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Crise politique, pression foncière et sécurité alimentaire dans les

périphéries de la forêt classée du mont Peko

K.G. N’guessan1 *, K.R. Oura2 & A.D.F.V. Loba3

Keywords: Cultivating grounds- Food safety- Intercommunity Tensions- Mont Peko- Côte d'Ivoire

1Université Jean Lorougnon-Guede, Daloa, Côte d’Ivoire.2Université Alassane Ouattara, Centre de Recherche pour le Développement - Bouake, Côte d’Ivoire.3 Université Félix Houphouët-Boigny, Institut de Géographie Tropicale (IGT) , Abidjan,Côte d’Ivoire.

*Auteur correspondant: Email : ahibakan77@gmail .com

Résumé

Le présent article analyse la situation de l’agriculture

et de l’alimentation chez les populations déplacées

du Mont Péko. En effet, la crise militaro-politique

déclenchée en Côte d’Ivoire en septembre 2002 a

favorisé l’occupation illégale de la forêt classée du

Mont Péko par des dizaines de milliers de personnes

constituées majoritairement de ressortissants

Burkinabé. Ces populations y ont développé des

plantations de cacaoyer, qui ont entrainé la

destruction de près de 80% de cette aire protégée.

Mais, avec la fin de la crise politique en 2011, et dans

le souci de protéger le parc naturel et garantir la paix

et la sécurité dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, ces

populations ont été contraintes de quitter la forêt pour

s’installer dans les villages aux alentours du parc.

L’enquête réalisée auprès d’un échantillon de 200

individus a permis de comprendre que la majorité des

déplacés internes du Mont Péko n’a pas accès à de

nouvelles terres de culture. Ces populations ne

peuvent donc pas garantir la sécurité de leur

alimentation et celle de leur famille. Elles se

retrouvent ainsi dans un environnement où la

pression foncière alimente les crises et les tensions

communautaires, qui fragilisent la cohabitation entre

autochtones et allogènes.

Summary

Political Slump, Land pressure, and Food

Security in the Outskirts of the Classified

Forests of Mount Peko

This article analyzes the agricultural situation and the

food crisis faced by the displaced populations of the

Mont Péko. Indeed, the military and political crisis

launched in Côte d’Ivoire in September 2002 has

favored the illegal occupation of the classified forest

of the Mount Péko by tens of thousands of people

mainly constituted by Burkinabe nationals. These

populations have developed cocoa tree plantations,

which entailed the destruction of about 80% of this

protected area. But, with the end of the political crisis

in 2011, and in order to protect the natural park and to

guarantee peace and security in the West of the Côte

d’Ivoire, these populations have been forced to leave

the forest to get settled in the peripheral villages of

the park. A survey on a sample of 200 individuals has

permitted to figure out that the majority of the inner

population of the Mont Peko does not have access to

new cultivating grounds. Therefore, the food safety of

these populations and of their families cannot be

guaranteed. Thus, they are involved in an

environment where the land property crisis and

intercommunity tensions weaken the cohabitation

between natives and foreigners.

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Introduction

La crise armée déclenchée en Côte d’Ivoire enSeptembre 2002 avait entrainé la partition du pays endeux. D’un côté, le Sud du pays contrôlé par legouvernement légal (démocratiquement élu) et del ’autre côté, la zone Centre-Nord-Ouest (CNO) souscontrôle de la rébell ion armée. Dans ce contexte decrise et d’absence d’autorité de l’Etat dans lesrégions sous contrôle de la rébell ion, s’estdéveloppée une exploitation i l l icite des airesprotégées à l’ instar de la forêt classée du mont Péko,dans l ’Ouest de la Côte d’Ivoire. En effet, profitant del ’absence de l’État, des populations constituées«essentiel lement des ressortissants du BurkinaFaso» (7) se sont instal lées dans cette forêt classée.Celles-ci y ont développé de vastes plantations decacao qui ont contribué à la destruction de 80% des34000 ha de cet espace naturel protégé (6). Pendantplus d’une décennie, ce patrimoine mondial a doncconstitué le siège des activités agricoles despopulations clandestines.Avec la fin de la crise politique en 2011 , l ’autorité del’Etat s’est établ ie à nouveau sur toute l ’étendue duterritoire. Conscient de la menace que représententces clandestins aussi bien pour l ’aire protégée quepour la sécurité humaine dans cette région, lesnouveaux gouvernants se sont aussitôt engagésdans un processus de déguerpissement desditsclandestins. Après plusieurs tentatives infructueuses,i ls y parviennent avec l’arrestation le 1 8 mai 201 3d’Amade OUEREMI1 (6), le chef de fi l de cesclandestins. L’opération de déguerpissement qui s’ensuit entraine l ’exfi ltration de nombreuses populationsdont les chiffres annoncés varient selon les sources2.I ls seraient 52 71 7 déplacés de la forêt classée (8),qui se sont réinstal lés dans les vil lages périphériquesde la réserve. Avec l’arrivée de cette populationimportante et la pression qui s’exerce sur les terresagricoles, i l apparait opportun d’analyser la situationalimentaire chez les populations déplacées internesdu mont Péko. De façon spécifique, i l s’agit d’étudierl ’accessibi l ité des exfi ltrés aux terres agricoles,d’analyser leur situation alimentaire ainsi que lesrapports intercommunautaires qui règnent dans lesvil lages environnants du parc du Mont Péko.

