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LE CLIMAT M. ELDIN” * Maître de Recherches en Bioclimatologie, Centre ORSTOM Adiopodoumé, BP 20, Abidjan (Côte d’ivoire).

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  • LE CLIMAT

    M. ELDIN

    * Matre de Recherches en Bioclimatologie, Centre ORSTOM Adiopodoum, BP 20, Abidjan (Cte divoire).

  • SOMMAIRE

    1. PRSENTATION.................................................................. 77

    2. DTERMINISME DU CLIMAT IVOIRIEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

    3. DESCRIPTION DES TYPES DE TEMPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    A. UNIQUE OU GRANDE SAISON SCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. SAISON SCHE AVEC HARMATTAN 2. SAISON SCHE SANS HARMATTAN

    B. PETITESAISONSCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    C. SAISON DES PLUIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    D. INFLUENCE DES FACTEURS GOMORPHOLOGIQUES SUR LA PLUVIOMTRIE . 1. ORIENTATION DE LA COTE (CLIMAT DE SASSANDRA - GRAND LAHOU) 2. RELIEF (LE V BAOULE)

    4. DIFFRENCIATION DES CLIMATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    A. CHOIX DUN CRITRE DE CLASSIFICATION CLIMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    B. DFINITION DE LVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    1. LVAPOTRAN~PIRK~ION RELLE 2. LVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE

    c. DFINITION DE LA SCHERESSE CLIMATIQUE - SIGNIFICATION cOLOGIQI IE . .

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    5. RALISATION DES CARTES - TRAITEMENT DES DONNES . . . . . . . , . . . . . . . . . . . .

    A. CARTE DES DONNES PLUVIOMTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    B. CARTE DES DFICITS HYDRIQUES CUMULS ET DE LA DURE DE LA SAISON SCHE 1. FOND TOPOGRAPHIQUE 2. CLIMATOLOGIE

    Calcu de Ivapotranspiration potentielle Calcul des dficits hydriques mensuels

    Dtermination et cartographie de Ia dure moyenne de la saison sche Calcul et cartographie du dficit hydrique cumul moyen

    6. INTERPRTATION DES CARTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    7. CLASSIFICATION DES CLIMATS IVOIRIENS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . .

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  • 1. PRSENTATION

    Situe dans le carr constitu par le 4 et le 11 degr de latitude N et par le 2 et le 9 degr de longitude W, la Cte divoire prsente deux zones climatiques principales en correspondance avec les deux types de paysages rencontrs : savane et fort claire au nord, fort dense et humide au sud.

    Le climat du sud de la Cte divoire se caractrise par lexistence de deux saisons des pluies : la plus intense et la plus longue prsente un maximum en juin, la plus courte est centre sur octobre. Elles sont spares par la petite saison sche daot-septembre *. La grande saison sche, telle quelle est dfinie plus loin, dure en moyenne de 3 5 mois, comprenant dcembre, janvier et fvrier.

    Le climat du nord de la Cte divoire ne prsente quune seule saison des pluies ayant son maximum dintensit en aot. Lunique saison sche dure de 6 8 mois et son intensit augmente assez rgulirement avec la latitude entre le 8 et le 11 e degr de latitude N.

    Il est intressant de savoir quelles sont les causes de cette succession des saisons sches et pluvieuses, et pourquoi lon passe dun rgime 4 saisons dans le sud de la Cte divoire un rgime 2 saisons dans le nord.

    2. DTERMINISME DU CLIMAT IVOIRIEN

    Bien que la nature et le moteur de la circulation gnrale de latmosphre dans la zone intertropicale soient encore trs mal connus et prtent des thses diffrentes, la plupart des auteurs [l] [2]** saccordent reconnatre lexistence, dans cette partie du globe, dune zone de confluence entre deux masses dair. La premire est humide, dorigine ocanique, de secteur SW, appele mousson , mais nest autre que laliz de lhmisphre austral dvi sur sa droite par la force de Coriolis aprs franchissement de lquateur. La deuxime est sche, dorigine continentale, de secteur NE ; cest laliz de lhmisphre boral.

    Cette zone de confluence est appele Front Intertropical (F.I.T.) ou ceinture intertropicale ou encore, de faon plus exacte, zone de convergence intertropicale [3]. En effet, la confluence des deux masses dair ntant pas accompagne dune augmentation de leurs vitesses, se traduit par un phnomne de convergence qui va engendrer son tour une ascendance de lair avec formation de nuages [4].

    Ces masses dair, et, par suite, le FIT. lui-mme, se dplacent sous leffet principal des gradients de pression. La dpression thermique saharienne situe entre lanticyclone des Aores et la cellule anticy- clonique lybienne joue le rle moteur principal. Quand elle remonte en latitude, elle cre un appel de mous- son qui repousse le F.I.T. vers le nord et inversement quand elle descend vers lquateur.

    Le F.I.T. se caractrise par un dplacement lent et par une pente slevant trs doucement vers le sud. Laliz continental boral, appel harmattan , qui le gravite est un air trs sec, et plus chaud que

    * Tout au long de ce chapitre nous emploierons, par opposition saison des pluies , les termes commodes de saison sche et de mois sec , parfaitement impropres, car lhumidit de lair reste trs leve en Basse Cte divoire, mme en saison sche . II faudrait parler de saison peu pluvieuse ou moins pluvieuse .

    ** Les nombres entre crochets renvoient aux rfrences bibliographiques cites en fin de chapitre.

  • 78 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    lair de mousson quil surmonte. Ainsi sexplique le fait que le F.I.T. en lui-mme nest le sige daucun effet dynamique [5]. Par contre, dfini comme zone de confiuence entre deux masses dair trs differentes, on conoit quil corresponde la limite entre deux types de temps bien distincts (fig. 1).

    FIT w HARMATTAN

    (air sec, chaud )

    MOUSON

    Epaisseur de la mousson en A (air humide, relativement froid )

    v

    S.W. A trace du N. E. FIT au sol

    FIG. 1.

    De plus, la trajectoire courbe des alizs austraux, qui de secteur SE avant le franchissement de lquateur prennent lorientation SN puis W - NE dans lhmisphre boral et laquelle le Dr MORTH a donn le nom de Drift Equatorial [6], saccompagne dune variation continue dans la conver- gence de cette masse dair en mouvement. On peut ainsi distinguer schmatiquement au sud du F.I.T., 4 zones de convergence variable dont les caractristiques sont donnes par le schma 1.

    La masse dair concerne (mousson) tant humide, donc particulirement instable, la convergence va provoquer par dtente, des formations nuageuses dveloppement vertical qui se traduisent, soit par des pluies abondantes si la convergence est seulement modre, soit par des orages, des coups de vent, ou des grains, si la convergence est forte [7].

    Avec la zone situe au nord du F.I.T. (zone A du schma 1) o rgnent les alizs boraux, ce sont donc 5 zones principales qui se dplacent paralllement au F.I.T. lui-mme et qui, par leur dfilement sur une rgion dtermine, vont engendrer la succession des diffrents types de temps ou de saisons.

    Ainsi la dtermination du temps (du climat si lon sen tient laspect moyen du temps pour une priode dtermine et en un lieu donn) apparat troitement lie au dplacement de ces zones climatiques, cest--dire, en fin de compte, au dplacement du F.I.T.

    Dans un premier temps, nous ne considrerons le dplacement du F.I.T. quen fonction de sa cause principale, cest--dire, en fonction du dplacement de la dpression thermique saharienne. Cette tude nous donnera des renseignements sur les positions moyennes du F.I.T. aux diffrentes priodes de lanne. Nous verrons ensuite comment les grands centres daction de lhmisphre austral (Anticyclone de St.- Hlne) ou de lhmisphre boral (Anticyclone des Aores et de Lybie, dpression dEurope Occidentale, activit du front polaire...) provoquent des perturbations par rapport aux positions moyennes du F.I.T.

    Les dplacements de la dpression thermique saharienne sont lis au balancement apparent du soleil de part et dautre de lquateur. Cest au cours de la priode entourant le solstice dt boral, lorsque la dclinaison positive du soleil atteint son maximum, que le plus fort rayonnement solaire est reu par la masse continentale saharienne. Compte tenu de la grande inertie thermique de cette dernire, la temprature maximale est obtenue avec un dphasage dans le temps de lordre dun mois et demi, cest--dire en aot. La dpression thermique atteint ce moment l sa position la plus septentrionale. Il en est de mme du F.I.T. qui se trouve alors au voisinage du 20 ou 21 parallle N.

  • SCHMA 1

    paisseur de la zone des masses dair en Cte divoire des zones

    one A

    FRONT INTERTROPICAL

    (300 350 km)*

    one C (450/550 km)*

    Forte convergence Averses orageuses.

    * Les paisseurs des diffrentes zones ont t dtermines par dduction. Quand, au mois daot, Abidjan est en petite saison sche, Ferkssdougou est en pleine saison des pluies. 11 faut donc quil y ait environ 450 km entre les milieux des zones D et E. Ce sont des considrations de ce genre qui 110~s ont conduit proposer ces paisseurs. Ces indications ont donc un caractre tout fait finaliste, et seule lexistence de ces zones semble correspondre un fait exprimental. (Les diffrences de convergence des masses dair peuvent tre effectivement mesures).

  • 80 LE MILIEU liATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    Lorsque la dclinaison du soleil diminue, pour devenir ensuite ngative, la dpression thermique saharienne descend en latitude, pour atteindre, vers la fin janvier, sa position la plus mridionale. Le F.I.T. se trouve alors aux environs du 5e ou 6e degr de latitude N.

    La position moyenne du F.I.T. et, par suite celles des diverses zones climatiques adjacentes, une priode donne de lanne, peuvent donc tre dtermines. Cest ainsi que nous avons pu mentionner dans les 5 et 6 colonnes du schma 1, les dates moyennes dentre et de sortie Abidjan et Ferkssdou- gou de chacune des zones considres, cest--dire les dates moyennes du commencement et de la fin des principales saisons en ces deux rgions extrmes de Cte divoire.

    En dcembre, janvier, fvrier et mars, quand le F.I.T. se dplace entre le 5 et le 10 degr de lati- tude N, toute la Cte divoire est dans les zones A et B du schma I, cest--dire, en saison sche.

    Quand le F.E.T. atteint, au cours du mois de janvier, sa position la plus mridionale, entre le 5 et le 6 degr de latitude N, la Cte divoire est toute entire soumise un rgime dharmattan, vent sec de secteur NE. La trace au sol du F.I.T. natteint Abidjan (5 20) quune dizaine de jours par an ; mais, lorsque le F.I.T. est plus au nord, compte tenu de sa pente trs faible (fig. l), lpaisseur de la mousson reste peu importante et il est courant Abidjan dobserver de la brume sche en altitude, au cours des mois de dcembre et janvier. Le ciel est alors uniformment couvert, de couleur gris-plomb, du fait de la prsence de fins grains de sable emports par Iharmattan qui gravite le F.I.T.

    Ensuite, ce dernier remonte progressivement en latitude pour atteindre vers le 15 avril les parages du 11 e parallle N. La basse Cte divoire est alors dans la zone C. Cest une zone forte convergence caractrise par des averses orageuses, des coups de vent et par le passage de grains.

