30
JEU DE PAUME CONCORDE — CHÂTEAU DE TOURS WWW.JEUDEPAUME.ORG PROGRAMMATION 2018

PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

JEU DE PAUMECONCORDE — CHÂTEAU DE TOURS

WWW.JEUDEPAUME.ORG

PROGRAMMATION 2018

Page 2: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

PARTENAIRES

Le Jeu de Paume est subventionné par le Ministère de la Culture.

Il bénéficie du soutien de la BANQUE NEUFLIZE OBC

et de la MANUFACTURE JAEGER-LECOULTRE, mécènes privilégiés.

Les Amis du Jeu de Paume soutiennent ses activités.

Page 3: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

SOMMAIREPROGRAMMATION CONCORDE

SUSAN MEISELAS06 | 02 – 20 | 05 | 2018

RAOUL HAUSMANN06 | 02 – 20 | 05 | 2018

GORDON MATTA-CLARK05 | 06 – 23 | 09 | 2018

BOUCHRA KHALILI 05 | 06 – 23 | 09 | 2018

DOROTHEA LANGE16 | 10 | 2018 – 27 | 01 | 2019 ANA MENDIETA16 | 10 | 2018 – 27 | 01 | 2019

PROGRAMMATION SATELLITE 11

DAMIR OCKO6 | 02 – 20 | 05 | 2018

DAPHNÉ LE SERGENT5 | 06 – 23 | 09 | 2018

ALEJANDRO CESARCO16 | 10 | 2018 – 27 | 01 | 2019

PROGRAMMATION CHÂTEAU DE TOURS

LUCIEN HERVÉ18 | 11 | 2018 – 27 | 05 | 2018

DANIEL BOUDINET16 | 06 – 28 | 10 | 2018

DENISE BELLON11 | 2018 – 05 | 2019

ACTIVITÉS CULTURELLES & CINÉMA

1

6

8

10

12

14

16

18

20

21

22

23

24

25

26

26

ˇ

Couverture Susan Meiselas Muchachos attendant la riposte de la Garde nationale, Matagalpa,Nicaragua,1978 ©SusanMeiselas/MagnumPhotos

Raoul Hausmann Sans titre,1931 ©RaoulHausmann Dorothea Lange Mère migrante, Nipomo, Californie, 1936 ©TheDorotheaLangeCollection,theOaklandMuseumof California,CityofOakland

Bouchra Khalili The Tempest Society.Film, 60min. 2018 ©BouchraKhalili

Gordon Matta-Clark Graffiti: Linda,1973 ©GordonMatta-Clark

Ana Mendieta Untitled: Silueta Series, 1978.FilmSuper8,couleur,muet ©TheEstateofAnaMendietaCollection,LLC.Courtesy GalerieLelong,NewYork

Page 4: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

PROGRAMMATIONCONCORDE

Page 5: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

5

SUSAN MEISELASMÉDIATIONS06 | 02 – 20 | 05 | 2018

La rétrospective consacrée à la photographe américaine Susan Meiselas (1948, Baltimore) réunit une sélection d’œuvres des années 1970 à nos jours. Membre de Magnum Photos depuis 1976, Susan Meiselas questionne la pratique documentaire. Elle s’est fait connaître par ses images sur les zones de conflit en Amérique centrale dans les années 1970 et 1980, notamment grâce à la force de ses photographies couleurs.

Couvrant de nombreux sujets et pays, de la guerre aux questions des droits de l’homme, de l’identité culturelle à l’industrie du sexe, elle utilise la photographie, le film, la vidéo et parfois des matériaux d’archives dans une volonté constante de construire des récits auxquels elle associe ses sujets, développant avec eux une relation dans le temps. Du portrait au reportage, Meiselas s’intéresse à la réception de ses photographies par les personnes qu’elle dépeint, ainsi qu’aux moyens de diffusion de ses œuvres. L’exposition met en évidence la démarche unique de l’artiste qui interroge en permanence l’acte photographique et son rôle de témoignage des conflits avec une approche personnelle autant que géopolitique.

Ses premiers travaux illustrent déjà son intérêt pour la photographie documentaire. Son tout premier projet, 44 Irving Street (1971), série de portraits en noir et blanc, lui offre, à travers l’appareil photo, la possibilité d’interagir avec les autres locataires de la pension où elle vivait durant ses études. Pour Carnival Strippers (1972-1975), elle suit durant trois étés consécutifs des strip-teaseuses travaillant dans des fêtes foraines de Nouvelle-Angleterre. Le reportage est complété d’enregistrements audio des femmes, de leurs clients et de leurs managers. De cette période, date aussi Prince Street Girls (1975-1992) qui a pour décor le quartier de Little Italy, à New York, où Susan Meiselas vit encore aujourd’hui. Photographiant un même groupe de jeunes filles sur plusieurs années, elle réalise une chronique des relations suivies entre les jeunes filles et la photographe.

Trois séries importantes constituent l’axe central de l’exposition : Nicaragua, El Salvador et Kurdistan. Réalisées entre la fin des années 1970 et les années 2000, elles montrent la manière dont l’artiste interroge la pratique de la photographie. À l’occasion de ses nombreux voyages en Amérique latine, en temps de guerre comme en temps de paix, Meiselas revient sur les lieux de ses premières photographies et se sert de ces images pour retrouver les personnes qu’elle avait rencontrées et continuer ainsi à enregistrer leurs témoignages. Avec le projet Médiations (1982), titre éponyme de cette exposition, Meiselas révèle

comment les images changent de sens selon les contextes de leur diffusion. Sa démarche est inédite, et presque prémonitoire, dans un monde où l’échange d’images est désormais facilité par les technologies numériques.

À partir de 1997, Meiselas aborde chaque conflit d’une manière différente et en rapport avec le contexte. Kurdistan: In the Shadow of History est une archive de l’histoire visuelle d’un peuple sans nation. Meiselas, qui a réuni ces éléments dans différentes parties du monde et en interaction avec des Kurdes, conçoit cette œuvre comme une installation composée d’une compilation de documents, de photographies et de vidéos.

En 1992, Meiselas, invitée à participer à une campagne de sensibilisation sur la violence domestique, photographie des scènes de crime en suivant une équipe de policiers, puis sélectionne dans les archives de la police de San Francisco des documents accompagnés de photos. Ces recherches l’ont conduite à créer Archives of Abuse, collages de rapports et de photographies de police, exposés dans les espaces publics de la ville, par exemple sous forme d’affiches dans les abribus.

Pour la rétrospective au Jeu de Paume, Susan Meiselas a créé une nouvelle œuvre, commencée en 2015 auprès de Multistory, association basée en Angleterre. Cette dernière série réalisée dans un foyer pour femmes, A Room of Their Own, porte à nouveau sur le thème de la violence domestique. L’installation comprend cinq récits en vidéo qui présentent les photographies de l’artiste, des témoignages de première main, des collages et des dessins.

L’exposition du Jeu de Paume est la première rétrospective en France parcourant les différentes phases du travail de Susan Meiselas. Elle retrace sa trajectoire d’artiste visuelle qui, depuis les années 1970, associe ses sujets à sa démarche et questionne le statut des images par rapport au contexte dans lequel elles sont perçues.

