16

2011 - France - 1h15 - Numérique - Visa n°123 923 · 2012. 3. 7. · Nino Ferrer et celle réelle de Thomas Bardinet… Oui, sur l’appel, je me sens proche de cette situation

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • 2011 - France - 1h15 - Numérique - Visa n°123 923

    AFFICHE, PHOTOS, DOSSIER DE PRESSE, BANDE ANNONCEwww.niz-lesite.com

    www.ninolefilm.com

    PRESSEKARINE DURANCE

    06 10 75 73 [email protected]

    DISTRIBUTIONNiZ!

    01 83 96 43 [email protected]

    SORTIE NATIONALELE 25 AVRIL 2012

  • Nino a 16 ans,les vacances commencentet son cœur balanceentre Natacha,une très belle fille,comédienne au théâtrecomme dans la vie,et la délicieuse Nathaliequ’il connait depuis toujours.Celle-ci refuseque « l’homme de sa vie »s’éloigne d’elleaussi inexorablementque son enfance…

  • À la lecture du générique, on remarque le nom de ThomasBardinet crédité à tous les postes techniques, et en plus à celui de la musique. Alors la question qui se pose d’emblée, c’est : avec qui travaillez-vous ?

    J’aieffectivementréaliséNiNo sanséquipe technique,mais jen’étaispasseulpuisquej’aitravailléavecdesacteurs,sansoublierdamenature!C’estun

    choixquej’aifaitavantmêmed’écrirelapremièreligneduscénario,etj’aigardél’idéeentêtependanttoutel’écriture.J’avaisjusteauparavantréaliséseulLA Petite

    mêLée,undocumentairedanslequeljesuivaisdurantuneannéeuneéquiped’enfantsrugbymenetj’aiaimécettesouplessequ’amènelasolitude,jevoulaisvoirs’ilétaitpossibledereprendrecedispositifsurunefiction.Parlasuite,jemesuisquandmêmefaitaider,quecesoitenproductionavecmonassociéeLaurine Pelassy, ou pour les finitions techniques, avec Jérôme Peyrebrune pour l’image, et MatthieuDeniaupourleson. en revanche, beaucoup de noms apparaissent au crédit des producteurs…Oui,cesontdesamisquiontchacunmisunpeud’argentdanslefilm,ilsontsignéuncontratd’associationàlaproductionetm’ontpermisd’avoirunminimumd’argentpourassurerletournageetlemontage. Quel type de matériel avez-vous utilisé ? Notamment pour le son ?D’abord,c’estlepremierfilmdefictionquejetourneennumériquemêmesij’avaisbeaucoupderéticenceavecça.Larelationaudécoupagen’estpaslamêmequ’aveclapellicule,maisfinalementilyaquelquechosequim’intéresseetquiaàvoiraveclalibertéquel’onsedonneenacceptantleslimitesdel’instrumentquel’onutiliseplutôtqueceluiimposépard’autrespersonnes.D’ailleurs,jenesuispasalléàlarecherchedelaHauteDéfinitionàtoutprix,aucontraire, j’aiessayéderetrouverde lamatièredansuneimageà lafois coloréeet trèsdouce, sentimentaleplutôtquechirurgicale. J’avaisun réflecteur,quelquesbougies,etunprojecteurdechantier,sansoublierlesoleiletlesnuages,etavecça,onpeuttoutàfaitcomposerlalumière!Lesonestleprincipalsoucitechniquequandonestseul.Maisl’avantagedelafictionsurledocumentaire,c’estquel’onpeutprévoiroùetquandl’acteurvaparler.J’ai,pourdesraisonsesthétiques,privilégiélegrosplan,etcelatombaitbien,carjepouvaisalorsmecontenterd’unmicrosurlacaméra.Pourlesplanslarges,soitunacteurperchait,soitunepersonnevenaitm’assisterpourlarégie.Parailleurs,j’aifaitbeaucoupdepost-synchronisationdemanièreunpeusauvage:parexemple,lejourdutournagedelaseulescènededialogueentrelesdeuxjeunesfilles,NathalieetNatacha,ilyavaitbeaucoupdeventetilétaitimpossibled’enregistrerlesondirectcorrectement.Jen’avaispasdemicroHF,j’aidoncréenregistréleurdialoguecinqminutesaprèslaprisedansunendroitprotégéduvent.Lesdeuxcomédiennesavaientencoreentêtelerythmeetl’émotionpréservésdelascène.J’aiaussidemandéauxacteursdeporterleursvoix,qu’ils recherchent laclartédusentimentplutôtque lenaturalisme,et celan’étaitpascompliquéàobtenirdecomédiensvenantduthéâtre.

