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154 TRAITÉS MENSONGERS ET SAISIES POUR ACCAPARER LA TERItl' elles se heurtèrent aux communautés d'Indiens séminoles que des réfugiés bâtons-rouges avaient rejoints et que les agents britan niques soutenaient dans leur résistance aux Américains. Comme d'habitude, des colons blancs s'installèrent sur les terres des Indiens. Ces derniers les attaquèrent. Des crimes atroces furent commis dans les deux camps. Lorsque des villages refusaient de livrer des individus accusés d'avoir assassiné des Blancs, Jackson ordonnaii leur destruction complète. Autre provocation de la part de Séminoles : des esclaves noirs cii fiiite trouvaient régulièrement reRige chez eux. Les Séminoles eux mêmes achetaient ou capturaient fréquemment des esclaves noirs, mais leur mode d'esclavage s'apparentait davantage à resclavag<- africain qu'à celui des plantations de coton. Les esclaves vivaient d'ordinaire dans leurs propres villages et leurs enfants étaient sou vent affranchis. Les mariages mixtes n'étant pas rares, il y eut assiv rapidement des villages indiens à population métissée. Les pro priétaires esclavagistes du Sud s'en scandalisaient d'autant plie, qu'ils voyaient là une véritable tentation pour leurs propres esclave, avides de liberté. Jackson commença donc à lancer des raids sur la Floride esp;i gnole sous prétexte qu'elle servait de sanctuaire aux esclaves en Riiic et aux bandes d'Indiens insoumis. Selon lui, la Floride était abso lument nécessaire à la sécurité des États-Unis : préambule classique à toutes les guerres de conquête. Ainsi commença, en 1818, la gucrn contre les Séminoles, qui allait conduire à l'acquisition de la Flo ride par les États-Unis. Les cartes scolaires mentionnent acqiii sition de la Floride en 1819 ». Cette acquisition fut, en réalité, ii résultat d'une véritable campagne militaire menée par Andrew Jackson de l'autre côté de la Frontière américaine. Il y incendia le. villages séminoles et s'empara des places fortes espagnoles. LF'. pagne fut finalement « persuadée » de vendre la Floride et Jacksdii continua de prétendre qu'il agissait selon « les lois immuables di la légitime défense ». Devenu gouverneur du Territoire de Floride, Jackson était pm ticulièrement bien placé pour promouvoir les affaires de ses aini< et parents. Il conseilla à l'un de ses neveux de s'accrocher à sa pro priété de Pensacola, et à un ami, chirurgien militaire, d'acheici autant d'esclaves que possible car les prix allaient bientôt mondi Après avoir abandonné ses fonctions militaires, Jackson coiin nua de conseiller les officiers sur le moyen de parer à la déseriinii croissante - les Blancs pauvres (même les plus décidés à doiim 1 leur vie pour la cause) s'étant assez rapidement rendus compte les bénéfices en revenaient aux riches. Il suggéra le fouet pour li i vil - « AUSSI LONGTEMPS QUE LHERBE POUSSERA 155 lieux premières tentatives de désertion et l'exécution pure et simple pour la troisième. Les principaux ouvrages portant sur la période jacksonienne Virils par de respectables historiens {The Age ofJackson d'Arthur «Sihlessinger et The Jacksonian Persuasion de Marvin Meyers) ne iriiilcnt pas de la politique indienne de Jackson. O n y trouve, en rrvaiiche, nombre de développements sur les tarifs douaniers, la HiUique, la rhétorique politique et la vie des partis. Si on fait un rtipide tour d'horizon des manuels scolaires des collèges et du piiinaire, on découvre un Jackson héros de la Frontière, soldat, il^mocrate, homme du peuple... Rien sur le propriétaire esclava- r U(t', le spéculateur foncier, l'exécuteur de soldats séditieux ou exterminateur d'Indiens. Il lie s'agit pas de jugement rétrospectif Les faits parlent d'eux- lli^iiies. Dès que Jackson devint président, en 1829 (à la suite de rllcrson, Madison, Monroe et John Quincy Adams), le décret sur r (l(''placement des Indiens fut soumis au Congrès. Il était alors innsidéré comme une « mesure essentielle » de l'administration J«i kson et comme la « question la plus importante jamais présen- («•r (levant le Congrès » en dehors des guerres et des traités de paix. Kl les deux partis politiques en présence, les démocrates et les whigs, lllveigeaient sur les tarifs douaniers et sur les banques, ils s'accor- lliileiK en revanche sur les questions cruciales des Blancs pauvres, •les esclaves et des Indiens - même si Jackson faisait figure de héros |)iMii certains travailleurs blancs en raison de son opposition à la liiiiuiiie des riches' ». Sdiis la présidence de Jackson, puis sous celle de l'homme qu'il tJMiivil pour lui succéder, Martin Van Buren, soixante-dix mille Itiiliens de l'est du Mississippi furent contraints de se déplacer vers rmicsl. Dans le nord du pays, ils étaient moins nombreux et la ( iitiilédcration iroquoise de l'État de New York n'eut pas à s'expa- llln. Les Fox et les Sacs de l'Illinois furent en revanche déplacés la « guerre de Black Hawk » (à laquelle Abraham Lincoln par- lit lp,i en tant qu'officier sans toutefois prendre part aux combats). I ^iiiiiiil le chef Black Hawk fut vaincu et capturé en 1832, il fit un tll*< mus de reddition : « J'ai combattu bravement. Mais vos fiasils ^liili III bien dirigés. Les balles volaient à travers les airs comme des HiMaiix et sifflaient à nos oreilles comme le vent d'hiver à travers IM .Milles. Mes guerriers sont tombés autour de moi. U n soleil noir 11 »i 11 sur nous au matin, puis a plongé le soir venu derrière un (liiii |',i sombre, ressemblant à une boule de feu. C'est le dernier I Aiiilii'w Jackson refusait de renouveler la charte de la Banque des États-Unis, au pro- fil ili' 1 .11 i(*ation de multiples banques locales.

