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LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS Numéro 105 • Automne 2009 LA TARIFICATION www.ottiaq.org Envoi de publication canadienne convention numéro 1537393

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LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS Numéro 105 • Automne 2009

L A TA R I F I C ATI O N

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P O U R C O M M E N C E R

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Dossier 5

Sur le vif 19

Des mots 26

Des livres 21

Le nouveau Multidictionnairede la langue française : unevéritable refonte ; le Vocabulairedes relations professionnellesfrançais-anglais ; le Dictionnairegénéral du cinéma.

« Ce qui fait de nous des professionnels,

c’est la qualité de notre travail, et non

notre mode de facturation. »

François Lavallée

D ans nos marchés mondialisés, le passage d’une langue à l’autre est une activité

incontournable de la chaîne des communications. À la veille d’un congrès qui pose la

question audacieuse « Le client est-il roi ? », Circuit a osé soulever un débat sur la tarification

des services langagiers. À travers ce prisme, nos collaborateurs examinent l’ensemble des

enjeux et implications de l’exercice de nos professions. Bien entendu, le débat porte plus

précisément sur la tarification des services de traduction et sur l’opposition heure/mot, mais

il soulève des questions bien plus larges. Comment définir la nature de notre prestation, et

influer sur la façon dont elle est perçue par nos clients ? S’agit-il d’un service ou d’un produit ?

Nos services doivent-ils faire l’objet d’une évaluation quantitative ou qualitative ? Quelles

que soient leurs divergences, les collaborateurs à ce dossier s’entendent sur la qualité comme

critère souverain d’évaluation. Benoît Le Blanc insiste sur la « valeur de l’information » que

nous traitons, en soulignant l’importance de sensibiliser le client à notre prestation de

services en fonction de ses propres paramètres d’évaluation : temps, valeur et risque. Si

d’après nos annales, fouillées par Alain Otis, nous revenons de loin, la traduction est

aujourd’hui une profession à part entière qui, même dans le domaine littéraire, gagne une

reconnaissance pécuniaire croissante. Le passé étant garant de l’avenir, nos chroniques Pages

d’histoire et Sur le vif illustrent bien le chemin parcouru et nourrissent nos espoirs en un

avenir meilleur. Mais le marché nous poussera toujours à redoubler d’efforts pour entretenir

la valeur de nos services : perfectionnement et expérience sont les mots d’ordre de nos

collaborateurs. Des outils de TAO à la réforme de l’orthographe, en passant par les

vocabulaires spécialisés, les défis de l’actualisation de nos pratiques sont de taille.

J’aimerais souligner ici le rôle important que joue l’OTTIAQ dans l’affirmation de notre

valeur professionnelle. Pour la première fois dans Circuit, nous publions une analyse des

résultats du sondage sur la tarification et les salaires, mené tous les deux ans sous l’experte

direction de François Gauthier. Mais au-delà de la valeur monétaire de nos services, c’est sur

notre valeur déontologique que mise notre ordre professionnel. Comme le souligne Betty

Cohen dans ces pages, l’OTTIAQ a présenté à l’Office des professions du Québec un mémoire

faisant valoir qu’il n’est pas logique que les membres des ordres professionnels ne fassent

pas appel à des langagiers agréés pour la traduction de documents dont l’original est soumis

aux normes de protection du public. Cette initiative de l’OTTIAQ trouve un écho dans l’adoption

par le Conseil des normes du Canada d’une nouvelle norme de qualité en traduction exigeant

que la compétence des traducteurs soit attestée soit par un diplôme, soit par un titre reconnu,

ou les deux. Elle s’inscrit aussi dans le contexte d’un nouveau plan stratégique, dont les

principaux enjeux sont la qualité, l’amélioration continue, la responsabilité professionnelle

et la reconnaissance de la contribution des langagiers à la « vie économique, culturelle et

institutionnelle du pays ». Par ailleurs, nos chroniques vous proposent un édifiant éclairage

sur le nouveau Règlement sur l’exercice des professions de traducteurs, terminologues ou

interprètes agréés en société. Ces initiatives témoignent de nos efforts collectifs pour mériter

la reconnaissance professionnelle à laquelle nous aspirons, et pour en faire valoir le juste prix.

Bonne lecture à tous !

Les 75 ans du Bureau de latraduction ; Notes et contrenotes ;Échappées sur le futur.

La réforme de l’orthographede 1990… Où en est-elle ?

Curiosités 27

La glottophagie, armede l’impérialisme ?

Des techniques 30

Des nouvelles de la Formathèque OTTIAQ

Comme la tarification fait partiedes grandes préoccupations deslangagiers, Circuit a jugé bond’en explorer les mystères etd’examiner les polémiques quiy sont liées.

Pages d’histoire 28

Raymond Robichaud, figure emblématique del’interprétation parlementaire

À titre professionnel 29

L’exercice en société

Yolande Amzallag, trad. a.

Au-delà du tarif,la valeur

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Vice-président, Communications — OTTIAQDidier Féminier

DirectriceYolande Amzallag

Rédactrice en chefGloria Kearns

RédactionMichel Buttiens, Philippe Caignon (Des mots), Pierre Cloutier(Pages d’histoire), Marie-Pierre Hétu (Des techniques), Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres), Barbara McClintock, Éric Poirier, Eve Renaud (Sur le vif)

DossierMarie-Pierre Hétu et Éric Poirier

Ont collaboré à ce numéroPhyllis Aronoff, Betty Cohen, Jean Delisle, Anne-MarieDe Vos, Maurizio Fanucchi, François Gauthier,Margaret Jackson, Francine Kennedy, François Lavallée,Benoît Le Blanc, Alain Otis, Robert Paquin, Wallace Schwab

Direction artistique, éditique, prépresse et impressionMardigrafe

PublicitéCatherine Guillemette-Bédard, OTTIAQTél. : 514 845-4411, poste 225 • Téléc. : 514 845-9903

Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’attention deCircuit, sous format RTF, sur CD-Rom ou par courrier électronique.

Droits de reproductionToutes les demandes de reproduction doivent être achemi-nées à Copibec (reproduction papier).Tél. : 514 288-1664 • 1 800 717-2022 [email protected] rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais les opinionsexprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume aucune responsa-bilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans Circuit.

© OTTIAQDépôt légal - 4e trimestre 2009Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives CanadaISSN 0821-1876

Tarif d’abonnementMembres de l’OTTIAQ : abonnement gratuitNon-membres : 1 an, 40,26 $ ; 2 ans, 74,77 $. Étudiants inscritsà l’OTTIAQ : 28,76 $. À l’extérieur du Canada : 1 an, 46,01 $; 2 ans,86,27 $. Toutes les taxes sont comprises. Chèque ou mandat-poste à l’ordre de « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus).Cartes de crédit American Express, MasterCard, Visa :www.ottiaq.org/publications/circuit_fr.php

Deux fois lauréat du Prix de la meilleurepublication nationale en traduction de laFédération internationale des traducteurs.

Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec

2021, avenue Union, bureau 1108Montréal (Québec) H3A 2S9Tél. : 514 845-4411, Téléc. : 514 845-9903Courriel : [email protected] Web : www.ottiaq.org

Imprimé sur papier recyclé 30 % postconsommation (couverture) et 100 % postconsommation (pages intérieures), fabriqué avec des fibres désencrées sans chlore, à partir d’une énergie récupérée, le biogaz.

Nous aimons vous lire.

Écrivez-nous pour nous faire part

de vos commentaires.

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100 % PC

Les facteurs externes du stressC’est avec plaisir que je lis depuis ses débuts le

magazine Circuit et je tiens à féliciter tous ses arti-sans pour l’excellence de leur travail.

J’ai trouvé fort à propos d’aborder le sujet dustress chez les langagiers (no 101) et les textes desdivers contributeurs étaient très intéressants. J’aicependant été un peu déçue de voir qu’on y abor-dait la question strictement du point de vue ducomportement du traducteur lui-même. L’attitudeque l’on adopte et les stratégies d’organisation dutravail jouent bien sûr un rôle important, mais cesont là des facteurs contrôlables par le traducteur.Il me semble qu’on aurait dû réserver au moins untexte au stress induit par les facteurs externes telsque la concurrence, le manque de reconnaissance[…], la difficulté d’être rémunéré correctement etl’imposition de critères d’exécution ou d’outils detravail qui favorisent davantage la productivité quela qualité. […]

Je souhaite féliciter l’équipe responsable dudossier sur la traduction littéraire (no 102), dont jeviens de terminer la lecture. Elle a su à la fois biencerner les aspects théoriques de ce type de traduc-tion et nous présenter des cas intéressants de lan-gagiers exerçant dans ce domaine.

Claude Van Marsenille, trad. a.

La vraie nature de « Tux »Je viens de lire l’article de Didier Féminier paru

dans le numéro 104 (été 2009) de Circuit, qui portesur le système d’exploitation Linux. C’est un articledes plus instructifs, en tous cas pour moi, car l’au-teur nous ouvre les yeux sur la grande place qu’oc-cupe Linux. Cependant, en bon langagier, donc pardéfinition bon « pinailleur », j’ai sursauté envoyant le titre : « Le vol du pingouin ». En seule-ment quatre mots, on trouve deux erreurs.

Premièrement, le logo de Linux est une représen-tation, non pas d’un pingouin, mais bien d’un man-chot. Une multitude de personnes confondent pin-gouins et manchots. La méprise vient du motanglais penguin, qui désigne les oiseaux appartenantà la famille des manchots de l’hémisphère Sud. LePetit Pingouin (seule espèce encore vivante, le GrandPingouin ayant disparu), lui, fait partie de la familledes Alcidés, qui habite l’hémisphère Nord. Soit dit enpassant, le Petit Pingouin est présent au Québec,principalement dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Deuxièmement, l’oiseau (un manchot, biensûr) représenté par le logo de Linux ne peut pasvoler. En effet, les manchots sont des oiseauxaptères, c’est-à-dire inaptes au vol. Le titre de l’ar-ticle est donc une antinomie. Il reste à savoir quelautre titre il aurait fallu trouver pour obtenir un jeude mots comparable à celui du titre en question. Je

laisse ce soin à l’auteur, que je félicite par ailleurspour l’intérêt et la qualité de l’information présen-tée dans le texte.

Serge Gagné, trad. a.

« Tux », la mascotte de Linux, est une représen-tation très approximative d’un manchot pygmée. Effectivement, si le manchot est inapte au vol, le pin-gouin peut voler, contrairement à l’idée populaire.Mon titre « Le vol du pingouin » était justement uneévocation volontaire de la méprise habituelle et, parextension, de l’anglicisme. Pierre Ferran, dans sonouvrage Perles de la littérature cite ce qu’il penseêtre une « perle » de Chateaubriand lorsque celui-ci écrit dans Le génie du christianisme : « Je m’amu-sais à voir voler les pingouins. » Le célèbre auteurcette fois n’avait pas commis de « perle » bien qu’ilait laissé sa marque en ce domaine avec « LaDelaware coule parallèlement à la rue qui suit sonbord. » (Voyage en Amérique). Monsieur SergeGagné démontre d’une part la grande qualité des traducteurs agréés, celle d’être des « pinailleurs » invétérés qui ne laissent rien passer et, d’autre part,l’atteinte de mon objectif : déclencher une réflexionde langagier non seulement sur Linux, mais aussi surun terme, un anglicisme et un concept.

Didier Féminier, trad. a.

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Marie-Pierre Hétu, term. a. et Éric Poirier, trad. a.

Si l’argent est le nerf de la guerre, comme on dit, on

ne s’étonnera pas de constater à quel point le

thème du dossier que vous avez entre les mains

touche tous les professionnels langagiers, des plus jeunes

aux plus expérimentés et chevronnés, de même que ceux qui

sont bien établis dans la vie comme au travail. Toutefois, s’il

est bien vrai que la tarification des services fait partie des

grandes préoccupations des langagiers, le sujet n’en est pas

moins longtemps demeuré tabou dans le média d’un ordre

professionnel dont la mission, rappelons-le, est de défendre

les intérêts du public. Qu’à cela ne tienne, le défi était lancé

et il n’en fallait pas plus pour nous engager dans un dossier

complet sur la tarification, ses mystères et ses polémiques. Et

que dire de plus maintenant que : « Mission accomplie ! »

Cela dit, même si certaines constantes s’en dégagent, le

débat sur la tarification n’est pas prêt de s’achever, comme en

font foi les opinions tranchées qui se sont cristallisées dans ce dossier.

Vous trouverez donc dans les pages qui suivent un état de la situation chez les pro-

fessionnels langagiers, les grandes lignes des résultats du sondage sur la tarification

et les salaires de l’OTTIAQ, des articles sur les mérites de la facturation au mot et de

la facturation à l’heure, sur l’origine de la facturation au mot et sur la rémunération

en traduction littéraire, sur la préparation de la relève et sur les incidences des outils

d’aide à la traduction en matière de tarification. Comme toujours, nous avons voulu

élargir les horizons et accueillir dans les pages de Circuit des intervenants de diffé-

rents milieux qui jettent un éclairage pertinent et stimulant sur les questions de

l’heure. Nous leur savons gré d’avoir bien voulu aborder le sujet et d’avoir dressé pour

nous un portrait si fidèle de la situation. À votre tour d’apprécier... Bonne lecture !

Un débat toujours d’actualité

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Sujet de discussions passionnées et passion-nantes, la tarification des professions langa-

gières fait couler beaucoup d’encre et suscite desconversations animées. En effet, les modes de tarifi-cation varient selon les professionnels et selon lessituations. Certains soutiennent mordicus que seuleleur façon de tarifer est la bonne, d’autres sont plussouples et voient des avantages (et des inconvé-nients) dans les diverses formes de tarification.

Les traducteursExaminons de plus près chacune de nos profes-

sions et leurs modes de tarification. Chez les traduc-teurs canadiens, le mode traditionnel de tarificationest la tarification au mot. Avant l’arrivée des ordina-teurs personnels, le compte de mots devait se faire« à la main », ce qui pouvait être assez exigeantpour un document volumineux. Mais maintenantqu’il existe des compteurs de mots intégrés aux logi-ciels de traitement de textes, l’exercice est devenuun jeu d’enfant.

Toutefois, certains traducteurs préfèrent facturerà l’heure, pour diverses raisons. Depuis l’inventiondes mémoires de traduction, certains clients de ser-vices de traduction ne sont prêts à payer que lesnouvelles parties d’un texte si celui-ci est une miseà jour d’un ancien document. Le traducteur se re-trouve alors devant un texte qui ressemble à un fro-mage de Gruyère, dans lequel certains paragraphessont à traduire et d’autres pas. Il doit toutefois reliretout le document pour s’assurer de l’uniformité dela traduction. Il peut estimer alors qu’il est plusfacile de compter ses heures de travail que les motstraduits. Son client soit acceptera sans problème latarification à l’heure, soit se montrera frileux à l’idéede ne pas savoir d’avance combien le travail de-mandé lui coûtera. Dans ce dernier cas, le traduc-teur peut proposer à son client une facturationhybride : une partie du document sera facturée aumot et une autre partie, à l’heure.

Certains traducteurs pensent que la tarificationau mot est propice à la concurrence car elle permetau client de comparer des prix. D’autres estimentque la tarification horaire est plus professionnelleparce que le travail du traducteur ne consiste passeulement à livrer des mots traduits, mais englobeégalement de la recherche, des contacts avec leclient et, souvent, des conseils fournis à celui-ci.

En fait, si la tarification au mot permet au clientde déterminer à l’avance ce qu’il devra débourser, la

tarification à l’heure peut parfois lui être très favo-rable. En effet, si le traducteur est rapide, et que letexte à traduire est bien rédigé et facile à com-prendre, il se peut qu’en fin de compte, la facturesoit moins élevée que si la tarification avait été éta-blie au mot. La tarification horaire comporte doncdes avantages pour les deux parties : si la traductionest facile et se fait rapidement, le client y gagne ; parcontre, si le texte est rempli d’embûches et nécessiteplus de temps que prévu, le traducteur sera quandmême payé équitablement.

