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2009 – 10 e édition La Lettre du Musicien – 14 rue Violet, 75015 Paris – Téléphone : 01 56 77 04 00 – Fax : 01 56 77 04 09 – www.la-lettre-du-musicien.com

2009 – 10 édition - La Lettre du musicien...2009 – 10e édition La Lettre du Musicien – 14 rue Violet, 75015 Paris – Téléphone: 0156770400 – Fax: 0156770409 – La Lettre

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  • 2009 – 10e édition

    La Lettre du Musicien – 14 rue Violet, 75015 Paris – Téléphone : 01 56 77 04 00 – Fax : 01 56 77 04 09 – www.la-lettre-du-musicien.com

  • La Lettre du Musicien remercie chaleureusement ses partenaires :Mécénat Musical Société Générale, musique nouvelle en liberté, Sacem, France Musique, Musicora,

    Fonds pour la création musicale, Chambre syndicale des éditeurs de musique en France, resmusica.com

    II

    Le Grand Prix Lycéendes CompositeursCréé en 2000 par La Lettre du Musicien,il consiste à faire écouter et analyser à des élèvesde lycées ayant une option musique des œuvresde compositeurs d’aujourd’hui – nés après 1953,de nationalité française ou résidant officiellementen France – publiées et commercialisées sur CDentre septembre 2007 et septembre 2008(enregistrements monographiques uniquement).Ces œuvres ont été retenuespar un comité de sélection composé d’interprètes et de critiques musicaux.A la suite du travail effectué avec leur professeur de musique, les élèves choisissent leur “lauréat”et nous adressent leurs commentairessur chaque œuvre. A cette dixième édition ont participé 88 lycées, soit près de 200 classes, ce qui représente environ 4 500 élèves.

    Deux compositeurs sont arrivés ex aequo* cette année. Aussi, notre partenaire musique nouvelle en liberté qui attribue le prix a-t-il décidé, à l’occasion du 10e anniversaire du Grand Prix Lycéen des Compositeurs, de remettre à chacun des lauréats un prix de 3500 euros assorti d’une commande de 2500 euros.

    *Les résultats du vote ont été contrôlés et validés par Me Pincemin, huissier de justice à Paris.

    Comité de sélectionVincent Barthe, chef d’orchestreWilhem Latchoumia,pianisteet les collaborateurs de La Lettre du Musicien :Jacques BonnaureStéphane FriédérichDavid SansonYutha TepLaurent Vilarem

    Les précédents lauréats2000 : Laurent Petitgirard2001 : Anthony Girard2002 : Thierry Escaich2003 : Marc Monnet2004 : Jean-Louis

    Florentz2005 : Nicolas Bacri2006 : Guillaume

    Connesson2007 : Martin Matalon2008 : Pascal Zavaro

    Le Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2009a été remis à Sophie Lacaze et Richard Dubugnon le jeudi 2 avril à 12 heures, à la maison de Radio France, à l’issue d’un débat réunissant les compositeurs,les élèves et leurs professeurs.

  • La Lettre du Musicien remercie les éditeurs de disquesAccord, Harmonia Mundi, Naïve, Radio France/Densité 21, Sismal Records, Solal

    Richard Dubugnonpour

    Arcanes symphoniquesDisque : Accord | Partition : Leduc

    qui ont reçu chacun de musique nouvelle en liberté un prix de 3500 euroset une commande de 2500 euros.

    Le Grand Prix Lycéendes Compositeurs 2009

    est attribué à

    Le choix des professeurs s’est porté sur

    Thierry Pécou pour L’Oiseau innumérableDisque : Harmonia Mundi| Partition : Editions musicales européennes

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    Sophie Lacazepour

    Les Quatre ElémentsDisque : Solal | Partition : Editions Svitzer

  • IV

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    La sélection 2009 semble caractéristique dela situation de la musique contemporaine“d’aujourd’hui”, qui est construite… enarchipel. Pendant longtemps, la musique afonctionné selon un mode dynamique, avecune avant-garde, une arrière-garde et deszones indéterminées et indépendantes. Onpouvait dire que Pierre Boulez était plus“avancé” qu’Henri Dutilleux, lui-mêmeplus avancé que… mettons Tony Aubin.Tout était clair : les différentes époquesétaient reliées par un fil d’Ariane qui auto-risait le jugement “par rapport à…”

    Aujourd’hui, ce fil est rompu, comme dansle Prologue du Crépuscule des dieux, cettecorde du destin tressée par les Nornes quis’écrient par trois fois : «Es riss», (ellerompt!). De l’ancienne manière de voir, ilne reste donc presque plus rien, et ce n’estpas plus mal. Comment situerait-on, dansla cartographie d’hier, les positions rela-tives de Sophie Lacaze, de Richard Dubu-gnon et de Thierry Pécou qui a remporté lesuffrage des professeurs?Chaque compositeur, chaque œuvremême est devenue un îlot, une sorte demonade à prendre comme telle et qu’ilserait vain de comparer aux autres, surtoutpour lui appliquer une évaluation “esthé-tique” par rapport à un absolu, et encoremoins “morale”, c’est-à-dire en fonctionde critères fondés sur le progressisme sup-posé des œuvres.

    Les Quatre Eléments de Sophie Lacaze(née en 1962) sont dédiés à Pierre-YvesArtaud. Les quatre parties figurent respec-tivement la Terre, l’Eau, le Feu et l’Air.Dans le Feu, les petites percussions impo-sent un rythme complexe relayé par la flûtedont les interventions procèdent par uneamplification du volume et des courbes

    mélodiques, sur un fond de voix enfantines.Dans l’Air, un souffle de flûte se superposeà des interventions de nature diverse desvoix enfantines. Dans une deuxième partie,des bruits insolites se font entendre,comme des cris d’oiseaux dans la forêtamazonienne, et créent une atmosphèreétrange. La flûte n’intervient ici qu’enpetites touches. On peut considérer LesQuatre Eléments comme une œuvre péda-gogique, mais l’originalité du projet, le trai-tement instrumental et la personnalité dustyle n’ont rien d’enfantin. Dans cette

    “musica practica” où le propos pédagogi-que est aussi important que l’inventionesthétique (il existe d’illustres précédents,voyez la Klavierübungde Bach!), les enfantsparticipent, créent par leurs interventionsun brouillard sonore aux contours relative-ment indéterminés, tandis que la flûte déve-loppe un discours d’une grande virtuosité.Mais il s’agit aussi d’une musique figurative.Il n’est pas difficile, à l’audition, de repérerles correspondances entre ce que l’onentend et le titre de la pièce. Le feu claqueet crépite. L’air est plus fluide et léger.

    Les Arcanes symphoniques prolon-gent avec beaucoup de science et de per-sonnalité la technique orchestrale deRavel et de Dutilleux. Richard Dubugnon(né en 1968) est un orchestrateur raffinéet précis qui sait imaginer des alliagesprécieux. Arcanes symphoniques est unepartition idéale pour les orchestres sou-cieux de renouveler leur répertoire et dedonner à leurs instrumentistes des partiesmotivantes sans abandonner en route lepublic non spécialiste. Chacune des 21pièces composant cette suite correspondà un arcane du tarot de Marseille. L’étudeportait ici sur les pièces X et XI.

    La pièce X (“La Roue de fortune”) sefonde sur un mouvement ternaire ainsique sur trois modes: deux modes pentato-niques en miroir composant un modedécaphonique (10 sons) correspondantaux trois personnages de l’arcane : lesphinx, le monstre à tête de chien, le singeà figure humaine. La structure est simpleet séquentielle: ABCABC.La pièce XI (“La Force”) évoque l’imaged’une femme coiffée du signe de l’infini(∞) tenant ouverte sans effort la gueuled’un lion. La pièce fait entendre deuxthèmes: l’un, brutal, représente le rugisse-ment du lion (on y entend un instrument àpercussion spécial, utilisé notamment parVarèse: le tambour à cordes ou lion’s roar);l’autre, qui représente l’infini, “apprivoise”et “dompte” le thème rugissant.

    Une expérience unique?Ainsi, le double choix des lycéens reflète-t-il non seulement leur curiosité d’esprit(et d’oreille), mais aussi cette ouverturede la musique contemporaine.Mais, et c’est le plus important, le pointcommun de ces musiques en archipel est dese distinguer radicalement des musiques de“variété internationale”, terme commer-cialement consacré, dont les lycéens sontabreuvés à longueur de journée (et dont ilss’abreuvent, reconnaissons-le, avec délec-tation!), “variété” tellement monotone, leplus souvent fondée sur une pulsationbinaire entourée d’effets “spéciaux”. On ne peut prédire ce que sera pour leslycéens le souvenir de cette expérience.Parvenus à l’âge adulte, se rappelleront-ilsRichard Dubugnon et Sophie Lacaze ?Mais, une fois au moins dans leur scola-rité, ils auront entendu autre chose que lamusique “unique”. Jacques Bonnaure

    Retrouvez le calendrier des compositeursdu Grand Prix dans La Lettre du Musicien,à la rubrique Alla Breve.

    Deux lauréats pour un anniversaireLE CHOIX DES LYCÉENS 2009. En cette année qui marque les dix ans de notre Grand Prix Lycéendes Compositeurs, les lycéens jurés ont primé deux compositeurs aussi différents que possible. En toute sérénité et, surtout, sans chercher à les comparer en fonction de normes préétablies.

    Chaque œuvre est devenue un îlot, une monade à prendrecomme telle et qu’il serait vain de comparer aux autres.

  • V

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    Comment le projet des “Quatre Eléments” est-il né?Depuis quinze ans, chaque année scolaire, je réalise un projetavec des écoles primaires. Il s’agit d’aborder la musique d’au-jourd’hui avec des enfants, sachant qu’ils n’ont aucune formationmusicale. Pour cette raison, on peut faire avec eux bien deschoses, plus même qu’avec des élèves qui posséderaient déjàquelques éléments. Un enfant dépourvu de la moindre cultureentretient avec le travail du son un rapport naïf et ne se pose pasde questions. Il peut faire preuve d’audace dans le domaine dutimbre. Avec cela, il ne manque pas d’enthousiasme. Dans le casdes Quatre Eléments, le projet s’étendait sur une année scolaire,en collaboration avec des écoles de petites communes des Hau-tes-Pyrénées. Il associait donc les enfants de ces écoles et le flû-tiste Pierre-Yves Artaud, qui est curieux de telles expériences.

    N’y a-t-il pas quelque difficulté à faire coexister ainsi un grandsoliste au sommet de ses moyens techniques et des enfants totale-ment vierges de toute expérience?Cela se passe très bien. A partir du thème donné, les quatre élé-ments, choisi parce que l’école travaillait sur le développementdurable et l’environnement, les enfants vont inventer des sons quileur paraissent convenir (des sons d’air, de terre…). Ils vont meles proposer, je vais sélectionner ces sons, et à partir de là inven-ter la partie de flûte. Pierre-Yves Artaud souhaitait un concerto.C’en est un. Sauf qu’ici, l’orchestre n’est pas un ensemble instru-mental, mais une masse de voix d’enfants, lesquels utilisent ausside petites percussions.

    Mais quelle est la relation entre la partie de flûte et le chœur?Les deux sont de même nature. Le type de sonorité du chœurse retrouve dans la partie de flûte, qui est évidemment d’unegrande difficulté. Par exemple, dans l’Air, le flûtiste débute parde longs souffles tandis que les enfants soufflent dans des bou-teilles. Il s’instaure une sorte de musique en forme de répons.

