22
Jeudi 19 décembre 2013 - 70 e année - N˚21436 - 1,80 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède L e constat est parfaitement éta- bli, depuis belle lurette : la France vit au-dessus de ses moyens. La dette du pays devrait dépasser 95 % du produit intérieur brut (PIB) en 2014 ; son défi- cit ne repassera pas sous la barre des 3 % de PIB avant 2015 ; sa dépense publique atteint 57 % du PIB, tandis que sa croissance a été nulle en 2012 et 2013, et restera faible en 2014. Le cap a donc été fixé par le prési- dent de la République depuis quinze mois : il est impératif de redresser les comptes publics pour desserrer l’étau de cet endettement et les ris- ques qu’il comporte si les taux d’inté- rêt, historiquement bas, remon- taient un tant soit peu. Sans même parler de nos engagements euro- péens. Les moyens d’y parvenir sont sans surprise. Le premier est d’aug- menter les recettes. C’est ce qui se passe depuis 2011 : les prélèvements obligatoires ont atteint le niveau record de 46,7 % du PIB. Avec pour résultat un « ras-le-bol fiscal » géné- ralisé et l’obligation de décréter une « pause » en la matière. Reste donc à actionner le second levier : réduire la dépense publique, celle de l’Etat, des collectivités loca- les et de la Sécurité sociale. Là encore, le cap a été fixé par le chef de l’Etat, avec une baisse annoncée de 60 mil- liards d’euros en cinq ans. La Cour des comptes ne manque pas une occasion de rappeler cette exigence. Et le gouvernement s’est engagé à fai- re 13 milliards d’économies en 2014, puis 15 en 2015. Comment ? C’est toute la ques- tion, dont la réponse reste toujours aussi floue. Lancée en grande pompe il y a un an par le premier ministre, relancée le 18 décembre, la politique de modernisation de l’action publi- que (MAP) est évidemment nécessai- re, à condition de sortir de son état nébuleux pour passer à des proposi- tions plus tangibles. Mais chacun sait que cette politi- que d’« optimisation de la gestion publique » – en clair, coups de rabot et serrage de boulons dans les admi- nistrations, les hôpitaux et les collec- tivités locales – ne suffira pas. Dans leur gestion quotidienne, bien des administrations sont déjà menacées de paupérisation. Des efforts de rationalisation ont été engagés, d’autres restent à faire, dont le gou- vernement espère tirer, à terme, de 5 à 7 milliards d’économies par an. Mais les esprits les plus avisés au gouvernement le reconnaissent : au rythme actuel et avec les outils exis- tants, il sera impossible de réduire les dépenses publiques autant que nécessaire. Seules des réformes de structure – ambitieuses, courageu- ses, périlleuses – permettront d’at- teindre l’objectif : faire mieux avec moins, inventer un Etat moderne à l’heure de la mondialisation, reconfi- gurer l’ampleur et la nature des transferts sociaux, réorganiser des collectivités locales redondantes… Depuis Michel Rocard, il y a un quart de siècle, le gouvernement n’est pas le premier à l’évoquer. Reste à pas- ser à l’acte. Le risque est grand. Mais renoncer condamnerait à l’échec. p LIRE NOS INFORMATIONS PAGE 10 NOUVELLE BOUTIQUE 259, rue Saint-Honoré 75001 PARIS messika.com MARSEILLE : LES ENFANTS DES CITÉS NE SAVENT PAS NAGER ENQUÊTE – LIRE PAGE 20 Les chrétiens d’Orient, entre violences et exode GÉOPOLITIQUE – SUPPLÉMENT FRONDE À LA COMÉDIE-FRANÇAISE CULTURE – LIRE PAGE 12 Et Bernadette Chirac torpilla NKM L’épouse de l’ex-président a fait l’éloge des Tiberi, dont Nathalie Kosciusko-Morizet veut se débarrasser. A trois mois du scrutin, NKM est dé- bordée par ses meilleurs enne- mis de la droite parisienne. FRANCE – PAGE 9 L’ancien leader CFDT de Florange candidat PS aux européennes Edouard Martin, qui avait mené le combat contre la fermeture des hauts-four- neaux lorrains d’ArcelorMit- tal, mènera la liste PS dans l’Est. Entretien exclusif. FRANCE – PAGE 9 Les raisons de l’intervention en Centrafrique La France a envoyé 1 600 soldats dans un pays victime de soubresauts politiques à répétition et carrefour de conflits ethniques et reli- gieux. Décryptage en cartes. L’ŒIL DU MONDE – PAGES 16-17 L ’université contredit les idées reçues : la quatrième enquête annuelle sur l’insertion des étudiants diplômés de l’université en 2010, que Le Monde publie en exclusivité, démontre les excellentes performances des établissements fran- çais. Trente mois après leur sortie de l’uni- versité, 90 % des diplômés d’un master ont trouvé un emploi, 91 % des diplômés des licences professionnelles et 88 % des titulaires d’un DUT. Autre enseignement de l’enquête : 6 diplômés sur 10 sont sala- riés du secteur privé, toutes filières confon- dues. « Il y a un réel décalage entre la percep- tion de ce qu’est l’université aujourd’hui et la réalité, souligne la ministre de l’ensei- gnement supérieur, Geneviève Fioraso. La formation universitaire bac + 5 est très appréciée des entreprises. » Pour la premiè- re fois, Le Monde publie le palmarès des universités qui insèrent le mieux, répar- ties selon les principales filières : si les sciences restent la voie royale, et le droit, l’économie et la gestion, des valeurs sûres, le taux d’insertion des sciences humaines et sociales, des lettres, des langues et des arts est bon, à 86 % à trente mois. p LIRE CAHIER ÉCO PAGES 8-9 ÉDITORIAL Le palmarès des meilleures universités pour trouver un emploi AUJOURD’HUI UK price £ 1,80 t L’université est un tremplin vers l’entreprise pour 60 % des étudiants : le classement exclusif du « Monde » LE REGARD DE PLANTU A Tacloban, le 14 décembre. JOHN JAVALLANA POUR « LE MONDE » La dépense, le courage et la nécessité PHILIPPINES LES VIVANTS AU MILIEU DES MORTS t Plus d’un mois après le passage du typhon, des corps sont découverts chaque jour à Tacloban t Manille a annoncé un plan de reconstruction de 5,9 milliards d’euros LIRE LE REPORTAGE DE MARION VAN RENTERGHEM P. 4 Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Andorre 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,80 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,20 ¤, Finlande 3,50 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,20 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,00 ¤, Guyane 2,40 ¤, Hongrie 850 HUF, Irlande 2,20 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,80 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,20 ¤, La Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 400 XPF, Tunisie 2,20 DT, Turquie 7,00 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA,

19/12/13 le monde

Embed Size (px)

DESCRIPTION

19/12/13 le monde

Citation preview

Page 1: 19/12/13 le monde

Jeudi 19 décembre 2013 - 70e année - N˚21436 - 1,80 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice: Natalie Nougayrède

Leconstatestparfaitementéta-bli, depuis belle lurette : laFrance vit au-dessus de sesmoyens. La dette du pays

devrait dépasser 95% du produitintérieurbrut(PIB)en2014;sondéfi-cit ne repassera pas sous la barre des3% de PIB avant 2015 ; sa dépensepublique atteint 57% du PIB, tandisque sa croissance a été nulle en2012et 2013, et restera faible en 2014.

Le cap a donc été fixé par le prési-dentde laRépubliquedepuisquinzemois: il est impératifderedresserlescomptes publics pour desserrerl’étau de cet endettement et les ris-quesqu’ilcomportesi lestauxd’inté-rêt, historiquement bas, remon-taient un tant soit peu. Sans mêmeparler de nos engagements euro-péens.

Les moyens d’y parvenir sontsans surprise. Le premier est d’aug-menter les recettes. C’est ce qui sepasse depuis 2011 : les prélèvements

obligatoires ont atteint le niveaurecord de 46,7% du PIB. Avec pourrésultat un «ras-le-bol fiscal» géné-ralisé et l’obligation de décréter une«pause» en lamatière.

Reste donc à actionner le secondlevier: réduire la dépense publique,celle de l’Etat, des collectivités loca-lesetdelaSécuritésociale.Làencore,le cap a été fixé par le chef de l’Etat,avecunebaisse annoncéede60mil-liards d’euros en cinq ans. La Courdes comptes ne manque pas uneoccasion de rappeler cette exigence.Etlegouvernements’estengagéàfai-re 13milliards d’économies en 2014,puis 15 en 2015.

Comment? C’est toute la ques-tion, dont la réponse reste toujoursaussifloue.Lancéeengrandepompeil y a un an par le premierministre,relancée le 18décembre, la politiquede modernisation de l’action publi-que(MAP)estévidemmentnécessai-re, à condition de sortir de son étatnébuleuxpourpasser à des proposi-tionsplus tangibles.

Mais chacun sait que cette politi-que d’«optimisation de la gestionpublique» – en clair, coups de rabotet serrage de boulons dans les admi-nistrations,leshôpitauxetlescollec-tivités locales – ne suffira pas. Dansleur gestion quotidienne, bien desadministrationssontdéjàmenacéesde paupérisation. Des efforts derationalisation ont été engagés,d’autres restent à faire, dont le gou-vernement espère tirer, à terme, de5à 7 milliardsd’économiespar an.

Mais les esprits les plus avisés augouvernement le reconnaissent: aurythmeactuel et avec les outils exis-tants, il sera impossible de réduireles dépenses publiques autant quenécessaire. Seules des réformes destructure – ambitieuses, courageu-ses, périlleuses – permettront d’at-teindre l’objectif : faire mieux avecmoins, inventer un Etat moderne àl’heuredelamondialisation,reconfi-gurer l’ampleur et la nature destransferts sociaux, réorganiser descollectivités locales redondantes…

Depuis Michel Rocard, il y a unquartdesiècle, legouvernementn’estpaslepremieràl’évoquer.Resteàpas-ser à l’acte. Le risque est grand. Maisrenoncercondamneraità l’échec.p

LIRENOS INFORMATIONS PAGE 10

NOUVELLE BOUTIQUE259, rue Saint-Honoré 75001 PARIS

messika.com

MARSEILLE : LES ENFANTSDES CITÉS NE SAVENT PAS NAGERENQUÊTE – LIRE PAGE 20

Leschrétiensd’Orient,entreviolencesetexodeGÉOPOLITIQUE–SUPPLÉMENT

FRONDE À LACOMÉDIE-FRANÇAISECULTURE – LIRE PAGE 12

EtBernadette ChiractorpillaNKML’épousede l’ex-présidentafait l’élogedesTiberi,dontNathalieKosciusko-Morizetveutsedébarrasser.Atroismoisduscrutin,NKMestdé-bordéeparsesmeilleursenne-misde ladroiteparisienne.FRANCE– PAGE 9

L’ancien leader CFDTde Florange candidatPSaux européennesEdouardMartin,quiavaitmenéle combatcontrela fermeturedeshauts-four-neauxlorrainsd’ArcelorMit-tal,mènera la listePSdansl’Est. Entretienexclusif.FRANCE–PAGE 9

Les raisonsde l’interventionenCentrafriqueLaFranceaenvoyé1600soldatsdansunpaysvictimedesoubresautspolitiquesàrépétitionet carrefourdeconflitsethniqueset reli-gieux.Décryptageencartes.L’ŒILDUMONDE–PAGES 16-17

L ’universitécontredit lesidéesreçues:la quatrième enquête annuelle surl’insertiondesétudiantsdiplômésde

l’université en 2010, que Le Monde publieen exclusivité, démontre les excellentesperformances des établissements fran-çais. Trentemois après leur sortiede l’uni-

versité, 90% des diplômés d’un masteront trouvé un emploi, 91% des diplômésdes licences professionnelles et 88% destitulaires d’un DUT. Autre enseignementde l’enquête: 6 diplômés sur 10 sont sala-riésdusecteurprivé,toutesfilièresconfon-dues.«Ilyaunréeldécalageentrelapercep-

tion de ce qu’est l’université aujourd’hui etla réalité, souligne la ministre de l’ensei-gnement supérieur, GenevièveFioraso. Laformation universitaire bac +5 est trèsappréciéedesentreprises.»Pourlapremiè-re fois, Le Monde publie le palmarès desuniversités qui insèrent le mieux, répar-

ties selon les principales filières : si lessciences restent la voie royale, et le droit,l’économieet la gestion, des valeurs sûres,le taux d’insertion des sciences humaineset sociales, des lettres, des langues et desarts est bon, à 86%à trentemois.p

LIRECAHIER ÉCOPAGES8-9

ÉDITORIAL

Lepalmarèsdesmeilleuresuniversitéspourtrouverunemploi

AUJOURD’HUI

UKprice£1,80

tL’université estun tremplinvers l’entreprise pour60%des étudiants : le classement exclusif du«Monde»

LE REGARD DE PLANTU

ATacloban,le 14 décembre.JOHN JAVALLANA POUR «LE MONDE»

Ladépense,lecourageet lanécessité

PHILIPPINESLES VIVANTSAUMILIEUDESMORTS

t Plusd’unmoisaprès lepassagedutyphon, des corps sontdécouverts chaquejouràTacloban

tManille aannoncéunplande reconstructionde5,9milliardsd’eurosLIRELEREPORTAGE

DEMARIONVAN

RENTERGHEMP. 4

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Andorre 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,80 ¤,Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,20 ¤, Finlande 3,50 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,20 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,00 ¤,Guyane 2,40 ¤, Hongrie 850 HUF, Irlande 2,20 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,80 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,20 ¤, La Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 400 XPF, Tunisie 2,20 DT, Turquie 7,00 TL,USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA,

Page 2: 19/12/13 le monde

international

Viktor Ianoukovitch, président ukrainien, et Vladimir Poutine, le 17 décembre, àMoscou. SERGEI KARPUKHIN/REUTERS

Commentlesultranationalistesukrainiensontinvesti lemouvementpro-européen

MoscouCorrespondante

A rrivé à Moscou, mardi17décembre, dans un avionprêté par l’oligarque Rinat

Akhmetov, le président ukrainien,Viktor Ianoukovitch,aobtenutoutce qu’il voulait de son homologuerusse, Vladimir Poutine. «Grâce àla volonté du président russe, nousavons bien progressé », s’est-ilréjoui après trois heures d’entre-tien.

La Russie a en effet accepté deréduire d’un tiers le tarif de seslivraisons de gaz à l’Ukraine(268,50dollars – 194 euros – les1000m3contreplusde400aujour-d’hui) et s’est engagée à acheterpour15milliardsdedollarsd’obliga-tions émises par l’Etat ukrainien.Enéchangedequoilaréserveukrai-nienne va acquérir des roubles, lamonnaierussequeVladimirPouti-ne imagine devenir la monnaiecommune de l’Union eurasienne,unesorted’URSSdeuxièmemoutu-re qu’il entend créer dès 2015 avecd’anciensEtatspost-soviétiques.

Selonleministrerussedesfinan-ces, Antoine Silouanov, ces achatsd’obligations (appelés «euro-obli-gations» !) seront financés par leFonds souverain russe dédié aurenouvellement des infrastructu-res obsolètes. L’économie ukrai-nienne,promiseàlafaillited’icià lafin de l’année, est donc sauvée dudéfaut.

«Nous pouvons encore progres-serdanslarésolutiondesproblèmesles plus délicats. L’Ukraine est denouveauunpartenaire stratégiqueetunallié», a soulignéM.Poutineàl’issue de la rencontre, feignant des’alarmerde la baissedes échangescommerciaux entre les deux pays,alorsqueMoscouafait toutcequ’ilpouvait ces derniers mois pourétrangler sa voisine slave et ladétourner du partenariat avecl’Union européenne. «Il est tempsdeprendredesmesures énergiques,non seulement pour revenir auxvolumes d’autrefois, mais pour lesdépasser», a insistéVladimirPouti-ne.Moscouva livrerdupétrole à laraffinerie d’Odessa (sud de l’Ukrai-ne), rouverte enoctobreaprès troisansde fermeture.

La coopération industrielle(aéronautique, spatiale, militaire),va reprendre, comme l’atteste une

tournéerécenteenUkraineorienta-le de Dmitri Rogozine, le vice-pre-mier ministre russe en charge du«complexe militaro-industriel».Pour achever de tordre le bras àl’Ukraine, l’agence spatiale russeRoskosmos avait indiqué, le11décembre, qu’elle n’achèteraitplusleslanceursZenitsortisdesusi-nes de Dnipropetrovsk (sud del’Ukraine),car ilsétaienttropchers.«Troisheuresdediscussionsont étéplus fructueuses que nos trois der-nières annéesdepartenariat», sou-lignaitle tabloïdMoskovskiKomso-moletsmercredi.

La «feuille de route» signée parM.Ianoukovitch dans le cadre dupartenariat stratégique russo-ukrainien reste entourée de zonesd’ombre. Qu’a-t-il cédé en échangede l’aide russe ? D’adhésion àl’uniondouanière(Russie,Biélorus-sie,Kazakhstan),«iln’apasétéques-tion», a rassuréM.Poutine.

Rien n’a filtré sur la teneur des

entretiens.«Les fonctionnaires rus-ses évitaient tout contact avec lapresse», précise leMoskovski Kom-somolets. Vladimir Poutine s’estcontentéd’expliquerquelaristour-ne sur le gaz, consentie pour aiderKievàveniràboutdesesdifficultésfinancières, était «provisoire» etqu’il faudrait bientôt passer «à lacoopération». Personne ne sait cequ’ilyaexactementdans lenouvel

avenant au contrat gazier de2009-2019, signé par Ioulia Timo-chenko, aujourd’hui en prisonpourcette raison.

«Le prix du gaz dépendra de lasuitedesévénements.Commel’aditVladimir Vladimirovitch [Poutine],des avancées positives sont possi-bles», a expliqué EvhenBakouline,le patron de l’entreprise publiqueukrainienneNaftogaz.

Les experts s’interrogent sur leretour des intermédiaires dans lesventes de gaz. Abolie par IouliaTimochenko en 2009, la pratiqueopaquedessociétésintermédiairesqui prélevaientdes sommes consi-dérablespourraitrevoirlejour.Ain-si l’oligarqueDmitriFirtach, leplusgros client privé ukrainien de Gaz-prom avec 8milliards de m3 ache-tésen2013(24milliardspourNafto-gaz), assistait aux entretiens demardi.

Confrontéàunecrisefinancière,menacé par une fronde politiquesans précédent, Viktor Ianouko-vitch était à la recherche d’unemise de fonds substantielle poursauver son pays du défaut de paie-ment.Obnubilépar laprésidentiel-le de 2015, l’ancien dirigeant com-munistedeDonetsk (est de l’Ukrai-ne) voulait beaucoup d’argent ettout de suite. L’Union européenneproposaitpeu(«Nousavonsprésen-téunepropositiond’aide financière

et économique, loin de ce qui estnécessairepour sauver l’Ukraine dela faillite et l’associer économique-ment durablement à l’Europe», areconnu le nouveauministre alle-mand des affaires étrangères,Frank-Walter Steinmeier), tout enétant vigilante sur la destinationdes fonds. Le Fonds monétaireinternational exigeait des réfor-mes. La Russie, elle, ne demandenitransparenceni réformes.

L’opacité de l’accord signé àMoscou va achever deméconten-ter les manifestants pro-euro-péens rassemblés sur Maïdandepuis bientôt quatre semaines.«Quinze milliards de dollars, plusle rabais sur le prix du gaz quireprésente encore cinqmilliardsde dollars. C’est une somme énor-me. Nous voulons savoir ce qu’il acédéenéchange», adéclaréArseniIatseniouk, un chef de file de l’op-position. p

Marie Jégo

KievEnvoyé spécial

Côteàcôte sur labarricadedeMaïdan,DanielKovzhun,unentre-preneurde 37ans issud’unefamille juivedeKiev, qui abandon-nechaquesoir femmeetenfantspourattendre, spraydepeintureenmain, l’arrivéede lapolice, etSerhiyK., 19ans, sympathisantdupartinationalisteSvoboda,venutout spécialementdeKhmelnits-kiy, dans l’ouestukrainien. L’unest làpour«défendre l’Etatdedroit», l’autre«pourdire “non”à laRussie». Voilàdeuxdesvisagesdelacontestationqui secoue l’Ukrai-nedepuisunmois. Proeuropéen-ne, antipouvoir, elle est aussi lelieuoùs’exprimeunnationalismeukrainienvenude l’ouestdupays,notammentpar laprésence, à lapointedumouvement,dupartiSvoboda.

Dès ledébutdumouvement, ceparti, dont lenomsignifie«liber-té», s’est imposédans la ruegrâceaunombreet à lamotivationdesesmilitants. Cesont euxqui les

premiersontpris encharge la lour-de logistiquedeMaïdan, avantquelemouvementnes’inscrivedansladuréeet s’organise:postesmédi-caux,distributiondenourriture,serviced’ordre…

Surtout, ses slogans–dont«Gloireà l’Ukraine,gloireauxhéros»–ontété adoptéspar la fou-le et les chefsde file desdeuxautrespartisquimènent la contes-tation:Oudar, leparti libéralduboxeurVitaliKlitschko,etBatki-vchtchina,de l’opposanteempri-sonnée IouliaTimochenko.

SurMaïdan, depuisquatresemaines, lesdrapeauxukrainienset européenssont sérieusementconcurrencéspar ceux– rougeetnoir–de l’Armée insurrectionnelled’Ukraine (UPA), branchearméedel’Organisationdesnationalistesukrainiens (OUN), qui collaboraavec l’occupantallemandpendantla secondeguerremondialeparantisoviétisme.L’unde sesdiri-geants, StepanBandera, est réguliè-rementencenséparSvoboda.

Commentceparti, procheduFrontnational françaisetmembre

observateurde l’Allianceeuropéen-nedesmouvementsnationaux, seretrouve-t-il aujourd’huiaucœurducombatpour l’intégrationeuro-péenne?«L’Unioneuropéenne,pour cesnationalistes, est d’abordune“anti-URSS”», expliqueAndreasUmland,universitairespé-cialistedunationalismeukrainien.

Unegarantie contreun retourdans legironrusse.«L’adhésionàl’UEconstitueaussipoureuxuneformedereconnaissancede l’appar-tenancede lanationukrainienneàlagrande familledesnationseuro-péennes.»

Dès lors, Svobodaapuprospé-rerdans l’ouestukrainophone, sonfiefélectoral.Auniveaunational, il

constitue laquatrièmeforcedupays, avec 10%des suffragesobte-nusaux législativesd’octo-bre2012. Et lavolte-faceduprési-dentViktor Ianoukovitchquantàl’orientationeuropéennede sapolitiqueadonnéuncoupdefouetauxnationalistes.«Pour tou-teunepartiede l’Ukraine,M.Ianoukovitchestundirigeantétranger,mais légitime tantqu’ilgarantit la souverainetédupays,décrypte lepolitologueet journa-listeVitalyPortnikov.Lapromessed’unrapprochementavec l’UE, enplusde laisserentrevoir l’émergen-ced’unEtatdedroit, constituait lesoclede ce contrat.»

Il fautdire, aussi, queSvobodaachangé.La formationaaujour-d’huipeuàvoir avec le Parti social-nationald’Ukraine, sonprédéces-seur jusqu’en2004. Lesproposracisteset antisémitesontétémisensourdine.Sonchef,OlehTiahny-bok, très charismatiqueet tou-jours très applaudi surMaïdan,neparleplus, commeil le faisait en2004,de la«mafia judéo-moscovi-tequidirige l’Ukraine».

Nombred’observateursvoientdansce relookage lamain–ouentoutcas les financements–dupou-voir, qui chercheraitàaffaiblir l’op-positiontraditionnelle. Svobodadéfenddésormais lesdroits«cultu-rels»desukrainophonesd’Ukrai-ne, enallant jusqu’àprovoquerunebagarreauParlementpourempêcher le chefde file de lamajo-ritédes’exprimerenrusse. Lesvieuxdémonsn’ont toutefoispastousdisparu: le parti s’est illustréenprotestantcontre l’organisa-tiond’uneGayPrideàKievet s’estindignéqu’uneartisteau teintmatreprésente lepaysauconcoursdel’Eurovision.

M.TiahnybokassureauMondequesonparti estune formation«nationalistepatriotiqueeuro-péennenormale», et que s’il existedes«différences idéologiques»entre les trois formationsde l’op-position, la collaborationentre cel-les-ci estdéjàancienne.

Impossiblededirequellepro-portiondesmanifestantsest sensi-bleaudiscoursdeSvoboda,maissurMaïdan, leparti et ses référen-

ceshistoriquesne fontpaspeur.«Pourmoi, l’UPAestavant tout laforcequi s’est opposéeauxatroci-tésduNKVD [l’ancêtreduKGB,dans lesannées 1940-1950], expli-queDanielKovzhun, l’entrepre-neurd’origine juive.Et lesmotsd’ordrenationalistesont toujoursmobilisé la jeunesse.»

Resteque lemouvementdecontestation, s’il veut espérer rem-porter lavictoire,doit rassemblerplus largementqu’ilne le faitactuellement,en ralliantnotam-ment l’est et le sudrussophonesdupays. Ses chefsde file, telle ladéputée InnaBogoslovska, seuleàs’exprimerenrusse à la tribunedeMaïdan, le reconnaissent.Or lesslogansdesnationalistesukrai-niensagissent commeunrepous-soir sur les russophones.«Si Svobo-daaccèdeaupouvoiravec lesautres composantesde l’opposi-tion, ces slogansdeviendrontpres-quedes slogansd’Etat. L’Est et leSudnepourrontpas se reconnaîtredanscetteUkraine-là», avertitAndreasUmland.p

BenoîtVitkine

Leministère russe de la défensea confirmé, lundi 16décembre,avoir déployé des batteries demissiles Iskander, d’une portéede400kilomètres, dans l’encla-ve deKaliningrad, qui jouxtel’Union européenne.«Ces missi-les balistiques tactiques appar-tiennent au district militaireOuest (…) leur déploiement n’estpas contraire aux traités interna-tionaux», a expliqué le général

Igor Konachenkov. Selon le quo-tidien Izvestia, ils sont en placedepuis dix-huitmois.La nouvelle a alarmé les paysbal-tes et la Pologne, dont les capita-les sont à la portée desmissilesrusses.«Cette question relèvede l’OTAN, des consultations, etdes décisions sont attendues dela part de l’Alliance et de l’Unioneuropéenne», a expliqué la diplo-matie polonaise.

VladimirPoutinesauvel’UkrainedelafailliteLaRussieprometunrabaisduprixdugazetdesmilliardsenbonsduTrésoraprès lavolte-facedeKievsur l’UE

«Nousvoulonssavoirceque[Ianoukovitch]acédéenéchange»

Arseni Iatsenioukopposant ukrainien

Desmissiles russes aux portes de l’Europe

L’Unioneuropéenneest,pourlesnationalistes,

unegarantiecontreunretourdanslegironrusse

2 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 3: 19/12/13 le monde

international

FAVORABLE100% D’OPINION

Desporte-parole duministre bel-ge de la défense et de l’état-major, interrogés par l’agenceBelga, ont démentimardi17décembre l’envoi de troupesenRCA, rappelant queBruxellesavait donné son feu vert à lamise à disposition de deuxavionsde transport pour l’opéra-tion «Sangaris». Dans la jour-née, leministre français des

affaires étrangères, LaurentFabius, avait affirmé: «Nousaurons bientôt des troupes ausol apportées par nos collègueseuropéens.» La France a deman-dé à ses partenaires des forcesde protection,mais seule uneaide logistique est promise pourl’heure par plusieurs pays(Royaume-Uni, Allemagne, Polo-gne, Pays-Bas).

Un soldat de l’opération «Sangaris» patrouille dans le quartier Castor, à Bangui, le 16décembre. MICHAËL ZUMSTEIN/AGENCE VU POUR «LE MONDE»

AuxEtats-Unis, lacommissionchargéeparM.ObamaderéformerlaNSAproposedesaménagementslimitésLaMaisonBlancherejette l’idéedenommeruncivil à la têtede l’agencedesurveillance

L es victoires sont toujourspetites, en matière d’Europedeladéfense.Le sujet figureà

l’ordre du jour de la réunion deschefs d’Etat de l’Union européen-ne (UE) jeudi 19 et vendredi20décembre à Bruxelles, parmid’autres points, dont l’union ban-caire. «C’est déjà une première vic-toire, car ladéfensen’a jamaisétéàl’agendaduConseildepuislasigna-ture du traité de Lisbonne», souli-gne l’entourage du ministre fran-çais Jean-Yves LeDrian.

Depuislemandatfixéparlepré-sident du Conseil, Herman VanRompuy, en décembre2012 pourque les Vingt-Huit discutent dedéfense, Paris s’efforce, en chef defile, de donner de la consistance àune«relance».Maissurcesujetdesouveraineté, la coopérationeuro-

péenne continue de se briser surde solides écueils : la concurrencedes industriesnationales, lesdéca-lagesdesagendaspolitiques inter-nes, et, par-dessus tout, la réticen-cecroissantedesEuropéensàenga-ger la force, bien qu’ils dépensentencore 180milliards d’euros paranpour leur défense.

Les «groupements tactiques»européens n’ont ainsi jamais étéemployés faute de vision stratégi-que commune. Londres vient des’opposer à leur déploiement enCentrafrique,sujetsurlequelFran-çois Hollande appellera jeudi sespartenaires à la solidarité.

Depuis 2008, la crise pèse ; lesbudgetsmilitairesdel’UEontbais-séde10%.Aucunprogrammed’ar-mement commun n’est engagé, àl’heure où sont livrés les premierstransporteurs A400M, une copro-duction à huit lancée dans lesannées 1980, sauvée in extremistrente ansplus tard.

Les objectifs sont donc hum-bles : «Ne pas repartir pour uneséquencedecinqanssansrien»,dit-on à Paris. Un prochain rendez-vous est fixé en juin2015. «Ons’épuise en pure perte, pour avan-cer vers une défense européennenon identifiée, car nous sommesdans une impassestratégique»,confie, lasse, une source militairefrançaisedehautniveau.

Lecontenude la feuillede routeporte d’abord sur les opérationsextérieures.La Franceapoussé sespartenairesàporter leurattentionsur deux enjeux : la sécurité auSahel d’abord. Plusieurs missionseuropéennessont lancées auMali,au Niger ou en Libye. Elles restenttrès modestes. Les Vingt-Huitdevraient aussi s’engager à déve-lopper une stratégie commune enmatièredesécuritémaritime–lut-te contre la piraterie et les trafics.Pour de futures opérations enMéditerranée et dans le golfe deGuinée, l’idée est de bâtir un«cadre» qui permette de joindreplus facilement les moyens de laCommission et ceux du Serviced’actionextérieurede l’UE.

