬ graphié avec passion ses multiples propriétés

foncières, ses lieux de villégiature estivale, des défilés militaires de troupes françaises en ville de Bulle. Il prend de même pour sujets de nombreux navires, autant d'indices des activités commerciales qui l'ont doté d'une fortune considérable: de modestes barques, des voiliers, les grands vapeurs du Léman ou quelque imposant bâtiment de la Marine fran¬ çaise en rade de Toulon. Il multiplie égale¬ ment les vues de ses diverses propriétés ou résidences: La Salle en Bourgogne, la villa Castellamare et le domaine du Roucas blanc à Marseille, mais aussi le domaine de Plaisance sur les hauts de Riaz et ses nom¬ breux pâturages gruériens. La Chesnais a les réflexes, les postures et les tenues vestimen¬ taires d'un gentilhomme d'Ancien Régime pour qui la propriété foncière reste garante de son statut social, même si les activités com¬ merciales de la Compagnie Générale de Navigation Le Havre-Paris-Lyon-Méditerranée, lui fournissent - suite à son mariage avec Mysel Bonnardel, fille de l'un des fondateurs de la puissante compagnie - l'essentiel de sa fortune.

Dans la France de 1900, un titre de noblesse, doublé d'une fortune, est gage de visibilité mondaine et implique une oisiveté au moins apparente. Pris en portrait, les proches du maî¬ tre de maison, assument un farniente propre à leur rang social: une fleur, une ombrelle, un livre entrefermé agrémentent leur pose photo¬ graphique. Sur les clichés, de rares personna¬ ges illustrent la petitesse ou la solitude de l'hu¬ main face à l'immensité de la nature. Mis au service du décor matériel, ils le valorisent par le regard qu'ils lui portent. La photographie

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permet de fixer ce que l'on possède, de se montrer par ce que l'on a, de se rassurer et de se contenter.

Ces photographies révèlent une vision conser¬ vatrice, aristocratique, proche des idées de Maurice Barres: les lieux ont une mémoire construite par les hommes qu'ils ont portés. Grâce à la photographie, le propriétaire entend faire sienne la mémoire des lieux.

La conception des albums - qu'elle soit l'œu¬ vre d'Edmond-Marie ou de son fils Edouard, ou même des deux - dénote un état d'esprit de «propriétaire». Chaque page voit se côtoyer des lieux et des thèmes variés. Point de classement systématique par date, par lieu ou sujet. On recherche les contrastes, les oppositions logiques, les liens thématiques détournés ou indirects; on joue des écarts et des rapprochements, leur donnant des airs de kaléidoscope. La mise en page des albums oppose paysages d'eau et paysages de terre, quelques animaux de diverses propriétés, joue sur le statisme et le mouvement, sur l'horizontalité et la verticalité, sur l'aristocratie et le populaire, la modernité et la tradition. Les pâturages de Grandvillard avec quelques armaillis sont mis en parallèle avec une vue lacustre sur la Meillerie à Evian, chère à Rousseau; deux cavaliers sur leurs montures devant le château de La Salle en Bourgogne font face à une photo du tilbury du propriétai¬ re devant la Pinte du Chamois; un défilé mili¬ taire à Bulie se mêle à des vues de Marseille, de Toulon; les troupeaux de vaches fribourgeoi- ses sur son domaine riazois de Plaisance côtoient, sur la même page, Ouchy et quelques

voiliers romantiques; le vapeur France sur le Léman fait face à un chalet d'alpage. Ces albums représentent un monde, en gravitation autour d'un «Moi», celui du preneur de vue, Edmond-Marie Houitte de la Chesnais.

Ami du cardinal Mermillod, nanti de la fortune de son épouse, Houitte se porte acquéreur, en 1886, du domaine de Plaisance à Riaz dont il transforme la maison en «chalet Heimatstil» et fait de l'exploitation agricole une ferme modèle. Plaisance devient son principal lieu de résidence. Dès lors, il multiplie les acquisi¬ tions grâce à ses relations privilégiées avec le notaire bullois Louis Morard, président du Tribunal de la Gruyère et du parti conserva¬ teur-catholique du district. A Charmey, entre 1885 et 1898, au gré de 18 opérations immo¬ bilières effectuées par Louis Morard, le hobe¬ reau français, devient propriétaire de 2091 hectares, soit 36,8 % de la surface commu¬ nale utile; à Estavannens, il acquiert 12,6 % des terres cultivables, équivalant à 30 % de la valeur foncière totale de la commune.

L'historien Pierre-Philippe Bugnard (3) a mis au jour ces données chiffrées et a démonté le mécanisme «politique» qui soustend l'acqui¬ sition massive des terres agricoles par quelques familles étrangères. Si le rendement des terres - 4,6 %, en 1905 - encourage de telles opérations immobilières, le credo poli¬ tique du régime de Georges Python conforte également ces riches notables: le développe¬ ment industriel du canton est encouragé tant qu'il valorise les produits de l'agriculture (4). Les condenseries Lapp à Epagny (1895), la chocolaterie Cailler (1897), le lait en poudre

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Guigoz (1908) dont l'usine est installée à Vuadens en 1914, illustrent ce refus de gau¬ chir le tissu économique traditionnel gruérien, mais aussi les mentalités paysannes, cen¬ sées garantir la stabilité du régime conserva¬ teur catholique. Paternaliste, la Chesnais pra¬ tique des locations à taux «très modique» (5), se lance dans de nombreuses améliorations foncières. Il «pourvoit au nécessaire de ses amodiataires, scelle leur fidélité d'électeurs à un régime qu'ils ne soutiendraient pas spon¬ tanément.» (6) L'efficacité du procédé est redoutable: en 1901, Charmey- bastion radi¬ cal depuis toujours - bascule dans le camp conservateur catholique lors des élections au Grand Conseil.