    Quel est l’intérêt pédagogique de ce travail ?Pour les enfants, il est capital d’approcher le son sous diversesformes et de leur faire travailler diverses modalités de la voix :le parlé, le chanté, le scandé, les variations de timbre.En plus, le fait de se produire en public (Les Quatre Elémentsont été donnés au Parvis de Tarbes, devant 800 personnes) et departiciper à un enregistrement est extrêmement valorisant poureux. C’est une expérience qui les aura marqués, comme elleavait déjà marqué les participants aux projets antérieurs.

    Cette démarche est originale. Mais votre formation a été assez atypique, par rapport à la plupart de vos collègues compositeurs…Il est vrai qu’après des études de piano dans mon enfance, je mesuis consacrée à des études scientifiques qui m’ont amenée àdevenir ingénieur en informatique. J’avais ma propre entreprise,mais j’ai décidé de devenir compositrice. J’ai alors fait mes étu-des d’écriture à l’Ecole normale de musique, où le problème dela limite d’âge du CNSMD ne se posait pas.Curieusement, ma formation en informatique m’a ôté tout com-plexe à l’égard de l’informatique musicale, si importante pourbien des compositeurs de ma génération. Pour moi, l’informa-

    tique est dépourvue de toute magie. Ainsi, s’il m’est arrivé d’utili-ser des sons acousmatiques dans mes œuvres, comme dans Arché-logos I, II et III ou Vents du sud, je n’ai jamais utilisé l’informati-que musicale en vue de transformer le son en temps réel.

    Une part de votre travail de composition se rapporte aux Aborigènes…J’ai vécu deux ans en Australie, où je me suis intéressée à la cultureet à la musique des Aborigènes. Quelque chose en est passé dansma musique: par exemple, l’utilisation de rythmes simples quistructurent facilement la perception de la musique (dans lamusique d’aujourd’hui, le rythme est parfois d’une telle com-plexité qu’il se dissout lui-même à l’audition…). Une œuvrecomme And then there was the sun in the sky, utilise un didgeri-doo, avec une flûte solo et un orchestre de flûtes. Enfin, je pré-pare une version révisée d’un opéra de chambre créé en 2004,Dreaming, fondé sur la légende aborigène de la création dusoleil, qui sera donné dans le cadre de la saison des Musiquesinventives d’Annecy en novembre prochain.

    Vous êtes maintenant basée à Annecy. Parlez-nous un peu du CPMA,que vous dirigez depuis 2007.Le Centre de pratique musicale d’Annecy est une école associa-tive qui existe depuis vingt-cinq ans. Avec 55 professeurs et 900élèves, elle atteint les dimensions d’un conservatoire. Elle n’im-pose aucune limite d’âge et la progression par cycles n’existe pas,c’est-à-dire que les professeurs s’adaptent au niveau des élèvesqu’ils reçoivent pour les faire progresser. Notre plus jeune élèveen éveil musical est âgé de 6 mois. Le membre le plus âgé duchœur de 90 ans. Le CPMA organise aussi de nombreux concertsqui participent à la vie culturelle de la ville.Nous menons actuellement un projet d’écriture pour un livretd’opéra avec une classe de 5e. Ce livret, qui se base sur le récit desvoyages de Marco Polo, sera élaboré par les enfants. J’écriraimoi-même la musique. La réalisation théâtrale sera assurée parle comédien Alain Carré, qui a déjà monté des spectacles musi-caux, notamment avec le pianiste François-René Duchable, etqui mettra également en scène la reprise de Dreaming.

    Dans le petit monde de la musique contemporaine, comment voussituez-vous?Je suis un électron libre…

    Propos recueillis par Jacques Bonnaure

    Rencontre avec Sophie Lacaze

    Sophie Lacaze (Lourdes, 1963) a étudié la musique au Conservatoire de Toulouse, puis à l’Ecole normale de musique de Paris, avant de suivre les cours de Franco Donatoni et EnnioMorricone en Italie. En France, elle travaille avec Antoine Tisné, Allain Gaussin, Philippe Manoury, suit les cours de Pierre Boulez au Collège de France… En dehors de toute école et de tout courant musical, Sophie Lacazes’est forgé une esthétique propre et originale qui tient compte des recherches actuelles sur le timbre tout en cherchant à redonner à la musique ses vocations premières – comme le rituel, l’incantation,la danse – et privilégie un lien fort avec la nature.Elle est publiée par les Editions Svitzer, Alphonse Leduc et Delatour.

  • Un journaliste vous a qualifié de « fils de Ravel et de Prokofiev».Confirmez-vous cette filiation?Oui. Pourquoi pas ? On a fait des progrès en manipulationgénétique! Dès le début du 20e siècle, plusieurs pistes nouvel-les se sont dessinées dans la musique européenne, les grandscentres étant la France, l’Autriche et la Russie. Plus tard, aprèsla Seconde Guerre, tout ce qui se situait dans le droit fil dusérialisme viennois a été imposé comme seule voie légitime dela modernité et l’on a négligé certains éléments esthétiquesissus des autres traditions: la pensée harmonique, mélodique,et plus généralement tout ce qui pouvait relever du lyrisme oude la narration. Comme d’autres compositeurs de ma généra-tion, j’ai souhaité renouer avec ces traditions, ce qui m’a faitparfois mal considérer par certains. A Paris surtout où règneencore en partie une conception “officielle” de la musiquecontemporaine, somme toute très académique. En région ou àl’étranger, ma musique ne pose aucun problème. Je pense qu’iln’y a aucune honte à assumer ses influences. Personne n’ajamais créé à partir de rien.

    Vous avez consacré un important cycle symphonique et concertant aux arcanes majeurs du tarot de Marseille. Vous êtes intéressé par l’ésotérisme?Ma mère tirait les cartes du tarot. J’ai donc été familiarisé trèsjeune avec les figures de ce jeu, et j’ai pensé que les caractères,les symboles qui le composent, leur numérotation avaient desrésonances musicales, ou du moins susceptibles d’être traduitesen musique. Tous ces éléments sont des supports à l’imaginationmusicale. Par exemple, dans “La Roue de fortune” (arcane X),deux gammes pentatoniques en miroir, dont chacune représenteune figure animale liée à cette carte, composent une série de dixsons. “La Force” (arcane XI) évoque un lion dompté. Symboli-quement, c’est une référence à la domination des forces instinc-tives par l’esprit. La pièce est de caractère narratif. Vers la fin dela pièce, la musique figure l’apaisement. Les couleurs des cartesm’ont également inspiré des alliages de timbres instrumentaux,pas à la façon de Messiaen qui voyait les sons en couleur, maissimplement parce que je trouve que ces alliages représententbien telle ou telle couleur, comme des thèmes-instruments.Le cycle utilise plusieurs thèmes-symboles, de nature mélodiqueou harmonique, qui réapparaissent dans différentes pièces etservent en quelque sorte de leitmotive.

    Pourquoi seulement dix-huit pièces, alors que le tarot comportevingt-deux arcanes majeurs?Les quatre arcanes restants constituent Arcanes concertants.Il s’agit en fait d’un concerto pour orgue, cordes et percussionen quatre mouvements, commande de l’Orchestre Poitou-Charentes, dédié à l’organiste Jacques Taddei.

    “Arcanes symphoniques” est un cycle important, qui dure environ une heure et quart. Doit-il être joué en entier?Non. C’est le principe même du tirage des cartes. On peut entirer une seule, ou plusieurs. Le cycle n’a jamais été donné enentier et ce n’est pas dans l’esprit de l’œuvre. J’ai composé lespremières pièces sur une commande de Radio France pour

    VI

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    l’émission de France Musique “Alla breve”. La brièveté requisepar la commande (une pièce de deux ou trois minutes) m’aincité à mettre en œuvre ce projet sur le tarot que je portaisdepuis un certain temps. Par la suite, les pièces, qui durent dedeux minutes et demi à sept minutes et demi, se sont échelon-nées dans le temps, de 2001 à 2007, commandées par Musiquenouvelle en liberté ou par l’Orchestre national de Montpellier,et créées par divers orchestres en divers lieux.

    A ce jour, ces pièces ont-elles été souvent jouées?Relativement souvent, en effet. Le CD a été réalisé par l’Or-chestre national de Montpellier-Languedoc-Roussillon, avectrois chefs différents, lors de ma résidence auprès de cetorchestre. Elles ont été programmées par l’Orchestre nationalde France, par de grands orchestres américains comme le NewYork Philharmonic. Stéphane Denève en donne une sélectionce mois-ci avec le Royal Scottish National Orchestra.La réception a toujours été favorable, de la part du public commedes musiciens et des chefs. Il faut dire que je m’attache à compo-ser une musique lisible quoique savante, transparente, avec desintentions musicales claires, mais sans démagogie. Pour les musi-ciens, étant moi-même contrebassiste et jouant encore à l’occa-sion dans certaines formations, j’ai eu à cœur de composer unemusique qui puisse mettre en valeur chaque instrument.

    Au cours de la préparation du Grand Prix 2009, vous avez rencontrédes lycéens. Quelle impression avez-vous gardée de ce contact?J’ai visité quatre lycées du Nord-Pas-de-Calais, à Grande-Synthe,Calais, Arras, Lille, ainsi que le lycée français de Londres. Cen’était pas la première fois que je rencontrais des jeunes, ayantdéjà enseigné et participé à de telles opérations lors de ma rési-dence montpelliéraine. Les élèves et leurs professeurs sont tou-jours enthousiastes de rencontrer un compositeur vivant (c’est eneffet un personnage un peu mythique que l’on conjugue surtoutau passé !). Ils ont donc beaucoup de questions à poser, ne serait-ce que sur les conditions matérielles de notre existence.Pour ce qui est de la musique, je pense que la relation des élèvesavec ces musiques, nouvelles pour eux, dépend beaucoup du pro-fesseur qui joue vraiment un rôle de passeur.

    Propos recueillis par Jacques Bonnaure

    Rencontre avec Richard Dubugnon

    Richard Dubugnon (Lausanne, 1968) débute l’étude de la contrebasse et de l’écriture à l’âge de 20 ans. Il est reçu au Conservatoire de Paris où il obtient ses prix d’écriture et de contrebasse. Il poursuit ses études à l’Académie royale de musique de Londres, où il vit et enseigne pendant sept ans. Passionné de musique vocale, il a déjà écrit un opéra de chambre,quatre cycles de mélodies et une cantate pour chœur d’hommes et baryton. Sa musique combine des harmonies raffinéesavec un contrepoint complexe ainsi qu’un sens original de la forme.Son amour pour la voix, l’opéra, la musique de film et le funk donne à samusique un grand lyrisme, une direction narrative et un sens poussédu rythme et des nuances. Sa musique montre aussi un grand sens dela couleur et a été souvent louée pour la qualité de son orchestration.Il est publié par les éditions Alphonse Leduc.