    ENTRETIENAVEC THOMASBARDINET

  • Le film n’est pas dans cette veine mais en voyant NiNO, j’ai pensé à MesPetitesaMOureuses de Jean eustache, peut-être à cause de la sensibilité de la présence physique de l’acteur principal qui est toujours en situation despectateur, il est là et il regarde, d’autant plus qu’il dessine ce qu’il voit, et qu’il écrit.Je suis de Pessac, comme eustache, ça créedes liens ! J’aime beaucoup mes Petites Amoureuses et c’est un film auquel j’aivraimentpenséentournant.Cequej’aimechez

    eustache,c’estsafrontalité,etlafaçonassezparticulièrequ’iladefaireparlerlesadolescents,sansrechercherunevéritéextérieuremaisun

    sentiment.Àdirevrai,j’aiaussibeaucouppenséàÉricrohmer,chezlequelparadoxalement,sansêtredutoutdanslenaturalisme,onenregistrebeaucoupdenaturel,danslessentimentsetdanslespersonnalitésdesacteursparexemple.Ninoestunpersonnagequiregarde,maiscelanelerendpaspassifpourautant,ilestencore"indécidé",maisilvaversquelquechose.ilnesaitpascequ’ilvadevenirmaisilyaenluiuneveineartistiquequ’ilnemaîtrisepasencoreetquiestmotrice.Cen’estpaspourrienqu’iltombeamoureuxd’unefillequifaitduthéâtreetqu’ilestentraindedessinerlorsqu’onledécouvredansletrain.ilestcapabledecapterdessignes,celuiincarnéparlepapillondelafinparexemple,cequipourmoidéfinitlepoète.Defait,ilmesemblequelesartistes,dansl’adolescence,sontsouventdesspectateursplutôtquelesacteurs,quec’estplutôtducôtédeceuxquiregardentlescopainsbécoterlescopinesqu’ilfautchercherlesfuturscinéastes,maiscette théorievientsansdoutedemapropreexpériencequiabeaucoupnourri lefilm!LascèneoùNatachaditàNino:«tuesmonpréféré»estd’ailleurspresqueautobiographique.Jen’aipasoubliécettecruelledésillusionquandj’aicomprisquecesmotsétaientbienloindulangageamoureuxcommejel’avaiscrud’abord,et,commeNinol’espère.

    NiNO serait un film initiatique construit à partir des relations aux filles, sur la vocation imaginée de Nino Ferrer et celle réelle de Thomas Bardinet…

    Oui,surl’appel,jemesensprochedecettesituation.ilyaunâgeoùjesavaisquej’allaisfairequelquechosed’artistiquesanssavoirquoiexactement,maisquej’allaisraconterdeshistoires.J’étaisintéresséparcetécartfictionnelentreunpersonnagecélèbreeticoniquecommeNinoFerreretmapropreadolescence,leséchosqueletrajetdeNinoFerrerfaisaitrésonnerenmoi.Demême,sionpeutsupposerquelefilmsedérouledansuneépoquequidoitêtreducôtédesannéescinquanteoùNinoFerrerétaitlui-mêmeunadolescent,iln’yaeuaucunevelléitédereconstitution.Lefilmsembledireauspectateur:«ondiraitquel’onseraiten1950»,commeunenfantproposantàd’autresenfantsdejoueraveclui.Lesannées50dufilm,commel’adolescencedeNino,sont imaginaires.Maissans lesavoirconnues,elles fontpartiedemoi,commepourbeaucoup