Méthodes de la collecte des données

La méthodologie déployée dans le cadre de cet articlese fonde sur l ’hypothèse attribuant à la pressionfoncière la responsabil ité des perturbations dansl’accès aux terres agricoles pour garantir la sécuritéal imentaire. Ainsi, pour la vérification de cettehypothèse, nous avons procédé à une recherchedocumentaire et une enquête de terrain. La phase dela recherche documentaire nous a conduits dansdiverses structures publiques tel les que l’OIPR3 et laPréfecture de la région du GUEMON, où des rapportsd’activités mis à notre disposition ont permisd’accéder à des informations et des statistiquesindispensables pour notre étude. Par ail leurs, desrapports d’Organisations Non Gouvernementales(ONG), de l ’Opération des Nations Unies en Côted’Ivoire (ONUCI) et du MIDH ont été uti les à cetteétude. Enfin, des sources issues de la presse en ligneont été consultées. L’enquête de terrain a consisté endes entretiens auprès des personnes ressources. I ls’agit du préfet de la région du GUEMON, ducommandant de l’OIPR, des chefs de vil lages et desreprésentants des populations déguerpies. El le aaussi consisté à administrer un questionnaire à 200exfi ltrés choisis de façon aléatoire dans onze vil lagessitués à proximité de la réserve du Mont Péko (Figure1 ) sur un total de 28 impactés par la crise desdéplacés du mont Péko.Le choix des vil lages tient compte de quelquescritères géographiques et démographiquespréalablement définis. I l s’agit de la proximité avec laréserve, la tai l le de la population déplacée (desvil lages ayant accueil l i les plus grands effectifs etceux qui en ont reçu en de faible proportion) et larépartition entre les deux départements (Duékoué etBangolo). Quant aux choix des chefs de ménagesinterrogés, l ’étude a retenu les individus ayanteffectivement perdu des parcelles agricoles à la suitedu déguerpissement des populations de la réserve dumont Péko. Cette enquête qui s’est déroulée pendantles mois de novembre et décembre 201 6 a permisd’aboutir aux résultats suivants.

1OUEREMI Amade est un ressortissant Burkinabé réparateur de vélo, ayant vécu durant des décennies à Bagouhouo à 25 kms de Duékoué, i l fait son intrusion

dans le parc du Mont Péko après le départ des agents des Eaux et Forêts affectés à la surveil lance du massif forestier du Mont Péko du fait de la crise

déclenchée en 2002. Devenu planteur puis féticheur de renom, i l s’ instal le dans le parc et organise son exploitation.

2Le groupe d’expert du conseil de sécurité de l’ONU estime à 28 000 personnes vivant dans le parc; Le rapport du MIDH cite un recensement effectué par les

autorités ivoiriennes en 201 3 situant l ’effectif à plus de 24 000 le nombre de personne instal lée dans le parc; Les Humanitaires (OCHA) indiquent 52 71 7, le

nombre de personnes déplacées du parc.

3Office Ivoirien des Parcs et Réserves.

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Résultats

De l’exfiltration des clandestins à la pression

démographique autour du parc

La crise des déplacés du Mont Péko a entrainé unsurpeuplement des vil lages environnants et unepression sur les terres agricoles. Pour comprendrecette pression humaine autour de cette réservenaturel le protégée, i l est nécessaire de cerner lecontexte.Du peuplement de la réserve par les allogènes