Catalogue Susan Meiselas. MédiationsTextes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia ViewingCoédition Jeu de Paume / Fondation Tàpies / Damiani Versions française, anglaise, espagnole. 192 pages, 30 €

Commissaires : Carles Guerra et Pia Viewing

Coproduction Jeu de Paume / Fundació Antoni Tàpies, Barcelone

Jeu de Paume | Concorde

Page 6: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

6

Susan Meiselas Muchachos attendant la riposte de la Garde nationale,Matagalpa,Nicaragua,1978 ©SusanMeiselas/MagnumPhotos

Susan Meiselas Sandinistes aux portes du quartier général de la Garde nationale à Esteli : «L’hommeaucocktailMolotov»,16juillet1979 ©SusanMeiselas/MagnumPhotos

Susan Meiselas Dee et Lisa, Mott Street,LittleItaly,NewYork,1976 ©SusanMeiselas/MagnumPhotos

Page 7: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

7

RAOUL HAUSMANNUN REGARD EN MOUVEMENT 06 | 02 – 20 | 05 | 2018

Jamais exposée pour elle-même dans un musée en France, l’œuvre photographique de Raoul Hausmann est restée longtemps méconnue et sous-estimée. De cet artiste-clé du XXe siècle, la postérité a d’abord retenu le rôle majeur au sein de Dada Berlin, les assemblages, les collages, les photomontages, les poèmes optophonétiques, quand les vicissitudes de l’Histoire ont effacé cette autre facette, à tous égards prééminente, de son rayonnement.

À partir de 1927, Hausmann devient pourtant un photographe prolixe. Cette pratique nouvelle pour lui, immédiatement absorbante, devient la clé de voûte d’une pensée globale foisonnante qui culmine jusqu’à son départ forcé d’Ibiza en 1936. Au cours de cette intense décennie, il aura beaucoup réfléchi à la photographie et développé une pratique profondément singulière du médium, à la fois documentaire et lyrique, indissociable d’une manière de vivre et de penser. Ses amis avaient pour nom August Sander, Raoul Ubac, Elfriede Stegemeyer, et Lázló Moholy-Nagy, lequel ne craignait pas de déclarer à Vera Broïdo, l’une des compagnes de Hausmann : « Tout ce que je sais, je l’ai appris de Raoul. »

L’oubli qui a nimbé l’œuvre de Hausmann redouble sa traversée du siècle clandestine. Lui qui fut taxé d’artiste « dégénéré » par les nazis et quitta précipitamment l’Allemagne en 1933 dut abandonner bien des clichés sur la route de ses exils pressés. Son travail photographique est, dès lors, demeuré secret, largement invisible, présumé perdu, avant que ne soit presque miraculeusement découvert, entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980, un fonds jusque-là inconnu dans l’appartement de sa fille à Berlin (aujourd’hui à la Berlinische Galerie). Les fonds français, principalement conservés au Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart et au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne, ainsi qu’au Musée national d’art moderne, se sont constitués dans le même temps, et enrichis jusqu’aux années 2010. Depuis lors, son aura de photographe n’a cessé de croître.

Hausmann photographe étonne. Lui dont on connaît la veine acerbe et mordante de l’époque dada vise ici la pacification, la réconciliation, une forme de résistance au temps par la sérénité. À partir du milieu des années 1920, l’atmosphère de Berlin lui semblant de plus en plus oppressante, il prolonge sans cesse ses séjours dans de petits villages sur les bords de la mer du Nord et de la Baltique, qui font à la fois office de « refuges » et de « cachettes pour artistes ». Là, il photographie le sable, l’écume, les tourbières, des corps nus, les courbes des dunes, le blé, les brins d’herbe, l’anodin qui s’impose

dans un éblouissement. Son attention se porte aussi sur de modestes artefacts solitaires, râpes à fromage, chaises cannées, corbeilles en osier, tous objets troués qu’il transforme en flux, voire en tourbillon de lumière. Hausmann nomme ces expérimentations « mélanographie ». Elles rendent le saisissement né de l’apparition de l’image comprise, écrit-il, comme « la dynamique d’un processus vivant ».

Après l’incendie du Reichtsag, il arrive à Ibiza en 1933. Sa pratique évolue alors. Fasciné par la pureté des maisons paysannes en forme de cubes blancs, il réalise l’inventaire photographique de ces « architectures sans architecte », populaires, à la fois anciennes et modernes, qui évoquent le « style international ». La photographie vient alors soutenir une étude anthropologique de l’habitat vernaculaire, engagée contre les racismes des années 1930. Lui-même intégré à la communauté insulaire, évoluant presque hors du temps, comme dans un « état de rêve », Hausmann réalise encore des portraits saisissants des habitants, qui sont une autre forme de son engagement. L’éclatement de la guerre d’Espagne, et l’abandon presqu’immédiat du petit territoire d’Ibiza aux franquistes, marquent le début d’un exil pénible qui ne lui permettra plus de se consacrer de façon aussi assidue à la photographie. Hausmann trouvera finalement refuge en France, dans le Limousin où il meurt en 1971, cinq ans après sa première rétrospective au Moderna Museet de Stockholm.

Catalogue Raoul Hausmann. Photographies 1927-1937Textes de Cécile Bargues et Nick CohnCoédition Jeu de Paume / Le Point du Jour / Musée départemental d’art contemporain de RochechouartVersion anglaise éditée par Koenig 264 pages, 39 €

Commissaire : Cécile BarguesCommissaire associé : David Barriet

Coproduction Jeu de Paume / Le Point du Jour, CherbourgAvec la collaboration du Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart,du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, de la Berlinische Galerie à Berlin, du Musée national d’art moderne / Centre Georges Pompidou, ainsi que de collections privées.

Jeu de Paume | Concorde

Page 8: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

8

Raoul Hausmann Sans titre (Vera Broïdo),vers1931 ©BerlinischeGalerie/VGBild-Kunst,Bonn

Raoul Hausmann Nu (Vera Broïdo, vue de dos),1927 ©Muséedépartementald’artcontemporaindeRochechouart

Raoul Hausmann Sans titre (Dünenlandschaft),nondaté ©BerlinischeGalerie/VGBild-Kunst,Bonn

Page 9: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

9

GORDON MATTA-CLARKANARCHITECTE 05 | 06 – 23 | 09 | 2018

Réunissant une centaine d’œuvres de Gordon Matta-Clark (1943-1978), l’exposition « Anarchitecte » explore l’importance du travail de l’artiste au regard d’une réévaluation de l’architecture après le modernisme. Couvrant un large éventail de médiums – photographie, film et gravure –, l’exposition présente des œuvres qui, du fait de leur lien avec la culture urbaine contemporaine, éclairent le contexte dans lequel s’inscrit la passionnante critique de l’architecture proposée par Gordon Matta-Clark.

S’installant à New York peu après la fin de ses études à l’école d’architecture de l’université Cornell (1962-1968), Matta-Clark commence à produire une série d’œuvres in situ dont le propos semble être de procéder à une anatomie du corps même du paysage urbain : il découpe et démantèle littéralement les structures des bâtiments, exhibant ce qui subsiste à titre de preuve. Ces actions ont lieu, pour la plupart, dans le sud du Bronx à une époque où le quartier connaît un fort déclin économique en raison de l’exode massif de la classe moyenne vers la banlieue. Nombre de bâtiments abandonnés deviennent ainsi le terrain privilégié d’intervention de Matta-Clark. L’une des séries les plus iconiques de la période, Bronx Cuts, deviendra emblématique de son travail et servira de base à d’autres projets ambitieux tels que Conical Intersect (Paris, 1975).