  • depersonnesdemagénération,parcequelaculturequis’estconstruiteàcettepériodenousainfluencés,mais aussi, plus simplement, parce que ce sont les années de la jeunesse de mes parents, le momentoù ils se sontrencontrés,et sans lequel jen’existeraispas !sansavoirvécucesannées-là, jepeuxdoncdire que j’en viens. De fait, très tôt, j’ai décidé de ne pas chercher la réalité de l’époque, des vêtements,des décors ou du look, ce qui donne au film un côté un peu intemporel que j’assume totalement. Parexemple,lacoiffuredeDavidfaitpenserauNinoFerrerquetoutlemondeconnaîtmaisn’estabsolumentpascelledujeuneNinodanslesannées50.CertainsdétailsdelavieduvraiNinoapparaissentnéanmoins,souvent de manière souterraine, et m’ont servi à construire le personnage : sa double nationalitéfranco-italienne, le fait qu’il aimait dessiner, et qu’il a beaucoup peint vers la fin de sa vie, y comprislespochettesdesesdisques,laressemblancedeLouavecBrigitteBardotaveclaquelleNinoaeuunehistoire.après, ilyaaussidesdétailsqui toucheront les "fans"deNino.Naturellement, le faitdeconnaître lafintragiqueduvraiNinoFerrerpeutcolorerdifféremmentlavisionquel’onadufilm.on a l’impression que l’épisode de l’adolescence de Nino Ferrer est davantage inspiré par ses chansons que par sa vie réelle.Des chansons ont inspiré mes films depuisLe Cri de tArzANavecDickannegarn,enpassant par Les Âmes CÂLiNes et MichelPolnareff. souvent, les chansons les plusforteséchappentàleurauteur.Charlestrenetchantait« l’âme légèredespoètesc’est leurschansons»,jesuispartidecetteproposition:inventeràpartirde"l’âmelégère"plutôtquedelavéritébiographiquedupersonnage,etcréer un personnage qui aurait été inventépar ses chansons plutôt que l’inverse. Parailleurs, le film est hanté par un autrefantôme, celui d’une jeune fille qui m’étaitproche et qui ressemblait physiquement àNathalie.Jepensequequandonécritettournevite,oncaptedavantagedechoses,onesttrèsréceptifàcequipassedansl’entourageimmédiat,nospropresvies,etonparvientàletransmettre.C’estbeaucouppluscompliquéquandilsepassedutempsentrel’écritureetletournage,caraumomentoùl’oncommenceenfin,onn’éprouveplusforcémentlesmêmessentimentsquel’onavaitenécrivantlescénario. Vous avez également composé la musique du film. un peu comme une voix off…Cesontdesmomentsdecommentairemusical,unpeucomme les intertitresdesfilmsmuets,despetitsmorceaux que je joue moi-même au piano (je ne connais pas le solfège), et qui sont volontairementcontrastésaveclesarrangementssophistiquésdeschansonsdeNinoFerrer.