Il arrive que des traducteurs doivent se rendre aubureau de leur client pour y passer toute une jour-née. Ils peuvent alors avoir un tarif à la journée.C’est également le cas lorsqu’ils travaillent dans lecadre d’un congrès de plusieurs jours.

La tarification forfaitaire est également pratiquéeen traduction. C’est notamment le cas pour la tra-duction de documents officiels tels que des certifi-cats et des diplômes.

Les terminologuesIl fut un temps où les terminologues étaient

payés à la fiche, mais depuis l’arrivée de la technolo-gie moderne et des logiciels de terminologie, cetemps-là est bien révolu.

Les travaux de terminologie sont habituellementfacturés selon un tarif horaire, qui peut rendre le clientassez nerveux car, en général, il ne connaît pas trèsbien le travail du terminologue. Celui-ci doit donc décortiquer son travail pour pouvoir en expliquer lesdiverses étapes à son client et lui faire comprendrepourquoi le nombre d’heures peut paraître élevé.

S’il y a trop d’inconnues, le terminologue peutétablir un montant forfaitaire ou proposer à sonclient un montant minimum et un montant maximumentre lesquels se situera sa facture.

La tarification hybride (tarification au mot plustarification horaire pour le temps de recherche)existe aussi chez les terminologues, mais elle estplutôt rare.

Les interprètesEn général, les interprètes de conférence facturent

leurs services à la journée. Lorsqu’ils doivent s’absen-ter de leur adresse professionnelle, ils facturent éga-lement une indemnité de subsistance quotidienneainsi qu’une indemnité de manque à gagner pourchaque journée qu’ils doivent consacrer au voyage.

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Anne-Marie De Vos, t raductr ice en prat ique pr ivée, a été prés idente de l ’OTT IAQ de 2006 à 2009.

La tarification chez les traducteurs,terminologues et interprètes

Par Anne-Marie De Vos, trad. a.

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Les interprètes judiciaires facturent à l’heure, endemandant généralement un minimum équivalant àtrois heures de travail. En fait, au tribunal, les inter-prètes judiciaires sont payés par session. Il y a deuxsessions par jour : matin et après-midi, chacuneéquivalant approximativement à trois heures.

On constate donc une grande diversité dans lesmodes de tarification de nos trois professions, enparticulier en traduction. Dans ce domaine, ils sem-blent tous avoir leurs avantages et leurs désavan -tages, tant pour le professionnel langagier que pourle client qui recourt à ses services. Tel traducteur sesentira plus à l’aise en utilisant un mode de tarifica-tion plutôt qu’un autre parce qu’il lui convient mieuxou qu’il convient mieux à son client. Tel autre verrales choses d’une façon totalement différente. Bref, latarification est un sujet qui n’a pas encore cessé defaire parler de lui !

Benoît Le Blanc est prés ident et fondateur de Versacom.

La vraie valeurdu langagier

L ’argument est entendu : notre activité ne selimite pas à un vulgaire travail de production.

Elle est un service, au sens noble du terme. Plus fon-damentalement, elle constitue un acte dont la valeurdépend du temps consacré à son accomplissement.Car un langagier n’exécute pas simplement sa tâche,il cherche à l’accomplir. Doit-on rappeler qu’il y a desmandats de 3 mots (pensons à un slogan) qui exi-gent plus de temps qu’un texte de 3 000 mots ? Etque cet exemple extrême n’en est qu’un parmi lesmille qui constituent le spectre subtil de notre réalitéquotidienne ?

Par ailleurs, quand on parle de traduction encontexte d’affaires, le terme ne peut s’employerdans son sens restreint. Dans les faits, la réalisationd’un projet fait souvent intervenir une multiplicitéd’actes et d’intervenants clés :• gestion (analyse, coordination, etc.)• terminologie (recherche, création,

normalisation, etc.)• traitement (éditique, mémoires, etc.)• validation de concepts par un spécialiste

(médecin, p. ex.)• révision• etc.

Dans son sens opérationnel, donc, la traductionexige un temps variable selon l’envergure du mandat(sa dimension quantitative) et sa complexité (sa di-mension qualitative).

Le temps : l’essence de l’acteprofessionnel

Cette réalité opérationnelle du temps variable liéà un acte complexe est commune à tous les secteursprofessionnels. Un notaire qui prépare un testamentexigeant le concours d’un fiscaliste, par exemple,tiendra forcément compte du temps de son collèguedans ses honoraires. On n’imaginerait pas, non plus,qu’un implantologiste facture strictement le prix del’implant dentaire à un patient qui a préalablementbesoin d’une greffe osseuse, gingivale, etc.

La marchandisation de la traductionEn traduction, la tarification au mot n’est pas

seulement la conséquence d’une méconnaissancede notre activité, elle est aussi la cause de sa mar-chandisation. C’est ce qui amène les grands ache-teurs d’entreprise à considérer les mots comme desunités interchangeables. Non seulement fait-on ainsiabstraction de la valeur de l’acte, mais on s’attend àce que le coût unitaire décroisse en fonction duvolume, en raison même de la logique d’échellequ’implique cette interchangeabilité.

Ce phénomène de marchandisation, les langa-giers en sont en partie responsables. En régime defacturation au mot, en effet, ils semblent offrir uneseule et même marchandise générique à prix fixe.Même les grilles tarifaires à deux ou trois paliers,

La facturationhoraire commecondition cléde notrereconnaissanceen titre et,surtout, en acte

Par Benoît Le Blanc

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selon l’urgence ou la complexité du projet, demeu-rent extrêmement réductrices par rapport à la com-plexité réelle de nos services professionnels.

Le risque comme argument décisifLes clients sont variablement réceptifs aux réali-

tés du temps nécessaire à la prestation d’un serviceprofessionnel et de la valeur de ce service, mais il y aune dimension dont aucune entreprise ne fait fi : lerisque auquel elle s’expose quand le temps accordéau fournisseur ne suffit pas à garantir la qualité (at-teinte à l’image de marque, pertes de parts demarché, coûts de retraduction, etc.).

Dans les secteurs où ces trois réalités — temps,valeur et risque — sont mieux établies que dans lenôtre (le droit, par exemple), on constate que lesacheteurs n’hésitent pas à choisir des profession-nels exigeant des honoraires plus élevés, à la hau-teur et à la mesure de l’expertise.

Le mot : point de départ d’une offre nuancée

Même dans un monde où la traduction serait re-connue à sa juste valeur, le mot restera probable-ment incontournable comme point de repèrefonctionnel pour évaluer le temps moyen de réalisa-tion des mandats. Toutefois, il ne devrait servir quede point de départ à une analyse nuancée visant à

définir le nombre d’heures précis qu’exige l’accom-plissement d’un mandat, compte tenu de toutes lesvariables quantitatives et qualitatives.

Cette analyse pourrait mener, à terme, à l’établis-sement souhaitable d’un répertoire exhaustif d’actesprofessionnels langagiers, assorti d’une grille d’ho-noraires sur mesure. Pensons aux centaines d’actesmédicaux répertoriés et liés à des honoraires précis.Pourquoi nous limiter à deux ou à trois actes (traduc-tion générale, traduction spécialisée et révision, parexemple) alors que, dans les faits, notre professionrepose sur des dizaines d’actes et de combinaisonsd’actes adaptés à une multitude de domaines, detypes de textes, de niveaux de complexité et dedegrés d’urgence ?

La tarification hybride commestratégie réaliste et… étapiste

Dans notre secteur, où il reste tant à faire dans lemonde en matière de réglementation et d’organisa-tion, le principe horaire ne pourra s’imposer sans untravail de sensibilisation systématique des clients.Or, cette sensibilisation, par définition, ne peut êtreque progressive.

En ce sens, il est de pratique de plus en plus cou-rante d’adopter une structure hybride. On factureainsi au mot les projets courants — à faible risque,donc — et à l’heure les projets dont la complexitéexige plus de temps que le tarif au mot ne permetd’y consacrer.

Notre responsabilité professionnelle consiste jus-tement à jauger la portée de chaque mandat à la lu-mière de notre connaissance du client et de sesenjeux. Elle consiste aussi à parler au client dans unlangage pertinent pour lui, où l’on doit savoir s’éloi-gner des seules notions de qualité linguistique pourmettre en relief la valeur de l’information et la ges-tion des risques d’affaires.

Contrer la fragmentation par lamobilisation et… le consensus

Le secteur langagier demeurant extrêmementfragmenté, il sera impossible de remplacer la mar-chandisation de notre activité par une véritable dy-namique de services professionnels sans unemobilisation générale des langagiers et de toutes lesassociations professionnelles qui les chapeautent.

Le défi, et il est de taille, est d’en arriver à unlarge consensus autour de l’enjeu crucial que consti-tue la juste facturation de nos services. Au Québec,nous avons déjà su relever le défi de la reconnais-sance professionnelle en titre. À cet égard, noussommes admirés dans le monde. Il nous reste celuide la reconnaissance professionnelle en acte.

Rappelons-nous que l’acte langagier est — audiable notre proverbiale modestie — fondateur d’hu-manité. Ne mérite-t-il pas une rétribution digne deceux qui l’accomplissent ?

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Le secteur langagier demeurant

extrêmement fragmenté, il sera

impossible de remplacer la

marchandisation de notre activité

par une véritable dynamique de

services professionnels sans une

mobilisation générale des langagiers

et de toutes les associations

professionnelles qui les chapeautent.

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If it ain’t broke, don’t fix it

La question est enfait toute bête : ils’agit simplementde savoir quelleest l’unité demesure du volumede travail entraduction. Car onest tous d’accordpour dire que pluson travaille, plusla facture doit êtreélevée.

Par François Lavallée, trad. a.

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À mon avis, la facturation au mot comporte aumoins quatre grands avantages par rapport à la

facturation à l’heure : 1) elle facilite l’évaluationpréalable d’un travail ; 2) elle favorise le rapport deconfiance avec le client ; 3) elle comporte une « aug-mentation de salaire intégrée » à mesure que le traducteur prend de l’expérience ; 4) elle permetd’intégrer plus facilement les gains entraînés parl’emploi de techniques d’amélioration de l’efficacité(dont les outils de TAO).

C’est ainsi que le traducteur a la chance de béné-ficier d’un mode de rémunération précieux dont nepeuvent profiter les autres professionnels. Sa réac-tion doit être d’en profiter, et non de le délaisserpour faire comme eux.

L’évaluation préalable« Combien ça va coûter ? » Voilà une des pre-

mières questions qu’on se pose tous, dès qu’on doitfaire affaire avec un professionnel. La plupart vousdonneront des réponses floues. Des fourchettes. Des« ça dépend ». Et vous savez bien, la plupart dutemps, que la facture finale sera dans le haut de lafourchette plutôt que dans le bas, voire qu’elle dé-passera le plafond. Le traducteur, lui, a l’avantage depouvoir dire clairement au client : « Ça va coûtertant. » Et cette capacité d’évaluer le prix d’avanceest avantageuse aussi bien pour lui — il perd moinsde temps — que pour le client — qui sait à quoi s’attendre.

Cela dit, si on me demandait d’évaluer un travailde traduction en facturation horaire, je ne connaî-trais qu’un seul moyen (lire « détour ») : compter lesmots et faire une règle de trois…

La confiance du clientQui d’entre nous n’a jamais entendu une per-

sonne se plaindre, voire se moquer, d’une facturereçue d’un professionnel, en raison soit du tarif ho-raire indiqué, soit du nombre d’heures attribuées àtelle ou telle partie du travail ? Il serait injurieux pourles autres professions de parler ici de surfacturation.Il n’empêche que le mode de facturation à l’heure nefavorise pas toujours la confiance, et que c’est sou-vent avec un sentiment d’impuissance qu’on règlela facture horaire d’un professionnel — ou qu’oncherche à la négocier.

La tarification au mot, malgré ses faiblesses, éli-mine d’emblée ce genre d’embrouille en offrant l’im-mense avantage de la clarté des clauses pécuniairesdu contrat.

L’augmentation de salaire et laprime de rendement intégrées

Comme dans n’importe quelle profession, le tra-ducteur qui gagne en expérience gagne aussi en effi-cacité, en rapidité et en compétence. Résultat :après un certain temps, il travaille mieux et plus vite.On s’entend tous sur le fait que de tels gains profi-tent à ses clients, et qu’ils doivent se payer. Pour letraducteur qui facture au mot, les augmentations derevenu sont intégrées : comme il fait plus de motsdans sa semaine, son revenu augmente, et le clientn’en est pas inquiété : il bénéficie effectivement d’unvolume accru, selon des conditions et modalités quisont toujours claires et stables.

Par contre, si le traducteur a eu le malheur d’ha-bituer ses clients au tarif horaire, il devra périodi-quement, ô torture, renégocier ses tarifs pour qu’onfasse justice à son efficacité et à sa compétence ac-crues. Je ne suis pas sûr que le traducteur autonomesorte toujours gagnant de cette dynamique.

D’ailleurs, on a souvent dit que les tarifs de tra-duction n’avaient malheureusement pas beaucoupprogressé au cours des vingt dernières années. Ennombre de cents le mot, c’est un peu vrai, mais il y avingt ans, les traducteurs travaillaient au crayon et de-vaient se rendre physiquement à la bibliothèque pourtrouver la moindre citation de loi ou de rapportannuel. Les gains de productivité assurés par les ordi-nateurs, par Internet et par la TAO n’auraient certaine-ment pu être aussi rentables si les traducteurs avaientfacturé à l’heure, car aujourd’hui, ils feraient plus demots en une semaine… mais autant d’heures. Certes,on peut imaginer que le tarif horaire aurait progressé,mais quelle garantie aurait-on eue qu’il aurait suivi, etsurtout, pourquoi prendre ce détour compliqué ?

La diversitéCertes, la facturation à l’heure peut s’avérer préfé-

rable dans certains cas. Mais à mon avis, au vu du faitque la facturation au mot est ancrée dans les mœurs,et qu’elle comporte des avantages certains, la factu-ration à l’heure doit être considérée comme unsecond choix, et non être proposée comme premiermode de facturation. De plus, on ne saurait prétendreque ce mode de facturation fasse de nous davantagedes « professionnels » que la facturation au mot. Cequi fait de nous des professionnels, c’est la qualité denotre travail, et non notre mode de facturation, lequel,comme je l’ai fait valoir plus haut, nous confère en faitdes avantages indéniables dans l’établissement de re-lations harmonieuses avec nos clients.

Après avoi r été t ravai l leur autonome pendant 20 ans, François Laval lée est aujourd’hui d i recteur de la format ion chez Vencomm, un cabinet detraduct ion de Québec. I l est auss i le fondateur de Magist rad, école de per fect ionnement en t raduct ion.

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À bien y réfléchir, nous sommes victimes de lanature même du service que nous offrons. Notre

prestation professionnelle est tellement concrèteque d’aucuns — et non des moindres, la Commis-sion européenne en tête — la considèrent comme unproduit. Ce produit, contrairement à la prestationd’un autre professionnel, est mesurable en mots, enpages, en caractères. Il a donc un commencement etune fin que le client connaît et comprend. Et commetout client veut avoir la certitude de payer le prixadéquat, il va s’appuyer sur cette réalité concrètepour avoir une idée du montant pour lequel il s’en-gage. Comparativement, lorsqu’il fait appel àd’autres spécialistes, le client ne dispose pas d’unmoyen concret de mesurer la prestation de son four-nisseur et il s’en remet donc entièrement au juge-ment de ce dernier, quitte à en consulter plusieurs.Toute la différence est là. Elle réside dans la mécon-naissance quasi totale des connaissances et de lacréativité nécessaires à la réalisation d’une traduc-tion et, surtout, dans la conviction que tout bilinguepeut le faire. Comment, dès lors, demander des ho-noraires professionnels dignes de ce nom ?

