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entreprend re 18 PLATEFORMES DE CROWDFUNDING AU BANC D'ESSAI Quand les banques se dérobent, de plus en plus de porteurs de projet se tournent vers les sites de financement participatif. Là, les investisseurs se bousculent, prêts à leur prêter de l'argent (crowdlending) ou à devenir actionnaires de leur start-up (crowdequity). Pour vous, Management examine ce secteur en plein essor. PAR BRUNO ASKENAZI S»@brunoaskenazi $85e/,(1 *$1'5e UPPER BURGER ¼ (035817e6 SUR PRETUP Pour rénover l'un de ses trois restaurants de burgers, à Bordeaux, Aurélien Gandré a obtenu, cette année, 30000 euros sur la plateforme PretUp. «Au départ, j'étais un peu sceptique, se souvient-il. Mais, comme notre société fait assez régulièrement appel à des acteurs de l'économie collaborative, j'ai voulu tester la formule du crowdlending pour ce léger besoin de financement.» L'opération n'a duré que six semaines, de l'examen du dossier jusqu'au versement des fonds. «Le fait que la plateforme ait été très exigeante dans l'analyse de mon dossier m'a rassuré sur son sérieux. Par la suite, tout est allé très vite et il n'a pas été compliqué de convaincre la communauté des prêteurs de participer à un projet simple comme le mien», assure l'entrepreneur. Il pourrait même renouveler la démarche pour s'affranchir une nouvelle fois du système bancaire traditionnel. Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 48,49,50-52,53 SURFACE : 409 % PERIODICITE : Mensuel DIFFUSION : 74012 JOURNALISTE : Bruno Askenazi 1 septembre 2016 - N°244

18 PLATEFORMES DE CROWDFUNDING AU BANC … · émerge sur le Web avec le crowdfunding - ou financement participatif- et sesplateformes d'investissement ... La sélection s'accomplit

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18 PLATEFORMESDE CROWDFUNDINGAU BANC D'ESSAIQuand les banques se dérobent, de plus en plus de porteurs de projet se tournentvers les sites de financement participatif. Là, les investisseurs se bousculent,prêts à leur prêter de l'argent (crowdlending) ou à devenir actionnaires de leurstart-up (crowdequity). Pour vous, Management examine ce secteur en plein essor.PAR BRUNO ASKENAZI S»@brunoaskenazi

A85eL,(1GA1'5e

UPPER BURGER

30000€(035817eS SUR PRETUP

Pour rénover l'un de ses troisrestaurants de burgers,à Bordeaux, Aurélien Gandréa obtenu, cette année,30000 euros sur la plateformePretUp. «Au départ, j'étaisun peu sceptique, se souvient-il.Mais, comme notre sociétéfait assez régulièrement appelà des acteurs de l'économiecollaborative, j'ai voulu testerla formule du crowdlendingpour ce léger besoin definancement.» L'opérationn'a duré que six semaines,de l'examen du dossierjusqu'au versement des fonds.«Le fait que la plateformeait été très exigeante dansl'analyse de mon dossierm'a rassuré sur son sérieux.Par la suite, tout est allé trèsvite et il n'a pas été compliquéde convaincre la communautédes prêteurs de participerà un projet simple commele mien», assure l'entrepreneur.Il pourrait même renouvelerla démarche pour s'affranchirune nouvelle fois du systèmebancaire traditionnel.

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e problèmeprincipal desPME, ce sontles banques.»