LademandedeFrançoisHollan-dedecréerun«fondspermanent»pour les opérations extérieuresest loin de faire l’unanimité. LesVingt-Huitdevraient examinerun élargissement du mécanisme«Athena», abondé par les Etats enfonction de leur produit intérieurbrut pour financer la logistiquedes opérations militaires menéessous bannière européenne. Unautre instrument, la Facilité depaix pour l’Afrique, qui paie déjà

les soldats africains formés parl’UE, pourrait aussi à terme êtrerevu.

Le deuxième volet de la feuillede route porte sur les «capacités»militaires communes. De nou-veauxpaysvont,directement(l’Es-pagne)ouàtitred’observateurs(laPologne), rejoindre le commande-ment européen du transportaérien EATC qui mutualise defaçon efficace une flotte d’avionsmilitaires. Pour 2019, les Euro-péensenvisagentunsystèmeéqui-valent en ce qui concerne les ravi-tailleurs en vol.

La réunion de jeudi devraitenfin prendre acte de la volontécommune de se doter d’un dronedesurveillancedenouvellegénéra-

tion à l’horizon 2025. Un premieraccord sur la définitiondudroneaétéobtenusous l’égidede l’Agenceeuropéennededéfense.Lesminis-tres de sept pays se sont parailleursengagésà formerun«clubdesutilisateurs». Et lacommissionannonce de premiers finance-mentspour étudier l’insertiondesdrones dans l’espace aérien euro-péen, chose impossible pour desraisons techniques et juridiques àce jour. Cependant, aucun pro-gramme n’est lancé : «Nousauronsun besoinmilitaire harmo-nisé en 2017», indique-t-onà Paris.

Sur le volet industriel, aucuneavancéen’est àattendre.Parispro-meut une exonération de la TVApour les projets d’équipements

communs, à l’instarde cequi exis-te à l’OTAN – l’Alliance achète sesC17 et ses Awacs hors taxe auLuxembourg.Berlin s’y oppose.

Sur ces sujets, les trois puissan-ces qui assurent 75% de l’effort dedéfense européen, Allemagne,France et Royaume-Uni, se retrou-vent ainsi dans une position deneutralisationréciproque.

Londres, allergique à touteduplication de moyens avecl’OTAN, voulait un sommet «pro-fil bas» sur les aspects militaires,insistant sur «l’approcheglobale»de l’UE: en clair le développementdesescapacitéscivilesdestabilisa-tion des crises. Néanmoins, leRoyaume-Uniestsensibleàlapres-sion exercée par les Etats-Unispour que les Européens assumentmieux leur propredéfense.

«Notre approche est celle dupragmatisme de court terme et delong terme. Notre partenaire fran-çais est pragmatique sur le courtterme et plus ambitieux pour un“grand projet” sur le long terme,indiquait auMonde leministre dela défense Philipp Hammond lorsde sa dernière visite à Paris, finoctobre. Mais, au moins, sur lecourt terme, nous sommesà l’unis-son.»

Parisaffirmeavoirune«respon-sabilité» à promouvoir l’Europede la défense, mais doit marchersur des œufs pour ne pas perdresur tous les tableaux. Il faut éviterainsi les mots qui « congèlenttout», et d’abord l’idée d’un état-major européen. C’est le sommetfranco-britannique du 31 janvier2014qui sera le lieu des annonces.

De son côté, Berlin apparaîtcomme une puissance contradic-toire, avec une industrie de défen-se fortement exportatrice et uneposture pacifiste mal comprise.«L’Allemagneaura en 2020 la pre-mière armée européenne», noteElisabethGuigou, présidente de lacommission des affaires étrangè-resdel’Assembléenationale.Mais,estime-t-elle, «avoir un échangeconstructif sur la défense dépenddudialogue sur l’unionmonétaire.C’est unpréalable».

En prenant ses fonctions en2012, leministredeladéfensefran-çais avait répondu aux sceptiquesen ces termes : «On ne peut pasnousreprocherd’essayer.»MmeGui-goudéclare en écho, «il faut conti-nuer à essayer». p

NathalieGuibertet Jean-Pierre Stroobants

(Bruxelles, correspondant)

K eith Alexander a gagné : laréforme de la NSA, que cegénéral quatre étoiles diri-

ge depuis 2005, pourrait n’êtreque cosmétique, en dépit du scan-dale provoqué par les révélationsde l’ancien informaticien EdwardSnowden sur la surveillancemon-dialepratiquéepar l’Agencenatio-nale de sécurité américaine. Enaoût, peu après les premières fui-tes, BarackObama avait comman-dé àdes expertsun rapport envued’une «révision des programmesde surveillance» visant une plusgrande«transparence».

Le document de 100 pagesvient de lui être remis, et sesconclusions n’ont pas été renduespubliques. Mais les informationspubliéesdansleWallStreet Journalet leNewYorkTimes lèvent levoilesur les propositionsmodérées desexperts, qui tendent à maintenirenplace la collecte généraliséedesdonnéesdecommunications,touten cherchant àmieux l’encadrer.

Immédiatement, l’administra-tionObamaapris le contre-pieddeleurrecommandationlaplusosée:réduire le pouvoir du directeur delaNSAen lui retirant la tutellequ’ilexerceaujourd’huienparallèlesurle Cyber Command, la structure

militairecrééeen2009pourproté-ger les réseaux contre les cyber-attaquesetmenercetyped’offensi-ves. Au passage, un civil aurait étéplacé à la tête de l’agence renduecélèbre par Edward Snowden. Pasquestion, a rétorqué la MaisonBlanche: l’unité de commande-ment«est l’approche laplus effica-ce pour accomplir les deux mis-sions». Précisément, l’argumentqu’avait opposé le général Alexan-der,dontledépartestd’ailleurspro-grammépour ledébut 2014.

D’ordre bureaucratique enapparence, cet arbitrage recouvreen réalité un enjeu majeur : lesrévélations d’Edward Snowdenontmontré la schizophrénie de laNSA qui, chargée de percer lescodes informatiques, introduitelle-mêmedesvulnérabilitésdansles systèmes, pour faciliter lescyber-attaques américaines. Puisjustifie sa surveillancegénéraliséepar la nécessité d’empêcher desétrangers d’exploiter les faillesqu’elle a elle-mêmeconçues. Cetteschizophrénie, encouragée par ladouble casquette de sondirecteur,devrait doncperdurer.

Parmi les 40 propositions durapport remis à Barack Obamamais qui ne lient pas le président,

figure la fin de la collecte centrali-séedesdonnéespar laNSA.Celles-ci resteraient stockées entre lesmainsdesopérateursoud’unorga-nisme tiers, les agences de rensei-gnementpouvant y piocher. Cettesolutioncompromettraitl’efficaci-té de la NSA, a jugé Keith Alexan-der. Le systèmeactuel est «un bonmodèle, pas seulement pour notrepays, mais pour le reste du mon-de», a-t-il déclaré lors d’une audi-tion auSénat.

Les experts suggèrent aussid’ôter aux sociétés privées le pou-voir d’attribuer les habilitationsau secret (dont bénéficiait EdwardSnowden) pour les confier à uneorganisation sans but lucratif. Ilsveulent aussi que soient codifiéeset publiées les mesures prises parles Etats-Unis pour protéger la vieprivée des citoyens étrangers.C’estprécisémentcequelesgéantsduWeb – Google, Microsoft, Face-book,etc.–, inquietsd’unepertede

confiance du public, sont venusréclamer à Barack Obama mardi17décembre.Mais le floudemeuresur la portée de ces éventuelsefforts de transparence.

Parmi les autres propositionsdurapport:quelaMaisonBlanchesupervise directement la liste desdirigeants étrangers écoutés (etnon plus le directeur national durenseignement); que les avocatsde laNSAne soient plus les seuls àplaiderdevant laCourFISA, la juri-diction secrète chargée du contrô-le de la collecte des données decommunication.Unjuristechargéde défendre l’intérêt public leurporterait la contradiction.

Laculturedel’espionnagemon-dialgénéralisé«esten traindes’ef-fondrer», écrit pendant ce temps-làEdwardSnowden,réfugiéàMos-cou, dans une « lettre ouverte aupeupleduBrésil»auquel ildeman-de l’asile. Le président américain,lui, doit annoncer ses décisionslors d’un discours prévu pour jan-vier. Lorsqu’il était sénateur,BarackObamas’étaitopposéàl’ex-tensiondesactivitésdelaNSAdéci-dée par George Bush. Mais depuisqu’il est installé à la Maison Blan-che, il l’a totalement avalisée.p

PhilippeBernard

«Ons’épuiseenpurepertepouravancerversunedéfenseeuropéennenonidentifiée»,confie,lasse,unesourcemilitairefrançaisedehautniveau

L’UnioneuropéenneresteparalyséesurlesquestionsdedéfenseLaFrancevaproposerunfondspourlesopérationsauConseil européen jeudi

RCA: promesses d’aide logistiquemais pas de troupes

Lefloudemeuresurlaportéedes

éventuelseffortsdetransparencedelaNSA

30123Jeudi 19 décembre 2013

Page 4: 19/12/13 le monde

Emploiprésente

Boostezvotre carrière avec

Decouvrez notre nouvelle chaîneLeMonde.fr/emploiL’actualité dumarché de l’emploi, la gestion de carrière,le management et toutes nos offres d’emploi.

international& planète

Reportage

Tacloban (Philippines)Envoyée spéciale

O nse fait vite à la compagniedescadavres.C’estàpeinesice crâne de bébé qui flotte

dans une mare boueuse amuseencore les enfants. Ils lui lancentdes cailloux pour voir s’il bouge ets’en vont vers un autre jeu en sau-tillant sur les décombres. Ils enontvu tellement, dans ce quartier deTacloban situé au bord du Pacifi-que,rasécommeparunbombarde-ment et transformé en une vastedéchargemalodoranteoù les caba-nes repoussentdéjà tels des cham-pignons.

A quelques kilomètres de là,dans la chaleur bouillante, quatrepompiers s’affairent. Encore un deces corps qui pourrissent par cen-tainessouslesdétritusdans lesdif-férentsquartiersde laville.Lesges-tes sont bien rodés. Il n’y a qu’àenfermerle toutdansunsacplasti-que et à le transporter jusqu’à labenne du camion. Plusieurs sacsidentiques y attendent déjà. Enmoins de quinze minutes, c’estplié. Le camionrepart. Lesbadaudsnes’arrêtentmêmepaspourregar-

der la scène, si banale. Il y a eu unbref moment d’anéantissement,vendredi 8novembre, juste aprèsle passage du typhon Haiyan, l’undes plus violents de l’histoire et leplus meurtrier jamais enregistré,quiaravagéd’estenouest lecentredesPhilippines.

Quand l’océan s’est retiré, aprèss’être gonflé d’une dizaine demètres de hauteur et sur plus d’unkilomètre,avalantd’uncoupdelan-gue les baraquesdebois etde tôles,desmilliers de corps gisaient, flot-tant sur l’eau, suspendus comme

des pantins dans les arbres, amon-celés par centaines sur les plages,sur les routes, partout. Deshumains de tous âges et de toutestailles, des chiens, des cochons, despoules. Les ONG et le gouverne-ment ont à peu près paré aux pre-mières urgences : ils nourrissentles survivants, offrent des tentes,dégagent les routes. La vie reprendmaintenant, presque comme si derien n’était. En compagnie desmorts qui n’en finissent jamais desortirde terre.

Il s’est écoulé plus d’un moisdepuis lepassagedu typhonque lacommunautéinternationaleabap-tisé «Haiyan» et auquel les Philip-pins, familiers des catastrophesnaturelles, ont donné le nom de«Yolanda». Les corps ne gisentplusenmassecommeauxpremiè-res semainesdudésastremais cha-cun sait qu’ils sont encore partout,sous les pieds ou juste à côté,enfouis sous les débris, abandon-nésdanstelrecoind’eaustagnante,déchiquetésdans l’océan.

6069 morts ont été recensés,selon un bilan officiel, sans comp-ter les 1 779 portés disparus. Cha-que jour,unevingtainedecorpsendécomposition sont encoredécou-verts sur l’île de Leyte, principale-ment dans la ville de Tacloban etdans ses environs ravagés. Les res-capés, eux, sont occupés à leur sur-vie,presquetranquilles.Aprèsqua-rante jours, ils se sonthabitués. Lesmorts font partie du paysage desvivants, c’est commeça.

On les repère généralement à

l’odeur. A cette âcreté violente, cet-tepuanteurducadavrehumainendécomposition qui n’a pas sapareille. Elle vous prend les pou-mons. Elle s’est maintenant dissé-minéeunpeu partout,mélangée àcelledesdéchetsquel’onbrûle,auxorduresanciennesetnouvelles.

Au fur et à mesure que la viereprend dans les quartiers aplatispar le typhon, alors que chacuns’agite au milieu des taules et desdécombres pour dénicher de quoiserebricolerunemaison,ontrouveencore chaque jour, par dizaines,des cadavres en morceaux. DesONG ont amené des chiens pouraccélérer les recherches. A chaquedécouverte,lesautoritéssontappe-lées. Aux gardes-côtes la tâche devenir chercher ceux que le Pacifi-que a recrachés sur les plages. Auxpompiers celle de nettoyer la terreferme.

Voilà les corps rassemblés. Descentaines et des centaines de sacsalignés sur l’herbe, au bord de laroute, sous le soleil brûlant. C’estici que lespompiersdéposent cha-que jour leur récolte macabre, enbordure de Tacloban, dans ce quiest l’un des deux sites funérairesprovisoires réservés à cet effet.Une équipe de médecins légistes,sous l’autorité du bureaunationald’investigation (NBI), procèdeméthodiquement à l’examen descorps, (photos, ADN, empreintesdigitales et dentaires). Ceux-cisont ensuite transférés dans unefosse commune pour y attendreleur identification incertaine,résultat d’une coïncidence entreles informations consignées parlesmédecins légistes et cellesdon-nées par les familles sur leurs pro-chesdisparus.

L’espoir est mince. Près de2500corps inconnus reposent surles deux sites. «Nous avons pu enanalyser418àce jour,et seuls 10ontété identifiés», note le docteurRey-naldo Romero, qui dirige l’équipede médecins légistes sur le site deSuhi.

Un camion de pompiers arrive.De nouveaux sacs puants sontdébarqués et posés à même le sol.«Plus le tempspasse,moins les sacssont lourds», note froidement unpompier.Unautreira lesrangerunpeu plus loin, à côté des milliersd’autres qui pourrissent en pleinsoleil. Les sacs s’éventrent. Unchien erre de l’un à l’autre et s’en-fuit d’un air coupable avec un osdans lagueule. Puis revient.p

MarionVanRenterghem

Chacunsaitquelescorpssontpartout,

souslespieds,enfouissouslesdébris,

abandonnésdanstelrecoind’eaustagnante

Unplan de reconstructionde 5,9milliards d’euros

SOUDANDUSUD

DescentainesdemortsdansdescombatsentrefactionsrivalesJUBA.Des affrontements au Soudan du Sud ont fait entre 400 et500morts, ont indiqué,mardi 17décembre, des sourcesdiplomatiquesauxNationsunies. Des violences ont éclatédimanche soir dans la capitale, Juba, entredes factions rivales del’armée, après des informations faisant état d’une tentativedecoupd’Etat contre le président, SalvaKiir. Ce dernier a accusé sonancienvice-président, RiekMachar, d’avoir cherchéàprendre lepouvoirpar la force. La communauté internationale redoutequeles affrontements semuent en tueries entre les communautésDinkaduprésidentKiir etNuer deM.Machar, en conflit l’uneavec l’autre depuis la guerre civile qui adébouché surl’indépendanceduSoudanduSud, en juillet2011. Selon l’ONU,10000 civils environont trouvé refugedans ses deuxbasesdeJuba. – (AFP, BBC.)p

AllemagneAngelaMerkel réélue chancelièreBERLIN.AngelaMerkel a été denouveauélue chancelièrepar leBundestag, le Parlement allemand,mardi 17décembre. Elle étaitla seule candidate. Sur 621 suffrages exprimés, elle a obtenu462 voix, soit 42 demoins que le nombrededéputésCDU (Unionchrétienne-démocrate),CSU (Union chrétienne-sociale) et SPD(Parti social-démocrate) formant samajorité. Cent cinquantedéputésont voté contre. Neuf se sont abstenus.

Mali Le parti d’« IBK» remporte les législativesBAMAKO. Leparti duprésidentmalien, IbrahimBoubacarKeïta,contrôle, avec ses alliés, 115 des 147 siègesde l’Assembléenationa-le, à l’issuedu second tourdes élections législatives, dimanche15décembre, a annoncé,mardi, leministre de l’administrationterritoriale.– (AFP.)

Etats-UnisLe projet de budget en voie d’adoptionWASHINGTON. Leprojet de budget américainnégocié par lesdémocrates et les républicains a passé,mardi 17décembre, uneétape cruciale au Sénat, ouvrant la voie à sonadoptionprochaine.Douze sénateurs républicainsont joint leur voix aux55démocratespour rejeterun filibuster (uneprocédured’obs-tructionparlementaire) républicain. La Chambredes représen-tants avait déjà adopté, jeudi 12décembre, cet accordpour2014et 2015, longuementnégocié après la paralysie des administra-tions fédérales enoctobre. – (AFP.)

ClimatLa planète a connu sonmois de novembrele plus chauddepuis 1880Lemondea connu cette année sonmois denovembre lepluschauddepuis le début des relevés de températures, en 1880, aindiqué,mardi 17décembre, l’Agence américaineocéanique etatmosphérique (NOAA). – (AFP.)

Le gouvernement philippin aannoncé,mercredi 18décembre,le lancement d’un plan dereconstruction de 360,9mil-liards de pesos (5,9milliardsd’euros) après le passage dévas-tateur du typhonHaiyan, le8novembre.Leprésident philippin, BenignoAquino, a estiméquequatreannées seraient probablementnécessaires pour achever lareconstructiondes zones sinis-trées. Il a évalué le total desdégâts provoquéspar le cycloneà l’équivalent de9,4milliardsd’euros.Envisite lemême jourdans lavilledeTacloban, laplusmeurtrieparle typhon, lesecrétaired’Etataméricain,JohnKerry, aannoncéuneaidesupplémentairede25millionsdedollars (18millionsd’euros)quiporteà86millionsdedollars le total de l’aideallouéepar lesEtats-Unis.BanKi-moon, lesecrétairegéné-raldesNationsunies,doitse ren-dreàson touràTaclobandans lasemaine.

Encore 2500corpsnon identifiésà Tacloban.JOHN JAVELLANA POUR «LE MONDE»

ATacloban, laviereprend,encompagniedescadavresPlusd’unmoisaprès lepassagedeHaiyanauxPhilippines,descorpssontdécouvertschaquejour

4 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 5: 19/12/13 le monde

international

-AR

4246

MECCANICO

IstanbulCorrespondance

N ous ne plierons pas», a faitsavoir le premier ministreturc, Recep Tayyip Erdo-

gan, depuis la ville de Konya, où iltenaitunmeeting,mardi17décem-bre. «Aucune force de l’ombre,qu’elle agisse de l’intérieur ou del’extérieur, ne nous indiquera laligneàsuivre», a-t-il lancé.Le«sys-tèmeAKP»(Partide la justiceetdudéveloppement), bâti par le chefturcautourduparti islamo-conser-vateur qu’il dirige sans partagedepuis douze ans, est pourtant entrain de vaciller. Un vaste coup defiletanticorruption,menémardi àIstanbul et Ankara, provoque unséismeau seindupouvoir.

La justice enquête sur unevasteaffairedemalversations,decorrup-tion et de blanchiment d’argent,aux ramifications très politiques.Parmi les 56 personnes placées engardeàvue figurent lemaire (AKP)du quartier central de Fatih àIstanbul,MustafaDemir, les fils detroisministres parmi les plus pro-

ches du chef du gouvernement, lecousind’unresponsabledubureaunationaldel’AKP,desbureaucratesde premier plan, mais aussi deshommes d’affaires liés au juteuxsecteur de la construction et de lapromotion immobilière…

Lagarderapprochéedupremierministre est sérieusement écla-boussée.«C’est leplusgros scanda-le de l’histoire de la Turquie. Le pre-mier ministre doit démissionner»,a réclamé le député Engin Altay(Parti républicaindupeuple, CHP).L’opposition exige par ailleurs lacréationpar l’Assembléenationaled’unecommissiond’enquête.

Au centre des investigations

menées par la justice, se trouvel’administration de développe-ment de l’habitat collectif (TOKI),qui a engrangé au cours de la der-nièredécenniedesbénéficescolos-saux en revendant à des promo-teurs immobiliers triés sur levoletdesterrainspublics,etenréalisantses propres projets de logementscollectifs.Cetteentrepriseparapu-blique est au cœur de la politiquede transformation urbaine lancéepar M.Erdogan et tant décriée auprintemps au moment des mani-festationsde la place Taksim.

Le fils duministre de l’environ-nement et de l’urbanisme, Erdo-ganBayraktar, anciendirecteurdeTOKI, fait partie des personnalitésarrêtées. En 2012, M.Bayraktaravaitreconnudevantunecommis-sion parlementaire qu’environ25millions d’euros de commis-sions occultes avaient été dilapi-dés au cours de sonmandatde dixans à la tête de TOKI.

Un homme d’affairesazerbaïdjanais, Reza Zarrab, maisaussi lemagnatde l’immobilierAliAgaoglu, devenu en quelques

années l’unedesdixpremièresfor-tunes de Turquie, ont été placés engarde à vue par la police, ainsi queles fils du ministre de l’intérieur,MuammerGüler, etduministredel’économie,ZaferCaglayan.

Le directeur général de la ban-quepubliqueHalkbankest lui aus-si interrogé.Selondessources judi-ciaires,sonétablissementaservideplate-formed’échangesavec l’Iran,alors que Téhéran était soumis àdes sanctions internationales.

Cette soudaine offensive de lajustice est à analyser à l’aune de laguerre qui fait rage au sommet del’EtatentrelespartisansdeM.Erdo-

ganet ceuxduprédicateurFethul-lah Gülen, exilé depuis 1999 auxEtats-Unis et à la tête d’une puis-sante confrérie influente dans lesrouages de l’Etat. L’instruction estmenée par le procureur ZekeriyaÖz, réputé proche des«gülénistes», et qui avait dirigél’enquête dans l’affaire Erge-nekon, une organisationmilitaro-nationaliste démantelée en 2007.Lemouvement Gülen aurait déci-dé de lancer ces opérations dereprésailles après avoir été visépar la fermeture des «dershane»,un réseau de cours privés de sou-tienscolairedans lequel il amassi-

vementinvesti,décidéeparlegou-vernement. Lundi, le député AKPHakanSüküra remis sadémissiondu parti, invoquant cette passed’armes pour justifier sa décision.Il est le deuxièmeparlementaire àquitter l’AKP en quelques semai-nes.Unevingtained’autres,favora-bles àM.Gülen, pourraient suivre,estimaitmardi la presse turque.

Le divorce entre l’entourage deM.Erdoganet la confrérie religieu-se, qui a soutenu l’AKP pendantdixansmaisacondamnésadériveautocratique et antidémocrati-que, s’étaledésormaischaque jourdans les journaux. Le quotidienpro-Gülen Tarafmenace de sortir«documents » et « enregistre-ments» compromettants pour lepremierministre.

La bataille est sans doute loind’être terminée alors que se profi-lent,en2014,desélectionsmunici-pales et un scrutin présidentiel ausuffrage universel. Face àM.Erdo-gan qui ambitionne de se présen-ter, lesprochesdeFethullahGülenpèserontde tout leur poids.p

GuillaumePerrier

La Turquie est, pour la deuxièmeannée consécutive, le pays où leplus grand nombre de journalis-tes sont emprisonnés, selon leComité pour la protection desjournalistes. Quarante profes-sionnels étaient détenus dansles prisons turques au 1erdécem-bre. Cela constitue toutefoisune baisse par rapport à 2012,

quand49 reporters étaient sousles verrous. Ankara devanceTéhéran (35 journalistes empri-sonnés) et Pékin (32). 211 journa-listes sont enprison dans lemon-de, selon le rapport rendu publicmercredi 18décembre. Depuis ledébut de l’année, dans lemonde,52 journalistes ont été tués dansl’exercice de leurs fonctions.

Alger, OranEnvoyée spéciale

T out va bien. Un an tout justeaprès la visite d’Etatde Fran-çois Hollande à Alger, les

relations bilatérales entre la Fran-ce et l’Algérie progressent sur lechemin de la détente. Avec lescomplimentsduprésidentAbdela-zizBouteflikadesurcroît,quiaféli-cité la France pour son interven-tion militaire au Mali, commepourmieux tourner le dos aupas-sé. « Il m’a dit : “Soyez fiers de ceque vous avez fait au Mali”. Dites-le auprésidentHollande», rappor-te Jean-Marc Ayrault, le premierministrefrançais, auterme,mardi17décembre, d’une visite de deuxjours à la tête d’une importantedélégation comprenantministreset chefs d’entreprise.

C’est écrit aussi. Dans un longcommuniqué commun, Alger etParissecongratulentsur«lesdéve-loppements positifs intervenusrécemmentauMali». En 47 pointssoigneusement rédigés en termeschoisis et courtois, tous les autresdossiers bilatéraux délicats sontpassés en revue: la «problémati-que des archives », les Françaisdemeurés en Algérie après l’indé-

pendance cibles de spoliationsimmobilières, les enfants de cou-plesmixtes«déplacés», l’indemni-sationdesfamillesalgériennesvic-times des essais nucléaires fran-çais dans le Sahara, le règlementducontentieuxentrelesétablisse-ments français hospitaliers et lesorganismes algériens, ou bienencore la localisationdes sépultu-res des disparus français et algé-rienspendantlaguerred’indépen-dance… « Pas de déclarationsintempestives, pas de faussesnotes (…) et pas de coups tordus.L’antithèse de la relation franco-algérienne pendant des années»,relevaitmardi lequotidienLibertédansunéditorialbaptisé«Ausom-met de l’ennui».

«Nous sommes de bons voi-sins», a affirmé le premier minis-

tre algérien, Abdelmalek Sellal,qui n’a pas quitté d’une semelleson homologue français. Maisc’est encore dans le domaine éco-nomique que l’entente cordiales’est le plus manifestée, dans unintérêt commun bien partagé.Alger souhaite contenir l’appétitde la Chine, qui s’est imposée enquelques années dans des pansentiers de l’économie algérienne,sans que cela se traduise en ter-mes d’investissement et d’em-ploi. «Des chinoiseries», a railléM. Sellal avec l’humour qui lecaractérise.

La France, de son côté, tente derattraper son retard et de récupé-rer sa place de premier fournis-seur, perdue au profit du géantchinois. «Nous avons trop tardé…On n’est pas rendus», admettaitArnaudMontebourg, ministre duredressement productif, en visi-tant l’usine Renault à Oued Tlelat,tout près d’Oran, qui devrait pro-duireen2014 lespremiersvéhicu-les à destination du marché afri-cain. Il aura ainsi fallu des annéesdenégociationspourque leprojetduconstructeurautomobilepren-ne forme. Et entre2005 et 2011,30% de PME françaises ont quittéle territoire algérien à cause destracasseries administratives etdes tensions franco-algériennes, arappelé Nicole Bricq, la ministrefrançaisedu commerce extérieur.

Abstraction a donc été faite duclimat d’incertitude politique quirègne en Algérie, figée dans l’ex-pectative à l’approche de la pro-chaine présidentielle, prévue enavril2014. Nul ne sait si AbdelazizBouteflika, élu depuis 1999 maisaujourd’hui très affaibli par sonaccident cérébral d’avril 2013,compte se représenter pour unquatrième mandat. « Il va bien, ilvous embrasse!», a lancé M.Sellalen réponse à une question sur lasantéduprésident.«S’ilveutpour-suivre sa mission, il le fera en sonâme et conscience, a continué lepremierministre.Ne vous inquié-tez pas, il a les capacités de le faire.J’ai été à ses côtés longtemps, c’estungrandmonsieur.»

Le9novembre, le FrontdeLibé-ration national (FLN, au pouvoir),en a fait son candidat, sans queM.Bouteflika dévoile ses inten-tions. Jusqu’au bout, sa rencontreavecM.Ayrault, qui s’est dérouléedans une résidence située à unequarantaine de kilomètres d’Al-ger, est restée incertaine.p

IsabelleMandraud

«C’est leplusgrosscandaledel’histoire

delaTurquie.Lepremierministredoitdémissionner»

EnginAltaydéputé de l’opposition

«Nousavonstroptardé…

Onn’estpasrendus»ArnaudMontebourg

ministre du redressementproductif à propos

des investissements françaisenAlgérie

Paris-Alger,souslesignedeladétenteLeprésidentBouteflikaafélicitéJean-MarcAyrault,envisiteenAlgérie,surlaguerreauMali

Lepays qui emprisonne le plus les journalistes

LepouvoirturcébranléparuncoupdefiletanticorruptionLapoliceaplacéengardeàvue les filsde troisministresparmi lesplusprochesduchefdugouvernement, RecepTayyipErdogan

50123Jeudi 19 décembre 2013

Page 6: 19/12/13 le monde

france

L ’UMP veut apparaître com-meune force d’alternanceaumomentoù l’exécutif est à la

peine.Pourmontrerqu’ilpropose,sansseulements’opposerà lapoli-tique du gouvernement, le partidevait organiser un séminaire àson siège parisien, mercredi18décembre, afin de définir unedizaine de «mesures d’urgence» àmettre en œuvre pour «redresserle pays». Le but de l’exercice n’estpasdeprésenter leprojetde l’UMPpour 2017, mais de clarifier lesgrandes orientations du parti. Decette réflexion devait découler undocument de travail, qui sera sou-mis au vote des cadres lors d’unconseil national, le 25janvier.

Le président de l’UMP, Jean-François Copé, avait annoncé latenue de ce séminaire débutnovembre pour mettre un termeaux critiques récurrentes sur le

manque de rénovation idéologi-quede sonparti. Pour lui, cet exer-cice symbolique «vise à dire auxFrançais qu’un autre chemin estnonseulementpossiblemais indis-pensable». François Fillon voitd’un bon œil que son camp seconcentre sur le fond car «l’UMP aun travail de crédibilité à accom-plir et doit montrer aux Françaisqu’elle ferait mieux que la gaucheaupouvoir».

Autre objectif : offrir une imaged’unité, alors que la droite resteminée par ses divisions et qu’unedizainede responsables travaillentdans leur coin dans l’optique de2017.De Jean-FrançoisCopéà Fran-çoisFillonenpassantparAlainJup-péouJean-PierreRaffarin, l’ensem-ble des ténors du parti devaientêtre présents, à part FrançoisBaroin. Pour s’afficher comme unprésident soucieux de «rassem-bler», M. Copé souligne qu’il a

demandé à un filloniste, EricWoerth, et un copéiste, Luc Chatel,depréparercetteréuniondetravailavecHervéMariton, délégué géné-ral auprojet.