    Le dfilement de cette zone correspond une priode, denviron 2 mois, intermdiaire entre la saison sche et la saison des pluies. Les pluies sont trs abondantes et gnralement excdentaires par rap- port aux besoins des vgtaux, si bien que, du point de vue du seul bilan hydrique, cette priode est rattacher en partie la grande saison des pluies (cf. schma 1).

    Pendant le mme temps, la Haute Cte divoire, en zone B, est encore en saison sche.

    Du 15 mai au 15 juillet, la Basse Cte divoire subit le passage de la zone D, caractrise par une convergence modre, gnratrice, avec le concours de la mousson charge de vapeur deau, de pluies quasi-continuelles, qui, malgr des intensits moins fortes quen zone C, finissent pas tre trs abondantes (700 mm en juin dans la rgion dAbidjan).

    Pendant ce temps, la zone C recouvre dabord le centre puis le nord de la Cte divoire (dbut de lunique saison des pluies dans la moiti nord du pays).

    Le F.I.T. continue ensuite sa remonte vers le nord pour atteindre en aot sa position la plus septentrionale entre 19 et 22 degrs de latitude N.

    Entre le 15 juillet et le 15 septembre, la zone D remonte sur le nord de la Cte divoire o elle provoque des pluies trs abondantes (350 mm en aot Odienn), pendant que la zone E stend sur la Basse Cte divoire.

    Cest une zone convergence nulle ou mme lgrement ngative (divergence). De ce fait, la pr- sence de la mousson ne se traduit que par quelques pluies rares et peu abondantes, ce qui explique en partie (Cf. Q 3) lexistence dune petite saison sche dans la moiti sud du pays.

    Du 15 aot au 15 janvier, le F.I.T. redescend alors en latitude entranant en un point donn, la succession des zones prcdemment tudies mais en sens contraire (cf. schma 1). La descente du F.I.T. en latitude semble seffectuer plus vite que sa monte sans doute pour des raisons lies au dplacement des grands centres daction dans lhmisphre austral et dans la zone tempre de lhmisphre boral.

    11 faut noter que le F.I.T. ne remonte gnralement pas assez haut pour entraner la zone E au-del de Bouak, et la moiti nord de la Cte divoire ne connat pas de petite saison sche centre sur aot, mois qui correspond, au contraire, au maximum des pluies dans cette rgion.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 81

    On passe donc dun rgime 2 saisons sches et 2 saisons des pluies dans le sud, un rgime une seule saison sche (octobre mai) et une seule saison des pluies (juin septembre) dans le nord. La bande de territoire qui stend de part et dautre de Bouak, entre le 7 et le 9 degr de latitude N, est une zone de transition, qui, suivant les annes, subira un rgime 2 ou 4 saisons et o, par suite, les prvisions concernant le climat annuel sont particulirement difficiles.

    Le schma qui a t prsent ci-dessus correspond au dplacement moyen du F.I.T., cest--dire au climat le plus frquemment observ en une rgion donne. Il a t tabli en supposant que le F.I.T. se dplace de faon continue, soit vers le nord, soit vers le sud, paralllement lquateur, et en fonction seulement du balancement de la dpression thermique saharienne. II convient de dire que les choses ne se passent pas exactement ainsi :

    Tout dabord le F.I.T. ne concide que rarement avec un parallle mais prsente frquemment des ondulations plus ou moins amples.

    Dautre part, le F.I.T. se dplace le plus souvent par oscillations autour dune position moyenne. Ces oscillations, qui peuvent se produire au cours dune journe, nintressent parfois quune portion seulement du F.I.T.

    Il nest pas rare de constater, au cours dun mois donn, des dplacements du F.I.T. tantt vers le nord, tantt vers le sud sur une bande correspondant 3 ou 4 degrs de latitude (330 440 km) ce qui entrane une alternance des diffrents types de temps au cours dun mme mois, en un mme lieu.

    Enfin, ces dformations ou ces oscillations du F.I.T. sont le fait de lactivit des grands centres daction dans lun ou lautre hmisphre. Les situations que lon retrouve le plus souvent sont les sui- vantes :

    - Quand les hautes pressions issues des Aores ou dEurope Occidentale stendent en une vaste dorsale sur lAfrique du nord, le Sahara et la Lybie, le F.I.T. est refoul vers le sud.

    - Au contraire, lorsque la dpression saharienne se renforce entre lanticyclone des Aores et celui de Lybie, il peut se produire des appels de moussons repoussant le F.I.T. vers le nord dans sa partie centrale. A lest et louest, lactivit des cellules anticycloniques entretient la prsence dharmattan et dalizs maritimes de secteur N empchant la progression vers le nord des parties orientales et occidentales du F.I.T. Ce type dondulation du F.I.T. est trs frquemment observ [8].

    Lorsquun couloir dpressionnaire, plus ou moins NS, se forme sur le continent africain, entre lanticyclone des Aores et celui de Lybie, reliant la dpression dEurope Occidentale aux basses pressions intertropicales, des masses dair polaire scoulent par ce couloir vers le Sahara pouvant atteindre le Mali, la Hte-Volta et mme le nord de la Cte divoire o elles provoquent de petites chutes de pluies en pleine saison sche, entre dcembre et fvrier gnralement, connues sous le nom de pluies des mangues .

    Lorsque, vers le mois daot, la ceinture des dpressions polaires est basse en latitude, il en rsulte un affaiblissement de la dpression thermique saharienne, la position du F.I.T. est plus mridionale que de coutume. La zone E du schma 1 ne remonte pas sur le sud de la Cte divoire, o, par suite, la petite saison sche est mal caractrise, et parfois totalement absente (anne 1968, par exemple).

    Au contraire, lorsque les hautes pressions australes (Anticyclone de St-Hlne) remontent sur la cte mridionale dAfrique de louest, (ce qui est frquent au mois de juillet et aot), elles repoussent le F.I.T. encore plus au nord et permettent ainsi linstallation de la petite saison sche au sud du 8 parallle N.

    Ltude prcdente met en vidence limportance de lactivit des grands centres daction dans les zones tempres des deux hmisphres sur le dterminisme du climat dans la zone intertropicale.

    Les lments de la circulation gnrale de latmosphre exposs ci-dessus, permettent de prvoir, ou du moins de comprendre schmatiquement, la raison dtre des diffrents types de temps obtenus en Cte divoire. Voyons maintenant comment se caractrisent climatiquement ces diffrents types de temps.

  • 82 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    3. DESCRIPTION DES TYPES DE TEMPS

    Considrant quune description du temps est beaucoup plus facilement atteinte par la consultation de cartes que par la lecture dun texte, gnralement fastidieux, nous nous en tiendrons ici aux traits principaux des diffrentes saisons rencontres en Cte divoire*.

    A. UNIQUE OU GRANDE SAISON SCHE

    Une rgion de Cte divoire est en grande saison sche lorsquelle subit linfluence des zones A ouB du schma 1, ce qui conduit diviser cette grande saison sche en deux priodes bien distinctes.

    1. GRANDE SAISON SECHE AVEC HARMATTAN (cf. tableau 1). Elle est due la prsence de la zone A.

    Dans le nord du pays, elle est ressentie pendant les mois de dcembre, janvier et fvrier. Lair est sec, chaud dans la journe cause de son origine saharienne et de son long parcours sur des zones dser- tiques ou sahliennes, froid la nuit cause de sa faible teneur en eau (vapeur et liquide) qui autorise un rayonnement terrestre nocturne trs important.

    TABLEAU 1

    Janvier : Ferkssdougou Bouak Abidjan*

    (harmattan non permanent)

    Temprature minimale moyenne : 0m (en C). . . . _ . . . 15,3 20,2 22,9

    Temprature maximale moyenne : 8M (en C). . . . . . . . 34,9 32,7 30,o ~- .-.

    Temprature moyenne: J . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Amplitude quotidienne moyenne de temprature: A8 ~--- --..

    25,l 265 26,5

    19,6 12,s 7s

    Tension relle moyenne de vapeur deau (Moyennes des 8 observations quotidiennes : 3, 6, 12, 15, 18, 21, 24 h) : e (en mbar) . . . . . . ..*............. 12,9 18,O 29,3

    -.-.-~. Humidit relative quotidienne moyenne ; H % (moyen-

    nes des 8 observations quotidiennes) . . . . . . . . . . . . 43 55 84

    * Il sagit des donnes releves par la station de laroport dAbidjan (Port-Bouet).

    * Nous nous permettons de signaler la prochaine parution dun Atlas de Cte divoire prpar par IORSTOM et lInstitut de Gographie tropicale de lUniversit dAbidjan, comportant de nombreuses planches climatologiques.

    ** Les dfinitions exactes de mois sec et de saisons sches ou pluvieuses sont donnes plus loin (paragraphe 4). Nous admettons pour linstant les acceptions courantes de ces termes : il y a scheresse climatique quand les besoins maximaux en eau des vgtaux ne sont pas couverts par les prcipitations.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 83

    Dans le sud, ce type de saison sche ne dure que quelques semaines, en janvier gnralement. Lharmattan y est moins chaud le jour et moins froid la nuit que dans le nord.

    Moins chaud le jour, car une partie de la chaleur quil transporte est utilise pour la vaporisation de leau son passage sur la fort.

    Moins froid la nuit, car la proximit de la mer, des lagunes, et dune faon gnrale de lair humide de la mousson, se traduit par une humidit dj plus grande des basses couches atmosphriques, qui diminue le rayonnement terrestre.

    Les commentaires prcdents sont illustrs par les donnes du tableau 1. Ces donnes climatiques ainsi que celles des tableaux suivants sont extraites des publications de 1ASECNA (9, 101.

    Les diffrences obtenues pour les amplitudes thermiques quotidiennes moyennes sont particulire- ment nettes et mritent dtre soulignes comme facteur de diffrenciation climatique possible.

    2. GRANDE SAISON SCHE SANS HARMATTAN (Zone B) :

    La prsence de lair humide de mousson ne se traduit que par de faibles chutes de pluies, en raison de sa faible convergence (analogie avec la petite saison sche).

    Dans le nord, ce type de temps correspond au dbut (novembre) et la fin (avril) de la grande et unique saison sche.

    Dans le sud, lexception de quelques jours dharmattan, ce type de saison sche est le seul observ (dcembre, janvier, fvrier, mars).

    Le tableau II permet une comparaison entre Ferkssdougou, Bouak et Abidjan au cours de diff- rents mois correspondant en chaque lieu la saison sche avec mousson (sauf dernire colonne).

    Les donnes pour Ferkssdougou au mois de janvier (tableau 1) sont reportes en dernire colonne du tableau II pour mettre en vidence les diffrences existantes entre les 2 types de saison sche (sans et avec harmattan).