  • Mesmélodiesmaladroitesajoutentquelquechosed’affectifàcequejevois, j’aiéprouvé lebesoindececommentairepersonnel…C’estunemusiquequimereprésente,lesinstantsoùelleintervientnesontpasprémédités,ilsdisentquej’aienvied’êtrelà,paspourparaphraser,maispourêtreprésent.Faireunfilmdoitselonmoiresterquelquechosedeléger,etaussi,celam’amusaitbeaucoupdecherchersurmonpianolamusiquepourNiNo. Quand avez-vous décidé que ce serait la voix de Nino Ferrer et pas celle de david que l’on entendrait sur les chansons ?J’yaipenséenfind’écriture,maisc’estenfaisantdesessaisquejemesuisdécidé,celam’atoutdesuitetouché,cettevoixdeNinoFerreradulteportéparunautrecorpsadolescent,commeunfantômequel’onauraitbesoind’invoquer,auquelonpermettraitpourceladerespirer,des’exprimerl’espaced’uninstant.Commedanslesmomentschantésetdansésd’unecomédiemusicale,oùl’onrêvedufuturoudupassé,nousentendonsfurtivementlavoixduvraiNinoetnousnousprojetonsdanslefuturdupersonnage,futurquipournousspectateurdu21esiècleestdéjàlepasséd’autantplusquelavoixentenduen’estplusdecemonde.Cesontdesémotionsconfusesquis’entremêlent,etchacundoitlesressentircommeill’entend,c’estlecasdeledire,maisellesmesemblentcontenircequelefilmadeplussecret,mystérieuxetintime. on a le sentiment dans NiNO, comme dans tous vos films, que l’échappée, le déplacementappartiennent aux adolescents, comme s’ils étaient kidnappés par l’espace, et qu’ils trouvaient naturellement les moyens de s’y élaborer un ailleurs, un monde de trajets fluides, notamment à vélo, et leur propre conduite échappe à celle d’un autre monde, plus installé, celui des adultes qui eux conduisent des voitures.C’est vrai qu’il y a dans tous mes films l’idée de fugue, un acte lié à l’enfance, un espace de libertéque l’on prend aux parents. C’est un mouvement que je trouve beau et passionnant à explorer car ilexprimeuneenviede luttercontreunconformisme.C’estcettebeautéque jedésiremettreenscènecar elle fait partie de nous tous, plus ou moins enfouie, mais ne demandant qu’à ressortir. De cepoint de vue, avec NiNo c’est la première fois que les parents sont exclus du cadre. ils sont là, horschamp,maiscen’estpasmonproblème,disons,cen’estplusmonproblème.Quandlefilmcommence,onpourraitdireque la fugueaussi adéjà commencé,puisque lesparents sont, et c’estunchoix trèsprémédité, exclus du récit. tout se déroule donc strictement dans cette échappée entre adolescents,etlapériodedesvacancesn’apasétéchoisieparhasard.Jenevoulaispasqu’yfigurelenœudfamilial,les incompréhensions et le rapport au père, très présents dans mes films précédents. J’y vois un lienavec mon rapport au cinéma : quand je tourne, j’ai l’impression de revenir en enfance, et si dans laviejesuisextrêmementsage,suruntournage,j’aimesentirunecertaineformed’euphorie,jememetsà fumer, à picoler un peu j’avoue, j’aime que l’ambiance soit joyeuse, que les gens soient heureuxd’être là, et j’ai l’impression de jouer, un peu comme sur une scène imaginaire telle que les enfantss’invententetoùilscréentleurspersonnagesetleurdonnentdesvoix.Lecinémadoitselonmoiresterquelquechosed’enfantinetNiNoincarneça,uneévasioncontreunecertainemanièredefabriquerunfilm,remisejoyeusementenquestioncommeunenfantfaceàdesparentstropraisonnables,quileur

  • demanderait:pourquoin’yaurait-ilqu’uneseulefaçondefaireunfilm?Doit-onpasserdesannéesàécrireunscénario,n’est-ilpaslégitimedeselasserd’unehistoirecommeunenfantquines’amuseplusdevantunjeutroputilisé?NiNos’estjustementécritcontrecettesouffranceetsurtoutlassitudequel’onéprouve face à un projet qui, d’écriture en réécriture, de recherche de financement en présentation àdiverses commissions, perd sa raison d’être. J’ai écrit des scénarios que je n’ai pas pu mettre en scèneet c’est une frustration incroyable. Dans ce processus obligé du cinéma d’auteur français on perd uneénergiefolle.ici,touts’estfaitpluslégèrementparcequejesavaisquej’allaistournervite.J’aicommencéà écrire en janvier, six mois après, je filmais, et toute la période intermédiaire a été heureusementoccupée à faire des repérages et à voir les acteurs en réécrivant au fur et à mesure et ça change tout. Comment avez-vous rencontré les acteurs ?J’avais réaliséunpetitfilm institutionnelavecLoudeLaâge,unecommandede lavilledeBordeaux,candidatepourdevenirlacapitaleeuropéennedelacultureetquej’avaisdéjàtournéseulaveclamêmecaméraquecelleutiliséepourNiNo.J’avaisrencontréLouauparavantdansuneréunionfamiliale,onadelafamilleencommunetjesavaisqu’ellevoulaitêtreactrice.Commeças’estbienpassé,j’aieuenviederetravailleravecelle.ellem’aditqu’elleétaitdansuncoursdethéâtrequiavaitforméunepetitetroupe,etjesuisalléassisteràdesrépétitionsdans lepetitvillagedeMontendre,enCharenteMaritime. J’aiété

    vraiment impressionné par leurtravail. ils répétaient Arlequin, serviteur de deux maîtres, la piècede Goldoni qu’ils jouent dansNiNo. J’ai demandé et obtenul’autorisation de les filmer, et jesuis revenu les voir souvent, ducoup,j’aidesheurespassionnantesderépétitionsfilmées.initialementj’avais envie de construire unefictionenutilisantcescaptations...David Prat et Benoit Gruel, NinoetPolo,faisaientpartiedelatroupe.Quant à sarah Coulaud, elle étaitélève de la même école de théâtre,de la même enseignante, aliceMichel, qui est institutrice dansle civil et passionnée éperduede théâtre (elle joue dans le filmsonproprerôle)quimel’aprésentée.