  • VII

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    A regarder les choses superficiellement, L’Oiseau innumérablese donne pour une œuvre de musique “classique”, un concertopour piano. Il est dédié à un grand pianiste, Alexandre Tha-raud, connu pour ses interprétations de Bach, de Rameau, deRavel, et interprété par l’Ensemble orchestral de Paris dont lamission première n’est pas la diffusion de la musique contem-poraine. Enfin, l’enregistrement est publié par un “major” dudisque classique, Harmonia Mundi.Le compositeur s’inscrit d’ailleurs très clairement dans cettefiliation en précisant : «Lorsqu’est né le projet de composer unconcerto pour piano et orchestre, ma première pensée a été:Mozart plutôt que Brahms, Ravel plutôt que Rachmaninov.Car j’imaginais spontanément une écriture du piano à la foislimpide et légère, avec, dans chaque main, pas plus d’une noteà la fois, et un orchestre rebondissant, transparent et aéré. Unpiano glissant ou se heurtant aux textures de l’orchestre, lissesparfois ou rugueuses en d’autres moments.»Le premier mouvement, plein d’une fluidité toute mozartienne,répond au traditionnel principe de l’unité dans la diversité. L’or-ganisation même en est très claire, et chaque épisode aisémentidentifiable, même à la première audition. L’orchestre, acéré etmordant, ne pèse jamais. Le piano semble parfois improviser,à moins qu’il ne se lance dans des périodes répétitives qui don-nent à son discours un dynamisme incantatoire.Le deuxième mouvement, deux fois plus court, est dominé parune pulsation entêtante, un martèlement inexorable du piano,

    agressif et percussif (on songe à certaines pages de Prokofiev,de Bartok ou de Jolivet). Le compositeur a pensé à la phrase dupoète martiniquais Edouard Glissant qui donne son titre àl’œuvre : « La pensée du tremblement éclate partout elles’étend infiniment comme un oiseau innumérable, les ailessemées du sel noir de la terre.» Le mouvement suivant, aussidiscret, lent et mystérieux que le précédent était dynamique etbrutal, fait entendre une mystérieuse musique nocturne. Réso-nances de percussions, interventions minimalistes de l’or-chestre, brévissimes interventions du piano, cris d’oiseaux noc-turnes, craquements secs, cette étude sur les durées peuts’entendre aussi comme un chant de la nuit. Le finale, le plusbref des quatre mouvements, revient à la pulsation farouche,tout en intégrant certains éléments de discours des trois mou-vements précédents. La conclusion ne manque pas de brio.A l’époque où L’Oiseau innumérable fut créé, Edouard Glissantcréait l’Institut du Tout-Monde, destiné à développer une culturemondiale sur laquelle puissent s’articuler les cultures singulières.Refusant d’opposer la culture-monde à la créolitude, conceptqu’il avait développé dans sa jeunesse, il imaginait une culture syn-crétique où le singulier et l’universel ne soient pas en conflit. C’estce que nous entendons dans L’Oiseau innumérable, comme dansd’autres œuvres antérieures de Thierry Pécou. Les référencesclassiques (forme, structure, écriture concertante, ancrage dansune tradition) vont de pair avec une évocation (dépourvue d’exo-tisme) de «tout un monde lointain». Jacques Bonnaure

    Le choix des professeurs

    Thierry Pécou“L’Oiseau innumérable” a remporté les suffrages des professeurs. Comme le dit l’un d’entre eux, il se caractérise par « une grande clarté sonore où les problèmes de langage semblent totalementdépassés, assimilés, assumés sans tabous ni contraintes ».

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    Le 11e Grand Prix Lycéen des Compositeurssera remis au printemps 2010.

    Les conditions de participation seront publiées

    dans un prochain numéro de La Lettre du Musicien.

    Les lycées qui souhaitent participer peuvent dès à présent s’inscrire par courrier :

    GPL – La Lettre du Musicien, 14 rue Violet, F-75015 Paris

    ou par courriel : [email protected]

  • Franck BedrossianCharlestonpour 15 musiciens (composé en 2003)L’Itinéraire, dir. Mark Foster(CD Sismal Records SR003 – Partition disponible chez Billaudot)Plage 1, de 8’ à la fin (5’43”)

    Le titre de cette pièce pour quinze instruments, créée en 2005et révisée en 2007, fait référence au jazz auquel elle emprunteses chorus ravageurs. Pour le compositeur, le projet de cetteœuvre est de donner une fonction dramatique à des élémentsmusicaux qui, dans cet univers sonore singulier et inouï, fontfigure d’objets trouvés. L’un des principaux personnages serévèle être un solo de trombone (élément fondamental dansles compositions de jazz) qui sera présenté de différentesmanières, dans une relation renouvelée avec un environne-ment foisonnant et toujours surprenant.Dans la partie étudiée (de 8’ à la fin), les autres “objets trouvés”,qui avaient été présentés au début de l’œuvre dans leur intégra-lité, sont progressivement transformés par la masse sonorejusqu’à la déflagration finale.

    Franck Bedrossian (Paris, 1971) suit le cursus du CNR de Paris (étudesd’écriture, d’orchestration et d’analyse), puis il étudie la compositionauprès d’Allain Gaussin et entre au CNSMD de Paris (classes de GérardGrisey et de Marco Stroppa) où il obtient un premier prix d’analyse et le diplôme de formation supérieure de composition à l’unanimité. En 2002-2003, il suit le cursus de composition et d’informatiquemusicale de l’Ircam et reçoit l’enseignement de Philippe Leroux, Brian Ferneyhough, Tristan Murail et Philippe Manoury. Parallèlement, il complète sa formation auprès de Helmut Lachenmann (centreAcanthes 1999, Internationale Ensemble Modern Akademie 2004).Ses œuvres ont été jouées en France et à l’étranger par la plupart desgrands ensembles dévolus à la musique d’aujourd’hui. Il a étépensionnaire à la villa Médicis d’avril 2006 à avril 2008 et enseigne lacomposition à l’université de Californie (Berkeley) depuis septembre 2008.Il est publié par les Editions Billaudot.

    Marc-André DalbavieConcertate il suonopour orchestre spatialiséOrchestre philharmonique de Radio France, dir. Pascal Rophé(CD Densité 21, DE 007 – Partition disponible chez Billaudot)Plage 1, de 19’ à la fin (7’26”)

    «Ricominciate il suono» (recommencez à jouer), ordonne DonGiovanni à ses musiciens au milieu du bal qui doit le confondre.Le titre de l’œuvre vient de cette citation mozartienne, mais il s’agitici de «concerter», en l’occurrence de faire jouer l’orchestre deconcert avec ses propres sons spatialisés. L’œuvre s’inscrit dans lalointaine descendance du concerto grosso baroque, où un ensem-ble central (ripieno) dialoguait avec un concertino (petit ensem-ble). Ici, quatre concertini (trois bois, un clavier ou une harpe, etquatre cordes) sont répartis dans l’espace. Ils échangent avec l’en-semble central, le contaminent, les éléments du discours circulantde l’un à l’autre, et l’on finit par ressentir l’impression que le son sedéplace à travers l’espace (sans que soit utilisé aucun dispositifélectroacoustique). La pièce évolue progressivement vers unefusion des concertini et vers une homogénéisation de l’ensemble.On remarquera que cette œuvre, pourtant complexe, renoue avecles consonances et une pulsation aisément perceptible.Commande de l’Orchestre de Cleveland et de l’Orchestre deChicago. Création à Cleveland en 2000 par l’Orchestre de Cle-veland, dir. Pierre Boulez.

    Marc-André Dalbavie (Neuilly-sur-Seine, 1961) étudie auConservatoire de Paris, où il suit les cours de Marius Constant pourl’orchestration et de Pierre Boulez pour la direction d’orchestre. De1985 à 1990, il participe aux activités du département de recherchemusicale à l’Ircam, où il aborde la synthèse numérique et lacomposition assistée par ordinateur. Sa première œuvre réalisée àl’Ircam, Diadèmes, le fait connaître dans le monde entier, et cette pièceest régulièrement jouée lors des tournées de l’Ensembleintercontemporain. Il est professeur d’orchestration au Conservatoire deParis depuis 1996. A partir de 2001 et pour quatre saisons, il est enrésidence à l’Orchestre de Paris. Il est le compositeur à l’honneur dufestival Présences de Radio France en 2005. Issu de la musiquespectrale, le style de Marc-André Dalbavie a évolué vers l’exploration de

    VIII

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    La sélection du jury

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    la “couleur” sonore et harmonique, de l’espace et vers l’émergence« d’axes d’attraction de la résonance» qui pourraient s’apparenter à unesorte de redéploiement de la tonalité transformée par l’approcheacoustique. Il est aujourd’hui l’un des compositeurs les plus joués desa génération. Il a reçu les commandes des orchestres les plusprestigieux ainsi que d’institutions musicales importantes. Ses œuvressont données au Carnegie Hall de New York, au Suntory Hall de Tokyo,par les orchestres du Concertgebouw d’Amsterdam, de Cleveland, dePhiladelphie, par l’Orchestre philharmonique de Berlin, les orchestressymphoniques de Chicago, de Montréal, de la BBC, par l’Orchestre deParis… Il est publié par les Editions Billaudot.

    Richard DubugnonArcanes symphoniques, op.30 (composé entre 2001 et 2007)Orchestre national de Montpellier-Languedoc-Roussillon, dir. Friedemann Layer(CD Accord 480 1435 – Partition disponible chez Leduc)Plages 1 et 2 (5’48”)

    Dans cette suite symphonique, chacune des vingt et une piècescorrespond à un arcane du tarot de Marseille. La pièce X (“LaRoue de la fortune”, plage 1) se fonde sur un mouvement ter-naire ainsi que sur trois modes décaphoniques (10 sons) corres-pondant aux trois personnages de l’arcane: le Sphinx, le mons-tre à tête de chien, le singe à figure humaine. La structure estsimple et séquentielle : ABCABC. La pièce XI (“La Force”,plage 2) évoque l’image d’une femme coiffée du signe de l’in-fini (∞) tenant ouverte sans effort la gueule d’un lion. Lapièce fait entendre deux thèmes ; l’un, sauvage et menaçant,représente le lion (on y entend le “lion’s roar”, instrument quiimite le rugissement) ; l’autre, confié à des cordes solistes,représente la force spirituelle de la figure féminine qui finitpar “apprivoiser” et “dompter” le thème rugissant.Les Arcanes symphoniques sont une commande de RadioFrance, créés en 2001 par l’Orchestre national de France,dir. Laurent Petitgirard.

    Richard Dubugnon (Lausanne, 1968), après des études d’histoire, se consacre à la musique et débute l’étude de la contrebasse et de l’écriture à l’âge de 20 ans. Il est reçu au Conservatoire de Parisoù il obtient ses prix d’écriture et de contrebasse. Il poursuit sesétudes à la Royal Academy of Music de Londres, où il vit et enseignependant sept ans. De retour en France en 2003, il vient d’acheverun concerto de violon pour Janine Jansen (création à la salle Pleyel en décembre 2008, avec l’Orchestre de Paris, dir. Esa-Pekka Salonen).Ses œuvres ont été données dans de nombreux pays et son premierenregistrement de musique de chambre chez Naxos fut un succès dansla presse internationale. Passionné de musique vocale, il a déjà écritun opéra de chambre, quatre cycles de mélodies et une cantate pourchœur d’hommes et baryton.Il a été appelé « le fils de Ravel et Prokofiev» dans Le Figaro à causedu lien évident de ses œuvres avec celles des maîtres français, russeset d’Europe centrale. Sa musique combine des harmonies raffinéesavec un contrepoint complexe ainsi qu’un sens original de la forme.Son amour pour la voix, l’opéra, la musique de film et le funk donne àsa musique un grand lyrisme, une direction narrative et un sens poussédu rythme et des nuances. Sa musique montre aussi un grand sens dela couleur et a été souvent louée pour la qualité de son orchestration.Il poursuit ses activités de contrebassiste en tant que musicien de chambre et d’orchestre invité par des festivals internationaux.Il est publié par les Editions Alphonse Leduc.