Gordon Matta-Clark n’a pas seulement déstabilisé les notions de module et de répétition chères à l’architecture moderniste, il a aussi pris acte de cette tendance croissante à interagir avec l’espace public que traduit la prolifération des graffitis. Bien que son origine remonte à l’Antiquité, c’est seulement après la Seconde Guerre que le graffiti prend la dimension d’un phénomène mondial, notamment au sein des communautés post-industrielles appauvries. Répliquant à la tristesse de l’expansion urbaine, le graffiti devient alors le moyen par lequel la jeunesse de tous les pays exprime sa rébellion contre le conformisme et, en fin de compte, contre l’autorité de l’architecte.

Ironiquement, la méthode du « découpage », née des ruines du paysage de l’ère industrielle, allait bientôt influencer toute une génération de jeunes architectes, notamment parmi les adeptes de l’esthétique déconstructiviste – Frank Gehry, Peter Eisenman ou encore Daniel Libeskind.

Avec la réévaluation de la culture urbaine, il est apparu plus récemment que le travail de Matta-Clark sur les graffitis témoignait aussi d’une certaine prescience des nouvelles orientations architecturales, si l’on en juge par le

nombre croissant de créateurs qui puisent leur inspiration dans cette expression.

Retraçant le parcours de l’artiste depuis ses premières interventions dans le Bronx, l’exposition « Gordon Matta-Clark. Anarchitecte » propose une nouvelle lecture de son œuvre et de son influence sur l’art et l’architecture contemporains.

Catalogue Gordon Matta-Clark Textes de Sergio Bessa, Cara Jordan, Xavier WronEditions Jeu de Paume184 pages, 42 € (environ)

Commissaires : Sergio Bessa et Jessamyn Fiore Exposition organisée par The Bronx Museum of the Arts, en coopération avec le Jeu de Paume pour sa présentation à Paris, avec la collaboration spéciale de : Henry Luce Foundation, National Endowment for the Arts, Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, Blue Rider Group at Morgan Stanley, David Zwirner et the Estate of Gordon Matta-Clark.

Jeu de Paume | Concorde

Page 10: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

10

Gordon Matta-Clark Gordon Matta-Clark making Day’s End (Pier 52),1975 ©2018EstateofGordonMatta-Clark/ArtistsRightsSociety(ARS),NewYorkandDavidZwirner,NewYork.

Gordon Matta-Clark Graffiti: Linda,1973 ©2018EstateofGordonMatta-Clark/ArtistsRightsSociety(ARS),NewYorkandDavidZwirner,NewYork.

Gordon Matta-Clark and Gerry Hovagimyan working on Conical Intersect,1975 PhotoHarryGruyaert ©2018EstateofGordonMatta-Clark/ArtistsRightsSociety(ARS),NewYorkandDavidZwirner,NewYork.

Page 11: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

11

BOUCHRA KHALILIBLACKBOARD05 | 06 – 23 | 09 | 2018

Le Jeu de Paume consacre une importante exposition à l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili (Casablanca, 1975). Le travail de l’artiste en film et installation vidéo, photographie et sérigraphie, s’organise autour de plateformes mises en œuvre par l’artiste depuis lesquelles des membres de minorités performent leurs stratégies de résistances face à l’arbitraire du pouvoir.

À travers ses propositions artistiques, Bouchra Khalili articule récits singuliers et histoire collective interrogeant les relations complexes entre subjectivité et prises de positions civiques pour penser une communauté à venir. « Blackboard », son exposition personnelle au Jeu de Paume réunit, pour la première fois en France, une sélection d’œuvres de ces dix dernières années.

Au fil de l’exposition sont présentées The Seaman (2012), récit d’un marin philippin méditant sur les mécanismes du commerce mondialisé depuis sa perspective de travailleur en perpétuel exil, The Mapping Journey Project (2008-2011) et The Constellations Series (2011), cartographie alternative de huit voyages forcés en Méditerranée, The Speeches Series (2012-2013), trilogie de vidéos – Mother Tongue, Words on Streets et Living Labour –, faisant dialoguer différentes formes d’appartenance : communauté linguistique, citoyenne et identification à la classe ouvrière.

À travers le corpus Foreign Office, composé d’un film, d’une série de photographie et d’une image en sérigraphie, Khalili revient sur la décennie 1962-1972, pendant laquelle Alger a accueilli des mouvements de libération d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, des États-Unis ainsi que des organisations antifascistes européennes, questionnant les modalités narratives et visuelles d’une transmission d’une histoire des utopies.

La série de photographies Wet Feet réalisée en 2012 à Miami s’attache aux traces laissées par les déplacements des exilé·e·s qui ont réussi à gagner l’Amérique par la Floride. Présentée pour la première fois à la documenta 14, The Tempest Society est une œuvre clé dans le travail de l’artiste en ce qu’elle propose la synthèse d’une réflexion entamée de longue date autour de la question de l’égalité radicale et de l’art comme espace civique.

Le nouveau film de l’artiste, Twenty-Two Hours, sera présenté pour la première fois en France au Jeu de Paume. Il revient sur l’engagement de Jean Genet auprès des Black Panthers et sur la relation essentielle que l’écrivain n’a cessé de tisser dans les vingt dernières années de sa vie, entre poésie, émancipation collective et solidarité envers les proscrits et les « ennemis déclaré·e·s » de l’ordre social.

Élevée entre la France et le Maroc, Bouchra Khalili est basée à Berlin, et est professeur d’Art Contemporain à la Oslo National Art Academy. Elle a étudié le cinéma à la Sorbonne Nouvelle et est diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Elle est cofondatrice, avec l’artiste Yto Barrada, de la Cinémathèque de Tanger, inaugurée en 2006.

Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, notamment à la Secession, Vienne (2018), au Wexner Center for the Arts, Columbus (2017), au MoMA, New York (2016), au Palais de Tokyo, Paris (2015), au MACBA, Barcelone (2015), au PAMM, Miami (2013-2014), au Van Abbemuseum, Eindhoven (2013), et à la DAAD Galerie, Berlin (2013), parmi d’autres.

L’artiste a également été présentée dans plusieurs événements artistiques internationaux : la documenta 14 d’Athènes et de Cassel (2017), la Triennale de Milan (2017), la 8e Biennale de Göteborg (2015), l’Exposition internationale de la 55e Biennale de Venise (2013), la Triennale, Palais de Tokyo, Paris (2012), la 18e Biennale de Sydney (2012) ou encore la 10e Biennale de Sharjah (2011).

Bouchra Khalili est nominée cette année pour le Guggenheim’s Hugo Boss Prize et l’Artes Mundi Prize.En 2017, elle a reçu l’Ibsen Award, la plus importante distinction norvégienne pour le spectacle vivant et la performance. Actuellement, elle est artiste invitée au Harvard’s Radcliffe Institute for Advanced Study ainsi qu’au Harvard’s Film Study Center. Précédemment, elle a été lauréate de l’Abraaj Group Art Prize (2014), du Sam Art Prize (2014), du DAAD Artists-in-Berlin Program (2012), du Vera List Center for Arts and Politics Fellowship (The New School, New York, 2011-2013), de la Villa Médicis Hors les Murs (2010), du Videobrasil Residency Award (2009), de la Bourse Image-Mouvement (CNAP, 2008) et du prix Louis Lumière (2005).