Burkinabè

Le peuplement de la forêt classée du Mont Pékointervient à la suite du déclenchement de la rébell ionarmée en Côte d’Ivoire en septembre 2002. Pendant,cette période de nombreuses populations vont migrerdes régions du Nord (occupées par la rébell ion) verscelles du Sud (sous contrôle gouvernementale). Eneffet, c’est dans cette période de crise qu’ «un certainOUEREMI Amade de nationalité burkinabè, a profitédu vide de protection pour infi ltrer le parc et y ainstal lé ses compatriotes (6).Ces migrants i l légaux du parc sont venus de divershorizons avec une forte colonie en provenance duBurkina-Faso. En effet, selon la même source,Environ 4% des occupants du parc sont d’origineivoirienne et 96 % d’origine étrangère, avec uneprédominance de Burkinabès, estimée à 99 % de lapopulation étrangère. Les résultats (Figure 2) denotre enquête confirment ses statistiques.Les migrants venus du Burkina-Faso sont les plusnombreux dans le parc. I ls représentent 37% de notrepopulation d’enquête. Ensuite, suivent ceux qui sont

venus de la région du Guemon (région où se localisela forêt classée du Mont Péko). Environ 1 8% desoccupants sont venus des différentes sous-préfectures de la région. Ensuite viennent par ordred’importance les migrants venus du Sud-Ouest(11 %), du Centre (1 0%), du Centre-Ouest (6%), duSud (4,5%), du Nord-Est (4%), du Centre-Est (3%) etdes régions de l’Est, de l ’Ouest et du Sud-Est quienregistrent chacune 0,5% des personnesinterrogées.Par ail leurs, les ressortissants Burkinabè ne sont pastous venus directement du Burkina-Faso. Notreenquête (figure 3) révèle que plus de 45% desressortissants Burkinabè interrogés viennent desautres régions de la Côte d’Ivoire.Pour ces migrants internes burkinabè, l ’ouverture dela forêt classée à l’exploitation agricole est uneopportunité à saisir face à la raréfaction des terresarables et aux nombreux confl its fonciers enregistrésdans les différentes régions de provenance. Quantaux (burkinabés) migrants externes, c’est aussil ’opportunité d’avoir des terres de culture en Côted’Ivoire forestière et d’améliorer leur condition de vie

Figure 1 : Localisation de la zone d’étude.Source: RGPH 98 (Dessin: Loba)

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Figure 2: Origine des occupants i l légaux du parc du Mont Péko.

(Source: notre enquête, Novembre – Décembre 201 6)

Figure 3: Répartition des ressortissants Burkinabés selon le l ieu deprovenance avant leur instal lation dans le Parc.

(Source: notre enquête, Novembre – Décembre 201 6).

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Figure 4: Répartition des populations déplacées internes dans des vil lagesenvironnants du Mont Péko.

Source: D’après nos enquêtes, Novembre – Décembre 201 6. (Dessin: Loba)

(a) (b)

Planche 1 : Une vue du nouveau quartier mossi créé par les déplacés du Mont Péko.

(Source: N’GUESSAN et al. 201 6)

a - Une vue de l’entrée du nouveau quartier occupé par les ressortissants Burkinabè à Pona Vahi.

b - Une vue des bâtiments construits essentiel lement en terre battue par les déplacés à Pona Vahi.

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Dans cette localité, la création de ce nouveau quartierva entrainer une extension spatiale (Figure 5) duvil lage.Cette situation qui entraine l ’accroissement de lapopulation dans les vil lages d’accueil pose leproblème de l’accès à des parcelles agricoles et celuide la sécurité al imentaire des déplacés.

Inaccessibilité aux terres agricoles et la question

alimentaire chez les déplacés du Mont Péko

La raréfaction des terres agricoles pour les déplacésL’accès à des terres de culture s’invite aux problèmesdéjà diffici les des déplacés du Mont Péko. Dans cetterégion où le développement de la cacaoculture avaitdéjà entrainé une saturation foncière, i l devientdiffici le pour les nouveaux venus d’avoir une portionde terre de culture et garantir leur indépendancealimentaire. Notre enquête (Figure 6) montre queseulement 1 6% des personnes interrogées ont accèsà de nouvelles terres pour leurs activités agricoles.On estime à 84% les déplacés qui n’ont pas deparcelles pour leurs activités agricoles. Seulement1 6% de notre population d’enquête disposent de terrede culture. Cette situation s’explique sans doute parle poids important des déplacés venus d’ai l leurs àl ’occasion de la mise en exploitation du parc. Onestime leur nombre à 95% contre 5% pour ceux quiétaient déjà en place avant l ’exploitation du parc.

ainsi que celles de leurs parents restés au pays(Burkina Faso). «J’ai toujours rêvé de venir en Côted’Ivoire pour faire la cacaoculture comme mes frères,qui envoyaient beaucoup d’argent aux pays grâce àcette culture. Mais on me disait qu’i l n’y avait plus deterre et que le problème de terre est devenucompliqué. Et, quand j’ai appris qu’on pouvait avoirdes parcelles dans la forêt, je suis venu tenter machance» expliquait un d’entre eux.