    Sophie LacazeLes Quatre Elémentspour flûte, voix d’enfants et petites percussions (2005)Pierre-Yves Artaud, flûtes, élèves des écoles de Sarrouilles et Vic-en-Bigorredans les Hautes-Pyrénées(CD Solal 005 “Works With Flutes” – Partition à paraître aux Editions Svitzer)Plages 13 et 14 (7’05)

    L’œuvre est dédiée à Pierre-Yves Artaud. Les quatre partiessont consacrées respectivement à la Terre, à l’Eau, au Feu et àl’Air. Les deux dernières pièces, “Feu” et “Air” (plages 13 et14), sont très contrastées. Dans la première, les petites percus-sions imposent un rythme complexe relayé par la flûte dont lesinterventions procèdent par une amplification du volume et descourbes mélodiques, sur un fond de voix enfantines. Dans lasuivante, un souffle de flûte résonant dans la flûte se superposeà des interventions de nature diverse des voix enfantines. Dansune deuxième partie, d’étonnants bruits se font entendrecomme des cris d’oiseaux dans la forêt amazonienne, et créentune atmosphère étrange. La flûte n’intervient ici qu’en petitestouches. On peut considérer Les Quatre Eléments comme uneœuvre pédagogique, mais l’originalité du projet, le traitementinstrumental et le style personnel n’ont rien d’enfantin.Dans l’Air, première partie, la flûte qui joue en sons éoliens estaccompagnée par des enfants qui soufflent dans des bouteillesaccordées.

    Sophie Lacaze (Lourdes, 1963) a étudié la musique au Conservatoire deToulouse, en parallèle avec des études d’ingénieur. Elle est ensuite entréeà l’Ecole normale de musique de Paris où elle a notamment obtenu lediplôme de composition, puis a suivi les cours de Franco Donatoni etEnnio Morricone à l’Académie musicale Chigiana de Sienne (Italie). EnFrance, elle a aussi travaillé avec Antoine Tisné, Allain Gaussin, PhilippeManoury, suivi les cours de Pierre Boulez au Collège de France et abordéle théâtre musical avec Georges Aperghis au centre Acanthes. Aprèsavoir passé plusieurs années à l’étranger, notamment en Australie et enBelgique, Sophie Lacaze est revenue s’installer en France. Depuis 2007,elle assure la direction du Centre de pratique musicale d’Annecy.Lauréate de plusieurs concours internationaux de composition, ellecollabore maintenant avec de nombreux ensembles et solistes en Franceet à l’étranger. Elle développe aussi un partenariat avec des écolesprimaires pour initier les enfants à la musique d’aujourd’hui. En dehorsde toute école et de tout courant musical, Sophie Lacaze s’est forgé uneesthétique propre et originale qui tient compte des recherches actuellessur le timbre tout en cherchant à redonner à la musique ses vocationspremières – comme le rituel, l’incantation, la danse – et privilégie un lienfort avec la nature.C’est au cours de sonpremier voyage enAustralie, en 1996,qu’elle a découvert laculture des Aborigènes.Depuis lors, un retour àl’essence même de l’artmusical, à l’épurementfondamental, lui sembleessentiel. Elle estpubliée par les EditionsAlphonse Leduc,Delatour et Svitzer.

    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

  • Thierry PécouL’Oiseau innumérablepour piano et orchestre, commande de Musique nouvelle en libertéAlexandre Tharaud, piano, Ensemble orchestral de Paris, dir. Andreas Quinn(CD Harmonia Mundi HMC 901974 – Partition disponible chez EME)Plages 2 et 3 (9’)

    Créé en 2007 par les mêmes interprètes que ceux du CD, ceconcerto pour piano et orchestre procède d’une volonté de“revisiter” un genre ancien. D’emblée, le compositeur choisitses références: le grand poète martiniquais Edouard Glissant,tout d’abord, et, s’il faut parler de musique, Mozart plutôt queBrahms, Ravel plutôt que Rachmaninov, ce qui suppose «uneécriture limpide et légère, avec dans chaque main pas plusd’une note à la fois, et un orchestre rebondissant, transparentet aéré». L’Oiseau innumérable comprend cinq mouvements.En fait, seul le premier mouvement porte la marque d’un hom-mage au concerto mozartien; le deuxième est une sorte de bril-lante toccata très pulsée en forme de crescendo. Dans le troi-sième, au contraire, les sonorités étirées, parfois minimalistes,créent une atmosphère envoûtante et vaguement inquiétante.

    Thierry Pécou (Boulogne-Billancourt, 1965) suit un cursus classique de composition au Conservatoire de Paris (premiers prix d’orchestration et de composition en 1987 et 1988) et nourrit son inspiration au cours denombreux voyages (Canada, Japon, Chine, Russie, Espagne, Italie, Cuba,Mexique, Colombie, Equateur…). De sa fréquentation des musiques extra-européennes naissent des œuvres aussi personnelles que la Symphoniedu jaguar (2003) et Passeurs d’eau (2004) qui témoignent de son intérêtpour la musique amérindienne, ou encore Vague de pierre pour orchestre(2007) inspirée de la calligraphie chinoise. La musique de Thierry Pécouse fait ainsi mémoire des peuples, “rituel” (un terme cher au compositeur),par analogie avec la place qu’occupe la musique dans ces civilisations.En 1998, il fonde l’ensemble Zellig auquel s’associent occasionnellementla mezzo-soprano Sylvie Sullé, le pianiste Alexandre Tharaud, lehautboïste François Leleux… Avec cet ensemble, il parcourt un vasterépertoire, de Haydn à aujourd’hui. L’ensemble est naturellement l’écrinprivilégié des créations de Thierry Pécou: Outre-Mémoire (qui lui vaudrad’être nommé aux Victoires de la musique en 2005), Hop et rats, Nanoukl’esquimau, En duo avec Ravel, Une rose a circle of kisses…En 2008, à Nanterre, la création de son opéra Les Sacrifiées, sur untexte de Laurent Gaudé, a connu un grand retentissement. Il travaille à un nouvel opéra sur un livret d’Eugène Green, d’après La Mèrecoupable de Beaumarchais (création en 2010 à l’Opéra de Rouen).Il est publié par les Editions musicales européennes et Ricordi.

    Eric TanguyConcerto pour violoncelle et orchestre n°2Anne Gastinel, violoncelle, Orchestre national de France, dir. Alain Altinoglu(CD Naïve V 5078 – Partition disponible chez Salabert)Plage 2 (7’59”)

    Eric Tanguy était déjà l’auteur d’un premier concerto pour vio-loncelle composé en 1995 pour Marc Coppey, lorsque MstislavRostropovitch lui demanda de lui écrire un concerto. Une telleproposition ne se refuse pas. Ce concerto comprend quatremouvements dont le deuxième (“Passionné”, plage 2) est extrê-mement contrasté, avec de brusques éruptions orchestralesentrecoupées d’interventions anguleuses et pourtant lyriquesdu violoncelle. Comme dans toutes ses œuvres récentes, Tan-guy s’inscrit dans une tradition typiquement française, par leraffinement harmonique et orchestral et par la lisibilité, pour-tant très complexe, assurée par des notes et des accords-pivotsqui structurent le discours, mais aussi l’audition.Création aux Flâneries de Reims en 2001, par Mstislav Rostro-povitch et l’Orchestre national d’Ile-de-France, dirigé par Jac-ques Mercier.

    Eric Tanguy (Caen, 1968) jouit d’une grande notoriété, acquise au coursd’un parcours dont les jalons essentiels ont été, entre 1985 et 1988,l’enseignement d’Horatiu Radulescu puis, jusqu’en 1991, celui d’IvoMalec et de Gérard Grisey au Conservatoire de Paris, marqué par unpremier prix de composition. Mstislav Rostropovitch le tenait en grandeestime : en 2001, il a créé son 2e Concerto pour violoncelle aux Flâneriesmusicales de Reims puis l’a repris, en 2002, à Boston et au CarnegieHall de New York avec Seiji Ozawa et le Boston Symphony Orchestra. En 2004, son monodrame pour récitant et orchestre, Sénèque, dernierjour, a été créé à Paris par le comédien Michel Blanc et l’Orchestre de Bretagne. Il a été désigné comme “compositeur de l’année” aux Victoires de la musique classique en 2004 et 2008. En 2007,il a été le compositeur invité de la 25e édition du festival Aspects desmusiques d’aujourd’hui à Caen. Cette même année, Anne Gastinela créé, à nouveau aux Flâneries musicales de Reims, In Terra Paceen hommage à Mstislav Rostropovitch, avec l’Orchestre philharmoniquede Radio France dirigé par Michel Plasson.Marqué par d’importantes commandes et joué dans les plus grandsfestivals et institutions à travers le monde, le catalogue d’Eric Tanguycomprend soixante-dix œuvres (du solo et de la musique de chambrejusqu’aux concertos, aux pièces vocales et aux œuvres symphoniques)qui figurent aujourd’hui au répertoire des interprètes majeurs de notretemps.Il est publié aux Editions Salabert.

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    Daniel Berard, lycée Jean-Moulin, ForbachCe Grand Prix a été pour nous un indicateur de la maturitéd’auditeurs de nos élèves. Tous ont tenu à s’exprimer à l’écrit,parfois avec originalité, toujours avec sincérité. Leurs suffragesse sont portés en masse sur une œuvre à vocation – aussi –pédagogique. Souhaitons que compositeurs et instances officielles y soientsensibles et sachent y voir le besoin d’un répertoire plus étofféet renouvelé pour de futurs concerts… lycéens.

    Jean Bourrouillou, lycée Notre-Dame, ChartresJ’ai trouvé que la sélection était moins variée que les annéesprécédentes, mais les morceaux étaient plus faciles à écouter età analyser avec les élèves, qui ont déploré encore une fois lecôté sombre de la musique contemporaine.

    Maryline Rousseau, lycée Saint-Joseph, Château-ThierryCette année encore, les propositions ont été éclectiques, afinque chacun puisse trouver de quoi satisfaire sa curiosité et sesgoûts musicaux; mais aussi de permettre un aperçu des plus lar-ges des œuvres d’aujourd’hui.Il est toujours très surprenant de voir avec quelle rapidité etquelle sûreté les élèves arrêtent leurs choix. On pourrait alorspenser à des choix superficiels, peu réfléchis… mais à la lecturede leurs synthèses, on s’aperçoit très vite qu’il n’en est rien: cesmusiques les touchent bien au-delà de ce qu’ils laissent paraître.Oui, les jeunes d’aujourd’hui savent toujours écouter, perce-voir, ressentir, traduire leurs émotions.Merci au Grand Prix de leur donner l’occasion de s’exprimer,mais aussi de nous rassurer : nos jeunes ne sont pas encore tous“standardisés”! A nous, professeurs d’éducation musicale, depoursuivre cette “croisade” contre la standardisation.Longue vie au Grand Prix Lycéen des Compositeurs!