Chesnais) signent une «Protestation» en guise de soutien à Me Louis Morard (8). Sous cet éclairage historique, les albums photogra¬ phiques du comte Edmond-Marie Houitte de la Chesnais deviennent des reflets d'une mentalité attachée à une société d'ordre: ordre social, ordre économique, ordre poli¬ tique et ordre moral s'imbriquent et fondent une idéologie antimoderne où le progrès est toiéré comme moyen tant qu'il est matériel ou technique. L'appareil photographique de Monsieur le Comte est l'illustration même de ce progrès technique mis au service d'une vision conservatrice du monde et d'un refus de la modernité.

Le journal radical La Gruyère, en réaction à un succès électoral de la liste catholique conser¬ vatrice dans le district lors des élections de 1911, met en lumière cette influence des pro¬ priétaires sur leurs amodiataires: «Ces élec¬ teurs se sont-ils rendu compte des causes premières du renchérissement de la vie de notre contrée où tous les produits du sol sont bien plus chers que partout ailleurs? Ont-ils réfléchi que cela provient surtout de la grande élévation des loyers, laquelle est le résultat de la vente à l'étranger d'une partie considérable du territoire? Et c'est sur l'homme qui fut l'a¬ gent le plus actif de l'aliénation à l'étranger de notre terre gruyérienne (sic) que se portaient leurs suffrages!!» (7)

En réaction à cette dénonciation radicale - le journal avait fait, à plusieurs reprises, dès 1901, de semblables allégations - 49 fermiers de propriétaires étrangers (Nyet, Celle, La

NOTES

1 La Liberté, 5 juillet 1895 : «Nos stations d'été». 2 La Gruyère, 24 juillet 1895. 3 Pierre-Philippe Bugnard, Le Machiavélisme de village, La Gruyère face à la République chrétienne de Fribourg (1881- 1913), Lausanne, Le Front littéraire, 1983, pp. 108, 289, 380. 4 Au sujet de cette relecture du «retard» industriel fribourgeois, consulter Alexandre Brodard, Une tentative de développement éco¬ nomique du canton de Fribourg au tournant du 20 siècle. Projets et réalisations de Léon Genoud dans les domaines de l'enseigne¬ ment et de la formation professionnelle. Mémoire de licence, Université de Fribourg, 2005. 5 La Liberté, 20 février 1929, cité par Bugnard, Pierre-Philippe, «Une convoitise aristocratique sur la terre, Les pâturages de Charmey depuis le 18e siècle», Pro Fribourg, 1999, p. 22. 6 Bugnard, Pierre-Philippe, idem, p. 22. 7 La Gruyère, 1" novembre 1911. 8 Cf. «Protestation des fermiers de Louis Morard», 9 novembre 1911, in Archives de l'Etat de Fribourg, Papiers Morard, cité in Bugnard, Pierre-Philippe, Le Machiavélisme de village, La Gruyère face à la République chrétienne de Fribourg (1881- 1913), Lausanne, Le Front littéraire, 1983, pp. 109.

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rrî- 4. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 21,2 x 15,7 cm, indication manuscrite: «Vallée du Motélon, Gruyère».

À Charmey et à Motélon en particulier Houitte de la Chesnais possédaient plusieurs alpages et la pinte du Chamois d'où a probablement été réalisé ce cliché.

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FONDS DE LA CHESNAIS

Patrick Rudaz

Patrick Houitte de la Chesnais a déposé, en avril 2005, au musée du Pays et Val de Charmey un ensemble photographique ayant appartenu à son ancêtre Edmond-Marie Houitte de la Chesnais et désormais dénommé fonds de la Chesnais. Il comporte 282 photo¬ graphies couvrant la période de 1888 à 1917 et un cahier dans lequel sont consignés les dou¬ bles de bail à ferme accordé sur ses terres par Edmond de la Chesnais de 1887 à 1891.

Ce dernier était devenu à l'orée du 20e siècle l'un des plus importants propriétaires terriens en Gruyère favorisant même l'essor du parti conservateur catholique local, ce qui lui valut les foudres des uns, les louanges des autres. À son décès en 1929, La Gruyère lui consacre trois lignes aussi brèves que sèches: «A Marseille est décédé à l'âge de 83 ans, M. Houitte de la Chesnais, propriétaire de nomb¬ reux domaines en Gruyère» (1). La Liberté et le Fribourgeois rivalisent dans une apologie de l'aristocrate bon teint et généreux: «M. de

la Chesnais faisait de la richesse un usage en tout conforme à l'esprit de l'évangile» (2), «il entretenait avec les gens du pays et avec ses nombreux fermiers les relations les plus cour¬ toises et les plus cordiales». (3) Cet aspect de l'installation et de la présence du comte fran¬ çais (4) en Gruyère a déjà été révélé, étudié et commenté par l'historien Pierre-Philippe Bugnard (5). Malgré cela le parcours, la vie d'Edmond de la Chesnais, sa passion pour la photographie, ses châteaux, ses propriétés françaises nous sont encore bien inconnues. Ce fonds photographique avec l'impudeur qui caractérise cet art alors naissant nous intro¬ duit dans le monde d'un homme en quête de terres et de domaines.

Portrait d'un aristocrate de fraîche date

Les Houitte de la Chesnais sont issus d'une famille bretonne, de l'Ille et Vilaine, à La Gouesnière à proximité de Dol-de-Bretagne et de Saint-Malo dont la profession de prédilec-

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tion semble être le droit, mais peu nombreux sont les de la Chesnais qui ont été inscrits au barreau ou qui y ont plaidé (6). De petites for¬ tunes locales, des revenus de domaines leur permettent d'envisager la vie assez sereine- ment, en châtelains. L'anoblissement de la famille interviendra tardivement dans les premiers jours de la Restauration en 1814. Jean Joseph Thomas Houitte de la Chesnais (1753 - 1825), député sous l'Empire, a voté la destitution de Napoléon Bonaparte. En signe de reconnaissance, Louis XVIII, son trône retrouvé, l'anoblit.