De l’exfiltration des occupants illégaux du parc

Avec la fin de la crise politique en 2011 et lerétabl issement de l’autorité de l’Etat sur toutel ’étendue du territoire national, i l est apparunécessaire pour les nouveaux gouvernants de libérercette réserve naturel le de ses occupants i l légaux, afinde permettre sa régénération, mais aussi d’assurer lasécurité dans cette partie du pays. Ce processus aabouti à l ’exfi ltration de plusieurs mil l iers depersonnes et au surpeuplement (Figure 4) denombreux vil lages périphériques du parc du montPéko.A l’observation de la carte, la sous-préfecture deBagohouo est cel le qui a accueil l i le plus gros volumede populations (26 209), soit 49,71% des déplacés duparc. Cette situation a donné lieu à la création danscertains vil lages de la sous-préfecture de nouveauxquartiers uniquement habités par des déplacésburkinabè de la forêt classée; comme c’est le cas(planche 1 ) à Pona Vahi.

Figure 5: Le nouveau quartier occupé par des ressortissantsBurkinabè à Pona Vahi.

Source: D’après nos enquêtes, Novembre – Décembre 201 6. (Dessin: Loba).

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Figure 6: Répartition des déplacés selon l ’accès ou non à des parcelles de culture.

Source: notre enquête, Novembre – Décembre 201 6).

Tableau 1

Répartition des déplacés ayant accès à la terreselon le mode d’acquisition.

(Source: notre enquête, Novembre – Décembre 201 6).

Figure 7: Répartition des déplacés internes du Mont Péko selon les sources de revenus.

(Source: notre enquête, Novembre – Décembre 201 6)

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Les ressortissants Burkinabés sont les plusconcernés par le problème d’accès à de nouvellesterres de culture. Ceux-ci représentent 34% desdéplacés de la forêt ayant accès à des terres deculture contre 66% de nationaux ivoiriens. LesBurkinabé représentent 74% de la population dedéplacés qui n’ont pas accès à des terres agricoles.Pour ceux qui ont eu accès à de nouvelles terres deculture, i l s’agit majoritairement de la location deterres (Tableau 1 ) pour des cultures vivrières.Plus de 68% des déplacés ayant accès à la terre ontacquis des parcelles de culture par voie de location.Les parcelles dépassent rarement l ’hectare. El lessont destinées à la production de vivre uniquement.Les cultures pérennes ne sont pas admises par lespropriétaires. Pour ces populations déplacées,l ’option de location parait la plus facile pour accéder àdes terres de culture. Dans la plupart des cas, i l s’agitd’une location en nature. Le locataire reverse à sonpropriétaire une partie de la récolte selon les termesconvenus dans le contrat de location. Ceux qui ontacquis des terres par achat sont pour la plupart despersonnes instal lées depuis longtemps dans larégion. I l en est de même pour ceux qui ont acquisdes terres par héritage. Dans ces deux cas de figure,i l n’existe pas de restriction de culture.En tout état de cause, l ’ inaccessibi l ité à de nouvellesterres de culture expose la majorité des déplacés àl’ insécurité al imentaire.

De l’indépendance à la dépendance alimentaire

des déplacés internes du Mont Péko

L’analyse de la situation alimentaire porte sur lessources de revenus et les moyens de subsistancedes populations interrogées.De façon générale, on enregistre une chute desrevenus chez les populations interrogées. El les sontunanimes en affirmant que «Dans la forêt, le cacaonous procurait beaucoup d’argent, c’est du cacao quenous vivions.» Les revenus des paysans provenaientessentiel lement de la vente de produits agricoles etprincipalement le cacao. Mais, depuis leur expulsiondu parc, leur revenu a complètement chuté. L’und’entre eux explique qu’ «aujourd’hui, on a plus rienparce qu’i l n’y a pas de travail ; si on n’a pas eu unpetit contrat on ne mange pas …». Les déplacés nevivent presque plus de la vente des produitsagricoles, mais plutôt du commerce et de petitscontrats (Figure 7).On observe donc une modification des activitéséconomiques chez ses déplacés qui vivaient autrefoisdes revenus issus de la vente de produits agricoles et