    TABLEAU II

    * Fvrier Abidjan Mars Bouak Avril Ferk Janvier Ferk

    0m . . . . . . . . . . . . . . . . 23,8 21,8 23,l 15,3

    BM . . . . . . . . . . . . . . . . 30,5 33,0 34,l . 34,9

    ii . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27,2 27,4 28,9 25,l

    A0 . . . . . . . . . . . . . . . . 67 11,2 11,6 19,6 _.~ --_-- .--

    e . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,3 23,4 25,2 12,9 ..~

    H% . . . . . . . . . . . . . . . 84 66 67 43 -.-~_----

    Saison sche sans harmattan avec harmattan

    * Mmes symboles que pour le tableau 1.

    Les diffrences enregistres Ferkssdougou pour les 2 types de saisons sches sont beaucoup plus importantes que celles obtenues pour Ferkssdougou, Bouak, et Abidjan au cours dun mme type de saison sche (sans harmattan), bien quil sagisse de donnes correspondant des mois diffrents et des latitudes diffrentes.

  • 84 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    Linfluence de la mousson, mme Ferkessdougou, se manifeste par des tensions de vapeur suprieures 23 mb et par des amplitudes thermiques quotidiennes infrieures 12 Y!.

    B. PETITE SAISON SCHE

    Elle ne se ralise que dans la moiti sud du pays lorsque cette dernire est recouverte par la zone E du schma 1, cest--dire pendant 2 mois environ, centrs sur aot. Linfluence de la mousson (alizs maritimes austraux dvis), dont lpaisseur est trs grande cette poque (1 500 2 500 m), se fait sentir, mais les nombreux nuages bas qui se forment ne peuvent se dvelopper verticalement car la convergence de lair est nulle ou mme lgrement ngative. On explique ainsi que le ciel soit presque constamment couvert (insolation faible) et que, cependant, les pluies soient peu abondantes.

    La faiblesse du rayonnement solaire global au sol et la prsence, pendant lt boral, dun courant marin froid (branche du Benguella vraisemblablement)* le long de la cte ivoirienne se traduisent par des tempratures mensuelles moyennes qui sont les plus basses de lanne (cf. tableau III). Aot est le mois le plus frais Abidjan avec une temprature moyenne de 24,4 C. A titre dinformation touristique, signalons que cest aussi, au sens propre, le mois le plus sec (e = 26,5 mb) et le moins pluvieux avec janvier (P = 26 mm. Moyenne sur 30 ans : 1941 - 1960).

    La prsence de cette eau froide dans le Golfe de Guine et la rduction du rayonnement solaire global par les nuages (faible vapotranspiration) expliquent galement que la mousson soit relativement moins humide que pendant le restant de lanne (cf. tableau III).

    TABLEAU III

    1: BM Om A0 e H% ETP t >I;

    Abidjan (Mars . . . . . . 30,6 24,l 695 27,4 30,5 84 495

    \ Aot . . . . . , 26,9 21,9 590 24,4 26,5 88 2,3

    * Mmes symboles que pour le tableau 1.

    LETP du mois de mars Abidjan est peu prs deux fois plus forte que celle du mois daot. Ces valeurs qui intgrent, entre autres facteurs climatiques, leffet cumul du rayonnement global, de la temprature moyenne, et de la richesse de latmosphre en vapeur deau, rsument parfaitement les diff- rences existantes entre la petite et la grande saison sche en basse Cte divoire.

    C. SAISONS DES PLUIES

    Aussi bien dans le nord que dans le sud, la saison des pluies grande ou petite, est due au passage des zones C et D et aux apports constants et abondants de vapeur deau par la mousson de S.W.

    La zone C se caractrise par une convergence trs forte, provoquant des ascendances trs violentes dair humide qui se traduisent par des nuages, des coups de vents et par le passage de grains. Ces grains sont appels improprement tornades , car ils ne semblent pas anims dun mouvement de tourbillon, contrai-

    * Il sagit peut-tre, simplement, dune remonte deau froide profonde vers la surface de locan. ** Evapotranspiration potentielle (ETP). C dfinition en 4-B.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 85

    rement aux trombes terrestres dAmrique Centrale qui, elles, mritent le nom de tornades. Ces lignes de grains se dplacent gnralement dest en ouest lintrieur de la zone C.

    La ligne de grains constitue la limite antrieure (occidentale) dune bande de quelques dizaines de kilomtres forme de cumulonimbus presque souds, avec des orages et de trs fortes averses. Cette bande est suivie dune autre plus tendue (de lordre dune centaine de kilomtres) o la pluie de plus en plus faible provient dune nappe de nuages moyens. La forte turbulence qui se manifeste dans la zone orageuse contraste avec laccalmie qui lui fait suite dans la zone de pluie faible. Au-del de cette dernire, le temps redevient normal. La discontinuit du vent de part et dautre de la ligne de grains est trs nette : lavant, S.W. faible ou calme, en arrire N.E. fort avec rafales (10 30 m/s). Les vents forts persistent dans toute la zone orageuse puis diminuent trs rapidement dans la zone postrieure, o ils deviennent variables et trs faibles avant de sorienter au S.W., lextrieur de la perturbation )) (daprs GENVE) [l 11.

    La moiti mridionale de la zone C, dans laquelle la convergence est en diminution, apporte gn- ralement des pluies excdentaires par rapport aux besoins maximaux des vgtaux et, ce titre, mrite dtre considre comme gnratrice de saison des pluies.

    La moiti septentrionale engendre des pluies trs variables dune anne lautre ; elle correspond une priode qui se rattache tantt la saison sche, tantt la saison des pluies, et que nous avons appel intersaison (Schma 1).

    La zone D, caractrise par une convergence modre, correspond aux chutes de pluie les pIus abondantes.

    Ces fortes pluies durent de juillet fin septembre dans la moiti nord du pays (unique saison des pluies) avec un maximum en aot (Ferkssdougou : 300 mm ; Odienn : 350 mm).

    Dans le sud du pays, il faut distinguer :

    - Maximum de la grande saison des pluies : mai-juin-juillet avec maximum maximorum en juin. (Abidjan : 700 mm ; Tabou : 600 ; Sassandra : 500 ; Gagnoa : 250).

    - Maximum de la petite saison des pluies : octobre (Abidjan : 190 mm ; Tabou : 250 ; Sassandra : 120 ; Gagnoa: 170).

    TABLEAU IV

    Y BM Bm AO e e H%

    Juin 28,6 23,3 593 26,0 28,5 85 Abidjan ._- -_~ . . . . . . . . . .

    Octobre 28,6 23,l 5,5 25,9 28,5 86 -- .._ .__--. .-~

    Juin 29,4 21,7 7,7 25,6 27,3 87 Gagnoa . . . . . . . - - ..-... . . . .

    Octobre 30,5 21,9 8,6 26,2 27,l 85 -.--

    Ferkssdougou . . . Aot 29,3 21,4 7,9 25,4 26,3 84

    * Mmes symboles que pour le tableau 1.

    Les donnes du tableau IV montrent quel point les diverses saisons des pluies se traduisent dans lensemble du pays par des caractristiques climatiques homognes.

    Elles ne se diffrencient gure que par des chutes deau plus ou moins abondantes. En ce qui concerne la moiti sud du pays, linfluence de la mousson va, sauf exception, en diminuant des ctes vers lintrieur

  • 86 LE MILIEU NATURELDE LA CTE D'IVOIRE

    des terres et, paralllement, la pluviomtrie mensuelle maximale de la saison pluvieuse (grande ou petite), dcrot.

    Il faut cependant signaler les incidences rgionales sur la pluviomtrie de deux facteurs gographiques importants :

    D. INFLUENCE DES FACTEURS OROGRAPHIQUES SUR LA PLUVIOMTRIE

    1. ORIENTATION DE LA COTE : (Climat de Sassandra - Grand-Lahou)

    Les vents de mousson, de secteur S.W. presque saturs de vapeur deau, engendrent des prcipita- tions plus abondantes quand ils rencontrent des obstacles (cte ou relief) qui les obligent slever.

    Dune faon assez rgulire, tout au long du Golfe de Guine, du Libria jusquau Nigria, on remarque que les pluies sont dautant plus intenses sur la cte, que cette dernire a une direction plus voisine de la perpendiculaire au vent. Aubrville 1121 a propos une explication schmatique (fig. 2) en faisant remarquer que, dans une rgion 06 le vent est homogne (mme vitesse, mme humidit), des tranches de vent dpaisseur gale, transportent la mme quantit de vapeur deau condensable, et que la cte arrose par une de ces tranches de vent, le sera dautant moins en un point que sa longueur est plus grande, cest--dire quelle sloigne de la perpendiculaire la direction du vent.

    FG. 2

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 87

    Pendant une mme priode, AB reoit la mme quantit de pluie que BC. Comme A 3 # 3 BC, il pleut 3 fois plus sur la cte BC que sur la cte AB.

    On peut voir l lexplication des gradients pluviomtriques que lon observe entre la zone relati- vement peu pluvieuse de Sassandra - Grand-Lahou (respectivement 1 600 et 1 670 mm par an) et des deux ples de fortes prcipitations qui se situent aux extrmits est et ouest du littoral ivoirien (plus de 2 200 mm par an).

    2. RELIEF (LE V BAOUL)

    Linfluence du relief sur la pluviomtrie est manifeste :

    A latitude gale, il pleut dautant plus que le relief est plus accentu. Cest ainsi que louest de la Cte divoire avec les Monts des Dan, les Monts des Toura et le Nimba, est beaucoup plus arros que lest (Rgion comprise entre Agnibilkrou et Bondoukou).

    Mais pour une mme altitude, et lintrieur dune mme zone de convergence du schma I, les pluies diminuent au fur et mesure que lon sloigne de la mer.

    On peut y voir un affaiblissement de linfluence de la mousson, qui perd de son humidit par conden- sations successives lorsquelle pntre dans les terres.

    Cest ainsi que nous expliquons la scheresse relative du V Baoul qui apparat nettement lorsquon examine le dessin des isohytes mensuelles dans cette rgion, en particulier pour les mois relativement secs (dcembre avril). (cf. carte des donnes pluviomtriques).

    Les vents humides de S.W. qui finalement vont parvenir au-dessus du pays Baoul, entre MBribo et Tibissou, commencent par perdre une grande partie de leur humidit au contact de la cte entre Harper et Sassandra ; ils abordent ensuite (cf. fond orographique de la carte des dficits hydriques, les contre- forts de lespce de plateau, entre 200 et 300 m daltitude, qui stend dans le triangle Ta-Divo-Zunoula pour venir perdre ce qui leur reste deau condensable sur les collines ayant plus de 300 m dalti- tude, qui bordent le Bandama sur sa rive orientale. Le V. Baoul, sous le vent des lignes de relief prc- dentes, est tout naturellement une zone faibles prcipitations relatives. Les mmes vents humides de S.W. qui attaquent la cte entre Sassandra et Grand-Lahou viennent provoquer des pluies relativement importantes sur les collines du quadrilatre Bougouanou-Ouell-Agnibilkrou-Abengourou, lest du V. Baoul, car, dune part, ils ont attaqu la Cte avec un angle dincidence plus grand (faible pluviomtrie sur le littoral entre Sassandra et Grand-Lahou) et, dautre part, ils nont rencontr aucun relief plus de 200 m, susceptible de provoquer dimportantes chutes deau.