Edmond-Marie Houitte de la Chesnais (1847 - 1929) est le petit-fils de cet ancêtre anobli et le premier d'une fratrie de trois garçons, ses deux frères à qui il abandonnera plus tard la for¬ tune de sa mère. Après le décès prématuré du père en 1860, Edmond poursuit ses études et se dirige vers le barreau. Il étudie le droit à Lyon, discipline qu'il n'exercera jamais. Dans la grande ville sur le Rhône, il découvre un nou¬ veau monde et l'amour. À peine âgé de plus de 20 ans, il épouse une fille de la grande bour¬ geoisie Lyonnaise dont la famille (Bonnardel) est à la tête d'une immense fortune réalisée dans l'industrie et la gestion des canaux et voies fluviales par l'entremise de la Compagnie générale de navigation du Havre à Paris, Lyon et la Méditerranée (HPLM), puissante société fondée en 1850 et qui règne sur une importan¬ te flotte fluviale et maritime. Il en sera même l'administrateur vers 1914. Cette alliance d'un noble breton et de la fille d'un industriel lyon¬ nais va permettre de munir ce titre de comte d'un lustre, de propriétés et de terres dignes de l'image que l'aristocrate aimait à donner.

Le jeune couple s'installe à Marseille vers 1870 (7) et acquiert le domaine du Roucas Blanc et la villa Castellamare des mains de Paulin Talbot (1799 - 1885), fondateur de la Compagnie du chemin de fer Paris - Lyon - Méditerranée dans laquelle les Bonnardel avaient des intérêts. Marseille sera tout au long de sa vie un domicile privilégié où il décé¬ dera le 18 février 1929.

Les Bonnardel avaient acquis en 1856 un domaine en Bourgogne, plus précisément en Saône et Loire à La Salle sur lequel se trou¬ vaient alors les ruines d'un château moyen¬ âgeux (11e siècle). En 1872, Houitte de la Chesnais décide d'y construire son château, une réplique néo-gothique qu'il confie à l'archi¬ tecte Charles Franchet (1838 - 1902), ancien associé de Pierre Bossan (1814 - 1888) l'ar¬ chitecte de Notre-Dame de Fourvière à Lyon et disciple d'Eugène Viollet-Le-Duc (1814 - 1879) l'homme qui remit le Moyen Âge au goût du jour. À La Salle, le comte acquiert des terres et développe une ferme modèle avec fermiers et bétail (vaches, chevaux). On racon¬ te même que, par la suite, il exigeait que les vaches portent comme en Gruyère des «tou- pins» ! Un joyeux tintamarre peu goûté en Bourgogne! La construction du château de La Salle et d'un domaine fermier correspond cer¬ tainement mieux aux idéaux aristocratiques d'un Edmond Houitte de la Chesnais, royaliste et catholique convaincu. Ce dernier aspect, religieux, n'est pas à négliger. Son engage¬ ment lui fera rencontrer Mgr. Gaspard Mermillod (1824- 1892), futur évêque du dio¬ cèse de Lausanne et Genève avec siège à Fribourg (1883) alors en exil en France.

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Cette rencontre va entraîner le Comte à partici¬ per aux tout nouveaux Congrès Eucharistiques Internationaux organisés depuis 1881. Le quatrième congrès se déroule à Fribourg en 1884 sous la houlette de Mgr Mermillod. De la Chesnais y participe et y a certainement tissé des connaissances, des relations. Deux ans plus tard, il achète à Riaz, des mains des de Gottrau le domaine de Plaisance. Là aussi, il le transforme en ferme modèle et agrandit la maison de maître dans un pur «Heimatstil» qui lui confère une allure de chalet «suisse» très en vogue à la fin du 19S siècle. Dès 1887, il procède à plusieurs achats de biens immo¬ biliers et de terres (alpages) en Gruyère. En 1929, à son décès, de la Chesnais, est à la tête d'un ensemble de propriétés alpestres (8) considérables: à Bulle (un alpage), à Charmey (42), à Corbières (2), à Echarlens (un alpage), à Enney (2), à Estavannens (12), à Grandvillard (7), à Gruyères (un alpage), à Jaun (15), à Riaz (un alpage), à Villarbeney (4), à Villars-sous-Mont (2) et à Villarvolard (3).

Une passion: la photographie

Vers 1885, Edmond Houitte de la Chesnais s'initie à la photographie et acquiert un impor¬ tant matériel tant pour la prise de clichés que pour l'agrandissement ou le développement des photographies. Ce matériel a, hélas, aujourd'hui disparu. Doit-il cette passion à son noble désoeuvrement ou à la proximité géo¬ graphique de son château de La Salle et Châlon-sur-Saône où, quelques années aupa¬ ravant, Nicéphore Niepce (1765 - 1833) en avait en quelque sorte inventé le principe? L'aristocrate français n'était pas, à priori,

opposé à la modernité surtout lorsque celle-ci lui permettait de réaliser financièrement ses projets. La photographie s'inscrit certaine¬ ment dans ce champ spécifique de l'utile et non de l'indispensable.

Armé de sa chambre à plaques sensibles, et s'équipant des dernières nouveautés, il photographie ses propriétés, ses voyages, ses villégiatures. Il documente, au gré de jour¬ nées de prises de vue, son environnement, ses possessions, son rêve de noblesse réali¬ sé. De plus, il développe lui-même ses clichés dans ses laboratoires installés à Marseille et à La Salle. Son fils Edouard prolongera cette relation à la photographie mettant même de l'ordre dans les albums de son père.

Le fonds de la Chesnais

Le fonds de la Chesnais, offert au musée du Pays et Val de Charmey par Patrick Houitte de la Chesnais est constitué de 282 photogra¬ phies réalisées par Edmond Houitte de la Chesnais entre 1888 et 1917. Le donateur a classé les archives de son ancêtre, sélection¬ nant les planches et un album contenant des photographies de la Gruyère. Il a ainsi remis au musée 46 feuilles cartonnées (31 x 37 cm) sur lesquelles sont collées (sur les deux faces) 166 photographies et un album (50 feuilles de 30 x 35 cm) avec 116 photos.