principalement du cacao. Aujourd’hui, i ls exercent depetits métiers pour survivre. I ls sont 47% quiexécutent quelques petits contrats dans desplantations (désherbage, cueil lette et cabossage decacao etc.). L’ irrégularité du contrat ne permet pas àces derniers de garantir leurs sources de revenus.Par ail leurs, seulement 1 % des personnesinterrogées tire encore sa source de revenus de lavente de produits agricoles. Nombreux sont ceux quin’ont plus d’activités économiques rémunératrices.Ceux-ci, estimés à 44% vivent pour la plupart del ’aide alimentaire.Par ail leurs, les moyens de subsistance de notrepopulation d’enquête ont changé de la situation declandestin à celle de déplacée. Autrefois dominée parla banane plantain et les tubercules, la nourriture desdéplacés est essentiel lement constituée aujourd’huide produits céréaliers (riz), qui proviennent de l’aidealimentaire (Tableau 2).Les déplacés du Mont Péko sont à majoritédépendants de l’aide alimentaire4 distribuée par laCaritas, le PAM avec le soutien de l’Etat. I lsreprésentent 38,5% des enquêtés. Environ 36%affirment qu’i ls se débrouil lent pour trouver lanourriture. Car i ls n’ont pas d’argent et ne sont pasconcernés par la distribution de vivres. Seulement1 5,5% de déplacés obtiennent leur nourriture à partirde leur propre production alimentaire. Les 1 0%restant achètent la nourriture grâce aux revenus qu’i lsobtiennent dans les petites activités de commerce oules petits contrats de travail dans les plantations.Cette nouvelle situation a entrainé une modificationdu régime alimentaire des déplacés. Les produitscéréaliers représentent pour 82% des déplacés lesaliments les plus consommés contre 1 3% par lepassé. La banane plantain et les tubercules sontdiffici les d’accès pour cette population qui n’a passuffisamment de moyen financier ni de terre deculture pour s’en procurer.

4l ’aide alimentaire est organisé par l ’Etat et des Humanitaire (Caritas et PAM). La dotation est mensuelle et est constituée de 3 sac de 50 kg de riz plus 11 kg, 1 1

l itres d’hui le et 1 9 kg de Soja. Cette dotation doit courir sur une période de 6 mois c’est-à-dire jusqu’au mois de Mars 201 7; le temps de régler définitivement

cette crise des déplacés du Mont Péko. (Informations recueil l ies sur le terrain).

5la couverture de l’aide alimentaire n’est pas totale, parce que nombreux sont les clandestins qui avaient refusé de se faire recenser par peur de représail les (le

préfet de région).

Tableau 2

origine de la nourriture desdéplacés du Mont Péko.

(Source: notre enquête, Novembre –

Décembre 201 6)

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La crise des déplacés du Mont Péko met aussi enexergue la cohabitation des peuples autochtones etal logènes dans cette région de l’ouest forestiermarquée par les longues années de crise politique enCôte d’Ivoire. Cette crise a profondément fragil isé lacohabitation des différentes communautés dans cetterégion de l’Ouest ivoirien.

Cohabitation fragile entre allogènes et

autochtones

La cohabitation entre les différentes communautésallogènes et autochtones a souffert du contexte de lacrise politique en Côte d’Ivoire.Des crises intercommunautaires ouvertes et latentesDepuis l ’avènement de la rébell ion armée en 2002,de nombreuses crises opposent les autochtonesGuéré aux allogènes Burkinabés. L’on se rappelleque «dans la nuit du 8 au 9 janvier 2005, un groupede mil iciens basés dans le canton Zarabaon (localitéde Duékoué) avaient attaqué et pil lé les paysansburkinabés de leurs récoltes de cacao dans descampements situés en zone de confiance6. En 2005,de nombreux burkinabé étaient régul ièrementvictimes d’enlèvement et d’assassinat dans leursplantations…

En représail les à ces massacres, OUEREMI AMADEet sa troupe ont mené dans la matinée du 28 mars2011 , une attaque meurtrièredans le quartier Carrefour (Duékoué)» (6).Ces évènements ont fortement dégradé lacohabitation et les relations entre autochtones etal logènes dans cette région.Cependant, la majorité de personnes interrogéesaffirme que la cohabitation est bonne depuis qu’i ls seretrouvent en situation de déplacé.«Nous n’avons pas de problèmes avec nos tuteurs,on s’entend bien, pour le moment i l n’y a pasd’histoire entre nous. C’est avec les agents de l’OIPRque nous avons tous les problèmes. I ls nous battentlorsqu’i ls nous trouvent dans le parc; et souvent ons’en sort avec beaucoup de sévices corporels.» Eneffet, de nombreux déplacés bradent encorel ’ interdiction de pénétrer dans le parc, pour y cueil l irle cacao encore existant. Par exemple, à Pona Vahi,dans le quartier qui abrite les ressortissantsburkinabé déguerpis, notre enquête (Planche 2)montre que contrairement aux dires de certainsd’entre eux de ne plus posséder de cacao, i ls arriventà en faire sortir de la forêt classée.

Planche 2: Une vue des activités témoignant de la poursuite de la cacaoculture chez les déplacés du MontPéko instal lés à Pona Vahi.