Le séminaire devait se limiteraux réformes à appliquer dans ledomaineéconomiqueet social.«Ildevait être axé autour de trois thè-mesmajeurs : l’emploi, la compéti-tivité et les finances publiques»,expliqueEricWoerth.Pourconten-ter l’ensembledesdirigeants et lesdifférents courants, des mesuresconsensuelles et peu originalesémergent de cette réflexion. Latonalité des propositions se veutlibérale.

Pour «revaloriser la valeur tra-vail», lepartiproposed’abroger les

35heures hebdomadaires et denégocier le temps de travail parbranche.«Pourlessalariés,unepar-tie de la compensation salarialepourrait porter sur la participationet l’intéressement», précise HervéMariton. L’idée se veut en ruptureavecle«travaillerpluspourgagnerplus»deNicolas Sarkozy, qui avaitacté le maintien des 35heuresassorties d’un dispositif d’heuressupplémentairesdéfiscalisées.

D’autres idées sontmises sur latable, comme la réduction desdélaisde la dégressivitédesalloca-tions chômage; la retraite portéeprogressivement à 65 ans; lamiseenplaced’uncontratdetravailuni-que,actantlafinduCDDetl’assou-plissement du CDI ; le passage

d’un smic national à un smic parbranche ou la réorientation desemploisaidésvers le secteurprivé.

En matière de compétitivité,l’UMP prône la baisse du coût dutravailetdeladépensepublique.Leparti propose de réhabiliter la TVAsociale, évoquéeparNicolas Sarko-zy à la fin du précédent quinquen-nat, avec une baisse des chargessociales qui serait transférée pourpartie sur la TVAet pourune autresur ladiminutiondesdépenses.

L’UMP ambitionne égalementde ramener la dépense publique,quireprésenteaujourd’hui57%duPIB, à 50%. Dans ce sens, M.Copépréconise de réaliser 130milliardsd’économies en cinq ans, quiiraient pour moitié à la baisse des

impôts,pourl’autreaudésendette-ment. La fusion des régions et desdépartements,lapoursuitedunon-remplacementd’un fonctionnairesur deux partant à la retraite ou lasuppression de l’aide médicaled’Etat font partie des pistes deréformes pouvant constituer dessourcesd’économie.

Autantdemesures que la droiten’a pas mises en pratique quandelleétaitaupouvoir...Dequoisusci-ter le scepticisme à l’égard de pro-messes qui pourraient ne jamaisvoir le jour. Un risque dont aconscience Bruno Le Maire. «Laquestion du “comment” est fonda-mentale, car les Français doiventavoir l’assurance que l’on mettrabienenœuvretoutcequel’onpropo-

se, prévient-il. Nous avons telle-mentdéçuquenousdevonssurtoutpréciserlamanièredontnousappli-queronsnotreprogramme.»

S’il juge «positif» que son parti«réfléchisse» sur le fond, LaurentWauquiez appelle de son côtél’UMPà«nepas se contenterd’agi-terdes idées virtuelles». Pour lui, ladroitedoit«passerauxactesprati-ques» en demandant notammentà ses candidats aux municipales«de ne pas augmenter les tauxd’impôts sur la durée dumandat»avantdesetournervers2017.Toussont au moins d’accord sur unpoint: l’UMP a encore du pain surla planche avant de restaurer sacrédibilité.p

AlexandreLemarié

franceculture.frTOUS LES JOURS, la radio créative

LES PIEDS SUR TERRE 1

3H30 - 14H

SUR LES DOCKS 17H - 1

7H55

LE FEUILLETON 20H30 -

20H55

LES ATELIERS DE LA NUI

T 23H - 0H

lundi > vendredi

Pour«revaloriserlavaleurtravail»,lepartipropose

d’abrogerles35heureset

denégocier letempsdetravailparbranche

L’UMPenquêtedecrédibilitépour2017Réunienséminairemercredi, lepartid’oppositionproposeunedizainede«mesuresd’urgence»

Jean-FrançoisCopéestaccuséd’entretenirlesdivisionsauseinduparti

Jean-François Copé, François Fillon et Alain Juppé, le 3mai 2012, à Bordeaux. JEAN-PIERREMULLER/AFP

UNANAPRÈS la guerreCopé-Fillon, l’UMPn’est pas sortie descoupsbas. Jean-FrançoisCopé abeauassurerqu’il s’efforcede«rassembler», le présidentdupar-ti est accusé en internededéfen-dre les intérêts de ses seuls sou-tiens et de régler ses comptes avecses rivaux.

Dernier épisode endate: desélus copéistes font courir le bruitque lemaire deMeaux (Seine-et-Marne) envisageraitde disputer àValérie Pécresse la tête de listeaux élections régionales en Ile-de-France, qui auront lieu en 2015. «Ily aune logique et du sens, expli-que l’und’eux.Copéadéjà été can-didat en 2004 et son intérêt pourla régiona toujours étémanifes-te.» Si l’entouragedupatrondel’UMPdémentqu’il ait l’intentionde concourir à ce scrutin, les parti-

sansdeValérie Pécresse y voientunevolonté depolluer la campa-gnede leur championnepour luifairepayer son soutien à FrançoisFillon.

LadéputéedesYvelines, seulecandidatedéclaréepour repren-dre la régionausocialiste Jean-PaulHuchon, semontre remontéepar ces bruitsde couloir.«Nourrirles divisions, c’est lamort annon-céede l’UMP»,met-elle engarde.

Sonentourage suspecteM.Copédevouloirdéstabiliserune rivalepotentiellepour lesannées àvenir, comme il l’a déjàfait avecNathalieKosciusko-Mori-zet.Débutnovembre,M.Copéavait plongédans l’embarras l’an-cienneministrede l’écologie encritiquant les conditionsd’attribu-tionducontrat écotaxeà la socié-té Ecomouv. NKM, aujourd’hui

candidateUMPà laMairiedeParis, avait peugoûté cette sortie,qui avait donnédugrainàmou-dreà sonadversaire socialiste.

«Au bord de la fracture»Autre sourcede tensions: les

investituresauxélectionsmunici-pales et européennes. L’attribu-tiondes têtes de liste adonné lieuàunbras de fer entreMM.Copé etFillon.«J’essayede sauver quel-ques-unsdenos amis sur le pointd’être éliminéspar “JFC”», a parexempleécrit l’ex-premierminis-tredansunSMSaudéputéBer-nardDebré, unde ses soutiens.

Si, enpublic, le présidentdel’UMPsepose enrassembleur, encoulisse, ilmène laviedureauxfillonistes.ACannes, il a pesédetout sonpoidspourdéfendre lesintérêtsdePhilippeTabarot, frère

desa fidèlealliéeMichèleTabarot,faceau fillonisteDavidLisnard,poulaindumairesortantBernardBrochand.Fait rarissime, aucuneinvestituren’a été accordée, alorsque leparti la donnehabituelle-mentau successeurdésignépar lesortanten casdemultiples candi-datures.

Dans le 8e arrondissementdeParis, le présidentduparti a aussitenté– envain–d’imposerChar-lesBeigbeder,unde ses fidèles, endeuxièmeposition sur la liste auxmunicipales face audéputéPierreLellouche,défenduparM.Fillon.

A Lyon, le fillonisteMichelHavard, qui affrontera lemairesocialisteGérardCollomb, suspec-te également le campCopéd’avoirexercé«des pressions»pour luibarrer la route. Arrivé en tête de laprimaire interneaupremier tour,

M.Havarda vuune coalitionsemonter faceà lui au second,autourdudéputé copéisteGeor-gesFenech.A Fontainebleau (Sei-ne-et-Marne),un copéiste a égale-mentété investi à ladernièreminute face àun filloniste, à qui latêtede liste était promise.

Excédéspar les«méthodesclani-ques»duprésidentde l’UMP, cer-tainsprochesdeM.Fillonmena-cent.AinsiBernardAccoyern’ex-clutpasdequitter l’UMPaveccin-quantedéputés si lebrasdroit deM.Copé, JérômeLavrilleux,obte-naituneplaceéligibleauxeuro-péennes.«Nouspréciseronsnosintentionsaprès les électionsmuni-cipales.Notredécisiondépendrades investitureset de lamanièredontelles serontattribuées», adéclaré l’ex-présidentde l’Assem-bléedansunentretienauMonde.

«Encemoment, on estauborddela crisedenerfs etde la fracture»,souffleundéputé filloniste.Onsecroirait revenuautempsdugrou-pedissidentR-UMP, créépar lesfillonistes fin2012.

«Copéest tellementaffaibli qu’iln’aqu’uneobsession: placer sespoteset pourrir ses rivaux», déplo-reundéputénonaligné.Mêmechezses soutiens, on reconnaîtque leprésidentduparti pourraitjouerplus collectif.«Jean-Françoisdevraitdépasser le clivage copéis-tes-fillonisteset semontrerplusouvert enaccordantparfoisuneinvestitureàun filloniste», jugeundéputécopéiste. Pourunancienministre,«Copédevrait s’inspirerde Sarkozy, quiavait réussi à réu-nir l’ensemblede l’UMPen inté-grant les chiraquiens.» p

Al. Le.

6 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 7: 19/12/13 le monde

EDFSA

aucapitalde930004234€–552081317RCSPARIS–Siègesocial:22-30,ave

nuedeWagram,75008Paris–Photo

:3DProductionHouse

:IllusionCo.,Ltd./La

Manufacture

Paris

Levage et pose du dôme de l’EPR à Flamanville

EDF RECRUTE 6000 COLLABORATEURS PAR ANCroire au progrès, c’est d’abord se projeter dans l’avenir.Chaque année, nous recrutons 6000 nouveaux collaborateursen France pour renouveler, d’ici à 2020, 30% de nos effectifs.

edfrecrute.com

L’énergie est notre avenir, économisons-la!

Page 8: 19/12/13 le monde

france

Pierre Laurent (PCF) et Jean-LucMélenchon (PG) à la Fête de «L’Humanité», le 13septembre. FRED DUFOUR/AFP

DÉCORATION

RENOV’DÉCO 1961 SARLNos compétences,

notre expérience

et notre goût

du travail soigné

A VOTRE SERVICE !

PEINTURE, PAPIER-PEINT,

PARQUET, ELECTRICITE,

CARRELAGE, PLOMBERIE,

MACONNERIE, MENUISERIE.

*Devis gratuit *Délai respecté

Tel : 01.40.09.79.26

06.21.40.02.81

www.renovdeco1961.fr

ANTIQUITÉS

BIJOUX

ACHAT ORParticulier-professionnelsDIAMANTS-MONTRESBIJOUX-DEBRISLINGOTS-PIECES(Direct Bourse)COMPTOIR EUROPEENDE L’OR66, rue de Lévis,75017 ParisMétro : VilliersTel : 01.42.67.20.63

*Spécial Noël :Christmas puddings*Mince pies, biscuits, thés, bières,chutneys, confitures Wilkin & Sons.Très grande choix, livraison rapide.www.alesinfrance.com

PERRONO est ré-ouvert

PERRONO-BIJOUX- - - - - - - - - - - - - -

Anciens. OccasionsArgenteries. BrillantsPierres Précieuses

Création & TransformationRéparations

Achats Ventes. EchangesSélectionné par le guide

PARIS PAS CHER- - - - - - - - - - - - - -

OPÉRA : angle bd des Italiens4, rue de la Chaussée d’AntinTél : 01 47 70 83 61

ÉTOILE : 37, avenue Victor HugoTél : 01 45 01 67 88Ouverts du mardi au samedi

ARTS

PEINTURESSUISSES

RECHERCHONSpour nos collectionneursAloïse,Auberjonois,Bocion, Buchet,Bille, Bieler, Hodler,Vallotton, Soutter

et toutes œuvres de qualitéEstimations gratuites

à domicilePaiement aux plus hautscourts du marché

Cabinet d’expertiseARTS ANCIENS

CH-2027 [email protected]+4132 835 17 76 /+4179 647 10 66

ACH. POUR COLLECTION33 TOURS ANNEES 50(MUSIQUE CLASSIQUE)Tel : 06.11.57.62.81

MUSIQUEVÊTEMENTS

Suite à mes prestationstélévisées sur le marchéde l’art, je vous propose

UN RENDEZ-VOUSPOUR VOS DEMANDESD’ESTIMATIONS,

Spécialisé successions

J’ACHETEMeubles Tableaux PendulesObjets d’art & curiositésArgenterie Livres anciensViolons & Archets anciensArt d’Afrique et d’AsieArt décoratif du XXe sArt d’Islam et d’Orient

Photos anciennes et d’artistesSérieux et discrétionassurés, déplacementsParis et Province.

PATRICK MORCOSEXPERT

Affilié à la CompagnieNationale des Experts

[email protected]

ACHAT AU DESSUSDE VOS ESTIMATIONS

ET EXPERTISES« ART D’ASIE » :

CHINE, JAPON

ET MOYEN-ORIENT

06.07.55.42.30P. MORCOSEXPERT CNE

✶ Porcelaines et Bronzes

✶ Cristal de Roche

✶ Corail et Ivoires Anc.

✶ Jade blanc et couleurs

✶ Cornes et Laques

✶ Peintures et Tissus anc.

✶Manuscrits et Estampes

DEPLACEMENT

PARIS – PROVINCE

[email protected]

COURSMEUBLES

Le DANIELITversion CANALETTO

EXCLUSIVITÉ PARINGERLit-double Gigogne à lattes,

formant canapé,à mise à niveau automatique

d’un simple déclic.Structure hêtre massif.Boiserie : toutes teintes.Tissu : tous coloris.

(Existe aussi avec structure métal,ou bien entièrementrecouvert de tissu).

Exposition et vente chez

PARINGER

121, rue du Cherche-Midi

75006 Paris(Angle 21, bd Montparnasse)

MÉTRO DUROC OU FALGUIÈRE

Tel : 01.42.22.22.08www.paringer.fr

Documentation sur demande

BEAU CUIRPARINGER fabriqueles Dorsalino Cuir,

pour le Bureau et pour la Télé

Les petits fauteuilsde PARINGER ont un nom :

Les DORSALINO- Souples, ils tournent à 360°,

s’adaptent à toutes

les courbures et postures.

- Sûrs et élégants, ils sont

recouverts de beaux cuirs.

Une belle invention de PARINGER.

Exposition et vente directeau 121, rue du Cherche-Midi

75006 Paris(Angle 21, bd Montparnasse)

Tel : 01.42.22.22.08www.paringer.fr

[email protected]

Doc sur demande

LIVRES

LIBRAIRE ACHÈTELIVRES 20e

Illustrés Modernes, Beaux ArtsSciences Humaines, LittératureVoyages, Photos, Plaiade etc.GOLEN : 06.30.49.93.94

« Du bonheur d’enseignerla philosophie » ou nouvelle lettreà Ménécée de GIL BEN AYCHEnvoi postal 9€ port [email protected]

ÉTUDES D’OPINION

PARIS - PROVINCECadres, chefs d’entreprises,enseignants, médecins

votre avis nous intéresse !

Participer à des études d’opinion.Dédommagées.Inscription sur :

www.stephenson-etudes.fr

Tél. : 01.40.36.92.98

Maths Physique pour Concours

Centrale X HEC Agreg15€/h - Paris 5°

Tél : 06.48.93.03.96

AntiquitésCharles Heitzmann

ACHÈTE & EXPERTISEMobiliers d’époques & de styles(Empire, Henri II, Napoléon III ...)

Pianos droits et à queuesMeubles et objets asiatique

Sculptures (Ivoires, Bronzes…)Tous tableaux & argenteriesMénagères & services de tableLivres et cartes postales anc.

Manteaux de fourrure d’occasionSacs & foulards de marque HermèsMontres & Briquets de marquePendules, miroirs & lustrerie

Sabres, casques & fusils anciensVieux vins (même imbuvables)Pièces de monnaies en argentMachines à coudre à pédale

Jouets anc. (voitures, trains…)

DÉPLACEMENT GRACIEUXDANS TOUTE LA FRANCE

[email protected] : 01.40.89.01.77et 06.19.89.55.28

www.antiquaire-heitzmann.fr

Bernard Zins, Bugatti,Alain Gauthier, Derek-Rose,

Guy de Berac,Lorenzo, Digel, etc.« Les meilleurs »

53, rue d’Avron - 75020 PARISTél. : 01.43.73.21.03

PRIX

IMBATTABLES

"+ (!) 6! *#% 6! 4)7/$)!9*"* 6=&3# 5 4: 1+$,7;3%,-

.+;> (! 5, (7 ,, 75

61-0 $&. .,!.) $0511') 3

/(#-

,7&2

(

.'/3$05#0

5'.052 ) 50*,

222>%98+%)+)%+?+>*%

3$"!'* &05+#05$"#'$ &!)%' ( ="7( ! :+ </

/&303?- (&=?<-

&'#0 %5"4 10 3"*"510*2#05 +# 3/#2

)+%%3?+))+ 5(( / 4 ,("(( ! #3';+/&303?- (&=?<-

1#*10 &05+#(50$"#'$ &!)%' ( ="7( ! :+ </

/&303?- (&=?<-

4"/+'* &/+,%& #" (!)'##'$ - ,7"7( ! :+ </

/&303?- 28&')0-

EPICERIEANGLAISE

k�}|��vhx��� ��x�|��x�

ji|��{ u�yu�y�w mkhf l tg ie uj wj iu� }i|vx��� m|���{{������{ mi|x�hv���|{

o�|�i�x � �����{ z�p nj z�p jjq

o�|�i�x �u �����{ ��up nj ��up jjq!%&&'# "($'##'#Américaine, Prof. à l’Ecole

Polytechnique. 20 ans exp. propose

COURS D’ANGLAIS

Prépa aux examens d’entrée aux

grdes écoles,Toefl, Toeic, Ielts, Sat.

Analyste Financière Sr. et ancienne

élève de Sciences Po Paris et

Columbia Univ. aux USA.

www.cours-anglais-paris-16.com

www.english-a-la-carte.com

Tel : 06.74.08.65.40

Américaine à Paris dipl. droit lettres

donne COURS D’ANGLAIS sur RDV

prép. BAC-TOEFL

Anglais d’affaire et juridique

Tél : 06.67.72.20.36

CANAPÉCONVERTIBLEHAUT DE GAMME

– 10 % de réduction supplémentairesur présentation de ce coupon

Meubles & Atmosphère

OUVERT LE DIMANCHE18, rue de Châteaudun - 75009 PARIS

Tél. : 01.48.78.72.57www.meublesatmosphere.com

0123 Bonnes Adresses

Pour communiquer dans cette rubrique,appelez le :

01.57.28.38.52

Envoyer votre texte par e-mail :

[email protected]

Q uel avenir pour le Front degauche? Plus les mois pas-sent, plus les relations entre

le Parti communiste et le Parti degauche se dégradent. Mêmequand les deux partenaires seretrouvent, comme le 1erdécem-bre, pour manifester contre lahausse de la TVA, le message estrelégué au second plan par despolémiques, en l’occurrence cellesur les chiffres de participation.

Le week-end des 14 et 15décem-bre, le PG a choisi de déplacer labataille sur le terrain européen. Denouveau,PierreLaurent, secrétairenational du PCF, a été visé. Lors ducongrèsduParti de lagaucheeuro-péenne (PGE) à Madrid, la forma-tion de Jean-Luc Mélenchon – lui-même en voyage en Equateur – avoté contre la réélection de sonallié communiste à la tête de cettecoalitiondelagaucheradicaleeuro-péenneetyasuspendusaparticipa-tion.Motif invoqué: lesmunicipa-

les à Paris, où le PCF, porté par sonnuméroun, a choiside s’allier aveclePS,quandlePGdéfendl’indépen-dancevis-à-vis des socialistes.

La question des municipalescontinue d’empoisonner les rela-tions entre les deux partenaires etbloque toute avancée sur les euro-péennes. Les têtes de liste ne sonttoujourspasdésignées. Pour lePG,il est urgent d’attendre: il espèreque les résultats,notammentdansla capitale, modifieront le rapportdeforceensafaveur.Cequi luiper-mettrait de revendiquer la tête deliste en Ile-de-France et de contes-ter la place au sortant communis-te, Patrick LeHyaric.

Un point de vue que ne partageévidemmentpasM.Laurent.«Leurintérêt comme le nôtre est d’êtreprêtrapidement, expliquaitrécem-ment le secrétairenational duPCF.De janvier àmars, tout lemondevaêtredanslesmunicipales, il fautins-tallernotre campagneavant.»

Las. Si le PCF espérait mettresous le tapis l’histoire desmunici-pales, c’est raté. «Ce n’est pas nousqui mettons en danger le Front degauche, lance Martine Billard,coprésidenteduPG.Cequiestmor-tifère, c’est de ne pas garantirl’autonomiedu Frontde gauche.»

«Spirale délétère»Le choix du PG ce week-end a

été mal vécu par les autres forcesdurassemblement.«C’estunebêti-se, reconnaît MyriamMartin, unedes porte-parole d’Ensemble, ras-semblement des «petits» partisdu Front de gauche. Ça amèneencoreplus de tension.»

LePGestmontrédudoigt,maisle PCF n’est pas épargné. «Aunomde l’unité, onne peut pas être ame-néàn’êtrequeceuxquiaiderontlessortants communistes à être réé-lus, noteClémentineAutain, autreporte-parole d’Ensemble. Il fautque chacun puisse s’y retrouver

mais ce ne sera pas le cas s’il n’y aplus de Front de gauche.»

Inconcevable il y a quelquesmois, lapossibilitédeladisparitiondu Front de gauche commence àhanter des esprits. «La menaced’éclatement pèse», s’inquièteMmeAutain, tandis que MmeMartinappelle à «arrêter la surenchère».«Si Pierre Laurent est à ce point

infréquentable, pourquoi on semettous autour de la table toutes lessemaines?», ajoute-t-elle. Mêmeson de cloche chez Christian Pic-quet,présidentdelaGaucheunitai-re, qui estimeque «l’on s’approched’unezoneàhaut risque».

Comment, dès lors, dépasser ceque certains qualifient de «spiraledélétère» ? Si tous clament leur

attachement au Front de gauche,le temps presse, à quelques moisdes municipales et des européen-nes.M.Picquetveutresteroptimis-te.«Sion leveut,onaencore lapos-sibilité de sortir de cette passe diffi-cile et inquiétante», assure-t-il.Chacun le veut-il ? La question estposée.p

RaphaëlleBesseDesmoulières

Al’approchedesmunicipales,leFrontdegauchesefissureDimanche, lePGde Jean-LucMélenchonavotécontre le communistePierreLaurentaupostedeprésidentduPartide lagaucheeuropéenne

8 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 9: 19/12/13 le monde

france

EdouardMartin. STÉPHANE REMAEL POUR «LE MONDE»

Entretien

E mblématique syndicalisteCFDT de Florange, EdouardMartinavaitmenéàl’autom-

ne 2012 la lutte contre l’aciéristeArcelor-Mittal pour le maintiendes hauts-fourneaux du sitemosellan. Mardi 17décembre, il aannoncé sa candidature commetête de liste du Parti socialiste auxélections européennes demai2014dans la régionGrand-Est.Il y a quinze jours, alors quevotre nomcirculait déjà, vousréfutiez toute volonté de vousengager. Que s’est-il passé pourque vous finissiez par accepter?

C’est le résultat d’un chemine-ment.Jen’aijamaispenséfairedelapolitique.Jeportesurelleunregardtrès critique. Tant de violence, tantdemauvaise foi… LePS a beaucoupinsisté. Harlem Désir [le premiersecrétaire] a voulu me rencontrer.J’ai fini par accepter. Il a été clair. Ilm’a expliqué: «On attend de toique tumènesàStrasbourg lemêmecombat qu’à Florange.» Je lui ai ditque je n’avais pas l’intention d’ad-hérer au PS. Il m’a répondu que cen’étaitpasunproblème,quesaseu-leexigenceétaitque,unefoisélu, jerejoignelegroupesocialisteauPar-lement européen. J’ai dit OK. J’aiobtenulagarantied’avoiruneentiè-re liberté d’expression et d’action,ainsiquetoutelatitudepourconsti-tuermonéquipeàStrasbourg.Avez-vous eu des contacts avecl’Elyséeavant d’accepter?

Aucun.Jen’aipasreparléàFran-çois Hollande depuis sa dernièrevenueà Florange le 26septembre.N’avez-vous pas le sentiment deservir de caution à un parti quis’est coupé dumonde ouvrier?

Je ne suis pas dupe. J’imagineque c’est dans cet esprit-là qu’ilsontpenséàmoi.Mais lesgarantiesqu’ilsm’ont donnéesm’ont rassu-ré. Et puis je ne suis pas juste unnomsurune liste pour faire joli. Jeconduis la liste. Cen’est pas rien.Défendre d’autres couleurs quecelles du PS, celles du Front degauche, par exemple, cela nevous a pas traversé l’esprit?

Le Front de gauche nem’a rienproposé et, même s’ils l’avaientfait, j’aurais refusé. Je suisunprag-matique.Si s’engagerenpolitique,c’est aller là où tout va bien, où onpeut tranquillement rester dansl’incantatoire, alors non. Dans lavie, il fautmettre lesmainsdans lecambouis. Et puis j’ai toujoursvoté socialiste.Certains syndicalistes de Floran-ge dénoncent déjà une «trahi-son» de votre part. Que répon-dez-vous?

Qui est resté vingt-quatremois

sur le piquet de grève, certainesnuits avec – 15 degrés dehors ?J’étais là du début à la fin. Qui ai-jetrahi? Je n’ai aucune leçon à rece-voir.Plusde600salariésdeFloran-geontdéjàétéreclassés. Iln’enres-te plus que treize sans travail. Jemebattrai jusqu’audernier.Dans votre livre, «Ne lâchonsrien» (Cherche-Midi, 124 pages,11,50 euros), paru en avril, vousrevenez sur l’accord concluentre le gouvernement et Arce-lor-Mittal fin 2012 et écrivez :«Jean-Marc Ayrault est un traî-tre.» Vous le pensez toujours?

Jene renie riendeceque j’ai faitou dit. Après, je ne vais pas passerma vie à ruminer et à direque cesgens-làsontdessalauds. Jeregardevers l’avenir.Dans cemême livre, vous êteségalement très sévère à l’égarddeM.Désir. «Il est plat à enmou-rir d’ennui. J’ai l’impression deme trouver face à un chargé decommunication de la politiquegouvernementale»…

Oui, c’est ce que j’ai ressenti àl’époque. Je m’étais aperçu qu’iln’avaitmêmepas lu l’accord signéentre son gouvernement etMittal.

C’est assezdramatiquequandonypense. Il l’a reconnu. Avec le recul,je comprends mieux pourquoi ilétaitsimalàl’aisepourledéfendre.Candidat,M.Hollande voulaitobliger les patrons désirant fer-mer leur entreprise à les céder àun repreneur. Comment jugez-vous cequ’on a appelé la «loi Flo-range»?

Je suis obligé de reconnaîtrequ’elle a été vidée de sa substance.Je ne vais pas vous dire le contrai-re. Ilyaaugouvernementdesgenstropprochesdumondedelafinan-ce et duMedef.Sur l’Europe, vous approuveztous les choix deM.Hollande?

A sa place, j’auraismoins lâché.Je ne suis pas pour la politique dela terre brûlée, mais je pense qu’ilfautparfoisavoirlecouragedeblo-quer les institutions pour provo-queruneprise de conscience.Dans votre livre, vous rappelezvotre parcours, celui d’un enfantné en Espagne sous Franco.Dans le débat sur lesRoms qui adivisé le gouvernement, vousêtes sur la ligne deCécile Duflotou sur celle deManuel Valls?

Celle de Duflot sans hésitation.Il ne faut pas queValls oublie d’oùil vient, que lui non plus n’est pasné français.Quel discours allez-vous porterface à l’extrêmedroite qui esttrès forte dans votre région?

Je comprends ceux, y comprisparmi mes copains, qui peuventêtre tentés par le FN. Mais voici ceque je leur dis : à Florange, on

importe 100% de la matière pre-mière, on utilise des machines-outils venues d’ailleurs, on expor-te 70% de la production. Alors sion ferme les frontières, comme lepropose le FN, qu’est-ce qu’ondevient? Leur programme seraitune catastrophe. Voter FN, c’estcomme lancer un boomerang :vous vous défoulez mais ça vousrevient enpleine gueule.Que comptez-vous faire commedéputé européen?

Je veux mener deux combats.L’un sur la politique industrielle.La France n’est pas seule. C’est àl’échelle européenne qu’il fautagir. L’autre combat est celui desdroits sociaux des travailleurs. Jerefuse de vivre dans un continentoùla seuleobsessionestdebaisserle coût de la main-d’œuvre. Celafait sept ansque je siège aucomitéd’entrepriseeuropéendeMittal. Jevois comment tout est lié. Parexemple quand l’Espagne détrico-te le code du travail,Mittal dit : « Ilfaut faire pareil en France. » Jeveux mettre un terme à ce cerclevicieux avec l’appui des syndicatseuropéensque je connais bien.Le secrétaire général de laCFDT, Laurent Berger, a dit quevous devriez abandonner toutmandat syndical si vous étiezcandidat. Cela sera-t-il le cas?

C’est fait. Au moment où jevousparle, jenesuisplusmandatéCFDT.p

Proposrecueillis parBastienBonnefousetThomasWieder

L a campagne de la chef de filede la droite pour les munici-pales de mars2014 à Paris,

Nathalie Kosciusko-Morizet, apris, mardi 17décembre, un tour-nant dangereux. Comme si toutson camp se liguait contre elle.Comme s’il lui devenait impossi-ble de trouver la réaction appro-priée,alorsquesacommunicationcafouille.

Cela a commencé, lundi, parl’initiative d’union prise dans le8e arrondissement, sans sonconsentement, au détriment deCharles Beigbeder, le candidatqu’elle avait pourtant adoubé. Laréactionde l’hommed’affairessurlesiteInternetdu JDD,mardiaprès-midi, est d’une violence peu com-mune.Maiscontreelle.«Jesuis foude rage. (…)Çay est,Nathalie a per-du»,constated’abordceprochedeJean-François Copé, le présidentde l’UMP, en fustigeant «le retourde la vieille garde de la droite pari-sienne».

Il se propose ensuite de « jouerun rôle pour fédérer les listes indé-pendantesquiestimentêtreorphe-lines d’un représentant de droite,qui attendent quelqu’un entreNKM et le FN», alors que des dissi-dences fleurissent partout et queles scores annoncés du FN à Parisatteignent des niveaux élevés. Ildonne rendez-vous le 7 janvier etannonce «unbordel total».

Enfin, ce donateur patenté del’UMP dit tout haut ce que beau-coup, à droite, pensent tout bas :«Nathalie est très méprisante, ellen’écoute personne.» Selon un son-dage Ipsos publié par Libération le12décembre, legrandécartsecreu-se,dupointdevuedelapersonnali-té, entre elle et la candidate de lagauche, Anne Hidalgo: celle-ci estjugée «sympathique» par près de60% des sondés, contre 48,3%pourNKM.