    Cette thse est controverse. Certains mtorologistes voient dans le V. Baoul un effet de la circulation de latmosphre beaucoup plus grande chelle : Les Massifs du Hoggar et de lAir, crant une lacune dans la dpression thermique saharienne, il en rsulterait deux zones privilgies pour la for- mation des lignes de grains. Une de ces lignes de grains aboutirait sur les contreforts orientaux du Fouta- Djalon. A lavant de cette ligne de grains il y aurait une zone moindre convergence qui correspondrait en partie au V Baoul (daprs B. HAUDECCEUR) [Sj.

    Enfin certains auteurs voient dans ce V de savanes guinennes qui pointe vers le Sud, le rsultat dun paloclimat sec. Son maintien en savane serait le rsultat de lactivit humaine (dfrichements, cul- tures, feux de brousse) et son climat relativement sec une consquence et non une cause de sa vgtation.

  • 88 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    4. DIFFRENCIATION DES CLIMATS

    Sil est possible dopposer le nord de la Cte divoire, qui subit une longue saison sche avec har- mattan (air sec, forte amplitude de temprature, pluviomtrie trs faible), au sud du pays o la saison sche est morcele en deux priodes, toutes deux sous linfluence presque continue de la mousson (air humide, faible amplitude de temprature, pluviomtrie mensuelle dficitaire mais ne descendant que pendant un seul mois en dessous de 40 mm), il est difficile, lintrieur de ces deux grandes zones, de diffrencier des climats sans faire appel une classification objective base sur la variation numrique dun ou plusieurs indices climatiques.

    A. CHOIX DUN CRITRE DE CLASSIFICATION CLIMATIQUE :

    On peut toujours tablir une infinit de classification climatiques en choisissant comme critre, les valeurs prises par tel ou tel facteur ou combinaison de facteurs climatiques. Lintrt dune quelconque de ces classifications est a priori douteux. Autrement dit, une classification ne peut tre conue quen fonction dun objectif prcis.

    Nous nous proposons ici dtablir une classification en liaison avec la vie vgtale, cest--dire qui permette, compte tenu des facteurs non climatiques, de comprendre la rpartition des groupements vgtaux naturels, et de prvoir o et dans quelle mesure, une culture dont on connat les exigences colo- giques, pourra trouver un milieu climatique favorable une bonne activit biologique.

    La question se pose alors du choix des paramtres climatiques susceptibles de permettre une classi- fication rpondant au problme pos. Il est clairque ce choix est, en principe, spcifique de chaque espce vgtale, ou du moins, de chaque groupe de plantes ayant des exigences climatiques identiques. Nous vou- lons ici une rponse globale, valable pour lensemble de la vgtation ivoirienne et, de ce fait, la classifi- cation propose ne pourra tre que grossire.

    Les principaux facteurs climatiques susceptibles dintervenir sont :

    - le rayonnement solaire par sa quantit, sa qualit et sa dure.

    - le rayonnement atmosphrique par sa quantit.

    - la temprature de lair par sa moyenne, ses amplitudes moyennes (quotidienne et annuelle), ses extrema absolus.

    - lhumidit de lair et du sol.

    - le vent par sa vitesse instantane (dgats possibles) et surtout par sa vitesse moyenne (transport- turbulence).

    - Les prcipitations et condensations comme sources premires de lalimentation en eau.

    Deux possibilits de classification sont envisageables :

    1 Etablir une classification du genre dichotomique, dans laquelle les divers facteurs retenus entre- raient en ligne de compte, les uns aprs les autres par ordre dimportance. Outre le fait que cet ordre aurait un caractre arbitraire (pas forcment le mme pour deux espces vgtales diffrentes), cette faon de faire conduirait une classification beaucoup trop complexe, dont lintrt pratique serait faible.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 89

    2 Essayer de trouver un paramtre climatique dont la grandeur et les variations intgrent le plus possible celles des principaux facteurs climatiques retenus. Pour que le poids de ces derniers dans le para- mtre choisi nait pas un caractre trop arbitraire, il y a intrt prendre un paramtre correspondant une fonction biologique commune lensemble du monde vgtal suprieur (transpiration, respiration, photosynthse...).

    Cette faon de procder a, en outre, lavantage de conduire ltablissement dune donne num- rique variation continue susceptible de recevoir une reprsentation cartographique facile.

    Nous avons retenu cette deuxime solution ; la fonction biologique choisie est lvapotranspiration dun couvert vgtal, cest--dire lensemble des pertes en eau du couvert par vaporation directe la surface du sol ou du feuillage et par transpiration vgtale. Le paramtre de classification retenu est le dficit hydrique climatique cumul. Les schmas II et III rsument la faon dont ce paramtre intgre les principaux facteurs climatiques. La comprhension de ces schmas ncessite le rappel de quelques dfinitions.

    B. DFINITION DE LVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE (ETP)

    La dfinition de cette grandeur est facilite par ltude de la causalit de lvapotranspiration relle. Le schma II constitue une tentative pour rsumer cette causalit. Cette dernire est assez complexe, car les diffrents facteurs interfrent les uns sur les autres et les causes et les effets sont souvent confondus (lhumidit de lair au-dessus de la surface, par exemple, est un des facteurs qui conditionnent directement lvapotranspiration mais cest aussi, en partie, une consquence de cette dernire). Aussi, ce schma na-t-il pas la prtention dtre complet, ni parfaitement exact. Son but est de montrer de faon synoptique comment lvapotranspiration de la feuille intgre la plupart des facteurs climatiques principaux du milieu.

    Pour quil y ait vaporation, il faut :

    1 Existence deau vaporiser (Alimentation en eau de la surface vaporante) 1 Production de

    2 Existence de chaleur pour la vaporisation \ vapeur deau

    3 Des conditions favorables lvacuation de la vapeur deau produite.

    La vitesse laquelle seffectue lvacuation de la vapeur deau produite dpend :

    1 De la valeur des gradients de pression de vapeur et de temprature* autour de la surface d- change avec latmosphre.

    2 De la valeur des rsistances la diffusion de la vapeur deau travers les stomates (pour la feuille seulement) et travers la couche dair qui avoisine la surface dchange (pour la feuille et pour le sol). Cette couche dair, appele couche limite de lobjet (feuille ou sol), correspond la zone dans laquelle lcoulement de lair est perturb par la prsence de lobjet.

    Les deux conditions de la production de vapeur deau constituent deux facteurs limitants extrme- ment importants de lvapotranspiration. A ces deux facteurs limitants correspondent deux dfinitions particulires de lvapotranspiration :

    8 Nous faisons allusion ici la thermovaporisation , tudie en particulier par E.A. BERNARD [13].

  • i I i , Prcipitations 1 Rayonnement i solaire I

    condensations I 1 I

    global 1

    I Etat hydrique de la feuille ou du sol (Alimentation en eau) I l- --- 1 t- \

    Coef. de rflexion Emissivit de

    la surface

    i + Rayonnement net

    absorb par la surface

    +

    Energie calorifique disponible

    Energie disponible pour la

    vaporisation

    T---r\ I - mm-- KO21

    1 atmosphre La---,

    Tension de vapeur deau au niveau des surfaces

    vaporantes (Sol ou chambres sous-stomatiques

    ou espaces intercellulaires ou cuticule)

    r--7 , Vent I L-

    rs? -1

    2 em-----_ 1 de vapeur deau Tension de vapeur deau

    au-dessus de la surface 1 la surface du sol ou de la feuille L ------

    Gradient de tension de la vapeur deau

    autour de la surface

    Rsistance la diffusion de

    la vapeur deau

    VAPOTRANSPIRATION *

    LGENDE: r-------l 1 Facteur climatique 1 I principal L -------

    * Par unit de surface de feuille ou de sol

  • M. ELDIN- LE CLIMAT 91

    1. L'I~VAPOTRANSPIRATION RELLE (ETR)

    Elle correspond Ivapotranspiration effective dun couvert vgtal lorsque lalimentation en eau nest pas assure de faon optimale. Cest dire que le facteur limitant peut tre dordre climatique (pluies insuffisantes par exemple), ou dordre pdologique (puisement rapide de la rserve en eau facile- ment utilisable du sol), ou dordre physiologique (par exemple, couvert vgtal incapable dassurer, du sol vers les feuilles, un dbit deau suffisant pour utiliser toute lnergie qui pourrait tre disponible pour la vaporisation [14]).

    2. L'VAP~TRANSPIRATION POTENTIELLE (ETP)

    Lvapotranspiration dun couvert vgtal est dite potentielle quand lnergie disponible pour la vaporisation est le seul facteur limitant de cette premire.

    A cette dfinition thorique, on peut associer une dfinition oprationnelle (qui permet une mesure facile) : 1ETP reprsente la quantit deau maximale susceptible dtre vapore par un couvert vegtal abondant, couvrant bien le sol, en phase active de croissance, et aliment en eau de faon optimale. A cette quantit deau correspond lnergie dorigine climatique capte par le couvert vgtal pour en assurer la vaporisation. Les conditions imposes dans la dfinition oprationnelle de lETP, ont pour but dliminer les facteurs dordre physiologique ou pdologique qui pourraient limiter lalimentation en eau des surfaces vaporantes du couvert vgtal, en sorte que lnergie dorigine climatique disponible pour la vaporisation soit totalement consomme et, par suite, quelle constitue le seul facteur limitant de lvapotranspiration.

    De fait, lexprience montre que des couverts vgtaux diffrents, placs dans des conditions aussi voisines que possible de celles de la dfinition oprationnelle de 1ETP consomment peu prs la mme quantit deau. Cela justifie le principe de la mesure de IETP en tant que grandeur uniquement climatique, traduisant par la demande en eau quelle dtermine, laction combine (schma II) du rayonnement global, du rayonnement atmosphrique, de la temprature de lair, de la vitesse du vent et des gradients de tem- prature et de pression de vapeur deau autour de la surface.

    Ces derniers interviennent aussi dans le rapport de BOWEN (p) cest--dire dans la partition de lnergie calorifique capte en chaleur sensible (Q) et en chaleur latente de vaporisation (L x ETP) :

    o :

    P=AL= P.Cp aqaz LxETP E.L x - &/a2

    P = pression atmosphrique Cp = chaleur spcifique de lair pression constante. E = densit de la vapeur deau/air sec. L = chaleur de vaporisation de leau. aT/az et ac/az = gradients verticaux de temprature et de pression de vapeur deau au-dessus du couvert vgtal.

    A lintgration des facteurs climatiques ralise par IETP sajoute celle ralise, suivant le schma III, par le dficit hydrique climatique cumul. Les prcipitations et la dure de la saison sche sont intgres leur tour :

    * En toute rigueur, lnergie disponible pour la vaporisation dun couvert dpend aussi de certaines caractristiques (albedo, rugosit...,) de ce dernier. Mais linfluence du couvert est faible par rapport celle des facteurs climatiques dans la dtermination de lnergie disponible pour la vaporisation. Aussi, dans le cadre de cette tude, lapproximation trs commode, consistant considrer IETP comme une grandeur uniquement climatique est tout fait acceptable.