Dans un tel contexte, le tarif au mot semble leplus approprié, puisqu’il se mesure en cents, qu’ilcorrespond à un nombre de mots concret et qu’il aun commencement et une fin. Et s’il se situe entre 23et 25 cents et que notre traducteur a atteint une vi-tesse de croisière, il devient tout à fait possible deréaliser, voire de dépasser, le tarif horaire que leclient aurait refusé d’entrée de jeu. Et lorsqu’il y aplusieurs versions et mises à jour, la relation étantétablie, il devient plus facile d’arguer que la factura-tion au mot n’est plus appropriée et qu’une factura-tion horaire correspondante s’impose.

Qu’on l’accepte ou non, force est de constaterque telle est la réalité. Les professionnels de la tra-duction ont répondu à la demande et se sont adap-tés à leur marché.

Là où le vendeur de mots perdau change

Tout aurait été pour le mieux dans le meilleur desmondes si la mémoire n’avait pas été inventée. Pasla merveilleuse capacité de l’être humain, bien sûr,mais bien celle de l’ordinateur gavé de textes ali-gnés. Lorsqu’il s’est équipé de ce merveilleux outil(dont les avantages sont incontestables), notre hon-nête traducteur s’est cru obligé de moduler ses tarifs

selon que les phrases du document à traduireétaient identiques à 70 %, à 80 %, à 90 % auxphrases déjà en mémoire, étant entendu que lesphrases identiques à 100 % ne sauraient être refac-turées ! À cela, il n’y a qu’une réponse : l’avocat quis’inspire d’un contrat pour en établir un autre fac-ture-t-il la moitié du prix à son client ? Non, bien sûr !Il est normal et commercialement logique de facturerla totalité de la prestation, que l’on récupère ou nonune partie du texte. Que faire s’il s’agit d’une mise àjour pour le même client ? Eh bien, la même chosequ’auparavant.

C’est cependant sans compter avec l’explosionde la demande à l’échelle internationale qui a sus-cité de nouvelles vocations chez des entrepreneursqui, s’ils connaissent les réalités du métier, sontbeaucoup plus versés dans la recherche du profit.Ainsi sont apparues les multinationales de la traduc-tion, des multinationales qui, pour obtenir une per-formance toujours meilleure, ont mis au point desoutils de plus en plus perfectionnés et établi des mé-thodes de travail dans lesquelles la traduction hu-maine n’est plus qu’une étape parmi d’autres. Letraducteur sous-traitant n’est donc plus maître nipropriétaire de son travail, il est réduit à remplir lestrous dans un texte préalablement traité. C’est ainsique sont apparus les tarifs au mot selon le pourcen-tage de « fuzzy match ». Et notre honnête traduc-teur, s’adaptant toujours à son marché, accepte,suit… et se fait avoir ! Il ne traduit plus un texte, maisdes mots, avec les conséquences désastreuses quel’on peut imaginer.

Ces conséquences sont nombreuses, sur plu-sieurs plans. Sur le plan professionnel d’abord, si letraducteur ne fait que « boucher des trous » sanss’approprier son texte, il perd le sens de son travail,de son métier et de sa responsabilité profession-nelle. Il ne peut plus en être fier et devient alors l’ou-vrier d’un nouveau taylorisme du service. Sur le plande la qualité ensuite, si le traducteur ne se sent plusresponsable de son texte, il ne se sentira pas garantde la qualité de ce texte. Nous nous retrouveronsalors — si ce n’est déjà fait, et il y a lieu de lecraindre — avec une langue bâtarde, résultat d’uneaccumulation de traductions mal faites. Le client,quant à lui, incapable de juger par lui-même de laqualité de la traduction et soucieux, d’abord et avanttout, de publier son document dans les temps, ac-cepte l’offre du plus audacieux dans les délais et dumoins-disant dans les prix.

Nous sommes desprofessionnels. À ce titre, nousdevrionsnormalementexiger deshonorairesproportionnels autemps que nousavons consacré àla prestation denos services,comme le font laplupart des autresprofessionnels.Seulement voilà :à quelquesexceptions près,nous n’yparvenons toutsimplement pas.Pourquoi?

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Bet ty Cohen dir ige les Ser v ices l inguist iques de Pr iceWaterhouseCoopers .

Tarif au mot ou à l’heure, le débat est peut-être dépassé

par Betty Cohen, trad. a.

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Cette réalité touchemoins les professionnelschevronnés qui ont uneclientèle stable et acquise etqui n’acceptent générale-ment pas la sous-traitance.Mais qu’en est-il des jeunesdiplômés qui arrivent sur lemarché sans aucune infor-mation et sans aucun aver-tissement ? Comment cesjeunes acquerront-ils lesconnaissances nécessaireset progresseront-ils dansleur métier ? La question estde taille.

Pour redresser la barrePour redresser la barre, il faudrait que les cabi-

nets de traduction canadiens de qualité — et il enexiste plusieurs — ne tombent pas dans le piège dela productivité à tous crins, qu’ils se mesurent auxmultinationales et leur fassent concurrence avec unautre discours : essentiellement celui du risque in-hérent à la mauvaise qualité. Pour redresser la barre,

il faudrait que les universitésrenseignent davantage leursétudiants sur les réalités dumarché, leur inculquent unefierté de la profession, lesconseillent, les guident et lesorientent vers les associa-tions et ordres professionnelsqui prendront le relais.

L’OTTIAQ, pour sa part,vient de déposer une de-mande devant l’Office desprofessions du Québec afind’obtenir, à tout le moins,que la traduction des docu-

ments produits par les membres des autres ordresprofessionnels soit obligatoirement confiée à un tra-ducteur agréé.

Par ailleurs, la norme de qualité en traduction,promulguée par le Conseil des normes du Canadasous l’impulsion de l’AILIA, exige des cabinets certi-fiés qu’ils fassent appel à des traducteurs agréés.

Ce ne sont là que quelques pistes et le pro-gramme est vaste, mais ce n’est qu’ainsi que la pro-fession gardera ses lettres de noblesse, au bénéficede ses praticiens et de ses clients.

MOT ? HEURE ?

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P our ceux et celles qui n’auraient pas consultéles résultats du sondage sur le site de l’OTTIAQ,

résumons en quelques phrases les chiffres qui intéressent le plus les traducteurs. Les prix au motdemandés pour la traduction par l’ensemble des 532répondants en 2008 variaient de 0,18 $ à 0,25 $, lamédiane étant à 0,22 $. À l’heure, nos langagiers ontfacturé entre 45 $ et 60 $ pour la traduction, entre54 $ et 68 $ pour la révision, entre 45 $ et 58 $ pourla recherche terminologique, entre 60 $ et 76 $ pourla rédaction et entre 48 $ et 57 $ pour la correctiond’épreuves. Les quelques interprètes qui ont ré-pondu au sondage ont indiqué qu’ils travaillaientpour une rémunération journalière variant entre480 $ et 803 $. Au chapitre des salaires, la médianese situait à 60 000 $.

Au mot ou à l’heure ?Cela étant dit, puisque le présent numéro de

Circuit semble vouloir opposer les tenants de la tari-fication au mot à ceux de la tarification horaire,voyons ce qu’il en est dans la réalité. Selon le son-dage, 37 % des répondants ne facturent jamais leurprestation traductionnelle à l’heure, tandis que 6 %la facturent toujours à l’heure. Entre les deux, c’estle royaume de la facturation hybride. En 2008, seule-ment 9,5 % des répondants facturaient entre 50 %et 100 % de leurs travaux de traduction à l’heure. Sil’on considère l’évolution de la situation à cet égarddepuis 2002, on constate qu’elle n’a pas beaucoupchangé : en 2002 c’étaient 8 % ; en 2004, 9,1 %, eten 2006, 11 %. En somme, au jour le jour, une écra-sante majorité de traducteurs facturent la traductionau mot.

En révision, c’est autre chose. Fait cocasse,bien que seulement 12 répondants sur 532 aientindiqué une tarification pour la révision, 255 ontrépondu à la question sur le volume de révisionfacturé à l’heure ! À en croire les résultats, 59 %d’entre eux factureraient (ou souhaiteraient factu-rer) ladite révision à l’heure. Or, si les 41 % qui res-tent facturent la révision surtout au mot, pourquoiaucun répondant n’a-t-il indiqué de tarif de révi-sion au mot ? Mystère !

Indice des prix à la consommationSi l’indice des prix à la consommation au Canada

a grimpé de 22,5 % depuis 1998, on constate que lesprix moyens et médians demandés pour la traductionau mot n’ont respectivement évolué que de 4,8 % et6,8 %. À l’heure, la progression a été de 11 %. Cela

s’explique sans doute en grande partie par l’avène-ment de la TAO. En effet, le sondage révèle aussi queles traducteurs en pratique privée qui utilisent unemémoire de traduction ont des salaires moyens etmédians de 8 000 $ et 10 000 $ supérieurs à ceux destraducteurs qui n’en utilisent pas.

En révision, par contre, la hausse des taux horairesest supérieure à celle de l’indice des prix (33,5 %selon la moyenne et 26,6 % selon la médiane).

Équité salarialeIl existe, semble-t-il, un écart relativement signifi-

catif entre les salaires des hommes et celui desfemmes œuvrant dans les professions langagières.En effet, les hommes gagneraient entre 9,2 % et15,2 % (selon la médiane et la moyenne respective-ment) de plus que les femmes. En pratique privée,l’écart oscille entre 15,6 % et 16,7 %. Trouverions-nous le début d’une explication dans le fait que lesfemmes en pratique privée exigent un tarif horaireinférieur de 9 % à celui des hommes ? Leur tarif aumot reste toutefois égal à celui des hommes…

L’âgeParlons de vieillissement. Mine de rien, les

membres de la profession avancent en âge. La pro-gression n’est certes pas rapide, puisque l’âgemoyen des répondants est passé de 46,6 ans à48,1 ans depuis 2002, mais cette moyenne aug-mente à chaque sondage. Autre constatation :notre profession, à tout le moins l’OTTIAQ, tendraità attirer des gens pour qui les professions langa-gières sont un choix tardif puisque l’âge moyendes répondants ayant de 0 à 3 ans d’expériences’établit à 36,4 ans.

Portrait du traducteur d’aujourd’huiEn guise de conclusion, traçons le portrait type

du traducteur agréé d’aujourd’hui au Québec. Ils’agit bien sûr d’une traductrice (72 % des répon-dants) autonome (62,2 % des répondants) de47 ans qui traduit de l’anglais vers le français(80 % des répondants) à un tarif de 0,22 $ le motou 50 $ l’heure et gagne 60 000 $ par année. Elleest sur le point de commencer à utiliser des outilsde TAO, si ce n’est déjà fait, et elle trouve qu’ellen’est peut-être pas toujours payée à la hauteur deses compétences…

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François Gauthier est propr iéta i re de Qual igram, micro-entrepr ise de t raduct ion, et responsable du Sondage sur la tar i f i cat ion et les sa la i resmené auprès des membres de l ’OTT IAQ depuis 1992.

Un sondage révélateur

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Le Sondage sur latarification et lessalaires de 2008,publié au début de 2009 par l’Ordredes traducteurs,terminologues etinterprètes agréésdu Québec(OTTIAQ), peut être assezrévélateur pourqui veut enanalyser lemoindrement les données.

par François Gauthier, trad. a.

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La tarificationde la traductionau gouvernementdu Canada

par Alain Otis

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L es demandes s’empilent, les clients réclamentleurs textes. Que faire ? Cette situation n’est pas

nouvelle. Au gouvernement du Canada, on avaittrouvé une solution dès 1841 : un traducteur « addi-tionnel », payé 20 shillings par jour pour la durée dela session. La tarification à la journée était sansdoute alors appropriée.

Tarifer la traductionAprès la création de la Confédération, le modèle

de l’époque de l’Union est systématisé. Plusieurstraducteurs « surnuméraires » réguliers, payés à lajournée et remerciés lorsque la source se tarit, vien-nent appuyer les traducteurs permanents dans lesinstitutions parlementaires. Une demande extraordi-naire survient-elle ? On trouve des pigistes qui tra-vaillent à la page, au mot ou à forfait. Voici quelquesexemples.• En 1870, Francis H. Badgley, chef traducteur an-

glais à la Chambre des communes, a traduit357 pages pour un procès dans le district d’Ar-thasbaska. Il réclamait 25 ¢ la page, il en reçoit20. (Décret CP 1534, juin 1870)

• En août 1878, on entreprend la traduction du rap-port de la Commission des pêcheries tenue à Halifax. Le rapport fait 440 pages ; on donne1,25 $ la page. Il s’agit de pages « Hansard », de2 500 mots. (Décret CP 727, septembre 1878)

• Toujours en 1878, J. N. Cardinal a traduit destextes en anglais pour le procès dans la contes -tation de l’élection dans la circonscriptionde Jacques-Cartier. Il reçoit 320,46 $ pour160 380 mots. (Décret CP 1064, décembre 1878)

• En 1884, on prépare les Statuts révisés. La tra-duction et la relecture d’épreuves des lois « gé-nérales » se fait moyennant 1 $ la page ; le mêmetravail sur le Code criminel commande 1,50 $ lapage. (Décret CP 2175, novembre 1884)

• En 1890, Achille Fréchette, traducteur à laChambre des communes, reçoit 100 $ pour tra-duire des « circulaires et règlements techniques »pour le ministère du Revenu de l’intérieur. (DécretCP 1378, juin 1890)

• En 1893, on fait traduire par A.-N. Montpetit lerapport de la Commission royale d’enquête surles boissons enivrantes « au tarif habituel ». Desdifficultés surgissent lors de l’exécution du tra-vail ; elles ne se résoudront qu’après le décès deM. Montpetit. Dans le cadre du règlement inter-venu, on accepte que le paiement soit calculéselon le nombre de pages en français plutôtqu’en anglais. (Décret CP 2513, novembre 1898)

Joli salmigondis que tout ça. À l’évidence, la tari-fication varie, mais le travail se donne, majoritaire-ment, à la page.

Derrière la page, le motTarifer à la page n’exclut pas une certaine sou-

plesse, comme l’illustre l’exemple des Statuts révisés.En outre, il est plus facile et rapide de compter despages que des mots. Toutefois, il faut avoir uneidée de ce qu’est une page. En 1878, une page a2 500 mots et vaut 1,25 $. En 1911-1912, on paie 1,80 $la page. A-t-on toujours la même page ? Le tarif aurait-il augmenté ? En fait, une page, c’est quoi ?

On en arrive bientôt à la tarification au mot, ou àla centaine de mots. La Gazette du Canada franchit leRubicon en 1921. Les avis dans la Gazette sont alorstraduits moyennant 40 ¢ les cent mots. En 1924, letarif est porté à 50 ¢, puis à 1 $ en 1963 et finale-ment, à 2 $ en 1966. On ne pourra plus suivre l’évo-lution des tarifs à cette aune après 1970, car latraduction des avis dans la Gazette du Canada estdorénavant assurée sans frais.

Le mot s’imposeÀ partir de 1934, il n’y a qu’une source officielle

de distribution du travail, le Bureau des traductions.Au départ, le nouveau Bureau recourt très peu à despigistes, mais embauche beaucoup d’occasionnels.Au cours de l’exercice 1950-1951, on inaugure la tra-duction à la pige en langues officielles — on le fai-sait depuis un certain temps avec les languesétrangères. Quelque 400 pages de délibérations decomité vont à la pige. Le tarif payé : un demi cent lemot, exactement ce qu’on demande aux clients de laGazette. La pratique s’institutionnalisera.