Textes de Nacira Guénif et Élisabeth LeboviciEntretien de l’artiste avec Omar BerradaÉditions du Jeu de Paume192 pages, 39 €

Commissaires : l’artiste, Juan Antonio Álvarez Reyes et Marta Gili

Coproduction Jeu de Paume et le CAAC – Centro Andaluz de Arte Contemporáneo, Séville

Jeu de Paume | Concorde

Page 12: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

12

Bouchra Khalili The Tempest Society.Film, 60min. 2018 ©BouchraKhalili/GaleriePolaris,Paris

Bouchra Khalili Wet Feet: Lost Boats, 2012 ©BouchraKhalili/GaleriePolaris,Paris

Bouchra Khalili Speeches-Chapter 1: Mother Tongue. Vidéo,25min. 2012 ©BouchraKhalili/GaleriePolaris,Paris

Page 13: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

13

DOROTHEA LANGEPOLITIQUES DU VISIBLE16 | 10 | 2018– 27 | 01 | 2019

À l’automne 2018, le Jeu de Paume présente une rétrospective consacrée à Dorothea Lange (1895-1965), l’une des photographes les plus importantes du XXe siècle. Puisant dans les archives de l’Oakland Museum of California, « Dorothea Lange. The Politics of seeing » est la première exposition à s’intéresser à l’extraordinaire pouvoir émotionnel des photographies de l’artiste et à présenter, sous l’angle du militantisme social et politique, le travail qu’elle a réalisé durant la Grande Dépression, la Seconde Guerre mondiale et dans l’Amérique de l’après-guerre.

Avec les écrits de John Steinbeck, les photographies de Dorothea Lange figurent parmi les grandes œuvres inspirées par des temps troublés : une image comme Mère migrante prend un caractère mythique en devenant le symbole de toute une époque.

Quand, en 1929, survient la Grande Dépression, Lange tourne instinctivement son objectif vers les victimes de la crise et réalise des images qui retiennent l’attention de Paul S. Taylor, économiste du travail à l’Université de Californie. Ensemble, ils forment rapidement un couple qui documente, pour le compte des agences gouvernementales du New Deal, le sort des travailleurs chassés par la catastrophe du Dust Bowl : une partie du Middle West, cœur agricole des États-Unis, a alors été ravagée par la sécheresse et par de terribles tempêtes de poussière.

Après la Grande Dépression, Dorothea Lange continue à pratiquer la photographie et à traiter les grands problèmes de son temps, et notamment l’incarcération des Américains japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, les migrations en temps de guerre des familles afro-américaines et hispaniques vers la Californie, le système de justice pénale à travers le travail d’un avocat chargé de défendre les indigents [Public Defender], ou bien encore la destruction de l’environnement et l’urbanisation dans l’après-guerre.

Si les images iconiques de Dorothea Lange consacrées à la Grande Dépression sont connues, ses photographies de l’internement des Américains japonais n’ont été publiées qu’en 2006 et sont montrées en France, pour la première fois, à l’occasion de l’exposition au Jeu de Paume. Elles illustrent combien Dorothea Lange s’est, tout au long de sa vie, servie de ses images intimes et fascinantes pour dénoncer et tenter de changer les esprits.

Près de 130 photographies sont regroupées thématiquement pour mieux montrer le lien entre la

photographie de Lange et son engagement social. Enfin, une sélection de souvenirs personnels, de planches-contacts inédites, de notes sur le terrain, d’objets historiques et de vidéos permet de replacer son travail dans le contexte de cette époque difficile.

L’exposition du Jeu de Paume aborde sous un angle unique une artiste américaine reconnue, qui ne cesse de gagner en puissance. Mettant en valeur les qualités artistiques et la force de conviction de l’artiste, elle permet de redécouvrir l’importance de l’œuvre de Dorothea Lange.

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition.

Commissaires : Drew Heath Johnson et Pia Viewing

Exposition organisée par le Oakland Museum of California. La présentation européenne a été co-produite par le Jeu de Paume, Paris, et la Barbican Art Gallery, London.

La Banque Neuflize OBC, mécène historique du Jeu de Paume, et FIDAL ont choisi d’apporter leur soutien à l’exposition « Dorothea Lange. Politiques du visible » à Paris.

Cette exposition a été rendue possible grâce à la contribution de la Terra Foundation for American Art.

Jeu de Paume | Concorde

Page 14: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

14

Dorothea Lange Gas station, Kern County, Californie (Lettuce Strike),1938 ©TheDorotheaLangeCollection,theOaklandMuseumofCalifornia,CityofOakland

Dorothea Lange Mère migrante, Nipomo, Californie, 1936 ©TheDorotheaLangeCollection,theOaklandMuseumofCalifornia,CityofOakland

Portrait of Dorothea Lange by Paul S. Taylor Dorothea Lange au Texas sur les Plaines,vers1935 ©TheDorotheaLangeCollection,theOaklandMuseumofCalifornia,CityofOakland

Page 15: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

15

ANA MENDIETALE TEMPS ET L’HISTOIRE ME RECOUVRENT16 | 10 | 2018 – 27 | 01 | 2019

L’exposition « Ana Mendieta » (La Havane, 1948-New York, 1985) est consacrée à l’œuvre filmique de l’artiste cubaine. Réunissant une vingtaine de films et une sélection de photographies, l’exposition permet la découverte du plus grand ensemble de travaux de l’artiste, jusqu’alors jamais réunis.

Ana Mendieta est considérée comme l’une des artistes les plus originales et talentueuses d’après-guerre. Les expositions qui lui ont été consacrées récemment en Europe (Londres, Prague, Salzbourg, Turin ou Umea) démontrent la puissance de sa vision artistique et l’influence de son travail pour les générations qui ont suivi. Grâce à son travail qui porte profondément sur l’humain, son œuvre parle avec force à un public varié, toutes générations confondues.

Au cours de sa brève carrière, de 1971 à 1985, Ana Mendieta a produit un important corpus incluant dessins, installations, performances, photographies et sculptures. Moins connue, sa production de films et de vidéos est particulièrement remarquable et prolifique : ses 104 films réalisés entre 1971 et 1981, font d’Ana Mendieta l’une des figures majeures dans la pratique des arts visuels multidisciplinaires. Grâce à de nouveaux documents de recherche, l’exposition du Jeu de Paume replace l’image en mouvement au centre de son œuvre, au travers des thèmes abordés de manière récurrente tels que la nature, la mémoire, l’histoire et le passage du temps, souvent explorés dans la relation du corps et de la terre.

L’exposition comprend Moffitt Building Piece et Sweating Blood, deux films réalisés en 1974, dans lesquels l’artiste écrit, à la main, les déclarations Blood Writing and Blood Sign. Ils furent réalisés en réaction à l’agression sexuelle et au meurtre, en 1973, de Sarah Ann Ottens, étudiante à l’Université de l’Iowa.

Au cours des années 1970, chaque été, Mendieta se rend au Mexique où elle réalise de nombreuses œuvres. L’exposition présente Creek, Silueta del Laberinto et Burial Pyramid, tous réalisés au Mexique à l’été 1974 et dans lesquels elle définit son esthétique unique du corps-terre, mélangeant son corps à la terre dans une exploration de l’histoire et du souvenir. Également de 1974, le film Mirage raconte symboliquement l’histoire de la séparation de Mendieta et de sa famille, à Cuba, à travers un double récit de la relation mère-fille.

Deux œuvres de 1975 sont présentées : Blood Inside Outside et Energy Charge. La première est une étonnante étude psychologique sur l’autonomie et la vulnérabilité, menée avec une honnêteté impitoyable. La seconde,

Energy Charge, intègre, quant à elle, le thème de l’arbre de vie, cher à la mythologie antique. Anima, Silueta de Cohetes a été réalisé à Oaxaca, au Mexique pendant l’été 1976. Le film retrace, au travers d’une métaphore poétique, le passage du temps et la transformation du corps physique qui en résulte.

