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Collection dirigée par Étienne Chantrel THÈME DE CULTURE GÉNÉRALE 2014–2015 EN PRÉPA COMMERCIALE 20 dissertations avec analyses et commentaires sur le thème La vérité Sous la coordination de Anne Staszak Par Caroline Baudouin : professeur agré- gé de philosophie Hubert Carron : professeur agrégé de philosophie en CPGE Benoît Da Silva : professeur agrégé de philosophie Henri Dilberman : agrégé de philoso- phie, docteur en philosophie Laurent Giassi : professeur agrégé de philosophie en CPGE, docteur en philo- sophie David Lebreton : professeur agrégé de philosophie Gwénolé Le Mest : professeur de phi- losophie, docteur en philosophie Norbert Lenoir : docteur en philoso- phie, professeur agrégé de philosophie en CPGE Dimitri Megherbi : élève de l’ENS Alexandre Portier : diplômé de l’ENS, titulaire d’un master 2 en philoso- phie contemporaine Alain Ricci : professeur certifié de phi- losophie Nicolas Rouillot : diplômé de Scien- ces-Po Paris et titulaire d’un Master II en philosophie Anne Staszak : professeur agrégé de philosophie, docteur en sociologie

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Collection dirigée par Étienne Chantrel

THÈME DE CULTURE GÉNÉRALE 2014–2015 EN PRÉPA COMMERCIALE

20 dissertationsavec analyses et commentaires

sur le thème

La vérité

Sous la coordination deAnne Staszak

Par

Caroline Baudouin : professeur agré-

gé de philosophie

Hubert Carron : professeur agrégé de

philosophie en CPGE

Benoît Da Silva : professeur agrégé de

philosophie

Henri Dilberman : agrégé de philoso-

phie, docteur en philosophie

Laurent Giassi : professeur agrégé de

philosophie en CPGE, docteur en philo-

sophie

David Lebreton : professeur agrégé de

philosophie

Gwénolé Le Mest : professeur de phi-

losophie, docteur en philosophie

Norbert Lenoir : docteur en philoso-

phie, professeur agrégé de philosophie

en CPGE

Dimitri Megherbi : élève de l’ENS

Alexandre Portier : diplômé de

l’ENS, titulaire d’un master 2 en philoso-

phie contemporaine

Alain Ricci : professeur certifié de phi-

losophie

Nicolas Rouillot : diplômé de Scien-

ces-Po Paris et titulaire d’un Master II en

philosophie

Anne Staszak : professeur agrégé de

philosophie, docteur en sociologie

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Mode d’emploi

L’épreuve de culture générale possède une réputation d’arbitraire ; la dis-sertation serait notée selon des critères subjectifs et imprévisibles, rendantl’étude du programme sinon inutile, du moins décourageante. Cette opiniontrès répandue provient d’une incompréhension, tout aussi répandue, de ceque doit être une dissertation. Dans ce domaine, l’apprentissage par l’exempleet la pratique raisonnée sont de bien meilleurs maîtres que la plus parfaite desthéories. Cet ouvrage vous enseignera comment bien disserter. Vous y trouve-rez :

– une méthode claire et efficace ;– une réflexion synthétique sur les principaux enjeux du thème ;– vingt dissertations analysées en détail et intégralement corrigées ;– des annexes pour prolonger votre travail.

Le corpus

Une dissertation n’est pas un discours dans le vide ; pour nourrir votre ré-flexion et vos développements, vous devez posséder un corpus de référencesbien comprises. Pour aborder dans de bonnes conditions les cours de votreprofesseur, qui seront votre principale source d’idées, nous vous conseillonsde lire dès l’été la présentation du thème (page 23) ainsi que quelques livrestirés de la bibliographie commentée (page 33). Passons à la dissertation pro-prement dite.

Comment étudier les dissertations

Une bonne dissertation repose sur trois éléments, qui sont tous essentiels :l’analyse du libellé, la construction d’un raisonnement et le développementd’une argumentation. Chacun des corrigés que nous vous proposons forme untout autonome permettant de travailler tous ces aspects. Comptez une heurepar dissertation et une dissertation par semaine pour une assimilation opti-male.

La méthode

Lisez d’abord la méthode (page 7), qui vous expliquera ce que les correc-teurs attendent de vous concrètement (capacité à raisonner et à argumenter)– et comment les satisfaire. N’espérez pas y trouver des recettes miracles qu’ilsuffirait d’appliquer servilement : au contraire, vous apprendrez pourquoi etcomment développer une pensée autonome qui dépasse toutes les recettes.

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Sommaire

La méthode pour réussir ses dissertations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7La dissertation (8) — La dissertation de culture générale aux concours desécoles de commerce (8) — Comment aborder cette épreuve (11) — L’analyse dusujet. Le travail de l’énoncé (14) — La problématisation (16) — Le plan détaillé(18) — La dissertation rédigée (19) — L’analyse critique (21)

Le thème et ses principaux enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Bibliographie commentée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

20 extraits d’œuvres prêts à l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Baxter (37) — Écclésiaste (38) — Comte (39) — Popper (41) — Freud (42) —Orwell (44) — Koestler (46) — Borges (47) — Kojève (49) — Russel (50) — Scho-penhauer (51) — Monod (54) — Bergson (56) — Badiou (58) — Latour (60) —Molière (61) — Bello (63) — Jorion (65) — Desreux (67)

QU’EST-CE QUE L A VÉRITÉ ? QUELLES FACULTÉS SONT À L’ŒUVRE ?

Sujet 1Qu’est-ce que la vérité ? 69

Sujet 2La vérité n’est-elle qu’une erreur rectifiée ? 77

Sujet 3Le savant, le juge, le prêtre ont-ils affaire à la même vérité ? 85

Sujet 4De quelle vérité l’art est-il capable ? 93

Sujet 5L’imagination est-elle une maîtresse d’erreur et de fausseté ? 101

Sujet 6Sensibilité et vérité. 109

PEUT-ON ATTEINDRE L A VÉRITÉ ? SI OUI, COMMENT EN ÊTRE SÛR ?