Pas facile de présenter en une page, fut-elle de2 500 mots, l’histoire de la tarification de la traduc-tion. Le mot de la fin appartient à Maurice Lamon-tagne, Secrétaire d’État. Lors de la session de1964-1965, les députés parlent beaucoup de traduc-tion et aussi de tarifs. Bien sûr, les rumeurs les plusfolles circulent. Le 23 mars 1965, M. Lamontagne ap-porte une précision aux Communes : « … concernantles tarifs, il s’agit de 1 ¢ à 2 ¢ le mot, pas 5 ¢ commeon le disait. » On voyait déjà les tarifs trois fois plusélevés qu’ils ne l’étaient en réalité. Aujourd’hui, lestarifs sont beaucoup plus élevés. En fait, ils ne sontpas de 5 ¢ comme on le disait, mais plutôt de…Quoi ? Comment ?… Ah non, quelle poisse ! Le restes’est perdu dans la traduction.

Alain Ot is , t raducteur agréé (AT IO, CT I N B) , est professeur à l ’Univers i té de Moncton.

Quand le tarifétait à la page

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La traduction paie1…L e téléphone réserve toutes sortes de surprises aux journalistes. Voici la conversation échangée

par téléphone entre [Alfred Ayotte, journaliste (et traducteur, semble-t-il) au journal Le Devoir, et]un homme qui dit être un « ami », sans se nommer évidemment, et qui fait une offre à en faireperdre la tête :

— M. Ayotte ?— Lui-même…— J’ai une traduction de l’anglais au français à faire faire…— Oui…— J’ai pensé à vous pour ça… Quel tarif exigeriez-vous ?— Par téléphone, c’est difficile à dire. On ne peut vraiment déterminer le prix que si l’on a vu le

texte anglais. S’agit-il de traduction technique ou de traduction courante ? S’agit-il d’une pageou de deux ou de cent cinquante ?

(Même à ses « amis », il faut tout arracher : ils mettent du temps à en venir au fait.)— Il s’agit d’un livre…— D’un livre ?— Oui, un livre sur les patrons de modes pour dames. Ça peut avoir 250 pages environ.— C’est un sérieux travail. Si vous pouviez me faire voir le texte anglais, ce serait la meilleure

chose à faire pour établir un juste prix.— Vous ne pouvez pas me dire par téléphone, combien vous pouvez demander pour la

traduction ?(Voyez-le venir, il demande, en somme, des soumissions par téléphone.)— Impossible, monsieur, tant que je n’aurai pas vu si le travail est difficile ou non ; et je suis

sous l’impression qu’il le sera.— J’avais compté vous en offrir $15.— $15 ? $15 pour une traduction de 250 pages ? À quoi pensez-vous ? Ça coûtera cela en papier,

en carbone, en ruban de dactylographe, etc. Et il y a le travail…Le ton de la conversation change…— Écoute, Ayotte, je suis un de tes amis…— J’en suis très flatté, mais ami ou pas ami, la proposition est renversante. Nommez-vous ou ne

vous nommez pas, vous n’avez pas le sens des valeurs, vous ne connaissez rien à latraduction pour faire une offre aussi dérisoire, aussi folle. Eh bien, monsieur, sans avoir vu letravail que vous proposez, je présume que ça vaudrait au moins $2 la page, traduire un cahierde patrons de modes, et un boni pour laver l’insulte…

La réhabilitation du métier de traducteur s’impose.

1. E xtra i t de Georges Pel let ier et a ls . Comment se fa i t le « Devoi r » , n o 18, Les Documents, Montréal ,L’ Impr imer ie popula i re , 1935, p. 18.

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La rémunérationpour la traductiond’un livre estnettementinférieure à cellepour d’autrestypes detraduction. On est traducteurlittéraire parplaisir ou parvocation.

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Q uand on dit « traduction littéraire », on penseau livre et, effectivement, ce sont des livres que

la plupart des traducteurs littéraires traduisent. Latrès grande majorité des œuvres littéraires tra-duites au Canada bénéficie d’un soutien financierde la part du gouvernement. Le Conseil des artsdu Canada subventionne ces traductions pourrépondre à son objectif global qui est « desoutenir la publication d’une grande diversitéd’œuvres littéraires canadiennes pourles lecteurs au pays et à l’étranger1 ».En vertu du programme de subventionsà la traduction, les maisons d’éditionqui sont la propriété de Canadiens dansune proportion de 75 p. 100 ou plus ont droit àdes subventions pour la traduction de livres écritspar des auteurs canadiens ; l’œuvre originale peutêtre dans n’importe quelle langue, mais il faut que latraduction soit en anglais, en français ou dans l’unedes langues autochtones du Canada.

Une subvention à l’édition plutôtqu’à la traduction

La subvention est accordée à l’éditeur, qui choi-sit un traducteur, avec qui il signera un contrat detraduction. Le montant de la subvention est calculéen fonction du nombre de mots du texte source, etle taux actuel (en vigueur depuis juillet 2009) estde 0,25 $ le mot pour la poésie, 0,20 $ le mot pourle théâtre et 0,18 $ le mot pour tout le reste. Cettedifférence de taux est censée refléter la difficultérelative de chaque type de traduction. Le Conseildes arts du Canada estime que cette subventiondevrait aider l’éditeur à payer le coût de la traduc-tion ; dans des circonstances particulières, commeun échéancier très serré ou quand il faut adapter, ilpeut arriver que la maison d’édition verse au tra-ducteur ou à la traductrice une somme d’argentplus importante que la subvention, soit en accor-dant des redevances soit en payant un tarif plusélevé au mot. L’Association des traducteurs et tra-ductrices littéraires du Canada (ATTLC) recom-mande à ses membres de se faire payer desredevances en plus du montant de la subvention.En général, cependant, il est rare que la rémunéra-tion pour la traduction d’un livre soit supérieure aumontant de la subvention. Or ce montant, bien sûr,est nettement inférieur à la rémunération pourd’autres types de traduction.

Le Conseil des arts du Canada subventionneaussi la traduction de pièces de théâtre produitessur scène, au même taux par mot que si elle était pu-bliée dans un livre ; mais une seule subvention estaccordée à une pièce qui serait à la fois produite etpubliée. Outre le montant de la subvention, les tra-ducteurs pour le théâtre reçoivent des redevanceslorsque leur pièce traduite est jouée sur scène. Lemontant de ces redevances est établi dans une en-tente signée avec le dramaturge et est ordinairementde l’ordre de 33 1/3 à 40 p. 100 (ce dernier pourcen-tage dans le cas de traducteurs qui sont aussi desdramaturges reconnus) des redevances du drama-turge (qui au Canada correspondent généralement à10 p. 100 des recettes et, dans le cas de traduction,à 12 p. 100).

Au Canada, l’industrie de l’édition, où œuvre lamajorité des traducteurs et traductrices littéraires,lutte pour survivre et la rémunération y demeure trèsfaible. La traduction littéraire, comme l’écriture pourla majorité des auteurs de littérature au Canada,n’est donc pas un gagne-pain, mais plutôt un travailfait par plaisir ou par vocation, et les traducteurs lit-téraires doivent suppléer à leur revenu par un autreemploi.

* Traduct ion : Rober t Paquin, Ph. D. , membre del ’ATTLC

1. Réponses aux recommandat ions contenues dans le Rap-por t sur l ’examen des programmes d’a ide à l ’édi t ion del ivres du Consei l des ar ts du Canada, Un sout ien essen-tiel à l ’édition l ittéraire au Canada — www.canadacouncil .c a / N R / rd o n l y re s / A 8 C 2 DA D 7 - 2 5 7 4 - 4 8 1 8 - 8 3 B 0 - C 5 F1C265618E/0/edit ion_l ivres_reponses. doc — p. 3.

Phyl l is Aronof f est prés idente sor tante de l ’ATTLC.

La rémunérationdes traducteurs littérairesau Canada

Par Phyllis Aronoff*

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T his is a question that I am often asked early inthe semester by some anxious students, invari-

ably at the break, in my course entitled Réalités pro-fessionnelles. Usually to their chagrin, they discoverthat this seemingly straightforward question elicitsmuch more information than the simple answer theyexpect.

Rates, like textual features such as text type, textlength, text audience, and others, are a key aspect ofsuccessful translation work. However, before evenbeginning to address this issue, it is important torecognize the underlying concerns voiced by thequestion: fear of a missed opportunity to venture outinto the “real world,” and bewilderment about thecapricious nature of translation rates. Studentsexpect a pat answer from the instructor of a coursedealing with the realities and intricacies of the trans-lation marketplace. Alas, this is not the case.

Initially, students fail to see the need for my com-plex approach, given the numerous official and unof-ficial information sources that exist: governmentagencies, private translation agencies, numerous Internet sites and blogs all publish rates. There aresliding rates, fixed rates, “rip-off ” rates and the“going” rate, and everyone has a friend or a distantcousin who charges X or Y cents a word.

In a pedagogical setting, however, it is my re-sponsibility to address the issue on a deeper level,explaining the parameters and principles at play. Asa full-time reviser and lecturer whose role is to helpbridge the divide between university and the market-place, I need to both caution and encourage stu-dents, and at the same time impart guidelines andteach respect for our profession.

This is all the more necessary because many stu-dents accept work before their studies are over, eventhough they might not be ready, and few think totake the necessary precautions.

Below are some of the pricing principles andcaveats that I refer to in my course.

Quality: the first priorityMy approach is based first and foremost on the

notion of quality. This aspect is non-negotiable, andone of the principles I insist on. While I understandthat students are keen on making money, I explain tothem that this question will take care of itself if theyproperly address other important aspects first.

The highest level of quality is attained by workingin your primary language, preferably in your mother

tongue,1 and by enlisting the assistance of a profes-sional who is prepared to devote time and effort torevising your work.2 The benefits of revision aremany, including consistent quality, which allowstranslators to keep their clients and, specifically forstudents, the possibility of receiving detailed expla-nations, which are part and parcel of the learningprocess. This process, which begins in university,must continue once students graduate, as it really isthe cornerstone of a solid and successful career.

Perils and pitfallsBlind unconditional acceptance of work is a

common pitfall. In their quest for experience, stu-dents are inclined to accept any contract that comestheir way, and under any condition. This approach isfraught with peril, as young translators sometimesdiscover that, once underway, the text is far too diffi-cult for them, resulting in missed deadlines, workthat is poor in quality, and unfortunately a tarnishedreputation (right at the beginning of their careers).The illusion of acquiring easy experience can comeat a heavy price.

Price undercutting is another enduring illusion.At times, students resort to this tactic to obtainwork, but the pleasure of snagging the contractfades once they realize that the rate makes it impos-sible for their translation to be revised by a qualifiedprofessional. Young translators sometimes learn theimportance of revision the hard way when applyingfor positions, discovering that some companies donot consider unsupervised work as “experience.”

Another peril is charging very low rates, based onthe misconception that this makes them more easilymarketable. Many students also feel that cheap ratesare consistent with their status of novice translators.What they fail to realize is that while price is nego-tiable, quality is not. It cannot be compromised.Clients will demand quality even if they pay below-market rates. This results in a vicious cycle, as the onlyway to be profitable when charging low rates is to pro-duce high volume. However, the low-rate high-volumecycle not only devalues both the task and the profes-sion, it can also sap morale and lead to negligencewith regard to the end product. Young translators arethus discouraged from delving deeply into a given sub-ject, and this robs them of one of translation’s greatappeals: being paid to learn new things every day.

In the end, rates are inextricably linked to theissue of professionalism. Long-term profitability is

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Maur iz io Fanucchi i s a rev iser at Banque nat ionale groupe f inancier. He a lso teaches at Univers i té de Montréal .

“Sir, I just got a contract.How much should I charge my client?”

D O S S I E R L A T A R I F I C A T I O N

Many students accept work before

their studies areover and fall into

common trapssuch as price

undercutting andvery low rates.

By Maurizio Fanucchi

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attained only by working hard and learning the ropesfrom experienced professionals. Acquiring a solidknowledge base ensures speed since research re-quirements diminish, which allows translators to pro-duce greater volumes and become more profitable,without sacrificing quality.

IntrospectionBesides these principles and caveats, there are

other considerations, no less important, that need tobe addressed. I call these inner or introspective con-siderations, as establishing the rate requires stu-dents to have a certain amount of self-assessment:• Have they established or can they establish

the level of difficulty of the text?• Are they familiar with the field? (Highly technical

texts command higher rates as they require specialized knowledge.)

• Are they aware of, and do they have access to available resources?

• Can they call upon a resource person for assistance?

How much should I charge?With the Internet and globalization, contracts

abound, but there is no such thing as a global, uni-fied rate. In the Canadian marketplace, rates run from10 cents per word and lower to over 35 cents – arather wide range. What is the rate they would becomfortable with, setting aside at least a third of

their fee for revision? Therein lies the crux of thequestion.

Establishing the rate involves a combination ofall these interconnected factors:

My final advice to students is to charge profes-sional rates, and to use part of their fee to pay forthe services of a bona fide reviser. I also counsel pa-tience, telling them they will quickly earn a very goodliving once their career is properly launched, by pro-ducing quality work at a rate that is acceptable forboth them and their clients.

1 . According to convent ional wisdom and general ly heldopin ion, t rans lators should work into thei r main lan-guage, a l though many t ranslators depar t f rom th is con-vent ion based on the dynamics o f the marketp lace .Translat ion into the second language is prevalent insome contexts , very much so in Québec. This facet oft ranslat ion is of interest to researchers in severa l coun-t r ies , inc luding Austra l ia and Spain.

2. A form of unof f ic ia l mentor ing

By Wallace Schwab, C. Tr., C. Term.

In this short essay, well-assessed translation ratesconstitute the challenge and PC tools are the dumb

waiters. But before jumping into this complex subject,how do you, yes, you the reader, position yourself onthe sliding scale of “going rates for translations”?

To answer this question, might I suggest a smalltest to be repeated 3 or 4 times to enhance aware-ness of your own assessment capabilities? For thisyou will need 3 or 4 typical texts – 500 to 800 words– taken from your familiar on-going translations.Before translating them and not all on the same day,carefully note the number of words in each text, andthen clock the time taken to perform each transla-tion. Calculate the average number of words con-tained in all 3 or 4 texts and the average timerequired to do them all. You now have an interestingpersonalized benchmark relating time to volume and

vice versa. Granted, this is a pure approximation, butsufficient to relate rates as (1) a function of time (anhourly rate) or (2) volume (a per-word rate) or (3)time plus volume (a flat rate). Now, in order tochoose which option may serve you best, you mustread: De Vos, Le Blanc, Décarie, Lavallée, and Cohenin this issue of Circuit.

Enter the PC The word counter has delivered us from the hor-

rors of manual counts. Well-built, easy to query on-line dictionaries and lexicons cut out tedious manuallook-ups. Plus equally well-built bi-text memorybanks yield valuable contexts and occasionally off-the-shelf translations that fit neatly into work inprogress. Up-to-date language processing software

Wallace Schwab i s a Cer t i f ied Translator and Terminologist . As a Québec C i ty member of OTT IAQ (and i ts predecessor STQ) s ince 1972, he haspar t ic ipated in and pres ided over many committees and act iv i t ies .

Translation Rates and PC Tools

M

arket Conditions

Quality

Per

ils

Illusions

Introspection

RATE

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even provides statistically based analyses of relativeoccurrences and lists term and segment repetitionsthat may be pasted directly into your current pro-ject... in other words, possible quick money in thebank. However, some informed clients will supplyyou with their proprietary term and segment banks,accompanied by a confidentiality clause prohibitingyou from using them elsewhere. These considera-tions directly impact which of the preceding threeoptions you may want to choose.

We are engulfed in a Computer-Assisted Transla-tion market (CAT tools, or (TM) Translation MemoryTools), also Machine Translation (MT) tools, and ahost of other automated service providers. As a sea-soned translator-terminologist, I prefer discussingthe latest CAT tools that I feel offer the best possibili-ties for your immediate return-on-investment. Thefocus begins with two Canadian champions, plus twooverseas pioneers in the field.