154 TRAITÉS MENSONGERS ET SAISIES POUR ACCAPARER LA … · 2014-03-13 · 154 TRAITÉS MENSONGERS ET SAISIES POUR ACCAPARER LA TERItl' elles se heurtèrent aux communautés d'Indiens

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154 T R A I T É S M E N S O N G E R S E T S A I S I E S P O U R A C C A P A R E R L A T E R I t l '

elles se heurtèrent aux communautés d'Indiens séminoles que des

réfugiés bâtons-rouges avaient rejoints et que les agents britan

niques soutenaient dans leur résistance aux Américains. C o m m e

d'habitude, des colons blancs s'installèrent sur les terres des Indiens.

Ces derniers les attaquèrent. Des crimes atroces furent commis

dans les deux camps. Lorsque des villages refusaient de livrer des

individus accusés d'avoir assassiné des Blancs, Jackson ordonnaii

leur destruction complète.

Autre provocation de la part de Séminoles : des esclaves noirs c i i

fiiite trouvaient régulièrement reRige chez eux. Les Séminoles eux

mêmes achetaient ou capturaient fréquemment des esclaves noirs,

mais leur mode d'esclavage s'apparentait davantage à resclavag<-

africain qu'à celui des plantations de coton. Les esclaves vivaient

d'ordinaire dans leurs propres villages et leurs enfants étaient sou

vent affranchis. Les mariages mixtes n'étant pas rares, il y eut a s s i v

rapidement des villages indiens à populat ion métissée. Les pro

priétaires esclavagistes d u Sud s'en scandalisaient d'autant plie,

qu'ils voyaient là une véritable tentation pour leurs propres esclave,

avides de liberté.

Jackson commença donc à lancer des raids sur la Floride esp;i gnole sous prétexte qu'elle servait de sanctuaire aux esclaves en Riiic

et aux bandes d'Indiens insoumis. Selon l u i , la Floride était abso

lument nécessaire à la sécurité des États-Unis : préambule classique

à toutes les guerres de conquête. Ains i commença, en 1818, la gucrn

contre les Séminoles, qui allait conduire à l'acquisition de la Flo

ride par les États-Unis. Les cartes scolaires mentionnent r« acqiii

sition de la Floride en 1819 ». Cette acquisition fut, en réalité, ii

résultat d'une véritable campagne militaire menée par Andrew

Jackson de l'autre côté de la Frontière américaine. Il y incendia le.

villages séminoles et s'empara des places fortes espagnoles. L F ' .

pagne fut finalement « persuadée » de vendre la Floride et Jacksdii

continua de prétendre qu' i l agissait selon « les lois immuables di

la légitime défense ».