Sujet 7Quels obstacles sur le chemin de la vérité ? 117

6 SOMMAIRE

Sujet 8Peut-on tout démontrer ? 125

Sujet 9La vérité est-elle toujours convaincante ? 133

Sujet 10Interpréter, est-ce renoncer à la vérité ? 141

Sujet 11La vérité est-elle une question de culture ? 149

VÉRITÉ ET MORALE

Sujet 12La force de la vérité. 157

Sujet 13La vérité, quel intérêt ? 165

Sujet 14Faut-il vouloir la vérité à tout prix ? 173

Sujet 15La curiosité est-elle un vilain défaut ? 181

Sujet 16Le mot d’esprit. 189

VÉRITÉ ET SOCIÉTÉ

Sujet 17À qui appartient la vérité ? 197

Sujet 18La tolérance impose-t-elle de laisser les autres dans l’erreur ? 205

Sujet 19Peut-on dire des sociétés de l’information qu’elles sont propices àl’avènement du règne de la vérité ? 213

Sujet 20Le mensonge d’État peut-il être légitimé ? 221

Citations à retenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

Lexique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233

Index des œuvres et des noms propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

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La méthodepour réussir ses dissertations

Pourquoi en revenir, une nouvelle fois, à la méthodologie de la disserta-tion ? Pour une raison des plus simples : lorsque vous passerez vos concours,à la fin de l’année, vous devrez faire une dissertation et c’est sur sa qualité quevous serez jugé. Autrement dit, tout votre travail et tous vos efforts ne débou-cheront sur une récompense que s’ils vous permettent de produire une bonnedissertation le jour J. Ici réside l’équivoque fondamentale qui conduit souventà l’échec, à la déception et à une tardive désillusion : beaucoup d’étudiants,malgré un engagement personnel sans bornes tout au long de l’année, ont lesentiment de n’être pas payés en retour par l’épreuve de culture générale.

C’est que cette dernière n’est pas une épreuve de pure restitution et nerepose en rien sur la seule validation d’un travail sérieux. Il est courant, enculture générale, de travailler beaucoup sans obtenir de progression régulièredes notes. Le travail régulier est nécessaire, mais pas suffisant. Contrairementà d’autres disciplines, où vous pourrez avoir le sentiment de voir vos efforts di-rectement récompensés, l’épreuve de culture générale suppose quelque chosede plus que le simple apprentissage ou la simple révision, fût-elle approfondie,des cours : c’est d’abord un exercice de réflexion à partir des cours et qui n’estpas entièrement contenu par eux, c’est d’abord une question de méthode. Cequi fera réellement la différence, c’est d’avoir compris la méthode permettantde produire le moment venu une dissertation correcte.

Aussi est-il nécessaire de revenir à nouveau sur ce qu’est une dissertation,sur ce qu’elle exige de vous et sur ce qui distingue un bon devoir d’une copieratée ou médiocre. Tout cet ouvrage est conçu autour de ce principe : votretravail d’acquisition de connaissances, indispensable, ne vaudra malheureu-sement rien si vous n’avez pas compris dans quel but, comment et pourquoicela doit être organisé pour produire le résultat final : une dissertation.

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Le thème et ses principaux enjeux

Le thème de la vérité place d’emblée la barre assez haut. Certes, la véritéintéresse tout le monde, et fait partie de l’actualité la plus triviale, de l’enfantqui ne devrait pas mentir au journaliste d’investigation qui voudrait la décou-vrir. Mais c’est d’abord une question philosophique, épistémologique, et unedes plus difficiles, dont on débat continûment depuis des millénaires. La pro-babilité pour vous de maîtriser cette question sans apport extérieur est quasi-ment inexistante : il va vous falloir un guide, votre professeur, qui lui au moinsconnaît les tenants et les aboutissants. Il serait bon également de vous trouverun philosophe de référence, que vous pourrez suivre a priori pour ces sujetstechniques, ceux dont on ne sait par quel bout les attraper.

Mais si la matière du thème est abondante et complexe, on peut néan-moins en quelques pages prendre la mesure des problèmes : avoir consciencedes questions qui peuvent se poser, c’est avoir fait la moitié du chemin...

1 Qu’est-ce que la vérité ? Quelles facultés sont à l’œuvre ?

Il est bien clair qu’à l’origine de toutes les réponses à un sujet donné setrouve une certaine conception de la vérité : or il semble en exister autantque de doctrines possibles, philosophiques, scientifiques, religieuses, parfoissi éloignées les unes des autres qu’on se demande si l’on vit dans un mondecommun. Comment s’orienter dans la pensée ?

Nous avons tous le même problème...

C’est la bonne nouvelle : le problème de la vérité est le même pour tous etnous allons ici l’exposer le plus trivialement possible. En effet, dès que nousle posons techniquement, « intelligemment », nous commençons à orienter laréflexion dans la direction d’une solution, et tout se trouble.

Qu’est-ce qu’un être vivant ? C’est un individu, une cellule par exemple,qui distingue un milieu intérieur et un milieu extérieur, dans lequel il puise del’énergie et qui peut, à l’occasion, s’avérer fort hostile. Le vivant a donc unecertaine « connaissance » pour se débrouiller dans son milieu. Que vaut cette« connaissance » ? À ce stade, personne ne se pose la question : tout ce qu’onpeut dire, c’est qu’à certains moments, le vivant se débrouille mal – il meurt,et pas, comme on dit, de sa belle mort.

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Bibliographie commentée

L’idéal cette année serait de pouvoir suivre un auteur contemporain dontla pensée couvre le champ du thème dans tous ses aspects, qui sache la phi-losophie, ait une vision de l’histoire de la connaissance, une bonne connais-sance des sciences, soit en prise directe avec les questions d’actualité, et qui desurcroît soit compréhensible. Évidemment, les candidats ne sont pas légion.

On peut ici proposer la lecture de Comment la vérité et la réalité furentinventées, Gallimard, 2009, de Paul Jorion. Ce n’est pas facile, mais avec uneffort et en ne cherchant pas à comprendre les passages trop techniques (parexemple sur les mathématiques), on se réjouira à la fin d’avoir fourni un effortpayant. Ajoutons que l’auteur, engagé, bien au fait de la situation présente,tant économique que scientifique, tient un blog, le blog de Paul Jorion, avecdes articles divers et variés.

Si l’on veut une version plus classiquement libérale, on peut utiliser Pop-per, de toute façon incontournable : pour savoir si l’on veut aller plus loin,Introduction à la lecture de Karl Popper d’Alain Boyer, Presses de l’École nor-male supérieure.

Il est bon de lire encore des livres. Le niveau de maîtrise n’est pas le mêmequand on a vraiment lu un ouvrage et pas seulement une quelconque notice :cela se sent toujours quand on vous lit. Mais bien sûr, comme il n’est pas pos-sible de tout faire, et au moins pour commencer, Wikipedia est assez sûr pourles sujets généraux non polémiques, ou bien l’Encyclopedia Universalis. In-diquons, pour rester sur la toile, le site de l’Université du Québec (UQAC),où l’on trouve de nombreux classiques numérisés (classiques.uqac.ca).Comment organiser ses lectures ?