Cespropos, tenus par l'ancien ministre ArnaudMontebourg en mars dernier à l'universitéParis-Dauphine, de nombreux entrepreneurspourraient les reprendre à leur compte. Négo-cier un prêt professionnel auprès de son ban-quier réclame souvent plusieurs mois d'efforts.Trop d'attente et trop depaperasserie pour, aufinal, voir son dossier refusé : les établisse-ments traditionnels ne financent guère l'im-matériel (le marketing, la R&D, le recrute-ment...). Quant à trouver de l'argent frais enouvrant soncapital à desbusiness angels ou àdes fonds d'investissement, la démarche estrisquée et exige encore plus de temps et d'éner-gie. Mais, depuis trois ans,une autre solutionémerge sur le Web avec le crowdfunding - oufinancement participatif- et ses plateformesd'investissement (crowdequity ) oude prêt par-ticipatif (crowdlending ). Leprincipal avantagede cesnouveaux intermédiaires, qui mettenten relation entrepreneurs et particuliers in-vestisseurs (ou prêteurs), est qu'ils proposentdesdélais spectaculairement raccourcis. Maisattention, il n'y a pas de miracle : ils opèrentune sélection drastique des dossiers, et leursservices sepaient sousforme de commissionsdont le FRûW est loin d'être négligeable.

CROWDLENDINGPour les PME affichant au moinsdeux ans d'activité au compteurUnilend, Lendix, Credit.fr... Une grosse dou-zaine de plateformes de prêt participatif sontopérationnelles et permettent d'obtenir lesfonds aprèsune attente réduite (d'une semaineàun mois). Mieux, elles nedemandent aucunecaution ni hypothèque à l'entreprise emprun-teuse, contrairement aux banques classiques.«Pourfinancer la commercialisation denospro-thèsesauditives à basFRûW pour les pays émer-gents, il nous fallait la caution de Bpifrance.Mais elle nous aété refusée car le projet n'était

Cofondateur du groupe Ethik,Didier Roche a obtenu 80000 eurossur Credit.fr en début d'année.S'il a choisi ce financement alternatif,

c'est afin de disposer vite des fondsnécessaires à l'achat d'un localcommercial très convoité à Bordeaux.«Il ne m'a fallu que cinq semainespour toucher le prêt. Avec ma banque,cela m'aurait pris six mois et l'affaireme serait passée sous le nez»,

assure le créateur des restaurantset spas Dans le Noir. Pourtant, il paieun intérêt de 7%, un taux élevé,comparé à ceux pratiqués parles établissements traditionnels.«C'est le prix de la rapidité, répond-il.La plateforme m'a donné une réponse

en ligne en quelques jours.A la banque, c'est le temps qu'ilfaut pour prendre un rendez-vous!»Son entreprise de 80 salariés(6,5 millions d'euros de CA)a le profil idéal pour une opérationde crowdlending: plus de quatre ansd'existence, pas de dette et rentable.De quoi convaincre les prêteursinscrits sur Credit.fr.

pas industriel, raconte Bertrand Benoit, fonda-teur du groupe qui porte son nom. Alors, nousavonscollecté 100 000 euros à rembourser encinq ans sur Lendopolis.»

Cette plateforme (lancée par KissKissBank-Bank) et seshomologues pratiquent une sélec-tion aussi sévère que celle desbanques. Sivoscomptes sont dans le rouge, n'espérez paspas-serle premier filtre. Lesstart-up débutantes nesont pasbienvenues non plus. Seulesont droitdecité lesPME rentables, peu oupasendettées,justifiant de deux ans d'activité. Parfois, unchiffre d'affaires annuel minimal est requis :par exemple, 100000 euros sur PretUp. Impi-toyable pour les canards boîteux. «Cesprécau-tions s'expliquent, car si l'entreprise fait défaut,en l'absence degaranties, les prêteurs perdenttout», rappelle Mathieu George, fondateur • • •

EN CHIFFRES

3%des dossiers

en moyennesont retenus.

196,3millionsd'euroscollectés encrowd-lending en2015 et50,3millions

pour Vequity,Source :Financementparticipatif France.

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• • • du réseau de courtage en financementCreditprofessionnel.com. Au final, environ 3%desdossierssont retenus : les plusfiables. «Avecce système, le taux dedéfaut desemprunteursest proche de zéro», indique Adrien Lhabouz,le patron deCompareLend.com (comparateurde plateformes de prêt).