Ses mauvais résultats attendusdans le 14earrondissement, selonle sondage IFOP-JDDdedimanche,ont encore grignoté son lea-dershipaumomentoù sonaccordléonin avec le centre – elle a faitbeaucoup de cadeaux au MoDem–suscitedefortesréticencesàdroi-te. Elle en a perdu, pour l’instant,l’essentiel dubénéfice.

Les têtes de liste de l’UMP ont àrésoudre d’inextricables équa-tions pour y faire entrer 30% decentristes – que souvent ils neconnaissent pas. Chacun décidedoncplusoumoinsdefairecampa-gne sur son nom, sans se soucierd’une chefde file qui sedémonéti-se. Dans certains arrondisse-ments, son nom est mentionné

très discrètement sur les tracts. Etvoilà que Bernadette Chirac, la«bonne fée» censée apporter durenfort,s’est livrée,mardi,àunstu-péfiant panégyrique des Tiberi, lafamille impérialedu5earrondisse-ment dont NKM a fait le symboled’unpasséhonni.

C’étaitaprèsunevisitedel’hôpi-tal Trousseau, devant la presseentasséedans lapermanencede lacandidate UMP du 12e arrondisse-ment. «Les Tiberi sont de grandsamis. Jean était un grand ami demon mari» : ainsi fut introduit lesujet. Le meilleur restait à venirsurXavière Tiberi.

«Xavière était une militante decampagne électorale tout à faitexceptionnelle. Tout ce que j’aiappris de la politique de terrain (…),c’est Xavière qui me l’a appris», araconté Mme Chirac. Et de décriredans le détail cette redoutablemachine à rameuter les électeurs:«Ellem’attendaitetnouspartionsàl’assaut. Il n’y avait pasun individuqui lui échappait. Pas une lettre àlaquelle elle n’avait pas répondu.»XavièreTiberiprésentaitBernadet-te Chirac à tout lemonde, «c’est lafemme de notre nouveau candi-dat», ceJacquesChiracauxdentsetauxjambeslonguesquiallaitsédui-re toutParis.

Xavière Tiberi avait un autreatout: «Unemémoire colossale desfamilles, l’appendicite de l’un, lediplôme de l’autre. C’est ça, laméthode», a asséné l’ex-premièredame.«Ellerépondaitàtoutlemon-deavecbeaucoupdecœur»,aglisséla redoutable octogénaire. Aprèscela, elle s’estunpeuassoupie.

NKM était KO. «N’essayez pasde piéger Mme Chirac», a-t-elle ten-té, sans ignorer qu’elle-mêmel’avait été. Son entourage assuresur le siteduLabd’Europe 1qu’elle«n’accepte pas l’accord» concludans le 8e arrondissement et pro-metqu’elle va «taper du poing surlatable».LesprochesdeJean-Fran-çois Copé disent qu’il travaillepour trouver une solution – com-prendre: caser M.Beigbeder. MaisNKM elle-même n’a rien dit, don-nant l’impression que sa maisonbrûle et qu’elle regarde ailleurs. p

BéatriceGurrey

«Jenerenieriendecequej’ai faitoudit.Après, jenevaispas

passermavieàruminer»

«Toutcequej’aiapprisdelapolitique

deterrain,c’estXavièreTiberiquimel’aappris»BernadetteChirac

EdouardMartin:«Jen’aiaucuneleçonàrecevoir»L’ancien leaderCFDTdeFlorangeconduira la listePSauxeuropéennesdans la régionGrand-Est

«NKM»subitlesassautsrépétésdesonproprecampBernadetteChiracavantéà lacandidateUMPlesavoir-fairedecampagnedeXavièreTiberi

90123Jeudi 19 décembre 2013

Page 10: 19/12/13 le monde

L a crise s’installe durement etdurablementenbanlieue.Lesdonnéesstatistiquesrelevées

par l’Observatoire national deszones urbaines sensibles (Onzus)dans son rapport 2013, et renduespubliques mercredi 18décembrepar le ministre délégué à la ville,François Lamy, le confirment crû-ment. Comme une piqûre de rap-pel à l’heure où la loi sur la ville estdiscutéeauParlement.

L’écart de revenus entre lesquartiers classés en ZUS et lesautres territoires urbains «conti-nue à se creuser», remarque ainsil’Observatoire. Plus inquiétant :cette dégradation s’opère alorsque le revenumoyen est reparti àla hausse dans les villes voisinescomme dans l’ensemble du terri-toire. La courbedu chômagemon-tre lesmêmes inflexions.

Le décrochage dû à la crisedepuis2009estbienréel.Onsavaitqu’uneplusgrandeprécaritésocia-le sévissaitdanslesZUS:lapropor-tiondespersonnesyvivant sous leseuil de pauvreté (977 euros men-suels)yesttroisfoisplusimportan-te que dans le reste du territoire :36,5% des habitants contre 12,7%hors ZUS. Avec 50% des moins de18 ans qui vivent au-dessous duseuil de pauvreté, les jeunes sontlespremièresvictimesdecedénue-ment. C’est aussi dans ces ban-lieuesqu’onretrouve leplus grandnombre d’allocataires du RSA(31,7%) et de la couverturemaladieuniverselle (unassuré sur cinq).

Mais ce que montrent pour lapremière fois les statistiques del’Observatoire, c’est que l’écartentre ces ZUS et les autres quar-tiers des mêmes agglomérationsse creuse toujours plus. Le revenumoyen par unité de consomma-

tion (qui tient compte de la tailledes ménages) avait augmenté de6,2% entre2004 et 2008, soit 2pointsdemoinsqueleresteduter-ritoire. Mais il grimpait. En 2008,le revenu moyen a cessé d’y pro-gresser tandis que, dans le mêmetemps, il est reparti à la haussetantdanslesunitésurbainesvoisi-nesquepourl’ensembledelaFran-cemétropolitaine.

Décrochage ravageurEnclair,contrairementàl’asser-

tion courante qui prétend que,depuis le déclenchement de la cri-sede2008, la situations’estdégra-dée partout, cela va encore plusmal dans les quartiers populairesalors que cela ne va pas si malailleurs.Etmêmes’ilexistedesdis-paritésentrelesquartiersprioritai-res, les banlieues dévissent alorsque le reste dupays s’en sort.

Deuxième enseignement de cerapport, les effets de la crise,notamment le chômage, sontconcentrés sur les quartiers popu-laires.Aprèsuneprogression forteentre2009et 2010, qui s’est ralen-tie entre2010 et 2011, le taux dechômage en ZUS a brusquementgrimpé après 2011, pour s’établir à24,2%en2012, soitprèsde6pointssupplémentaires en trois ans !Dans les autres quartiers, si lasituation de l’emploi se dégrade,elle le fait dans une proportionbienmoindre (+0,5%).

Ainsi, là encore, l’écart se creuseavec le reste du pays. Alors que de2006 à 2009 le différentiel sesituait à 9 points, il atteint doréna-vant 14,5 points. Malgré les exoné-rations pour les entreprises quis’implantent dans les quartiers etlesdispositifsd’emploisaidés,onyest deux fois et demi plus au chô-mage.Cedécrochagecumulatif estravageursurlespopulations,souli-gnent les élusdebanlieue.

Aumomentoù leministrede laville réforme la géographie priori-taire et met sur le même plan desterritoires ruraux et des banlieuespopulaires – au nom de « l’égalitédesterritoires»–, lerapportdel’On-zus met en lumière le caractèreexceptionnelde la situation socia-leenbanlieue.Etvientopportuné-ment rappeler cette spécificité derelégationterritorialeetdestigma-tisation qui plombe ces quartiersdits sensibles.p

Sylvia Zappi

L a rénovation du fonctionne-ment des administrations etdes services publics va jouer

un rôle plus important dans ledésendettementde laFrance.C’estl’un des principaux enseigne-mentsd’uneréunioninterministé-rielle sur lamodernisation de l’ac-tion publique (MAP) qui s’esttenue, mercredi 18décembre, enprésence de l’ensemble desmem-bresdugouvernement– à l’excep-tion du ministre de l’économie,PierreMoscovici, et de laministredu logement, Cécile Duflot, rete-nuspar d’autres obligations.

Lorsqu’il a lancé la MAP endécembre2012, le gouvernementétaitextrêmementflousurleséco-nomies qu’il escomptait en tirer.Changement de pied : aujour-d’hui, il assume clairement l’idéeque ce programme peut l’aider àmaîtriser les financesde l’Etat, desorganismes de protection socialeetdes collectivités locales (LeMon-dedu18décembre).Avec lesmesu-resprésentéesmercredi, l’exécutifespère diminuer le niveau desdépenses publiques de 5 à 7mil-liardsd’eurosàpartirde2017, etdefaçon«pérenne».

Douze nouvelles évaluationsPour parvenir à ce résultat, douzepolitiquespubliquesvontêtreéva-luées, en plus de la cinquantainequi l’ont déjà été (ou le sont enco-re) dans le cadre de la MAP. Cette

première vague d’audits ad’ailleurs contribué à réduire ledéficit de 3milliards dans le bud-get 2014, indique-t-onàMatignon.Ungainquiprovient,pour l’essen-tiel, de la réforme de la politiquefamiliale et du coup de rabot surles aides aux entreprises.

Parmi les actions visées par lanouvelle série d’évaluations, plu-sieurs peuvent avoir des retom-bées budgétaires importantes.Exemple: la chirurgie ambulatoi-re, c’est-à-dire l’hospitalisation decourteduréesanshébergementdenuit,quelegouvernementsouhai-te fortementdévelopper.

Les médicaments génériquessontégalementconcernés: il s’agitdefavoriserlerecoursàcettephar-macopée, moins coûteuse que lesproduits originaux (médicamentsprinceps), de manière qu’ellereprésente un quart du marchéfrançais d’ici à 2017. L’exécutif res-te prudent sur les économies à

attendre de ces deux interven-tions dans le monde de la santé,mais elles pourraient se monterauminimumà 500millions d’eu-ros à partir de 2017.

Les dispositifs en faveur desentreprisessontànouveaudans lecollimateur.Lesaidesqui leursontaccordéesvontencoreêtrepasséesautamis, toutcommeles«structu-res d’accompagnement» qui lesassistentdans leur création et leurdéveloppement (organismesconsulaires,agenceséconomiquesrégionales, etc.). Le gain espéré estde l’ordrede 1milliardd’euros.

Enfin, laMAPs’immiscedans lavie des collectivités territoriales,notamment en cherchant à amé-liorerla«gestionlocaledesdéchetsménagers» (dont le coût a été esti-mé à 8milliards d’euros en 2011).Matignon souhaite aussi que lesintercommunalités et les munici-palités mettent en commun cer-tainsmoyens.

Des administrations mieuxgérées Autre chapitre importantabordé lors de la réunion intermi-nistérielledemercredi: la réformedu fonctionnement des adminis-trations. Sont notamment concer-néesles35 caissesderetraitesdontles coûts de gestion sont évalués àquelque 5,2milliards d’euros paran. Le vœu du gouvernement estnonpasdefusionnertouscesorga-nismesmais,làencore,de«mutua-liser» certaines fonctions (systè-mesd’information, etc.).

Les services chargés d’effectuerles achatspublics vontpoursuivreleur «modernisation» pour qu’ilssoientmieuxpilotésetplusprofes-sionnels. Cette action devrait per-mettre à l’Etat et à ses établisse-mentspublicsd’économiser2mil-liards d’euros sur la période2013-2015, et 910millions d’euros,de 2012 à 2014, dans leshôpitaux.

Simplifier la vie des particuliersetdesentreprisesL’exécutifveutqu’Internet devienne le moyen«préféré» des particuliers pourentrer en contact avec les servicespublics d’ici à 2016. Certains tim-bres fiscaux pourront être payésen ligne etn’aurontplus à être col-léssurlesformulaires,etdesmesu-res seront prises pour que lesemployeurs n’aient plus à fournirla même pièce justificative à desadministrationsdifférentes.p

BertrandBissuel

La rénovation urbainene change pas le quotidien

SANTÉ

Findevie: l’exécutifconsulteraenvued’unenouvelleloiLaministre de la santé a annoncé,mardi 17décembre à l’Assem-bléenationale, que le gouvernement allait consulter «l’ensembledes acteurs concernés»par la questionde la findevie, pourprépa-rer le projet de loi promispar FrançoisHollandedès 2012. «Il nes’agit pas de créer des oppositionsdeprincipe sur une questionaussi importante.Nous pouvons, nousdevons dépasser les cliva-ges partisans», a déclaréMarisol Touraine, qui estimeque «le sta-tu quon’est pas tenable, n’est pas possible». Lundi 16décembre,dans le cadre dudébatpublic vouluparM.Hollande, unpanel decitoyens a renduunavis consultatif en faveur du suicidemédica-lement assisté et d’une exceptiond’euthanasie.p

LaïcitéDeux guides pragmatiques pourl’entreprise et les collectivités localesL’Observatoirede la laïcité a publié,mercredi 18décembre, deuxguides sur le droit enmatière de laïcité. Ces ouvrages, destinésaux responsablesd’entreprises et de collectivités locales, propo-sent des réponses à une série de cas concrets – financementsdescultes, cantines scolaires… L’Observatoire rappelle l’interdictionde toute discriminationreligieusedans l’entreprise.n Sur Lemonde.fr : lire l’article sur le blog «Digne de foi»

JusticeFin de garde à vue pour deux prochesdeNicolas SarkozyLesgardes àvuedeClaudeGuéant etdeMichelGaudinont étélevées,mardi 17décembre. L’ex-ministrede l’intérieuret l’anciendirecteurgénéral de lapolicenationaleont été entendusdans lecadrede l’enquête sur lesprimesen liquide.

france

C ’est une satisfactionpour lesassociations : ChristianeTaubira a décidé, mardi

17décembre, de reporter l’ouvertu-re, prévue le 1er janvier 2014, d’unesalle d’audience du tribunal deBobigny dans la zone d’attente del’aéroportdeRoissy.

La première audience du tribu-nal de Meaux pour les étrangers,prèsducentrederétentionduMes-nil-Amelot, en Seine-et-Marne, et àproximité des pistes, avait provo-qué à lami-octobre un vif émoi. Laministrede la justice adoncdécidéde commander, le 29octobre, unrapportsurlaconformité«auxexi-gences européennes et nationales»de l’annexedutribunaldeBobignydans l’aéroport. Le bref rapport,remis mardi, estime que, en l’état,cette salle d’audience court le ris-que d’être inconstitutionnelle, etproposequelquessolutions.

La situation des étrangers danslescentresde rétentionet les zonesd’attente n’est pas la même. Lesétrangers sans titre de séjour inter-pellés en France sont placés par lespréfets dans des centres de réten-tion administrative (CRA); un jugedes libertés et de la détention doit,au boutde vingt-cinq jours, se pro-noncer sur leurmaintien en réten-tion pour vingt jours supplémen-taires. Il existe trois annexesde tri-bunaux près des CRA, à Coquelles(Pas-de-Calais), au Canet à Mar-seille, et, donc, auMesnil-Amelot.

En revanche, dans la zone d’at-tente pour personnes maintenuesen instance (ZAPI) de l’aéroport deRoissy, l’étranger n’a juridique-mentpasmis lepiedsur lesol fran-çais: ilestcueillià ladescented’avi-on, fautedepasseportoudecertifi-cat d’hébergement, et retenu qua-tre jours. Un juge des libertés peutprolonger son maintien jusqu’àvingt jours, voirevingt-sixpour lesdemandeurs d’asile. D’où l’idée decréer une annexe du tribunal prèsde la ZAPI pour éviter d’aller jus-qu’àBobigny,à 17kmde là.

Et cela fait du monde : Roissydétient,relèvelerapport,«lerecorden Europe pour ce qui concerne lenombre de décisions de refus d’en-trée sur le territoire», avec 6246

refus en 2012, 6997 personnes pla-céesenzoned’attente,4982présen-téesàun juge.

Les auteurs, Bernard Bacou,ancienprésidentde la courd’appeld’Aix, et Jacqueline de Guillench-midt,anciennemembreduConseilconstitutionnel, ne contestent pasla nécessité de faire venir les juges

jusqu’à l’aéroport, même si lesmagistrats sont réservés, les avo-cats hostiles et les militants cho-qués. «Actuellement reste intoléra-ble, pour le respect des droits del’homme, le transfert massif desétrangers de la ZAPI vers le siège dutribunal», en raison de la distanceoude l’attentedansdes locaux«auconfort fort sommaire». En revan-che, penser qu’éviter les transfère-ments permettra des économies

«est toutà fait illusoire», il s’agit enfait «d’un simple transfert de char-ges entre le ministère de l’intérieuret celuide la justiceavecun résultatprobablement très négatif pour lebudgetglobalde l’Etat».

Reste une difficulté: la Cour decassation, en 2008, puis le Conseilconstitutionnel, en 2011, ont jugéque les salles d’audience devaientêtreplacées«àproximitéimmédia-te» des centres de rétention, maispas à l’intérieur. Le juge doit pou-voir «statuer publiquement», orl’accès aux centres de rétention,comme aux zones d’attente, estinterditaupublic.

A Roissy, l’annexe du tribunalestcertesindépendante,maissépa-réede laZAPIparunesimpleporte.Lesrapporteursdemandentqu’ellesoit murée pour que l’étrangern’ait pas l’impression d’être tou-jours entre les mains de la policemais bien devant un juge: «Seuleune sortie effective de la zone d’at-tente par l’extérieur» permettrait«desatisfaire lanécessitéde l’appa-renced’impartialité»dutribunal. Il

suffit ensommede faireundétourpar l’extérieur.

Enfin, « l’accueil, le contrôle del’entréeetlasurveillancedel’audien-ce»nepeuventêtreconfiésàlapoli-ce aux frontières (PAF), puisquec’estellequiaplacé lesétrangersenzoned’attenteetqu’elleestpartieàl’audience; or, « le juge ne sauraitsiéger au domicile de l’une des par-ties». Il suffirait de remplacer àl’audience la PAF par des CRS pourlever ladifficulté.

Christiane Taubira, avant deprendre une décision, va devoirmenerunenégociationserréeavecle ministère de l’intérieur. «C’estune victoire en demi-teinte, consta-teMeStéphaneMaugendre,leprési-dentduGroupedesoutienauxtra-vailleurs immigrés (Gisti). Le rap-port ne s’attache qu’à l’apparencede l’impartialité, et pas au problè-me de fond. La justice, pour êtresereine, doit être rendue sous l’œildu citoyen. Et personne n’ira jus-qu’à la zone de fret de Roissy poursuivreuneaudience.» p

Franck Johannès

«Il est là, on fait avec»ClaudeBartolone, le président (PS) de l’Assemblée nationale,s’est exprimé sur la pérennité du bail du premierministreJean-MarcAyrault, aumicro de France Info le 18décembre.

Parmi les douze politiques quivont être évaluées, celle sur lelogement constitue l’une desplus importantes.Matignonconstate que les besoins de lapopulation ne sont pas toussatisfaits alorsmêmeque l’ef-fort public sur ce sujet s’élevaità 42,1milliards d’euros en 2012,soit environ 2%duPIB. La fisca-

lité du secteur va donc être pas-sée au crible : taxes et imposi-tions s’appliquant au patrimoineet aux revenus immobiliers,avantages fiscaux à l’investisse-ment…L’un des objectifs pour-suivis consiste à libérer du fon-cier en zone urbaine dense, demanière à lancer de nouveauxprogrammesde construction.

Si 7ménages sur 10 se disentsatisfaits de la rénovation urbai-ne, ils pensent aussi que ces tra-vaux ont peu d’impact sur leursconditions de vie: 72%estimentqu’ils n’ont pas changé leur quo-tidien, remarque l’Onzus. Leshabitants sont également trèscritiques sur la concertationentourant ces travaux: 85%déclarent n’avoir pas été consul-tés, alors que lamoitié auraientsouhaité l’être.

LeseffetsdelacrisesesontconcentrésenbanlieueL’Observatoirenationaldeszonesurbainessensiblesarendusonrapportannuelmercredi

Lejugedoitpouvoirstatuerpubliquement,orl’accèsàceszonesestinterditaupublic

Taubiragèlel’ouverturedutribunaldesétrangersàRoissyLaministrede la justicecraint l’inconstitutionnalitédecesaudiencespourmigrantsenzoned’attente

La fiscalité du logement va être passée au crible

LesnouvellesciblesdeMatignonpourréduirelesdépensespubliquesLegouvernementcomptesur5à7milliardsd’eurosd’économiesàpartirde2017

Une salle d’audience du tribunal deBobigny devait ouvrir dans la zoned’attente de l’aéroport deRoissyle 1er janvier 2014. LAURENTHAZGUI/DIVERGENCE

10 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 11: 19/12/13 le monde

culture

Noël sous une bonne é to i l e .Pour information : 01 40 17 47 00Hermes.com

LanouvellejeunesseduThéâtreParis-VilletteL’établissementrouvreavecunduodedirecteursetunprogrammetournévers lesenfants

Théâtre

V oici un décor digne de Peaud’âne et de ses robes cou-leur du temps, couleur de

lunedans le filmde JacquesDemy(1970). Le Théâtre Paris-Villette(TPV), situé dans le 19earrondisse-ment de Paris, a fait peau neuve.Ce théâtremunicipal a rouvert sesportes vendredi 13 décembre,après une fermeture d’un an, etaccueille lepubliccommeonpendla crémaillère dans une maisonretapée. Du rouge coquelicot dansle hall qui accueille les visiteurs.Plus loin, dublanc immaculédansla salle qui verra souvent desenfants. Et encore du bleu ciel à

l’étage, dans le salon de lecturequ’illuminentdesampoules,com-me autant de points d’interroga-tion…

Adrien de Van (40 ans) etValérie Dassonville (45ans), quiforment le nouveau duo à la têtedulieu,ont l’airheureuxdans leurnouveau tipi coloré. Ils ont éténommésle11 juin,parlemaire(PS)de Paris, Bertrand Delanoë, tour-nant ainsi la page du départ dou-loureux de l’ancien patron duParis-Villette,PatrickGufflet,quiaofficiéauTPVdurantplusdevingt-cinq ans. Dénicheur de nouveauxtalents, il avait soutenu lemetteuren scène Joël Pommerat bienavantquecelui-cinedevienneunefiguremajeuredelascènecontem-poraine.

Mais le 27 septembre 2012,l’équipe de Bertrand Delanoëannonçait qu’elle n’accorderaitpas denouvelle rallonge à la struc-ture, accusant Patrick Guffletd’avoir mené le théâtre dans une«impasse financière», ennotant la

baisse de fréquentation. Ce n’étaitpas tout à fait une surprise,mêmesi le moment de l’annonce – enplein démarrage de saison! – a étéjugémalvenu.Entreautreschoses,il a fallu « recaser» des compa-gnies programmées dans d’autreslieuxdelacapitale.Malgrélesnom-breuses mobilisations, la liquida-tion judiciaire du Paris-Villette, le29novembre 2012, a signé la fin del’aventure.

Pour le nouvel établissement,tous les compteurs ont été remis àzéro:«Lesordinateurs, le fichierdupublic, ainsi que le soutiende l’Etatet de la région se sont envolés»,résume Adrien de Van. Ne resteplus que le soutien de la Ville(650000euros, dont seulement lamoitié a été versée pour l’instant).Même si la nouvelle équipe nedésespère pas de faire revenirautourdelatablelesanciensparte-naires.L’adjointà laculturedeBer-trand Delanoë, Bruno Julliard, diten avoir «touché unmot» à JulienDray, vice-président socialistechargé de la culture à la région Ile-de-France. «On ne fait pas tablerase du passé», nuance Adrien deVan.De fait, unepartiede l’ancien-ne équipe est toujours là. Et JoëlPommeratestauprogrammedelasaison.

Quelesprit, justement,pourcet-tenouvellesaison–etcellesquisui-vront? Adrien de Van et ValérieDassonvillemettent en avant leurparcours et leur volonté de tou-cher un public diversifié – ils sedéfendent de vouloir faire du TPVune réservede branchés aumilieudu populaire parc de La Villette.Adrien de Van a «beaucoup jouécomme acteur», avant de devenirmetteur en scène et de diriger leThéâtrejeunepublicduJardind’ac-climatation. Valérie Dassonville,qui a codirigé le Théâtre de Bligny(Essonne), « l’un des premiers éta-blissementsculturelsenmilieuhos-pitalier», indiqueque le théâtrevatravailler avec les détenus de Fleu-ry-Mérogis (Essonne).

Le TPV se veut un lieu ouvertnon seulement aux jeunes specta-teurs,mais aussi à tous lespublics.«L’idée centraleest demontrerauxenfants,età leursparents,des spec-taclesaussiexigeantsqueceuxdes-

tinés aux adultes», dit ValérieDas-sonvile. «Et d’aller vers les formesvisuelles les plus percutantes»,complèteAdriendeVan.Promessetenue, avec le spectacle inauguralmis en scène par François Orsoni,LesContes chinois, en présence del’illustrateur chinois Chen JiangHong, remarquable performeurqui dessine en même tempsqu’avancelerécit.Sescalligraphiesdéfilentsurlegrandécrandelascè-ne, tel un papier musique, et lespectacle prend la forme d’unsomptueux livred’animation.

Les moyens financiers du TPVne lui permettront pas d’avoir unbudget de production,mais il sou-tiendralescompagnieslorsderési-dences de création et d’ateliersavec le public. Les livrets de pro-grammation seront livrés au fil

dessaisons.Autotal, 250représen-tationssontprévues,avecunobjec-tif de 40%de taux de remplissagedans les trois salles du TPV(200places, 70 places et une jaugeencore plus réduite pour le salonbleuciel à l’étage).

Divers lieuxparisienssaluent laréouvertureduParis-Villette, tel leThéâtredelaBastille,quiprogram-me lui aussi François Orsoni avecun autre spectacle. D’autres passe-rellesseprofilentavec leMontfort,le Centquatre, etc. Et l’on voit se

dessinerune carte du théâtre pari-sien, avec ses lieux multidiscipli-naires entre lesquels circulent lesartistes. «Dans sixmois, on auraessayé plein de choses», conclutValérieDassonville. p

Clarisse Fabre

UnprogrammeéclectiquepourNoël

Enseptembre2012,laVilleannonçait

qu’ellen’accorderaitpasdenouvelle

rallonge.Ennovembre,

leTPVétaitmisenliquidationjudiciaire

Adrian deVan et Valérie Dassonville. SYLVAIN GRIPOIX POUR «LE MONDE»

IL YADETOUT: théâtre, danse,marionnettes, concerts. Et pourtous les âges, des pluspetits auxadolescents. Le tourbillonpro-grammépourNoël au ThéâtreParis-Villettedurera jusqu’au5janvier 2014. Trois semainesdelancementmarquéespar un tarifunique– 10euros. A chaque fois,le nombrede représentationsestplutôt réduit, et les spectacles sesuccèdent, commepourmontrerune largepalette.

Extraits choisis: la chorégra-pheFatimaN’Doyeentrera surscène,mercredi 18 et jeudi19décembre:Quand j’étais blan-che interroge«le parcours d’unefemmeà la recherchede ses raci-nes» (touspublics). SuivrauneveilléedeNoël unpeudécalée,vendredi 20, avecune créationdeVincentMalone, Le Roi des Papaset lamagie deNoël : seront pré-sents le PèreNoël (VincentMalo-ne) et les trois roismages, qui sontaussimusiciens. L’artiste interro-ge: est-ce que les enfants «saturésd’informations, de jeux et de filmsen tous formats et sur tous sup-ports, peuvent encore s’émerveillerdevant lemiracle de la nuit deNoël?»

Le 21 décembre, ce sera la Satur-dayWhite Fever, la fièvredu same-di blanc : dans la salle blanche, dejeunesmetteurs en scène sepré-senterontdes extraits de leursspectacle et raconteront aupubliccequi les inspire : un livre, unemusique,unmomentde leur vie.

Une souris rêve à la luneDu27 au 30décembre, débar-

queraunduoburlesquequiconnaîtungrand succèspublic :PhilippeMartz et Bernie CollinsprésententMélange 2 Temps,«deux énergumènesqui adorentse détester».

Il y en aura aussi pour lespetits, dès 2 ans:Rumba sur lalune, un spectacle demarionnet-tes de Cyrille Louge,montreraunepetite souris qui a faimde fro-mageet de découvertes, et quirêvedevant la lune…Pour finir,du 2 au 5janvier 2014,Petit Pierrenous livre l’histoire vraie d’unhommehandicapé –«népas fini»– qui a construit unmanègeenchanteuràpartir de boutsdeferraille (dès 7 ans). p

Cl. F.

www.theatre-paris-villette.fr

110123Jeudi 19 décembre 2013

Page 12: 19/12/13 le monde

01 42 74 22 77 • theatredelaville-paris.com

MATS EKBALLET DE L’OPÉRADE LYONGiselleDU 27 DÉC. AU 3 JAN.

©j.-P.

Maurin

AGNES OBELAVENTINEL’ALBUM DE L’ANNÉE

WWW.AGNE SOB E L .COM

TÉLÉRAMA“Une pure merveille”

LE PARISIEN“Ensorcelant”

VSD

“Une écriture à la grâce rare”LES INROCKUPTIBLES

“Une perle rare”LES ECHOS

ENTOURNEE DANSTOUTE LA FRANCE EN 2014INFORMATIONS ET RÉSÉRVATIONS :WWW.ALIAS-PRODUCTION.FR

Art

D oublepeinepourCatherineGrenier:candidatemalheu-reuse à la direction du

Musée national d’art moderne(MNAM), logé au Centre Pompi-dou, la conservatrice est mainte-nant enpassed’être remerciéeparcette institution parisienne prési-dée par Alain Seban. Elle a reçu le10 décembre de la direction desressources humaines un courrierlui signifiant la rupture anticipéedesondétachement,aveceffetpré-vu le 27 décembre qui, coïnciden-ce, est aussi la date officielle dudépart à la retraite dudirecteurdumusée, Alfred Pacquement. Lorsdu pot de départ en l’honneur dece dernier mardi 17décembre, iln’était questionquede cela.

Catherine Grenier doit êtreincessammentreçueparladirectri-ce générale de Beaubourg, et selonles services de communication ducentre, «aucune décision n’est pri-se»… Mais cette procédure, si elleva jusqu’à son terme, serait sansprécédent pour un conservateuren fonction depuis vingt ans. Uneprocédure d’autant plus étonnan-te que Catherine Grenier a assuréenoctobreleré-accrochagedescol-lectionsmodernesduMNAMsousle libellé «Modernités plurielles».Et elle est jusqu’à nouvel ordrecommissairedel’exposition«Mar-tialRaysse»programméeenmaiàBeaubourg.

Les conservateurs du muséedépendent de la Direction desmusées de France et sont déta-chés auprès de l’établissementpublic du Centre Pompidou pouruneduréedéterminée,renouvela-ble.Laruptureanticipéed’undéta-chement doit être motivée et leministère de la culture ne l’accep-tera que si un autre poste est dis-ponible.