1 Les auteurs classiques incontournables

Soyons brutaux et restons sur l’indispensable, au sens où d’une part, vousaurez avec cela les points de départ de toutes les pensées actuelles et une vi-sion de l’histoire de la philosophie (et donc de la vérité). Avec ces philosophes,vous serez paré, et sans, fort démunis...

1. Platon : avec le Platon et l’Académie de Jean Brun en « Que sais-je ? »,vous disposez d’une introduction. La question de savoir s’il faut lire des dia-logues est ensuite délicate, notamment pour les questions de sciences, dontles termes ont radicalement changé. Pour aller plus loin : Alexandre Koyré,Introduction à la lecture de Platon.

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20 extraits d’œuvresprêts à l’emploi

Commentaires proposés par Anne Staszak

Que mille erreurs fleurissent ! Texte n◦ 1

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« Les barrières mentales étaient enfin tombées dans la tête de Mère et deceux qui la suivaient. La conscience ne se limitait plus aux relations avec lesautres, pendant que les mains, la jambe et la bouche travaillaient indépen-damment de toute pensée ; la conscience n’était plus réservée à deviner lesintentions des autres. Maintenant, Mère pouvait penser à un animal commeà une personne, à un outil comme à un homme avec lequel il fallait négo-cier. Tout se passait comme si le monde était peuplé de nouvelles sortes degens – comme si les outils, les fleuves et les animaux, et même le soleil etla lune, étaient des êtres avec lesquels on devait traiter et se comprendre,comme avec n’importe qui.

Après des millénaires de stase, la conscience était devenue un puissantoutil polyvalent, réfléchi dans une formidable explosion artistique, une pro-fusion d’objets d’art qui étaient autant de miroirs d’une nouvelle sorte d’es-prit. Pour le peuple au front haut, c’était une époque de fermentation intel-lectuelle. »

Stephen Baxter, Évolution, Presse de la cité, Pocket, 2005, t. II, p. 119

Tous les peuples que nous connaissons sur Terre en sont au même degréde développement biologique cognitif : depuis la révolution symbolique (il y aenviron 40 000 ans) notre connaissance est capable des mêmes performances,même si les contenus sont plus ou moins évolués, plus ou moins complexes,plus ou moins vrais. Cette révolution, qui se manifeste par un foisonnementartistique de représentation (art pariétal, sculpture), des outils plus perfec-tionné, la présence de sépultures, est un moment déterminant dans l’évolu-tion de Sapiens Sapiens, présent peut-être depuis déjà deux cent mille ans.Bien qu’il s’agisse de reconstructions hasardeuses, on peut penser que cetterévolution bouleversa les représentations de ces peuples pour qu’ils accèdentà un niveau qui leur permet plus de performances. On est donc fort tenté de

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Sujet 01

Qu’est-ce que la vérité ?

Corrigé proposé par Hubert Carron

I Analyse du sujet

1 Analyse des termes du sujet

L’interrogation : « qu’est-ce que... ? » – par laquelle Socrate mettait en éveilses interlocuteurs – est éminemment philosophique. On ne saurait attendreune réponse simple, directe, définitive à la question : « qu’est-ce que la vérité ? »Si quelqu’un demande par exemple : « qu’est-ce qui est là-bas ? », on peut luirépondre directement : « c’est un arbre ». Mais s’il pousse le questionnement :« qu’est-ce que cela, un arbre ? », il est déjà plus difficile de le définir. De mêmeest-il difficile de définir la vérité. La définition traditionnelle de la vérité ladétermine comme une adéquation. Pourtant, il ne suffit pas de définir la vé-rité pour être quitte avec elle. D’abord parce que la définition est nominale,c’est-à-dire qu’elle ne donne pas réellement la vérité. Mais ensuite parce quele « qu’est-ce que... ? » interroge encore (et principalement) sur le sens de lavérité, autrement dit sur sa possibilité, sa légitimité, ou encore sur sa valeur.On ne peut se contenter ici de chercher une définition comme si la vérité étaitune chose bien connue.

Autre présupposé non moins philosophique à interroger : l’article « la » dela vérité, comme s’il y avait « une » vérité, c’est-à-dire un seul sens possible de lavérité. Car une vérité qui ne serait pas unique, ou qui ne serait pas susceptibled’être reconnue par tous, pourrait-elle encore être considérée comme vérité ?Ce serait une opinion relative. À moins que la notion de vérité puisse évoluerhistoriquement – soit au sens où la vérité serait de mieux en mieux connue,soit au sens où ce qui est recherché sous le nom de vérité varierait au fil dutemps. Mais dans l’un ou l’autre cas, comment articuler cette historicité de lavérité avec l’idée qu’elle est la vérité ?

2 Problématique

Qu’est-ce que la vérité ? La question interroge l’essence ou l’être de la vé-rité. Donner l’essence, c’est définir quelque chose. Donner l’essence de la vé-rité, ce serait donc la définir par un caractère stable et immuable. Mais dansle cas de la vérité, la question se heurte à une difficulté. Le vieux problème ducritère de la vérité en témoigne : on ne peut donner un critère préalable de ce

70 PARTIE I – QU’EST-CE QUE LA VÉRITÉ ? QUELLES FACULTÉS SONT À L’ŒUVRE ?

qu’est la vérité pour pouvoir la reconnaître quand on la cherche. La vérité estdans les choses, et l’essence de la vérité est impliquée dans toute définitionessentielle, qu’elle soit ou non celle de la vérité. La définition de l’essence dela vérité ne concerne donc pas que la vérité ; elle implique l’essence vraie detoute chose, c’est-à-dire l’être en général.

De plus, ce qui est tenu pour vrai semble varier et se transformer d’uneopinion à l’autre, d’un pays à l’autre, et tout au long de l’histoire. « Vérité »ne signifie pas toujours quelque chose d’identique. Comment articuler cettecontradiction entre l’un et le multiple ? La relativité apparente de la vérité neremet-elle pas en cause l’idée même de vérité ? Mais, plus encore, n’est-ce pasau fond l’essence même du vrai qui évolue au cours des âges ? Comment alorsconcilier l’idée qu’il puisse y avoir des mutations dans l’essence de la vérité,sans en tirer pour conséquence un relativisme sceptique, c’est-à-dire l’idéeque la vérité ne serait pas la vérité – qu’elle n’est pas véritablement vraie ?