  • À quel moment a débarqué Nino Ferrer ?C’est venu plus tard. J’ai un ami, Pierre Carles, ledocumentariste, qui est venu me voir à Bordeaux àNoëlavecunprojetàbased’archivesetdedocumentsà propos de Nino Ferrer qu’il aime beaucoup. Jecherchaisunsujetpourtournerunfilml’étésuivant.Nousnoussommesmisd’accordpourdirequeLéo,mon fils qui joue dans Les Petits PouCets, etavec lequel j’avais envie de retourner, ressemblait à

    NinoFerrer.J’aidonccommencéàécriretoutenécoutanttoutesleschansonsdeNino,etjemesuisattachéàcepersonnagequej’aimaisunpeucommetoutlemonde,maisquej’airedécouvertàtraverssesmorceaux,enparticulierlemerveilleuxL’ arbre noirquiestlefilrougedufilm.etpuis,j’aivudesliensentrelafaçonquej’envisageaisdefairelefilm,etlavisiondeschosesdeNinoFerrerquiprivilégiaitlalibertédecréeravanttout,cherchaitàfairesamusiquecommeill’entendait,etpourcelaavaitmisenplaceunsystèmed’auto-productionassezprochedecequej’aifaitpourNiNo.etpuis,monfilsm’aditunjourqu’ilnesesentaitpascapabledetenirlerôle,maisjem’étaistropattachéàNinoFerrerpourm’arrêter,lefilmétaitdéjàenmarche,j’aidonccontinuéàécrire,cettefoispourDavidquej’avaisvuauxrépétitionsdelatroupeetquejetrouvaisaussiexcellentacteurquetrèsressemblantàNino.D’ailleurs,lorsdelapremièreprojection,Pierre,undesfilsdeNinoFerrer,estvenuluiparleretluiadit«çam’afaitplaisirdevoirmonpèreàl’écran».seullepersonnagedesarahaétéécritsanssavoirquil’incarnerait,maisilyadansd’autresscénariosquej’aiécritsunpersonnagequiluiressemble,j’avaisdoncl’impressionderetrouverunevieilleamieetj’étaiscontentdepouvoirenfinluidonnervie… Comment le définiriez-vous ce personnage de Nathalie que je trouve très attachant ?C’est un personnage sans compromis, en quête d’absolus, qui dit des choses énormes et définitives,quin’estpas"malin",oustratégique,quis’engagetotalement,aveccequecelapeutavoirdedangereux…C’estlepersonnageverslequelonva,auquelonaenviedes’identifier,etçameplaît,mêmesij’aimetousmespersonnages.Jel’aiconçueentotaleoppositionàNatachadontonnesaitjamaissielleditlavérité.C’estuneactriceàpleintemps,jamaisaussisincèrequelorsqu’ellement,etsemblebienennuyéequandNinoluidemandeinnocemment:«etqu’est-cequetues?» Nathalie me fait penser à Katherine Hepburn, dans sylvia scarlet de George Cukor, dans un contexte et un registre différents, quoique le film commence dans un train, et se développe dans le milieu un peu louche d’un théâtre itinérant avec ses spectacles en pleine nature…ahoui,c’estvrai,cepersonnagedeCaryGrant,extrêmementcruel,jen’yavaispaspensé!enrevanchelethéâtreaucinémam’intéressetoujours.CommentçafonctionneparexemplechezrivetteetchezJohnFord,notammentquand les représentationsont lieudansdesespaces improbables,parexemple,dansLA Poursuite iNFerNALe, quand l’acteur déclame dans un saloon du shakespeare, je trouve ça