Le comte mettait en scène ses images en évi¬ tant soigneusement toute thématique de lieux, de voyages, de temps. Ainsi il faisait se côtoyer Plaisance et Marseille, La Salle et un bateau sur le Léman, un alpage en Gruyère et

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des barques à Evian. Cela explique que ce fonds ne contienne finalement que 124 photographies consacrées à la Gruyère (44%). Les autres clichés évoquent les diver¬ ses propriétés de l'auteur (Marseille, La Salle), ses voyages et villégiatures (Ouchy, Evian, Hyères, Tamaris). Un reliquat d'environ 15% du fonds (43 images) est constitué de portraits et de lieux non identifiés.

Ultime pièce appartenant à ce fonds: un car¬ net de fermage dans lequel le Comte consi¬ gnait les copies de bail à ferme (fig. 5) conclut entre 1887 et 1891. Il y a aussi enregistré la procuration générale qu'il a délivré en 1891 à Maître Louis Morard, notaire, pour «l'adminis¬ tration de toutes mes propriétés situées au district de la Gruyère, louer et affermer à tel¬ les personnes, pour le temps, au prix et condi¬ tions, que le mandataire jugera convenables, tout ou partie des immeubles qui appartien¬ nent ou appartiendront au constituant.» (9)

NOTES

1 La Gruyère, 21 février 1929. 2 La Liberté, 20 février 1929. 3 Le Fribourgeois, 21 février 1929. 4 Voir dans le présent cahier l'article de Serge Rossier, pp. 6-12. 5 Pierre-Philippe Bugnard, Le machiavélisme de village, 1881 - 1913, Le Front Littéraire, Lausanne, 1983; Pierre-Philippe Bugnard, une convoitise aristocratique sur la terre, in Pro Fribourg, No 125 (spécial Charmey), p.p. 13 - 23, décembre 1999. 6 Ce paragraphe a été écrit grâce aux aimables communications de Patrick et Yvonnick Houitte de la Chesnais. 7 Année de naissance de leur fille Mysel (1870 - 1922). Us auront encore deux enfants: Edouard et Sophie.

8 Propriété aipestre du comte Edmond de la Chesnais en 1929, in Jean-Pierre Anderegg, Les chalets d'alpage du canton de Fribourg, Fribourg, 1996. 9 Carnet de fermage, 1887 - 1891, Fonds de la Chesnais, musée du Pays et Val de Charmey.

5. Fonds de la Chesnais, carnet de fermage, copie d'un bail à ferme de 1888, 22x17,5 cm.

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REGARD - INVOLONTAIRE - D'UN ARTISTE

Christophe Dutoit, journaliste - photographe

Lorsqu'il prend une photographie, Edmond- Marie Houitte de la Chesnais a une idée claire en tête: l'image doit mettre en valeur ses pos¬ sessions. Comme le démontrent les nomb¬ reux clichés de son cheval, la photo doit tra¬ duire son pouvoir sur les objets qui l'entourent. Ainsi, lorsqu'il se rend dans la val¬ lée du Motélon (fig. 4), entre 1887 et 1917, il parcourt ses terres et photographie ses biens: la pinte du Chamois (fig. 20, 21, 22), l'alpage de Vonderweire (fig. 18), ses forêts et ses chalets. Au domaine de Plaisance, sur les hauteurs de Riaz, le comte immortalise le «chalet helvétique» et sa ferme attenante (fig. 8, 9, 10, 11 ) et fait poser les «fermiers de Plaisance» en rang devant la maison (fig. 12).

Pour Houitte de la Chesnais, l'acte photogra¬ phique est purement utilitaire. Montrer, et de la manière la plus documentaire possible, ce qu'il possède. Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, aucun des trois albums qui nous sont parvenus ne recèle des images

plus intimes: son épouse, ses enfants, son quotidien. Les seules vues qui dérogent à cette règle sont celles d'un défilé militaire à Bulle et une petite série de portraits de fami¬ liers réalisés en studio avec une toile de fond.

Il opérait, à cette époque, avec une chambre à plaques en verre, posée sur un trépied. Ce qui impliquait, de la part du photographe, une mise en place similaire à celle du peintre avec son chevalet. S'il ne s'embarrassait pas de cadrages audacieux, de points de vue inatten¬ dus ou de mises en scène complexes, il com¬ posait toutefois ses images avec d'indénia¬ bles qualités picturales. Instinctivement, il cadrait ses photos de manière frontale, pla¬ çant l'objet primordial au centre de l'image. Il préférait le format vertical, y compris pour les vues de paysages. Parfois, il osait au premier pian un élément graphique: une branche d'arbre ou un détail de bateau. À observer l'esthétique des images, tout porte à croire que le comte consacrait des journées à la

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prise de vues. Car, bien que les épreuves d'un même lieu soient dispersées dans ses albums, elles ont sans doute été réalisées le même jour. C'est, en tout cas, ce qu'indique la lumière, identique au sein d'une série.

À contre-jour, par forts contrastes ou par temps brumeux, il photographiait par n'im¬ porte quelles conditions météorologiques. Pas très regardant sur la qualité de la lumiè¬ re, ni sur la qualité - très inégale - des tira¬ ges qu'il réalisait lui-même dans ses chamb¬ res noires, il pratiquait la photographie comme une attestation de la réalité. Lorsqu'il fixait un de ses tirages, ses yeux devaient se concentrer sur un souvenir de l'objet photographié. Comme si, dans une salle de cinéma, certains spectateurs voyaient l'écran blanc et d'autres le film.

Un siècle plus tard, l'observa¬ teur est surtout charmé par ces représentations. Car, si le contexte relève davantage de l'histoire du propriétaire terrien, leur beauté formelle dévoile le regard - involontaire? - d'un artiste.

Certaines vues de l'alpage de Vonderweire frôlent l'abstrac¬ tion, d'autres du lac Léman évoquent les subtiles marines de Gustave Le Gray (1). Et, tandis que les «vaches du Motélon» (fig. 16) préfigurent la spontanéité qui s'imposera

bientôt avec l'apparition des appareils à main levée, la majorité de ces clichés s'apparente aux meilleures compositions pictorialistes et romantiques du début du 20e siècle. La vue de la plaine des Marches depuis Broc (fig. 6) est saisissante, apocalyptique même, avec au premier plan, les rives de la Sarine dénuée d'arbres et, à l'horizon, le Moléson disparu dans la surexposition du ciel. Un tirage où apparaît à l'envers, comme insolée dans le papier, la marque du 27 août 1888.