Dans sa pratique artistique, Mendieta utilise les quatre principaux éléments – la terre, l’eau, l’air et le feu – pour évoquer les strates de l’histoire et les superpositions de sens multiples. Elle réalise, en 1978, les films Untitled : Silueta Series, Silueta de Arena et Untitled: Silueta Series. Alors que Untitled: Silueta Series poursuit l’exploration du thème de l’arbre de vie dans l’image d’un arbre qui brûle d’où surgissent par magie des mains luisantes, Silueta de Arena évoque la frontière entre le souvenir et l’expérience. Untitled: Silueta Series convoque les intérêts de Mendieta pour l’aspect ritualiste de l’art et la transformation de la terre en un espace sacré. Dans Volcán (1979), l’artiste fait de la forme du volcan une métaphore de la terre comme lieu de réconciliation et de désagrégation. Birth (Gunpowder Works), de 1981, est un film merveilleusement graphique dans lequel la boue séchée et craquelée, ainsi que la lumière de l’Iowa donne naissance à un rêve de magie et de puissance artistique.

Les trois derniers films de l’exposition, réalisés en 1981, forment une trilogie sur la relation entre le déplacement, le retour et la réconciliation. Esculturas Rupestres est le cycle épique de sculptures que Mendieta a taillées dans les parois calcaires des Cuevas de Jaruco, à La Havane. Voyage à travers le temps réel et métaphorique, ce film marque le retour de Mendieta à Cuba et son lien avec les mythes antiques des grottes de Jaruco. Untitled se situe sur les plages de Guanabo, à La Havane. Mendieta y raconte la nostalgie pour sa terre natale et le temps distendu de la séparation. Ochún est une vidéo réalisée au large de Key Biscayne, en Floride. La figure de la Silueta pointe vers Cuba, et l’eau entre la Floride et Cuba y dessine des vaguelettes. Ochún, qui doit son nom à une déesse de Santería, transforme la douleur de la séparation en un sobre poème fait de couleurs, de lumière, de mouvements et de sons.

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition.

Commissaires : Lynn Lukas et Howard Oransky

Production Katherine E. Nash Gallery, University of Minnesota en collaboration avec le Jeu de Paume

Jeu de Paume | Concorde

Page 16: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

16

Ana Mendieta Creek,1974.FilmSuper8,couleur,muet ©TheEstateofAnaMendietaCollection,LLC.CourtesyGalerieLelong,NewYork

Ana Mendieta Sweating Blood,1973.FilmSuper8,couleur,muet ©TheEstateofAnaMendietaCollection,LLC.CourtesyGalerieLelong,NewYork

Ana Mendieta Anima, Silueta de Cohetes (Firework Piece),1976.FilmSuper8,couleur,muet ©TheEstateofAnaMendietaCollection,LLC.CourtesyGalerieLelong,NewYork

Page 17: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

PROGRAMMATIONSATELLITE 11

Page 18: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

18

NOVLANGUE_SATELLITE 1106 | 02 | 2018 – 20 | 01 | 2019

« Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. » — Ludwig Wittgenstein

À l’heure où Google œuvre à la création d’un « méta-vers », monde de demain constitué de plusieurs couches de différentes réalités, aussi bien au cœur de l’espace public ou de l’intime, la langue et son usage sont plus que jamais au centre du débat.

En écho à un nouveau système de parole médiatique, ce « théâtre de la parole-spectacle1 » se construit à l’aube du XXIe siècle sur une réduction du langage (Twitter), sur le néologisme (Brexit, Frexit, réflaxion…) et la post-vérité (faits alternatifs).

La 11e édition de la programmation Satellite se compose des propositions de Damir Ocko, Daphné Le Sergent et Alejandro Cesarco, engageant la parole publique comme outil d’individuation. Les trois expositions viennent irriguer l’analyse critique d’un monde en contraction de pensée2, offrant une hypothèse de réponse aux limites d’un discours formaté, équarri, dépouillé.

À l’ère du virage numérique et de sa capillarité, alors que même la parole publique, relayée par les médias, fait usage des réseaux comme d’une agora, la question d’une langue réduite, formatée, simplifiée refait surface. Cette mutation géopolitique n’est en effet pas sans évoquer un paysage langagier imaginé par la littérature en 1949. Le novlangue est la langue officielle d’Océania, région fictive inventée par George Orwell dans son roman dystopique 1984. Utilisée dans l’écriture même du récit, cette langue est définie par Wikipédia comme « un principe simple : plus on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels réfléchir […], moins les gens sont capables de réfléchir et plus ils raisonnent à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les […] sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision3. »

Cette simplification lexicale et syntaxique de la langue rend difficile voire impossible toute pensée critique. Le paradigme du novlangue, réduit à son minimum, fonctionne alors comme un langage-écran construit sur l’affect, l’idéologie, la rhétorique, la régularité absolue. La langue est le point d’achoppement entre vérité et falsification.

Pointant une distance toujours plus courte entre l’information donnée et sa lecture, mais aussi la possibilité nouvelle de naviguer entre les mots et les signes, « NOVLANGUE_ » tente d’ouvrir une cosmogonie du langage, une fabrique de pensée, une forme de résistance par le champ de la langue et de l’exposition.

Agnès Violeau

Agnès Violeau, née en 1976, vit et travaille à Paris. Elle est commissaire d’exposition et critique d’art indépendante. Ses recherches se portent sur la fabrique de l’exposition et les territoires langagiers.

1. Christophe P. Lagier, Le Théâtre de la parole-spectacle : Jacques Audi-berti, René de Obaldia et Jean Tardieu, Birmingham (États-Unis) Summa Publications, 2000.2. Pierre Bourdieu décrit en 1977 un « rapport au monde déréalisé ».3. Wikipedia reprend de manière libre et modifiable la définition de l’auteur, écrite dans le livre.

Commissaire : Agnès Violeau

Expositions coproduites par le Jeu de Paume, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla, Mexique.

Les Amis du Jeu de Paume et du CAPC contribuent à la production des œuvres de la programmation Satellite.

Quelques repères La programmation Satellite est confiée, chaque année, à un commissaire indépendant chargé de concevoir trois expositions au Jeu de Paume. Pour la 11e édition de cette programmation, le Jeu de Paume renouvelle son partenariat avec le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et s’associe à un nouveau partenaire, le Musée Amparo de Puebla, Mexique. Agnès Violeau, commissaire indépendante basée à Paris, est invitée à concevoir cette programmation, intitulée

« NOVLANGUE_ ». Les trois expositions sont également présentées au CAPC et au Musée Amparo de Puebla en 2018. Les expositions de la programmation Satellite s’accompagnent de trois publications. Chaque année, le Jeu de Paume et le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux font appel à des graphistes indépendants pour imaginer l’identité graphique des trois volumes de la programmation. Le graphisme de Satellite 11 a été créé par Jérémy Glâtre.

Jeu de Paume | Satellite 11

Agnès Violeau © Aurélie Haberey

ˇ

Page 19: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

19

DAMIR OCKODICTA06 | 02 – 20 | 05 | 2018

Né en 1977 à Zagreb (Croatie), où il vit et travaille, Damir Očko invite à parcourir les méandres du langage et la manière dont le système neurophysiologique le génère avec poésie. Ses œuvres s’inscrivent dans un corpus d’idées où les éléments se répondent les uns aux autres, entre désir et carence, réel et fiction.