  • vraimentformidable,cemomentquisurgitetquitientaumiracleetquifaitque,toutàcoup,onpasseàlareprésentation,auxmasques,authéâtre.Qu’unrituelsemetteenplacemalgrél’hostilitéapparentedulieu, que ce soit un bar bruyant, ou la nature indifférente, comme dans la scène où Nathalie et Poloimprovisentauborddulac. Les rivages sont des lieux privilégiés dans tous vos films…Oui,aveclesdéplacementsàvélo,lesbordsdel’eau,mer,rivières,oulacs,reviennentdanschaquefilm,mêmedanslesÂmes CÂLiNesquisedéroulepourtantdansParis,maisquifaitunlongdétouraubordducanaldel’Ourcq.Cesontdeslieuxtrèsromanesques.Quandj’aidécouvertl’endroitpourlascènedelabagarre,surlesfalaisesaveclamerencontrebas,leschênesvertstordus,l’espacenaturelm’adictélafaçondefilmercetteembuscade.Labagarrefilméeaveccetteproximitédelaplagecommelieuagréableetattirant,paraîtencoreplusdouloureuse,onentendlajoiedesvacanciers,lesbruitsdeborddemer,quicontrasteaveclasouffrancedeNino.Laréférenceesthétiquetoutàfaitconscientepourcetteséquencec’estPierrot Le FoudeGodard. est-ce que vous avez été influencé par d’autres films ?Je suisdinguede JohnFord,et celam’a faitplaisirdepenser, en le revoyantpendant lemontage,queNiNoavaitdespointscommunsavecYouNG mister LiNCoLN,toutd’abordparcequelesdeuxfilmsparticipentd’unmêmegenre,quel’onpourraitdéfinircomme«anti-biopic».Chacunraconteetimaginel’apprentissageetlajeunessed’unepersonnecélèbre,estmenéparl’idéed’unpersonnagequiavanceversundestinexceptionneldontilal’intuition.etcequimetouchebeaucoupchezFord,c’estqu’ilsaitfairecommuniquerlesvivantsaveclesmorts,et j’yaipenséenécrivantetentournantladernièrescènedeNiNo,quandlesgarçonsconstruisentlacabanepourladéfunte. et parmi les cinéastes plus récents ?Laséquenceoùlesdeuxacteursparlentfacecaméraest proche du cinéma d’eugène Green et j’aimebeaucoupparexempleLe moNde ViVANt,maisjenesuispascommeluiunpuriste.Jerevendiqueunecertaineformedebâtardise,dansletonchangeantdufilm,commedansladirectiond’acteurs.Parexemple,lesdeuxactrices,Louetsarah,ontdesfaçonsdejouertrèsdifférentesetc’estcecontrastequim’aintéressé.Lou est plutôt proche des actrices de la Nouvellevague (elle ressemble à B.B., mais aussi à annaKarina) alors que sarah est plus « bressonienne »,etfairecoexistercesdeuxréférencesenapparenceirréconciliablesétaittoutàfaitvolontaire.

  • ilyaaussi,danslefilm,unclind’œilà mon ami Vincent Dietschy, quiavaitproduitLe Cri de tArzAN,et à son premier film, JuLie est Amoureuse,oùlethéâtreaunegrandeimportance. Les lieux ont une importance cruciale, comment avez-vous procédéaux repérages ?Commelesacteursétaientcharentaisetque,pourdesraisonsmatérielles,je ne voulais pas tourner dans desendroits trop éloignés les uns desautres, j’ai prospecté en Charente.LamaisondeNinoest en fait celle