La souplessede la formule sepaie pourtantcher. D'abord, lesemprunteurs devront verserà l'intermédiaire une commission représentantde 3 à5% de la somme collectée, en contrepar-tie, notamment, de la gestion des rembourse-ments mensuels.Ensuite, comme lescréanciersn'ont aucune garantie en cas dedéfaillance dela PME, ce risque supplémentaire est rému-néré : les tauxfixés par les plateformes (de 4 à7% enmoyenne) sont deux à quatre fois supé-rieurs à ceux des banques ! «Difficile de nouscomparer sur les taux, se défend Nicolas Lesur,le patron d'Unilend. Car le crowdlending fi-nance ce que nefinancent jamais les banques :les stocks, la R&D, le recrutement...»

CROWDEQUITYPour les start-up qui cherchententre 150 000 et 1 million d'eurosCent cinquante mille euros. C'est la sommedont a besoin Audrey Sovignet pour accélérerle développement de son appli IWheelShare.Conçu pour favoriser l'insertion de personneshandicapées, ce projet connoté «économie so-ciale» avait peu de chances de séduire lesbanques et les fonds traditionnels. La solution :le site d'investissement participatif lOOlPact,Rù la start-up va effectuer ce mois-ci une levéede fonds auprès de particuliers et de businessangels. Cesnouveaux actionnaires représen-teront de 10 à 20% du capital, laissant à la di-rigeante le contrôle de sasociété.

Comme Audrey, de plus enplus d'entrepre-neurs s'adressent à ces opérateurs (une ving-taine). En reliant ainsi PME et investisseursparticuliers, ceux-ci comblent un vide. Cariesentreprises peinent à trouver des finance-ments lorsqu'elles cherchent entre 150 000 et1 million d'euros. Sur une plateforme decrowdequity, l'entrepreneur accède en uneseule opération à un réservoir d'investisseursen quête de solutions dedéfiscalisation. Et ga-gne un temps précieux. «Lesbusiness angels,il faut les voir un par un, c'est chronophage.Quant aux fonds d'amorçage, ils veulent dessociétésqui \crachent\ déjà de500 000 à 1 mil-lion d'euros de chiffre d'affaires», confirmeMathieu Corradini, un associéde Caviste Au-thentique (marketplace de cavistes indépen-dants), qui cherche àlever 400 000 euros. •••

Benoît Paget avait besoin de fondspour accélérer le développementde sa start-up, qui propose unemachine ludique de tri et derecyclage d'emballages. Missionmenée à bien sur la plateformeSmartAngels, Rù Canibal estparvenu à se financer, cette année,en levant plus de 400000 euros.L'opération a duré trois mois.«Notre produit est simpleà comprendre et il parle à tout

le monde. Un facteur de succèsimportant dans le domainedu crowdfunding», racontel'entrepreneur. C'est la deuxièmefois que sa société, qui emploie18 personnes, va chercher desfinancements sur SmartAngels.Elle avait déjà levé 500000 eurosen 2014. «On trouve sur ce sitedes investisseurs qualifiés quimettent des tickets plus élevés quela moyenne», précise-t-il. Depuis sapremière opération de crowdequity,l'entreprise compte des centainesd'actionnaires. «C'est une force:toutes ces personnes sont devenuesnos ambassadeurs: elles participent

à la promotion du produit.»

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entreorenare

> LA6eL(C7,21EST RUDE:L','e(,LE BUSINESSPLAN,L'e48,3(...TOUT SERA3A66eAU CRIBLE

• • • Si l'on s'y prend bien, la démarche peutaussi apporter une belle occasion de commu-niquer autour de sa boîte. Mais attention, lesplateformes, surtout lesplus connues, commeAnaxago, SmartAngels et WiSeed, se montrenthypersélectives : chez Anaxago, par exemple,moins de 3% des candidatures sont retenues.Et certaines d'entre elles ne s'intéressent qu'àquelques secteurs bien précis.