II Plan détailléI La représentation courante de la vérité

1. L’évidence sensible2. L’opinion commune3. Relativisme et scepticisme

II La conception philosophique1. Le regard sur l’essence2. La vérité en tant que certitude3. L’adéquation de la chose à l’intellect

III Art, religion, philosophie1. L’historicité du vrai2. Le nihilisme3. La vérité et le dévoilement de l’être

III Dissertation rédigée

QUELLE est la vérité de la vérité ? Telle est en somme le soupçon qui sur-git chaque fois que nous demandons : « Qu’est-ce que la vérité ? » La vé-

rité, les philosophes la disent une, inaltérable, éternelle. Platon, par exemple :« Aussi nombreux que soient les lits et les tables, il n’y a jamais que deux idées,l’une pour le lit, l’autre pour la table. » Il vise donc la vérité une et inaltérabledu lit ou de la table. Mais quelle est cette vérité ? C’est la vérité de leur essence,que Platon nomme : l’Idée. Philosopher, c’est prendre en vue l’essence, c’est-à-dire ressaisir la vérité sous l’aspect de l’éternité, selon l’expression de Spinoza.

SUJET 1 71

Qu’est-ce alors que la vérité philosophique ? Car si je dis : « Il fait nuit », cettevérité n’est vraie que la moitié d’un jour. Heidegger remarquait devant ses étu-diants : « Prenons une feuille de papier, et inscrivons-y la vérité : « Ici est lacraie ». Soit. Mais supposons que le cours fini, quelqu’un aère la salle ; voiciqu’à la faveur d’un courant d’air, le papier s’envole dans le couloir. Quiconquelit le papier : « Ici est la craie » peut constater qu’il n’en est rien. » Un coup devent suffirait-il à balayer la vérité éternelle et supratemporelle ? À moins quela vérité au sens philosophique ne soit déjà une compréhension toute parti-culière de la notion de vérité : l’essence de la vérité est-elle d’être la vérité del’essence ?

Nous verrons, dans un premier temps, en quoi la représentation courantede la vérité semble dénier l’idée même de vérité. Nous nous demanderons en-suite comment la philosophie oppose à cette représentation un autre modede vérité sur lequel doit se régler le savoir. Nous nous interrogerons alors surle sens des mutations historiques de la notion de vérité.

POUR beaucoup de gens, la vérité n’est pas une essence dont on se deman-derait par ailleurs ce qu’elle pourrait bien être, où elle se trouve, et com-

ment la saisir, mais elle reposerait dans l’évidence immédiate du sensible :le monde est là, la réalité est ce qui s’observe, la vérité se tient dans le concret,le réel. Qu’est-ce donc que la vérité ? C’est ce qu’on veut analyser et dont ondiscute, mais c’est d’abord ce qui est là, ce qui se donne sous la forme depreuves tangibles. Comme saint Thomas, dans les Évangiles, le bon sens a be-soin de toucher pour voir. Cependant, Hegel l’établit au début de sa Phénomé-nologie de l’esprit, la certitude de l’immédiateté sensible semble « la plus abs-traite et la plus pauvre vérité » ; elle exprime seulement que « ceci est » d’unemanière indéterminée et générale. Elle ne peut « fixer » une vérité stable, le« ici » et le « maintenant » étant toujours passagers, c’est-à-dire pris dans leflux des apparences changeantes. Aussi, pour la plupart des gens, la véritédemeure-t-elle insaisissable, mouvante, et toujours révisable.

Cette représentation de la vérité fonde le règne de l’opinion. L’opinion n’estpas sotte, mais elle règle ses jugements sur le cours des événements et des ap-parences. Or, comme les choses n’apparaissent pas toujours identiquementà elles-mêmes, elle déclare que la vérité est multiple. Et comme chacun nevoit pas les apparences sous le même angle, l’opinion considère que la vé-rité est aussi diverse que celle des opinions. Dans l’Antiquité déjà, Protagorassoutenait : « telle la chose t’apparaît, telle elle est ». Autrement dit : « À cha-cun sa vérité. » La vérité est ce qui se tient dans la multitude émiettée desavis, aussi contradictoires soient-ils. Elle devient l’objet d’innombrables dis-cussions, d’interminables disputes et controverses. Protagoras avait d’ailleurs

72 PARTIE I – QU’EST-CE QUE LA VÉRITÉ ? QUELLES FACULTÉS SONT À L’ŒUVRE ?

donné pour titre à un de ses traités : les Antilogies – il s’agissait de réperto-rier des procédés argumentatifs pour, dans les tribunaux aussi bien qu’à l’As-semblée politique, être à même de « retourner » les arguments de l’adversaire.« À chaque argument (logos) répond un argument contraire (antilogos) », affir-mait-il. Il y a sans doute là une conception très démocratique de la véritécomme « règne de l’opinion », et dont on voit combien aujourd’hui encore elledemeure inscrite dans les sociétés contemporaines si friandes de débats et de« polémiques ». Mais à quoi conduit cette représentation du vrai ?

La conséquence de cette représentation implique que la vérité n’est pasvraiment la vérité. Quand deux personnes discutent et ne parviennent pas àse mettre d’accord, c’est qu’une des deux au moins est dans l’erreur, et sansdoute même les deux puisqu’aucune ne parvient à convaincre l’autre. Quandbien même un grand nombre serait-il du même avis, la vérité dépend-elle del’opinion majoritaire ? Ne peut-on être dans le vrai seul contre tous ? La di-vergence des opinions semble plutôt attester la fragilité de la vérité ; celle-ciparaît bien relative et justifie au fond un certain scepticisme, à la manière parexemple de Montaigne dans l’Apologie de Raimond Sebond : « Rien ne semblevrai, qui ne puisse sembler faux. » Leur mot sacramental, c’est épéchô, c’est-à-dire « je ne soutiens, je ne bouge ». Le sceptique est celui qui se garde de seprononcer sur la vérité : il ne dit ni ce qu’elle est, ni même qu’elle est. « Qu’est-ce que la vérité ? » Personne ne le sait. Voilà au moins une vérité sur laquelletout le monde s’accorde ! Tout au plus concède-t-on qu’il y a des opinions plusvraisemblables que d’autres. Mais une vérité qui n’est que probable n’est qu’àmoitié une vérité. Elle fluctue au gré des humeurs, des âges et des habitudesde pensée. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »

La représentation courante de la vérité conforte donc spontanément lescepticisme exposé par certains penseurs, par ailleurs souvent critiques à l’en-contre de la philosophie. Mais que peut leur répondre cette philosophie ? N’a-t-elle pas une tout autre idée de la vérité ?