    desparentsdeLou,etc’estderrièrecelle-ciqu’ontététournéeslesscènesdethéâtre.Laplage,avecsesétrangesfalaisesdecraie,estuneplagedel’estuairedelaGironde,toujoursenCharenteMaritime.Lelacestpluséloigné,c’estceluideLacanauquejeconnaisbien,etj’étaissûrquesurcetteriveassezinaccessible,iln’yauraitpersonnemêmependantlesvacancesd’été. Vous semblez avoir un rapport très intuitif à l’espace, dès Le Cri De tarzaN, qui va de pair avec une relation inspirée au découpage du temps, le paysage y est primordial et il retrouve dans vos plans ses forcesélémentaires…ahoui,dansLeCri de tArzAN,ceplandetempêtequis’estréellementabattusurnousaubeaumilieudelaprise,c’estunsouvenirmerveilleux.ÀlafindesPetits PouCets,onvoitlegarçonjouéparmonfilsmarcherdanslaforêt.sasilhouettesedécoupeaumilieudesarbres,unlacauloin,c’estunplantrèssimplemaisjel’aimebeaucoup.ilyalàunmystèrequimetouche,sansdouteparcequ’àlafoisj’avaisl’impressionde filmer une vérité de mon fils, sa dégaine particulière, et en même temps, je le filmais dans la nature.Danscecontrasteentrecetteformehumainedepassagesurcetteterreetlanatureimmuablesenicheuneréalitéindéfinissable,spirituellequimecaptiveetsetraduitenespaceetentemps.C’est un temps imprévisible qui caractérise le découpage de vos films, un temps qui appartiendrait aumoment de l’enregistrement, à l’esprit des personnages ou des situations ?Jepensequeladuréedesscènesnesedéfinitpasseulementaumomentdel’écritureduscénario,letempsest aussi géré pendant le tournage, et ce qui se passe au jour le jour sur le plateau va influencer maperception. Loin d’être un problème, c’est au contraire dans la façon de réagir à ces imprévus qu’uncinéaste,selonmoi,sedéfinit,etsonfilmavec.ilfautaccepterdeseperdredansuntournagepourmieux

  • trouversonfilmqui,petitàpetit,dictesaloi.semettreauservicedecettevoix,enétantàl’écoutedeshumeurs,dutempsetdelalumière.Jenefaisjamaisdestory-board,j’aimequel’espaced’uneséquences’imposeàmoiaumomentdutournage,commeunevéritéquim’échappemaisquimeguidesi jesaisl’écouter.

    Comme chez rivetteOui,letournageaccueilleunevieautonomedufilm.etchaquefilmdoits’inventersesrèglesdujeu.CelameplaisaitparexempleavecNiNOdefaireunfilmoùunbaiserredeviendraitunechoseextraordinaire,unpeucommeaudébutducinéma,unetransgressionpresqueoriginelle.Maiscelaasansdouteaussiàvoiravecmapropreadolescenceoù,commeNinodanslefilm,j’aieuletempsdedésirermonpremierbaiser.

    Propos recueillis par marie Anne GuerinJanvier 2012

  • Thomas Bardinet est réalisateur, scénariste, monteur, producteur, et musicien. Il vit ses vingtpremières années à Pessac, fief de Jean Eustache et d’Émile Couzinet. Entre mes petitesamoureuses et quand te tues-tu, il décide de ne pas choisir. Au terme de ses études à

    l’IDHEC, il forme le collectif sérénade productions, avec des cinéastes, notamment, dont il montera les films : Vincent Dietschy, Dominik Moll, Gilles Marchand et Laurent Cantet.

    Il réalise cinq courts-métrages, parmi lesquels Le Jour du BaC (Grand prix à Clermont Ferrand,Sélection à Venise) et SOYONS AMIS ! (Prix Jean Vigo, Grand prix de la Critique, Sélection à Cannes).

    Thomas Bardinet signe un premier long-métrage, Le Cri de tarZan, une tragi-comédie qui relate lesmésaventures d’un appelé du contingent, emportée par la musique d’une grande idole, Dick Annegarn.

    Après la liquidation de sérénade, il revient avec un second long, Les Âmes CÂLines, où il y réinvente un Paris ludique et poétique. François Berléand y trouve « un premier premier rôle », celui d’un peintreséducteur fauché, libertin et philosophe qui donne la réplique à Valérie Donzelli. Après une apparition en accordéoniste dans Le pont des arts, Bardinet retourne dans le bordelais, et, malgré son amour pour la musette, il décide d’appliquer la philosophie punk à la lettre - laquelle recommande de ne pas hésiter à faire ce pour quoi on n’a aucune compétence - et monte sa société de productions, Les Films de la Capucine,qu’il dirige aujourd’hui avec Laurine Pelassy, pour produire son troisième film, Les petits pouCets.Tourné en deux semaines dans la forêt des Landes, avec ses propres enfants, il y raconte le désarroi de parents contraints d’accepter la règle du jeu d’un cache-cache primitif imposé par leur progéniture.

    Presque en même temps, il réalise et co-produit un documentaire qui dit exactement le contraire,consacré à des petits rugbymen qui apprennent les lois d’un jeu sophistiqué imposé par leurs aînés. Mais dans ces deux propositions, finalement distribuées ensemble en salles, la question est identique : Les enfants s’en sortiront-ils ?