(Source: N’GUESSAN et al. 201 6)

a- Fèves de cacao séchées dans un quartier abritant les déplacés à Pona Vahi

b- Opération de commercial isation de cacao chez les déplacés à Pona Vahi

(a) (b)

6Selon Wikinews, la «zone de confiance» est une zone tampon créée en juin 2003 pour séparer les combattants des Forces nouvelles, occupant la moitié Nord

de la Côte d'Ivoire, des troupes gouvernementales, contrôlant la moitié Sud. El le s'étire d'Est en Ouest sur environ 600 km. La largeur théorique de cette zone

tampon est de 25 km, avec diverses variations, l iées notamment à l 'éloignement entre, dans certaines régions, les positions les plus avancées des Forces

nouvelles et cel les des troupes gouvernementales. . . La seule présence mil itaire autorisée dans cette zone tampon était cel les des «Forces impartiales», (les

soldats de l 'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), les soldats français de l 'opération Licorne et les soldats de la Communauté économique des

États de l 'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

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Planche 3: Habitats abandonnés par des allogènes et al lochtones à Yrozon au debut de la crise en Côted'Ivoire en 2002.

(Source: N’GUESSAN et al. 201 6)

a1 -a2 - Une vue des logements abandonnés par les al logènes et les al lochtones à Yrozon

b- Un point d'eau dans l 'ancien habitat des allogènes et des allochtones à Yrozon

Figure 8: Campement d’accueil des déplacés de Yrozon, suite à la crise de 2002.

Source: D’après nos enquêtes, Novembre – Décembre 201 6. (Dessin: Loba).

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Pour les populations autochtones cela est la preuveque la forêt classée reste accessible auxressortissants Burkinabé, par le biais des agents del’OIPR corrompus. Cette situation est dénoncée parles autochtones, qui estiment que malgré ledéguerpissement et l ’ interdiction de rentrer dans leparc, les al logènes burkinabé y ont toujours accès.«La nuit, les Burkinabé entrent dans la forêt et fontsortir le cacao, et c’est comme ça chaque fois.Pourtant l ’Etat a interdit l ’accès de la forêt classée àtous. I ls sont en complicité avec certains agents del’OIPR.I ls sont les seuls à rentrer encore dans la forêt»explique un responsable de jeunesse à Nidrou. Au-delà du mécontentement, cette situation alimentedavantage la colère des autochtones envers cesallogènes qu’i ls considèrent comme desenvahisseurs qui "ne respectent rien".Cette situation précaire entre al logènes etautochtones encourage le regroupementcommunautaire des premiers en vue de faire faceaux risques sécuritaires.Regroupement communautaire: un modèle deprévention des crises intercommunautairesL’avènement de la crise politique en Côte d’Ivoire apar moment mis à mal la cohésion sociale qui régnaitentre les différentes communautés vivant dans lamême localité. Dans certains vil lages alentour duparc, comme à Yrozon (planche 3), des populationsallogènes et al lochtones ont abandonné leur maisonpour rejoindre leur frère de la même communautéethnique dans des campements proches de leurplantation située à la l isière de la forêt classée.Les campements d’accueil sont situés sur le terroir duvil lage d’Yrozon et à proximité du parc (figure 8). I ls’agit des campements de Nadjet, Remikro,Kaborékro, Dame de paix et N’guessankro. Avec ledéguerpissement des occupants du parc, cescampements vont accueil l ir certains déplacés quiredoutent une situation d’insécurité en vivant dans lesmêmes vil lages que les autochtones Guéré. Parail leurs, en choisissant ces campements, lesdéplacés gardent l ’espoir d’avoir accès à leursplantations de cacaoyer situées dans le parc.D’autres par contre se sont instal lés auprès desautochtones Guéré mais fondant leur propre quartiercomme celui crée par les déplacés à Pona Vahi (voirplanche 1 ) et qui a permis une extension du vil lage(voir figure 5) depuis 201 3.Ce souci de regroupement communautaire n’est pasfortuit, si l ’on se réfère aux exactions subies par lesal logènes. «Toutes les plantations appartenant auxpaysans burkinabés dans les forêts proches duvil lage - quartier carrefour – étaient expropriées parces mil iciens d’alors. Souvent ces jeunes armésallaient barrer le chemin aux paysans et les

obligeaient à payer une taxe pour avoir accès à leurchamp. D’autres paysans avaient préféré abandonnerleurs plantations aux mains de ces jeunes poursauver leur vie. Ouédraogo Abdrahim et OuédraogoPascal, tous deux paysans avaient été découverts lescoups tranchés le 1 3 décembre 2004 sur le cheminde leurs plantations. Le 20 janvier 2005, BelémKouamba Kassoum a été enlevé et son corps a étéretrouvé plus tard, dans le même état que lespremières victimes. Le 03 février 2005, deux autresburkinabè ont été enlevés à la gare routière deDuékoué pour une destination inconnue.Suite à l ’attaque de Logoualé le 28 février 2005, unde nos compatriotes Ouédraogo Amadi a été enlevédans son champ et assassiné» (6). Ce phénomènedevenu préjudiciable aux Droits humains, avaitfortement détérioré la cohabitation entre lescommunautés ethniques dans cette partie du pays.En somme, la situation des déplacés du mont Pékoalimente les débats tant le problème persiste.