Damir Očko a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, notamment au Dazibao à Montréal (2016), au Pavillon croate de la 56e Biennale de Venise (2015), au Künstlerhaus Halle für Kunst & Medien de Graz et au Temple Bar Gallery & Studios à Dublin (2014), au Palais de Tokyo à Paris (2012), à la Kunsthalle de Düsseldorf (2011), au Kunstverein de Leipzig (2010), au Museum of Contemporary Art de Zagreb (2005) ; ainsi que collectives : à l’Austrian Cultural Forum de New York (2016), au Württembergischer Kunstverein à Stuttgart (2015), à la Kunsthalle de Vienne, à la Collection Lambert en Avignon ainsi qu’au Plateau à Paris (2014), ou encore au MUDAM, Luxembourg (2013).

Le novlangue d’Orwell, qui prône une non-distanciation avec les faits, regroupe trois classes de vocabulaire. Le groupe B, celui de la rhétorique, de la parole politique, est le terreau du projet proposé par Damir Očko. L’exposition du Jeu de Paume s’articule autour du film Dicta II (pluriel de « dictum », latin pour dicton, le terme qualifie une vérité non remise en question). Faisant suite à Dicta I, réalisé autour des écrits autobiographiques de Bertolt Brecht Telling the Truth: 5 Difficulties (1934), rédigés lorsque ce dernier s’est vu dénaturalisé par le régime allemand, Dicta II se construit autour d’une série de mots d’alerte. D’influence conceptuelle et dadaïste, le film prend la forme d’un collage et regroupe un ensemble de déclarations inaudibles et contradictoires, aussi obscures que son image. Le film évoque le théâtre épique et la distanciation brechtienne qui politise la conscience chez le spectateur. Damir Očko fournit des explications sous la forme d’apartés ou énoncés faisant du spectateur un « regardeur éveillé », malgré une accessibilité visuelle et sonore perturbée : l’artiste a filmé les protagonistes derrière un groupe, de sorte que les figures des interprètes s’entremêlent et disparaissent. Le film aborde les notions d’entrave, d’effacement, de perte de fonction du langage, mais aussi de mimétisme politique, et d’entertainment. Chez Aristote le langage est instrument, il stabilise le rapport au réel par la connaissance. Il place l’homme dans une communauté, faisant de lui un animal politique. Une tentative d’émancipation est ici mise en mots et en images, offrant une définition de la langue aujourd’hui comme acte de résistance. Dicta II dévoile une mainmise ordinaire de la passivité, ouvrant la porte vers une possible démocratie psychique.

Jeu de Paume | Satellite 11

Damir Očko Dicta I,2018 © Damir Ocko

ˇ

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume, CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 €

Commissaire : Agnès Violeau

Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla, Mexique.

Les Amis du Jeu de Paume et du CAPC contribuent à la production des œuvres de la programmation Satellite.

Avec le ministère de la Culture de Croatie, l’Ambassade de Croatie en France, le Centre National de la Danse et la Maison de l’Amérique Latine.

Page 20: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

20

DAPHNÉ LE SERGENTGÉOPOLITIQUE DE L’OUBLI05 | 06 – 23 | 09 | 2018

Jeu de Paume | Satellite 11

Née en 1975 à Séoul (Corée du Sud), Daphné Le Sergent vit et travaille à Paris. Issue d’une double culture, elle mène ses recherches autour des notions de schize et de déterritorialisation. Activant différents systèmes de montage et de démontage, de cut-up ou d’effacement, son travail interroge la construction de l’identité en proposant une analyse du paysage frontalier comme phénomène de perception, assimilable à un écran. Ce travail l’a conduite à réfléchir sur la question de l’agencement et du dispositif dans la création artistique contemporaine. Fragments de texte, dessins partitionnés, diptyques photographiques et séquences vidéo interrogent les lignes de subjectivités qui traversent l’image et agrègent les éléments les uns aux autres.

Invitée dans le cadre de la programmation Satellite 11, intitulée « NOVLANGUE_ », Daphné Le Sergent présente le second mouvement du cycle, « Géopolitique de l’oubli », qui interroge la classe C du vocabulaire imaginé par George Orwell dans 1984, le langage technique, à l’heure du data déluge.

À travers « Géopolitique de l’oubli », l’artiste s’intéresse à l’industrialisation et à l’externalisation de la mémoire à l’ère du post-digital, imaginant deux communautés rétrofuturistes fictives, les Sum et les May, où l’alphabet a été mis en place pour libérer la mémoire humaine de la complexité du code de l’écriture-image, fondée sur les glyphes, pictogrammes ou idéogrammes. L’artiste explore l’archivage numérique à partir de deux formes distinctes d’écriture : d’une part, l’écriture cunéiforme, apparue il y a plus de 3 000 av. J.-C., inventée pour mémoriser la dette et exploiter les données relatives à cette transaction. C’est sur ce modèle que nous concevons aujourd’hui la mémoire, en préservant l’information dans nos data centers. D’autre part, l’écriture maya (VIe-IXe siècles) qui, quant à elle, consignait les mouvements des astres à destination des générations futures. L’écriture n’était ici pas pensée comme capitalisation d’une chose passée, mais pour sa capacité prédictoire. À l’heure d’une pratique neuve de l’écriture née de l’écran, d’interactions nouvelles entre l’œil et la main, d’une communication par photographies, gifs ou emojis reposant sur l’image et sa stylisation, sur des modèles et samples d’animations, quels comportements sont générés par ce langage ? Des gestes découlent de ce traitement de l’information, comme archiver, éditer, rassembler, copier, fusionner.

Grâce à l’externalisation de la mémoire – le cloud – et sa capacité de stockage infinie, cette nouvelle Babel formée par les Sum et les May décide de se lancer dans la quête d’une langue universelle. Chacun s’inspire alors des deux modalités d’écriture pour transformer les images en proto-écriture, par compression graphique, dans le but d’y consigner leur Histoire : les May font appel aux calques et à la linéarité

Daphné Le Sergent Projet Géopolitique de l’oubli, 2018,imaged’atelier © Daphné Nan Le Sergent.

de l’eye-tracking, une trajectoire de lecture proposée à l’œil face à l’image virtuelle ; les Sum se tournent vers les « objets émotionnels », objets de communication non verbale imaginés pour scénariser les affects de l’internaute, créant une nouvelle rhétorique.

« Géopolitique de l’oubli » met en scène une battle de signes. « Dès qu’elle est proférée, la langue entre au service d’un pouvoir », souligne Roland Barthes. Si le novlangue cherche à restreindre la pensée en limitant les mots, l’image numérique se présente elle aussi au sein d’un large spectre de synthétisations, transformant le sensible en une simple valeur que l’on peut provoquer. William Burroughs voyait dans la technique du cut-up un possible « lâcher-prise de la conscience ». Ces outils et ces signes du post-digital semblent nous inviter à écrire notre propre archéologie du savoir.

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume, CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €. Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 €

Commissaire : Agnès Violeau

Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla, Mexique.

Les Amis du Jeu de Paume et du CAPC contribuent à la production des œuvres et des publications de la programmation Satellite.

Avec la participation des Archives Nationales et du LUTIN Userlab.

Page 21: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

21

ALEJANDRO CESARCOSATELLITE 11 16 | 10 | 2018 – 27 | 01 | 2019

Né à Montevideo (Uruguay), Alejandro Cesarco vit et travaille à New York. Son travail se déploie sous la forme d’une série de prélèvements qui indiquent souvent un ailleurs et un hors-champ, rendant compte de l’expérience d’un réel dans sa discontinuité.

Un autre trait caractéristique de sa démarche réside en un appel récurrent d’autres artistes ou penseurs en particulier issus de la littérature. Ainsi de James Joyce à Roland Barthes, en passant par Maurice Blanchot ou Italo Calvino, de Marguerite Duras à Jean-Luc Godard, nombreux sont ceux qui apparaissent dans le travail d’Alejandro Cesarco. Ces intrusions participent du sens de l’œuvre en l’intégrant de manière syntaxique. Alejandro Cesarco nous livre la matière de récits évocateurs, teintés de mélancolie.