    L’interrogation demeure dans nino, une adoLesCenCeimaginaire de nino Ferrer, ou La Capitaine et L’agneau de momo, en cours d’écriture.Thomas Bardinet vient d’achever son sixième court-métrage, superdog, un film délicatement fantasti-que avec Laure Calamy, l’une des superbes héroïnesd’un monde sans Femmes.

    BIOFILMOTHOMASBARDINET

  • Longs-métrages1995 LeCrIDetarZan sélectionauxFestivalsdesansebastián,Bergame,gênes2001 LesÂmesCÂLInes sélectionauxFestivalsdenamur,Palmsprings,Istanbul,gênes,albi,newYork,saoPaulo,ottawa…2007 LesPetItsPoUCets2012 nIno,UneaDoLesCenCeImagInaIreDenInoFerreren preparationLaCaPItaIne L’agneaUDemomo

    DoCUmentaIres1986 LeCLosBas-BrIon2007 LaPetItemÊLéeen preparationLaPetItemÊLéeagranDI LeVInC’estDeL’amoUr

    CoUrts-métrages1987 LesDIeUXDUsPort,LesDémonsDUsommeIL1991 CaroLIneetsesamIs grandPrixducourt-métrageFestivaldeDunkerque1992 LeJoUrDUBaC grandPrix&PrixCanal+FestivaldeClermont-Ferrand/sélectionofficiellemostradeVenise1997 soYonsamIs! PrixJeanVigo1997/grandPrixdelaCritique1998/sélectionauxFestivalsdeCannes«CinémaenFrance», Vancouver,göteborg,newYork,tokyo,sansebastián…2008 BorDeaUXCLICCLaC2011 sUPerDogen preparationLaFormULeDUBaIser

    montages1991 UneLeçonDeFrançaIsdeVincentDietschy1992 CHaHIneanDCodeJean-FrançoisComolli(CollectionCinéma,denotretemps)1993 JoYeUXnoÊLdegillesmarchand1993 IntImItédeDominikmoll1996 JeUXDePLagedeLaurentCantet

  • David, Lou, Sarah et Benoît ont entre 18 et 23 ans. Ils sont issus de la troupe dethéâtre « LES PICCOLOS » de Montendre en Poitou-Charentes, où ils ont été formés pendant de nombreuses années par une professeur passionnée, Alice Michel, par ailleurs institutrice.

    En 2011, ils se sont séparés et ont pris leur envol, chacun à leur manière. Si David Prat étudiele commerce à Bordeaux, son désir de revenir sur les planches ou au cinéma est intact.

    Sarah Coulaud est entrée au Cours Claude Mathieu. Benoît Gruel vit à Lyon où il se consacre entièrement au théâtre. Et Lou de Laâge a déjà un beau parcours puisque après avoir incarné au

    cinéma une éblouissante Gabrielle dans J’aime regarder Les FiLLes où elle partageait l’affiche avecPierre Niney, et interprété Blanche-neige pour la télévision, elle vient de terminer le tournage de JappeLoup aux côtés de Guillaume Canet, Marina Hands et Daniel Auteuil.

    DAVID PRATLOU DE LAÂGE

    BIOFILMOS COMÉDIENS

    SARAH COULAUDBENOÎT GRUEL

  • 2011 - France - 1h15 - Numérique - Visa n°123 923

    avec DAVID PRATLOU DE LAÂGESARAH COULAUDBENOÎT GRUELLA TROUPE DES PICCOLOS DE MONTENDREALEX GOLINOANNE HIRIBARRENALICE MOURGUESBENOÎT MICHELSAVANAH RAMBAUDJUSTINE LAUTRETTEMANUEL LEVELLYJESSE MELLETJULIEN BARDINETCHRISTIAN LOUSTAUDOMINIQUE DE LAÂGEPIERRE CARLESscénario image son montage musique THOMAS BARDINETproduction LES FILMS DE LA CAPUCINE - THOMAS BARDINET - LAURINE PELASSYavec l’aide au développement de la RÉGION AQUITAINEavec le soutien de la RÉGION POITOU-CHARENTESdistribution france NiZ!