Discussion

L’opération de déguerpissement des occupantsi l légaux du mont Péko vise selon l ’Etat à protégercette réserve naturel le et à ramener la sécurité danscette partie du pays longtemps marquée par la crisearmée. Celle-ci a conduit à l ’ instal lation dans lesvil lages environnants du parc des dizaines de mil l iersde personnes, qui ont perdu des terres de culturedont i ls dépendaient pour nourrir leurs famil les. Cequi fait dire à un dirigeant traditionnel ivoirien que«L’État veut nous affamer» (9). La question interpelleaussi le RAIDH7, qui estime que cette opération met àrisque la sécurité al imentaire, l ’état de santé despopulations et la cohésion sociale dans la zone. C’estpourquoi, i l rappelle que les mesures de protection del 'environnement, tel les que la protection de parcsnationaux, ne devraient pas être réalisées au prix desdroits des personnes qui y vivent. Le droitinternational protège toute personne qui occupe unterrain contre les expulsions forcées sans préavissuffisant, ou qui ne respecte pas la dignité et lesdroits des personnes affectées, indépendamment dufait qu'el les occupent la terre légalement ou pas.Human Rights Watch et le RAIDH dénoncent la façondont l ’agence forestière de Côte d’Ivoire (OIPR) aexpulsé les agriculteurs des forêts sansavertissement et sans leur fournir un logement ou dela terre en remplacement. Par ail leurs, aucunedisposition n’a été prise dans les vil lagesenvironnants pour accueil l ir les déplacés. Lesinfrastructures des communautés environnantes duMont Péko étaient largement insuffisantes pouraccueil l ir les personnes expulsées, et que lesservices sociaux, de la santé et de l 'éducation étaientdébordés (9).

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La situation des déplacés internes du Mont Péko estdonc loin d’avoir respecté les principes et les règlesinternationales en la matière. En effet, on estimequ’ «une solution durable est réal isée lorsque lesPopulations Déplacée Internes (PDI) n’ont plusbesoin d’aide, ni de protection spécifique l iée à leurdéplacement et jouissent des droits de l ’Homme sansdiscrimination en raison de leur déplacement» (4). Or,dans le cas de notre population d’enquête, lesbesoins al imentaires sont encore importants malgréla distribution de l’aide alimentaire; et les droitshumains élémentaires sont constamment violéscomme l’explique l ’un d’entre eux «A cause de lafaim, nous tentons par moment de rentrer dans laforêt pour al ler chercher la nourriture, mais noussommes battus par les agents de l’OIPR».Au-delà des questions de droit que soulève lasituation des déplacés internes du Mont Péko, laquestion de la cohabitation fragile entre communautéallogène et communauté autochtones résulte faut-i l lerappeler aussi des questions foncières et politiques.Généralement «les rapports entre les autochtones etles migrants se durcissent et s’amplifient au fur et àmesure que la terre se raréfie» (5). Or dans la régiondu GUEMON, la culture du cacao a entrainé unesaturation foncière de sorte que l’acquisition denouvelles terres de culture devient diffici le pour lesnombreux migrants en quête de terre. De même,avec les crises politiques récurrentes qui s’ invitentdans le monde rural et surtout dans les zones deproduction cacaoyères ou la pression foncière estforte, les tensions foncières vont s’accroitre. Parexemple, «la lutte politique tendue entre le principalparti d’opposition FPI – ancré dans la régionforestière de l’Ouest et du Centre-Ouest – et le PDCIsoutenu traditionnellement par les Baoulé suscita desaffrontements entre migrants et autochtones. Enoctobre 1 995, les tensions électorales entre le PDCIau pouvoir et l ’opposition (FPI-RDR) ont débouchésur des affrontements entre Bété et Baoulé àGagnoa, Ouragahio, Guibéroua dans le Centre-Ouest. I ls se sont conclus par la fuite de 5'000Baoulé» (1 ). Tout comme en 1 995, la situation dumont Péko est la manifestation de la crise politique etde l’opposition entre des populations autochtonesfavorables au FPI et au pouvoir de Laurent GBAGBOet des allogènes Mossi accusés de soutenir larébell ion. Finalement l ’on se rend compte qu’au-delàdes simples confl its fonciers qui perturbent parmoments les relations entre les différentescommunautés, i l s’agit plus des règlements decomptes politiques entre fractions rivales. On a notédans ce cas-ci, que suite aux attaques et meurtresperpétrés par les mil ices pro régimes d’alors contreles paysans Burkinabé dans leur campement dans lanuit du 8 au 9 janvier 2005, ces derniers riposteront àl ’occasion de la crise poste électorale.