    Marie-Thérèse Corbat, lycée Georges-Cuvier, MontbéliardEncore une fois, merci à La Lettre du Musicien de nous permet-tre d’ouvrir un peu plus nos élèves à la musique d’aujourd’hui!Si leur choix est assez “classique” (et presque prévisible, à monsens), la sélection de cette année leur a tout de même plu par

    sa diversité. Cela a été prétexte à beaucoup d’échanges autourde musiques que la plupart d’entre eux découvraient au lycée.

    Norbert Maisse, lycée Honoré-d’Urfé, Saint-EtienneComme les années passées, les élèves ont bien joué le jeu del’écoute approfondie des six œuvres, n’en rejetant aucune aprèsleur découverte.

    Jean-Joël Duchesne, lycée Raymond-Queneau, YvetotLes élèves ont pris un vrai plaisir à préparer le Grand Prix. Lesdébats ont été parfois houleux et les confrontations n’ont pasmanqué d’intérêt. Plusieurs écoutes ont permis d’approfondirle jugement, de le remettre en cause, bref de développer le senscritique et surtout de susciter un intérêt certain envers la créa-tion contemporaine. Je suis un fervent défenseur du GPL, c’estdans le “PAS” (paysage audible et sonore) la seule fenêtre, leseul “pavillon” (pour poursuivre la métaphore) ouvert sur le21e siècle.

    Claire Barjol, lycée Montaigne, ParisDans l’ensemble, ils ont trouvé les œuvres difficiles d’accès parleurs dissonances (parfois même leur violence) et leur construc-tion. Ils ont aimé le travail sur les couleurs sonores, les effetsinattendus, les ambiances créées. Encore merci pour cette orga-nisation qui nous aide à aborder le répertoire contemporain.

    Jean-François Levraux, lycée Vauvenargues, Aix-en-ProvenceJe vous remercie de donner aux élèves cette chance d’entendredes musiques d’aujourd’hui dans un cadre qui le permet.

    Jacques Losse, lycée Arthur-Rimbaud, IstresIl est intéressant de remarquer que chacune des six œuvres estsortie première au moins deux fois !Merci pour cette initiation à la musique d’aujourd’hui!

    Paul-Marcel Nardi, lycée Maine-de-Biran, BergeracUne sélection plus équilibrée cette année, et uniquementconstituée de pièces aux moyens sonores traditionnels. La“compétition” a été plus serrée que les deux dernières années,et c’est très bien. L’expérience est toujours aussi intéressante etmène à une indispensable et salutaire réflexion sur la création,l’inspiration…

    Viviane Clasquin, lycée Claude-Gellée, EpinalDéroutés dans un premier temps par ces différentes écoutes,voire rebutés pour certains à l’idée d’écouter de la musiquecontemporaine, les élèves ont fini par se prendre au jeu del’écoute, de l’introspection, de l’analyse et de l’argumentationde leur choix. L’audition de musique contemporaine ne va doncpas de soi pour eux, mais l’expérience est pour tout le monde

    Paroles de professeursLa plupart des professeurs soulignent combien le Grand Prix Lycéen des Compositeurs offre auxjeunes l’occasion de faire évoluer leur écoute, d’acquérir une maturité d’auditeurs, de se constituer une culture musicale très ouverte, bref de ne pas être uniformisés. Comme le dit l’un d’entre eux : «A nous professeurs d’éducation musicale, de poursuivre cette croisade contre la standardisation ! »

    Cette année, mes élèves de terminale m’ont dit que c’était vraiment dur de choisir, car toutes les œuvres étaient bien.Les mêmes, lorsqu’ils étaient en seconde, me disaient que c’était dur de choisir parceque toutes les œuvres étaient affreuses !Bernadette Dubos, Bordeaux

  • Paroles de lycéensQuelques extraits représentatifs des nombreux et riches commentaires que nous ont adressésles lycéens qui jouent le jeu avec enthousiasme.

    Merci au Grand Prix Lycéen des Compositeurs qui nous permetde nous ouvrir au monde des sonorités insolites. Grâce à lui,nous voyageons dans l’univers contemporain avec une oreilleattentive et critique qui se renouvelle chaque année. Les choixsont difficiles car les pièces sont denses et toutes marquées pardes écritures particulières. Merci pour ces créations que nousgarderons en mémoire.Lycée Gabriel-Fauré, Annecy

    Je connais maintenant de nouveaux artistes ainsi que des stylesde musiques différents que souvent les jeunes n’écoutent pasd’eux-mêmes: ce concours m’a ouvert sur la musique classiquecontemporaine car je n’écoute habituellement pas ce genre demusique. Il m’a permis de mieux connaître les compositeurscontemporains et de mieux connaître leur musique qui m’étaitinconnue.Lycée français Charles-de-Gaulle, Londres

    Un Concours plaisant et magique.J’ai aimé participer à ce Grand Prix. Ce fut un grand plaisird’écouter des passages de compositions que je ne connaissais pas.J’aimerais bien que ce projet continue à exister. Intéressant,passionnant et enrichissant sont les adjectifs qui qualifient lemieux ce concours. Celui-ci m’aura marqué, il m’a apporté l’en-vie de poursuivre la musique, j’ai découvert de nouveaux stylesmusicaux. J’aimerais rencontrer ou simplement avoir uneréponse des artistes ayant participé à ce concours.Lycée Jean-Moulin, Forbach

    Un langage trop conventionnel ?Tous trouvent le Grand Prix très intéressant, car il permetde s’ouvrir à une musique qu’ils connaissent peu. Leslycéens qui y ont déjà participé regrettent que les composi-teurs choisis évoluent tous dans le même esprit, et que leurlangage musical ou leur choix d’instrumentation soientassez proches et finalement relativement conventionnels.Ils regrettent l’absence de musique d’un autre type(concrète ou électroacoustique…) et de musiques qui sur-prennent vraiment.Les élèves luthiers, en outre, ont des scrupules à déciderqui «va avoir du travail et qui n’en aura pas» (de par leursétudes, ils sont déjà dans une optique presque profession-nelle…) ; ils ne sont pas sûrs d’avoir un « jugement fiable»et cela les gêne.Cela nous a amenés à discuter de la relation du composi-teur avec le public. Doit-il en tenir compte ? Y a-t-il unpublic fiable et un autre qui ne l’est pas? Est-ce que chaqueoreille, même non avertie, n’est pas digne d’intérêt?Christine Aimé-Lagravière, lycée Jean-Baptiste-Vuillaume, Mirecourt

    très intéressante. Ils sont ainsi placés dans la position descontemporains des musiciens que l’on appelle “classiques” ausens large et je tiens à vous remercier pour l’organisation de ceGrand Prix Lycéen des Compositeurs.

    Corinne Deshayes, lycée Frédéric-Chopin, NancyDans l’ensemble, les élèves ont trouvé les œuvres plus abor-dables, moins “contemporaines” que l’an dernier. Je crois aussique l’utilisation de l’orchestre rend ces musiques plus colorées,plus flatteuses à l’oreille. C’est la première fois qu’à la premièreécoute, je ne devine pas quelle œuvre “trustera” les suffrages etla diversité des choix le confirme.Merci encore de cet effort en faveur de la musique d’aujourd’hui:ce Grand Prix est pris très au sérieux par les élèves qui prennentdes notes et commencent à se constituer une culture musicaletrès ouverte.

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    RegretsMerci encore pour votre initiative. D’une manière générale,les compositeurs sont toujours très intéressants. Toutefois,concernant le choix des morceaux, je trouve dommage defaire entendre une fin de morceau, surtout chez Dalbavie oùla construction de l’œuvre était incompréhensible sans enentendre le début!Pascale Parrinello, lycée de Montgeron

    Je voudrais vous faire part d’une petite expérience (que j’aifaite malgré moi…) à propos de L’Oiseau innumérable : j’aiécouté chez moi le concerto en entier : excellente impres-sion et le sentiment que ce serait l’œuvre préférée des élè-ves. Je l’ai fait écouter en entier aux premières et aux termi-nales, et je me suis donc bien familiarisée avec l’œuvre danssa continuité.En seconde, je n’ai fait entendre que les deux mouvementssélectionnés, et j’ai été très surprise d’avoir l’impression(moi) que ce n’était pas la même œuvre… (bien moins inté-ressante!).J’en conclus qu’on a une idée erronée d’une œuvrelorsqu’on n’en entend qu’un petit bout (surtout dans le casd’une œuvre qui n’est pas très longue); on ne perçoit pas lalogique de la construction d’ensemble et c’est très domma-geable, et surtout faussé, et finalement orienté… Je com-prends bien qu’on ne puisse demander aux élèves de travail-ler sur une œuvre entière… mais… je me pose la questionet je vous la (pro) pose aussi.Bernadette Dubos, lycée Camille-Jullian, Bordeaux

    Notre réponseComme chaque année, les lycéens sont amenés à étudierparticulièrement un fragment significatif de chaque œuvresélectionnée (extrait bref, pour tenir compte du tempsqu’une classe peut consacrer à ce travail d’écoute).Néanmoins, dans le dossier que nous adressons aux profes-seurs avec les CD sélectionnés, nous leur conseillons de faireécouter la première fois la totalité de la pièce, ou du mouve-ment, dont est issu l’extrait (ce qui n’empêche évidemmentpas d’écouter par la suite le disque entier si la classe le désireet si elle en a le temps). Jacques Bonnaure

  • Franck BedrossianCharlestonpour 15 musiciens (2003)L’Itinéraire, dir. Mark FosterDisque : Sismal RecordsPartition : Billaudot

    Charleston a retenu notre attention par son caractère inquié-tant, sa nuance forte, son tempo vif et son orchestration puis-sante et surprenante. Les bois évoquent ponctuellement le stylecharleston et certains d’entre nous ont fait un rapprochementavec la musique du film Le Roi et l’Oiseau. La musique évoqueles sentiments et les émotions. Elle remplace les dialogues.Lycée Robespierre, Arras

    C’est une œuvre très surprenante, mais qui se révèle finalementplaisante après réécoute et compréhension. Ainsi revient laquestion de l’habitude d’écouter la musique savante actuelle,car cela transforme notre vision de celle-ci et notre manière del’écouter et de l’apprécier.Lycée Camille-Jullian, Bordeaux

    C’est effectivement une interprétation très moderne qui nousest proposée, l’œuvre mélangeant habilement des bruitages ettoutes autres sortes de “dérivés instrumentaux”. C’est cetaspect-là que j’ai particulièrement apprécié car il m’a transportédans un univers à part entière: celui de “l’usine”.Lycée Jean-Moulin, Forbach

    Cette œuvre représente pour moi le Manhattan des années 30et fait revivre à l’auditeur la sortie d’un music-hall enfiévré.Lycée Champollion, Grenoble

    L’ambiance est à la fois mécanique et sensuelle, illustrant bien unedanse populaire jazz, voluptueuse et discrète, se faufilant à traversle fracas des instruments. Par moments, la musique mime desmouvements comme celui d’une chute ou d’une déflagration quirappelle le procédé cinématographique du “mickey-mousing”.Lycée Val-de-Garonne, Marmande

    J’apprécie peu cette œuvre mais j’admire la performance descordes car cette œuvre est loin d’être facile à interpréter.Les deux thèmes très contrastés donnent au morceau son origi-nalité. Les périodes de stress nous donnent envie et nous trans-portent.Lycée Jean-Macé, Niort

