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CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
9
I- Définition
L’élasticité est la propriété physique d'un corps de reprendre sa forme initiale après
suppression de la sollicitation.
Le corps est parfaitement élastique s'il retrouve complètement sa forme originale après
suppression de la charge.
Il est partiellement élastique si la déformation produite par les forces externes ne
disparaît pas complètement lorsque celles-ci sont annulées.
L'expérience montre que, si l'on ne dépasse pas une limite de déformation et donc une
contrainte donnée (appelée limite élastique), les matériaux tels que l'acier et les alliages
métalliques en général peuvent être considérés comme parfaitement élastiques [7].
II- Tenseur des contraintes
Quand un corps est soumis à l'action de forces extérieures, des contraintes
s'établissent, par réaction, à l'intérieur de ce corps. Aux contraintes sont associées des
déformations. Tant que le comportement du corps se situe dans le domaine élastique, les
relations existant entre les contraintes et les déformations sont définies par la théorie de
l'élasticité linéaire des milieux continus. Les deux principales hypothèses de cette théorie
sont:
- Que les propriétés du corps sont homogènes et ne varient pas d'un point à l'autre.
- Qu'elles sont les mêmes dans toutes les directions.
Cette seconde hypothèse implique que le milieu est isotrope.
Figure I.1 : Vecteur contrainte sur les facettes ketjirrr
, en M.
Les composantes du tenseur des contraintes (Figure I.1) dans le repère ),,( kjirrr
sont :
(I.1)
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
10
Figure I.2 : Vecteur contrainte sur la facette ir
en M
III- Tenseur des déformations
Le tenseur des déformations, est un tenseur symétrique 3×3 servant à décrire l'état de
déformation local résultant de contraintes (efforts internes).
=
εεεεεεεεε
ε
zzzyzx
yzyyyx
xzxyxx
(I.2)
L'état de déformation d'un solide est décrit par un champ de tenseur, c'est-à-dire que le
tenseur des déformations est défini en tout point du solide. On parle de ce fait de champ de
déformation.
Dans le cadre de l'élasticité linéaire, le tenseur des déformations est relié au champ de
contrainte par la loi de Hooke généralisée.
III.1 Champ de déplacement
Dans le cas de petites déformations, ce tenseur est le tenseur de Green, un tenseur
dérivé du champ de déplacement.
Soit A un point du solide au repos ; après déformation, il devient le point A’. On
appelle déplacement du point A le vecteur ')( AAAurr = (I.3)
On peut relier le tenseur des déformations au champ de déplacement :
(I.4)
Avec : i, j = (x, y, z)
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
11
IV- Elasticité tridimensionnelle
Par rapport à un repère ortho normale (O, x1, x2, x3), considérons un solide quelconque
isotrope, linéaire et homogène soumis à des contraintes extérieures.
Pour bien définir le comportement entre le système et les contraintes extérieures, on
doit donc écrire les différentes relations entre contraintes (σij), déformations (εij) et
déplacements (Ui).
IV.1 Système d’équations en trois dimensions
On a besoin de définir 15 équations pour résoudre un problème d’élasticité en 3
dimensions.
IV.1.1 Loi de HOOKE (isotrope) :
Dans le domaine élastique linéaire, la loi de Hooke relie la déformation à la contrainte
exercée par l'intermédiaire du module de Young.
En 1678, en s'appuyant sur l'expérimentation, Robert Hooke, (1635-1703), établit que,
dans le domaine élastique linéaire, l'allongement d'une structure dans une direction donnée
était proportionnel à l'effort appliqué dans cette direction, et ceci pour plusieurs matériaux.
Si l'on se ramène à la contrainte de traction et à l'allongement unitaire par unité de
volume, la loi de Hooke prend alors la forme (I.5).