Parmi ses dernières expositions monographiques, « A Portrait, a Story, and an Ending », Kunsthalle Zürich, Suisse (2013), « Alejandro Cesarco », MuMOK, Vienne (2012), « Words Applied to Wounds », Murray Guy, New York (2012), « A Common Ground », Pavillon Uruguayen, 54e Biennale de Venise.

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition. Coédition Jeu de Paume, CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et Musée Amparo de Puebla, Mexique. Bilingue français-anglais, 15 x 21 cm, 64 pages, 14 €. Également disponible au format e-pub au prix de 6,99 €

Commissaire : Agnès Violeau

Exposition coproduite par le Jeu de Paume, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et le Musée Amparo de Puebla, Mexique.

Les Amis du Jeu de Paume et du CAPC contribuent à la production des œuvres de la programmation Satellite.

Avec la participation de la Maison de l’Amérique Latine, Paris.

Jeu de Paume | Satellite 11

Alejandro Cesarco Untitled (Remembered),2014 ©Courtesy of the artist and Tanya Leighton, Berlin.

Page 22: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

PROGRAMMATIONCHÂTEAU DE TOURS

Page 23: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

23

LUCIEN HERVÉGÉOMÉTRIE DE LA LUMIÈRE18 | 11 | 2018 – 27 | 05 | 2018

S’il a collaboré avec d’autres grands architectes du XXe siècle, le photographe Lucien Hervé (1910-2007) est surtout célèbre pour son travail avec Le Corbusier. Grand constructeur de l’image, un détail lui suffit pour parler de l’ensemble, et il exprime l’espace avec la seule tension entre ombre et lumière. Lucien Hervé est aussi un observateur engagé du monde et de l’humanité, cherchant partout la « présence du vivant ». Ses cadrages en plongée ou en oblique lui permettent de jouer avec la géométrie, allant jusqu’à l’abstraction. Cette exposition au Château de Tours lui rend hommage en juxtaposant comme il le faisait, « l’universel et l’intemporel », l’ancien et le moderne, l’abstrait et l’humain.

Contemporain de grands photographes hongrois – André Kertész, Brassaï ou Robert Capa et Nicolás Muller, ces deux derniers exposés récemment au Château de Tours – une partie de l’œuvre de Lucien Hervé reste méconnue du grand public. Pourtant, son engagement pour l’architecture n’est jamais resté une démarche exclusive : tout en évitant toujours de tomber dans l’anecdote, Lucien Hervé a largement cherché à représenter dans son œuvre l’humanité et les traces de celle-ci sur le monde. Il est attentif aux conditions de vie et de travail aussi bien en France, qu’en Inde et en Amérique du Sud. Il capte les enfants et les vieillards qui l’émeuvent et la gestuelle humaine qui lui permet de jouer avec la géométrie. Sa recherche du beau, que ce soit à travers l’architecture ou l’humain aboutit souvent à l’abstraction de ses sujets.

Catalogue Lucien Hervé. Géométrie de la lumière192 pages, 35 €Coédition Jeu de Paume / Liénart Éditions Bilingue français-anglais. Textes de Imola Gebauer, Zaha Hadid, Michel Ragon, Lucien Hervé

Commissaire : Imola Gebauer

Exposition organisée par le Jeu de Paume en collaboration avec la Ville de Tours

Lucien Hervé

Lucien Hervé, Haute Cour, Chandigarh, Inde

(architecte : Le Corbusier),1955 ©FLC-ADAGP/J.PaulGettyTrust, TheGettyResearchInstitute,LosAngeles

Jeu de Paume | Château de Tours

Page 24: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

24

DANIEL BOUDINETLE TEMPS DE LA COULEUR16 | 06 – 28 | 10 | 2018

Daniel Boudinet (1945-1990) a été l’un des premiers auteurs à s’affranchir du photojournalisme et à impulser le renouveau photographique des années 70. Ses propres recherches portent sur un usage renouvelé de la couleur. Mise notamment au service de ses vues d’architecture, elle en révèle la majesté et le mystère. Sa très grande maîtrise technique a également trouvé à s’exprimer dans ses photographies de nuit, portant sur la ville, mais aussi sur les jardins et la nature, que ses photographies invitent à contempler. Également portraitiste, Daniel Boudinet photographie et échange avec les artistes et intellectuels de son temps, au premier titre desquels Roland Barthes.

Bien qu’impliqué dans la vie artistique des années 1970 et 1980, Daniel Boudinet développe une œuvre très indépendante. Il s’intéresse dès le début de sa carrière à l’architecture et au paysage : après un premier livre où il documente leur transformation (Bagdad-sur-Seine), il s’attache ensuite au contraire à représenter ce qui demeure. Dans ses vues dont toute fugacité est absente grâce à un long temps de pause, l’œil peut s’attarder sur les proportions, la texture et l’harmonie des sujets. Intéressé par l’effet de la lumière, notamment de nuit, il exploite les possibilités du médium pour construire par la couleur des espaces à la fois séduisants et irréels.

Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition.

Commissaires : Christian Caujolle et Mathilde Falguière

Exposition coproduite par le Jeu de Paume et la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, en collaboration avec la Ville de Tours.

Daniel Boudinet Tombe Brion, Vue de l’enceinte à la frise de carrelage doré, 1983

©Donation Daniel Boudinet - Médiathèque de l’architecture

et du patrimoine

Jeu de Paume | Château de Tours

Page 25: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

ACTIVITÉSCULTURELLES & CINÉMA

Page 26: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

26

SÉMINAIRE3e saison du séminaire sur les séries TVAUDITORIUM DU JEU DE PAUME 03 | 2018

« Les femmes, les hommes et les autres : séries télévisées et transparence des genres ? »Sous la direction d’Ariane Hudelet

Ce séminaire permet d’explorer la manière dont les séries télévisées comptent parmi les représentations les plus réactives et influentes lorsqu’il s’agit de prendre en charge des questions de société notamment celle du genre. Entre un art sans cesse occupé à inventer de nouvelles manières de raconter et le renouvellement des formes de vie et de sexualité, une rencontre a lieu, qui tient sans doute à la fois de la conviction politique et de l’opportunisme.Des années 1950 à nos jours, des séries coréennes aux séries nordiques, en passant par les séries américaines et françaises, chaque séance accueille un intervenant qui explore les grands enjeux de ces questions devenues tout aussi centrales dans les séries que nous regardons que dans les débats politiques actuels.

ESPACE DE CRÉATION EN LIGNEhttp://espacevirtuel.jeudepaume.org

Jusqu’en mai 2018 : « À propos du Chthulucène et de ses espèces camarades », exposition collective en ligne proposée par Maria Ptqk

Le projet propose une réflexion sur le mythe formulé par la biologiste et philosophe des sciences Donna Haraway dans son dernier ouvrage, Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene. Ici, l’auteure du Manifeste Cyborg met en scène une figure pour « penser l’impensable » de l’actuelle crise environnementale et des nouveaux récits que celle-ci suscite. Ces derniers imposent une redéfinition des sciences naturelles et des humanismes et signalent un retour en force de la science-fiction, des fictions scientifiques et fabulations spéculatives.Sélection des artistes : Pinar Yoldas / Mary Tsang / Špela Petrič / Maria Sybilla Merian / Remedios Varo / Paulo Tavares / Institute for Figuring / History of Others / Ana Vaz & Nuno da Luz.