NOTES

1 Gustave Le Gray (1820 - 1884), peintre et photographe fran¬ çais, a œuvré pour propulser la photographie dans le monde artis¬ tique alors qu'elle lui apparaissait trop industrielle et commerciale.

6. Fonds de la Chesnais, album, sans aucune indication, inv. 212, vers 1888.

Vue de la plaine des Marches, de la colline de Gruyères (et son château) et de la Sarine avant endiguement. La date du 27 août 1888 s'est imprimée à l'envers probablement lors du développement de la photographie.

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7. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 25,6 x

20,8 cm, inscription manuscrite: La Salle,

inv. 118

Autre passion du comte de la Chesnais: le cheval.

Cet étalon apparaît sur un grand nombre de

clichés monté ou dans son enclos.

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8. Fonds de la Chesnais, photographies sur papier collées dans un album, 49,6 x 13 cm, aucune indication, inv. 217, vers 1890

Ce montage photographique en panorama du domai¬ ne de Plaisance est emblématique de son propriétaire: la maison de maître à proximité de la ferme; la vue sur les montagnes et ces alpages qu'il convoite.

C'est en 1886 que Houirte de la Chesnais se porte acquéreur du domaine de Plaisance (sur les hauts de

Riaz) avec ferme et un bâtiment du 18e siècle, propriété de la famille Gottrau. Ce cliché en montre l'état avant les travaux des années 1891-1895 avec construction d'une ferme modèle et habitation pour les fermiers, agrandisse¬ ment et transformation de la maison de maître.

De la Chesnais marque un attachement tout particulier à son domaine de Plaisance. Ainsi pratiquement une photographie sur deux réalisée en Gruyère en fait son sujet. Il affirme le rôle central de Plaisance dans sa quête de terres.

De la Chesnais appréciait particulièrement la nature. A adjoint un golf alors que la ferme n'est plus en activité. A Marseille, dans son domaine du Roucas blanc, il déve- Plaisance, le domaine est toujours fermier, exploité par loppe le jardin, à La Salle il porte un souci particulier à un descendant de l'aristocrate français. l'étang et au décor naturel qui entoure le château. A Plaisance, il développe le domaine, lui redonne un sens et une cohérence. Attentif autant à sa propre demeure qu'à celle des fermiers, de la Chesnais entretient un rapport privilégié à son environnement direct.

A Marseille, le domaine a aujourd'hui disparu au profit de résidences luxueuses. A La Salle le château s'est

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9. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée dans un album, 19,9 x 13,9 cm, aucune indication, inv. 207

La forêt, un thème de prédilection. Le photographe afFectioiine l'alignement des arbres à l'orée des bois. Le propriétaire valorise un bien qui, à cette époque, ne manquait ni de valeur, ni de rendement.

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10. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée dans un album, 20 x 13,6 cm, aucune indication,

inv. 244, vers 1907

La maison de maître du domaine de Plaisance a été transformée et agrandie en 1904 avec un jeu de

toitures et des décorations murales boisées qui évoquent le Heimatstil.

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11. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée dans un album, 13,4 x 18,9 cm, aucune indication, inv. 240, vers 1895

L'habitation de la ferme du domaine de Plaisance est en fin de construction. Un ouvrier enduic la façade et l'avant-toit d'une couche de vernis. Les décorations ajourées du berceau appartiennent aussi au Heimatstil dont cecte ferme est un bel exemple.

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12. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15 x 21,7 cm, indication

manuscrite: fermiers de Plaisance, inv. 131, vers 1895

Étonnant cadrage avec un large premier plan et le groupe constitué par la famille de fermiers {les parents et leur

cinq enfants) décalé sur la gauche laissant une porte dans la saturation de l'ombre. Le tout donne à ce cliché une

atmosphère particulière entre déférence et révérence.

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13. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée dans un album, 19,4 x 13,1 cm, aucune indication, inv. 223

Le château de La Salle en Bourgogne construit en 1872, dans une idée néogothique, la Renaissance italienne sur les bords de la Saône!

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14. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 13,6 x 20 cm,

indication manuscrite: La Salle - l'abreuvoir,

inv. 108

De la Chesnais a construit et mis en

service une ferme modèle à La Salle

comme il le fera par la suite à Plaisance,

en Gruyère.

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15. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15,5 x 21,5 cm, indication manuscrite: La Salle, inv 3

Vision bucolique dans la plaine bourguignonne.

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16. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un

support cartonné, 15,5 x 21,8 cm, indication manuscrite: Dent de Bourgoz et Dent du

Chamois, inv. 10

29

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! 7. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15,5 x 22 cm, indication manuscrite: Dent de Bourgoz, inv. 164

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18. Fonds de k Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 15,5 x 21,5 cm,

indication manuscrite: Fondrevcyrc, inv. 123

A noter que l'aristocrate français écrit phonéti¬

quement le nom de son alpage, la Vonderweire

situé sur la commune de Charmey.

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19. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 14,2 x 21,2 cm, indication manuscrite: Plaisance, inv. 28

Chalet d'alpage de la Combe de Champ au-dessus du domaine de Plaisance à Riaz. De la Chesnais l'a restauré et aménagé en 1897.

«La race fribourgeoise, caractérisée par le pelage blanc et noir. Un fait assez curieux, c'est que ce mélange de blanc et de noir est assez aimé des Fribourgeois. Leurs armoiries sont blanches et noires; leurs maisons offrent un mélange de blanc et de noir en lignes diagonales; ce même aménagement se trouve sur les poteaux qui

servent de supports aux barrières destinées à la clôture des propriétés rurales; enfin les jupes des femmes elles- mêmes présentent très fréquemment ce mélange du blanc et du noir en lignes alternatives» Le Fribourgeois, 30 juin 1895. Ce journal publie alors une série d'articles tirés d'une revue française faisant l'apologie de la race fribourgeoi¬ se, de sa robustesse, de sa résistance, de sa production laitière. Mais le journaliste relève déjà des améliora¬ tions apportées à la race depuis 1859 afin d'en amélio¬ rer la qualité de la viande «fade et médiocre».