Rue de Valois, on paraît bienembêtéparcenouveaurebondisse-ment,aprèsunecampagnepour ladirection du centre très mouve-mentée. « Aucune demande delicenciementn’a été faite de lapart

du ministère», martèle l’entoura-ge d’Aurélie Filippetti, inquietd’une méchante rumeur selonlaquelle la ministre aurait quel-ques griefs envers la candidatemalheureusequiavaitbataillé fer-me pour défendre son program-me. «Catherine Grenier est unegrande conservatrice qui a réaliséun bel accrochage des collectionsdumusée. Cette question ne relèvepas de l’exercice de la tutelle maisde la seule responsabilité du prési-dent du Centre Pompidou, AlainSeban», précise-t-onRuedeValois.Ce serait donc ce dernier qui veutle départde CatherineGrenier.

En septembre, cette dernièreétait toujours en piste pour rem-placerAlfred Pacquement à la têtedu musée, figurant dans la listefinale de candidats transmise parAlain Seban à Aurélie Filippetti.Elle avait face à elle l’AutrichienMax Hollein, l’Allemande MarionAckermann et Laurent Le Bon,directeur du Centre Pompidou-

Metz. Coup de théâtre, CatherineGrenieretLaurentLeBondécidentalors de s’allier pour proposer unecandidature commune (LeMondedu 12novembre).

Cette alliance déplaît en hautlieu. Dès le lendemain, Max Hol-leinetMarionAckermannretirentleur candidature. Trois jours plus

tard,lechoixduministèreseporte-finalement sur Bernard Blistène,conservateur au MNAM, dont lenom ne figurait pas dans la listefinale. Un choix jugé pacificateuraprès sept mois de tensions et decafouillage. Même si, de bonnesource, Bernard Blistène ne sou-

tiendrait guère sa rivale aumoment où elle pourrait êtreremerciée.

D’abord conseillère pour lesartsplastiquesà laDirectiongéné-raledesaffairesculturellesdeHau-te-Normandie, Catherine Grenierintègre Beaubourg en 1992. Elleorganiseplusieursgrandesexposi-tions pluridisciplinaires et publiequelques livres importants, dontunvolumed’entretiensavecl’artis-teMaurizioCattelan (Seuil, 2011).

Après un passage en 2005 aucabinet du ministre de la cultureRenaud Donnedieu de Vabres,CatherineGrenierdirigelapréfigu-ration du projet avorté de CentrePompidou-Alma, qui devait trou-ver sa place au Palais de Tokyo,puis lance leprogramme«Recher-che etmondialisation», voulu parle président du Centre Pompidou,Alain Seban. CatherineGrenier estdirectrice adjointe du MNAMdepuis 2009. p

RoxanaAzimi etHarryBellet

culture

Musique

BourgesCorrespondant

L e «Printemps de Bourges»,label appartenant à l’un deses créateurs, Daniel Colling

(67ans),vachangertrèsprochaine-ment de mains. Ce dernier avaitannoncé, lors du dernier festivalde la chanson, qu’il comptait pas-ser le flambeau«d’ici troisans»– ildevrait le faire en 2015 – et n’avaitpascachéson intentiondecéder lelabel. Les négociations touchent àleur terme, l’annonce officielleétantprévuedébut 2014.

Morgane Production, qui avaitétéapprochéeilyaquelquesmois,est confirmée parmi les repre-neurs, probablement aux côtésdespouvoirspublics(villedeBour-ges, département du Cher, régionCentre, Etat). Cette société de pro-ductionpossèdedéjàLesFrancofo-lies rachetées à Jean-Louis Foul-quier en 2004.

C’est un premier volume de38Printempsquivaserefermeren2014. Tout a commencé en 1976avec l’embryon d’un festival de lachansonfrançaise,LaHalleenfête,dont le succès entraîne le direc-teur de la Maison de la culture deBourges, Jean-ChristopheDechico,àdemanderàun trio fon-dateur, Daniel Colling, AlainMeilland et Maurice Frot, régis-seurdeLéoFerrépendantdix-huitans, de récidiver dès l’année sui-vante.

DanielCollingbaptise l’associa-tionmontéeavecsescopainsEcou-te s’il pleut. Il double cette sociétécivile d’une société de productionet d’édition (Speedi) ouverte auxartistes ignorés des radios et télés.Higelin, Lavilliers, Béranger,Ribeiro sont de ceux-là. L’espritPrintemps est né et la premièrenichéeestprogramméepour 1977.

Le festival balbutiant associeaux noms déjà cités le technicienFrançois Carré et le journalisteMauricePollein,entreautres.Maisson succès inattendu monte à latêtedutrès chafouin Jean-Christo-

phe Dechico, qui en revendique,aunomde saMaison, la paternité.Jusqu’àdéclareren1979:«J’aidéci-dé qu’il n’y aura pas de Printempsen1980!»Finemouche,DanielCol-ling avait déjà pris tout le mondede vitesse en déposant sous sonnom le sigle et le terme «Prin-temps de Bourges», le 4avril 1977,à l’Institutnationalde la propriétéindustrielle (INPI). Il expliquealors publiquement que « le labelce n’est pas seulement le sigle, c’estla réalisation elle-même» et que«l’idée du Printemps a été amenéeparEcoutes’ilpleutqui,depuis lors,a undroit de créateur».

Divergences profondesDaniel Colling sait que désor-

mais il peutprétendre transporter«Le Printemps de» ailleurs, com-me en 1985 lorsque les tractationsavec Georges Frêche faillirentaboutir à son déménagement àMontpellier.Lamêmeannée,pourdesdivergencesprofondesdans ledomaine artistique, la rupture estconsommée entre Colling etMeilland. Ce dernier estime querevendre le label pour partie auxpouvoirs publics «manque demorale» – le festival ayant bénéfi-ciédesubventionspendanttrente-sept années.

Restent attachées à cette ventequelques clauses en suspens quitrouveront probablement leuréclaircissementàl’occasiondel’an-nonceofficielle.Maisonpeutcroi-requeLePrintempsdeBourgesres-teradanssavilled’origine. Lamiseà prix initiale, 3millions d’euros(somme équivalente au chiffred’affaires de l’entreprise Prin-tempsdeBourges),avait étéprécé-demment déclinée par les repre-neurs éventuels. Lemontant finalserait compris entre 1,5 et 2mil-lionsd’euros.

Le Printemps est prêt pour saprochaine saison (du 22 au 27avril2014).Lespremiersnomsdelapro-grammation sont à consulter surle site du festival. Le concert deStromae au W affiche déjà com-plet. p

PatrickMartinat

Le«PrintempsdeBourges»changedemainsL’undescréateursdufestival, quiavaitdéposélenomen1977, l’avenduàunrepreneur

Uneprocéduresansprécédentpourunconservateurenfonctions

depuisvingtans

Théâtre

L a lettre adressée par sondoyen«et les36sociétairesdela Comédie-Française» à la

ministre de la culture, réclamantun changement après huit ans deservices de son administratricegénérale, Muriel Mayette, a lancéla campagne de succession, à

dixmois du renouvellement desonmandat fin juillet2014. «C’estsansdouteunpeutôt,mais la trou-pe se positionne, on ne pensait pasque cela sortirait dans la presse»,soupirelecomédienDenisPodaly-dès.

Déplorant «une gestion sansvéritablepolitiqueartistique», lalet-tre est datée du 7novembre, mais

son existence n’a été dévoilée quemardi 17décembre, dans Le Figaro.Celui-ci fait de l’administratriceunemartyrede ladroite.Certes,onl’avuepromenerNathalieKoscius-ko-Morizet au Français, maisMuriel Mayette passe aussi pourune proche de Christophe Girard,ex-adjoint à la culture de BertrandDelanoë et maire du 4earrondisse-ment.

Unphénomène «de saison»Pour Denis Podalydès, «on arri-

veà la find’uncyclequiavuse fairedetrèsbelleschoses.Onajusteenvied’un horizon nouveau. Il n’y a pasdeguerre entre nous». «Cette fuite,c’est une grosse connerie», renché-rit le comédienEricRuf.Celui-ci estle «candidat de l’intérieur» – et nes’encachepas:«Jeredouteunepolé-mique infertile… mais sans douteobligatoire. Si je dois parler de toutça, ce sera à laministre,monprojetsous le bras : j’ai plus d’idées pourl’avenir de cettemaison que contreMurielMayette.»

Partout, on relativise un phéno-mène«de saison». C’est eneffet endécembre que se réunit le comitéqui nomme les nouveaux, décidedesaugmentationsetprononcelescas d’éviction. «Les gros poissonsextérieursvontseréveiller»,pronos-tiquePatrickBelaubre, le secrétairegénéral, évoquant les velléités affi-chées de Christian Schiaretti, auTNP.Et lui-mêmededresser lepor-trait louangeurdeMurielMayette:«Lasallen’a jamaisétéaussipleine,

120 créations en huitans, les tour-néesn’ont jamaisétéaussidévelop-pées…»Sipersonnene songeànierlestalentsd’actriceetdegestionnai-re deMurielMayette, sa capacité àrenouveler la troupe,d’autres criti-quent ses goûts artistiques et lesmises en scène qu’elle pousse.«Plus c’est plan-plan, plus la Comé-die-Française fait le plein», ironiseuncomédien.

Laquestionestd’autantplussen-sible que la Comédie-Française ris-que de perdre Le Studio-Théâtre,adapté à des formes plus expéri-mentales. Sans compter le projetde construction d’un théâtre dansune aile de l’Opéra Bastille, aban-donnéfauted’argent.«Pourcepos-te, j’ai mis ma carrière d’actriceentre parenthèses. Mais je ne suispaslàpourm’accrocheraupouvoir,affirme Muriel Mayette. Je n’aienviede rester que si j’ai lesmoyensd’unepolitique. Or en cemoment iln’yapasbeaucoupdedialogue…»

Du côté du ministère, on faitsavoirque,«si elledoit être rempla-cée, l’intéressée en sera la premièreinformée,puis ilyauraappelà can-didatures avec une sélection detroispersonnes;maiscelanese ferapasavant leprintemps…». Saufquele temps est venu des rumeurs etdes ragots. D’aucuns murmurentdéjà qu’une nouvelle lettre seraiten gestation contre la possiblevenue d’Hortense Archambault,l’ancienne codirectrice du Festivald’Avignon. p

LaurentCarpentier

En janvier2010, avec le plasticien Christian Boltanski (au centre), auGrand Palais. GILLES BASSIGNAC/DIVERGENCE

AuCentrePompidou, laconservatriceCatherineGreniersurlaselletteLacandidatemalheureuseàladirectiondumuséeareçuunelettremettantfinàsondétachement

AlaComédie-Française,laguerredesuccessionestdéclaréeLessociétairesdemandentàlaministredelacultureledépartdel’administratrice,MurielMayette

12 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 13: 19/12/13 le monde

VoyageEnviedenouveautépourlanuitdelaSaint-Sylvestre?Les lieuxoriginauxnemanquentpaspourbasculerdans2014demanière inattendue, enFranceouenEurope

Sixidéespourréveiller leréveillon

culture& styles

P our les citadins en mal denature, désireux, en cette find’année, de vivre des

moments ou des aventures insoli-tes, par exemple chercher le «dia-mant noir» dans le Lot ou rêversous un grand chapiteau, voiciquelques idées d’escapades origi-nales, enFranceetenEurope,pourun réveillonmémorable.

Unenuit latêtedanslesétoiles,aupicduMidi

Ici, au sommet du pic du Midi,l’eaubout à 92degrés et, avec 30%d’oxygène en moins qu’en vallée,faire lacuisinen’estpaschosesim-ple. Pourtant, cette année encore,le chef a concocté deux réveillonsde choix. Des repas de roi servis à2877mètres d’altitude avec pourdécor la chaîne des Pyrénées, de laCatalogneauPaysbasque.

Longtemps réservé aux cher-cheurs et aux techniciens quiobservent le ciel et ses planètesdepuis près de cent quarante ans,le site des Hautes-Pyrénées estouvert au public depuis 2000. Ilest désormais possible de passerune nuit dans l’une des 19cham-bres qui hébergent habituelle-ment les scientifiques. Quelquesheures hors du temps, à observerles cieux et le coucher du soleil autraversdes instrumentsde recher-che astronomique installés au Pic.

A l’intérieur, sous la coupoleBaillaud, film,photos et récitsper-mettent de se glisser dans la peaudes pionniers, partis à la conquêtedupic à partir duXVIIIesiècle. Inu-tile de savoir skier ou d’être unadepte du freeride pour se lancerdans l’aventure, un téléphériquevous hissera en quinze minutes àpartir de la Mongie, station de skidu Grand Tourmalet, au sommetdu pic du Midi (renseignements:picdumidi. com).

ChambreavecvueàlaVillaMédicis

Adresse confidentielle à Rome,la Villa Médicis est probablementun des lieux les moins ouverts aupublic, sauf pour les visites gui-dées organisées chaque jour. Avecunpeudepersévérance,ilestnéan-moins possible de passer une nuitdans la prestigieuse Académie deFranceàRome,l’unedesplusgran-des villas italiennes de la Renais-sance. Une dizaine de chambres,certaines du XVIe siècle, avec lesdécors d’époque, d’autres plusrécentes, sont réservées au public.«Ici, c’est tout sauf un hôtel», pré-

vient l’hôtesse,à l’accueil. Il faudrase faire discret, se fondre dans lavie de cette résidence d’artistes,perchéesur lemontPincio, loindel’agitationde la ville. Et profiterdela halte pour nepasmanquer l’ex-position de photos de PatrickFaigenbaum, ancien pensionnai-re,quisetientà laVillaMédicisjus-qu’au 19janvier 2014 (renseigne-ments: villamedici. it).

Feud’artificesurleStromboli

Et si cette année vous troquiezescarpins et smoking contre unepairedechaussuresderandonnée,desguêtresetunelampefrontale?Pour les marcheurs en quête desensations fortes, rien de tel quel’ascensionduStromboli, en Italie,au coucher du soleil, quand le cielest encore bleu avec un éclairagerasant. Là, deux options: grimperjusqu’au premier belvédère, à400mètresd’altitude,pourobser-verl’activitéduvolcanetlesretom-béesdesprojectionsémisespar lesexplosions et voir les blocs roulersur la pente de la Sciara del Fuocojusquedans lamer.

Pour les plus téméraires, pré-voirtroisheuresdemarchesupplé-mentaires jusqu’au sommet, suruneterrequivibreàchaqueexplo-sion. En activité depuis plus dedeux mille ans, le Stromboli cra-chedufeuenvirontoutes lesvingtminutes,affirment les experts.Unvéritablefeud’artificeavecdesger-bes incandescentes qui bondis-sent à 200 ou 300mètres de hau-teur du cratère (renseignements:aventurevolcans. com).

DansleLot,àlarecherchedu«diamantnoir»

Les deux derniersmarchés auxtruffes de l’année ont lieu les 24 et31décembreàpartirde 14heures, àLalbenque (Lot), à 15kmdeCahors.Lemarché, qui se tient dans la rueprincipale, est le plus importantdu Sud-Ouest. Ici, on achèterad’abord le panier, en face, les truf-fes seront proposées à la vente àl’unité.

Pendant quelques heures, ven-deurs et acheteurs vivront à l’heu-re de la Tuber melanosporum, latruffe noire du Périgord. En venteégalement, des petits chênes truf-fierssi l’enviedefairevotreproprerécoltevousprenait.

Autre rendez-vous à ne pasmanquer: le cavage (recherche dela truffe) avecuncochon,unchienou des mouches sur une truffièrede Lalbenque. Et, tout autour, debonnes adresses pour les gour-mets, qui iront savourer l’omelet-te aux truffes deMonique Valetteà Bach (rens. : tourisme-lot. com)

AupharedeKerbel,avecvuesurGroix,Lorientet labaiedeQuiberon

Nepasoublierleshuîtres,labou-teille de champagneou le saumonfumé, car, une fois arrivé en hautdu phare de Kerbel (Morbihan), à25mètres au-dessus du niveau dela mer – 123marches –, il est peu

probable que vous ayez le couragede redescendre toutde suite.

Dix ans après avoir racheté, à labougie, le phare et la maison dugardien, Daniel Jegat n’en revienttoujourspas. Bien sûr, il a fallu fai-re quelques travaux: descendre ledômeenbéton,transforméaujour-d’hui en sauna, remplacer la fenê-tre située en haut du phare à éclatparuneverrièreà360degrés,amé-nager un studio de 20m2 pourhéberger ceux qui tentent l’expé-rience d’une nuit au-dessus de lamer. Honorine Le Guen, une desrares femmes gardiennes de pha-re, n’yest-ellepas restéequarante-sept ans? (pharedekerbel. com)

Souslechapiteaud’uncirque

Qui n’a pas rêvé de se glisserdans le costume blanc à paillettesd’un clown, de grimper sur un élé-phant, d’entrer dans l’arène avecun dresseur de lions ou d’appren-dre des tours deprestidigitation?

S’il faut des années de travailpourdevenirun enfantde la balle,le cirque espagnol Raluy proposede découvrir les coulisses dugrand chapiteau dans une ancien-ne roulotte anglaise de 1939 trans-formée en hôtel ambulant (Hôtelsinsolites Monde, de Steve Dobson,Editions Jonglez, 243 p.,34,90euros).

La roulotte et ses occupantsvivent au rythme du cirque, assis-tent aux spectacles et aux répéti-tions. Le chapiteauRaluyest àBar-celone (Passeig de Colom), jus-qu’au9février 2014. p

MartinePicouët

Patrimoine

200000C’est, en euros, la sommeréunieunmois après le lancementdela souscriptionnationalepour la restaurationde la croixde Lor-rainepar la Fondationdupatrimoine, enpartenariat avec la Fon-dationCharles deGaulle. Plus de 2375donateurs se sontmobili-sés, permettant de recueillir plus de lamoitié des 360000eurosprévuspour les travaux.

CINÉMA

AlainResnaisetGeorgeClooneyencompétitionàlaBerlinaleAprès l’annoncede la présentation, pour la soiréed’ouverturedela Berlinale, dunouveau filmdeWesAnderson,TheGrandBuda-pestHotel, le festival, dont la 64e édition aura lieu àBerlin du 2 au16février 2014, lève le voile sur les films qui seront en compéti-tion. Parmi ceux-ci,Aimer, boire et chanter,d’Alain Resnais, etTheMonumentsMen,deGeorgeClooney. Lepremier de ces titresvoit le réalisateur français âgé de91ans se tourner denouveauvers le répertoire théâtral de l’auteur anglaisAlanAyckbourn (cefut déjà le caspour Smoking-NoSmoking en 1993 etCœur en2006) et adapter sa pièce à succès Life of Riley (expression irlan-daise qui se traduit par «vie depatachon»). Le casting réunitSabineAzéma,AndréDussolier,MichelVuillermoz,HippolyteGirardot et SandrineKiberlain, autourd’une trame lugubremaispossiblementplaisante qui voit trois couplesd’amis se réunir àl’annoncede lamort imminentede l’und’eux.Quant àGeorgeClooney, il choisit, dansTheMonumentsMen, demettre enlumièreunpanméconnude l’histoirede la secondeguerremon-diale en suivant l’activité des hommesd’unebrigade spécialedel’arméede libérationaméricaine, chargéede récupérer lesœuvresd’art spoliées par lesnazis. p JacquesMandelbaum

Les randonneursles plustémérairesse risquentjusqu’au sommetdu Stromboli, enItalie.J.-PIERRE DEGAS/HEMIS. FR

L’observatoire dupic duMidi estouvert au publicdepuis 2000.SUPERSTOCK/SIPA

LeprixLouis-Dellucattribuéà«LaVied’Adèle»Leprix Louis-Delluc 2013, qui récompense lemeilleur film fran-çais de l’année, a été attribuéà LaVie d’Adèle, d’AbdellatifKechiche, a annoncémardi 17décembre le présidentdu jury,Gilles Jacob, égalementprésident du Festival de Cannes, où cemême filma remporté la Palmed’or. «C’est unmetteur en scènequi aun talent rare pour recréer la vérité, c’est l’esprit français,c’est la traditiondepuis JeanRenoir jusqu’àKechiche enpassantpar Pialat», a commentéM.Jacob après avoir annoncé lenomdulauréat. Abdellatif Kechiche avait déjà reçu leprix Louis-Dellucen2007pour LaGraine et lemulet. Le Prix dupremier filmestallé àVandal, d’Hélier Cisterne. p

ARCHITECTURE

OdileDecqnommée«femmearchitectedel’année»Pour sa première édition, lundi 16décembre, auPavillonde l’Ar-senal, à Paris, le Palmarèsdes femmesarchitectes a distinguétroislauréates.OdileDecq s’est vu remettre le Prix de la femmearchitectede l’année; AnneDémians a reçu le Prixde l’œuvreori-ginalepourM9D4, unprogrammede 54 logements en accessionsituédans le quartierMassena (Paris 13e), et l’agenceDes clics etdes calques (Camille Besuelle,NathalieCouineauetMathilde Jau-vin) a obtenu le Prix de la jeune femmearchitecte. Cent six candi-daturesde femmesarchitectes ayantprésentéun total de 451pro-jets avaient été adressées auxorganisateursde ceprix crééparl’Associationpour la recherche sur la ville et l’habitat (Arvha)avec le soutienduministèrede la culture, duministèredesdroits des femmeset de l’ordre des architectes. Selon ses promo-teurs, «il a pour but demettre en valeur lesœuvres et les carrièresde femmesarchitectes françaises et de promouvoir la parité dansla profession». p

PHOTOGRAPHIE

LesRencontresd’ArlesentérinentledépartdeleurdirecteurLorsd’unconseil d’administrationtenu, lundi 16décembre, lebureaudesRencontresd’Arles a entériné le départdudirecteur,FrançoisHébel, et fixé lemontantde ses indemnités.«Tout lemondeaaccepté l’idée qu’ilmènerait àbien l’éditionde l’été, etquedesdémarches seraient entreprisespour recruterunnouveaudirecteurà partir du 30septembre 2014» adéclaré auMonde leprésidentdes Rencontres, Jean-Noël Jeanneney, qui a ajoutéquelui-mêmequitterait sonposte aumêmemoment. Le conseil estintervenudansun contexte tendu, aprèsunconflit entre le direc-teur et la FondationLuma, qui va construireungrandprojetculturel sur l’emplacementdes anciens ateliers SNCF, utilisésl’étépar lesRencontresd’Arles. FrançoisHébel avaitmontéunprojet dedéveloppementconcurrent, retoquépar les pouvoirspublics, et jugeait insuffisantes les offresde lieuxde substitutionproposéspar la FondationLumaet lamairie d’Arles.MajaHoff-mann, directrice la fondation, avait décidédenepas assister auconseil,mais a transmisune lettredans laquelle elle amanifestéson incompréhensiondevant la polémique, et a réitéré sa volon-té de travailler avec le festival. p ClaireGuillot

Littérature La trilogie «Millénium»va connaître une suiteLa trilogieMilléniumduSuédois StiegLarsson,mort en2004,vaêtre complétéeparunquatrièmeopus, a annoncé lamaisond’édi-tionsuédoiseNorstedts. L’écrivainsuédoisDavid Lagercrantz,coauteurde labiographiede la stardu football Zlatan Ibrahimo-vic, Je suis Zlatan Ibrahimovic (Lattès, 144p., 20¤), sera chargédunouvelouvrage,dont la sortie est déjàprévuepour l’été 2015dansles librairies, dix ansaprès lapublicationdupremier tome. LasérieMilléniumestdevenueunphénomènemondial et aété adap-téeau cinéma,d’abordenSuède,puis auxEtats-Unispar le réalisa-teurDavidFincher.– (AFP)

130123Jeudi 19 décembre 2013

Page 14: 19/12/13 le monde

14 0123Jeudi 19 décembre 2013carnet

en venteactuellement

K En kiosque

Hors-série

Hors-série

Mensuel

Collections-------------------------------------------------------

Dès mercredi 18 décembre,le DVD n° 9 Mr SMITH AU

SÉNAT de Frank Capra

Dès vendredi 20 décembre,le volume n° 12 LA MORT DE

SARDANAPALE d’Eugène Delacroix

Dès jeudi 19 décembre,le CD-livret n° 10 JE SUIS VENU

TE DIRE QUE JE M’EN VAIS

Hors-série

Hors-série

Mensuel

Nos services--------------------------------------------------------------LecteursKAbonnements

Tél. : 32-89 (0,34� TTC/min)www.lemonde.fr/abojournal

K Boutique du Monde80, boulevardAuguste-Blanqui,75013 ParisM° Glacière ou CorvisartTél. : 01-57-28-29-85www.lemonde.fr/boutique

K Le Carnet du MondeTél. : 01-57-28-28-28

ProfessionnelsK Service des ventes

Tél. : 0-805-05-01-47

Dès vendredi 20 décembre,

Dès jeudi 19 décembre,

Le Muséedu

Dès mercredi 18 décembre,

�ÑÆ 'ÉSÓ.Æ |º|Ó,Õ,ÓÂÆ¢S"ÆÆSÓ0,Æ� OSÏÂxÕ,Æ�*"SÓ~S"ôô,Æ� ÕSÉ"S',Æ

.º"Æ ., .|0zÆ�É,Õ,É0",Õ,ÓÂÆ� Õ,ÆÆ,Æ�0ÑÓ.Ñô|SÓ0,Æ� $ÑÕÕS',Æ�

ÆѾº,Ó"ÉÆ

)ÑôôÑ̾,Æ� 0ÑÓ*|É,Ó0,Æ�Æ|Õ"ÓS"É,Æ� ÂSOô,Æ�ÉÑÓ.,Æ�

ÏÑÉÂ,Æ�Ѿº,ÉÂ,Æ� *ÑɾÕÆ�ÏÉÑû,0Â"ÑÓÆ�.|OSÂÆ�SÆÆ,ÕOô|,Æ '|Ó|ÉSô,Æ

�ѾÂ,ÓSÓ0,Æ ., Õ|ÕÑ"É,�Â$zÆ,Æ� ±&�

¸�ÏÑÆ"Â"ÑÓÆ� º,ÉÓ"ÆÆS',Æ�Æ"'ÓS¾É,Æ� .|."0S0,Æ�

0ÑÕÕ¾Ó"0SÂ"ÑÓÆ ."º,ÉÆ,Æ

³0&+ (0&(V P2T0+5{(P02 V�i a[ fY fY fY�i a[ fY fi d^

[{+2V(05.&yMP[P(V�T+

§, )SÉÓ,Â

ª0&) .0&$V7 20&) (+{2)5V((+V$0) {2202[V) M{ $VPMMV.0&+ MV MV2XV5{P2 V

c .¾ ô¾Ó." S¾ º,Ó.É,." û¾Æ̾4� j\ $ d~�ûѾÉÆ *|É"|Æ 0ÑÕÏÉ"Æ�

c ô, ."ÕSÓ0$, ., U $,¾É,Æ � jg $ d~

AU CARNET DU «MONDE»

Décès

Le présidentEt le conseil d’administration

de la Société française d’écologie

ont la tristesse de faire part du décès de

Robert BARBAULT,écologue,

professeur émériteà l’université Pierre-et-Marie-Curie

et au Muséum nationald’Histoire naturelle

membre du conseil d’administrationde la Société française d’écologie,

survenu le 12 décembre 2013.

(Le Monde du 18 décembre.)

Montargis.

Le président,Les membres du conseil

d’administration de la MNHet de MNH Prévoyance,

La directionEt le personnel

de la Mutuelle nationale des hospitalierset des professionnels de la santéet du social,

ont la tristesse de faire part du décès de

Simone DI NICOLA,vice-présidente

du bureau nationalet membre du conseil d’administrationde la MNH et de MNH Prévoyance.

Les obsèques ont é té cé lébréesle 13 décembre 2013, en l’église d’Istres(Bouches-du-Rhône).

Le docteur Alain Diederichs,Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Mme Alain DIEDERICHS,née Marie-Louise PUMEAN,

à l’âge de quatre-vingt-dix ans.

L’inhumation a eu lieu en régionchartraine, dans l’intimité familiale.

47, rue de la Convention,75015 Paris.

Véronique Bretet son compagnon, William Trojan,

ont l’immense peine d’annoncer le décèsde

DoloresGERMAN DE RIBON BRET,

à Paris, le 14 décembre 2013.

L’inhumation aura lieu le 20 décembre,à 14 h 15, au cimetière du Père-Lachaise,Paris 20e.

Alain GOURDON,conseiller maître honoraireà la cour des comptes,

ancien administrateur généralde la Bibliohèque nationale,essayiste sous le pseudonyme

de Julien Cheverny,

s’est éteint le 15 décembre 2013,à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Gilles Gourdon,Sophie et Serge Moati,Jeannine Gourdon,Irène, Félix et Victor Moati,Anne-Marie et Pierre Gautier,Jean-Loup Gourdon,Isabelle Labernadie,Laura, Bert et Hugo Meijer,

partagent leur tristesse avec tous ceuxqui l’ont aimé, admiré, accompagnéà un moment ou l’autre de sa vie multipleet féconde.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Bérengère Guy, Patrice Guyet Sophie Danis,ses enfants,

David-Alexandre Gadmer,Sophie-Pulchérie Gadmer

et Arnaud de Saussine du Pont de Gault,Corentin Guy, Lucie Guy,

ses petits-enfants,Théophraste, Blanche,

Gaspard de Saussine du Pont de Gault,ses arrière-petits enfants,

Sa familleEt ses amis,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Charles GUY,survenu le 13 décembre 2013,dans sa quatre-vingt-neuvième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 20 décembre, à 14 h 30,en l’église Saint-Honoré d’Eylau,66 bis avenue Raymond Poincaré ,Paris 16 e, suivie de l’inhumationau cimetière du Montparnasse, Paris 14e.

12, rue des Eaux,75016 [email protected]

Lucien Joly (†),son époux,

Alain (†) et Nicole (†) Joly,Sylvie et Pierre Vitry,Louis-Noël (†) et Véronique(†) Joly,Bertrand et Claudine Joly,Thierry (†) et Hélène Joly,Hervé et Christine Joly,Arnaud et Dominique Joly,Fanny et Philippe Berbesson,

ses enfants,

Olivier et Myriam, Mathilde, Grégoireet Claude, Etienne et Carol, Vincentet Cécile, Sophie (†), Camille et Xavier,Estelle et Guillaume, Maxime et Juliette,Amélie et Marc, Adrien et Emma, Elsaet Laurent, Julie et Ronan, Antoine, Alice,Martin, Lily et Fabrice, Victor, Lucas,ses petits-enfants,

Ses trente-quatre arrière-petits-enfants,

Les Familles Lacaille et Joly,

ont la tristesse de faire part du rappelà Dieu de

MmeFrançoise JOLY,née LACAILLE,

le 15 décembre 2013,dans sa cent deuxième année.

La messe sera célébrée en l’église Saint-Sulpice, Paris 6e, le vendredi 20 décembre,à 10 heures, par le père Guy Lafon,ami de la famille.

Elle sera suivie de l’inhumationà 15 h 30, au cimetière d’Arromanches.(Calvados).