    C’est une œuvre particulièrement originale: les instruments semétamorphosent progressivement en machines ; le rythme sicaractéristique du charleston, avec le côté “débauché” de sonépoque, est reconnaissable par sa rythmique et son atmosphèretrès animée. L’orchestration très moderne nous rappelle Ravel.Lycée Racine, Paris

    Nous avons apprécié cette œuvre dans laquelle nous avons trouvéune alliance de styles différents avec toutefois une dominante dejazz. Cette musique nous a évoqué l’atmosphère typique des vieuxfilms d’horreur, certaines sonorités faisant penser à des grince-ments qui laissent libre cours à notre imagination…Lycée Honoré-d’Urfé, Saint-Etienne

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURSDR

    Marc-André DalbavieConcertate il suonopour orchestre spatialisé (2000)Orchestre philharmonique de Radio France,dir. Pascal RophéDisque : Densité 21Partition : Billaudot

    Plus consonant que certaines œuvres, et plus intelligible.Beaucoup de travail sur le timbre: aspect systématique.Il y a dans cette œuvre tous les clichés que l’on attend de lamusique contemporaine : longs passages piano, brusquesaccents, modes de jeu divers. Par conséquent, sensation quel’œuvre n’évolue pas.Lycée François-Ier, Fontainebleau

    La quasi-absence de mélodie rend l’écoute difficile. Mais nousavons apprécié le principe de spatialisation et de jeu sur l’échodu Concertate il suono.Lycée Simone-Weil, Le Puy-en-Velay

    J’ai bien aimé cette opposition des groupes de solistes avec l’or-chestre. Pour un concerto, dialogue pas assez marqué entre leconcertino et le ripieno. Démarrage de l’œuvre trop long; maisj’aime les sonorités. On a l’impression que la musique estautour de nous. Cordes et vents font une bonne intro à la par-tie suivante, qu’on ne s’attend pas à entendre après cela.Lycée Arthur-Rimbaud, Istres

    Nous avons trouvé cette œuvre superbe, car elle est très richeet originale. Les sonorités sont recherchées et semblent venirde toutes parts. Le son spatialisé crée un suspense permanent.Lycée Bréquigny, Rennes

    On aimerait pouvoir assister à une représentation de Concer-tate il suono pour profiter de l’effet produit par les différentespositions dans la salle des quatre orchestres.Lycée Champollion, Grenoble

    On a l’impression d’écouter une musique lointaine, qui résonne,ce qui prouve qu’il y a une idée de spatialisation et de réverbé-ration du son. Nous constatons également la présence d’uneforme de statisme, et de mobilité réduite au début de l’extrait.Nous n’avons qu’une vision partielle et finalement imparfaite duprojet de départ. L’écoute de la musique serait sans doute beau-coup plus intéressante en concert pour comprendre les mouve-ments et les circulations sonores entre les groupes.Lycée Henri-Martin, Saint-Quentin

    La précision des timbres est surprenante, ce qui fournit unebonne cohésion à l’ensemble, il y a une réelle fusion des timbres.L’harmonie est très intéressante pour une œuvre contempo-raine. C’est une musique très imagée, qui fait bien travaillerl’imaginaire, on pénètre facilement dans ce monde sonore.Lycée Théodore-Aubanel, Avignon

    Les références de cette œuvre à des univers familiers nous ontséduits. Nous avons apprécié un jeu des contrastes et une utili-sation de l’espace renouvelée. C’est l’esprit créatif de cet extraitqui nous a conduits à le placer en tête de sélection.Lycée Carnot, Dijon

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    Richard DubugnonArcanes symphoniquespour orchestre (2001-2007)Orchestre national de Montpellier-Languedoc-Roussillon, dir. Friedemann LayerDisque : AccordPartition : Leduc

    La musique fait penser à de la musique de film, de la musiquede Walt Disney mélangée à du Harry Potter ; elle donne uneimpression féerique avec beaucoup de couleurs orchestrales.Lycée de Montgeron

    Le mélange entre les différents pupitres est très original. Lepassage des phrases musicales d’un pupitre à l’autre – mais dansun ordre non conventionnel – donne une nouvelle idée deconstruction en escalier. Le discours est très varié.Lycée Raymond-Queneau, Yvetot

    Une œuvre qui unit lumière et éclats de noirceur. Une impres-sion d’élargissement qu’apporte un grand orchestre. Cela créeune multitude de sonorités, un “fouillis” qui retient l’attentionet entraîne au voyage, même si le voyage est accidenté.Lycée Camille-Claudel, Vauréal

    Cette musique nous décrit un univers fait de contrastes, mêlantde nombreuses techniques instrumentales, riches en couleurs(pizicatti des cordes, glissandi…), un peu comme une toile defond évocatrice d’ambiances laissant place à notre imagination.Lycée Gabriel-Fauré, Annecy

    Cette musique ne nous a pas paru très originale, mais on y trouvenéanmoins de belles parties orchestrales et des instants saisis-sants. Beaucoup de nuances intéressantes, des phases savammentorchestrées et alternées qui font ressortir de belles sonorités et desinserts bruitistes.Lycée Hector-Berlioz, Vincennes

    Cette musique donne l’impression de raconter une histoire, uneaventure fantastique et imaginaire. Les procédés utilisés sont trèsdivers. La pulsation qui change nous porte, donnant de la vie, ren-dant cette musique très vivante. La retranscription des cartes esttrès bien faite car elle donne l’impression mystérieuse des tarots.Lycée Jean-Vigo, Millau

    La musique évoque un monde imaginaire de contes de fées grâceà son aspect grandiose provoqué par les nombreux crescendos etgrâce au délicat tintement du glockenspiel.Lycée Les Haberges, Vesoul

    Musique évoquant un monde fantaisiste et héroïque, avec descréatures mystiques ou mythologiques. Puis vient la guerre entrele bien et le mal, guerre terrible entrecoupée de répit, permettantaux héros de se recueillir sur la tombe de leurs camarades.Lycée Courbet, Belfort

    Nous avons aimé les Arcanes symphoniques pour sa force évo-catrice, sa puissance, son caractère de grande épopée, la variétéde ses climats, les jeux de couleur, pour la qualité des enchaîne-ments entre les différents éléments thématiques.Lycée Ambroise-Paré, Laval

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    Sophie LacazeLes Quatre Elémentspour flûte, voix d’enfants et petites percussions (2005)Pierre-Yves Artaud, flûtes, élèves des écoles de Sarrouilles et Vic-en-Bigorre (65)Disque : “Works With Flutes”, SolalPartition : Editions Svitzer

    L’utilisation d’instruments ethniques favorise un rapprochementavec les sons de la nature, mais la manière dont ils sont ici assem-blés est tout à fait poétique et mystérieuse.Lycée Jeanne-d’Arc, Clermont-Ferrand

    Faire participer des chœurs d’enfants à cette pièce est unebonne idée pour initier les plus jeunes à la musique contempo-raine. Des sujets aussi universels que les éléments sont eux aussiun bon moyen de laisser l’imagination s’exprimer.Lycée Pasteur, Besançon

    Dans cette œuvre, le compositeur montre que la nature n’obéità personne, que la pluie, le vent, la chaleur, les tempêtes ne sontpas contrôlables. On comprend vraiment bien les intentions del’artiste qui est de représenter les quatre éléments.Lycée Saint-Joseph, Château-Thierry

    Super-sympa; pas trop cliché; le travail avec les enfants et lefait qu’il n’y ait pas d’orchestre est intéressant ; le rendu estbien; apaisant. La recherche sur le son est très réaliste.Lycée Aristide-Briand, Evreux

    Nous avons apprécié l’originalité dans le traitement du timbre.La démarche peut se rapprocher d’une performance avec l’in-tégration d’enfants.Lycée Alain-Fournier, Bourges

    Nous avons aimé la création de paysages sonores, à la fois descrip-tifs, magiques, surprenants et trouvé la formation instrumentale(percussions diverses et variées) et la formation vocale (chœurd’enfants, techniques de chant, bruitages) très originales.Lycée Saint-Joseph, Périgueux

    Cette œuvre nous est apparue pleine de joie, de jeunesse et trèsinventive.Lycée Sainte-Anne-Saint-Louis, Sainte-Anne-d’Auray

    Pièce originale dans le sens où elle mélange paroles, instrumentset bruitages. Les sons sont étranges et imaginatifs, et la flûte per-met de suivre le mouvement des éléments. Cela est poétique,surtout l’Air qui, avec les paroles d’enfants et les appeaux, donneun effet de nature.Lycée Georges-Cuvier, Montbéliard

    Mêler aux instruments des voix d’enfants, renforce l’atmosphèreagitée mais chaleureuse des crépitements d’un feu.Lycée André-Maurois, Elbeuf

    L’imitation du feu est bien faite, on sent vraiment le crépitementdu feu, mais cela semble presque trop facile. L’organisation estmoins fine dans cette pièce que dans les autres morceaux de lasélection. On se demande où est la limite entre bruit et musique.Lycée Pasteur, Lille

  • Eric TanguyConcerto pour violoncelle et orchestre n°2(2000)Anne Gastinel, violoncelle, Orchestre national de France, dir. Alain AltinogluDisque : NaïvePartition : Salabert

    Quelques-uns ont préféré la partie de violoncelle à celle de l’or-chestre, grâce à son lyrisme, son expressivité ou sa virtuosité,son côté parfois un peu orientalisant.D’autres au contraire, lui reprochent un jeu parfois brutal ouagressif, sauf dans la partie centrale qui fait la quasi-unanimité.Lycée Edgar-Quinet, Bourg-en-Bresse

    Nous avons choisi ce morceau pour diverses raisons. Toutd’abord, nous pouvons constater que nous avions une certainefacilité à imaginer l’atmosphère mise en place par l’orchestre etle soliste. Le violoncelle traduit une ambiance mystérieuse, quifait avancer l’histoire. L’aspect fantastique de l’œuvre nous per-met d’alimenter notre imagination.Ensemble scolaire Saint-Rémi, Charleville-Mézières

    Ce qui est remarquable, c’est l’échelle sonore originale utilisée,il y a une alternance entre aigu et médium à chaque solo de vio-loncelle. Il y a également un contraste entre les solos joués douxet l’orchestre qui joue fort ce qui rend l’œuvre majestueuse.Lycée Jean-Moulin, Forbach

    Le deuxième mouvement du Concerto pour violoncelle d’EricTanguy est à la fois inquiétant et puissant. L’orchestre est mas-sif, et le jeu du violoncelle est parfois “écrasé” et rugueux. Il ya comme une lutte agressive entre le soliste et l’orchestre, donton ne peut pas sortir, et qui nous invite à écouter jusqu’au bout.Lycée Marie-de-Champagne, Troyes

    Certains pensent au Violon d’Ingres de Man Ray. On y retrouveun John Williams, certains ont même pensé à l’espace, à l’astro-nomie, indépendamment de toute référence cinématographi-que.Des violons stagnent dans l’aigu. Puis le discours s’anime, lafemme “vue” tout à l’heure se lève, se manifeste. Le jeu durcit,l’archet rebondit.Lycée Jeanne-d’Arc, Rouen

    Le violoncelle rappelle un tango avec son rythme particulier.Les temps forts de la musique nous surprennent comme dansla symphonie “La Surprise” de Haydn.On pourrait penser que le violoncelle est lunatique.Lycée Charles-de-Gaulle, Vannes