Loi de Hooke dans le cas d’un matériau homogène isotrope :
E
σε = (I.5)
Avec: ε : allongement
σ : contrainte
E : module de Young
Dans le cas d'un matériau isotrope, si l'on reprend en compte le coefficient de Poisson
ν, la loi de Hooke devient :
1ij ij kk ij
E E
ν νε σ σ δ+= − [6 équations] (I.6)
Avec : { 1 p o u r i= j0 p o u r i jijδ =
= ≠
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
12
On peut les expliciter autrement sous la forme [2]:
1 1 1 1
2 2 2 2
3 3 3 3
2 3 2 3
1 3 1 3
1 2 1 2
10 0 0
E E E1
0 0 0E E E
10 0 0
E E E1 +
0 0 0 0 0E
1 +0 0 0 0 0
E1 +
0 0 0 0 0E
ε σν ν
ν νε σ
ν νε σ
νε σ
νε σ
νε σ
− −
− − − − =
(I.7)
Les relations ci-dessus peuvent être inversées pour donner
(I.8)
Avec δij le symbole de Kronecker et εkk est une notation abrégé de la trace du tenseur
des déformations (somme des termes diagonaux du tenseur).
Ces relations permettent de décrire le comportement élastique linéaire d’un matériau.
IV.1.2 Loi de Hooke généralisée (matériau anisotrope)
Dans le cas d'un matériau anisotrope, on définit la contrainte et la déformation
localement par un tenseur 3×3, le tenseur des contraintes [σij] et le tenseur des déformations
[εij]. Le comportement élastique du matériau est alors modélisé par un tenseur d'ordre 4 [Cijkl ]
contenant 81 coefficients élastiques. Le nombre de coefficients indépendants est réduit à 21
en tenant compte de la symétrie des tenseurs de contraintes et de déformations, et de la
stabilité énergétique du tenseur. On a [4]:
(I.9)
En appliquant la sommation sur les indices k et l.
Du fait de ces propriétés de symétrie, le tenseur Cijkl peut être représenté sous la forme
d'une matrice 6x6, où les directions représentent les directions de la déformation.
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
13
(I.10)
Ou
=
τττσσσ
γγγεεε
12
13
23
33
22
11
121212131223123312221211
131213131323133313221311
231223132323233323222311
331233133323333333223311
221222132223223322222211
111211131123113311221111
12
13
23
33
22
11
SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
(I.11)
Pour simplifier l'écriture, on adopte souvent une notation de 1 à 6, avec les axes de
compression/traction notés de 1 à 3 et les axes de cisaillement notés de 4 à 6.
Remarque :
� [ ] [ ][ ]εσ C= avec [ ]C Tenseur des rigidités
� [ ] [ ][ ]σε S= avec [ ]S Tenseur des complaisances élastiques.
IV.1.2.1 Signification des contraintes élastiques a. Termes diagonaux.
Il y a deux types [2]:
- Ceux du type Siiii (i ∈ [1,3]), qui sont les rapport des déformations normales aux
contraintes normales dans les directions principales, soit :
ESiii
iiiiii
1==σε (I.12)
Les coefficients Siiii sont les inverses des modules Ei.
- Ceux de types Sijij (i, j ∈[1,3]) qui sont les rapport des glissements aux contraintes
des cisaillements soit :
GSijij
ij
ijij
1==σγ
(I.13)
Les coefficients Siijij sont les inverses des modules Gij.
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
14
Ainsi les six modules d’un matériau anisotrope sont les inverses des termes diagonaux
du tenseur S.