LA PHILOSOPHIE – c’est son acte de naissance – s’est constituée contre la re-présentation habituelle de la vérité. Contre le relativisme de l’opinion,

contre l’attachement exclusif au flux des apparences mouvantes, la démarchephilosophique s’est affirmée comme un désir de vérité absolue : il y a, dit Pla-ton, quelque chose de « sain », quelque chose de « stable » dans l’être, quelquechose qui demeure fixe et permanent en soi-même. La philosophie est un dé-sir de savoir, et le savoir (en grec : épi-stémé) réclame une stabilité de la vérité– sans quoi il n’y aurait aucune possibilité de « dire le même sur le même ».Aussi bien, cette saisie du Même, cette visée de l’Un sous le multiple, suppose-t-elle un complet retournement du regard. Dans sa célèbre allégorie de la ca-

SUJET 1 73

verne, Platon décrit comme une « conversion de l’âme tout entière » l’ascen-sion progressive vers la vérité : partant de ce qui se manifeste à première vue,c’est-à-dire partant de la vision sensible, le regard doit percer jusqu’à ce qui,de soi-même, est « plus dévoilé », « vraiment vrai », c’est-à-dire percer jusqu’àl’être sans lequel aucune vision sensible ne reconnaîtrait quoi que ce soit. Pla-ton détermine cet « être » comme « idée » – au sens de ce qui est proprementvu dans le visible. C’est par l’idée du beau que toutes les belles choses sontbelles. Or, ne peut-on en dire autant de la vertu, du courage ou de la justice ?On reconnaît l’acte courageux à une certaine idée du courage. Platon est fidèlesur ce point à son maître Socrate. En revanche, voulant constituer la philoso-phie comme un savoir véritable, il va un peu plus loin que lui : il subordonne lavérité à la rectitude du regard, opérant une profonde mutation dans l’essencede la vérité. Platon est en somme le premier métaphysicien. La philosophiesera désormais ce regard qui, sous le nom de vérité, visera précisément l’être,ou comme on dira plus tard l’essence.

Un tel savoir de la vérité de l’essence est-il toutefois possible ? Que le savoirsoit possible, c’est d’évidence ce que semble prouver le savoir mathématique,dont les théorèmes rayonnent d’une impeccable majesté. Bien plus, quand ungéomètre dessine une figure, comme un triangle ou un carré, ses raisonne-ments portent en vérité sur la figure idéale qu’il intuitionne sans trop y penser.Les mathématiques sont donc pour Platon une indispensable propédeutiqueà la philosophie par leur manière de tourner le regard vers la vérité. Mais, avecle développement de la scientificité moderne, elles deviendront plus encore lemodèle absolu de vérité : « Je me plaisais surtout à l’étude des mathématiques,à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons » écrit Descartes dansle Discours de la méthode. Grâce aux mathématiques et à leur manière de rai-sonner, Descartes pense la vérité comme certitude de l’évidence rationnelle.Les mathématiques ont en effet une telle lumière de vérité que la raison nepeut qu’y reconnaître sa propre « lumière naturelle ». Avec Descartes et l’avè-nement des sciences, la vérité n’est plus tant question d’exactitude du regardque de certitude d’une raison assurée d’elle-même dans ses représentations.Mais sur quoi peut bien alors se fonder cette certitude d’être la vérité ?

La certitude subjective que l’homme trouve dans l’exercice de sa raison nesuffit pas à fonder la vérité. L’homme n’est pas le maître de la vérité ; il fautqu’il se règle sur ce qu’il ne peut pas créer. C’est pourquoi, selon une représen-tation traditionnelle de la vérité, c’est Dieu qui en définitive est le garant de lavérité. Descartes ne pense pas autrement quand il soutient que Dieu ne sauraitnous tromper et que c’est de là que la raison trouve sa confiance en elle-même.Car la seule forme logique de la pensée est impuissante à atteindre la vérité ;il faut encore que la raison intuitionne quelque chose de donné. Lorsqu’il écrit

74 PARTIE I – QU’EST-CE QUE LA VÉRITÉ ? QUELLES FACULTÉS SONT À L’ŒUVRE ?

qu’« on définit la vérité d’après ce en quoi la notion de vrai s’accomplit for-mellement », Descartes reprend donc la définition de la vérité comme adé-quation proposée par saint Thomas d’Aquin : « La vérité est adéquation de laréalité et de l’intelligence. » (De Veritate) Par adéquation, saint Thomas entendla conformité de la représentation à la chose. Mais la vérité suppose mêmeune double adéquation : adéquation de la chose à l’intellect divin qui la crée,puis de l’intellect humain à la chose créée par Dieu, de sorte que « la véritése rencontre proprement dans l’intellect humain ou divin ». L’homme, pourconnaître absolument la vérité, doit donc se régler sur les choses telles queDieu en a créé la vérité. Mais le peut-il ? Si Dieu lui-même n’est pas une certi-tude, malgré les démonstrations qu’on a pu faire de son existence, il faudra ad-mettre que ce n’est pas l’homme qui se règle sur les choses, mais à l’inverse leschoses qui se règlent sur la faculté qu’a l’homme de les connaître. Autrementdit, selon la « révolution copernicienne » qu’effectue Kant dans la Critique de laraison pure : « nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y met-tons nous-mêmes ». C’est la grande révolution qu’opère Kant sur la possibilitéde la vérité face à la « présomption délirante » de la métaphysique. Car dire quece sont les objets qui se conforment à nos facultés, c’est renoncer à connaîtrel’essence absolue de ce qui est (la chose en soi) et se limiter à la régulation des« phénomènes ». Dès lors, que devient la vérité ? Que devient la prétention àl’absolu ? La philosophie permet-elle réellement d’échapper au relativisme etau scepticisme qu’elle croyait pouvoir dénoncer ?

Ainsi voit-on que sous le nom de « vérité », la philosophie conçoit essentiel-lement « la » vérité en tant que vérité de l’essence une, éternelle et immuable.Pour autant, cette vérité se décline elle-même en « rectitude », « adéquation »,« certitude » semblant avec le temps peu à peu modifier la relation au vrai. Parconséquent, ne faut-il pas aller jusqu’à penser à nouveau l’unité de ces mul-tiples acceptions de la vérité ?