Ces photographies témoignent de cette race fribour¬ geoise qui a, complètement, disparu du paysage.

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20. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 15,7 x

21,5 cm, indication manuscrite: Vallée du

Mocélon, inv. 79

33

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34 21. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15,9x21 cm, indication manuscrite: Pince du Chamois, inv. 32

Restaurant du Chamois, vers 1900, Charmey, entrée de la vallée du Motélon.

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22. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 14,4 x 21 cm, indication

manuscrite: Pince du Chamois, inv. 20

Restaurant du Chamois, vers 1900, Charmey, entrée de la vallée du Motélon. Devant la pinte, le

personnage qui a pris la pose, pourrait bien être le notaire Louis Morard, l'homme de confiance du

comte et gestionnaire de ses biens.

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23. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 21,6 x 15,6 cm, indication manuscrite: Fin de don Hugon, inv. 35

L'alpage de la fin de dorn Hugon (fin Hugon) situé sur la commune de Charmey compte un chalet d'alpage et un saloir.

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24. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15 x 21 cm, indication

manuscrite: La Papausaz, inv. 55

L'alpage de la Papausa (issu du nom de famille Papaux) est situé sur la commune de Villarvolard à environ

1100 mètres d'altitude et surplombe la vallée du Javroz.

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25. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 14,6 x 20,6 cm, indication manuscrite: Le Petit Rosey, inv. 33

L'alpage du petit Rosex esc situé à Viilarbeney sur l'actuelle commune de Botterens. Devant la gîte, on peut reconnaître le notaire Louis Morard, gestionnaire des biens de Houitte de la Chesnais.

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26. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 21,1 x

15,5 cm, indication manuscrite: Molcson vu

de Plaisance, mk 151

Le Moléson exerce son attrait sur l'aristocrate

français qui tente de le photographier à plu¬

sieurs reprises depuis ses diverses propriétés.

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27. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15,4x 21 cm, indication manuscrite: Moléson vu du petit Rosey, inv. 39

Le petit Rosex est situé à Villarbeney sur les crêtes qui surplombent l'actuel lac de La Gruyère! Vue imprenable sur les méandres de la Sarine d'avant le lac.

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28. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 21,6 x

15,5 cm, indication manuscrite: Estavanens,

Gruyère, inv 142

Houitte de la Chesnais possédait douze alpages et chalets sur l'ancienne commune d'Estavanens.

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29. Fonds de la Cbesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 27,2 x 21,8 cm, indication manuscrite: Escavanens, Gruyère, inv. 150

Étonnante vue sur le village d'Estavannens.

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31. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 21 x 28,2 cm, indication manuscrite: vallée de Grandvillard, inv. 149

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32. Fonds Ide la Chesnais, photographie sur papier

collée sur un support cartonné, 21,4 x 15,5 cm,

indication manuscrite: Bulle, inv. 145

Bulle, place du marché et le château.

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46 De la Chesnais a consacré un véritable reportage (un fait unique dans sa production photographique) à un défile militaire en ville de Bulle. Le 12 juin 1917, le général Pau, représentant du gouvernement français,

33. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15x21 cm, indication manuscrite: Bulle, inv. 44, 1917

rend visite aux internés français en Gruyère. Des militaires qui se sont réfugiés en Suisse. La Gruyère en accueillera près de 500 entre 1916 et 1918. L'aristocrate français semble avoir documenté cet événement avec dix clichés tout au long de la journée.

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34. Fonds de la Chesnais, photographie sur papier collée sur un support cartonné, 15,7x21,3 cm, indication

manuscrite: Bulle, inv. 75, 1917

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35. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 17 x 12,4 cm, indication manuscrite: L'armailli Emile, 10 juillet

En 2004, le musée du Pays et Val de Charmey a acquis un album de photographies (fonds Charmey 1895) titré sur la couverture «Charmey 1895» et 45 photogra¬ phies relatant une villégiature à Charmey du 4 au 30 juillet 1895. Seule indication géogra¬ phique: une étiquette commerciale «Agier frères Genève». Le photographe nous est toujours inconnu.

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LA PHOTOGRAPHIE DE VACANCES

Christophe Dutoit, journaliste — photographe

Bien que ces photographies aient, pour l'heure, une origine inconnue, un premier examen permet d'apprendre trois éléments clé: une date (le mois de juillet 1895), un endroit (Charmey et la vallée de la Jogne) et un fait (une famille en vacances). Les trois unités de temps, de lieu et d'action, comme dans les antiques tragédies grecques...

À la lecture minutieuse des quarante-cinq images, quelques indices se révèlent à l'ob¬ servateur curieux. Sur l'album en cartoline, une étiquette commerciale indique une pro¬ venance: Genève. Les légendes des images sont écrites en français, ce qui tendrait à exclure la présence de touristes anglais, friands à cette époque de la station de Charmey. Enfin, selon la coupe des habits, la famille devait être plutôt aisée.

Perdons-nous un instant en conjectures et imaginons: nous sommes en juillet 1895 et une riche famille genevoise passe un mois en

villégiature à l'Hôtel du Sapin, à Charmey. Et, en avance sur ce qui allait «constituer, en quantité, la part la plus importante de la pro¬ duction photographique du 20e siècle» (1), le père photographie sa famille et ses périples, pour en faire, à son retour, un album de vacan¬ ces...

Même si l'histoire ne s'est sans doute pas déroulée ainsi, restent aujourd'hui - quelque cent dix ans plus tard - ces fameuses images. Qui, bien qu'elles ne soient pas les plus anciennes vues de Charmey, apportent un témoignage précieux sur la vallée grâce à leurs qualités techniques, esthétiques et documentaires. Et surtout pour le regard spontané, curieux et révélateur d'un photo¬ graphe amateur au tournant du siècle.