b. Termes non diagonaux
On définit d’abord, les coefficients de couplages suivants :
i. Coefficients de Poisson ijν
Ils correspondent aux rapports de la déformation transversale à la déformation dans la
direction de la contrainte uniaxiale iiσ appliquée, les autres contraintes étant nulles :
εεν
ii
jj
ij= (I.14)
ii. Coefficients de LEKHNITSKII
Il y a deux types :
1) Coefficients d’influence mutuelle de 1ère espèce : )( ,, jkiijki ηη =
Ils caractérisent l’allongement dans la direction i, rapporté au glissement du à une
contrainte de cisaillement dans le plan (j, k); 0≠σ jk, les autres contraintes étant nulles :
γεη
jk
iijki =, (I.15)
2) Coefficients d’influence mutuelle de 2ème espèce : )( ,, kkijkij ηη =
Ils caractérisent le glissement dans le plan (i,j) rapporté à la déformation due à une
contrainte normale dans la direction k, σ kk
εγ
ηkk
ijkij =, (I.16)
iii. Coefficients de CHENTSOV : klij ,η
Ils caractérisent le glissement dans le plan (i, j), rapporté au glissement du à une
contrainte de cisaillement dans le plan (k, l) :
γγ
ηkl
ijklij =, ; )0( ≠σ kl
(I.17)
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
15
Ces coefficients de couplage étant définis, il est possible de détailler les termes non
diagonaux :
- Ceux du type : )0(; ≠σ jkiijkS
SS
S
Sjkjk
jk
iiiijk
jkjk
jk
jk
jk
iiiijk
avec
.γε
γσ
σε
=⇒
=
=
(I.18)
Soit : GS
jk
jki
iijk
η,= (I.19)
- Ceux de type : )0(; ≠σ kkijkkS
SS
S
Skkkk
kk
ij
ijkk
kkkk
kkkk
kk
ij
ijkk
avec
.εγ
εσσγ
=⇒
=
= (I.20)
Soit : ES
k
kij
ijkk
η,= (I.21)
Ceux de type : )0(; ≠σ klijklS
SS
S
Sklkl
kl
ij
ijkl
klkl
klkl
kl
ij
ijkl
avec
.γγ
γσ
σγ
=⇒
=
= (I.22)
Soit : GS
kl
klij
ijkl
η,= (I.23)
Ces définitions permettent d'écrire le tenseur de complaisance sous la forme suivante :
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
16
−−
−−
−−
=
GGGEEE
GGGEEE
GGGEEE
GGGEEE
GGGEEE
GGGEEE
S
1213
13,12
23
23,12
3
3,12
2
2,12
1
1,12
12
12,13
1323
23,13
3
3,13
2
2,13
1
1,13
12
12,23
13
13,23
233
3,23
2
2,23
1
1,23
12
12,3
13
13,3
23
23,3
32
23
1
13
12
12,2
13
13,2
23
23,2
3
32
21
12
12
12,1
13
13,1
23
23,1
3
31
2
21
1
1
1
1
1
1
1
ηηηηη
ηηηηη
ηηηηη
ηηηνν
ηηηνν
ηηηνν
(I.24)
Du fait de la symétrie du tenseur S, (Sijkl = Sklij ), on a les relations suivantes :
EE j
ji
i
ij νν = (I.25)
=
=
GG
EG
ij
ijkl
kl
klij
i
ijk
jk
jki
ηη
ηη
,,
,,
(I.26)
Ainsi, pour définir complètement un matériau dans le cas le plus général d'anisotropie,
il faut trois modules d'Young, trois modules de cisaillement, trois coefficients de poisson,
trois coefficients de CHENTSOV et neuf coefficients de LEKHNITSKII.
Cependant, si le solide admet des plans de symétrie géométrique et mécanique, le
nombre des coefficients élastiques indépendants peut être réduit.
IV.1.3 Loi de Hooke généralisée (matériau orthotrope)
Définition : Un matériau est dit orthotrope, s'il a deux plans de symétries de
comportement mécanique, il y a donc trois axes d'orthotropies, d'où :
0
0
131233232223112323122313
331233132212221311121113
======
======
SSSSSS
SSSSSSet (I.27)
Donc l'existence de deux plans de symétrie annule douze constantes élastiques.
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
17
Dans ce cas on a neuf constantes élastiques indépendantes dans la matrice des
complaisances d’un matériau spécialement orthotrope pour un état de contrainte
tridimensionnelle (I.28).