  • 92 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    fl climatique (ETP-P) I

    Dure de la saison sche

    Le dficit hydrique climatique (ETP - P) est calcul pour une priode quelconque (dcade ou mois, par exemple). Le dficit hydrique climatique cumul sur la dure de la saison sche sobtient en additionnant les dficits hydriques climatiques de toutes les priodes incluses dans la dure de la saison sche.

    Le critre de classification adopt est ainsi bien dfini, mais il reste prciser ce que nous entendons par saison sche .

    c. DFINITION DE LA SCHERESSE CLIMATIQUE. SIGNIFICATION COLOGIQUE;~

    Quelle quantit minimale deau doit-il tomber pendant un mois pour que celui-ci ne soit pas un mois sec ? Il est clair que cette question na pas de sens (sauf peut-tre pour une petite rgion clima- tiquement homogne), car elle suppose que les besoins en eau sont les mmes en tous temps et en tous lieux.

    Lapparition de ltat de scheresse est lie au rsultat dun bilan entre une certaine demande clima- tique en eau traduite par lvapotranspiration potentielle (ETP), et une certaine offre traduite par la pluvio- mtrie (P).

    Le djcit hydrique climatique (D) dfini par D = ETP -P, exprime le rsultat de ce bilan (schma III). Une priode sera dite sche lorsque ETP > P soit D > 0. Elle sera dite pluvieuse si ETP < P soit D d 0 (excdent hydrique).

    La saison sche sera dfinie comme la suite des priodes conscutives prsentant un dficit hydrique climatique.

    Illustrons ces dfinitions par quelques exemples : ETP en aot Adiopodoum = 90 mm. ETP en aot Odienn = 150 mm. ETP en mars Odienn = 180 mm. Ainsi 100 mm de pluie en aot correspondent un mois humide Adiopodoum, mais sec Odien-

    n ; 1.50 mm de pluie Odienn correspondent un mois humide en aot mais sec en mars.

    * Ce paragraphe et les suivants (5 et 6) reprennent en partie le texte de la notice des cartes climatologiques de C.I. rdig en collaboration avec A. DAUDET [15].

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 93

    La notion de dficit hydrique climatique permet de mieux raliser combien il est arbitraire de dfinir une scheresse par la simple considration dun montant pluviomtrique.

    Considrons maintenant un couvert vgtal qui ne dispose pas de suffisamment deau pour rpondre la demande climatique traduite par 1ETP ; nous avons vu quil utilise une partie seulement de lnergie disponible et son vaporation est dite relle (ETR), avec forcment ETR $ ETP.

    Nous dirons quil y a scheresse cologique ds que ETR < ETP.

    On peut objecter quun couvert vgtal ne prsente pas forcment des signes extrieurs de souffrance par scheresse sous un rgime dETR correspondant une fraction seulement de 1ETP.

    Cependant, il est maintenant bien tabli que, tout autre facteur que lalimentation en eau tant gal dailleurs, le rythme mtabolique le plus intense dun couvert vgtal est obtenu en rgime dETP, cest--dire pratiquement lorsque ETR # ETP.

    En particulier, le dcrochage de IETR par rapport IETP entrane une diminution de la production de matire sche, (fermeture plus ou moins prononce des stomates) qui, consquence dune alimentation hydrique insuffisante, traduit bien un dbut de scheresse du couvert vgtal.

    Il est donc logique de considrer que ETR < ETP est la manifestation dun tat de scheresse cologique, dautant plus prononce que la diffrence ETP-ETR est plus grande.

    Labsence de scheresse tant caractrise en tout lieu et en tout temps par ETR = ETP, il est possible de chiffrer le degr de scheresse atteint par un couvert vgtal la fin dune priode sche par la diffrence (A) entre la quantit deau quil aurait fallu pour assurer IETP en permanence, et celle (Q) dont le couvert a pu effectivement bnficier pendant la mme priode :

    A = ETP-Q

    Q provient de la rserve Ro en eau utile du sol au dbut de la priode sche considre, et de la pluie. Encore faut-il remarquer que la pluie, telle quelle est mesure par un pluviomtre dcouvert ne correspond pas forcment la quantit deau qui est effectivement utilisable par un couvert vgtal. Nous ne faisons pas ici allusion leau intercepte par le feuillage qui participe la consommation de lnergie disponible exactement au mme titre que celle qui circule par le sol et par la plante et qui, par consquent, contribue lvapotranspiration du couvert, mais la partie de la pluie qui se perd effecti- vement par ruissellement la surface du sol ou par drainage hors de porte des systmes racinaires.

    On a donc : Q = P+R,-r-d

    o :

    RO = Rserve en eau utile du sol au dbut de la priode sche considre.

    d = Pertes par ruissellement. = Pertes par drainage.

    Pour simplifier, nous supposons que la priode de scheresse sur laquelle est calcule A est assez longue et assez sche pour que la quasi-totalit de la rserve R, soit consomme, que ce soit en assurant un rgime dETP (rserve du solfacilement utilisable) ou un rgime dETR (rserve utilisable).

    Par ailleurs, pendant les mois secs, qui sont prcisment ceux pour lesquels le calcul des dficits hydriques prsente de lintrt, les pluies ne sont gnralement ni trs frquentes, ni trs abondantes, si bien quelles tombent presque toujours sur un sol bien assch par lvapotranspiration antrieure. Aussi, peut-on admettre quune faible partie de ces pluies est perdue par ruissellement ou drainage.

  • 94 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    Pour la saison sche, on peut donc crire, sans risque de grosse erreur :

    Q =P+RO

    do A = ETP-P-R0 = D-R,

    Par analogie avec D, nous donnerons A le nom de dficit hydrique efJicace de la saison sche.

    11 est possible de cumuler les dficits hydriques mensuels sur toute la saison sche. Nous dfinissons ainsi un djcit hydrique climatique cumul (ED) et un dficit hydrique efficace cumul (IZ A).

    Ona:

    CA = X (ETP)-CP-R0 = Z D-R,

    En effet, la rserve Ro nintervient quune fois, mme si elle est partiellement reconstitue au cours de la saison sche considre, car la quantit deau quelle stocke ainsi est alors comprise dans IX P.

    On constate que le dficit hydrique climatique cumul (Z D) correspond grosso-modo au dficit hydrique efficace cumul (Z A) augment de la rserve en eau utile du sol, cest--dire une mesure con- tinue dun degr de scheresse cologique.

    Ainsi il savre que le dficit hydrique climatique cumul est un paramtre intgrant la plupart des facteurs climatiques du milieu et que sa grandeur est en relation troite avec la physiologie de leau du couvert vgtal. Nous nous proposons donc detablir une carte des dficits hydriques climatiques cumuls (et, paralllement, de la dure de la grande saison sche) pour servir de base une classification des climats en relation avec la vgtation.

    Avant dexpliquer comment cette carte a t tablie, une remarque doit tre faite :

    Parmi les facteurs climatiques principaux cits en dbut de chapitre comme susceptibles de condi- tionner la prsence ou labsence de certaines espces vgtales, il en est deux qui nont pas t intgrs dans le dficit hydrique climatique cumul, savoir :

    - la dure quotidienne du rayonnement solaire,

    - les amplitudes et les extrema de temprature.

    Le premier facteur est vraisemblablement sans importance en Cte dl[voire o la photopriode varie trs peu, aussi bien en latitude quau cours de lanne.

    La thermopriode et les extrema de temprature sont, par contre, assez diffrents :

    1 o Dans le nord et dans le sud du pays en relationavec la prsence durable ou labsence dharmat- tan.

    2 En altitude (zone montagneuse entre le Nimba et Man).

    Pour les espces vgtales sensibles au thermopriodisme, ou qui ont besoin datteindre un certain seuil de temprature pour linitiation dun processus biologique important, il y aurait lieu dtablir une classification spciale qui consisterait nappliquer le critre de diffrenciation prcdemment dfini qu lintrieur de zones gographiques dans lesquelles les conditions de temprature sont relativement semblables.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 95

    5. RALISATION DES CARTES-TRAITEMENT DES DONNES

    Ce paragraphe constitue la notice proprement dite des cartes climatologiques savoir :

    - Carte des donnes pluviomtriques de la Cte divoire. - Carte des dficits hydriques cumuls et de la dure de la saison sche (voir vol. 11, cartes).

    Ces cartes ont t dresses en 1967 (imprimes en 1968) dans le cadre dune tude pour le reboise- ment et la protection des sols, demande par le Ministre de lAgriculture de Cte divoire.

    Depuis, la lumire de donnes climatiques plus compltes et de travaux de recherche plus rcents, il a t possible de mettre en vidence un certain nombre derreurs dans la ralisation de ces cartes. Ces erreurs se compensent en grande partie, si bien que les corrections apporter ne modifieraient pas de faon importante le dessin initial de ces cartes. Nous nous sommes donc contents, dans le prsent texte, de signaler ces erreurs et de mentionner les corrections apporter pour obtenir une plus grande exactitude des rsultats.

    Pour calculer les dficits hydriques cumuls et pour dterminer quels sont, en un point donn, les mois secs de lanne, il est ncessaire de calculer le dficit hydrique mois par mois, cest--dire de con- natre les pluviomtries et les vapotranspirations potentielles mensuelles.

    Nous avons donc t amen :

    1. Dresser des cartes disohytes mensuelles.

    2. Calculer les valeurs des ETP mensuehes pour lensemble du pays.

    3. Calculer les dficits hydriques mensuels*.

    4. Dterminer pour chaque rgion la dure de la saison sche.

    5. Cumuler sur les mois de cette saison sche les valeurs des dficits hydriques mensuels.

    6. Dresser la carte des dficits hydriques cumuls et de la dure de la saison sche.

    A. CARTE DES DONNES PLUVIOMTRIQUES [I6]

    Elle comporte en fait 14 cartes 1/4 000 000 : 12 cartes des isohytes mensuelles, 1 carte des iso- hytes annuelles et 1 carte de la pluviomtrie maximale moyenne pendant 30 jours conscutifs de lanne. Cette dernire, qui na pas de rapport direct avec notre sujet, a t tablie cause de lintrt quelle pr- sente dans les tudes drosion et de lessivage des sols.

    Les donnes pluviomtriques mensuelles ont t traites de la faon suivante :

    - II na pas t tenu compte des postes ayant moins de 17 ans danciennet. - Pour les postes ayant 17 ans danciennet ou davantage, les donnes correspondant aux annes

    antrieures 1950 ont t limines dans un premier temps, de faon ce que toutes les moyennes retenues correspondent aux mesures recueillies sur 17 ans, de 1950 1966 inclus. Elles portent donc sur un ensemble

    * Sous-entendu climatique , lorsquil nest pas prcis quil sagit du dficit hydrique efficace.

  • 96 LE MILIEU NATUREL DE LA CTED'IVOIRE

    dannes conscutives identiques par leur nombre et par leur nature. Ces moyennes permettent de comparer les stations les unes aux autres et, en particulier, pour les stations voisines, de calculer les rapports entre moyennes.

    Dans un deuxime temps, il a t accord un poids plus grand aux stations dont les moyennes portent au moins sur 30 ans, mais en respectant les rapports dj calculs. Cette faon de procder est connue en statistique sous le nom de rduction des moyennes certaines priodes standard [18].