LA RELATION de la philosophie à sa propre histoire, et plus généralement àl’histoire effective, semble essentielle. Dès lors, il est nécessaire de repen-

ser la vérité dans sa relation au temps et à l’histoire : « la vérité est le devenird’elle-même », écrit Hegel dans sa préface à la Phénoménologie de l’esprit. Celane signifie pas que la vérité se perdrait dans la multiplicité des opinions ou desdivers systèmes philosophiques, chacun exprimant un point de vue particu-lier sur le vrai. La philosophie est une totalité, et la vérité un mouvement duvrai vers lui-même. Hegel propose d’échapper à l’unilatéralité et d’intégrer lescontradictions pour comprendre que le mouvement du vrai est dialectique,c’est-à-dire qu’il procède par erreurs rectifiées, ou – dit logiquement – parcontradictions surmontées. L’erreur, le négatif, sont des moments essentiels

SUJET 1 75

de la marche progressive vers la vérité. Ce n’est qu’à ce prix que la vérité peutretrouver sa prétention d’être la vérité absolue. L’Absolu, c’est-à-dire la véritése contemplant elle-même dans la conscience humaine, se manifeste ainsi àtravers une intensification spirituelle progressive : « La religion est la vérité del’art ; la philosophie est la vérité de la religion. » Pour autant, cette « religion duprogrès » – dont le plus grand disciple est peut-être Marx, qui ne conserve quela thèse d’un développement dialectique de l’histoire – ne contribue-t-elle pasà engendrer ces « historicismes », que dénonce Karl Popper et que les tragédiesdu XXe siècle ont rendus difficiles à assumer ?

Nietzsche, déjà, opposait au progrès hégélien une représentation tragiquede l’histoire. Ce qui se joue dans l’histoire de la vérité, c’est au contraire unaffaiblissement de la croyance en la vérité. Ce qui nous distingue, nous mo-dernes, des Anciens c’est, affirme Nietzsche, qu’ils « possédaient » la vérité.La domination exclusive des représentations scientifiques nous a appris à neplus croire qu’aux vérités « positives ». Le « monde-vérité » est devenu une fable.La proclamation nietzschéenne de « la mort de Dieu » signifie la fin des « ar-rière-mondes » et la perte de la foi en la vérité. Mais en conséquence, si l’his-toire philosophique de la vérité, commencée avec Platon, aboutit finalementau « nihilisme », Nietzsche pose la question de la « valeur » de la vérité. « Qu’est-ce que la vérité ? » Que signifie cette « volonté de vérité » ? N’est-elle pas hostileà la vie, aux forces profondes qui animent la vie ? Ne faut-il pas alors préférerl’illusion à la vérité ? « Nous avons l’art pour ne pas périr devant la vérité », dit-il. Là où la foi en l’Absolu disparaît peu à peu, il reste l’art, dont la puissanced’illusion demeure « le grand stimulant de la vie ».

Et pourtant, en « retournant » le platonisme, Nietzsche ne demeure-t-il pas,lui aussi, encore tributaire de la définition philosophique de la vérité comme« vérité de l’essence », c’est-à-dire dépendant de la distinction entre l’être etl’apparence ? La « volonté de puissance » demeure pour Nietzsche « l’essencela plus intime de l’être » ; loin d’être une apparence, la volonté reste à saisir« derrière » le jeu des représentations. L’anti-platonisme ne serait-il alors fina-lement que la forme ultime du platonisme ? Pour toute la philosophie, de Pla-ton jusqu’à Nietzsche, « l’essence de la vérité » réside dans « la vérité de l’es-sence », soutient donc Heidegger dans De l’essence de la vérité. C’est là unecritique : cela signifie qu’un autre sens de la vérité est possible. Et ne revient-ilpas à l’art, aux artistes et à la poésie de dire, mieux sans doute que ne peut lefaire la philosophie, la « vérité de l’être » ? À l’opposé de la science et de la tech-nique, qui réduisent la réalité à un monde plat, homogène, infiniment maîtri-sable, exploitable, et qui finit par s’épuiser, l’art est révélateur d’une vérité d’unautre ordre. Nous ne sommes plus alors dans un rapport d’antagonisme avecle monde, mais nous l’appréhendons sous la forme d’une harmonie, d’une se-

76 PARTIE I – QU’EST-CE QUE LA VÉRITÉ ? QUELLES FACULTÉS SONT À L’ŒUVRE ?

crète connivence, qui donne sens à l’existence. Sur cette voie, Heidegger rap-pelle que les anciens Grecs désignaient par un privatif : « a-léthéia » ce que l’onnomme aujourd’hui, depuis les Romains, par un positif : « la vérité ». Au sensgrec, la vérité était donc initialement un « dévoilement », une « manifestation »,une pure « apparition » dont l’éclat et la plénitude nous comblent sans jamaiss’épuiser. L’autre nom de la « vérité de l’être » serait-il alors la beauté ?

«QU’EST-CE que la vérité ? » Au-delà d’une définition formelle de la vérité,il s’est agi de méditer sur sa détermination initiale par la philosophie

comme « vérité de l’essence » et quête d’une vérité absolue. L’essence de lavérité serait donc elle-même à chercher dans le sens de ses mutations succes-sives : progrès ou nihilisme, ce qui n’est peut-être pas si différent, il revient àchacun d’en décider, et par là même de faire de son existence, ou bien le lieud’un combat contre le monde ou celui de la révélation d’un accord qui sonnejuste. Loin de désespérer d’une réalité qui ne serait jamais assez bonne pournous, la vérité manifeste que nous sommes faits pour le monde, que nous pou-vons accueillir l’être.

IV Éviter le hors-sujet

La question du sujet problématise la notion du programme tout entière.Le candidat peut donc être décontenancé à l’idée d’avoir à rassembler d’uncoup tout ce qu’il a pu étudier durant l’année. Plus que jamais, il est donc né-cessaire de fixer délibérément un problème précis, de fixer un axe de rechercheen mettant de côté la tentation de tout dire, difficilement maîtrisable.

On recommande en général d’éviter les plans chronologiques : c’est légi-time, sauf si, comme ici précisément, c’est de l’histoire même que l’on dégagela problématique. Ce qui est déconcertant avec la vérité, c’est la multiplicité deses définitions successives : réussir à saisir le sens de ce qui apparaît commeun pur divers, c’est manifester une compréhension du problème et de ses so-lutions, c’est parvenir à s’orienter dans la pensée, et c’est exactement ce quel’on attend d’un candidat.