CAT ToolsTerminotix is an Ottawa, Ontario-based company

that has developed a line of products that revolvearound LogiTerm, which in its infancy was just atranslation memory but is now a popular full-blowntranslation processing manager. On the other side ofthe Ottawa River, MultiCorpora R&D has establishedits North American headquarters in Gatineau,Québec. Its flagship product, MultiTrans, has alsoevolved from modest beginnings into a highly devel-oped and much used, front-line CAT tool, also ad-mired by its users. Both of these softwareapplications accomplish similar translation tasks, yeteach application goes about doing it in its very ownproprietary way. MultiTrans and LogiTerm both havetotally distinct and independent designs, yet theyshare common objectives, which include tools for in-voicing. The well-advised Canadian translator hasevery interest in becoming acquainted with one orboth of these home-grown world-class instruments.

Whether in Canada or abroad, all contemporaryCAT tools have evolved in one way or another fromthe pioneering efforts of Translation Manager (IBMGermany, circa 1991-2 and still alive on the Internet),and the innovative ATRIL (1993), a Madrid, Spain-based company whose revolutionary Déjà Vu prod-uct is still a market leader. Today’s players include asmorgasbord of free and proprietary products thatthe reader will find listed at: http://en.wikipedia.org/wiki/Computer-assisted_translation#Translation_memory_software.

Invoice and Translation AcceleratorsTo facilitate invoicing, all CAT tools offer their

own approach to automated book keeping, which inmost cases includes a source-text analyzer produc-ing valuable data on document content: a numericbreakdown of the total number of segments (sentences/

clauses) and words (terminology) that tally up;exact, close, fuzzy or no matches with prior records(memory banks) on file. Before even reading asource text, the translator has a solid grasp of what’scoming. Scheduling terminology research, the trans-lation itself and converting data into the “goingtranslation rate” for client invoicing all become tribu-taries of the source-text analyzer report. And don’tforget, if you have mastered your own time-volumeassessment capabilities, then everything fits into awell-designed pattern, framed within the context ofyour needs. The parameters for your invoicing arelaid out before you.

Machine Translation (MT) SoftwareOriginally the unrealistic hope of day-dreaming

linguists, then the bane of users stuck with unsatis-factory software, the now 40-year-old dream of work-able, usable, machine translation is definitelycoming of age. Go to http://en.wikipedia.org/wiki/Machine_translation for an interesting list of prod-ucts. Two attention-grabbing products, Systrans andReverso Pro merit note, owing to their longevity inthe marketplace and the undying faith of their sup-porters. Many have used Reverso Pro and Systransfor translating long lists, inventories and other un-complicated enumerations and, not only do thesetools work just fine, the per-word return-on-invest-ment is, well, delightful! Also if MT terminologybanks are adapted, then copied into a CAT tool termbase, or vice versa, some interesting translation ac-celerators may be observed, also with an impact oninvoicing. To do this, however, some clever file trans-fer parameters must be built. Without going to suchtrouble, some CAT tools are now incorporating anadapted version of Systrans for increased flexibilityinto what originally was just a translation memory,thereby offering syntactic transformations previouslyunavailable. Voilà, more money in the bank!

As for other automated service providers men-tioned above, I will leave that to the curiosity of you,the reader, to inform me. This field’s expansiondefies description, and it takes more than one lonetranslator to keep up with the breathtaking pace.

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S U R L E V I F C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R E V E R E N A U D

L e Bureau de la traduction dugouvernement canadien cé-

lèbre cette année son 75e anniver-saire. Ce sera l’occasion pour nosclients et nos employés, partout aupays, de célébrer les nombreusesréalisations qui ont contribué ausuccès et à la vitalité du Bureau.L’occasion de reconnaître l’extraor-dinaire professionnalisme de tantde personnes qui, au fil des ans,ont travaillé à la promotion deslangues et mis leurs connais-sances, leur talent et leur dyna-misme au service du Parlement,des institutions fédérales et detoute la population canadienne. Depar son rôle essentiel, le Bureauest aux premières loges de l’his-toire du Canada depuis 75 ans.

C’est le 1er août 1934 qu’entraiten vigueur la Loi sur le Bureau destraductions. Était-ce le début de latraduction au gouvernement du Canada ? Pas du tout. Il s’y faisait dela traduction bien avant 1934, etmême bien avant la confédération de1867. Mais la décision de regrouperdes services de traduction jusque-làéparpillés dans les institutions parle-mentaires et dans les ministères al-lait devenir un important jalon del’évolution de la profession au pays.

Pour la première fois, cette cen-tralisation permettait de donner unedirection unique à la profession àl’intérieur de l’appareil gouverne-mental, de rationaliser les pratiques,d’assurer un meilleur service à tousles ministères et organismes et deconstituer un pôle de dotation, deformation et de développementpour la traduction. Quant aux tra-ducteurs eux-mêmes, ils pouvaientdésormais bénéficier de l’entraide etde l’enrichissement professionnelque leur apportait un contact plusétroit avec leurs collègues.

Le Bureau des traductions(comme on l’a appelé jusqu’en1985) a grandi avec le temps, au fildes circonstances et des besoins. Etles professions langagières ontgrandi en même temps que lui.

Par exemple, en 1953, le premierservice de terminologie au Canadavoyait le jour au Bureau : c’était uneétape marquante pour la professionde terminologue que l’on connaîtaujourd’hui. Avec le temps et lesprogrès technologiques, ce petit ser-vice est devenu l’une des principalessphères d’activité du Bureau. En fé-vrier 1968, on assiste à la naissanced’un périodique phare alors intituléL’Actualité terminologique qui n’apas tardé à se tailler une réputationdurable. Il est maintenant connusous le nom de L’Actualité langa-gière et l’an dernier, on a soulignéses 40 ans d’existence. Puis, à la finde 1975, en collaboration avec l’Uni-versité de Montréal, le Bureauadopte la première version d’unetoute nouvelle banque de terminolo-gie, appelée TERMIUM, devenue aufil de ses versions successives unoutil de travail incontournable pourtous les langagiers professionnels.

Le 16 janvier 1959, un autre évé-nement fera époque alors qu’uneéquipe d’interprètes du Bureau dé-bute à la Chambre des communes.Si, de nos jours, les services d’inter-prétation sont devenus un élémentindispensable des délibérations par-lementaires, des conférences inter-gouvernementales et de nombreuxcongrès, c’est en grande partie grâceau professionnalisme démontré il y acinquante ans par ces pionniers.C’est pourquoi nous célébrons cetteannée non seulement les 75 ans duBureau de la traduction, mais aussile cinquantenaire de l’interprétationparlementaire.

En 1963, le Bureau ouvre à Mont-réal son premier point de servicehors de la région de la capitale

fédérale. Une dizaine d’années plustard, les professionnels du Bureauseront présents dans toutes les ré-gions du Canada.

Puis en 1969, l’histoire du Bu-reau et de toute la profession au Ca-nada prend un virage fondamentalquand le gouvernement canadienadopte la Loi sur les langues offi-cielles. Dès lors, le bilinguisme ins-titutionnel est la règle au sein de l’État fédéral canadien, ce qui créetout à coup d’immenses besoins entraduction et en interprétation. De1969 à 1973, l’effectif du Bureaudouble, et c’est par centaines quede nouveaux langagiers se joignentau Bureau et à la profession. Afin deformer cette nouvelle génération deprofessionnels de la langue, le Bu-reau institue, de concert avec uncertain nombre d’universités, le premier programme de boursesd’études en traduction. D’ailleurs,bon nombre des langagiers issus decette génération exercent encore laprofession à l’heure actuelle.

Les trois dernières décennies ontentraîné le monde entier dans unerévolution technologique sans pré-cédent, qui ne cesse d’accélérer. LeBureau a emboîté le pas et continue,même de nos jours, à diversifier sagamme de services professionnels

BUREAU DE LA TRADUCTION

Soixante-quinze ansde passion des langues

pour répondre aux nouveaux be-soins de notre époque. Que l’onsonge simplement à la traduction as-sistée par ordinateur, à la traductionet à la localisation de sites Web, à lareconnaissance vocale, à l’interpré-tation en langue des signes ou ausous-titrage en direct, le Bureau estresté un laboratoire d’où provien-nent des innovations de toutessortes dont bénéficie l’ensemble dela collectivité langagière.

Depuis 75 ans, le Bureau est lefer de lance du gouvernement fédé-ral en matière linguistique et contri-bue au rapprochement des di-verses collectivités culturelles. À cetitre, son rôle unificateur au sein del’appareil fédéral et de la sociétécanadienne en général est remar-quable. De nos jours, la mondiali-sation et la multiplication des com-munications ouvrent la voie à unensemble de possibilités qui res-tent à découvrir et à exploiter. Dansce contexte, le Bureau met tout enœuvre pour sans cesse se renouve-ler en tant que partenaire des ins-titutions fédérales et autorité lan-gagière reconnue.

Le Bureau de la traduction estfier de ces 75 ans de passion deslangues et envisage l’avenir avec enthousiasme.

Francine Kennedy est prés idente-di rect r ice généra le du Bureau de la t raduct ion.

Par Francine Kennedy

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Il est un lieu étrange et très peufréquenté. Par le plus grand

hasard, j’en ai trouvé la clef. Et voilàque pour vous, le portail est ouvert.Soyez les bienvenus au glossuaire,du grec glôssa, langue, et « os-suaire ». Bref, une sorte de cime-tière pour vocables ou expressions.

Comme dans un cimetière habi-tuel, il arrive que les stèles soientgravées, par économie, avant le der-nier souffle de celui qui est attendu.Vous constaterez par ailleurs quecertains mots ont eu l’heur d’inspi-rer de grands auteurs. C’est ainsique Shakespeare a rédigé l’épi-taphe de Windows. Ne vous surpre-nez pas : le temps ne compte pasdans ce genre d’endroit.

Je vous souhaite bonne prome-nade, en vous prévenant toutefoisque vous vous sentirez sans douteplus à l’aise si vous admettez, letemps de vos déambulations, qu’unmot disparaisse en même tempsque la chose qu’il avait mandat denommer.

GaminetThe world little noted, nor long remembered.

Abraham Lincoln (Gettysburg Address)

Windows1985 –

Viruses, as strong as traitors’ arms,Quite vanquish’d it ; then crashed your computer.

Shakespeare (Julius Caesar)

Échéance généreuse21 janvier 2009 – 19 janvier 2009

L’affreux tombeau jamais ne la dévoreElle renaîtra, toujours, plus rapide que l’aurore.

Racine (Esther)

VacancesDécembre 1995, 1996, 1997, 1998, etc.

Ne vivent pas encore et ne naîtront jamaisCes mortelles qui apporteraient la paixAu pays des traducteurs.

L’Odyssée, livre VI

Grasse matinée1er janvier, 6 h – 1er janvier, 6 h 5

Et rose elle a vécu ce que viventles roses,L’espace d’un [petit] matin.

François de Malherbe (Consolation à M. du Périer)

Disquette1974 – 1998

Ci-gig un instrument qui ne faisaitpas le poids.

Anonyme

OS/21987 – 2005

In memoriam – Système d’exploitation IBM-MicroSoft

Quoique le sort fût pour lui bienétrange, Il vivait. Il mourut quand il n’eutplus son ange. La chose simplement d’elle-mêmearriva, Comme la nuit se fait lorsque lejour s’en va.

Victor Hugo (Les Misérables)

BabelFish1997 –

Frères humains qui après nousvivezDe nous n’ayez aucune pitié :Sans cesse nous avons produitDe ci, de là, selon que le moteurtournât.De notre malheur, que tous enfinse rient.

François Villon (La Ballade des pendus)

Et vous voilà au bout du glos-suaire. Il ne vous reste plus qu’àvous rendre dans un coin reculé, sivous y tenez, où se trouve unetombe unique en son genre par lemanque de soin apporté à son en-tretien autant que par le soin mis àla dégrader. Elle est marquée parune stèle branlante, lézardée, cas-sée, qui domine un tertre envahi deronces. On y lit difficilement ce qui yfut gravé, car l’inscription s’est es-tompée, au fil des ans et des cra-chats, des jets d’encre, d’œufs et detomates.

« Tombe du mot inconnu« Ci-gît le mot qui demeura lâ-

chement sur le bout de la langueplutôt que d’être connu sur le boutdes doigts ; mot ex memoriam ; motqui noircit son âme à entretenir lapage blanche ; le traître mot qui neput être prononcé, dit, décroché oupipé ; celui qu’on ne souffla pas ; lebas mot ; le mot tu qui cousit labouche ; le momifié ; le mnémofuge ;le mot qui se déroba à l’heure H, encabine ou devant le clavier. »

Bien sûr aucune flamme n’ybrûle. L’enfer s’occupe de tout cequi y est inhumé.

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S U R L E V I F C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R E V E R E N A U D

20-21 novembre 2009, Montréal (Canada) – Congrès annuel de l’OTTIAQ et journée de formation con-tinue. www.ottiaq.org

25 – 27 novembre 2009, La Havane (Cuba) – 10e Symposium de traduction littéraire de l’Asociaciónde Escritores UNEAC. [email protected]

20 – 22 mai 2010, Montréal (Canada) – Médiations transculturelles dans les espaces ibéro-américains –Langues, littératures et traduction. Université de Montréal, Département de littératures et de langues modernes. http://medtrans2010.wordpress.com/2009/06/20/medtrans2010-francais/

28 – 30 mai 2010, Montréal (Canada) – 23e Congrès annuel de l’Association canadienne de traduc-tologie. « Research Methodology in Translation and Interpretation Studies ». Université Concordia. Pourinfo : [email protected]

� É c h a p p é e s s u r l e f u t u r

Par Eve Renaud, trad. a. (Canada)

Notes et contrenotesPromenade au glossuaire

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L A P O I N T E-G I G U È R E, Michel ine, encol laborat ion avec l ’Off ice qué-b é c o i s d e l a l a n g u e f ra n ç a i s e ,Vo c a b u l a i re d e s re l a t i o n s p ro -f e s s i o n n e l l e s f ra n ç a i s - a n g l a i s ,Presses Internationales Polytech-nique et Gouvernement du Qué-bec, 2009, 191 p.

C omme suite au carnet Pour uneconvention collective… en bons

termes, de la même auteure, le Vo-cabulaire des relations profession-nelles français-anglais nous proposeune nomenclature de 418 articles oufiches terminologiques sur ce qu’ilconvient d’appeler les relations pro-fessionnelles, à savoir « les diffé-rents rapports qui s’établissent dansle cadre du travail entre les salariéset l’employeur, les organisationsqui les représentent et l’État ».Bien entendu, l’ouvrage offre desexplications sur les différencesd’appellation entre relations pro-fessionnelles et relations du tra-vail, ainsi qu’une note explicativesur les différences sémantiquesentre « relations de travail » et« relations du travail ».

Outre la panoplie, et l’artillerielourde pourrait-on dire, des termesdes conventions collectives, de l’or-ganisation du travail, de la rémuné-ration et des différents types de tra-vail : « à la pièce », « à tempspartiel », « à temps plein », « àtemps réduit », « en trois-huit »(d’usage plus restreint), « paréquipes », « sur demande » ou « àla demande », on trouve aussi dif-férents termes du domaine dudroit, comme les classiques« amender » et « modifier », deuxemplois distincts de « faute profes-sionnelle », et des termes plus

généraux dont il est toujours utilede distinguer les nuances comme« expert », « spécialiste », « pro-fessionnel », « client », « usager »,« clientèle », « supérieur immé-diat » et « supérieur hiérarchique »ou « échelle salariale » et « éche-lon » ; ou tout simplement qu’il importe de connaître (« supplanta-tion » pour bumping, « astreinte »pour stand-by) ou d’éviter (*as -signation pour « affectation ») entraduction, et de nombreux autrestermes généraux propres aux en -treprises et à l’administration publique.