Jeffrey Tambor dans Transparent SériecrééeparJillSoloway ©DR

Pinar Yoldas Ecosystem of Excess,2014 © PinarYoldas

Jeu de Paume | Cinéma & Activités culturelles

ACTIVITÉS CULTURELLES

Page 27: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

27

CINÉMA

RÉTROSPECTIVE « SHINSUKE OGAWA ET OGAWA PRO » AUDITORIUM DU JEU DE PAUME04 | 2018

Une programmation de Ricardo Matos Cabo. Cette programmation présente, pour la première fois en France, les plus importants documentaires de Shinsuke Ogawa et du collectif Ogawa Pro, fondé à la fin des années 1960 sous sa direction. Figure majeure du cinéma japonais d’après-guerre, Shinsuke Ogawa (1936-1992) a pratiqué un cinéma dont l’influence est encore perceptible dans le documentaire asiatique contemporain. Engagé politiquement et farouchement attaché à une production collective du film, Ogawa débute en travaillant sur le mouvement étudiant puis sur le conflit de plus en plus violent entre des agriculteurs menacés d’expulsion en raison de la construction de l’aéroport international de Narita et les autorités. Ogawa Pro s’est également consacré à un ambitieux projet consistant en une série de films sur le village rural de Magino, près de Tokyo. Vivant et travaillant avec les agriculteurs qu’il a filmés, le collectif a créé un portrait étonnant et unique d’une culture et d’un mode de vie rarement représentés. Rejetant l’idée qu’un cinéaste documentaire doit rester un observateur détaché et neutre des événements qu’il enregistre, Ogawa et ses collaborateurs ont produit sept films sur une trentaine d’années, s’engageant régulièrement dans les luttes sociales et politiques mises en jeu dans leurs films. Le Jeu de Paume met en lumière la démarche pionnière de ces cinéastes tant dans leur pratique du documentaire que dans leur quête continuelle de solutions innovantes pour financer, distribuer et montrer leurs films à de nouveaux publics.

PROGRAMMATION DE FILMS AUTOUR D’ANA MENDIETAAUDITORIUM DU JEU DE PAUME 11 | 2018

Une programmation de Marina Vinyes et Arnau Vilaró. En parallèle à l’exposition qui lui est consacrée, le Jeu de Paume propose une série de projections en résonance avec certaines thématiques évoquées dans le travail d’Ana Mendieta.

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DE ROEE ROSENHORS LES MURS | CENTRE POMPIDOU09 -11| 2018

Co-production Jeu de Paume et Centre Pompidou En présence de l’artiste et programmée par Hila Peleg. Né en Israël, Roee Rosen (1963) est peintre, écrivain, vidéaste et réalisateur. S’il émerge rapidement dans le monde de l’art, la reconnaissance de son travail cinématographique est plus récente. Explorant des thèmes politiques contemporains, Rosen a élaboré une vaste réflexion sur les questions identitaires, mêlant comédie musicale, vidéo, documentaire et talk show.

Shinsuke Ogawa Nippon-Furuyashik Village CourtesyofAthénéeFrançaisCulturalCenter

Roee Rosen Hilarious,2010 ©RoeeRosen

Jeu de Paume | Cinéma & Activités culturelles

Page 28: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

28

MAGAZINE EN LIGNE DU JEU DE PAUMEhttp://lemagazine.jeudepaume.org

CARNETS D’ARTISTES / PERFORMANCES / BLOGS INVITÉS / EN IMAGES / REGARDS / PORTFOLIOS / ENTRETIENS / COULISSES / RENCONTRES...

Le magazine du Jeu de Paume est dédié à la création artistique et aux différentes approches théoriques de l’image. En 2018, Morad Montazami, historien de l’art, commissaire indépendant et rédacteur en chef de la revue Zamân, tient un nouveau blog en lien avec son sujet de recherche, le tournant ethnographique de l’art contemporain, et sa connaissance de l’art contemporain au Maghreb et au Moyen Orient. La programmation Satellite proposée par Agnès Violeau trouve également une plateforme d’expression alternative avec les carnets d’artistes, des miniblogs qui préfigurent l’exposition, confiés à Damir Očko, Daphné Le Sergent, Alejandro Cesarco. Novlangue_newspeak est également diffusée sur le magazine grâce à une série d’enregistrements sonores inédits...

Dork Zabunyan, philosophe et professeur de cinéma, conduit, quant à lui, une série d’entretiens avec des artistes et réalisateurs dont les images engagent une réflexion politique. Au delà de ces invitations au long cours, le magazine poursuit sa mission de retransmission des rencontres, séminaires et colloques produits par le Jeu de Paume, la publication de parcours en images réalisés par ses conférenciers, mais aussi d’essais théoriques, d’entretiens filmés et de textes plus anciens issus d’ouvrages rares ou épuisés.

NOUVEL ESPACE LIBRAIRIEUne librairie de référence

La librairie du Jeu de Paume accueille le public dans un espace rénové et agrandi, chaleureux et ouvert sur le hall, toujours dans le respect de sa mission première, accompagner les expositions présentées par l’institution. Depuis son ouverture, le Jeu de Paume s’est doté de sa propre librairie, une librairie exigeante, à même de proposer un choix bibliographique exhaustif permettant au visiteur d’approfondir sa connaissance des artistes présentés, avec une volonté de transversalité dans l’étude de la culture visuelle et de l’image.

La librairie offre un fonds international d’environ cinq mille titres dans les domaines des arts plastiques, photographiques, cinématographiques contemporains et des nouvelles technologies. Une importante sélection de revues et d’essais sur l’esthétique, la théorie et l’histoire de l’art est aussi disponible. Tout au long de l’année, un programme de rencontres avec des artistes et des auteurs est proposé au public au rythme de l’actualité éditoriale. Une place est dorénavant réservée aux produits dérivés faisant écho aux expositions du Jeu de Paume et à une série d’objets autour de l’image, exclusivement en vente à la librairie.

Page d’accueil du magazine en ligne du Jeu de Paume Librairie du Jeu de Paume ©JeudePaume,photoAdrienChevrot

Jeu de Paume

Page 29: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume
Page 30: PROGRAMMATION · 2018-05-22 · Textes de Ariella Azoulay, Eduardo Cadava, Carles Guerra, Marianne Hirsch, Corey Keller, Kirsten Lubben, Isin Onol, Pia Viewing Coédition Jeu de Paume

VISUELS PRESSEVisuels libres de droit téléchargeables sur le site www.jeudepaume.org

Page d’accueil : Presse • Identifiant : presskit / Mot de passe : photos

CONTACTSRelations presse : Annabelle Floriant

01 47 03 13 22 / 06 42 53 04 07 / [email protected]

@Jeudepaume#Jeudepaume

1, PLACE DE LA CONCORDE · PARIS 8E · M° CONCORDE

WWW.JEUDEPAUME.ORG

LaBoîteàImages,terrasseestivaleHANABENTOdanslejardindesTuileries©JeudePaume,AdrienChevrot

LA BOÎTE À IMAGESTerrasse estivale HANA BENTO Petit Café — Cuisine japonaise

Du17avrilau23septembre2018,leJeudePaumeouvreuneterrassequisurplombelegrandbassinoctogonaldesTuileriesetbénéficied’unensoleillementoptimal.Elleinviteàprofiterdel’undesplusbeauxjardinsdelacapitale,toutenvisionnantdesvidéosprojetéesdanslaBoîteàimages.

Laterrasseestouvertetouslesjours,sauflelundi,de11hà19h.

Nocturnelemardijusqu’à21h.