    Les moyens pluviomtriques ainsi traites ont conduit au dessin des isohytes mensuelles et annuel- les.

    B. CARTE DES DFICITS HYDRIQUES CUMULS ET DE LA DURE DE LA SAISON SCHE [17]

    1. FOND TOPOGRAPHIQUE A I/l 000000

    Il est issu de la carte aronautique OACI et complt par la ligne de niveau 500 m dont le trac a t relev sur des cartes de IIGN 1/200 000, puis rduit l/l 000 000. Dans la partie du Libria limitrophe de la Cte divoire, non couverte sur la carte OACI, les courbes de niveau ont t reconstitues (de faon sans doute assez grossire) partir dune carte du relief dun atlas de lAfrique.

    Ce fond topographique est en couleurs : huit trames teintes correspondent aux zones daltitude suivantes ; 0 100 m, 100 200 m, 200 300 m, 300 500 m, 500 600 m, 600 900 m, 900 1200 m, et au-dessus de 1 200 m.

    2. CLIMATOLOGIE

    Les donnes climatiques de base qui ont t utilises sont celles publies par IASECNA compltes par celles qui nous ont t communiques par certains instituts de recherches installs en Cte divoire. Nous avons utilis en particulier les renseignements fournis par les stations de Lamto (station gophy- sique), de La M (IRHO), et dAzagui (IFAC).

    a. Calcul de 1Pvapotranspiration potentielle (ETP)

    LETP mensuelle a t calcule partir de la formule de TURC pour les stations o lon disposait de moyennes mensuelles valables concernant la dure quotidienne dinsolation (h) et la temprature sous abri (t) (5 ans de mesures au minimum) :

    FTP = [,,,,A] . [k,62;+ 0,1+&4+50]

    ETP est exprim en mm, t en degrs C, IgA en cal/cm2/jour, h et H en heures. H est la dure du jour, du lever au coucher du soleil, et IgA lnergie du rayonnement solaire qui atteindrait le sol en labsence datmosphre. 11 sagit de deux grandeurs astronomiques, donnes par les tables en fonction de lpoque de lanne (mois considr) et de la latitude du lieu choisi.

    Les rsultats obtenus au moyen de cette formule, pour 15 stations (13 en Cte divoire et 2 au Ghana), ont t majors de 15 % et regroups dans le tableau V ci-aprs. Ils figurent galement en car- touche sur la carte des dficits hydriques cumuls.

    Cette majoration de 15 %, apports il y a 3 ans au moment o ces documents ont t tablis, pro- venait du fait que les comparaisons effectues Abidjan entre les valeurs des ETP mesures et celles cal-

  • M. ELDTN - LE CLIMAT 97

    cules par la formule de TURC laissaient supposer que cette dernire conduisait une sous-estimation denviron 15 % des ETP mensuelles.

    Des tudes plus rcentes ont montr que si la formule de TURC conduit des ETP mensuelles pouvant scarter de + 20 % des valeurs mesures, il ne semble pas possible de conclure une SOUS- estimation systmatique.

    Des comparaisons effectues Abidjan, pour la priode 65-69, conduiraient mme conclure en faveur dune surestimation de la formule de TURC pendant les mois de la grande saison sche.

    Pour un mois donn, les variations de la valeur moyenne de IETP dune station une station voisine sont assez faibles.

    On peut donc, sans risque important derreur :

    1. Considrer que IETP mensuelle calcule en un point est valable pour toute une zone lenvi- ronnant (sauf variations topographiques importantes).

    2. Interpoler proportionnellement la distance entre deux stations voisines o lon peut calculer IETP.

    Sur ces bases, en tenant compte du relief et de la grandeur des carts entre postes voisins, la Cte divoire a t divise en 18 zones, dont les contours et les numros sont indiqus sur la carte 1 ci-aprs, et lintrieur desquelles les ETP mensuelles sont considres comme identiques (zones dgale ETP mensuelle).

    Les rgles de zonalisation de lETP, dfinies ci-dessus, ne sappliquent pas la trs basse Cte divoire. En effet, une variation rapide de IETP se manifeste au voisinage de la cte lorsquon sloigne de celle-ci vers lintrieur du pays. LJne tude comparative faite entre les stations de Port-Bouet (ASECNA), Adiopodoum (ORSTOM), La M (IRHO) et Azagui (IFAC) a montr que le gradient Nord-Sud de IETP redevient trs faible ds que lon sloigne de plus de 20 ou 30 km de la cte. Par contre, la chute dETP sur ces 20 30 km est de lordre de 15 %. Elle est due principalement une insolation nettement plus grande sur le bord de mer qu lintrieur des terres. Nous avons obtenu les rsultats suivants :

    ETP (zone IV) # ETP (Azagui) # ETP (La M) - 5 % # ETP (Port-Bouet) - 15 %.

    Par analogie, nous avons admis :

    ETP (zone V) = ETP (Tabou) - 15 % car la station de Tabou, comme celle de Port-Bouet et de Sassandra, est situe proximit immdiate de la mer.

    Les moyennes de La M prsentant une bonne scurit, (12 annes de mesure de linsolation), nous avons finalement retenu pour 1ETP de la zone IV la dfinition suivante :

    ETP (zone IV) = ETP (La M) - 5 %

    LETP de la zone VIII (Abengourou) a t obtenue par interpolation entre celles de la zone IV et de la zone IX (Bondoukou).

    LETP de la zone XII (Touba) a t obtenue par interpolation entre celles de la zone XI (Man) et la zone XVIII (Odienn).

    Les ETP des zones XIII, XIV et XV ont t obtenues par interpolation entre celles de la zone X (Bouak) et de la zone XVII (Ferkssdougou).

    Compte tenu de toutes ces indications, les ETP mensuelles des diverses zones stablissent aux valeurs portes sur le tableau V.

    Ce tableau et la carte des zones dgale ETP permettent de connatre les ETP mensuelles en tout point de Cte divoire.

  • 9.8 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    TABLEAU V

    Evapotranspirations potentielles (mm/mois)

    JFMAMJJASON D Total annuel

    Zone 1 (Tabou) . . . . . . . . . . 148 154 164 154 125 95 97 100 98 132 145 133 1 545 - ---- Zome II (Sassandra) . . . . . 145 146 159 156 135 105 108 114 121 147 148 143 1 627

    Zonne III (Port-Bouet) . . . . 132 144 162 153 128 100 109 108 117 137 151 144 1 585

    ZoneIV (La M) . . . . . , . . 122 129 142 141 124 93 94 93 95 118 128 120 1 399

    Zone V (Tabou) . . . . . . . . . . 126 131 139 131 106 81 82 85 83 112 123 113 1312

    Zone VI (Gagnoa) . . . . . . . . 130 131 148 148 136 107 99 93 112 125 130 123 1 482 - ~---. Zone VII (Lamto) . . . . . . . . 142 144 153 149 148 115 313 95 107 130 143 135 1 574

    Zone VIII (Abengourou). . 133 141 152 150 136 109 105 95 102 127 133 139 1 512 ~--.

    Zone IX (Bondoukou) . . . . 145 153 163 162 148 126 117 98 109 135 138 139 1 633 -.-.--

    Zone X (Bouak) . . . . . . . . 130 140 153 147 138 108 92 87 109 128 125 121 1 478 ~-

    Zone XI (Man) . . . . . . . . . . 144 144 149 138 132 107 89 87 115 138 129 130 1 502

    Zone XII (Touba) . . . . . . . . 149 159 169 153 136 123 123 128 139 142 141 137 1 699

    Zone XIII (Katiola) . . . . . . 138 146 159 153 145 119 102 96 115 136 134 129 1 572

    Zone XIV (Dabakala) . . . . 146 153 165 157 147 127 109 98 117 142 143 138 1642

    Zone XV (TaCr) . . . . . . . 152 156 170 164 160 142 121 113 127 152 153 143 1 753 ----

    Zone XVI (Bouna-Bole) . . . 161 167 176 166 161 143 122 103 121 153 162 155 1 790

    Zone XVII (Ferkssdou- gou) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 162 176 170 167 153 131 122 133 160 162 151 1 847

    ZoneXVIII (Odierm) . . . . 152 167 179 161 139 132 141 149 151 144 147 141 1 803 --

    Moyennes . . . . . . . . . . . . . . 142 148 160 153 140 116 109 103 115 136 141 135 1 598

    b. Calcul des dficits hydriques mensuels

    Pour chaque poste pluviomtrique, les dficits hydriques mensuels moyens ont t calculs en utilisant les indications des cartes disohytes, de la carte des zones dgale ETP mensuelle, et du tableau V.

    c. Dtermination et cartographie de la dure moyenne de la saison sche

    En chaque lieu, le plus grand nombre de mois conscutifs prsentant un dficit hydrique mensuel moyen dtermine la dure moyenne de la saison sche. Ainsi dans les rgions deux saisons sches, seule la plus longue est prise en considration.

  • M. ELDIN- LE CLIMAT 99

    * I + .I t t XVIII

    Echelle g-km

    CARTE 1. - Zones dgale ETP mensuelle

  • 100 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    11 a t figure en rouge, sur les cartes disohytes mensuelles, les courbes joignant les points o, pour le mois considr, la pluviomtrie est gale IETP. Dun ct de cette courbe (zone hachure sur les cartes), la pluviomtrie est suprieure IETP et il y a excdent hydrique, de lautre ct, la pluviomtrie est infrieure IETP, il y a dficit hydrique et le mois considr est donc sec dans la zone non hachure.

    Pour les mois de la grande saison sche, ces courbes, agrandies 1/1 000 000 ont t reportes, galement en rouge, sur la carte des isodficits hydriques cumuls, o elles dfinissent ainsi des zones dgale dure de la saison sche. Les limites de zones correspondent, suivant le sens dans lequel on les traverse, lapparition ou la disparition dun nouveau mois prsentant un dficit hydrique.

    Le nom de ce mois est inscrit en marge de la carte, sur la limite considre. Il est accompagn dune flche indiquant le sens dapparition de ce mois dans la dure de la saison sche. A lintrieur de ces zones, les grands chiffres romains correspondent au numro du premier et du dernier mois de la grande saison sche de la rgion tudie (Exemple : X-IV : grande saison sche commenant en octobre et se prolongeant jusquen avril inclus, soit 7 mois conscutifs secs ).

    d. Calcul et cartographie du dficit hydrique cumul moyen

    Pour chaque poste, les dficits hydriques mensuels moyens ont t cumuls sur les mois correspon- dant la dure moyenne de la grande saison sche. Cette faon de procder conduit en fait une erreur systmatique sur les valeurs des dficits hydriques cumuls calcules (cf. 5 6).

    A partir de ces valeurs ponctuelles, il a t possible de tracer des courbes disodficit hydrique cumul moyen de la saison sche, figures en bleu sur la carte.