Des notes, toujoursplus de notes

Au-delà de tous ces termes fortutiles aux langagiers, et qui sont,rappelons-le, au cœur de l’exercicequotidien de nos professions, untrès grand nombre de fiches comp-tent en outre des notes explicativesou encyclopédiques qui émaillent lediscours terminographique à voca-tion utilitaire, forcément neutre surle plan idéologique. La multiplica-tion des notes terminographiques,ici, est à rapprocher des tableaux etautres éléments souvent utiles, par-fois décoratifs, mais toujours ins-tructifs, qui agrémentent la lecturedes ouvrages dictionnairiques. Et lephénomène est plutôt bien repré-senté dans l’ouvrage puisque l’oncompte, à vue de nez en tous lescas, une note dans presque toutesles fiches, et très souvent, deux outrois notes par fiche. Avec leur trèsgrand nombre, c’est à se demandersi la forme ne dessert pas le fondpuisque ces explications portenten fait sur les véritables enjeux et

débats ancrés dans les termes etexpressions vedettes et que leurcontenu est véritablement au cœurdes connaissances sur lesquelless’appuie notre professionnalismeet notre savoir-faire, alors mêmequ’elles prennent la forme de com-mentaires dans la marge.

Did you mean code ofpractice, ethical code,or code of conduct ?

Pour certains éléments de la no-menclature, l’auteure a mêmepoussé l’audace terminologiquejusqu’à différencier ou à décriredes notions plutôt difficiles à saisir,ou au contraire très riches encontenu, comme « reconfigurationdes processus », reengineering, oubien que l’on confond souvent.C’est le cas, par exemple, desnuances, voire des subtilités, quicaractérisent le sens des expres-sions « code de conduite », « codede déontologie » et « coded’éthique ». C’est vrai que « codede déontologie » se démarque dupeloton assez facilement par saportée nécessairement réglemen-taire et socioprofessionnelle (horsentreprise), ce qui est moins vraides deux autres. Mais tout cela se-rait si facile si ce n’était du coupleanglais « code of conduct » et« code of ethics » qui se superposeet chevauche de façon inégale notretrio (une note explicative — encoreune ! —, présente d’ailleurs trèsbien le phénomène). Même si lesnuances sont ici très bien expli-quées par l’auteure — la qualité desdéfinitions est irréprochable —,l’enchevêtrement étroit de cer-taines notions fait en sorte qu’il

devient très facile de s’y perdre ensituation concrète où, trop souvent,les rédacteurs, sachant qu’ils mar-chent sur des œufs, n’hésitent pasà jouer sur l’imprécision et l’ambi-guïté, quand ce n’est pas qu’ils setrompent carrément.

Toutes ces raisons renforcentl’aspect vraiment pratique de cet ou-vrage, que ce soit pour sortir d’unmauvais pas dans l’analyse de cer-tains cas particulièrement com-plexes, ou encore tout simplementpour avancer dans notre nécessaireet éternel « perfectionnement pro-fessionnel » parmi les méandres descaprices de l’usage. Enfin, on aimebien sûr la richesse et l’à-propos destermes et expressions traités, maisaussi la précision des définitions etla pertinence des notes explicativeset encyclopédiques, malgré leur na-ture plutôt équivoque.

On se procurera aux Presses In-ternationales Polytechnique (www.polymtl.ca/pub/) en attendant depouvoir le télécharger dans la sec-tion Lexiques et vocabulaires auwww.oqlf.gouv.qc.ca.

Par Éric Poirier, trad. a.

Une référence indispensable pourlangagiers débutants et chevronnésVoilà un ouvrage modèle de par sa forme et son contenu : pur produit de la cohabitation de l’édition papier et électronique, à la fois payante et gratuite, dans l’un des rares domaines très fréquentés de la traduction générale, de l’interprétation et de la terminologie appliquée.

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ANDRÉ Roy, Dictionnaire général ducinéma, Fides, 2007, 517 p., ISBN-10: 2762127874, ISBN-13: 978-2762127874

A ndré Roy has worked as a filmcritic for 30 years and is a

member of the editorial board of24 images, the Québec film industry’strade magazine. André Roy’s authori-tative French dictionary fills a void inthe cinema field. It contains over4,500 terms related to film, TV, videoand multimedia, with a special focuson film history. In the foreword, Royrefers to changes in the film industryduring the 14 years that it took him todo the research for the dictionary.Roy is passionate about the history ofcinema. For example, he explains thatciné is an abbreviation for cinéma,which comes from cinématographe,originally a trademark for a device tomake moving images invented by theLumière brothers in 1895, and addsthat the first models were built byJules Carpentier.

By reading the dictionary, Ilearned, among other things, thatcinoche (flicks) is a slang term forcinéma. Students will find refer-ences to famous films and books.When possible, the films are re-ferred to by their French titles, e.g.La mouche (The Fly) by Canadianfilmmaker David Cronenberg (1986).

The book covers basic wordsused in the industry, such as mon-tage in French (translated in Englishas cutting and editing and the mon-tage or final phase) and prise de son(sound take, sound recording). En-tries are in French with French defini -tions and an English equivalent.There is a handy English-to-Frenchglossary at the end of the book. Un-fortunately, the English terms are lim-ited, even though each entry is sup-posed to have an English equivalent.The entry for cinéma d’auteur does

not provide an English equivalent, al-though an English translation exists(TERMIUM PLUS: author’s film).

Intriguing terms suchas pantalon

The word pantalon is an intrigu-ing term with no English equivalentprovided. It is described as anothername for manchon de chargementand sac de chargement. When youlook up manchon de chargement,you find the English equivalent (abarney) and a reference to changingbag, an anglicism used in France, aswell as a definition in French. By theway, TERMIUM PLUS gives changingbag as the translation for manchonde chargement.

In some cases, the author writes“terme n’ayant pas d’équivalentfrançais” (e.g. co-starring—unfor tu -nately written with only one “r” inthe main entry) and, in other cases,he proposes a French translation foran English expression, e.g. direc-tor’s cut = montage du film assem-blé par le cinéaste. He notes thatprequel is an anglicism which iscommonly used in French instead ofthe recommended term, antépisode.

I must admit that I was disap-pointed because Roy has no entryfor humour noir (black comedy). Inthe glossary, I discovered that hetranslates black comedy as comédiedramatique.

In some cases it is easier to lookterms up in the English-to-Frenchglossary first, such as best boy (chefélectricien adjoint, sous-chef élec-tricien), which I did not find in themain part of the dictionary. Hint: Inmany dictionaries, you can findterms not listed from French to English by making an educatedguess and looking them up from

English to French. I also think thatthe Dictionnaire général du cinémaneeds to be expanded to includemore fascinating showbiz speak fortranslating film titles and headlines.However, as I said before, it meets aneed.

If you are looking for an Englishfilm glossary, I recommend Variety’sSlanguage Dictionary at www. variety.com/index.asp?layout=slanguage. It is also worthwhile visitingthe website for 24 images, whereyou will find numerous essaysby André Roy at www.revue24 images.com.

A Dictionary for Lovers of the Seventh ArtDid you know that monstre sacré means a super star, superproduction is the translationof blockbuster or that a cinéphile is a film buff?

By Barbara McClintock, C.Tr.

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DE VILLERS, Marie-Éva, Multidiction-naire de la langue française, 5e éd.,1 707 p., QUEBEC/AMERIQUE, ISBN :9782764406236 (2764406231)

Depuis maintenant 20 ans,Marie-Éva de Villers poursuit

un objectif ainsi défini avec sonMultidictionnaire : « … un moded’emploi de la langue françaisesous toutes ses facettes le plusclair et le plus complet possible ».Et le difficile pari de persister à côtédes grands semble réussi : l’accueil réservé à l’ouvrage — plus de750 000 exemplaires vendus au

Québec et en France — démontrequ’il répond à un réel besoin, notam-ment grâce à deux de ses caractéris-tiques, soit la présence de termespropres au français québécois etde notes explicatives, qui règlentrapidement nombre de problèmesd’écriture. D’ailleurs, pour cettetoute nouvelle édition, Marie-Évade Villers a eu recours à un vastecorpus de textes informatisés, dontceux de la presse écrite d’ici etd’ailleurs dans la francophonie, demême qu’à des fiches du Grand dic-tionnaire terminologique de l’Office

québécois de la langue française, cequi lui a permis d’enrichir la nomen-clature de nouveaux termes d’usagecourant (accommodement raison-nable, bobo, écobilan, végétaliser).

D’une façon qui a toujours re-vêtu un grand intérêt pour les langa-giers, le Multi a très bien su éclairerles lecteurs à la recherche d’une ex-pression juste ou désirant validerune information linguistique. Mais lalexicographe n’en est pas restée là,et elle s’est vite affranchie de cettevocation strictement corrective pourdécrire aussi le français de toute lafrancophonie : « … le Multidiction-naire décrit le français de tous lesfrancophones ainsi que le bon usagequébécois. ». Sans entrer dans ledébat à propos de la norme, on peutreconnaître que, depuis 20 ans, leMulti apporte une pierre marquanteà l’édifice de la lexicographie québé-coise, et encore plus avec cette cin-quième édition.

Une séried’innovations

La nouvelle édition propose eneffet une série d’innovations, d’unepart des citations littéraires de grandsauteurs, depuis Anne Hébert jusqu’àGeorge Sand, de même que des extraits de la presse écrite québé-coise et française pour illustrer cer-taines entrées, et d’autre part, un sys-tème de notes élargi. Les citationssont destinées à « éclairer le sens decertains mots propres au français duQuébec », par exemple : « En m’aper-cevant, la corneille s’est enfargéeune aile dans l’autre et a trébuché(Félix Leclerc). »

Les notes, fort nombreuses, couvrent la majeure partie des problèmes des usagers. À titre

Le Multi nouveau : un ouvrage de référence novateurAvec 2 000 nouveaux articles et 2 500 articles enrichis,la cinquième édition du Multidictionnaire de la languefrançaise propose une véritable refonte de cet ouvragede référence polyvalent.

d’exemple : notes grammaticales —l’accord du participe passé de tousles verbes pronominaux; notes ortho-graphiques — les graphies difficilescomme déjeuner et jeûner ; notes sé-mantiques — la nuance entre supplé-mentaire, additionnel et complémen-taire ; notes syntaxiques — le choix dela préposition suivant le mot haine ;notes techniques — il existe deux es-pèces d’achigan, à petite et à grandebouche; et notes typographiques —la place du point d’exclamation. LeMulti propose aussi de nouveaux ta-bleaux (134 en tout), une méthodetrès visuelle pour illustrer la conjugai-son des verbes ou des difficultés par-ticulières, que ce soit l’écriture desgrands nombres, l’emploi des termesquelque et tout, les grades et di-plômes universitaires, ou encore lesRectifications de l’orthographe.

Publiées en 1990, les Rectifica-tions de l’orthographe touchent en-viron 2 000 mots. Le Multi fait lechoix d’intégrer dès l’entrée cellesqui sont passées dans l’usage, soitenviron 60 % : à titre d’exemple, ar-tefact, aigüe, basketball… Quantaux autres, elles figurent en fin d’ar-ticle, à titre indicatif.

Un avantageindéniable

L’ouvrage présente un avantagequ’il est seul à offrir : une nomencla-ture englobant les usages d’ici,y compris les formes fautives avecrenvoi à la forme correcte, ainsiqu’une foule de renseignements pra-tiques, à savoir québécismes (encan -teur), anglicismes (empowerment-autonomisation), prononciation(h muet ou aspiré), sans oublier lescooccurrents, les marques d’usage,les locutions, les homonymes, les synonymes, les antonymes, et biend’autres choses encore. La manneest très riche, ce que confirme Jean-Claude Corbeil dans sa préface :« Le souci est de fournir à l’usagerles renseignements les plus sûrs, delui proposer une solution quandles avis sont partagés, non sans savoir qu’il demeure libre de faireses propres choix, à ses risques etpérils, mais, cette fois, en connais-sance de cause. »

Solange Lapierre

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Le Monde électronique des dictionnaires

Le Robert

Une gamme de référence

Disponible chez Documens1-888-619-9223

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Canada-QuébecARCHIBALD, James (dir.), Langue

et localisation, Politiques, straté-gies et pratiques, Linguatech,Montréal, 2009, 134 p., ISBN 978-2-920342-58-3

L’ouvrage privilégie des étudespointues sur la localisation, tant desites institutionnels que commer-ciaux. La place et le rôle du françaisen contexte de localisation dansplusieurs zones géographiques etde coprésence de diverses languessur la Toile constitue l’un des pointsclé de l’ouvrage.

BERGERON, Marcel, avec la coll.de Julie ADAM, Vocabulaire des systèmes de transport intelligents(STI), OQLF, Québec, 2008, ISBN9782550528296

Document de référence présen-tant la terminologie touchant les sys-tèmes de transport intelligents (STI),de manière à rendre compte de l’ar-chitecture canadienne des STI et enparticulier de son application dansle contexte québécois. (www.granddictionnaire.com et www.oqlf.qc.ca)

DE VILLERS, Marie-Éva, La Nou-velle grammaire en tableaux et unrecueil de conjugaison, 5e éd., Québec-Amérique, 2009, 344 p.,ISBN 978-2-7644-0690-8

La nouvelle édition, touteblanche comme le nouveau Multi, aété entièrement revisitée : 135 ta-bleaux incluant de nouvelles syn-thèses, notamment la concordancedes temps, le discours rapporté, lesfamilles de mots, la formation dupluriel et du féminin des adjectifs, laprogression de l'information, la re-prise de l’information… et 38 ta-bleaux bonifiés.

RIOPEL, Diane et Clément CRO-TEAU (OQLF), Dictionnaire illustrédes activités de l’entreprise (fran-çais-anglais) Industrie, techniqueset gestion, Presses internationalesPolytechnique, 2008, 768 p., ISBN978-2-553-01410-9

La nomenclature de 18000 termesgravite autour d’une soixantaine dedomaines grâce à la collaboration departenaires et d’organismes qui ontvalidé l’information. La terminologieillustrée de la manutention et de l’en-treposage est la pierre angulaire dudictionnaire. (Plus 500 illustrations etindex anglais-français)

Français – Usages

DELERM, Philippe, Ma grand-mère avait les mêmes, les dessousaffriolants des petites phrases, éd.Points, Paris, 2008, 93 p., ISBN978-2-7578-0837-5

Recueil de petites phrases toutesfaites, du type « Moi j’ai bien aimé »ou « Je voulais voir ce que c’était »pour s’excuser d’apprécier un livre, unfilm, une émission que tout le mondecritique – lieux communs qui en disentlong sur des habitudes, des traverspartagés par tous.

REY, Georges-François, Sauterdu coq à l’âne ! Petite anthologiedes expressions animalières, AlbinMichel, Paris, 2008, 192 p., ISBN2226186735

La langue fourmille de réfé-rences au monde animalier, pas tou-jours employées à bon escient…Certes, il n’y a pas de quoi fouetterun chat, mais si vous voulez avoir un

succès bœuf en société, ce recueilpropose 300 expressions dont l’ori-gine peut surprendre…

English Language

BLOUNT Jr., Roy, Alphabet Juice,Farrar, Straus and Giroux ed., 2008,384 p., ISBN-10 : 0374103690,ISBN-13 : 978-0374103699

The title Alphabet Juice derivesfrom the author’s contention thatsound and sense are often strikinglyrelated. Good diction thus tends tobe “sonicky”, Blount’s neologismfor that “quality of a word whosesound somehow sensuously evokesthe essence of the word: queasy orrickety or zest or sluggish or vim.

Oxford American Writer’s The-saurus, Second Ed., Oxford Univer-sity Press, 2008, 1,128 p., ISBN13 :9780195342840

This new edition of the OxfordAmerican Writer’s Thesaurus includesmore than 300,000 synonyms and10,000 antonyms, with real-lifesample sentences and careful selec-tion of synonyms. Additional fea-tures include notes on American English usage and word spectrums.