En effet, sous la direction de leur chef AmadeOueiremi, i ls organisent une expédition meurtrière auquartier carrefour de Duékoué le 28 mars 2011 (6).L’ intrusion de la politique dans la question foncière acontribué à détériorer les rapports intercommunautaires dans la zone du Mont Péko. Nuldoute que le souci de regroupement descommunautés allogènes, qui existe depuislongtemps, mais qui a tendance à se renforcers’inscrit dans un cadre de méfiance vis-à-vis desautochtones. Toutefois, la situation sécuritaire n’estpas alarmante. Qu’i l s’agisse des autochtones ou desallogènes sortis du Parc, tous estiment qu’ «i l n’y apas de problème de cohabitation, i l n’y a pas depalabre entre nous, jusqu’à présent nous vivons enbon voisinage».Cependant, «nous avons quelques craintes, car noussommes victimes de vols de produits al imentairesdans nos champs par les exfi ltrés. Avec la situationdiffici le dans laquelle i ls se trouvent on craint que lesvols se multipl ient» explique un responsableautochtone à Yrozon. En tout état de cause, lasituation de crise et de méfiance a poussé denombreux autochtones propriétaires terriens àremettre en cause «des contrats de transactions oude convention sous l ’ influence de mobiles exogènestels que la cessation de dons, la rupture de mariage,le viei l l issement de vergers et la politisation de laquestion foncière» (5). Or, l ’ instal lation des allogènesdans la plupart des régions forestières était favoriséedepuis toujours par les tuteurs autochtones. «Dansles vil lages, l ’ instal lation de l’étranger est réal isée parson tuteur autochtone. Ce dernier pouvait l ’accueil l irsous son toit ou dans sa cour, lui donner une femme,lui céder une parcelle de la terre famil iale oul ignagère pour son alimentation. Le chef de terrefaisait don de la terre aux migrants sur la base d’unereconnaissance morale implicite. En acceptant cesdons, l ’étranger accepte par la même occasiond’intégrer la famil le, le l ignage et la communautéd’accueil autant que les génies de ces entités.Généralement, le bénéficiaire gratifiait son donateurde quelques boissons pour sceller l ’al l iance. C’estdans ce schéma de fraternité qu’à Tabou, lesal logènes dagari et lobi se sont instal lésprogressivement dans la tribu Hompo au début desannées 1 970» (2). Cette tradition fraternel le, qui alongtemps caractérisée la cohabitationintercommunautaire dans les zones de productioncacaoyère s’est profondément effritée sous l ’ influencedes crises foncières et particul ièrement des crisespolitiques qui font de l ’étranger un homme craint etredouté pour les autochtones.

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Conclusion

Au terme de cette étude, i l ressort que 84% desdéplacés internes du Mont Péko n’ont pas accès à denouvelles terres de culture après leur expulsion duparc. I ls se retrouvent par conséquent dans unesituation où, i ls ne peuvent assurer eux-mêmes defaçon satisfaisante et durable leur al imentation etcel le de leur famil le. Ce qui confirme l’hypothèseformulée dès le départ, qui stipule que "lespopulations déplacées du Mont Péko n’ont pas accèsà des terres agricoles pour assurer leur al imentationdu fait de la pression foncière dans cet espace". Parail leurs, la crise des déplacés du Mont Péko se situedans le contexte de la crise mil itaro-politiquedéclenchée en côte d’Ivoire depuis septembre 2002.

Celle-ci n’a pas manqué de détériorer les relationsintercommunautaires déjà fragil isées par lesincessants confl its fonciers entre autochtones etal logènes dans une région où la pression foncièrel imite les opportunités d’accès à la terre.En tout état de cause, la sauvegarde de la forêtclassée du Mont Péko soulève de nombreusesquestions qui appellent la contribution des sciencesdiverses (le Droit, la sociologie, la criminologie, lessciences environnementales, etc.), mais, qui doiventêtre complémentaire en vue d’une solution durable.

K.G. N’guessan, Ivoirien, PhD, Enseignant-chercheur, Université Jean Lorougnon-Guede, Daloa, Côte d’Ivoire.

K.R. Oura, , Ivoirien, PhD, Chargé de recherche, Université Alassane Ouattara, Centre de Recherche pour le Développement, Bouake, Côte d’Ivoire.

A.D.F.V. Loba, Ivoirien, PhD, Enseignant-chercheur, Université Félix Houphouët-Boigny, Institut de Géographie Tropicale, Abidjan, Côte d’Ivoire.

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