Depuis son invention en 1839, la photogra¬ phie est restée durant un demi-siècle l'apana¬ ge d'un cercle d'initiés. Longtemps, le travail de laboratoire relevait autant des mystères de

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la chimie que de la manipulation fastidieuse de plaques au collodion humide et, plus tard, au gélatino-bromure.

Ce n'est qu'en 1888, lorsque George Eastman lance aux États-Unis le Kodak n°1, que la photographie devient abordable pour tous, tant sur le plan de son coût que pour la simplicité de son utilisation. Avec le célèbre slogan «Pressez sur le bouton, on fait le reste!», Kodak popularise le médium et ouvre la voie à une utilisation grandissante de l'ima¬ ge par tout un chacun.

Comme le souligne Clément Chéroux, dans la préface de Lartigue, l'album d'une vie: «Avec ces amateurs, l'appareil devenait le compa¬ gnon indispensable des grands moments de l'existence, le témoin des petits bonheurs du quotidien.» (2) La révolution de l'image ne fai¬ sait que commencer.

Mais, en juillet 1895, notre photographe ano¬ nyme travaille encore à l'ancienne! Sans doute utilise-t-il une chambre à soufflet posée sur un trépied et des plaques de verre en guise de films. Sous son voile noir, il expose ses épreuves de manière minutieuse, comme le prouve la rigueur de ses cadrages et la jus¬ tesse de ses expositions. Et de retour chez lui, il confie certainement ses plaques à un photographe établi, qui les développe et en fait une série de tirages très homogènes sur un papier albuminé, de type JFK Rives.

Ainsi armé, notre homme photographie sa famille, en pique-nique «dans la forêt de la Tzintre» (fig. 2 ), mis en scène devant «l'Hôtel

du Sapin» (fig. 37) ou «sous le tilleul». En bala¬ de sur les bords de la Jogne ou sur les ruines du château de Charmey, son épouse pose, nonchalante, avec son ombrelle et parfois ses enfants. Mais surtout, le photographe dilet¬ tante privilégie les clichés touristiques et pit¬ toresques, que l'on ne trouve, à cette époque, pas encore sous forme de cartes postales: la cascade (fig. 58) et l'ancienne église de Bellegarde, le couvent de La Valsainte (fig. 60), sans les arbres et quelques années avant la construction de la deuxième rangée de cellules. Il photographie également le pont du Javroz (fig. 44), ouvrage très moder¬ ne avec son armature métallique, qui fait la réputation de Charmey loin à la ronde, ou enco¬ re les fermes vemaculaires du centre du village.

Par contre, il ne s'aventure ni en montagne ni sur les alpages, mais se contente de cap¬ turer les Gastlosen depuis la route, à la hau¬ teur de Pra-Jean. Seule évocation du travail des champs, un magnifique portrait de «l'ar- mailli Emile» (fig. 35), datée du 10 juillet 1895. En fait d'armailli, ce «bouèbo» pose en bredzon, debout sur un haut caillou, pour que sa canne - trop grande - lui arrive juste à hauteur de main.

De par leurs qualités techniques et esthé¬ tiques, ces images illustrent parfaitement les propos d'Albert Londe, lorsqu'il écrit en 1888: «L'amateur qui, pour une excursion, n'empor¬ te que six plaques, saura les dépenser avec sagesse et rapportera certainement six cli¬ chés étudiés, et, par la suite, intéressants. S'il a une réserve de 24 ou même 48 prépara¬ tions, il est à craindre qu'il n'en fasse un

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gaspillage à tort et à travers, et qu'au retour, il ne soit obligé de reconnaître que la plupart des épreuves sont médiocres parce qu'elles ont été faites trop rapidement.» (3)

En photographiant à raison d'un cliché par jour (davantage lorsqu'il fait l'excursion de Bellegarde ou de La Valsainte), notre amateur «dépense avec sagesse» ses plaques et rap¬ porte beaucoup de «clichés étudiés». Même si, à une seule occasion, il rate une photo! Le 5 juillet, alors qu'il photographie le Moléson à travers une meurtrière des ruines du château (fig. 3), il réutilise une plaque qu'il a dû expo¬ ser la veille dans la forêt de la Tzintre. Si l'on tourne l'image de 180 degrés, on voit claire¬ ment apparaître la deuxième image... Une image manquée, mais qui a eu, à ses yeux, une

assez grande valeur sentimentale pour qu'il la colle malgré tout dans son album de vacances.

Jusque dans l'usage de la photo ratée, cet album de 1895 est précurseur de cette photo de famille et de vacances qui deviendra l'un des phénomènes sociaux les plus importants du 20e siècle.

NOTES

1 Clément Chéroux, Jacques Henri I^irtigue, it mémoire de l'instant, in Lartigue, l'album d'une vie, Paris, 2003, Centre Pompidou/ Seuil, p. 26. 2 Ibidem. 3 Albert Londe, La Photographie moderne, Paris, Masson, 1888, p. 25-26, cité dans La Recherche photographique, N°8 La famille, Paris, 1990, p. 19.

36. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 10,2 x 15,4 cm, indication manuscrite: Pont de

l'usine, 7 juillet

51

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37. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,6 x 15,5 cm, indication

52 manuscrite: Hôtel du Sapin, 6 juillet

L'hôtel du Sapin ne comporte encore que deux étages. Il sera élevé d'un étage à l'aube du 20* siècle pour faire face à l'affluence des touristes et prendra des airs de grand hôtel avec kiosque à musique et salle à danser.

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38. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 12,5 x 17 cm, indication manuscrite:

Vue de la chambre No 4, 7 juillet

39. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12,2 x 17 cm, indication manuscrite: Vue de la chambre No 11, 10 juillet.

A noter au premier plan sur le cabanon: une publicité pour les machines à coudre Singer.

D'un côté les Gastlosen, de l'autre le Moléson vu par les fenêtres de l'hôtel du Sapin.