ELLIS, Roger, The Oxford Historyof Literary Translation in English,Vol. 1 : To 1550, 2008, Oxford Univer-sity Press, ISBN-13 : 978-0199246205, ISBN-10 : 0199246203

This pioneering five-volumework casts a vivid new light on thehistory of English literature.

Enseignementet traductologie

FROGER, Nadine, Questions destyle et jeux de mots, Ellipses,Paris, 2009, 128 p., ISBN 978-2-7298-4253-6

Sont proposés une trentained’exercices de style : citations d’au-teurs connus et reconnus, exercicesd’entraînement et jeux de lettres cor-rigés, ateliers d’écriture pour mettreen œuvre les figures étudiées.

RISTERUCCI-ROUDNICKY, Danielle,Introduction à l’analyse des œuvrestraduites, Colin, coll. Cursus, 2008,224 p., ISBN-13 978-2200345327

L’ouvrage aborde l’étude destextes traduits, quelle que soit lalangue d’origine, sans nécessaire-ment connaître la langue de l’origi-nal. L’œuvre traduite est envisagéepar ses contextes, sa confrontationavec l’original et les signaux textuelset intertextuels. L’auteur proposeune analyse assortie d’exercices.

Sites Internet

Synonymes(www.synonymes.com/index.html) :La société Blue Painter, mettant sonexpérience à son propre service,réalise depuis plus d’une décenniedes sites Web. Synonymes.com estl’une des ses réalisations.

The Visual Dictionary Online(http://visual.merriam-webs-ter.com/)

It is worth a look, especially bychildren. A quick glance at the indexis all it takes to connect wordswith images. Explore the 15 majorthemes to access more than6,000 images and see words likenever before.

Solange Lapierre et Barbara McClintock, C. Tr.

� N o u v e a u t é s l i v r e s

Pour la plupar t, les rubriques ci-dessuss’ inspirent des sites Web des éditeurs.Les consulter pour plus de détai ls.

D E S L I V R E S C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R S O L A N G E L A P I E R R E

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L e 6 décembre 1990, le Journalofficiel de la république fran-

çaise publia les dernières rectifica-tions orthographiques proposéespar le Conseil supérieur de lalangue française. Ces rectifications,connues aussi sous l’appellation« Réforme de l’orthographe », ontété approuvées à l’unanimité parl’Académie française. De plus, leConseil international de la languefrançaise, le Conseil supérieur de lalangue française et de la politiquelinguistique de la Communautéfrançaise de Belgique et le Conseilde la langue française du Québec yont apporté leur appui1. La réformetouche plus de 2 000 mots ainsique l’accord du participe passé duverbe laisser suivi d’un infinitif2.

Les modifications n’ont pas étéimposées, elles ont été recomman-dées. Par conséquent, l’ancienneorthographe reste correcte, dumoins pour le moment. En effet,l’Académie française se réserve ledroit d’infirmer ou de confirmer lesrecommandations. En principe,l’usage devrait trancher, or il est loind’être établi. On constate d’ailleursque la plupart des francophonesignorent tout de la réforme.

La réforme etl’enseignement

Il faut dire que les États n’ontpas fait beaucoup d’efforts pourpromouvoir la nouvelle orthographeauprès de la population et encoremoins pour l’enseigner. Ce n’est quedepuis l’année scolaire 2008-2009qu’elle est la référence dans les pro-grammes français. En Belgique, lesprofesseurs sont invités à l’ensei-gner de façon prioritaire depuis l’an-née dernière seulement. Au Québec,enfin, le corps professoral n’a reçuaucune directive ni information àce sujet3. Notons cependant que

l’orthographe révisée est appriseaux futurs enseignants de la pro-vince. En outre, les ouvrages péda-gogiques tiennent de plus en pluscompte de la réforme, ce qui tend àfaciliter le travail des professeurs.

La réforme et les outilsde travail

Les ouvrages de référence tels leLe Nouveau Petit Robert, le Petit Larousse illustré et le Multidiction-naire de la langue française incor -porent à différents degrés les rec -tifications orthographiques. Ainsi,lorsqu’un mot a deux graphies pos-sibles, l’équipe éditoriale du Robert,par exemple, a choisi de proposerd’abord l’orthographe correspondantà l’usage courant plutôt que l’ortho-graphe recommandée ou tradition-nelle. Toutefois, comme l’expliqueAlain Rey : « Chaque fois qu’une mo-dification a paru excessive ou pertur-bante, elle n’a pas été retenue, car cen’est pas au dictionnaire, tenu de re-fléter le bon usage, de jouer les réfor-mateurs par principe, encore moinsles révolutionnaires, ni de suivre lesmodes sans réflexion4. »

Les correcticiels comme Anti-dote, Correcteur 101, Myriade et Pro-Lexis ainsi que les correcteurs de lasuite Office produite par Microsoftet de la suite OpenOffice intègrent lanouvelle orthographe dans leur ver-sion actuelle. C’est l’utilisateur dulogiciel qui est responsable de choi-sir la graphie qui lui convient. Il fautnoter que la plupart du temps l’or-thographe traditionnelle demeurela référence par défaut.

La réforme et la néologie

Les nouvelles règles de l’ortho-graphe n’ont pas seulement commeobjectif la correction d’incohérencesimportantes, l’uniformisation deformes concurrentes et la suppres-sion d’irrégularités évidentes. Ellesvisent aussi à établir des normes quiserviront à élaborer des terminolo-gies et des vocabulaires simples,surtout dans les domaines techno -scientifiques.

Les traducteurs et les termino-logues sont appelés à créer destermes et des mots dans le cadrede leur pratique. Les nouvelles

règles deviennent alors pour euxdes instructions précieuses leurpermettant d’assurer la diffusionde leurs néologismes auprès deslocuteurs.

La réforme dans lestextes des langagiers

De nature prudente, les traduc-teurs et terminologues se fient àleurs ouvrages de référence (sursupport en papier ou électronique)pour vérifier une graphie ou unerègle de grammaire. Ils ont ten-dance à attendre que les auteursdes sources reconnues se pronon-cent et consignent le résultat deleurs raisonnements et de leurs ob-servations avant d’adopter uneforme graphique ou une autre.Pourtant, ce sont des usagers de lalangue qui participent à son évolu-tion. De fait, qu’ils soient réforma-teurs ou traditionnels, leur opinionéclairée compte et contribue à fa-çonner le français. C’est dans leurpratique quotidienne qu’ils forgentla langue de demain et chacun deleurs choix est important. Il estdonc temps qu’ils s’approprientvéritablement le pouvoir créateurqui leur a été donné par la société.

1 . Ces renseignements sont t i rés dus i t e O r t h o g r a p h e r e c o m m a n d é e(www.orthographe-recommandee.info/index.htm). I l s ’ag i t d ’un s i te in for -m a t i f , b i e n s t r u c t u r é e t f a c i l e àconsul ter.

2 . On peut télécharger le Journal off i -c iel de la républ ique française por-tant sur les modif ications à par tir dusi te suivant : www.academie- f rancaise.fr/langue/recti f icat ions_1990.pdf.

3 . Of f ice québecois de la langue f ran-ça ise. Recommandat ions généra lesl iées aux rect i f icat ions de l ’or tho-g r a p h e ( h t t p : / / 6 6 . 4 6 . 1 8 5 . 7 9 / b d l /gabar i t_bdl .asp?t1=1&id=3275)

4. Alain Rey (2008). « L’or thographe :mise au point » dans le site de l ’As-sociation Avenir de la langue fran-çaise, catégorie La vie de la langue :www.avenir-langue-francaise.fr/ar ticles.php?lng=fr&pg=13.

La réforme de l’orthographede 1990… Où en est-elle?

Par Philippe Caignon, term. a., trad. a.

Phi l ippe Caignon est professeur agrégé au Dépar tement d ’études f rançaises de l ’Univers i té Concordia .

D E S M O T S C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R P H I L I P P E C A I G N O N

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L es phénomènes d’expansionimpérialistes européens ont eu

pour corollaire la négation de lalangue du ou des peuples asservis.Dans son ouvrage Linguistique etcolonialisme – petit traité de glotto-phagie, Louis-Jean Calvet soutientque la linguistique a cautionné lefondement idéologique de la supé-riorité de l’Occident sur les peuplesexotiques asservis, en posantcomme postulat la nature supé-rieure des langues européennes dominantes. En effet, cette prédo-minance est sélective : le basque,le catalan, le provençal, le bretonou toute autre langue régionale ouminoritaire ne saurait prétendre ap-partenir aux langues élues. Avantde se projeter hors du continent eu-ropéen, l’impérialisme a fait ses premières armes « intra-muros » enreléguant les langues minoritairesau rang de dialectes et de patois,stigmatisant ainsi leurs locuteurscomme des citoyens de second rangqu’il s’agissait d’éveiller à la cultureen les éduquant dans la langue civilisatrice. Il suffit de penser aubreton ; dans le fondement del’identité nationale française, il estfait référence aux ancêtres les Gaulois, aux druides et à leur savoir,sans retenir la langue bretonne, déclassée au rang de patois. Lalangue d’oc est traitée de la mêmemanière. Les langues romanes« nobles » ne comprennent que lefrançais, l’espagnol et l’italien.

Au XVIe siècle, Malherbe s’étaitdonné pour tâche d’épurer la languefrançaise des emprunts aux languesétrangères, aux langues de l’hexa-gone et aux provincialismes.

Puis vint le temps où les explo-rateurs européens se lancèrent à laconquête du globe (découverte del’Australie en 1605 ; la Chine est

connue depuis le séjour de MarcoPolo en 1272, les contours del’Afrique sont connus aux alentoursde 1630), ce qui mena nécessaire-ment à la découverte d’autreslangues, qui sont considéréescomme des jargons primitifs. Toutau plus, en étudiant les langues des« sauvages » peut-on en déduirecomment nos idiomes européens,ayant déjà acquis un haut niveau deperfection, ont évolué pour devenirles vecteurs de la pensée complexeet par le fait même de la civilisation.

Louis-Jean Calvet avance que« la théorisation du rapport à l’autrepasse par sa digestion, l’autren’étant, ne pouvant être, qu’un étatancien de notre propre histoire,qu’une forme inachevée de notrepropre perfection. L’assimilationrenvoie à une anthropophagie réus-sie. […] Cette glottophagie porte engerme le racisme et la justificationdu phénomène colonial qui suivra. »

Émergence d’uneconscience nationale,en réaction à laglottophagie

La langue constitue le refuge ul-time de l’identité d’un peuple qui re-vendiquera sa reconnaissance ens’insurgeant comme le colonisateur,paradoxalement parfois, en retour-nant les armes linguistiques contrece dernier. L’affirmation nationale sefera par le truchement de la langueet la pensée de l’oppresseur.L’Afrique et le Maghreb actuels ensont les exemples par excellence.Cette dualité, s’accompagnant de laconservation de la langue du coloni-sateur qui a souvent le statut de se-conde langue nationale, se retrou-vera dans l’expression de larevendication culturelle.

Ambivalence del’identité de soi

Au sein de la francophonie, lesintellectuels s’interrogent sur leuridentité en se faisant les médiateursde deux cultures, comme l’énonceAssia Djebar, cinéaste et roman-cière algérienne devenue membrede l’Académie française en 2006,qui se ressource en arabe et en ber-bère : « Est-ce que, me diriez-vous,vous écrivez, vous aussi, métamor-phosée, masquée, et ce masqueque pourtant vous ne cherchez pasà arracher serait la langue fran-çaise ? […] Car mon français, doublépar le velours, mais aussi les épinesdes langues autrefois occultées ci-catrisera peut-être mes blessuresmémorielles. » Pour l’écrivain héri-tant du colonialisme, la patrie litté-raire et culturelle oscille entre deuxmondes : écrire et être reconnudans deux sphères, la langue du co-lonisateur qui assurait autrefoisl’unique reconnaissance se fait,pour l’auteur décolonisé, égalementun vecteur de reconnaissance de sadouble appartenance. Toutefois,pour certains, le retour aux sourcespasse par une reconquête de lalangue maternelle, comme l’exprimel’écrivain malgache Jean-Luc Raha-manana : « Maintenant que meslivres en français sont reconnus, j’aienvie de me réapproprier le mal-gache. Cela m’ouvre de nouvellesperspectives artistiques et litté-raires. Notamment en matière depoésie, d’invention de mots. Ce be-soin correspond à une libération po-litique et personnelle. »

D’autres auteurs, comme TaharBen Jelloun, ont choisi d’écrire uni-quement en français. Habitant deuxlangues, il ne s’est cependant jamaissenti prédisposé à faire appel à la

Un syndrome ethnocentriste :la glottophagieJusqu’au milieu du XX e siècle, l’expansion linguistique était territoriale, à l’image des empires dominants. La langue anglaise,symbolisant un nouvel empire planétaire, s’est emparée de l’universvirtuel et des esprits. L’Histoire se répète-t-elle indéfiniment?

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langue arabe classique commelangue d’expression, jugeant lui-même qu’il ne la maîtrise pas commeil se devrait. Toutefois, elle constituele fondement de ce qu’il appelle « lacave de ma mémoire », lui offrant uneliberté et un métissage enrichis-sants : « Elle permet aux mots desdeux langues de se toucher, des’échanger et même d’émigrer. »Tahar Ben Jelloun remet en questionla notion ambiguë d’écrivain franco-phone : « Est considéré comme francophone l’écrivain métèque, celuiqui vient d’ailleurs et qui est prié des’en tenir à son statut légèrement décalé par rapport aux écrivains fran-çais de souche. » Ne serait-il pas pré-férable de les considérer comme desécrivains français, à l’instar du statut de l’écrivain de langue anglaise, lasphère culturelle anglophone ne catégorisant pas à part les artistes et écrivains issus de l’ancien empire britannique ?

La francophonie, unconcept en mutation

Souvent décriée et remise enquestion par les porte-parole poli-tiques, de la gauche ou de l’altermon-dialisme, qui voient en elle un vestigenéocolonial à l’aspect ringard, la fran-cophonie est à l’origine une structureintergouvernementale qui a vu le jouren 1970 à Niamey, au Niger, à l’initia-tive non pas de la métropole mais decapitales africaines. Regroupant àl’origine 21 États francophones, elleest devenue l’Organisation internatio-nale de la francophonie (OIF), à la-quelle appartiennent 68 membres« ayant le français en partage ». Outresa mission traditionnelle de défenseet promotion de la langue française,l’OIF s’inscrit comme un acteur influent à l’échelle planétaire, qui fa-vorise la diversité culturelle en appor-tant un certain contrepoids à l’hégé-monie de la langue anglaise.

Didier Lafond

Références :C A LV E T, Louis- Jean, Linguist ique et co-lonia l isme – pet i t t ra i té de g lot topha-gie , Pet i te b ib l iothèque Payot , 1974,réédi té en 2002.

« La bata i l le des langues », Manièrede voi r (Le Monde dip lomat ique) , nu-méro 97, févr ier-mars 2008.

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L orsque Raymond Robichaudprend sa retraite le 28 dé-

cembre 1979, il compte près de qua-rante ans de service au Bureau destraductions, les vingt dernières entant qu’interprète parlementaire.Comme il le dit lui-même, ses titresuniversitaires « se réduisent à unmodeste baccalauréat », obtenu en1941 à l’Université d’Ottawa. D’unecuriosité insatiable, ce lecteur bouli-mique et éclectique doué d’une mé-moire étonnante sera un Pic de laMirandole du XXe siècle, un encyclo-pédiste des temps modernes, ce quile servira bien. Suivant les traces deson père, Domitien T. Robichaud,premier surintendant du Bureau destraductions (1934-1946), il choisit lacarrière de traducteur et fait sesdébuts au ministère du Travail. Versla fin de 1941, il s’engage dans l’ar-mée. Il est affecté à la Direction del’Instruction de l’armée de terre,puis, deux ans plus tard, au Bureaudes publications bilingues. Il colla-bore à la confection du Dictionnairemilitaire anglais-français, français-anglais (1945), du colonel Joseph H.Chaballe et du major Pierre Daviault.