    Nous avons apprécié, dans cet extrait de facture “classique”,l’expression musicale, les sonorités, la mélodie facilement audi-ble, la virtuosité, la puissance de l’orchestre symphonique, lescontrastes…Lycée Claude-Gellée, Epinal

    C’est une œuvre très orientale, avec un petit côté d’Egypte. J’aiadoré la couleur claire et le côté changeant. Bravo pour cemélange tropical.Lycée Charles-Coeffin, Baie-Mahault

    Thierry PécouL’Oiseau innumérablepour piano et orchestre (2006)Alexandre Tharaud, piano, Ensemble orchestral de Paris, dir. Andreas QuinnDisque : Harmonia MundiPartition : EME

    C’est une œuvre équilibrée, qui montre une grande maturitédans la composition. Dans le deuxième mouvement, le piano sedensifie progressivement, s’extirpe des vents et des cuivres, encrescendo. Notre fascination auditive est pleinement assouviedans le troisième mouvement, très expressionniste, à l’atmos-phère intrigante et sombre.Cette œuvre est, clairement, une merveille à s’approprier.Lycée Jean-Jacques-Henner, Altkirch

    Cette œuvre utilise une écriture simple, que le mélange derythmes, les variations du timbre du piano, les interventionsinattendues des cuivres et percussions, rendent magnifique ;bravo!Lycée de Kérichen, Brest

    Le thème choisi est intéressant et Thierry Pécou se démarquebien des autres sélectionnés par son style à lui. J’aime beaucouples parties rythmiques et pulsées de ce morceau.Cela me paraît plus organisé et moins improvisé que les autresmorceaux de la sélection.Lycée Notre-Dame, Chartres

    Le morceau est intéressant, car on peut imaginer une scèneavec du suspense. Ainsi, on ressent une pulsation. De plus, lesnuances nous surprennent. Or, dans le deuxième morceau, onremarque une diversité des instruments. En effet, le trombone,la clarinette et les cordes s’enchaînent. Ainsi, le thème princi-pal revient : les cordes se superposent avec le piano.Lycée Jeanne-d’Arc, Bayeux

    Thierry Pécou développe l’imaginaire de l’auditeur avec lepiano très prenant, amenant une sensation d’angoisse, de peurou de stress. L’ajout de rythmes permanents, juxtaposé au jeude nuances, le tout avec un côté répétitif, donne un aspect mys-térieux et envoûtant à cette musique.Lycée Jean-Vigo, Millau

    Univers déstabilisant, endiablé, et effrayant, suspens, grouille-ment, et déplacement dans un lieu sombre avec écho sur lerythme.Lycée Joffre, Montpellier

    Pour moi ce concerto pour piano est la reproduction musicaled’une forge. Les basses profondes sont comme le métal enfusion frappé puis le sifflement du métal qui refroidit est sug-géré par tous les sons aigus en cluster.Lycée Vauvenargues, Aix-en-Provence

    L’introduction, avec les autres instruments au début, laisseplace au piano tel un frémissement d’ailes. L’énergie rythmiquese propage de l’orchestre au piano, comme un immense oiseauqui étend ses ailes et recouvre la terre de son ombre.Lycée Pérochon, Parthenay

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    Aix-en-Provence, lycée Vauvenargues (Jean-François Levraux) Altkirch, lycée Jean-Jacques-Henner (Christine Toussaint) Amiens,lycée de la Sainte-Famille (Emmanuel Butez) Annecy, lycée Gabriel-Fauré (Brigitte Mouterde) Arras, lycée Robespierre (ChristelleOrmeggi) Avesnes-sur-Helpe, lycée Jessé-de-Forest (Fabrice Pietton) Avignon, lycée Théodore-Aubanel (Marie-Noëlle Grenier-Lenclos)Baie-Mahault, lycée Charles-Coeffin (Sonia Peronnet) Bayeux, lycée Jeanne-d’Arc (Marie Philippe) Belfort, lycée Gustave-Courbet(Béatrice Verry) Bergerac, lycée Maine-de-Biran (Paul-Marcel Nardi) Besançon, lycée Pasteur (Jean Mislin) Béthune, lycée Louis-Blaringhem (Guillaume Meunier) Bordeaux, lycée Camille-Jullian (Bernadette Dubos) Bourg-en-Bresse, lycée Edgar-Quinet (Blaise LaRocca) Bourges, lycée Alain-Fournier (Delphine Bordat) Brest, lycée de Kérichen (Marie-Paule Le Borgne) Calais, lycée Sophie-Berthelot (Jean-Michel Boron) Castres, lycée Baral (Jean-Louis Soulet) Chalon-sur-Saône, lycée Pontus-de-Tyard (Séverine Feron)Charleville-Mézières, ensemble scolaire Saint-Rémi (Sébastien Cochard) Chartres, lycée Notre-Dame (Jean Bourrouillou) Château-Thierry, lycée Saint-Joseph (Maryline Rousseau) Clermont-Ferrand, lycée Blaise-Pascal (Marie Gandin), lycée Jeanne-d’Arc (Jean-Marc Bardot) Condom, lycée Bossuet (Christian Ring) Dijon, lycée Carnot (Dominique Rougemon) Douai, lycée Jean-Baptiste-Corot(Denis Tchorek) Elbeuf-sur-Seine, lycée André-Maurois (Céline Lecomte) Epinal, lycée Claude-Gellée (Viviane Clasquin) Evreux, lycéeAristide-Briand (Isabelle Nauze) Fontainebleau, lycée François-Ier (Véronique Fontaine) Forbach, lycée Jean-Moulin (Daniel Berard)Grande-Synthe, lycée du Noordover (Nicolas Callens) Grenoble, lycée Champollion (Marie-Line Bouhatous) Haguenau, lycée Robert-Schuman (Stéphane Mathieu) Istres, lycée Arthur-Rimbaud (Jacques Losse) Jarville, lycée de La Malgrange (Paul-Henri Claudel)La Rochelle, lycée Jean-Dautet (Dominique Borne) Laval, lycée Ambroise-Paré (Christiane Godeau) Le Havre, lycée François-Ier

    (François Vuillet) Le Mesnil-Esnard, lycée La Providence (Maria-Carmen Barboro) Le Puy-en-Velay, lycée Simone-Weil (Adeline Guy)Le Raincy, lycée Albert-Schweitzer (Stéphane Dietrich) Lille, lycée Pasteur (Marie-Françoise Quinet) Limoges, lycée Léonard-Limousin(Vincent Golfier) Londres, lycée français Charles-de-Gaulle (Etienne Magat) Lyon, lycée du Parc (Alain Guerre-Chaley) Marmande,lycée Val-de-Garonne (Patrick Murillo) Metz, lycée Georges-de-La-Tour (Pierre-Marc Daltroff) Millau, lycée Jean-Vigo (PhilippeValentin) Mirecourt, lycée Jean-Baptiste-Vuillaume (Christine Aimé-Lagravière) Montbéliard, lycée Georges-Cuvier (Marie-ThérèseCorbat) Montgeron, lycée de Montgeron (Pascale Parrinello) Montigny-le-Bretonneux, lycée Saint-Exupéry (Fanny Chevallier) Montpellier,lycée Joffre (Hélène Nougaret), lycée Jean-Monnet (Anne Blayac-Buono) Nancy, lycée Frédéric-Chopin (Corinne Deshayes), lycéeClaude-Daunot (Paul-Henri Claudel), ensemble scolaire Notre-Dame-Saint-Sigisbert (Benoît Richard) Niort, lycée Jean-Macé (ElodieLe Droucpeet) Paris, lycée Georges-Brassens (Sylvain-Paul Labartette), lycée La Fontaine (Anne Rollin), lycée Janson-de-Sailly(Soizic Sourisse), lycée Claude-Monet (Joël Mazeau), lycée Montaigne (Claire Barjol), lycée Racine (Dominique Blazy) Parthenay,lycée Pérochon (Roselyne Maugars) Périgueux, lycée Saint-Joseph (Valérie Mahé) Pierrelatte, lycée Gustave-Jaume (Jean-ClaudeSéguin) Poitiers, lycée Victor-Hugo (Valérie Maindron) Pont-Audemer, lycée Jacques-Prévert (Franck Penitzka) Rennes, lycée deBréquigny (Marianne Guignard) Rodez, lycée Ferdinand-Foch (Pascal Rabatti) Rouen, lycée Jeanne-d’Arc (Patrice Latour, EmmanuelThiry) Sainte-Anne-d’Auray, lycée Sainte-Anne-Saint-Louis (Philippe Le Ferrand) Saint-Brieuc, lycée du Sacré-Cœur (FrédériqueDelamotte-Quarré) Saint-Etienne, lycée Honoré-d’Urfé (Norbert Maisse) Saint-Quentin, lycée Henri-Martin (Laurent Raymond) Savigny-sur-Orge, lycée Jean-Baptiste-Corot (Isabelle Bourgeois) Thiais, lycée Guillaume-Apollinaire (Florence Blanc-Canty) Toulon, lycéeDumont-d’Urville (Cécile Bienfait) Troyes, lycée Marie-de-Champagne (Patrick Allait) Vannes, lycée Charles-de-Gaulle (Hervé Le Puil)Vauréal, lycée Camille-Claudel (Dominique Hombert) Vesoul, lycée Les Haberges (Pascal Ville) Vincennes, lycée Hector-Berlioz (Jean-Philippe Baldassari) Yvetot, lycée Raymond-Queneau (Jean-Joël Duchesne)

    Les 88 lycées participants (entre parenthèses : le nom du professeur)

    BAC MUSIQUE 2009Gabriel Fauré – Dimitri Chostakovitch/Rudolf Barshaï – Bela Bartok – JosephHaydn – Bernard Herrmann – Wolfgang Amadeus Mozart – Sept chansons

    (Léo Ferré, Evelyne Girardon, Camille, Marc Ogeret, Germaine Montéro)

    Les fiches pratiques présentant les œuvres sont parues dans La Lettre du Musicien n°362

    Pour les recevoir, adressez un chèque de 10 €à l’ordre de La Lettre du Musicien, 14, rue Violet, 75015 Paris

    www.la-lettre-du-musicien.com

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    Le débat réunissait, autour deDominique Boutel, Radio France, trois des compositeurs en lice : SophieLacaze, Richard Dubugnon et ThierryPécou, ainsi que le compositeur lauréaten 2008, Pascal Zavaro, et troismembres du comité de sélection : le chef d’orchestre Vincent Barthe, le pianiste Wilhem Latchoumia et notrecollaborateur, Jacques Bonnaure.Quant à Franck Bedrossian, autrecompositeur participant à ce 10e GrandPrix, avec Marc-André Dalbavie et EricTanguy, il était retenu aux Etats-Unis. Il atransmis un message disant que, quelleque soit l’issue du vote des lycéens, ilétait heureux que sa musique ait étéécoutée, étudiée, analysée par plus de4000 élèves. « Ce Grand Prix, a-t-il ajouté, est quelque chose de tout àfait exceptionnel et, à ma connaissance,d’unique au monde. » Marc-Olivier Dupin, directeur de France Musique, accueillait alors les participants (voir encadré)avant le début des débats, animés par Dominique Boutel.Nous publions ici la synthèse des propos échangés entre lescompositeurs et les lycéens.Après le débat et la remise du prix auxdeux lauréats ex aequo, Sophie Lacazeet Richard Dubugnon, les lycéens ont pu assister à la création de Densha Otoko de Pascal Zavaro,lauréat 2008, par Elisabeth Glab, violon, Henri Demarquette, violoncelle,et Vahan Mardirossian, piano. C’était laneuvième œuvre dont les lycéens ont,par leur vote, suscité la création.