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40. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12 x 17 cm, indication manuscrite: Charmey, les Gastlosen, la Hochmatt, 23 juillet

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r

41. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12,3 x 17,2 cm, indication manuscrite: Dent de Broc et Moléson, 12 juillet 55

Cette vue sur la vallée du Motélon et au loin le Moléson est le témoignage d'un paysage aujourd'hui

profondément modifié par la présence du lac de Montsalvens (1921).

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42. Fonds Cbarmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

, 12,2 x 17,2 cm, indication manuscrite: Vallée de Motélon, dent de Folliéran, 12 juillet

Cette vue a été prise depuis le pont sur le Javroz. On devine ce qui deviendra, avec le lac de Montsalvens, la presqu'île.

43. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12 x 17 cm, indication manuscrite: Vallée du Gros Mont,

Dent de Brenlaire, 19 juillet

Les touristes de ce mois de juillet de 1895 se sont, pour une fois,

aventure, en montagne, à l'alpage.

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44. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12,2 x 17,3 cm, indication

manuscrite: Pont du Javros (sic), 7 juillet

Le pont sur le Javroz, inauguré en 1880 constituait à lui seul une attraction qui justifiait la visite de

Charmey: un tablier de 110 mètres de long sur deux culées en maçonnerie, une arche métallique de

86 mètres. Il a été remplacé en 1951.

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45. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,3 x 15,4 cm, indication manuscrite: Pont des Tines, 8 juillet

46. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 10,7 x 15,6 cm, indication

manuscrite: la Jognc depuis le pont des

Tines, 28 juillet

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47. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

unalbum, 17x 11,8 cm, indication manuscrite:

Les Tines et la prise d'eau, 9 juillet

La Jogne a aussi ses rapides, ce qui a permis

à la fin du 19e siècle la construction d'une

usine électrique à Charmey. Ces Tines,

impressionnantes, ont inspiré les peintres

comme Joseph Reichlen. Le photogra¬

phe amateur en villégia¬ ture à Charmey n'é¬

chappe pas aux frissons de la Jogne vue depuis

un pont impressionnant sur son caillou.

59

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48. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 12,3 x 17 cm, indication manuscrite: chalet de la modiste, 7 juillet

Village d'Enhaut, maison début 19r siècle.

49. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 10,6 x 15,6 cm, indication

manuscrite: Chalet des Arses, 13 juillet

Chalet début 18'' siècle qui a connu un grand

succès côté cartes postales au début du

20e siècle.

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50. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,3 x 15,3 cm, indication

manuscrite: Chalet du cordonnier, 7 juillet

La maison Mossu (du nom de la famille qui l'a érigé 0-] en 1716) possède l'une des plus belles façades de

Charmey avec un décor appliqué et sculpté. Situé à proximité de l'église et attenante à la cure, elle est

rapidement devenu emblématique de la typicité des constructions charmeysanes.

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62 Le photographe est monté dans le clocher de l'église malgré le poids et l'encombrement de son matériel. Il tient à ramener une vue différente et aérienne. On aperçoit le centre du village avec l'hôtel du Sapin et le village d'Enhaut.

51. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,6 x 15,5 cm, indication manuscrite: Charmey depuis la lucarne de l'église, 18 juillet

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4-

52. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 17 x 12,4 cm, indication manuscrite:

église de Charmey, 19 juillet

L'église Saint-Laurent sur sa colline sans les

aménagements et l'agrandissement des

années 1930.

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53. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,7 x 15,6 cm, indication manuscrite: la rue de Charmey, 13 juillet

A gauche en sortant de l'hôtel. A remarquer l'écriteau «écurie du Sapin» qui renseigne sur les moyens de transport des touristes à la fin du 19e siècle.

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54. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,3 x 15,7 cm, indication

manuscrite: la rue de Charmey, 13 juillet

A droite en sortant de l'hôtel. En face de l'Etoile, la maison Albinati, érigée en 1892: une copie d'un

bâtiment toscan. On aligne le bois de chaufFage dans la rue, devant les maisons.

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55. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 15,7 x 10,7 cm, indication manuscrite: chapelle de St. Pierre, 7 juillet

La chapelle Sainr-Pierre a été érigée en 1645 et restaurée en 1878. En 1988, elle a été dépla¬ cée (reculée) d'environ cinq mètres lors de la correction de la route cantonale.

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56. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,4 x 15,4 cm, indication

manuscrite: chapelle du Roc, 19 juillet

La chapelle Notre-Dame du Roc a été érigée en 1697. Détruite par la chute de pierres en 1877, elle a été reconstruite en 1879. Lieu de pèlerinage, elle est très souvent reproduite sur les cartes postales à la fin

du 19e siècle.

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57. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 15,5 x 10,6 cm, indication manuscrite: église de Bellegarde, 15 juillet

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58. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans

un album, 15,5 x 10,7 cm, indication

manuscrite: cascade de Bellegarde, 15 juillet

La cascade de Jaun avait déjà connu jusqu'au 18e siècle un certain

succès de reproduction par la gravure, elle

deviendra un incontournable de la

carte postale au 20e siècle.

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59. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 15,6 x 10,3 cm, indication manuscrite: chapelle de Crésuz, 20 juillet

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60. Fonds Charmey 1895. photographie sur papier Rives collée dans un album, 12,3 x 17,1 cm, indication

manuscrite: la Valsainte, vue de face, 30 juillet

La Chartreuse de la Valsainte, après avoir été abandonnée pendant près d'un siècle, retrouve sa vie

monastique en 1863. Les Chartreux et la Valsainte: une image indissociable du tourisme régional.

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61. Fonds Charmey 1895, photographie sur papier Rives collée dans un album, 10,5 x 15,5 cm, indication manuscrite: sur la terrasse, 30 juillet

Dernier jour de villégiature et dernière photographie de l'album.

Page de droite: Fonds de la Chesnais, photographie sur papier, détail,

1917, un défilé militaire à Bulle.

Couverture dos: Fonds Charmey 1895, l'armailli Emile, fig. 35

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ISSN 0256-1476 - Fr. 25.-