Interprète durantla Deuxième Guerremondiale

De septembre 1944 à mai 1946,il est interprète et officier de liaisonauprès du Quartier général suprêmedes Forces expéditionnaires alliées,puis auprès du 21e Groupe d’armées.Ses fonctions le conduisent, en dé-cembre 1945, à Aurich, en Allemagne,où il est interprète français au procèsdu général SS Kurt Meyer, traduit de-vant une cour martiale canadiennepour le massacre de dix-huit prison-niers, dont sept Canadiens.

Après deux ans et demi passésoutre-Atlantique, il est démobiliséen mai 1946, avec le grade de capi-taine. Il entre comme traducteur à laDivision des débats, où il se révèlerapidement un collaborateur d’élite.Jacques Gouin (1919-1987), auquelon l’avait jumelé, en témoigne :

« Raymond m’éblouissait par sonérudition, sa culture, sa connais-sance profonde des deux langues, etsurtout par sa mémoire prodigieuse.Évidemment, il traduisait au moinsquatre fois plus vite que moi. À telpoint qu’un soir, alors que j’étaisépuisé, il eut sans doute pitié de moiet prit l’une de mes pages à traduire,l’épingla au mur, et me la dicta, touten traduisant la sienne à la machineà écrire. Ce tour de force l’amusait.Mais au fond, avec ses manières unpeu aristocratiques — nous ne noussommes jamais tutoyés —, Ray-mond Robichaud était un camaradeparfait, dont l’intelligence supé-rieure n’enlevait rien à ses qualitéshumaines, faites de générosité et debienveillance1.

Raymond Robichaud quitte lesDébats en 1959 pour devenir inter-prète parlementaire. Sa mémoirephénoménale suscite l’étonnementde son entourage. Il pouvait citeravec précision un extrait du Hansardauquel un député avait fait allusionsur le parquet des Communes. Sansdémentir cette faculté, Robichaudraconte avec une pointe d’humourque par un heureux synchronisme,dans un cas au moins, il avait indiquéà un collègue dans l’embarras une ré-férence précise dénichée à l’instantmême après une recherche ardue, letout à l’étonnement de l’intéressé.

Grand et mince, joues creuses,Raymond Robichaud ne regardaitpas ses interlocuteurs dans les yeux,mais laissait courir son regard au loinau-dessus d’eux, comme plongédans ses pensées, la tête dans unautre monde, tout occupé à réactiver

ses connaissances, une éternelle ci-garette aux doigts. Si sa performancedans les cabines d’interprétation duParlement lui a valu les surnoms de« Monsieur interprétation » et de« prince de l’interprétation2 », sabrillante carrière ne s’est pas dérou-lée uniquement dans l’enceinte duParlement ; elle est, pour ainsi dire,polyphonique. Traducteur, interprètemilitaire et interprète parlementaire,il a été également écrivain, critiquelittéraire, formateur d’interprètes,personnalité de la radio et de la télé-vision et même chasseur d’images,soit photographe amateur.

Et auteur de romanspoliciers

Sous le pseudonyme de Ray-mond, il signe trois romans policierspour adolescents, dont Peter détec-tive (1961). Il a été président de laSociété des écrivains canadiens, col-laborateur de nombreuses revues lit-téraires et culturelles ainsi que direc-teur des pages littéraires du journalLe Droit. On lui doit en outre la tra-duction française de plusieurs ou-vrages, dont Rideau Hall : La rési-dence du Gouverneur général (1977)et la cinquième édition de la Juris-prudence parlementaire de Beau-chesne (1978). Soucieux de préparerla relève, il donnera le cours d’initia-tion à l’interprétation à la jeuneÉcole de traducteurs et d’interprètesde l’Université d’Ottawa. Bien qu’ilne soit pas porté naturellement versl’administration, Raymond Robi-chaud accepte la direction de l’Écoledes interprètes que le Bureau destraductions met sur pied en 1975 etil en est le premier professeur. Dansplusieurs articles, il exprime sonpoint de vue sur la formation des in-terprètes et sur les qualités requisespour exercer cette profession. Pen-dant plusieurs années, il participe àdes émissions télévisées ou radio-

phoniques telles que Passe d’armes(avec René de Chantal, doyen àl’Université de Montréal, et l’écri-vaine Claire Martin) ou Match inter-cités, jeu-questionnaire qui a tenul’antenne de 1949 à 1979 et où, parsa culture encyclopédique, il a brilléavec son collègue interprète ErnestPlante. Proche du parti libéral, Ray-mond Robichaud a été pendant desannées l’interprète attitré aux cau-cus du parti. Comme elle revêtait uncaractère partisan, cette fonctionn’aurait pas dû normalement êtredévolue à un fonctionnaire. Enl’exerçant avec un grand sens del’éthique, il a démontré que, pour uninterprète professionnel conscien-cieux, confidentialité et neutralité nesont pas de vains mots.

Ceux qui ont eu le privilège de lecôtoyer gardent le souvenir d’unhomme cultivé, à l’aise en société,généreux de ses connaissances etmaîtrisant ses langues de travail.Aux yeux de ses collègues, il incar-nait l’idéal même de l’interprète. Ledirecteur des Opérations spécialesau Bureau des traductions, RochBlais, le reconnaît : de tous les tra-ducteurs et interprètes, c’est le plusgrand.

Né à Ottawa le 1er septembre1919, Raymond Robichaud est dé-cédé dans cette même ville, le24 juin 2005, à l’âge de 85 ans.Deux journaux de la capitale ont pu-blié un bref « Avis de décès ». Per-sonne n’a songé à lui rendre hom-mage. Il est parti en toute discrétion,à l’image des interprètes qui étei-gnent la lampe de leur cabine enquittant la salle de conférence aprèsune journée bien remplie.

1 . G O U I N , Jacques (1982) , « Souvenirsde mes t rente ans au Bureau dest r a d u c t i o n , 1 9 4 5 - 1 9 7 5 » , S a i n t - Sauveur-des-Monts , 7 avr i l , 7 p. Inédi t .

2 . D E S P R É S , Ronald (1980) , « RaymondRobichaud », 2001, vol. 4, n o 2, p. 2.

Raymond Robichaud, figure emblématiquede l’interprétation parlementaireÉrudit, traducteur, écrivain et critique littéraire, Raymond Robichaud a été l’unedes personnalités les plus marquantes de sa profession au parlement d’Ottawa.

P A G E S D ’ H I S T O I R E C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R P I E R R E C L O U T I E R

par Jean Delisle, trad. a, term. a.

Jean Del is le est professeur émér i te à l ’Univers i té d ’Ottawa.

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A vant 2002, aucun profession-nel, c’est-à-dire aucun membre

d’un ordre régi par le Code des professions, n’avait le droit de« s’incorporer » au Québec.

Pour des questions de responsa-bilité professionnelle et pour des rai-sons fiscales, le gouvernement avaittoujours refusé aux professionnels ledroit de pratiquer leur professionsous le chapeau d’une société com-merciale ou d’une compagnie.

En modifiant le Code des profes-sions en 2001, le législateur a rendupossible l’exercice d’une professionen société par actions (S.P.A.) ou ensociété en nom collectif à responsabi-lité limitée (S.E.N.C.R.L.). Trois condi-tions sont alors posées aux membresqui souhaitent exercer leurs activitésau sein de telles sociétés : le conseild’administration de leur ordre profes-sionnel doit les y autoriser par règle-ment ; ils doivent fournir une garantiecontre leur responsabilité profession-nelle ; et ils doivent déclarer ces acti-vités au secrétaire de l’ordre.

Le Conseil d’administration del’OTTIAQ a adopté en 2006 le premierprojet de Règlement sur l’exercicedes professions de traducteurs, termi-nologues ou interprètes agréés en so-ciété et les modifications s’y rappor-tant au Code de déontologie. En2009, l’Office des professions du Qué-bec approuvait la dernière version deces règlements adoptés par le Conseild’administration. Ces projets devrontensuite être présentés au gouverne-ment pour approbation finale. Cen’est qu’au moment de cette dernièreapprobation que les membres de l’OTTIAQ pourront « s’incorporer ».L’OTTIAQ informera alors sesmembres des modalités d’assurance

responsabilité professionnelle etd’inscription des nouvelles sociétésau Tableau des membres.

Différents facteurs, notammentla fiscalité, le développement des affaires ou la responsabilité profes-sionnelle pourront alimenter laréflexion des membres sur la perti-nence ou l’utilité de constituer uneS.P.A. ou une S.E.N.C.R.L. pour exer-cer leur profession. L’OTTIAQ offrirasûrement des formations portantsur cette réflexion.

L’Ordre n’est pas sans savoirque certains membres exercent déjàleur profession au sein d’une so-ciété par actions constituée aux finsde l’exercice de la profession. Cesmembres devront se conformer auRèglement dans l’année qui suitson entrée en vigueur.

Évidemment, ce règlement nes’adresse pas aux membres qui exer-cent déjà au sein d’une S.P.A. maisqui n’est pas constituée aux fins del’exercice d’une de nos professions.Le traducteur agréé qui travaille parexemple comme employé dans unesociété pharmaceutique (déjà consti-tuée en S.P.A.) n’aura aucune décla-ration à faire au secrétaire de l’Ordreau sens de ce règlement.

Le Règlement ne s’adresse pasnon plus aux membres qui exercent

en société en nom collectif (parexemple, deux traducteurs agréés quis’associent simplement). Ils aurontquand même avantage à transformerleur société en S.E.N.C.R.L. Par contre,le Règlement s’applique à tous lesemployés d’une S.P.A., un cabinet detraduction par exemple, constituéeaux fins de l’exercice de la profession.

Nous aurons l’occasion d’expli-quer en long et en large les modalitésde ce règlement lorsqu’il sera adopté.Malheureusement, il s’agit d’un règle-ment complexe et technique dont lemodèle principal a été imposé par lesautorités gouvernementales.

Signalons dès maintenant queles conditions et modalités d’appli-cation du Règlement varient selonque la société professionnelle seprésente exclusivement ou noncomme une société de traducteurs,de terminologues ou d’interprètesagréés (ou une combinaison deceux-ci). Par exemple, si une sociétéutilise une papeterie ou une en-seigne laissant croire qu’il s’agitd’une société de traducteursagréés, le contrôle de la société (lamajorité des droits de vote) doitêtre détenu par au moins unmembre de l’Ordre et les membresdu conseil d’administration de cettesociété devront être en majorité

des membres de l’Ordre. Le Code dedéontologie prévoira d’ailleurs queseule une société où tous les services offerts le sont par des professionnels agréés pourra utili-ser dans sa dénomination socialeles titres réservés à ses membres.

Dans tous les autres cas, lesmembres de l’OTTIAQ pourront exer-cer à ce titre au sein d’une sociétéprofessionnelle à la condition que lecontrôle de la société soit détenu parau moins un membre d’un ordre professionnel.

Ainsi, les membres de l’OTTIAQqui sont employés, associés, dirigeants ou actionnaires d’une société professionnelle devront déclarer leur statut au sein de cettesociété lors de la déclaration an-nuelle au secrétaire de l’Ordre. Ilsdevront de plus produire la preuveque la responsabilité profession-nelle de leur société est garantiepar une police dont la couvertureest d’au moins 1 000 000 $.

Le gouvernement du Québec apermis aux professionnels québé-cois d’exercer en S.P.A. (ou enS.E.N.C.R.L.), mais sous réserve deplusieurs conditions. Ces condi-tions, on l’aura compris, ne sont pasnécessairement simples. Il faudras’y habituer.

C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R C L A U D E L A U R E N TÀ T I T R E P R O F E S S I O N N E L

Par Claude Laurent

L’exercice en sociétéLes membres de l’OTTIAQ n’ont jamais eu le droit d’exercer leurs activités professionnellesau sein d’une société par actions. Plusieurs sont surpris de l’apprendre.

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L es membres de l’OTTIAQ dispo-sent maintenant d’un tout

nouvel outil de formation continueen ligne : la Formathèque OTTIAQ.

Il s’agit d’un portail Internet élaboré par l’entreprise Connexence,dont le travail a permis à l’un de sesclients, l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec, deremporter un Octas 2009 pour l’ap-prentissage en ligne et la gestion desconnaissances.

Qu’est-ce que laformation continueen ligne ?

La formation continue en lignepermet de transmettre des connais-sances par le biais d’ateliers sous

format audio ou vidéo, d’intégrer de la documentation relative auxateliers, d’élaborer des question-naires d’évaluation pour les partici-pants, d’accéder à des forums dediscussion sur les différents atelierset de promouvoir les activités de formation à l’aide de communiquésgénérés par la plateforme. Cetteméthode est particulièrement adap-tée aux langagiers, des pros de latechnologie !

L’OTTIAQ a décidé, le 1er avril2009, de mettre en place un projet-pilote de formation continue enligne. C’est ainsi qu’est née la For-mathèque OTTIAQ. Devant le francsuccès du projet-pilote — plus de100 personnes s’étant inscrites enseulement trois mois ! — l’Ordre en

a fait sa plateforme de formation enligne et offrira d’autres ateliers pourla prochaine année.

Un outil qui répondaux besoins desmembres

Tous les membres de l’Ordredoivent se perfectionner afin demieux répondre aux besoins deleurs clients. L’OTTIAQ entend doncoffrir une vaste gamme de forma-tions en ligne, qui porteront tantsur les compétences langagièresque professionnelles. Plusieurs for-mations sont déjà disponibles sur la plateforme, et d’autres serontajoutées à l’hiver 2010.

Chaque participant a la possibi-lité de suivre les ateliers à sonpropre rythme, sans contrainte detemps ni de lieu. En effet, les forma-tions étant divisées en séances, ilest possible d’en suivre d’abord uneseule, puis de passer à la suivanteultérieurement. Il est égalementpossible de revoir plusieurs fois unemême séance.

Par ailleurs, la formation est facile d’accès pour les langagiers demeurant hors des grands centres.En effet, il n’est pas toujours évidentde se déplacer pour un atelier lors-qu’on habite en région. La Forma-thèque OTTIAQ permet donc d’élimi-ner le temps de déplacement et deréduire les coûts élevés pouvant yêtre associés.

La Formathèque OTTIAQ :l’outil de perfectionnementprofessionnel idéal

D E S T E C H N I Q U E S

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C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R M A R I E - P I E R R E H É T U

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Simple et convivialChaque formation est divisée en

séances composées de cinq modules :• Exposé : cours en audio ou

en vidéo soutenu par une présentation PowerPoint

• Bibliothèque : documents relatifs à la formation

• Questionnaire : formulaire d’auto évaluation permettant de vérifier l’acquisition desconnaissances

• Forum : discussion spécifique à chaque formation

• Liens : répertoire d’hyperliens per-tinents au contenu de la formation.

Ces modules permettent d’offrirun contenu étoffé et agréable àsuivre. L’interactivité des modulesmaintient l’intérêt des participantstout au long de la formation.

Comment s’inscrireIl faut d’abord choisir la forma-

tion souhaitée dans le site Internetde l’OTTIAQ et s’inscrire au : www.ottiaq.org/formation_continue/ calendrier_fr. php.

Un courriel d’accès à la plate-forme Formathèque OTTIAQ est envoyé dans les 24 heures sauf les samedis et dimanches. Une fois lebranchement effectué, les deux tutoriels de la page d’accueil de laplateforme guident le participantpour ce qui est du fonctionnementde la Formathèque OTTIAQ.

L’OTTIAQ invite par ailleurs sesmembres à lui faire part de leurs demandes de formation en ligne.

Bonne formation !Hélène Gauthier

Responsable des affairesprofessionnelles, OTTIAQ

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C H R O N I Q U E D I R I G É E P A R M A R I E - P I E R R E H É T U

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