M. Jean-Claude François,présidentde l’Association pour la connaissancede l’Allemagne d’aujourd’hui (ACAA),

M. Jérôme Vaillant,directeurde la revue Allemagne d’aujourd’hui,

Mme Jeannette Larrodé,ancienne présidentede l’Association pour le développementdes liens culturels entre la Franceet l’Allemagne (ALFA),

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Claude LUSSET,née PIERRE,

professeur d’allemand honoraireau lycée Honoré de Balzac de Paris,

survenu à Paris le 6 décembre 2013,dans sa quatre-vingt-sixième année.

Nous conserverons un souvenirreconnaissant de notre amie qui a œuvréà la promotion des relations franco-allemandes.

TOTAL Professeurs Associés

a la grande tristesse d’annoncer le décèsde

Khaled MADAOUI,survenu le 10 décembre 2013,dans sa soixante-treizième année.

Pédagogue hors pair, son sourireet son verbe resteront longtemps dansnos mémoires.

« Il faut oser, on dure par les moyensmais on n’avance réellement

que par les extrêmes. »

TPA,12, rue Christophe-Colomb,75008 Paris.

Le Perreux-sur-Marne. Asnières.

Dominique et Philippe Mevel-Dursins,Françoise et Pierre Colyn,

ses enfants,Aurélie, Guillaume, Hélène, Vincent

et Ariane,ses petits-enfants,

Les familles Foulon, Gicquel,Masbou, Mathieu, Millot, Pouliquen,Tacconi et Teissedre,

ont la tristesse d’annoncer le décès de

M. Pierre MEVEL,survenu le 12 décembre 2013,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Ses funérailles seront célébréesle 20 décembre, à 15 h 15, en l’égliseSaint- Joseph des Quatre Routes, 187, ruedu Ménil, à Asnières (Hauts-de-Seine).

PFG Le Perreux-sur-Marne.

Dominique Landré Normand,son épouse,

Christophe et Christelle Normand,Gilles Normand et Ariane Martenot,Isabelle Normand et Benoît Josse,Alice Normand et François Barbier,

ses enfants,Fanny, Pablo, Merlin, Noé, Philémon,

Côme, Gaspard, Malo,ses petits-enfants,

Michel Normand et Nadine,son frère et sa belle-sœur,

Les familles Landré, JeantetEt tous les amis,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Jacques NORMAND,médecin rhumatologue,

survenu le 14 décembre 2013,à l’âge de quatre-vingts ans.

Un hommage lui sera rendu le samedi21 décembre, à 11 h 15, au crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, 71, ruedes Rondeaux, Paris 20e.

Mme Suzanne Paris,son épouse,

Julia et Guillaume Paris,ses enfants,

Gilberte et Marcel Bouillard-Paris,sa mère et son beau-père,

Mme Pascale Yamba-Paris,sa sœur,

MmeClarisse Yamba-Paris,sa nièce,

M. et Mme Léonard Murillo,ses beaux-parents,

Ses cousins et cousinesEt toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Bruno PARIS,avocat au barreau de Paris,

survenu à Paris, le 4 décembre 2013,à l’âge de cinquante-cinq ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 20 décembre, à 14 h 30,en l’église Saint-François Molitor,44, rue Molitor, Paris 16e.

L’inhumation aura lieu à 16 h 30,au cimetière parisien de Bagneux,45, avenue Marx Dormoy, à Bagneux(Hauts-de-Seine).

Paul Robel,son époux,

Sylvie et Liêm Hua,Laurence et Thierry Robel-Galli,Gilles et Dale Robel-Rowe,

ses enfants,Mathieu, Emile et Juliette,

ses petits-enfants,Liliane Rajchert,

sa sœur,Sa famille à l’étranger,Ses amis,

ont la tristesse d’annoncer le décès de

Jenny ROBEL,gynécologue,psychanalyste,

survenu le 15 décembre 2013,dans sa quatre-vingt-cinquième année.

L’enterrement aura lieu au cimetièreparisien de Bagneux, le 20 décembre,à 14 h 45.

Ni fleurs ni couronnes.

36, rue Santos-Dumont,75015 Paris.

M. et Mme Frédéric de Goldschmidt,

Alix et Leonor,ses petites-filles,

ont la douleur de faire part du décès de

France ROCHE,survenu le samedi 14 décembre 2013,à Paris.

La cérémonie d’hommage aura lieule samedi 21 décembre, à 11 h 30,en la salle Mauméjean du crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.

L’inhumation aura lieu ultérieurementdans l’intimité familiale.

M. Jacques Rondepierre,son époux,

Mme Anne Rondepierre,sa fille,

Léonie,sa petite-fille,

Mme Gilberte Barrat,sa mère,

M. Alain Barrat,son frère,

Toute la familleEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme JacquelineRONDEPIERRE,

née BARRAT,

survenu le 15 décembre 2013.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 20 décembre, à 10 h 30,en l’église Saint-Pierre de Montrouge,82, avenue du Général Leclerc, Paris 14e.

L’inhumation aura lieu au cimetièreparisien de Bagneux.

Le docteur Henri Rozenbaum,son époux,

Marc et Alain,ses filset leurs conjointes,

Annaëlle et Lise,ses petites-filles,

Edith et Victor Chomentowski,sa sœur et son beau-frère,

Delphine, David et Gabrielleson neveu, ses nièceset leurs conjoints,

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

Gisèle ROZENBAUM,née GARFINKIEL,

survenu le 14 décembre 2013,à l’âge de soixante-seize ans.

Les obsèques ont eu lieu ce mercredi18 décembre, à 14 h 45, au cimetièreparisien de Bagneux.

Ni fleurs ni couronnes.

Mme Nadine Sasson,son épouse,

Sylvie Sasson et Didier Rossillon,Pierre et Carole Sasson,

ses enfants,Nicolas, Léa, Judith, Clara,

ses petits-enfants,Charles et Léa Sasson,

son frère et sa belle-sœur,Ses neveux et niècesEt toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Victor SASSON,

survenu le 14 décembre 2013,à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Les obsèques ont eu lieu le mardi17 d é c emb r e , au c ime t i è r e duMontparnasse, Paris 14e.

Cet avis tient lieu de faire-part.

33, avenue Foch,75116 Paris.

Anniversaire de décès

Il y a soixante-dix ans disparaissait,à l’âge de cinquante-trois ans,

Esther FEIGUE STORCHAN.Il y a quarante ans disparaissait,

à l’âge de trente-huit ans,

Liliane STORCHAN.Une pensée toute particulière à la

m émo i r e d e c e s d eux f emmesexceptionnelles que nous avons eu lebonheur de connaître et d’aimer.

Souvenir

Sébastien VIALARD,19 décembre 2003.

« Sébastien, dans la nuit de ton absence,la belle lumière

de nos souvenirs, veille… »

Colloque

organisé par le Centre d’études japonaises« Éloge des singularités

dans le Japon contemporain »,jeudi 19 et vendredi 20 décembre 2013,

auditoriumdu Pôle des Langues et Civilisations,65, rue des Grands-Moulins, Paris 13e.

Entrée libredans la limite des places disponibles.

Contact : [email protected] (rubrique Actualités).

Annoncezvos événements culturels

Pour toute information :01 57 28 28 2801 57 28 21 36

[email protected] : 29 ! TTC

Prix à la ligne

Le Carnet

SignaturesProjections-débats

LecturesCommunications

diverses

Page 15: 19/12/13 le monde

0123 est édité par la Société éditrice du «Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex13 Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone: deFrance32-89 (0,34¤TTC/min) ; de l’étranger: (33) 1-76-26-32-89;par courrier électronique: [email protected] 1 an : Francemétropolitaine : 399¤Courrierdes lecteurs: blog:http://mediateur.blog.lemonde.fr/;Parcourrierélectronique:[email protected]édiateur:[email protected]: site d’information:www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr; Emploi :www.talents.fr/ Immobilier:http://immo.lemonde.frDocumentation: http ://archives.lemonde.frCollection: LeMonde surCD-ROM :CEDROM-SNI01-44-82-66-40LeMondesurmicrofilms: 03-88-04-28-60

N otrepays regorge d’êtresexceptionnels. Je ne parlepasdes participants à

l’émission«La France a unincroyable talent», dontunnumé-ro spécial était diffusé surM6,mardi 17décembreà 20h50, quivoyait s’affronter les finalistesdeshuit saisons – oui, déjà. Difficiled’être captivépar les galipettes àla barre duvainqueurde la soiréeoupar ce terrorisant duodemini-miss etmini-boy exécutantuneparodiededansede couple. Lapré-sence, dans le jury, deDave, l’inu-sable chanteurdeVanina, ne rat-trapepas tout.

Non, ces personnageshors ducommun, c’est France 2 qui nousles présentait dans «Le PlusBeauPaysdumonde», à 20h45.Levons le suspense, il s’agit biensûrde la France – il faut oser.Ours, aigles, loups,marmottes,loutres sont leshéros de ce docu-mentaire aux images grandioses.La photo estmagnifique, les ani-maux sont filmés auplus près, lesvues sont étonnantes: on se croi-rait juché surune oie sauvage,commedans LeMerveilleuxVoya-gedeNilsHolgersson, de SelmaLagerlöf. L’amitié virile de deuxcerfs ou lamise bas (la tête enbas)d’une chauve-souris valent lecoupd’œil.

Dommageque tout cela soitassorti de commentairesemphati-ques et empathiques sur unemusiqueépique, dugenre Les Pla-nètes, deGustavHolst, ou la ban-deoriginale du Seigneurdesanneaux, de Peter Jackson: c’estbien simple, jem’attendais à toutmomentà voir unepauvre bête sefairedézinguerpar Legolas.

Les textes frisentparfois lanigauderie, commepour cet ours,

auquel le documentaireprête despensées, envoix off : «Mais qu’est-ce que c’est? Des framboises? Alorslà, impossiblede résister.»Onest àla limite de la très bête et drôleVieprivéedes animaux, de PatrickBouchitey.

La poésiedes alpagesneman-quepasnonplusde caractère:«Les arbres jettent leurs branchespar terre ; ils n’enpeuvent plus.»Et je vouspasse l’historiettedeM.etMmeBlaireau…Le documen-taire animalier qui suivait, «Afri-que sauvage»,moins léché, nesouffraitpas de ce défaut.Maisl’Afrique, c’est bien connu, c’estmoche.

Pour finir la soirée, TF1, dans«Appels d’urgence», faisait l’apo-logiede la vidéosurveillance, cette«nouvelle armeantidélinquan-ce». Sauf que, apparemment, onn’y voit rien: unpolicier s’avoueainsi incapablededire ce que trafi-queunhommeàundistributeur.Unautre perd sa filature à causedes feuilles d’un arbre. Sugges-tion: procéderàunépandagemas-sif d’agent orange, ce puissantdéfoliantutilisé par l’arméeamé-ricaine auVietnam.

La vidéosurveillancepermettout demêmededémasquerdesvoyous. En avril2012 (vidéo dispo-nible sur YouTube), unhabitantduGers, excédépar le larcinnoc-turnede ses boules depétanque,installeune caméra: lemalfaiteurétait un renard. p

C’EST À VOIR | CHRONIQUEpar Pierre Rubenach

Circulez,yarienàvoir

T

1010

1005

D

D

T

D

A

A

1025

1030

10201010

10151005

1000995990

985

980975

970965

960955

945950

10101005

1000995990985

980975

1025

1035

995

995

1000

Météorologue en directau 0899 700 713

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

www.meteonews.fr

Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

DA

Paris

Madrid

Séville

Rabat

AlgerTunis

RomeBarcelone

Tripoli

Le CaireJérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

BerlinLondres

Edimbourg

Dublin

OsloStockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

Sofia

OdessaBudapest

Vienne

Prague

Munich

ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

LisbonneLisbonne

TunisTunis

BarceloneBarcelone

TripoliTripoli

Lisbonne

ReykjavikReykjavik

En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBudapestBucarestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

Paris

Madrid

Séville

Rabat

AlgerTunis

RomeBarcelone

Tripoli

Le CaireJérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

BerlinLondres

Edimbourg

Dublin

OsloStockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

Sofia

OdessaBudapest

Vienne

Prague

Munich

ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

35 à 40° > 40°30 à 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°< -5°

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

PARIS

Châlons-en-champagne

Toulouse

Dijon

Lille

1 22

Grenoble

87128

6-28241109

1310

1-25-164848521860-2161115152-21057764-1-216101041-21-2

17511329181611272132202826332626221581243122188219

-7 02614

24123-22-10

231618102722

302528206-1118179101

242622242525

aversesmodéréesassezensoleillé

bienensoleilléaverseséparsespluiemodéréeaverseséparses

averseséparses

assezensoleillébeautempsassezensoleillébienensoleillébienensoleilléenpartieensoleillébeautempscielcouvertbienensoleilléaversesmodéréesassezensoleilléaverseséparsesaversesmodéréespluiemodéréenuagesbasbeautempspluiemodéréeassezensoleilléfaibleneige

averseséparsesbeautempsbienensoleillébienensoleillésoleil,oragepossibleassezensoleilléassezensoleillépluiesorageusesbeautempsbienensoleillébeautempspluiesorageusesbeautempsbeautempsgibouléesassezensoleillé

beautempsassezensoleillébeautempssoleil,oragepossibleaversesmodéréessoleil,oragepossible

couvertetorageux-3-7assezensoleillé

beautempsbienensoleilléfortepluiebienensoleilléassezensoleillébienensoleillé 1815

soleil,oragepossiblesoleil,oragepossibleaverseséparsespluiesorageusessoleil,oragepossiblesoleil,oragepossible

Vendredi

Jeudi 19 décembre19.12.2013

50 km/h

70 km/h

30 km/h

30 km/h

60 km/h

101468-364

111 22

30-1-4

071

-2

nuageuxassezensoleillébeautempsaverseséparsesnuageuxbeautempsassezensoleilléassezensoleillénuageuxassezensoleillé

Samedi Dimanche Lundi

09h3908h40 19h16

16h53

912

912

712

49

911

911

-15

79

79

09

710

913

513

1014

812

3 12

3 9

3 6

3 9

2 12

3 6

5 74 11

5 10

6 17

8 10

8 10

6 11

7 12

9 11

9 10

8 9

11 11

12 12

8 9

6 8

7 8

8 9

8 9

5 9

9 10

9 11

8 9

0 2

10 11

9 10

9 9

10 10

8 11

12 1410 13

5 14

5 8

11 12

292827292829

Urbain79

Afrique Pluies orageuses actives de l’Angola au Mozambique

En Europe12h TU

Un front traversera le pays et s'étendra àla mi-journée des Pyrénées au Nord-Estjusqu'au bassin méditerranéen,apportant des pluies modérées sur sonpassage. Un ciel de traîne s'imposeraensuite à l'arrière avec des averses,principalement côtières et localementponctuées d'un coup de tonnerre tandisque de belles éclaircies semanifesterontentre les Pays de la Loire et le Poitou.

Coeff. demaréeLeverCoucher

LeverCoucher

Perturbé et baisse dumercure

Aujourd’hui

3 9

3 8

6 1

4 9 5

9 2 7

9 5 6

3 2 4 6

7 4 8 5Realise par Yan Georget

7 6 4 8 1 9 3 2 5

9 1 5 2 3 7 4 8 6

2 3 8 5 6 4 7 9 1

3 5 2 4 9 8 6 1 7

1 7 9 3 2 6 5 4 8

8 4 6 1 7 5 2 3 9

4 2 7 6 8 1 9 5 3

6 8 3 9 5 2 1 7 4

5 9 1 7 4 3 8 6 2

MoyenCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Horizontalement Verticalement

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Solution du n° 13 - 298HorizontalementI. Scaphandrier. II.Na. Limée.Omo. III.Olive. Flânes. IV. Bar.Rasai. Us.V. Imamat. Insti.VI.Ni.Arhus.VII. Atroces. Plan.VIII. Réa. Heine. Ho. IX.Dupai.Nerval.X. Exagérations.

Verticalement1. Snobinarde. 2. Calamiteux.3. Ira. Râpa. 4. PLV.Mao. Ag.5.Hiérarchie. 6. Am. Athée.7.Nefs. Usina. 8.Délais. Net.9. Ain. Péri. 10. Ion. Sol. Vo.11. Emeut. Ahan. 12. Rossignols.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1.Manifestation de plaisir.2.Disponible à toutmoment.3. Trèsmauvaise humeur.S’oppose au progrès. 4. Breuvageanglais. Affluent du Rhône.5.Organisées en réseaux.6. Chaleureusement accueillies.Pour des échanges rapides.7. Rouges dans les étangs. Coursdu Nord. Doublé romain.8.Démonstratif. Queue de pie.A peut-être bien vécu.9.Garnitures de colonnes.10.Maillon de la chaîne. Reprispour corrections. 11. Flotteau dessert. Bien dégagées.12. Admirateur pervers.

I. Fourni pour faire preuve.II. LesMormons y sont installés.Chapelle, devenue toilettespubliques. III. Pour casser lacroûte. Diane y attendait Henri.IV. Cours asiatique. A consommeravecmodération,même en Grèce.V. Isolée naturellement. Tracén’importe comment.VI. Bonnecarte. Peuple somali. Interjection.VII.Mauvaises parts de l’héritage.A fini sa course sur les flots.VIII. S’installèrent en Andalousie.Un peu crues. IX.Mouvementdans les tribunes. Prince arabe.Annonce sur le court.X.Dansun grand dénuement.

Mercredi18décembreTF1

20.50 Esprits criminels.Série. Les Frères Hotchner. Le Réplicateur(S8, 23 et 24/24)U ; L’Offre et la Demande(S6, 24/24)V ; Tous pour elle (S7, 1/24)U.0.10Dr House.Série. Placements à risques. De confessionsen confessions. Les Papas flingueursU(saison 8, épisodes 4 à 6/22, 165min).

FRANCE2

20.45Brassens,la mauvaise réputation.Téléfilm. Gérard Marx. Avec Stéphane Rideau,Marie-Anne Chazel, Bruno Lochet (Fr., 2011).22.25Un jour, un destin.Georges Pompidou, la maladie du pouvoir.0.00Grand public. Magazine (34min).

FRANCE3

20.45 Football.Coupe de la Ligue (8es de finale).A chaque région son match. En direct.22.50 Tous les buts.23.25Météo, Soir 3.23.55 Les Chansons d’abord (50min).

CANAL+

20.55 The ImpossibleFilm JA Bayona. Avec Naomi Watts, EwanMcGregor, Tom Holland (Espagne, 2012)V.22.45 TedFilm Seth MacFarlane. Avec Mark Wahlberg,Mila Kunis, Joel McHale (EU, 2012, 105min)V.

FRANCE5

20.35 LaMaison France 5.En Haute-Normandie.21.25 Silence, ça pousse!Le vin de sable ; La pendule des floraisons...22.10 Echo-logis. [10/10] Eau.22.40 C dans l’air.23.50 Entrée libre. Magazine (20min).

ARTE

20.50Man on the Moonpp

FilmMilos Forman. Avec Jim Carrey, DannyDeVito, Courtney Love (Etats-Unis, 1999).22.45 Bloody Daughter.Documentaire. Stéphanie Argerich (2012).0.25 Le Dernier Eté de la Boyitapp

Film Julia Solomonoff. Avec Guadalupe Alonso,Nicolás Treisel (Argentine, 2009, v.o., 93min).

M6

20.50 Ice Show.La Finale. Divertissement.23.15 Ice After Show (65min).

météo& jeux écrans

Lessoiréestélé

EuroMillions

Sudokun˚13-299 Solutiondun˚13-298Jeudi19décembreTF1

20.50 Section de recherches.Série. Accident de parcours. Cœur de pierre(S5, 12 et 11/14) ; Entre toi et moi (S6, 9/10).0.10 Les Experts : Miami. Série. Troude mémoire. L’espion qui les aimait ; Nounousmodèles (S6, 10/21 ; S7, 12-17/25, 155min)U.

FRANCE2

20.45 Envoyé spécial.Ma vie en location ; Le Sexe des jouets...22.20 Complément d’enquête.Médias : la dictature du rire. Magazine.23.25Marc Lavoine.Au Palais des Sports, à Paris, en 2013 (65min).

FRANCE3

20.45 Titanicpp

Film James Cameron. Avec Leonardo DiCaprio,Kate Winslet, Billy Zane (EU, 1997, Audio.).23.50Météo, Soir 3.0.20 L’Ombre d’un doute.Fontainebleau, la demeure des rois (115min) .

CANAL+

20.55 Scandal.Série. Le Droit chemin (saison 2, 22/22)V ;It’s Handled (S3, ép. 1). Avec Kerry Washington.22.20 Shameless. Série. L’homme quimurmure à l’oreille des bébés (S3, 2/12)V.23.15 Shadow Dancerpp

Film James Marsh. Avec Andrea Riseborough,Clive Owen (GB - Irl. , 2011, 90min)U.

FRANCE5

20.35 Les Carnets de routede François Busnel. Balade anglaise.21.40 Les Grandes Questions.Comment trouver son bonheur ? Magazine.22.40 C dans l’air. Magazine.23.50 Entrée libre. Magazine (20min).

ARTE

20.50Dostoïevski.Série (saison 1, épisodes 6 et 7/7).22.45 Voyage au centre de lamer.Documentaire. Marc Jampolsky.23.40 Lemonde est un village.0.35 Les Herbes follesppp

Film Alain Resnais. Avec André Dussollier,Sabine Azéma, Anne Consigny (2009, 105min).

M6

20.50 L’Apprenti sorcierFilm. Jon Turteltaub. Avec Nicolas Cage,Jay Baruchel, Alfred Molina (Etats-Unis, 2010).23.05Michael Jackson’s This Is ItpFilm Kenny Ortega (EU, 2009, 125min).

Résultats du tirage dumardi 17 décembre.

6, 8, 27, 37, 41, 7e et 10e

Rapports : 5numéros ete e : pas de gagnant;5 numéros ete : 232157,90 ¤; 5 numéros : 128976,60¤;4numéros ete e : 6045,70¤; 4numéros ete : 243,20¤;4numéros : 112,30¤;3 numéros ete e : 86,10¤; 3 numéros ete : 16,50¤;3 numéros : 12,90¤;2numéros ete e : 25,40¤; 2 numéros ete : 8,50¤;2 numéros : 4,10¤; 1 numéro ete e : 13,50 ¤.

Dans«LePlusBeauPaysdumonde»,onsecroirait juchésuruneoiesauvage

UN MOISDANS LE MONDE

LE MONDE MENSUEL N° DE DÉCEMBRE À RETROUVER EN KIOSQUEPOUR VOUS ABONNER : www.lemonde.fr/abolemensuel

Motscroisés n˚13-299Lesjeux

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0717 C 81975 ISSN0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Imprimerie du « Monde »12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

Toulouse(Occitane Imprimerie)

Montpellier (« Midi Libre »)

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

150123Jeudi 19 décembre 2013

Page 16: 19/12/13 le monde

l’œil dumonde

Aire d’influencede Boko Haram

Cameroun

Nigeria

Golfede Guinéede GuGuinée

Coup d’Etat, élection (parti unique)

Rébellion

Accord de paix

Intervention française, africaineou onusienne

Dacko Bokassa

13 ans 2 ans5 ans au pouvoir

Dacko

Indépendanceet électiondeDavidDackoà la présidence

Coupd’Etatdu colonelJean-BedelBokassa

Tentativede coup d’Etatdu lieutenant-colonel Banza

Tentativede coup d’Etatdu généralLingoupou

Bokassa sacréempereur

en 1977

1960

1965

1969

1974

1979

1979

Renversementde Bokassa et

rétablissementdeDavidDacko

Opération française « Barracuda »pour renverser Bokassa

ALGÉRIE

MAROC

NIGERIA

GAMBIE

SIERRALEONE

GOLDCOAST

CAMEROUN

UNIONSUD-AFRICAINE

TUNISIE

CAP-VERT

COMORES

ZANZIBAR

SEYCHELLES

LA RÉUNION

ÉGYPTE

OUGANDA

MADAGASCARSUD-OUESTAFRICAIN

SWAZILAND

BASUTOLAND

RHODÉSIEDU NORD

RHODÉSIEDU SUD

SOUDANANGLO-ÉGYPTIEN

DJIBOUTI

KENYA

TANGANYIKA

BECHUANALAND

SOMALIEBRITANNIQUEOubangui-

Chari

NYASSALAND

AFRIQUE-EQUATORIALEFRANÇAISE

(AEF)

AFRIQUE-OCCIDENTALEFRANÇAISE

(AOF)

Fachoda

Au cœur du continent africain,l’Oubangui-Chari − ancien nom dela République centrafricaine − est, dansun premier temps, un territoire stratégiquedans le projet colonial français qui vise àtraverser l’Afrique d’ouest en est. Il s’opposeaux plans britanniques, qui ont pour objectifla continuité territoriale du sud au nord. Enseptembre 1898, à Fachoda, dans l’actuel Soudandu Sud, la mission d’exploration française estrepoussée par une expédition britannique :la souveraineté française n’est plus reconnueque dans le bassin du fleuve Oubangui. Dès lors,l’Oubangui-Chari se trouve aux confinsdes possessions coloniales françaises. Il intègrel’Afrique-Equatoriale française dès sa création,en 1910, jusqu’à son indépendance, en 1960.

France

Possessions européennes en Afrique, en 1955

L’héritage colonial de l’Oubangui-Chari

Un territoire marginalisépar l’histoire

Royaume-Uni

Projet colonial français de traversée de l’Afrique d’est en ouest

Projet colonial britannique de traversée de l’Afrique du sud au nord

Autres possessionseuropéennes

Etats non colonisésou indépendants

KM5Quartier où se sont réfugiéesles populations musulmanes

par crainte de représaillesdes anti-Balaka.

BOY-RABÉ

Bddu

Gén

éral-de-Gaulle

Avenue

Avenue

desMartyrs

Aven

uede

l’Indépendancede France

RÉPUBLIQUEDÉMOCRATIQUE

DU CONGO

Oubangui

Présidence

HôpitalCathédraleStade

GrandeMosquée

Assembléenationale

Protection parles forces françaisesde l’Institut Pasteur,du Lycée français et

de l’Alliance française.

Hôpital

AéroportInternational

M’Poko

Vers le Camerounet le Tchad

Vers le Camerounet le Congo

Le 9 décembre,deux parachutistes français

sont tués lors d’un accrochageavec des miliciens

près de l’aéroport de Bangui.

Les combats et les violencesintercommunautaires ontdéplacé 160 000 personnes,

dont 38 000 à l’aéroport.

Quartier investipar l’ex-Séléka, reprispar les anti-Balakale 5 décembre.Les populationsmusulmanes y ont subides représailles. Théâtred’une opérationfrançaise le 17 décembre.

Présencedes forces françaises

Présence des forcesde l’ex-Séléka

Présencedes forces africaines

Site de déplacés internes

Axes stratégiquesà sécuriser en prioritépar les troupes françaiseset africaines, pour l’accèshumanitaire

Attaques arméesdes milices anti-Balakale 5 décembre

2 km

SOURCES : PATRICE GOURDIN, « RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : GÉOPOLITIQUE D’UN PAYS OUBLIÉ », DIPLOWEB.COM, DÉCEMBRE 2013, EN LIGNE ; JEUNE AFRIQUE ;ENCYCLOPÉDIE LAROUSSE ; OCHA ; COMMISSION EUROPÉENNE ; UNHCR ; DIDIER BIGO, POUVOIR ET OBÉISSANCE EN CENTRAFRIQUE, KARTHALA, 1988 ; AFP ; LE MONDE -

INFOGRAPHIE LE MONDE

Centrafrique:pourquoiintervenir

C’estcequ’onappelleunpieuxmensonge destiné à ména-ger une opinion publiquepeu concernée par une éniè-me guerre africaine dontl’éloignementetlacomplexi-

té rebutent. Pour justifier,moins d’un anaprèsl’interventionmilitaireauMali,l’en-voi de quelque 1600 soldats en terre afri-caine – la Centrafrique en l’occurrence –,François Hollande a en effet promis une«opérationcoupdepoing», courteetpeucoûteuse. «Sangaris», selon le discoursofficiel, ne se résumerait donc qu’à unegigantesquedescentedepolicemenéepardes paras du 8e RPIMa chargés de désar-merquelquesmilicesenguenilles.L’affai-re est plus compliquée. Paris le sait tropbien, pour avoir dû intervenir dans l’an-cienOubangui-Chari plus que dans touteautrede ses anciennes colonies africainesdepuis les indépendancesde 1960.

La dernière en date remonte au 5sep-tembre. Le calendrier de l’interventionfrançaise était préparé depuis des semai-nes.Ils’estbrusquementaccéléré.Lasitua-tionsécuritairevenaitdesedégradersubi-tement. L’embrasementdeBanguimena-çait, alimentépar le cycle infernaldesvio-lences appelant la vengeance. Eglises etmosquéesincendiées,musulmansdécou-pant leursvoisinschrétiensà lamachette,et réciproquement. Grossissant le traitpourbriser l’indifférence, l’ONUdécrivaitunesituation«prégénocidaire».

Il faut dire que la marche vers le pou-voir des hommes de la Séléka, groupearméde rebelles et de coupeurs de routesoriginairesdunord–musulmanetprésa-hélien – de la Centrafrique, renforcé pardes éléments venus du Tchad et du Sou-dan, s’était déjà accompagnée de pillages

et de meurtres à caractère ethnique etconfessionnel. Ces exactions s’étaientabattues sur Bangui après la fuite, enmars,duprésidentFrançoisBozizé. Le feudes violences alimentait les vengeancespopulaireset la soif de revanche.

Le pays, déjà ravagé,menaçait de s’en-foncer plus loin encore dans un chaosmeurtrier. Il y avait donc urgence à inter-venir,d’autantquel’oppositionarméeàlaSéléka, dite anti-Balaka (mélange demili-cespopulairesd’autodéfense et d’anciensmilitaires des Forces armées centrafricai-nes, les FACA), lançait, le 5septembre,uneattaque coordonnée sur la capitale. Enune semaine, les violences faisaient unpeuplus de600morts (plus de 400dansBangui). LeHaut-Commissariat aux réfu-giés évaluait à plus de 130000 le nombredepersonnesdéplacées.

CalmeprécaireLe 5décembre, toujours, mais à New

York,leConseildesécuritédel’ONUvotaitune résolutionautorisant ledéploiementde renforts français – 400 hommes sontsur place depuis des années – et fixait lecadre légal de leur interventionaux côtésdes forces africaines présentes depuis2002.

Deux semaines après, le feu est retom-bé à Bangui. Les soldats français déployésdans la ville sont parvenus progressive-mentàcontenirlesgroupesarmés(Séléka,ex-FACA, anti-Balaka…). Les lynchages sesontfaitsplusrares.Etaprès?Peut-onima-ginerquelestroupesfrançaisesetétrangè-res se retirent sur la base d’un calme quel’onsaitprécaire?Lerenfortausoldetrou-pes européennes, évoqué le 17décembreparleministredesaffairesétrangèresLau-rentFabius, se concrétisera-t-il?