La sélection s'accomplit en plusieurs étapes.Un premier écrémage se fait sur une note desynthèse présentant votre entreprise (l'execu-tive summary). Puis, après un examen minu-tieux du business plan, le profil de l'équipe estpassé au crible. Souvent, vous devrez aussiprésenter un pitch final devant un comité d'ex-perts. Chez lesleaders du secteur, le processusest très formaté, moins personnalisé que dansles structures plus récentes. Une fois le projet

prêt à être proposé en ligne, il faudra animersa campagne de communication. Un bon dé-marrage est capital. Inspirez-vous de Kazaden(sports outdoor), qui a obtenu l'engagement deplusieurs investisseurs influents à hauteur de100 000 euros avant de lancer sa collecte surSowefund. Un bon moyen d'amorcer la pompe.Votre levée a abouti ? La plateforme vous aideraà monter un pacte d'actionnaires. Selon la va-lorisation de l'entreprise, il vous faudra céderentre 5 et 25% du capital. Comptez quatre moispour réaliser une opération complète.

Evidemment, tout cela n'est pas gratuit. L'in-termédiaire prélève une commission sur lesfonds obtenus (entre 1 et 10%). Les plus chersfont payer la gestion d'une holding qui regrou-pera tous vos investisseurs. Une formule inté-ressante si vous avez mobilisé plusieurs cen-taines de personnes autour de votre projet ! •

PLATEFORMES DE CROWDLENDINGTOTAL DES FONDS

NOM DE LA L(9e6 EN 2015 MONTANTPLATEFORME* ( ET NOMBRE MINIMAL

DE PROJETS)

De LAI DE 6,03L,C,7e NOTBF AVIST- UUI REPONSE DU DOSSIER AVIO

BABYLOAN2,8 millions €

(4998)2 000 € n.c.

Dossiers

gérés parl'Adie et

Créa-Sol

+ + +Spécialiste du microcréditqui finance des activités existantesen France et dans les pays en voiede développement. Prêts à 0%.

BOLDEN282000 €

(15)5000 € 3 à 5% < 1 jour + +

Plateforme très sélective. Moinsde 2% des dossiers présentés sontpris. Moyenne d'âge des entreprisesqui empruntent: 12 ans.

CREDIT.FR890000 €

(24)20000 €

3%+1% par an

sur le capitalrestant Gû

2 jours

max + + +Très sélective. Entreprises de plus de4 ans. Assurance emprunteur offertepour les dirigeants. Revendique plusde 4000 prêteurs inscrits.

LENDIX11,3 millions €

(60)30000 € 3% < 1 jour +

S'adresse aux grosses PME ou ETIpour des prêts importants(200000 euros en moyenne). Trèssélective: 1% des dossiers acceptés.

LENDOPOLIS3,75 millions €

(56)10000 € 3 ou 4%

5 joursmax + +

S'adresse au TPE-PME de plusde 2 ans. Commission attractive (3%)pour les financementssur moins de trois ans.

LENDOSPHERE3,5 millions €

(18)50000 € 4% 15 jours + +

Orientée grosses PME ou ETI.Soutient des projets d'envergure dansle développement durable, commedes centrales solaires ou éoliennes.

PRETUP63000 €

(11)2000 € 3 à 5% 2 jours + +

Spécialisée dans le microcrédit.Adaptée aux TPE, commerces etprofessions libérales ayant au moinsdeux ans d'ancienneté.

PREXEM350000 €

(10)10000 € 3% 2 jours + + +

Accepte de financer des sociétésrécentes (un seul exercice).Un algorithme raccourcit le tempsde traitement des dossiers.

UNILEND8,5 millions €

(116 )20000 €

4%if^fl iih

ir-î fe^fafeUS

< 1 jour + + +

La plus ancienne (2013). Lesprêteurs fixent les taux par unsystème d'enchères inversées.Revendique 10 000 prêteurs actifs.

I Toutes ce s plateformes sont agréées Lonseillers e n investissements participatifs ou Intermédiaires eri financement participatif pa r l'unasII Commission prélevée pa r la plateforme su r le montant lev é

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