229

Citations choisies

1 Qu’est-ce que la vérité ? Quelles facultés sont à l’œuvre ?

« Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses. Et là où il n’ya pas de langage, il n’y a ni vérité ni fausseté. » (Thomas Hobbes, Léviathan)

« Si on ne suppose pas que les hommes ont tous la même intelligence, et l’onttoute, il n’y a plus ni vérité ni erreur. »

(Émile-Auguste Chartier, dit Alain, Cahiers de Lorient)

« À cause de la faiblesse de nos sens, nous sommes impuissants à distinguer lavérité. » (Anaxagore, Fragments)

« Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par lecœur, c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers prin-cipes, et c’est en vain que le raisonnement, qui n’y a point de part, essaie deles combattre. » (Blaise Pascal, Pensées)

« Le vrai consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée,de même que le juste consiste simplement dans ce qui est avantageux pournotre conduite. » (William James, Le pragmatisme)

« Nous nommons vrai un concept qui concorde avec le système général detous nos concepts, vraie une perception qui ne contredit pas le système denos perceptions ; la vérité est cohérence. »

(Miguel de Unamuno, Du sentiment tragique de la vie)

« Pour nous, l’art n’est plus le mode suprême dans lequel la vérité se procureexistence. » (Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Esthétique)

« Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont, des métaphoresqui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaiesqui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération, non pluscomme pièces de monnaie, mais comme métal. »

(Friedrich Nietzsche, Le livre du philosophe)

« La photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la véritépar seconde... » (Jean-Luc Godard, dialogue du film Le Petit Soldat)

233

Lexique

Absolu ( 6= relatif) – Désigne ce qui ne dépend que de soi et n’est donc relatif àrien. La vérité absolue ne dépend pas de la subjectivité humaine, elle serait lamême que pour Dieu, correspondrait au réel, à la chose en soi.

Axiologique / épistémologique / ontologique – Vous devez maîtriser cestermes techniques bien utiles pour bâtir une problématique, construire unplan et rédiger une transition. L’axiologie pose la question de la valeur et de lahiérarchie morale, l’épistémologie celle de savoir comment on peut connaîtrequelque chose, l’ontologie quant à elle se demande ce qu’est l’être, l’essencede la chose. Savoir si on ne doit jamais mentir est une question axiologique ;savoir quelle faculté permet de découvrir la vérité est une question épisté-mologique ; savoir si l’univers présente une structure compatible, accessibleà l’esprit humain, est une question ontologique.

Cause finale ( 6= cause efficiente) – Deux types essentiels de causalité, la pre-mière renvoyant à la présence d’un but, la seconde, qui correspond à ce quel’on entend par cause tout court de nos jours, c’est-à-dire le fait de produireautomatiquement, aveuglément, un effet : la chute d’une pierre sur ma tête estla cause de son écrasement, la pierre n’avait pas ce but. En revanche, le désirde s’abriter de la pluie est la cause finale qui explique l’existence du parapluie.La science prétend évacuer le recours aux causes finales pour trouver la vérité.

Convaincre ( 6= persuader) – Amener quelqu’un à croire quelque chose vraien se fondant sur des raisons, des preuves ; la persuasion, elle, joue sur dessentiments, sur de la rhétorique, relève de la séduction.

Erreur ( 6= illusion) – Ce sont deux catégories différentes de la fausseté. Il estimportant de les différencier. L’erreur, qui vient d’un manque de savoir oude concentration, comme dans un exercice de mathématique, ou d’une igno-rance, qui disparaît dès que l’on se concentre ou que l’on acquiert de la con-naissance. L’illusion a une force de subsistance même quand on l’a repéréecomme erronée : l’illusion d’optique est un défaut consubstantiel à la vision.Pour Kant, l’illusion consubstantielle à la raison est de vouloir connaître lachose en soi, l’illusion consubstantielle au désir amoureux rend aveugle auxdéfauts de l’aimé.

Essence ( 6= existence) – Ce qu’est la chose considérée, sa définition, différen-ciée du fait d’être dans l’espace et le temps, d’exister dans un ici et maintenant.

Expliquer ( 6= comprendre) – On explique avec des causes (comment ?), oncomprend des raisons (pourquoi ?). Utilisé pour distinguer par exemple la dif-férence entre connaître l’homme ou connaître la nature.

237

Index

1984 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45, 120, 162

Abel, Günter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219Adieu à la raison . . . . . . . . . . . . . . . . 90Ainsi parlait Zarathoustra . . . . . . 170Alain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208Alice au pays des merveilles . . . . . 148Antilogies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72Apologie de Raimond Sebond . . . . 72Arendt, Hannah . . . . . . . . . . . . . . . . 217Aristote . . . . . 127, 128, 183, 192, 224Aronofsky, Darren . . . . . . . . . . . . . . . 66Art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100Art et figures de l’esprit . . . . . . . . . 193Augustin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147Aurore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170Autopsie d’un meurtre . . . . . . . . . . 203

Bachelard, Gaston .78, 137, 155, 210Bacon, Francis . . . . . . . . . . . . . . . . . 136Badiou, Alain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58Baudelaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144Baxter, Stephen . . . . . . . . . . . . . . . . . 37Bayle, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210Bello, Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64Bergson . . . . . . . 57, 98, 161, 193, 203Bernanos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211Big mother . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Blixen, Karen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199Bobin, Christian . . . . . . . . . . . . . . . 135Bodin, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226Borges, Jorge Luis . . . . . . . . . . . . . . . 48Bosch, Jérôme . . . . . . . . . . . . . . . . . .183Bourdieu, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . .218

Candide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114Carroll, Lewis . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148Clément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168Cocteau, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107Code de procédure pénale . . . . . . .53

Comment la vérité et la réalitéfurent inventées . . . . . . . . . . . . . . . 66

Comment on écrit l’histoire . . . . . 145Comte, Auguste . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Conditions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58Condorcet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208Confessions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147Constitution de 1958 . . . . . . . . . . . 227Contre-feux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218Contre la méthode . . . . . . . . . . 90, 106Cours de philosophie positive . . . . 40Critique de la faculté de juger . . .107Critique de la raison pure . . . . . . . . 74

Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208De l’essence de la vérité . . . . . . . . . . 75De l’interprétation de la nature . . 83Descartes . . . . 73, 119, 135, 153, 154,

168, 171, 186De Veritate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74Dick, Philip K. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215Dictionnaire historique et

critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210Dictionnaire philosophique . . . . 209Diderot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83Die Entwickelung der Philosophie

in zwölf Bücher . . . . . . . . . . . . . . 194Dilthey, Wilhelm . . . . . . . . . . . . . . . 145Discours de la méthode 73, 119, 153,

168Douze hommes en colère . . . . . . . . .54Duhem, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . 147Durand, Gilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . 46Durkheim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Ecclésiaste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38Eco, Umberto . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167Électre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175Émile ou De l’éducation . . . . . . . . 185