A la différence de la société maliennereposantsurdesolidespiliers,laCentrafri-queestunEtatfantôme.LerégimedeFran-çoisBozizés’esteffondré,rongéparlester-mitesdelacorruption,dunépotismeetdel’incurie. Son pouvoir ne dépassait guèreleslimitesdelacapitale.Lepaysétaitdeve-nuunsanctuairepour les rebelleset trafi-cantsduvoisinage: soudanais, tchadiens,nigérians… Michel Djotodia n’a pas faitmieux que son prédécesseur au chapitrede la gouvernance. Il amontréde surcroîtqu’iln’étaitpasenmesuredecontrôlerleschefs de guerre qui l’avaient fait – si cen’est roi – tout aumoins président d’uneintrouvabletransitiondémocratique.Dixmois après son installation à la présiden-ce, qu’il a déménagée au camp de Roux,une ancienne base militaire de Bangui,MichelDjotodiaestsinonensursis,defac-toplacé sous la tutelledeParis.

Le mal centrafricain ne date pas de laSéléka ni du fantasque et sanguinaireempereur Jean-Bedel Bokassa. Membredu Centre d’études desmondes africains,Jean-PierreTriaudrappelleque«l’histoirene se répète pas simplement, mais on enretiendra la constance [des]mouvementsde descente vers le sud de groupes sahé-liens, dont l’islam d’origine est d’ailleursfort sommaire, et qui s’infiltrent dans deszonespériphériquesmal contrôléespar lesEtats précoloniaux comme postcolo-niaux».Etdieusaitsi lesfrontièrescentra-fricainessontporeuses.

Autrement dit, ce n’est pas seulementd’une «opération de police» menée pardes parachutistes dont le pays a besoin.C’est à la construction d’un Etat digne decenomquelaFrance,l’ONUetlesorganisa-tionsrégionalesdoivent s’atteler.p

ChristopheChâtelot

1600soldats françaisontétédéployésenRCA.Suivis,peut-être,pard’autrestroupeseuropéennes.Dansquelbut?Décryptageduchaoscentrafricainetde l’opération«Sangaris»

16 0123Jeudi 19 décembre 2013

ko

Page 17: 19/12/13 le monde

l’œil dumonde

Limite sudde l’Islam

majoritaire

Présencede combattants

de la LRA, aujourd’hui en Centrafrique,active dans le nord

de l’Ouganda à partir de 1988

U

Bossembélé

Mobaye

Bossangoa

Kaga-Bandoro

Bangui

Bria

Sibut

Bangassou

OboYakossi

Bozoum

Ouadda

ZemioCarnot

Berberati

Nola

Bouar

Ndélé

Mbaïki

Birao

Bambari

Républiquedémocratique

du Congo

Soudandu Sud

Ouganda

Centrafrique

SoudanDarfour

KafiaKingi

Bassinpétrolierde Doba

Ituri

Tchad

Tchad

Congo

41 300

4 841

5 280

9 400

Républiquedédémomocrcratatiqiqueue

dudu CConongogo

OuOugagandndaa

Congo44 848411

Diamant OrCuivre

FerUranium PétroleU

Site des déplacés internes

Nombre de réfugiés, au 22 septembre 2013

Troupe française 1 600 hommesdont 400 étaient déjà sur place

Affrontements entre les ex-Sélékaet les anti-Balaka

Séléka : coalition hétérogène d’opposantsau président Bozizé, identifiés par ce derniercommemusulmans. Officiellement dissouteen septembre 2013.

anti-Balaka : milice d’autodéfense villageoisechrétienne opposée à la ex-Séléka et auteured’exactions contre les populations musulmanes.

Troupe de laMission internationale desoutien à la Centrafrique (Misca) :3 200 hommes, composée des troupes du...

1,5 MILLION DE PERSONNES EN SITUATION D’URGENCEFORCES ÉTRANGÈRES

FACE À DES ACTEURS CENTRAFRICAINS ÉCLATÉS

DES INFRASTRUCTURES EMBRYONNAIRES

DES FRONTIÈRES MAL CONTRÔLÉES

Tchad Cameroun Congo Gabon

Zone de tensions des pays frontaliersse propageant sur le territoire centrafricain

Armée de résistance du Seigneur (LRA),mouvement originaire d’Ouganda

Groupes de trafiquants et de braconniers

UNE ZONE DE NON-DROIT BASE ARRIÈREDES GROUPES ARMÉS ÉTRANGERS

PROCHE DE LA ZONE D’ACTION DE GROUPES EXTRÉMISTES

Routes goudronnées

Routes non pavées

Frontières poreuses

Forêt dense, refuge des trafiquants

... dans un Etat en déliquescenceUne intervention francaise en appuides forces africaines...

... pour des raisons humanitaireset stratégiques...

DES RESSOURCES QUI ÉCHAPPENT À L’ÉTAT

XXX

Enlèvements ou attentats par les combattantsislamistes de Boko Haram

Cinquante ans de soubresauts politiques en Centrafrique

12 ans 9 ans 10 ans

BozizéPatasséKolingbako

Electiond’AndréKolingba

Elections pluralistessuite aux pressionsfrançaises. Election

deAnge-Félix Patassé Tentativede coup d’Etat

d’André Kolingba

Coupd’Etat de François Bozizé

Electionde Bozizé

Débutde la rébelliondans le Nord

Réélectionde Bozizé

Créationde la Séléka

Accordde paixglobal

11 janvierAccord de paixde Libreville 17 juin

Missioninternationale

de soutienà la Centrafrique

(Misca)

5 décembreAttaques armées

desmilicesanti-Balaka

à Banguià Bangui

5 décembreRésolution de l’Onu

autorisant le déploiementde laMisca

Lancemementde l’opération française

« Sangaris »

24marsNouvelle offensive de la SélékaPrise du palais présidentielet fuite de Bozizé au Cameroun

13 avrilMichel Djotodiaest proclaméprésident de transition

Intervention de soldats français

Mission d’intervention et de surveillancedes accords de Bangui (Misab)

Mission desNations unies en Rép. centrafricaine (Minurca)

Forcedemaintien

de la paixet de la sécurité

de la Communautédes Etats

sahélo-sahariens

Coupd’Etatdu généralAndré Kolingba

Tentativede coupd’Etatpar Patassé

1986

1993

2001

2003

2011

2012

1981

1996Attaque française

anti-rebelles

20062008

2013

Opération de l’Union européenneau Tchad et en Centrafriqueau Tchad et en CentrafriqueIntervention de parachutistes français à Birao

2007

Mission africainede consolidationde la paix (Micopax)

Forcemultinationaleen Centrafrique(Fomuc)

1997-1998 2002

2001

Mutineriesdans l’armée

centrafricaine

2005

Ambassadede France

Camp de Roux,basemilitairedevenue résidenceprésidentielle depuisl’arrivéede la Séléka.

Campmilitairedu Kassaï

100 km

170123Jeudi 19 décembre 2013

Page 18: 19/12/13 le monde

LacommunautéinternationaleetTéhéransontparvenusàuncompromissurleprogrammenucléaireiranien,sanstoutefoiséteindrelesrisquesdecrise

Iran: les incertitudesd’unaccord

Les Etats-Unis, la Grande-Breta-gne, la France, la Russie, la Chineet l’Allemagne (P5 +1), et l’Iranont signé, le 24 novembre àGenève, un accord sur le pro-grammenucléaireiranien.Téhé-

ran acceptede limiter celui-ci, soupçonnépar le P5+1 d’avoir des visées militaires,en échange d’un allégement des sanc-tions économiques. L’accord n’est quetransitoire et devra déboucher dans sixmois sur un texte définitif.Est-ce un bon accord?

François Nicoullaud: C’est un bonaccord. Par les clauses qu’il contient, ilpousselesdeuxpartiesversunaccorddéfi-nitif.Eneffet,si l’uneoul’autrevioleundesengagementsprispourlapériodetransitoi-re, limitée dans le temps, la négociations’interrompt, il n’y a plus d’accord. Celamanquait dans les projets et textes précé-dents,qui se sont enlisés.

BrunoTertrais: Laméthode consistantà dire « essayons de créer la confiancenécessaire pour que la vraie négociationcommence» était effectivement la«moinspire»desoptions.Mais le textedeGenèvea ses insuffisances.Enquoi consistent-elles?

B. T. :D’abord, si l’accord gèle les activi-tés nucléaires sensibles de l’Iran, il neconduit pas à un arrêt du programme.C’estlàqueleP5+1alâchédulest,enrenon-çant à exiger la sortie du pays du stockd’uranium à 20% (qui permet la fabrica-tiond’une bombe) et la fermeturede l’usi-ne souterrainede Fordo.

Ensuite, il ne traite pas de lamilitarisa-tion.C’est commeunsandwichau jambondont il manquerait le jambon. Or cettedimension traitée entre l’Agence interna-tionale de l’énergie atomique (AIEA) etTéhéranestessentielle: si l’Irann’avaitpasconduit d’activitésmilitaires, le program-me nucléaire n’aurait pas posé autant deproblèmes.

Enoutre, leproblèmedecetaccord,c’estqu’il est renouvelable. Il aurait étépréféra-ble d’en rester à six mois pour mettre lapression sur les négociateurs. Qui sait cequ’il peut se passer au Moyen-Orient ouailleursdans lesdouzemoisquiviennent?En outre, ce délai d’un an l’expose à deuxrisques contradictoires : le relâchementdes sanctions ou, à l’inverse, des pressionsdu Congrès américain pour des sanctionssupplémentaires.

Enfin, que veut dire laisser à l’Iran unprogramme d’enrichissement «cohérentavec les besoins concrets du pays»? Je sou-haitebienduplaisirauxnégociateurs lors-qu’ils devront s’accorder sur la traductionde cette expression. Et les procédures devérification envisagées pour l’accord finalmesemblent légères.

F. N. : Notons que pour parvenir à cetaccord,lesOccidentauxont,eneffet,renon-céàdesexigencesanciennes.Parexemple,l’arrêt des centrifugeuses iraniennesqu’exigeait le Conseil de sécurité commepréalable.

Cet accord est-il la conséquencedes sanctions?

F.N. :Non,celles-ciontjouéunrôledansl’élection à la présidence du réformateurHassanRohanienjuin.Maislebondéroule-ment de l’élection a été une victoire de lasociété iranienne qui a fait entendre savolonté de changement. Par ailleurs, lessanctionsn’ontpaspuralentir leprogram-me nucléaire iranien. Fin 2006, date despremièresmesures duConseil de sécurité,Téhéran disposait de 360centrifugeuses.Sept ans plus tard, il en a 19000! Oui, lesIraniens ont été poussés à la négociationpar les sanctions.Mais c’est l’échec de cel-les-ciquiapoussélesOccidentauxaucom-promis.

B.T.: Jenesuispasd’accord.Lastratégiedes Européens a bel et bien fini par payer.En2003,Téhéranprojetaitdemettreenser-vice50000centrifugeusesàNatanz; iln’yen a «que» 16000 aujourd’hui sur ce site,les 3000 autres étant ailleurs. En 2006,Téhéran annonçait la mise en service duréacteurd’Arakà l’horizon2009.Onenestencore loinaujourd’hui!

F.N.:Oui,maisellesn’ontpasarrêtél’en-richissement d’uranium. Longtemps, lesOccidentaux ont poursuivi l’objectif duzérocentrifugeuse.En2003, lesEuropéensobtiennent des Iraniens la suspension deleurs activités d’enrichissement avec l’es-poirqu’ils accepteraient l’arrêt completdece programme. Mais ceux-ci ont fini parcomprendre où on voulait les mener. Lanégociation a alors échoué, l’enrichisse-mentarepris.Cen’estquerécemmentquel’Occident a compris que le zéro centrifu-geuseétaitunobjectif irréaliste.

B. T. : Cet accord est pour chaque partieuntestdesintentionsdel’autre.Deuxindi-cateurs sont à surveiller: l’application del’accord par l’Iran et son comportementdans ledeuxièmerounddenégociations.

Il y a aussi lamise enœuvredu texte deGenève, la discussionentre l’AIEA et l’Iran,et la négociation d’un accord final. Forcé-ment,desinterférencessurgirontentrecestrois derniers points. La probabilité d’unaccord final dépendra des progrès effec-tués sur chacundeces troispoints.Quels sont les risques d’un échecde la voie diplomatique?

F. N. : Il y a risque d’échec si nous vou-lons réintroduire dans l’accord définitif cequenousn’avonspaspuobtenir dans l’ac-cord transitoire. Va-t-on redemander auxIraniens la fermeture de l’usine souterrai-ned’enrichissementdeFordo?Va-t-onexi-geruneréductiondrastiquedunombrede

centrifugeuses?Va-t-on leurdemanderderenonceràdévelopperdesmodèlesdecen-trifugeuses plus performants? Les Ira-niens jugent cesdemandeshumiliantes.

B. T. : Les P5 +1 ont compris que, pourqu’il y ait un accord, Téhéran doit pouvoirsauver la face. Reste la question centrale:l’Iran est-il prêt à renoncer à une optionnucléairemilitaire, c’est-à-dire à la capaci-té de produire rapidement un enginnucléaire?Amonsens,unbonaccordfinaldevraitcréerunesituationdans laquelle lacommunauté internationalepourrait êtrecertaine que l’Iran ne sera pas en mesurede fabriquer en quelques années un enginnucléaire.

F. N. : Là, l’Iran sert de test. Le traité denon-prolifération(TNP)de1968afixécom-me règle que les pays qui n’avaient pasdéjà la bombe renonçaient à l’acquérir. Aprésent, les cinq pays auxquels le traitéreconnaît le droit d’avoir la bombe vou-draient,pourlesautres,déplacerlecurseurde l’interdiction de fabriquer la bombe àl’interdiction d’acquérir les technologiespermettantdelafabriquer.Maisl’idéepas-semal chez les intéressés,qui reprochentàces cinq pays de faire peu d’efforts pourdémanteler leurs arsenaux nucléaires,commeledemande lemêmetraité.

B. T. : Je ne partage pas cette analyse. LeTNPnes’appellepas«traitédenon-prolifé-rationetdedésarmement»! LeTNPestuntexte court et donc sujet à interprétation.Maisonnepeutpassoutenirquelaconcep-tion d’un engin nucléaire est compatibleavecun tel traité.Est-ce que les bouleversementsen cours auMoyen-Orient ont pesésur ce déblocage?

F. N. : Il est sain que les négociateursaientévitélatentationdetraiteravecl’Irande tous les problèmes en même temps:

Syrie, Afghanistan, Liban, Palestine. La cri-senucléaireest très spécifique.Mais, si ellese dénoue, cela pourrait lancer un cerclevertueuxdontbénéficierontlesautrespro-blèmesclésde la région.L’Iranacceptequesa présence dans une région compliquéelui crée des devoirs. En outre, l’on dit quecertains Occidentaux sont trop sensiblesauxpréoccupationsd’Israël ou de l’Arabiesaoudite. Rappelons quandmême que lespaysduP5+1négocientaunomde lacom-munauté internationale. Les voisins del’Iranontunintérêtlégitimeàlatranquilli-té. Cela ne signifie pas qu’ils ont toujoursraison,mais il faut les écouter.

B.T. :Certainsexpertsontprétenduquele rétablissement des relations diplomati-ques avec les Etats-Unis allait suivre. C’estune plaisanterie! Si l’accord a été conclu,c’est justement parce qu’il a été limité à laquestionnucléaire.Lagrandequestionres-te de savoir si le régime iranien peut sup-porterune réconciliationavec l’Occident.

Quantau lienavec laquestionsyrienne,je ne soutenais pas la position françaiselors des négociations de Genève I, enjuin2012,quiconsistaitàdirequel’Irann’yavait pas sa place. Je pensais que c’était luienvoyer un mauvais message: cela pou-vait renforcer lesprésupposésdeceuxqui,à Téhéran, estiment que les Occidentauxnerecherchentpasunaccordsurlenucléai-re, mais à faire tomber le régime. On peutse demander si, dans les hésitations deBarack Obama sur la Syrie, il n’y avait pasaussi la crainte qu’une intervention nevienne compliquer la négociation avecl’Iran.Faut-il attribuer cet accord aux négocia-tions secrètes américano-iraniennes?

F. N. : La prise de contact avec les Etats-Unisremonteàmars2013,soitavantl’élec-tion d’Hassan Rohani. Le président Mah-moudAhmadinejad étant alors hors cour-se, ladécisionaétépriseparAliKhamenei,le Guide de la révolution. Dans l’accordtransitoire figurent des engagements que

les Iraniensétaientprêts àaccepterdans lepassé:pasd’enrichissementau-delàde5%[au-delà duquel un usage militaire estenvisageable], contrôles supplémentairesdel’AIEA.Mais,sousAhmadinejad,lesmes-sagesiraniensétaientinaudibles.Enrevan-che, les points qu’ils ont toujours refusés,commelafermeturedel’usinesouterrainede Fordo, ne figurent pas dans l’accord. Cesont donc surtout lesOccidentauxqui ontévolué.

B. T.: Je suis en désaccord. Sur le papier,l’Irana toujoursétéprêtà tout! S’il accepteaujourd’hui ce qu’il refusait hier, c’est dufaitdes sanctions.La France a joué la fermeté. A-t-elle euraison?

B. T. : La diplomatie française a été unpeu trop théâtrale,mais jepensequeParisa eu raison dans son insistance sur despoints litigieux. Faute de quoi, le Congrèsaméricainauraitcherchéàsaboterl’accordet la poursuite de la construction du réac-teur Arak aurait accru la possibilité d’unefrappe israélienne.

F.N. :Pour évaluer le rôle de la France, ilfaudraitpouvoircomparerletextefinaldel’accordavec le premierprojet d’accorddu10novembrequin’apasabouti.Apparem-ment, les objections de la France ont suconvaincreses cinqpartenaires.Cet accord transitoire isole-t-il Israël,partisan d’une ligne dure?

B. T. : La position israélienne est parta-géepar l’Arabie saouditeetparunegrandepartieduCongrèsaméricain.Lavigueurdela réaction israélienne s’explique par uneinquiétude: que la suspension de certai-nes sanctions conduise au détricotage del’ensemble du système de contraintes.Inquiétude pas totalement illégitime car,après tout, c’est un pari qui est fait par lesP5+1.L’autreraisonestqu’iln’yaplusd’op-tion militaire crédible pour au moins sixmois. Or Israël estime – et il n’a pas tout àfait tort – que lamenacemilitairepeut fai-repressiondemanièrepositive.

F. N. : Ce texte dessine les contours del’accorddéfinitif. Si lesOccidentauxappli-quent scrupuleusement celui sur l’allége-ment de leurs sanctions, les Iraniensseront incités à faire de même pour leurspropresengagements. Et la qualité de l’ap-plication des Iraniens sera publiquementcertifiéepar les inspecteursde l’AIEA.Toutcela devrait aider à calmer les inquiétudeset à fairenaître la confiance.p

Proposrecueillis parGaïdzMinassian

décryptages

DIXANSDEPOURPARLERS

2003Juin: l’Iran ne respecte pas le traité de non-proliférationnucléaire (TNP), selon l’Agenceinternationale de l’énergie atomique (AIEA).Octobre: suspensionpar l’Iran desactivitésliées à l’enrichissement de l’uranium.

2005L’Iran reprend la conversion d’uraniumdans sonusine d’Ispahan.

2006-2008Sanctions à l’encontre de l’Iran, votées parleConseil de sécurité.

201017mai : accord entre leBrésil, la Turquie etl’Iran sur l’échangedecombustibles nucléai-res. Etats-Unis, France et Russie le rejettent.

20129janvier : début de la productiond’uraniumenrichi jusqu’à 20%dans le sitede Fordo,selon l’AIEA.

201315juin: électiond’HassanRohanià laprésidence iranienne.27septembre: entretien téléphoniqueentreM.ObamaetM.Rohani.10novembre: échec desnégociationsàGenève sur unprojet d’accordaméricano-iranien.24novembre: accordentre la communautéinternationale et l’Iran, àGenève.

FrançoisNicoullaudAncienambassadeur en Iran (2001-2005) et enHongrie (1993-1997). Analyste depolitique internationale, il écrit souvent sur l’Iran et a travaillé sur les questionsdeproliférationnucléaire, de défense, de coopération et de développement

BrunoTertraisMaître de rechercheà la Fondationpour la recherche stratégique,

en relations internationales, questions nucléaires, relations transatlantiques etsécurité auMoyen-Orient et enAsie.Membre de la Commissiondu Livre blanc surladéfense (2012-2013), il est l’auteur de «L’apocalypsen’est pas pour demain.

Pour en finir avec le catastrophisme» (Denoël, 2011)

«Deuxindicateurssontàsurveiller :l’application

del’accordparl’IranetlecomportementdeTéhérandans

ledeuxièmerounddenégociations»

BrunoTertrais

«Silacrisenucléairesedénoue,celapourraitlanceruncerclevertueux

dontbénéficierontlesautresproblèmes-clés

delarégion»FrançoisNicoullaud

18 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 19: 19/12/13 le monde

ANALYSEpar Eric AlbertLondres, correspondance

analyses

Jusqu’à son départ d’Irlande il y a quelquesmois, Nigel Nagarajan avait un problème:«Quand j’allais dans un pub, j’évitais dedire ce que je faisais.» Ce métier honteuxqu’il préférait cacherdépendaitde laCom-missioneuropéenne. Il était l’undesrepré-

sentantsenIrlandedela«troïka»,quiassocielaCommission, la Banque centrale européenne(BCE) et le Fondsmonétaire international (FMI)pour aider les pays de l’Union sous assistance.Ces trois organismes ont financé le sauvetagede 67,5milliards d’euros, fin 2010, et ils étaientchargés de veiller à ce que le plan d’austéritésoit correctement appliqué par l’Irlande. Dansl’ensemble, son travail s’est plutôt bien passé.Mais M.Nagarajan avait un problème d’imageet il savait qu’il avait intérêt à faire profil bas.

L’anecdote résume la colère qui bouillonneen Irlande contre l’Union européenne. Le paysest officiellement sorti du plande sauvetage, le15décembre,mais ce qui aurait dû être un suc-cès pour Bruxelles débouche en partie sur unéchec politique. Seuls 33% des Irlandais disentaujourd’hui avoir une bonne image de l’UE,contre 58% en 2009. « Incontestablement, le

plan de sauvetage a euun impact négatif sur laperception de l’Europe, confirme Dan O’Brien,économiste à l’Institute of European and Inter-national Affairs, un centre de recherche basé àDublin. L’euroscepticisme a grandi, y comprisparmi les élites.»

L’originede cette crise vient de l’inflexibilitéde Bruxelles. Tandis que le FMI se montrait aubesoin compréhensif, la BCE et la Commissionont refusé la plupart des concessions. DavidBegg, le secrétaire général d’ICTU, la confédéra-tion syndicale irlandaise, avait d’assez bonnesrelationsavec leFMI.«Maisdiscuteravec laBCEet les gens de l’UE était particulièrement diffici-le», raconte-t-il. Résultat, quand la «troïka» amenésadernièremissiond’évaluationdupaysen novembre, il a refusé de la rencontrer. «Col-lectivement,la“troïka”n’étaitqu’unetechnocra-tie sans sentiments»,affirme-t-il. Cette amertu-me est partagée à un haut niveau dans le gou-vernement irlandais. «L’Europe avait tendanceàajouterdesexigencesauderniermomentet lesnégociations, qui étaient censées être confiden-tielles, fuitaientàBruxelles, cequi les rendaitdif-ficiles», soupireunhaut fonctionnaire.

John Fitzgerald, un économiste de l’Econo-mic and Social Research Institute (ESRI), estimeque Bruxelles a péché avant tout par manqued’une bonne communication. «L’Europe avaituntondedonneurde leçons», estime-t-il. Inver-sement, le FMI a su se faire bien voir. Ajai Cho-pra, son vice-directeur pour l’Europe, était très

présent dans les médias. «Je suis allé dîner unsoiravec lui et, à la fin, tout lemondedans le res-taurant lui a serré la main. Il était vraimentpopulaire», raconteM.Fitzgerald. Le FMI, répu-té pour son orthodoxie économique, s’estretrouvé dans la peau du bon flic face aumau-vais flic européen, ce qui tenait de la gageure…

Discussions au pubLes relations publiques n’expliquent cepen-

dant pas tout. Le point de divergence qui a leplusagacél’Irlandeconcerne lesortréservéauxdétenteursd’obligationsdanslesbanquesirlan-daises. L’Etat, qui a sauvé les établissementsfinanciers, souhaitait que ceux-ci accusentuneperte. Cela semblait logique: ils avaient misleur argent dans un investissement à haut ren-dement,mais risqué, et ils auraientdûaccepterd’encaisseruneperte.MaislaBCEacatégorique-ment refusé. Elle craignait qu’une tellemesurene provoque unmouvement de panique dansl’ensemble du système bancaire européen. LesIrlandais ont donc le sentiment amer de payerpour tous les établissements financiers ducontinent.Pisencore: lorsduplandesauvetagede Chypre, enmars, l’Europe a soudain changéd’avis et a imposé des pertes aux détenteursd’obligationsdes banques chypriotes.

Les Irlandais en gardent une profonde ran-cœur.Sibienque,mêmedanslespubs, ilestcou-rant d’entendre des discussions passionnéessur les obligationsbancaires. A l’EamonRea’s, à

Dublin, autour d’une pinte de Guinness, regar-dant d’unœil unmatch de football, Michael etPaulsontunanimes: l’UEesten faute.«L’austé-ritéquinousaété imposéeet l’affairedesobliga-tions sont de la folie. Ça écrase l’économie. Et,franchement, l’Europe est plus responsable queleFMI»,affirment-ils.ShaneLambert, fonction-nairedansunemairieprèsdeDublinet respon-sable syndical, s’agace également: «Les gens icin’ontpasoublié quedevenirmembrede l’Unioneuropéenne nous a énormément aidé. Mais onnepeutpasseraccrocheràunsouveniréternelle-ment.Lesgenscommencentàsedemander:quefait donc l’Europepournous?»

Lesentimentn’estpasirréversible,carl’Irlan-departdehaut.Elledemeureaujourd’huienco-re l’un des pays européens les plus positifs ausujet de l’UE. Les Irlandaispensent à 72%que lamonnaieuniqueestunebonnechosepoureux,ce qui en fait le pays le plus enthousiaste detous.L’appartenanceà lazoneeuroetunefisca-lité sur les entreprises très basse leur permet-tent d’attirer les investisseurs étrangers. Lepaysneremetpasenquestionl’appartenanceàl’Unionetn’estpasdansunedynamiquedesor-tie, contrairement auRoyaume-Uni.

Dans ces conditions, les doutes de l’Irlandeaprès ce qui aurait dû être un succès européendonnent un arrière-goût de gâchis, qui auraitpuêtre évité.p

[email protected]

NOUVEAUX

DESSINS

POUR 2014

Chaque jour,un dessin de l’éditorialiste

paru danspour illustrer un événement

de l’actualité récente.

Retrouvezla collection complètedes Almaniaks sur

www.editions365.com

Format11x14,5cm-640pages.

OFFRE DE SOUSCRIPTIONréservée aux lec teurs du MONDE

Frais d’expédition (3,90 €) OFFERTS pour la France métropolitaine.

OUI, je désire recevoir en souscription …… exemplaire(s) de l’Almaniak Plantu 2014 directementà mon domicile. J’économise les frais d’expédition (3,90 €) et je joins mon règlement de 12,99 €

(par exemplaire) à l’ordre de “Almaniak Plantu”, par chèque bancaire ou postal.

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse e-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .@ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À découper et à renvoyer à :Almaniak Plantu 2014 - Le Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75707 Paris Cedex 13Offre valable pour la France métropolitaine uniquement, dans la limite des stocks disponibles. Expéditionimmédiate. Pour les lecteurs hors France métropolitaine, rendez-vous sur le site www.editions365.com.

En vente en librairies et grandes surfaces

présente l’Almaniak 2014LES MEILLEURS DESSINS

DE PLANTU

LMQ1

POUR JOHNFITZGERALD,ÉCONOMISTE,BRUXELLESA PÉCHÉ

AVANT TOUTPARMANQUED’UNE BONNECOMMUNICA-

TION

L ’épidémie de maladies chro-niques qui frappe les paysdéveloppésn’estpasunefata-

lité. Et, pour l’infléchir, une réfor-meprofondedespolitiquesdesan-tépubliquetenantcomptede l’en-vironnement est nécessaire. C’estle constat majeur de Toxique pla-nète, le dernier livre d’André Cico-lella, chimiste et toxicologue,conseiller scientifique à l’Institutnational de l’environnementindustriel et des risques et prési-dent du Réseau environnementsanté.

L’auteur part d’un premierconstat, posé par l’Organisationmondiale de la santé à l’automne2011: les populations des pays duNordsontconfrontéesàuneexplo-siondesmaladies dites non trans-missibles. Cancers hormono-dépendants, troubles cardio-vas-culaires, diabète et obésité, mala-dies neuro-dégénératives ou dusystème immunitaire, etc.

Retard considérablePourquoi une telle augmenta-

tion de l’incidence de ces patholo-gies ? L’idée selon laquelle elleserait le résultat de deux bénédic-tions – l’augmentation de l’espé-rance de vie et la qualité toujoursaccrue des systèmes de dépistageet de diagnostic – ne tient guère.Sansnierquenoschoixpersonnelsou notre histoire familiale comp-tentpourunelargepartdansnotresanté, André Cicolella s’attache àrassembler les connaissances quipermettentdefairelelienentrecet-teépidémiesilencieuseet ladégra-dationde l’environnement.

Les autorités sanitaires, maisaussiunelargepartducorpsmédi-cal ou de la communauté épidé-miologique, en restent pourtant àmettre en avant lesmauvais com-portements individuels – tabac,

alcool, sédentarité – ou les prédis-positions génétiques pour expli-quer l’incidence de telle ou tellemaladieémergente.Quantaudéfi-cit chroniquedessystèmesdesan-té, il est attribué à tout sauf à unmanque de sécurité sanitaire.L’augmentation des dépenses desanté est régulièrement attribuéeàunevariétéde causesdont aucu-ne n’interroge la qualité de l’envi-ronnement.

Orsurlaquestion-clédespertur-bateurs endocriniens, André Cico-lella montre que les connaissan-ces acquises depuis une vingtained’années devraient suffire à pren-dre lesmesures de préventionquis’imposent.Celles-ci finissentpar-fois par être prises, mais avec unretard considérable. La raison enest simple : le toxicologue décritavecminutie lesmécanismesmisenœuvre par lemonde industrielpour occulter la connaissance etretarder les décisions politiquesqui, tôt ou tard, s’imposeront.