    La vie de compositeur

    Etre compositeur, est-ce une vocation de départ ou est-ce que ça vous est venu peu à peu? (Lycéenne d’Evreux)

    Sophie Lacaze : Je devais avoir 14 ou 15 anset je me suis réveillée un matin en sachantque j’allais être compositeur!

    Pascal Zavaro : J’ai d’abord commencé parêtre percussionniste dans des orchestres,tout en ayant toujours rêvé d’être compo-siteur, mais je n’osais pas me lancer. J’aifini par franchir le pas et me mettre à lacomposition… sur le tard, j’avais 28 ans.

    Thierry Pécou : Pour moi, c’est plutôt unevocation qui s’est manifestée quandj’avais 10 ou 11 ans.

    Richard Dubugnon : Je me suis décidé versl’âge de 20 ans, après avoir longtempshésité. Mais ce que je crois entendre souscette question, c’est : « Est-ce qu’on oseêtre compositeur ?» Il est vrai que c’estdifficile d’en vivre, mais si on a vraimentquelque chose à dire, on le fait quandmême.

    Justement, est-il possible de vivre de samusique ou avez-vous un métier à côté?(Lycéen de Charleville-Mézières)

    Sophie Lacaze : Très peu de compositeursne vivent que de leur musique, car c’esttrès aléatoire. On peut avoir des com-mandes une année et plus rien l’année sui-vante. Ceci dit, je l’ai fait pendant cinqans… et à la fin je m’ennuyais. Il est vrai

    que j’ai beaucoup écrit à cette époquepuisque je ne faisais que cela. Mais celareste un métier où l’on est isolé, surtout si,comme c’était mon cas, on vit dans unpetit village. Aujourd’hui, j’ai fait le choixd’avoir un métier à côté, je suis directriced’une école de musique, ce qui me permetde participer à la vie sociale.

    Thierry Pécou : Je vis à peu près de ma musi-que, mais je suis aussi pianiste et je dirigel’ensemble Zellig que j’ai fondé. Je doisajouter que le métier de compositeur, cen’est pas seulement un métier d’écriture;beaucoup de choses se passent dans lesrencontres : comme celle d’aujourd’hui,avec les musiciens, lors de résidences…

    Richard Dubugnon : C’est un phénomèneassez récent de voir des compositeurs quine sont pas instrumentistes profession-nels. Pendant très longtemps, les compo-siteurs jouaient d’un instrument, diri-geaient et, évidemment, enseignaient : jepense à Bach et à ses nombreux élèves(qui le rendaient fou parfois !). C’est unmétier très complet. Mais ce qui est inté-ressant, c’est que chaque compositeur aun parcours différent. Si je n’étais pas ins-trumentiste, il me manquerait quelquechose: le fait de “toucher” la musique, deprendre part avec d’autres musiciens à cerituel qu’est le concert. Il est vrai aussique, sauf pour certains compositeurscélèbres et souvent âgés, c’est un métierassez mal rémunéré par rapport au pres-tige qui l’accompagne: vous pouvez avoirvotre photo dans les journaux, être jouédans une salle prestigieuse, mais le chefqui va diriger votre œuvre va être payé,

    Les lycéens débattentavec les compositeursLE GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS, pour sa 10e édition, a réuni 4500 lycéens de 88 lycées.Près de 900 d’entre eux sont venus à la maison de Radio France, le 2 avril, participer au débat avec lescompositeurs et assister à la remise du prix puis à la création de l’œuvre commandée au lauréat 2008.

    Merci aux partenaires du Grand Prix Lycéen des CompositeursMécénat Musical Société Générale, musique nouvelle en liberté, Sacem, France Musique, Musicora,

    Fonds pour la création musicale, Chambre syndicale des éditeurs de musique en France, resmusica.com

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    pour jouer un seul soir, à peu près ledouble de ce que vous aura rapporté cetteœuvre à laquelle vous aurez consacré desmois de travail.

    Musique contemporaine et techniques d’écriture

    Pourquoi écrivez-vous de la musiquecontemporaine? (Lycéen de Troyes)

    Sophie Lacaze : Il faut savoir que Mozart ouBeethoven étaient eux aussi des composi-teurs “contemporains” en leur temps.Nous sommes pareils, nous faisons de lamusique à notre époque. Après, votrequestion renvoie aussi à une notion d’es-thétique, de langage qui est propre à cha-cun d’entre nous. Moi, j’ai essayé audépart dans tous les styles avant de trou-ver une esthétique qui me soit propre.

    Pascal Zavaro : La spécificité de notremusique, c’est d’être écrite. Des inter-prètes vont ensuite la jouer. Ce processusest propre à la musique occidentale et his-torique: on se place dans une filiation quinous rattache à Bach, Mozart ou Beetho-ven. Sans prétendre les égaler, on s’appa-rente à cette façon de procéder. Dans lejazz, dans la pop ou dans les musiques tra-ditionnelles, au contraire, il n’y a pas oupeu de différenciation entre compositeuret interprète. La musique telle que nousla pratiquons est ainsi un objet qui peutêtre dissocié de sa manifestation sonore.

    Wilhem Latchoumia : Je ne fais pas de dis-tinction entre la musique du 16e ou celledu 21e siècle. J’irais même plus loin, cequi est contemporain, c’est la musique denotre temps au sens large. Pour moi, c’estune nécessité de rencontrer les composi-teurs et de pouvoir échanger avec eux.

    Richard Dubugnon : Si la question de cettelycéenne peut sembler paradoxale, c’estsans doute que pendant trop longtemps,la musique de notre temps a été, enFrance, une musique souvent dissonanteet agressive, perçue comme du bruit ou aumieux une musique intellectuelle, de spé-culation de langage. C’est grave que pourbeaucoup de gens, musiciens ou non, ceterme de “contemporain” ait pris ce sens.Alors que c’est la musique de notre tempset qu’il n’y a pas plus varié, comme lemontre le cru 2009 du Grand Prix qui réu-nit des compositeurs d’obédiences trèsdifférentes.

    En fait, la question serait plutôt : «Pourquoifaites-vous tels choix esthétiques?» Les langages utilisés par certainscompositeurs sont en rupture avec deslangages plus classiques. (Dominique Boutel)

    Vincent Barthe : Pour les compositeursd’aujourd’hui, toute la difficulté est des’inscrire dans une continuité historique et,en même temps, de proposer un langage àla fois cohérent et personnel, qui soit reçucomme neuf. Dans ma démarche d’inter-prète, il est très important de proposer desprogrammes qui permettent de passer, parexemple, de Mozart à un compositeurd’aujourd’hui, dont les œuvres ainsi rap-prochées vont s’éclairer l’une l’autre.

    Les partitions d’aujourd’hui sont trèsdifférentes de celles qu’on connaît, avec des changements incessants de mesure,des dissonances… (Lycéen de Sèvres)

    Pascal Zavaro : Tout cela résulte d’une évo-lution globale, à la fois, de l’organologie,de l’écriture et, bien sûr, de la pensée. Lescompositeurs sont aussi sensibles à toutce qui les entoure dans le monde. Il y a eu

    des révolutions de la pensée; on ne voitpas du tout le monde comme on le voyaitdu temps de Bach. Il y eut un momentdans l’histoire des hommes où l’on voyaitle monde très ordonné par Dieu, on étaitsûr qu’il y avait un ordre cosmique absolu.Maintenant, on conçoit des idées, commele désordre cosmique, qui rendent davan-tage compte de la réalité. On en retrouvela traduction dans la musique et dans lesarts en général.

    Ce qui est gênant pour comprendre unepartition, c’est qu’il faut connaître les codesde chaque compositeur… (Lycéenne de Sèvres)

    Richard Dubugnon : Il y a différentes nota-tions pour différents genres de musique.Si vous jouiez du luth, vous auriez sous lesyeux une partition qui ne ressemble enrien à celles que vous êtes habitués àregarder. Pour chaque compositeur, il y ades courants ou des écoles qui emploientdes langages particuliers, des codes quid’ailleurs sont souvent inscrits sur les par-titions. Le problème, c’est qu’entre composi-teurs, on ne s’accorde pas souvent sur lafaçon de noter la même chose, alors quecela pourrait en effet être unifié. Ce n’estpas tant une question de complexité delangage que d’utilisation de systèmes denotation différents.

    Quand vous commencez à composer, est-ce que vous vous imposez des règles, outravaillez-vous totalement dans la liberté?(Lycéenne de Parthenay)

    Richard Dubugnon : Cela passe par plusieursétapes, c’est un phénomène plus lent, pluscomplet. En général, je note toutes lesidées qui peuvent me venir en rapportavec l’œuvre que j’ai envie d’écrire. Après,il y a tout un travail de sélection, de voirles idées qui peuvent faire l’objet d’undéveloppement. C’est là que je commencel’élaboration de l’œuvre avant mêmed’avoir écrit une note de musique. Celapasse par un plan, pour savoir où je vaisdistribuer les idées. Après commence vrai-ment le travail rédactionnel.

    A la tribune : Richard Dubugnon, Thierry Pécou, Pascal Zavaro, Sophie Lacaze, Dominique Boutel, Jacques Bonnaure, Wilhem Latchoumia, Vincent Barthe.

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    Les lycées qui souhaitent participer au Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2010 peuvent dès à présent s’inscrire

    par courrier : GPL – La Lettre du Musicien, 14 rue Violet, F-75015 Paris,ou par courriel : [email protected]

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    10e GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS

    Thierry Pécou : Cette question me rappelleun texte de José Luis Borgès qui parle del’essence de la poésie comme moyen deretrouver la force essentielle du langage.Le travail du poète, dit-il, cela consiste àentrer dans la matière pour en faire sur-gir les images qu’il a dans la tête. En musique, je me sens assez proche decette façon de fonctionner: j’ai au départune image globale mais floue, puis quandon « entre dans la matière », on se créeforcément des contraintes. Une formemusicale, c’est une architecture et si onveut qu’une architecture résiste, il fautmettre en place des éléments qui se tien-nent les uns les autres.

    Pascal Zavaro : Pour revenir à un aspectpragmatique de la question, je voudraisparler du solfège. A partir du moment oùon écrit la musique, on “objective” lesidées musicales. On a peut-être des idées fragmentaires,mais, tout d’un coup, posées sur le papier,elles deviennent des objets que l’on peuttravailler. Et considérer la musique à tra-vers l’écriture, c’est ce qui permet de com-poser.

    En combien de temps composez-vous votreœuvre entre l’idée de départ etl’achèvement. Et vous est-il arrivé de laretoucher après sa création? (Lycéenne deCharleville-Mézières)

    Sophie Lacaze : Je suis toujours en retard!Je commence l’œuvre dès que je le peuxet, la plupart du temps, je l’achève la veillede la date de remise de la partition… Jeretouche très souvent mes œuvres aprèsles avoir entendues pour la première fois,donc je m’arrange pour ne pas me faireéditer trop tôt! Et, comme j’écr