    6. INTERPRTATION DES CARTES

    La carte des donnes pluviomtriques et la carte des dficits hydriques cumuls et de la dure de la saison sche fournissent pour un point quelconque de Cte divoire les donnes principales concernant le bilan hydrique naturel. Tout autre facteur non climatique du milieu tant gal par ailleurs (facteurs da- phiques en particulier), la connaissance du dficit hydrique climatique cumul, du nombre et de la nature des mois conscutifs sur lesquels se cumule ce dficit, doit permettre dans de nombreux cas (cf. 4-A) dexpliquer la prsence ou labsence, dans la rgion considre, de telle ou telle association vgtale, ou bien de prconiser la culture ou la plantation de telle ou telle espce cultive ou forestire.

    Dans dautres cas, pour des raisons dordre physiologique (dbut et dure du cycle vgtatif, importance dune phase particulire du dveloppement lintrieur du cycle vgtatif, etc...) il est possible que seulement une partie du dficit cumul de la saison sche ait une action prpondrante. Il importe alors, que lutilisateur de ces cartes puisse calculer le dficit hydrique pour un ou plusieurs mois qui lint- ressent particulirement. Cest la raison pour laquelle nous avons donn sous forme de cartes ou de tableaux les valeurs des prcipitations et des ETP mensuelles.

    En fait, les facteurs daphiques sont rarement constants; en particulier, la rserve en eau utile du sol peut varier considrablement dun type de sol lautre. Cette rserve qui se constitue en priode dexcdent hydrique, est utilise pour lvapotranspiration ds quun dficit hydrique climatique se manifeste. Lappa- rition du dbut de ltat de scheresse est dautant plus retardee que cette rserve est importante. Pour la mise en valeur agronomique, il serait donc intressant de faire une carte des dficits hydriques efficaces cumuls, cest--dire des dficits hydriques climatiques cumuls, diminus en chaque point de la valeur de la

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 101

    rserve en eau utile du sol (suppose intgralement reconstitue au dbut de la saison sche). Cest une quantit deau peu prs gale au montant de ce dficit hydrique efficace cumul quune irrigation ventuelle devrait thoriquement apporter, en moyenne, chaque saison sche. La valeur de la rserve en eau utile du sol, joue le rle de volant hydrique, et dtermine, en premire approximation, le rythme adquat de cette irrigation,

    Llaboration dune carte des dficits hydriques efficaces cumuls est donc conditionne par celle dune carte des rserves en eau utile des sols. La ralisation de cette dernire se heurte :

    1) des difficults dordre pratique : grand nombre de types de sols diffrents, htrognit verticale et horizontale des horizons, superposition en un lieu donn de plusieurs horizons diffrents, etc...

    2) des difficults dordre thorique : quelle profondeur standard adopter ? Elle est dtermine en principe par la profondeur du systme racinaire de lespce vgtale tudie, augmente de lpaisseur de sol sur laquelle peuvent seffectuer des remontes deau par capillarite.

    Pour linstant, on ne dispose pas pour lensemble de la Cte divoire des lments ncessaires pour dresser une telle carte, mme grossire, et il appartient chaque utilisateur dvaluer, en fonction des sols et des plantes tudies, les rserves en eau utile des zones considres, et de calculer pour ces dernires les dficits hydriques efficaces cumuls.

    Il convient enfin dinsister sur le fait que les grandeurs numriques portes sur ces cartes ont surtout une valeur relative. Elles permettent de dfinir et de comparer des zones climatiques naturelles. En valeur absolue, lerreur sur la grandeur du dficit hydrique climatique cumul peut sans doute atteindre -t 20% dans certains cas ; parmi les principales causes derreur, il faut citer :

    - Incertitude sur les valeurs de base qui ont servi au calcul des moyennes de prcipitations, des tempratures et des insolations relatives (erreurs de mesures).

    - Pour certains postes, nombre insuffisant dannes sur lesquelles les moyennes ont t tablies (La rduction des moyennes pluviomtriques pallie partiellement cette insuffisance).

    - Erreur de la valeur de 1ETP mensuelle due la nature empirique et par consquent approxima- tive de la formule de TURC, qui reste nanmoins, notre avis, lune des moins mauvaises formules clima- tiques simples donnant IETP.

    - Les erreurs faites sur les moyennes mensuelles des prcipitations et de IETP peuvent sajouter dans le calcul du dficit hydrique mensuel :

    D = ETP-P ===+AD = A(ETP)+AP

    - Les erreurs sur les dficits hydriques mensuels se cumulent en mme temps que ces derniers. - Une erreur systmatique est introduite par le fait que les dficits hydriques cumuls moyens ont

    t calculs sur une dure moyenne de la saison sche (dfinie partir des moyennes mensuelles de pluie et dETP) cest--dire en faisant la somme des dficits hydriques mensuels moyens pour les mois de cette saison sche moyenne.

    Ainsi les annes saison sche anormalement courte, sont prises en considration, car les pluviom- tries mensuelles relativement fortes des mois secs de ces annes interviennent dans le calcul des moyennes pluviomtriques des mois de la saison sche moyenne, donc aussi sur les dficits hydriques mensuels moyens et, par suite, sur la valeur du dficit hydrique cumul moyen.

    Par contre, les annes saison sche anormalement longue, cest--dire les annes o les mois ext- rieurs la saison sche moyenne prsentent un dficit hydrique mensuel positif, ninterviennent pas dans le calcul du dficit hydrique cumul moyen.

  • 102 LEMILIEU NATURELDELA CTED'IVOIRE

    Les dficits hydriques cumuls qui ont t calculs dans le prsent travail sont donc systmatique- ment sous-estims. A cause de la grande variation des pluviomtries mensuelles dune anne lautre, cette erreur par dfaut, heureusement assez rgulire, pour les postes de Cte divoire, est de lordre de 20 % pour lensemble du pays.

    On peut supprimer cette erreur en calculant pour chaque poste les dficits hydriques cumuls, anne par anne, et en prenant la valeur moyenne de ces dficits cumuls comme dficit cumul moyen du poste considr ; cette faon de procder, plus exacte, est aussi beaucoup plus longue, et nous y avons renonc provisoirement, en attendant de pouvoir travailler sur ordinateur*.

    Cette erreur systmatique de -20 % compense en partie lerreur systmatique de + 15 % due la majoration des valeurs mensuelles de 1ETP calcule par la formule de TURC. Cette majoration avait et effectue tort au moment o les documents cartographiques ont t tablis (cf. 5.R.2.A).

    Ainsi les dficits hydriques cumuls tels quils ont t cartographis pchent vraisemblablement par dfaut denviron 5 %. Cette erreur systmatique est de peu dimportance par rapport aux erreurs alatoires qui atteignent sans doute Jr20 %, et ne modifie en rien la position relative des courbes, ni, par suite celle des diffrentes rgions scheresse plus ou moins accuse.

    Cette carte peut donc servir de base pour une classification climatique.

    7. CLASSIFICATIQN DES CLIMATS IVOIRIENS

    La question qui se pose est de savoir comment arriver diviser la Cte divoire en quelques zones climatiques principales partir du trac des lignes disodficits hydriques cumuls. Ce paramtre ayant t choisi (cf. 4.) pour une classification en relation avec la vgtation, il est normal de se tourner vers la carte des groupements vgtaux naturels (cf. chapitre et carte sur la vgtation de la Cte divoire) pour savoir :

    1. Sil y a concidence entre certaines lignes disodficit hydrique cumul et les grandes frontires vgtales naturelles.

    2. Si oui, quelles sont les valeurs critiques de ce dficit hydrique cumul-qui semblent jouer un rle biologique important.

    Nous avons reproduit sur la carte botanique ci-jointe (qui rsulte dune rduction au 1/4 000 000 et dune simplification de la carte de la vgtation prsente par ailleurs) les lignes disodficits hydriques cumuls correspondant 150, 250,400, 600 et 850 mm (cf. carte 2).

    Ces valeurs particulires disodficit hydrique cumul ont t choisies cause de la correspondance qui existe entre elles et les limites de huit zones principales de vgtation dfinies (daprs la carte de la vgtation) de la faon suivante :

    - Zone 1 : Secteur Soudanais - Zone 2 : Secteur Sub-Soudanais - Zone 3 : Elle regroupe la savane guinenne et la fort Aubrevillea kerstingii et Khaya grandgolia

    qui sont troitement imbriqus. - Zone 4 : Reste du secteur msophile savoir : type Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon

    et sa variante Nesogordonia papaverifera et Khaya ivorensis.

    * Cest chose faite, au moment o ce texte est mis sous presse. Une nouvelle carte des dficits hydriques climatiques cumuls, calculs par cette mthode, a t dresse par lauteur. Elle sera publie, courant 1971, dans le cadre de lAtlas de Cte divoire (Cf: note page 82).

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 103

    I 5 MALI rl :.;. HAUTE-VOLTA

    DOMAINE SOUDANAIS

    SECTEUR SOUDANAIS DOMAINE GUINEEN

    SECTEUR MESOPHILE (fort dense humide semi-dcidue)

    ,m Savane boise, arbore ou arbustive etiou fort claire

    3m Savane guinenne et fort Aubrevillea kerstingii et Khaya SECTEUR SUS SOUDANAIS grandifolia

    Savane boise, arbore ou arbustive Wou fort claire Type fondamental Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon et

    2a et fort dense sche 4(0 sa variante Nesogordonia papaverifera et Khaya ivorensis

    SECTEUR OMBROPHILE (fort dense humide sempervirente)

    - Ligne disoddficit hydrique climatique cumul ( en mm) 5 m Type fondamental Eremospatha macrocarpa et Diospyros

    Corrections apportes en fonction de la vgktion manniiet type Turraeanthus africanus et Heisteria parvifolia

    LI naturelle par rapport au trac initial _

    6 a Type Diospyros spp. et Mapania spp.

    IzlDl Zone climatique (d6ficit hydrique climatique cumul

    Type Uapaca esculenta. U. guineensis et Chidlowia sa-

    compris entre 150 et 250mm) 7 m guinea et type Tarrietia utilib et Chrysophylum perpulchrum

    CARTE 2. - Climats et vgtation de la Cte divoire

  • 104 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    - Zone 5 : Type fondamental du secteur ombrophile Eremospatha africana et Diospyros mannii, auquel a t joint le type Turraeanthus africanus et Heisteria parvifolia troitement li aux sols pauvres en argile et faible rserve en eau du continental terminal sablo-grseux et qui ne correspond pas une zone climatique particulire.

    - Zone 6 : Type Diospyros spp. et Mapanfa spp. qui regroupe les espces les plus hygrophiles du secteur ombrophile.

    - Zone 7 : Elle correspond au secteur montagnard et aux deux types du secteur ombrophile qui tablissent la transition avec la fort semi-dcidue et avec le secteur montagnard, savoir : type Uapaca esculenta, Uapaca guineensis et Chidlowia sanguinea et type Tarrieta utilis et Chrysophyllum perpulchrum.

    - Zone 8 : Secteur littoral, dans sa partie o les dficits hydriques cumuls sont les plus forts ( > 250 mm).

    Le tableau VI rsume les correspondances entre zones de vgtation et zones climatiques. Le degr dexactitude de ces correspondances apparat sur la carte 2 ci-jointe. Elle nest pas toujours bonne, ce qui est normal, car, nous lavons vu (cf. 4), ltat de scheresse que peut supporter une vgtation est en liaison avec le dficit hydrique cumul eficace et non pas climatique.