Devenu gouverneur du Territoire de Floride, Jackson était pm

ticulièrement bien placé pour promouvoir les affaires de ses aini<

et parents. Il conseilla à l 'un de ses neveux de s'accrocher à sa pro

priété de Pensacola, et à un ami , chirurgien militaire, d'acheici

autant d'esclaves que possible car les prix allaient bientôt mondi

Après avoir abandonné ses fonctions militaires, Jackson coiin

nua de conseiller les officiers sur le moyen de parer à la déseriinii

croissante - les Blancs pauvres (même les plus décidés à doiim 1 leur vie pour la cause) s'étant assez rapidement rendus compte

les bénéfices en revenaient aux riches. I l suggéra le fouet pour li i

vil - « A U S S I L O N G T E M P S Q U E L H E R B E P O U S S E R A 155

lieux premières tentatives de désertion et l'exécution pure et simple pour la troisième.

Les pr incipaux ouvrages portant sur la période jacksonienne

Virils par de respectables historiens {The Age ofJackson d 'Arthur

«Sihlessinger et The Jacksonian Persuasion de M a r v i n Meyers) ne

iriiilcnt pas de la politique indienne de Jackson. O n y trouve, en

rrvaiiche, nombre de développements sur les tarifs douaniers, la

HiUique, la rhétorique politique et la vie des partis. Si on fait un

rtipide tour d 'horizon des manuels scolaires des collèges et du

piiinaire, on découvre un Jackson héros de la Frontière, soldat,

il^mocrate, h o m m e du peuple. . . R i e n sur le propriétaire esclava-

rU(t', le spéculateur foncier, l'exécuteur de soldats séditieux ou

exterminateur d'Indiens.

Il lie s'agit pas de jugement rétrospectif Les faits parlent d'eux-

lli^iiies. Dès que Jackson devint président, en 1829 (à la suite de

rllcrson, Madison, Monroe et John Quincy Adams), le décret sur

r (l(''placement des Indiens fut soumis au Congrès. Il était alors

innsidéré comme une « mesure essentielle » de l 'administration

J«i kson et comme la « question la plus importante jamais présen-

(«•r (levant le Congrès » en dehors des guerres et des traités de paix.

Kl les deux partis politiques en présence, les démocrates et les whigs,

lllveigeaient sur les tarifs douaniers et sur les banques, ils s'accor-

l l i i l e i K en revanche sur les questions cruciales des Blancs pauvres,

•les esclaves et des Indiens - même si Jackson faisait figure de héros

| ) iMi i certains travailleurs blancs en raison de son opposition à la

• liiiiuiiie des riches' ».

S d i i s la présidence de Jackson, puis sous celle de l 'homme qu'i l

t J M i i v i l pour l u i succéder, M a r t i n Van Buren, soixante-dix mil le

Itiiliens de l'est du Mississippi furent contraints de se déplacer vers

r m i c s l . Dans le nord d u pays, ils étaient moins nombreux et la

( iitiilédcration iroquoise de l'État de N e w York n'eut pas à s'expa-

llln. Les Fox et les Sacs de l 'I l l inois furent en revanche déplacés

la « guerre de Black H a w k » (à laquelle Abraham Lincoln par-

lit l p , i en tant qu'officier sans toutefois prendre part aux combats).

I^iiiiiiil le chef Black H a w k fut vaincu et capturé en 1832, i l fit un tll*< m u s de reddition : « J'ai combattu bravement. M a i s vos fiasils

^ l i i l i III bien dirigés. Les balles volaient à travers les airs comme des

H i M a i i x et sifflaient à nos oreilles comme le vent d'hiver à travers

IM .Milles. Mes guerriers sont tombés autour de moi . U n soleil noir

11 »i 11 vé sur nous au matin, puis a plongé le soir venu derrière un

(liiii|',i sombre, ressemblant à une boule de feu. C'est le dernier

I Aiiilii'w Jackson refusait de renouveler la charte de la Banque des États-Unis, au pro­fil ili' 1.11 i(*ation de multiples banques locales.