C’est le message majeur d’An-dréCicolella:nousensavonsassezpour changer.p

Stéphane Foucart

Comment l’Europe s’estmisàdos les Irlandais

Toxique planète. Le scandale invisibledes maladies chroniquesAndré CicolellaSeuil, 320 p., 19 ¤

ACCÉDEZÀL’INTÉGRALITÉDES «UNES» DU MONDEET RECEVEZ CELLE DEVOTRE CHOIX ENCADRÉE

www.lemonde.fr

65eAnnée - N˚19904 - 1,30 ¤ - Francemétropolitaine ---

Jeudi 22 janvier 2009Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Eric Fottorino

Algérie 80 DA,Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,00 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 3,95 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤,Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,40 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤,Malte 2,50 ¤,

Maroc 10 DH,Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, Turquie 2,20 ¤,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

Barack etMichelleObama, à pied sur Pennsylvania Avenue,mardi 20 janvier, se dirigent vers laMaisonBlanche. DOUGMILLS/POOL/REUTERSa Les carnets d’une chanteuse.Angélique Kidjo, née au Bénin, a chantéaux Etats-Unis pendant la campagnedeBarackObama en2008, et de nouveaupendant les festivités de l’investiture,du 18 au 20 janvier. Pour LeMonde, elleraconte : les cérémonies, les rencontres– elle a croisé l’actrice Lauren Bacall,le chanteur Harry Belafonte… et l’écono-

miste Alan Greenspan. Une questionla taraude : qu’est-ce que cet événementva changer pour l’Afrique ? Page 3

a Le grand jour. Les cérémonies ;la liesse ; lesambitionsd’unrassembleur ;la première décision de la nouvelleadministration: la suspensionpendant cent vingt jours des audiencesde Guantanamo. Pages 6-7 et l’éditorialpage 2

a It’stheeconomy... Il faudraà lanou-velle équipe beaucoup d’imaginationpour sortir de la tourmente financièreet économique qui secoue la planète.Breakingviewspage 13

a Feuille de route.« La grandeurn’est jamais un dû. Elle doit se mériter. (…)Avec espoir et vertu, bravons une foisde plus les courants glacials et enduronsles tempêtesà venir. »Traduction intégraledu discours inaugural du 44eprésidentdes Etats-Unis. Page 18aBourbier irakien.Barack Obamaa promis de retirer toutes les troupesde combat américaines d’Irak d’iciàmai 2010. Trop rapide, estiment leshautsgradésde l’armée.Enquêtepage 19

GAZA

ENVOYÉSPÉCIAL

D ans les rues de Jabaliya, lesenfants ont trouvé un nou-veau divertissement. Ils col-lectionnent les éclats d’obus et demissiles. Ils déterrent du sable desmorceaux d’une fibre compactequi s’enflamment immédiatementau contact de l’air et qu’ils tententdifficilement d’éteindre avec leurspieds. « C’est du phosphore. Regar-dez comme ça brûle. »Surlesmursdecetterue,destra-cesnoirâtressontvisibles.Lesbom-bes ont projeté partout ce produitchimique qui a incendié une petitefabrique de papier. « C’est la pre-mièrefoisque jevoiscelaaprès trente-huit ans d’occupation israélienne »,s’exclame Mohammed Abed Rab-bo. Dans son costume trois pièces,cette figure du quartier porte ledeuil. Six membres de sa familleont été fauchés par une bombedevant un magasin, le 10 janvier.Ils étaient venus s’approvisionnerpendant les trois heures de trêvedécrétées par Israël pour permet-tre auxGazaouis de souffler.Le cratère de la bombe est tou-jours là. Des éclats ont constellé lemur et le rideau métallique de la

boutique. Le père de la septièmevictime, âgée de 16 ans, ne décolè-re pas. « Dites bien aux dirigeantsdes nations occidentales que ces septinnocents sont morts pour rien.Qu’ici, il n’y a jamais eu de tirs deroquettes. Que c’est un acte crimi-nel. Que les Israéliens nous en don-nent la preuve, puisqu’ils sur-veillent tout depuis le ciel », enrageRehbi Hussein Heid. Entre sesmains, il tient une feuille depapier avec tous les noms desmortsetdesblessés, ainsi que leurâge, qu’il énumère à plusieursreprises, comme pour se persua-der qu’ils sont bienmorts.MichelBôle-RichardLire la suite page 5et Débats page 17

Ruines, pleurs et deuil :dans Gaza dévastée

WASHINGTONCORRESPONDANTE

D evant la foule la plus considérablequi ait jamais été réunie sur le Mallnational de Washington, BarackObama a prononcé, mardi 20 janvier, undiscours d’investiture presquemodeste. Aforce d’invoquer Abraham Lincoln,Martin Luther King ou John Kennedy, ilavait lui même placé la barre très haut. Lediscours ne passera probablement pas à lapostérité, mais il fera date pour ce qu’il a

montré.Unenouvellegénération s’est ins-tallée à la tête de l’Amérique. Une ère detransformation a commencé.Des rives du Pacifique à celles de l’At-lantique, toute l’Amérique s’est arrêtéesur le moment qu’elle était en train devivre : l’accession au poste de comman-dant en chef des armées, responsable del’armenucléaire,d’un jeunesénateurafri-cain-américain de 47 ans.

Lire la suite page 6Corine LesnesEducation

L’avenir deXavier Darcos«Mission terminée » :le ministre de l’éducationne cache pas qu’il seconsidérera bientôt endisponibilité pour d’autrestâches. L’historiende l’éducation ClaudeLelièvre expliquecomment la rupture s’estfaite entre les enseignantset Xavier Darcos. Page 10

AutomobileFiat : objectifChryslerAu bord de la failliteil y a quelques semaines,l’Américain Chryslernégocie l’entrée duconstructeur italien Fiatdans son capital, à hauteurde 35 %. L’Italie se réjouitde cette bonne nouvellepour l’économie nationale.Chrysler, de son côté, auraaccès à une technologieplus innovante. Page 12

BonusLes banquiersont cédéNicolas Sarkozy a obtenudes dirigeants des banquesfrançaises qu’ils renoncentà la « part variablede leur rémunération ».En contrepartie,les banques pourrontbénéficier d’une aidede l’Etat de 10,5 milliardsd’euros. Montantéquivalent à celle accordéefin 2008. Page 14

EditionBarthes,la polémiqueLa parutionde deux textes inéditsde Roland Barthes,mort en 1980, enflammele cercle de ses disciples.Le demi-frère del’écrivain, qui en a autoriséla publication, essuieles foudres de l’ancienéditeur de Barthes,François Wahl.Page 20

REPORTAGEUKprice£1,40

L’investiture de Barack ObamaPremières mesures Le nouveau président américain a demandé la suspension des audiences à Guantanamo

Le livre-enquête incontournable pour alimenter le débatsur l’avenir de l’école.

27 000 profs partiront chaque annéeà la retraite, d’ici à 2012.

www.arteboutique.com

un éditeur derrière l’écran >

Nouvelle éditionTome2-Histoire

EncyclopédieUniversalis

Enplusdu«Monde»Uniquement en France métropolitaine

RENDEZ-VOUS SUR www.lemonde.fr/boutique

Les Unes du Monde

0123

LE LIVRE DU JOUR

L’épidémie silencieusedueà l’environnement

190123Jeudi 19 décembre 2013

Page 20: 19/12/13 le monde

MarseilleCorrespondance

Un ballon traîne au fond delapiscineNord.Vestigepro-bable d’un match de footimprovisé entre ados duquartier. Sur l’ancien sola-rium, d’où le regard

embrasse la rade de Marseille, des débriss’empilent : morceaux de vitres, par-paings placés là pour s’asseoir et profiterde la vue. Depuismai2011, plus personnenetraverseà lanageles25mètresdelapis-cine Nord, construite en 1968 au pied descités du 15earrondissement de Marseille.Le bassin est béant ; les vestiaires et lesdouches portent les traces de dégrada-tions nocturnes et les tuyaux de cuivreont été arrachés.«Lamairienous adit : onfermepourfairedes travauxpendant l’été.A la rentrée, vous retrouverezvoscréneauxpourleclub, sesouvientThierryCampana,présidentdeMarseillenordNatation,centadhérentsàl’époque,soixante-dixaujour-d’hui.Deuxansaprès,nosnageurss’entraî-nent toujours ailleurs.»

AMarseille, la piscineNordn’est pasuncas unique. En 2008, la deuxième ville deFrancecomptaitvingt-deuxbassinsmuni-cipaux. Il en reste quatorze, dont deux fer-méscethiverpour«travauxderéfection».Au comité régional de natation, on estimequ’il manque 7000m2 de bassins – pour5500m2existants.

Dans les quartiers nord, qui regroupentcinq arrondissements, c’est l’hécatombe.Quatre sites ont fermé et ressemblentdésormais à des squats. Il ne subsiste plusque quatre piscines pour 285000habi-tants.Uneseuleouvre le samedi,aucune ledimanche.«Jeneconnaispasgrandmondequi pratique la natationdans ces quartiers,lâche William Benedetto, le directeur ducinéma Art &Essai L’Alhambra, qui tra-vaille et vit sur ces territoires. Ceux quinagentvontplutôtdans les villagesvoisins,comme Les Pennes-Mirabeau, où ils sontsûrs de trouver des bassins ouverts. Mais,pour ça, il fautunevoiture.»

En déployant leur grande carte deMar-seille,GuillaumeLecuivreetChristineQue-nette ont un air gêné. Début 2012, le direc-teur départemental adjoint de l’académied’Aix-Marseille a confié une mission à saconseillèrepédagogique:évalueret repen-ser l’enseignementde lanatation.Sixmoisplus tard, le constat les a laissés groggy:«On pressentait de mauvais chiffres, maispas à ce point», glisseMmeQuenette. Selonles tests pratiqués à l’entrée en classe desixième,55%despetitsMarseillaisneréus-sissent pas les gestes du «savoir nager»,c’est-à-direavancerdansl’eausurunequin-zainedemètres.

Voilà pour la moyenne, médiocre pourunevillebordéepar57kmdelittoraletqui,en 2012, a donné à la France deux cham-pionsolympiquesdenatation.Mais, sur lacarte, la réalitéestplusbrutaleencore.«Onmonteà75%denon-nageursdans lesquar-tiersnord,aucentre-villeetdans lavalléedel’Huveaune, les zones les pluspopulaires deMarseille, admet Christine Quenette. Avecdespointesà90%dans certainescités.»

Pap N’Diaye, professeur à Sciences PoParis, a étudié l’histoiredespiscinesmuni-cipales américaines et n’est pas surpris.«Aux Etats-Unis, observe-t-il, 69% desenfantsnoirsnesaventpasnager.Lesstatis-

tiquesmarseillaises sont comparables aveccelles des grands ghettos américains. Ellestraduisent le manque de piscines dans lesquartiers populaires, tout comme celui desservices publics en général. A Marseille, laprésence de la mer pourrait compenser.Celane semblepasêtre le cas.»

Educateur, originaire des quartiersnord, Serge Viciana, 55ans, se désespère:«Çam’afrappécetétésurlaplagedeCorbiè-res,à l’Estaque,se souvient-il. Quand j’aivutouscesadossur lesableoudansl’eau,maislà où ils avaient pied, j’ai eu un flash. Com-me un retour dans les années 1960, quandla plupart des gens de ma génération nesavaientpasnager.»

«Dans les quartiers, les gamins ont priscette habitude: à part le foot et la boxe, tun’as rien, note Nassurdine Haidari, Como-rien d’origine, élu PS du 1ersecteur et délé-gué régional du Conseil représentatif desassociationsnoires (CRAN). Moi, j’ai apprisà nager à 25ans. La ghettoïsation pousse àuneapprochedes loisirs très spécifique.»

En décembre, après plusieurs semainesdeconsultationauprèsdeshabitants,leCol-lectif desquartiers populairesdeMarseille(CQPM) a édité ses «101propositions d’ur-gence». Au numéro75, une demande sim-ple: «L’ouverture des piscinesmunicipalesaupublic, leurrestaurationetleurmaintienen état de marche.» «Dans ce cas commedans d’autres, s’enflamme MohammedBen Saada, une des locomotivesduCQPM,on parle de ségrégation. Tout fait système:l’accès aux piscines, l’état déplorable desgymnases et des stades. Il y a une frontièreinvisible entre le nordet les autresquartiersdeMarseille.»

«Combien de fois les élus nous ontenvoyéàlagueuleque lesgaminsn’avaientqu’à apprendre à nager à lamer?», s’indi-gneThierryCampana.Luiaorganisédessit-indevantsapiscinefermée. Envain.

Dans la ville où s’entraînent FlorentManaudou,FabienGilotetlesautrescham-pions du Cercle des nageurs de Marseille,Raymond Tappero, président du comitérégionaldenatation,pointeunautrepara-doxe:«Laprésenced’uneéliteprovoqueunaccroissement des licenciés. Ici, les clubsmanquent de place et refusent des inscrits ;

80%de leursadhérents sontoriginairesdesquartiersplutôt favorisés. Sportivement,onloupedes talents.»

Face aux statistiques et à la grogne, lamairie de Jean-Claude Gaudin (UMP), à latête de la ville depuis dix-huit ans, réfutetoute responsabilité.Dans sonbureaupro-che du Stade-Vélodrome, dont la rénova-tionvacoûterplusde370millionsd’euros,l’adjoint aux sports Richard Miron aligneles chiffres: tauxde fréquentation–publicet associations – des piscines largementau-dessous de la moyenne, coût de fonc-tionnement élevé (10millions d’euros paran), travaux d’entretien réguliers (8mil-lions depuis 2005)… «On me dit : “Il n’y apasassezdepiscines”,jeréponds:“Quel’édu-cation nationale utilise déjà celles qui exis-tent!” En 2012, 1230créneaux réservés auxécoles primaires sont restés libres. Pour-quoi? Si lamoitiédes enfantsmarseillaisnesaventpasnager, c’est parce que les institu-teurs ne savent pas enseigner la natation…Leurssyndicatsontvoulugarderlamainmi-sesurcetapprentissage,onvoitlerésultat!»

Desproposquirévoltentl’éluapparentéPSPascalChamassian.«En2010,lamairiearetiré ses maîtres nageurs de l’enseigne-ment de la natation pour faire des écono-mies,rappelle-t-il.Elleenaledroit,maisreje-ter aujourd’hui la faute sur les instituteursconstitue une vraie provocation.» Autreproblèmeinsolublepourl’éducationnatio-nale,ladistanceentrelespiscinesoùlescré-neauxsont libres (plutôt au sud) et les éco-lesqui enontbesoin (à l’est, aucentreet aunord). «On ne peut demander aux enfantsde rester plus longtemps dans le bus quedans l’eau…», justifie-t-onà l’académie.

En 2012, celle-ci est allée jusqu’à tester

des «séances scolaires enmer». «Un échec,convient Christine Quenette. En juin, l’eauest encore trop froide.» A la rentrée 2013,l’académie a lancé un «plan pilote», pourles 4898 élèves de CE1 de Marseille. «Lesclasses qui ont plus de 70%denon-nageursbénéficient de créneaux piscine doublés,soit vingt-quatreheures par an, explique lachargée de mission. Et dans celles où lamajorité des enfants savent déjà nager, onn’envoie à la piscine que ceux qui en ontbesoin.» A Marseille, situation unique enFrance, la natation en CE1 est donc désor-mais réservée aux non-nageurs. «Ce n’estpas équitable, admet le directeur départe-mental adjoint,mais c’est égalitaire. Notreobligation institutionnelle, c’est que tousacquièrentle“savoirnager”à lafinduCE1.»

RichardMiron, candidat auxmunicipa-les dans les 13e et 14earrondissements,meten avant son «schéma directeur des pisci-nes», présenté au conseil municipal endécembre2008,quiprévoit ledoublementdelasurfacedelignesd’eaupourunbudgetde280millionsd’euros.«Leschémaestpar-fait sur le papier, répond Raymond Tap-pero. Des piscines dans tous les quartiers,quatre pôles aquatiques… Mais, depuis2008,nousn’avonspasvu lapremièrepier-re du premier bassin nouveau.On sait tousque lebudget coince.»

P ascal Chamassian soupire. «Dans leschoix de lamandature Gaudin, il y aune patinoire qui a coûté près de

60millions d’euros et demandé, en 2013,une subvention d’équilibre de 3millionsd’euros.Aveccessommes,onauraitpufairedixpiscines! C’estune fautepolitique.»

«Nos électeurs veulent des choix, rétor-queRichardMiron. Lamunicipalité a équi-pé les écoles primaires de self-services etfinancé Marseille capitale de la culture.Entre-temps,nousavons consolidé les pisci-nes pour qu’elles ne s’écroulent pas sur latêtedesgens. C’estdéjàpasmal!»

De fait, à quatre mois des municipales,l’enjeu est politique. Samia Ghali, mairesocialiste des 15e et 16earrondissements,candidateàsasuccession,vientdeconvain-cre lepremierministre, Jean-MarcAyrault,etleprésidentduconseilgénéral, Jean-NoëlGuérini (PS),definancer larénovationdelapiscineNord, en2014.

A20kmdelà,dansletrèschic7earrondis-sement, le club privé des Dauphins estaccroché à la cornichemarseillaise depuis1936. Eric Demech, son président, jongleavec des listes d’attente de plusieursmois.«A l’époque de Defferre, tous les gaminsallaient à la piscine, dit-il. Aujourd’hui, lamixitéestdifficileàtrouverdanslesbassins.Dommage, parce que la natation, ce n’estpas que du développement moteur. C’estaussi une prise de conscience qui aideraitbien les gamins des quartiers difficiles: tuchanges de milieu, tu galères, mais tuapprendsquelquechosededifférent.»p

Marseille

Brassescoulées

enquête

«Combiendefoislesélusnousontenvoyéàlagueulequelesgamins

n’avaientqu’àapprendreànageràlamer?»

ThierryCampanaprésident deMarseille nordNatation

Piscinesmunicipalesà l’abandon,apprentissagescolaireenéchec,indifférencepolitique…Dans lesquartierspopulaires, troispetitsMarseillaissurquatrenesaventpasnager

La piscine Nord,àMarseille, ferméedepuismai 2011.YOHANNE LAMOULÈRE/TRANSIT/

PICTURE TANK POUR «LEMONDE»

Gilles Rof

20 0123Jeudi 19 décembre 2013

Page 21: 19/12/13 le monde

Société éditrice du«Monde»SAPrésident dudirectoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirectricedu «Monde»,membre dudirectoire, directrice des rédactionsNatalieNougayrèdeDirecteur déléguédes rédactionsVincentGiretDirecteurs adjoints des rédactionsMichel Guerrin, RémyOurdanDirecteurs éditoriauxGérardCourtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chefArnaudLeparmentier, Cécile Prieur, NabilWakimRédactrice en chef «MLemagazine duMonde»Marie-Pierre LannelongueRédactrice en chef «édition abonnés» duMonde.fr Françoise TovoRédacteurs en chef adjoints François Bougon, Vincent Fagot, Nathaniel Herzberg, Damien LeloupChefsde serviceChristopheChâtelot (International), LucBronner (France), VirginieMalingre(Economie), Auréliano Tonet (Culture)Rédacteurs en chef «développement éditorial» Julien Laroche-Joubert (InnovationsWeb),Didier Pourquery (Diversifications, Evénements, Partenariats)Chefd’éditionChristianMassolDirecteur artistiqueAris PapathéodorouPhotographieNicolas JimenezInfographieEric BéziatMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale du groupeCatherine JolySecrétaire générale de la rédactionChristine LagetConseil de surveillancePierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

S i c’étaità refaire, je commenceraispar laculture.»Parfois, les formulesapocryphesontdubon. JeanMonnetn’a jamaispro-

noncécettephrase. Lepèrede l’Europe,quipro-posaen 1950 lamiseencommunducharbonetde l’acierpour rendre laguerreentre la Franceet l’Allemagne«matériellement impossible»,était assezpragmatiquepour savoirque leVieuxContinentnese reconstruiraitpas sur laculture. Il fallait faire l’Europe,discrètement,pardespetitspas concretsmaisdécisifs. C’estainsique l’Unions’est fondéesur l’économie.

Pourtant, la faussecitationdeMonnet sonnejuste. L’Europepolitiquecale. Sur lesdeuxpiliersessentielsquesont lamonnaieet ladéfense; l’argentet la guerre; la solidaritéet lacommunautédedestin. L’absencedeculturecommune, la faiblessedusentimentd’apparte-nance, empêche lesEuropéensde faireunsautfédéral. Ilsn’ontpasdemythe fondateurcom-melesnations, si cen’est le contre-mythede lapaixquineparleplusaux jeunesgénérations.LesAllemands, les Françaiset leursvoisins sontincapablesde fonderunenationeuropéenne,commele réussirent–tardivement– lesEtats-Unis. Ledollaret lesGI, voici les deuxpiliersdelapuissancede l’OncleSam.

Oùensont les Européens,quivontpataugersur l’euroet ladéfense? Lesdeuxsujets sontaumenuduconseil européende la semaine.L’unionbancairedoit consolider l’euro tandisque l’Europede ladéfensedoitpallier le retraitdesAméricains,qui se tournentvers l’océanPacifique.

L’euro incarnait ledestincommundesEuro-péensaprès la chutedumurdeBerlin, leurenvied’intensifier leuruniondansuneEuropequi s’élargissait. Il a faillimourir. Le voilà resca-pé.Minede rien, l’intégrationprogresseàgrandspas. Les faillesdu traitédeMaastrichtsontenvoiede résolution. Les faillitesbancai-resavaientprécipité l’effondrementdesécono-miesoccidentalesàpartirde 1929; ellesne leferontpasenEurope,grâceà l’Unionbancaire.Le sujetestà fairebâillerd’ennui, tant il est tech-nique,mais il estdécisif.Un tel saut fédéraln’avaitpasété accomplidepuis longtemps.

Si les souverainistesde touspoils tra-vaillaientunpeu, ils le combattraientavecvéhé-mence. Imaginonsune faillite française–le casn’estpas inenvisageablevingtansaprès ledésastreduCrédit lyonnais, sept ansaprès l’af-faireKerviel-Sociétégénérale. Lesdramesnesegérerontplusdans les bureauxdugouverneur

de laBanquedeFranceaucoursd’unweek-endfiévreux.A l’avenir, ils serontexaminésàFranc-fort sous l’égidede laBanquecentraleeuro-péenne(BCE); si nécessaire,un fonddegaran-tiealimentépar lesbanques–audébutnatio-nal, fédéral àpartir de2026–pourra renflouerlabanque, et l’établissementen faillitepourraêtrevendud’autoritéàunconcurrenteuro-péen.La révolutionn’estpasmince.

Resteunequestionépineuse: les banquesdisposeront-ellesd’unegarantiepubliqueeuro-péenne?Cedétail est essentiel, qui traduirait lavraie fédéralisationde l’euroetdusystèmeban-caire. Sanssurprise, lesAllemandsn’enveulentpas.Monnaieunique, l’euron’estpasencoreunemonnaiepartagée. Et il n’estpasà l’abrid’unerévoltedes contribuablesallemandsetd’un jugementde laCourconstitutionnelledeKarlsruhequi exigeraitun retourà l’orthodo-xiede laBCEetauchacunchezsoi. Pour sauverl’euro, il faut rassurer lesAllemands. Sonsortest entre lesmainsde la France,quidoitconvaincreBerlinde sonsérieux, commeelle lefit àpartir de 1983 jusqu’à l’adoptionde l’euroenremettantsonéconomieenordre.

Les Français se battent seulsAprès l’argent, la guerre. Envoyer sesenfants

mouriraucombat, c’est laquintessencede lasouveraineté. Le futurcollaboMarcelDéatnevoulaitpasmourirpourDantzigen 1939.Onnemeurtpas aujourd’huipour l’Europe.Nuln’ena jamaisvoulu.Dès 1954, sousPierreMendèsFrance, les Françaisont rejeté la communautéeuropéennededéfenseet l’Europeavécusouslaprotectionpaternalistede l’OTANpendantdesdécennies.Obamanousadepuis lâchés, et

lesEuropéenssont livrésàeux-mêmes.LesFrançaisont longtempsporté lemistigride cet-teEuropede ladéfensequinese faisaitpas, endépitdespromessesdusommetdeSaint-MaloentreChiracetBlair en 1998: sans cesse, ilsfurentaccusésd’êtred’indécrottablesarchéo-gaullistessoucieuxde saper l’OTANpar anti-américanisme.

NicolasSarkozya fait cequ’il fallait faire,rejoignanten2009 le commandement intégréde l’OTAN.Et, depuis,plusd’Europemilitaire.Les Françaissont lesmeilleursamisdesAméri-cainsetguerroientpartout. L’Elyséeaconcoctésesélémentsde langagepourdéminer les accu-sationsdenéocolonialisme:auMali,unEtat ter-roristes’installait auxportesde l’Europe; enCentrafrique, la guerre civile risquaitde tour-neraumassacrerwandais. Les interventionsdeFrançoisHollanden’auraientriend’uneexpédi-tionpostcolonialeenCôted’IvoireouauNigerpoursécuriserdesminesd’uranium.

Cen’estpas faux. LesFrançais sont coura-geux.Pour lesautres. Et ils se sententbienseuls. LesAnglais, enpleindébat sur la sortiedel’Europe, regardentvers legrand large. LesAlle-mandsregardentvers lepassépourne rien fai-re. Et lesEuropéens refusentdepayerpour lesinterventionsfrançaises, coupant toujoursplus leursbudgetsdedéfense (1,7%duPIBcontre4,4%auxEtats-Unis),mettantquiplusest endanger leur savoir-faire technologique.Ainsi, lesEuropéensacceptentcurieusementde renonceràunevraie souveraineté,monétai-re etmilitaire. Commesi lamondialisationn’étaitpasdangereuse.p

[email protected]

0123

EUROPE | CHRONIQUEpar Arnaud Leparmentier

L’argentet laguerre

MONNAIEUNIQUE,L’EURON’EST PASENCORE UNEMONNAIEPARTAGÉE

Ce hors-série du Monde «Mandela, leçons d’une vie»

revient sur le destin exceptionnel de «Madiba ».

De la création de l’ANC à son élection en 1994, il raconte,

avec les témoignages de l’écrivain André Brink et de Kofi

Annan, ainsi que des reportages photo exceptionnels,

comment Nelson Mandela a mené la nation arc-en-ciel

sur la voie de la réconciliation.

LE HORS-SÉRIE

Hors-série | Application iPad

L’application iPad «Mandela, l’Africain capital»

dans la collection «Le Monde Mémoire» rassemble les

meilleurs articles publiés par Le Monde sur Nelson

Mandela, les grandes dates de sa vie illustrées par les

archives du Monde et les vidéos de l’INA, les images

d’une vie de combat , ainsi qu’un entretien exclusif avec

l’écrivain sud-africain André Brink.

Téléchargez l’application iPad«Nelson Mandela, l’Africain capital»,5,99 € sur l’App Store.

Retrouvez le hors-série «Mandela, leçons d’une vie»,100 pages - 7,50 € chez votre marchand de journaux.

L’APPLICATION IPAD

Nelson Mandela

0123L’anciencoachdeManaudouentredeuxeauxàMelun

pTirage duMondedatémercredi 18 décembre 2013 : 289059 exemplaires. 2

I l sera là«par correction». Jeudi19décembreaumatin,Philip-peLucas, l’ancienentraîneur

de la championnedenatationLau-reManaudou, seprésenteraautri-bunaldeMelun, savillenatale, oùildoit comparaître, sur reconnais-sancepréalabledeculpabilité,pour«vol dematériel»et«receldechèque».

L’hommeà la tignasseblondeet auxmuscles saillants,quivitdésormaisàNarbonne,a travaillévingt-troisansauservicede lavil-le, où il aentraîné la jeuneLaureManaudou,auCercledesnageursdeMelunVal-de-Seine (CNMVS).

L’affaire remonteà 2007, lors-que le CNMVSdépose trois plain-tespourdes irrégularités financiè-resprésuméesdans les comptesduclub entre2001et 2006–pério-de à laquelle il était dirigépar lepèrede Philippe Lucas. A l’épo-que, l’entraîneurest soupçonnéd’avoir encaissédeux chèquesde20000euros et 5000eurospor-tant la signature falsifiéede la tré-sorièredu club.Depuis, le dossierjudiciaire s’est unpeudégonflé.

«Vol dematériel»?Unappa-reil vidéo et dumatériel demus-culation.«Je l’ai acheté avecmesprimes, pour l’usagedesnageurs,et je l’ai rendu», expliquePhilip-peLucas.

«Recelde chèque»? Leparquetdéclarequecelui-ci,«de faibleampleur, est liéàdesdépensesper-sonnellesdePhilippeLucas». L’ag-glomérationmelunaiseajoutequ’«iln’yavaitpasdemalveillan-ceni dedétournements, seulementdesversementsennaturequin’étaientpas soumisaux cotisa-tionsde l’Urssaf». Unegestion«familiale» sanctionnéeparunredressementfiscalde100000eurosauprèsde l’Urssaf.

ClaudeHenrion,qui abriève-mentassuré l’intérimà laprési-denceduclubaprès ledépartde

JeanLucas, en2006, confirme:«Onn’étaitpasà lahauteurauniveauadministratif.Cependant,il ne fautpas s’étonnerqu’on sesoitdébrouillés tout seuls: l’agglo-mérationmelunaise s’estdésenga-géeet le conseil généralnenousapasaidés. Je comprendsquePhilip-peait trouvé la situation intena-ble.Aujourd’hui, il ne resteà lapis-cinequ’unebellepancarte. J’ai lesentimentd’un immensegâchis.»

Autographes signésL’avocatduCNMVS,

MeFrédérik-KarelCanoy,ne com-prendpasque laville et l’agglomé-rationdeMelunneseportentpaspartie civile.«C’est scandaleux,car ellesontversé898798eurosdesubventions,s’insurge-t-il.C’estdel’argentpublic, et celadémontreunecertaine légèreté.»

Lemaire,GérardMillet, répondquesaville soutient le clubdenatation,maisestimequ’«ellen’estpas concernéepar cetteaffai-re». Leprésidentde l’aggloméra-tionmelunaise,BernardGasnos,vadans lemêmesens:«Nousavons subventionné laprépara-tiondeLaureManaudouaux Jeuxolympiquesetnousn’avonspasconstatédedistorsionsdans lages-tion.»

Ennovembre,PhilippeLucass’étaitdéjàprésentéau tribunal.Grossuccès: dans la salledespasperdus, le coachavait signédesautographes.Mais leprocèsn’avaitpaseu lieu, car l’entraî-neurs’étaitprésentésansconseil.Cette fois, sonavocat,MeGilbertCollard,délégueraunconfrère.

Si l’audiencedecomparutionesthomologuée,PhilippeLucasencourtunesimplepeined’amen-de.Dans le cas contraire, elle serarenvoyéeenaudiencepubliqueautribunal correctionnel. p

AgnèsGaudichon-Braïk(Melun, correspondance)

210123Jeudi 19 décembre 2013

Page 22: 19/12/13 le monde

TEL0170

4892

92