−−
−−
−−
=
τττσσσ
νν
νν
νν
γγγεεε
12
13
23
33
22
11
12
13
23
32
23
1
13
3
32
21
12
3
31
2
21
1
12
13
23
33
22
11
100000
01
0000
001
000
0001
000
0001
1
G
G
G
EEE
EEE
EEE
(I.28)
IV.1.4 Les équations d’équilibres
Les équations d’équilibre sont données par les relations suivantes :
0j
i ji
X
Xσ∂
+ =∂
[3 équations différentielles scalaires] (I.29)
Les iX sont les composants des force volumiques.
IV.1.5 Les équations géométriques
Les équations géométriques s’écrivent sous la forme :
+=
∂∂
∂∂
xU
xU
i
j
j
iij 2
1ε [6 équations différentielles scalaires] (I.30)
Remarque :
La résolution de ces 15 équations précédentes nous permettent de connaître les 15
inconnus du problème à savoir les6 i jσ , les i j6 ε et les i3U .
La résolution de ces équations est difficile en générale. Pour cela nous allons
rechercher des simplifications ou des approches simplifiées qui permettent de trouver plus
simplement des solutions à ces équations, on va considérer un système bidimensionnel
(plane).
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
18
V- Elasticité bidimensionnelle
V.1 Système d’équations en deux dimensions
On considère que le solide dans le plan (0, x1, x2), dans ce cas, tous les inconnus qui
dépendent de (x3) sont négligeables, alors les 15 relations précédentes se réduisent à 8
équations à résoudre.
V.1.1 Loi de HOOKE
1. Milieu isotrope
1( )ij ij ij ijtrace
E E
ν νε σ σ δ+= − [3 équations] (I.31)
Avec : i, j=1 ,2
2. Milieu anisotrope
La loi de Hooke dans un milieu anisotrope s'écrite sous la forme suivante :
σασασαγσασασαεσασασαε
12662226111612
12262222111222
12162212111111
++=++=++=
(I.32)
Où
=;.
.
PDen
PCen
CS
ij
ijijα (I.33)
Avec : .6,2,1,;33
33 =−= jiSSS
SCji
ijij (I.34)
3. Milieu orthotrope
Un état de contraintes planes nous ramène à deux dimensions et suppose que les
contraintes σ3, τ23, τ13 soient nulles, ce qui implique que γ23, γ13 soient nulles aussi et que
ε3=S13σ3+ S23σ2. Il est désormais plus simple d’exprimer les équations constitutives d’un
matériau orthotrope dans un état de contraintes planes par une matrice des complaisances plus
compacte.
CHAPITRE I DESA "M.S.C.P"
19
−
−
=
τσσν
ν
γεε
12
22
11
12
21
21
2
12
1
12
22
11
100
01
01
G
EE
EE (I.35)
Il y a donc quatre constantes élastiques indépendantes que sont les deux modules
d’Young E1 , E2 , le module de cisaillement G12 et le coefficient de Poisson ν12 . L’autre
coefficient de poisson ν21 est obtenu par les propriétés de symétrie de la matrice des rigidités
par rapport à sa diagonale.
νν 21
2
12
1 EE = (I.36)
V.1.2 Les équations d’équilibres
0j
i ji
X
Xσ∂
+ =∂
[2 équations] (I.37)
Avec : i, j= (1 ,2)
Les Xi sont les composants des force volumiques.
V.1.3 Les équations géométriques
Les équations géométriques s’écrivent sous la forme :
+=
∂∂
∂∂
xU
xU
i
j
j
iij 2
1ε [3 équations différentielles scalaires] (I.38)
Avec i, j = (1,2)
Conclusion
Dans ce premier chapitre on a essayé de donner une idée générale sur l'élasticité, sa
définition, ses coefficients, et ses équations dans les cas des matériaux isotropes, anisotropes
et orthotropes.
Dans le chapitre qui suit on verra l'application des équations de l'élasticité et
l'utilisation de ses coefficients dans la mécanique de la rupture, en donnant un aperçu général
sur cette dernière.