    Autrement dit, il faut tenir compte de la rserve en eau utile des sols dans les rgions o elle scarte considrablement, en plus ou en moins, dune valeur moyenne tablie pour lensemble du pays.

    TABLEAU VI (cf. galement carte 2)

    ZONES CLIMATIQUES ET VEGTATION

    Vgtation Climats

    Correspondances botaniques Dsignation des climats Limites gographiques

    Secteur Soudanais

    Secteur Subsoudanais

    Secteur msophile

    --

    Secteur ombrophile

    et

    Zone 1

    Zone 2

    Zone 3

    Zone 4

    Zone 5

    Zone 6

    Zone 5

    A Ligne disodficit hydrique cumul 850 mm

    B Ligne disodficit hydrique cumul 600 m.m

    Cl

    Ligne disodficit hydrique cumul 400 mm CZ

    Ligne disodficit hydrique cumul 250 mm nord

    Dl .._--- ----Ligne disodficit hydrique cumul 150 mm

    DZ --Ligne disodficit hydrique cumul 150 mm

    Dl ----Ligne disodficit hydrique cumul 250 mm

    sud --

    Secteur montagnard Zone 7 E Influence de laltitude (> 300 m) sur des dficits hydriques cumuls < 300 mm

    .- -. ---. -- Secteur littoral Zone 8 F Influence de lair maritime sur des dficits

    hydriques cumuls > 250 mm.

    * Cf. dfinitions de ces zones dans le texte.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 105

    A. RGIONS OU LCART ENTRE DFICIT HYDRIQUE EFFICACE ET DFICIT HYDRIQUE CLIMATIQUE EST RDUIT DU FAIT DUNE RSERVE EN EAU DES SOLS PARTICULIREMENT FAIBLE

    CD-CA = R,, (cf. 4-C)

    1. Zone de la rserve de Bouna, sur sols ferrugineux tropicaux sableux trs faible capacit de rtention.

    La prsence de cette zone pdologique peut expliquer linflexion brutale vers le sud de lextrmit orientale de la limite secteur soudanais - secteur sub-soudanais par rapport la ligne disodficit 850 mm.

    2. Descente de la savane sub-soudanaise au N.E. de Bouak, en liaison avec la prsence de sols drivs de roches basiques, point de fltrissement lev.

    3. Ces mmes sols sur roches basiques, se retrouvent louest du V baoul, entre MBribo et Bouafl. De plus, leffet de la pente (nombreuses collines plus de 300 m et lignes de crtes dominant les valles du Bandama et de ses affluents), qui occasionne des pertes importantes deau de pluie par ruissel- lement, vient sajouter la nature des sols pour augmenter les dficits hydriques efficaces. On peut expliquer ainsi que dans cette rdgion la ligne disodficit climatique cumul 400 mm passe au N de la limite entre les zones de vgtation 3 et 4.

    B. RGIONS OU LCART ENTRE DFICIT EFFICACE ET DFICIT CLIMATIQUE EST ACCENTU DU FAIT DUNE RSERVE EN EAU PARTICULIREMENT IMPOR- TANTE

    Cest le cas des zones sols sur schistes, prsentant une bonne profondeur et une texture fine qui leur confrent une rserve en eau nettement plus grande que celle des sols sur granite.

    1. On explique ainsi la remonte de la fort msophile (zone de vgtation no 4) lest du V baoul, bien au nord de la ligne disodficit cumul 400 mm.

    2. On retrouve toujours lest du pays, mais un peu plus au sud, le mme phnomne concernant cette fois la limite du secteur msophile et du secteur ombrophile qui passe un peu au nord de la ligne disodficit cumul 250 mm.

    3. Le dbordement de la zone 6 (Fort ombrophile, trs hygrophile ) par rapport la ligne diso- dficit cumul 150 mm, dans le sud-est du pays, de la frontire ghanenne jusquau nord de Fresco, semble lui aussi li la prsence des sols sur schistes ajoutant leur bonne rserve en eau leffet des dficits hydrique cumuls climatiques dj faibles (< 250 mm). Il est en effet remarquable que la limite sud de cette tache de fort Diospyros spp. et Mapania spp. suive exactement la frontire entre sols sur schistes et sols sableux du continental terminal, et que la limite nord suive fidlement le trac de la ligne disodficit cumul 250 mm.

    Cependant, il faut bien reconnatre que la zone climatique F, au sud de la ligne disodficit 250 mm ne correspond, semble-t-il, aucune vgtation spcifique. De mme, la remonte de la vgtation ombro- phile louest du Sassandra jusquau 8 parallle, ne peut sexpliquer partir de la carte des dficits hydriques cumuls.

    Il est vraisemblable que cette absence de corrlation est imputable en partie une mauvaise esti- mation des dficits hydriques.

  • 106 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    Dans la zone littorale, entre San Pdro et Abidjan, les ETP ont t calcules pour des stations du bord de mer (Sassandra) ou pour des stations nettement lintrieur des terres (Gagnoa-Lamto).

    Le gradient N.S. de cette grandeur a t estim partir de ce qui se passe dans la rgion dAbidjan o il existe de plus nombreux points de mesure. Ce gradient est sans doute plus fort encore dans la partie du littoral comprise entre San Pdro et Grand-Lahou, et il est probable que la zone dficit hydrique cumul infrieur 400 mm nintresse quune toute petite rgion stendant une trentaine de kilomtres autour de Sassandra, et que la ligne disodficit 250 mm passe en fait beaucoup plus prs de la cte, par rapport son trac initial.

    Sur la carte 2, incluse dans le prsent texte, nous avons figur en traits fins continus les anciens tracs des lignes disodficits et en traits interrompus les tracs correspondant aux corrections ci-dessus.

    Enfin, le fait quaux dficits hydriques cumuls > 250 mm de la zone climatique F, ne correspondent pas le mme type de vgtation que dans la zone CZ (zone de vgtation msophile no 4) sexplique vrai- semblablement par la proximit de la mer et linfluence de la salure (halophytes).

    Dans la rgion montagneuse de Man, entre le Sassandra et la frontire libro-guinenne, labsence de poste climatologique (hormis Man), laisse la place bien des hypothses.

    La plus vraisemblable, la lumire des donnes fournies par les expditions effectues dans cette rgion, en particulier sur le Mont-Nimba [19], consiste supposer que la vgtation spcifique de cette zone rsulte dun effet combin de laltitude ( partir de 300 ou 400 m) et de la latitude (Nord de Toulepleu), cest--dire traduit leffet dun climat particulier o les basses tempratures (altitude) joueraient un rle physiologique important sur des espces vgtales ombrophiles ne supportant pas des dficits hydriques cumuls suprieurs 300 mm (latitude).

    De plus, le trac des lignes disodficit cumul dessin initialement apparat galement douteux dans cette rgion. Les pluies y sont vraisemblablement plus importantes et les ETP plus faibles que prvues cause de la grande humidit de lair, du rayonnement solaire global rduit par la nbulosit (sauf peut- tre sur les sommets plus de 1 000 m), et des basses tempratures. Les lignes disodficits cumuls doivent en ralit (cf. corrections apportes sur la carte 2), avoir des allures de demi-cercles centrs sur le Nimba et tre infrieur 300 mm.

    Ainsi aux zones climatiques A, B, C 1, C 2, D 1 et D 2 dfinies partir des seuls dficits hydriques cumuls, nous avons t amens, dans la mesure o la vgtation ne cadrait plus avec la classification propose, et conformment la remarque faite la fin du paragraphe 4, considrer deux zones clima- tiques supplmentaires E et F, hors classification. Autrement dit, inversant lordre des facteurs, et consi- drant la vgtation naturelle comme lintgrale dans le temps et dans lespace de trs nombreux facteurs climatiques, nous avons t conduit penser qu un type de vgtation bien particulier et bien localis devait vraisemblablement correspondre un climat bien particulier, lui aussi, sexpliquant par lintervention de facteurs climatiques non pris en considration dans les critres initiaux de classification (non intgrs par le dficit hydrique cumul, en loccurrence). Il sagit de linfluence de lair maritime (climat F) sur des plantes relativement rsistantes la scheresse (dficit hydrique cumul > 250 mm) et de linfluence de laltitude (climat E) sur des plantes relativement hygrophiles (dficit hydrique cumul < 300 mm). Le fait quun nouveau facteur climatique entre en jeu, nimplique pas, bien sr, que les autres (dficits hydriques cumuls) ninterviennent plus.

    Le tableau VII donne les principales caractristiques des zones climatiques prcdemment dfinies. A la lecture de ce tableau, il se confirme que les lments de diffrenciation climatique sont principalement le dficit hydrique climatique cumul, la dure de la saison sche, et les moyennes, les amplitudes et les extrema de temprature.

  • M. ELDIN - LE CLIMAT 107

    TABLEAU VII

    Climats Rgime climatique*

    A 2 saisons-Harmattan pendant 5 1 100 2 500 15 22 11 6mois.......................... a850 28 27 * a a

    1 700 2900 3a7 23 27

    2 saisons-Harmattan, pendant 3 1 100 600 2200 26 16 22 12 B 5 mois.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    1 Yo0 8; 78 a a

    2 700 21 36 23 GI

    2 ou 4 saisons-Harmattan, pendant 1 100 400 1800 25 19 23 18 Cl 1 3 mois . . . . . . . . . . . . . . a 56 . . . . . . . . .

    1500

    600 2 300 28 F4 Jl 28

    4 saisons-Harmattan pendant 15 jours 1 200 250 1800 25 19 26 25 CZ 2mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - . . . . . 45 a

    1 800 40: 2;OO 28 33 27 2:

    4 saisons-Harmattan, pendant 0 1 600 150 1800 26 21 21 25 Dl lmois.......................... 34 * *

    2 500 250 2 ;oo 2a7 33 28 30

    4 saisons-Harmattan, pendant 0 1 900 22 28 DZ lmois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . >1900 250 5 26 29 a

    2 000 2 300 31 31

    * (Cf. 5 2 et 3).

    On peut regretter que ltude climatique prsente ici soit base uniquement sur des moyennes. La grande variabilit dans le temps des prcipitations mensuelles, par exemple, rend dlicate, pour lutilisateur, linterprtation des cartes tablies et en limite un peu la porte. Il est clair quune analyse frquentielle des pluies et des dficits hydriques apporterait une donne complmentaire dune grande utilit pour ltablissement de projets de mise en valeur comme pour la classification des climats. Si, par exemple, on admet que la scheresse est le facteur limitant de lextension de la fort ombrophile vers le nord; la considration de la valeur moyenne du dficit hydrique cumul a vraisemblablement moins de signification que celle des valeurs exceptionnelles quil peut prendre.

  • 108 LE MILIEU NATUREL DE LA CTE DIVOIRE

    En dautres termes, il serait intressant qu ces cartes de moyennes puissent sajouter dans lavenir, des cartes des dficits hydriques cumuls quinquennaux ou dcennaux*. Leur laboration ne prsente pas de difficult thorique considrable mais ncessite une tude statistique assez longue qui justifierait large- ment lemploi dun ordinateur et supposerait la mise des donnes climatiques de base sur support mcano- graphique.

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