238 INDEX

Encyclopédie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192Enquête sur l’entendement

humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154Esquisse d’un tableau historique 208Essai philosophique sur

l’entendement humain . . . . . . .112Essais . . . . . . . . . . . . . . . . . 104, 151, 171Essais de psychanalyse appliquée 43Esthétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104Éthique à Nicomaque . . . . . . . . . . 224Évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37

Feyerabend, Paul . . . . . . . . . . . 90, 106Fictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48Fondements de la métaphysique

des mœurs . . . . . . . . . . . . . . 132, 139Forbrydelsen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223Foucault, Michel . . . . . . . . . . . . . . . 178Fragments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152Frankenstein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114Freud . . . . . . . . . . . . . . 43, 47, 146, 194Fukuyama, Francis . . . . . . . . . . . . . . 41

Gadamer, Hans-Georg . . . . . . . . . 144Geai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135Généalogie de la morale . . . . . . . . 163Genèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160Giraudoux, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . 175Gracian, Baltasar . . . . . . . . . . . . . . . 193

Hegel . . . . . . . .71, 74, 80, 97, 105, 171Heidegger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75Heine, Heinrich . . . . . . . . . . . . . . . . 194Héraclite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152Hésiode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Histoire de mes idées

philosophiques . . . . . . . . . . . . . . . .50Hume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

I. A., intelligence artificielle . . . . . . 41Ingres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Introduction au système du savoir 49

Investigations philosophiques . . . 48

Jorion, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66Journal d’un inconnu . . . . . . . . . . 107

Kant . 74, 88, 107, 132, 139, 201, 216,225

Koestler, Arthur . . . . . . . . . . . . . . . . . 46Kojève, Alexandre . . . . . . . . . . . . . . . 49Kuhn, Thomas . . . . . . . . 122, 131, 155

La connaissance objective . . . . . . . 42La crise de la culture . . . . . . . . . . . .217La critique de la raison pure . . . . . 88La fabrique du droit . . . . . . . . . . . . . 91La ferme africaine . . . . . . . . . . . . . . 199La formation de l’esprit

scientifique . . . . . . . . . . . . . 137, 155La grande odalisque . . . . . . . . . . . . . 99La Joconde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97La logique de la découverte

scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82Langage et Idéologie . . . . . . . . . . . . 218Langage, signes et interprétation 219La pensée et le mouvant . . . . . . 57, 98La phénoménologie de l’esprit . . . 80La philosophie du non . . . . . . . . . . . 78La république 96, 106, 152, 168, 224La structure des révolutions

scientifiques . . . . . . . . . . . . .122, 131La théorie physique . . . . . . . . . . . . 147Latour, Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . 60, 91Le banquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138L’école du réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168Le concept, le temps et le discours 49Le courage de la vérité . . . . . . . . . . 178Le cri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Le déclin de l’occident . . . . . . . . . . 162Le gai savoir . . . . . . . . . . . . . . . 147, 163Le grand bouleversement : la nature

humaine et la reconstruction del’ordre social . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

INDEX 239

Le hasard et la nécessité . . . . . . . . . 55Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89, 136Le livre du philosophe . . . . . . . . . . 108Le misanthrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62Le monde comme volonté et

comme représentation . . . . . . . . .52Le monde de l’esprit . . . . . . . . . . . . 145Le mot d’esprit et sa relation à l’in-

conscient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194Le nom de la rose . . . . . . . . . . . . . . . 167L’enracinement . . . . . . . . . . . . . . . . .171Le prince . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224Le rire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98, 193L’escamoteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183Les confessions . . . . . . . . . . . . . . . . . 184Les deux sources de la morale

et de la religion . . . . . . . . . . . . . . 203Les éclaireurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64Les falsificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 64Les fleurs du mal . . . . . . . . . . . . . . . 144Les métamorphoses . . . . . . . . . . . . 139L’espoir de Pandore ; pour une

version réaliste de l’activitéscientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

L’esprit des lois . . . . . . . . . . . . . . . . . 226Les règles de la méthode

sociologique . . . . . . . . . . . . . . . . . 155Les structures anthropologiques

de l’imaginaire . . . . . . . . . . . . . . . . 46Les structures des révolutions

scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 155L’Être et le Néant . . . . . . . . . . . . . . . 139Le vent Paraclet . . . . . . . . . . . . . . . . 195L’évolution créatrice . . . . . . . . . . . . 161Le zéro et l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . 46L’interprétation des rêves . . . . . . . 146Locke, John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

Machiavel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224Malaise dans la culture . . . . . . . . . . 47Marx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

Matrix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174Méditations métaphysiques 135, 168Ménon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152Métaphysique . . . . . . . . . . . . . 128, 183Minority Report . . . . . . . . . . . . . . . . 215Molière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62Mondes animaux et monde

humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161Monod, Jacques . . . . . . . . . . . . . . . . . 55Montaigne . . . . . . . . 72, 104, 151, 171Montesquieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . .226Munch, Edvard . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

Nietzsche . . . . . . . . 108, 147, 163, 170Nouveaux essais sur l’entendement

humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136Nouvelle méthode pour chercher les

maxima et les minima . . . . . . . . 89Novum Organum . . . . . . . . . . . . . . 136

Orwell, George . . . . . . . . . 45, 120, 162Ovide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

Pascal . . . 89, 101, 140, 144, 153, 169,193

Pensées . . 89, 101, 140, 144, 153, 169,193

Phénoménologie de l’esprit . . 71, 74,171

Philosophie de l’esprit . . . . . . . . . . 105Philosophie politique . . . . . . . . . . .219Pi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66Platon . . . 96, 106, 138, 152, 168, 224Pollock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95Popper, Karl . . . . . . . . . . . . . . . . . 42, 82Premiers analytiques . . . . . . . . . . . 127Principes de la philosophie . . . . . 171Projet de paix perpétuelle . . . . . . .216Protagoras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72Proust . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121

Qu’est-ce que les Lumières ? . . . . . 201

240 INDEX

Rawls, John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131Reboul, Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . 218Recherches sur la nature et les causes

de la richesse des nations . . . . . 116Règles pour la direction de

l’esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154, 186Révélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .203Rêves d’un visionnaire expliqués

par des rêves métaphysiques . 107Reza, Yasmina . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100Rhétorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192Ricœur, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208Rimbaud, Arthur . . . . . . . . . . . . . . . . 96Rousseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184, 185Russel, Bertrand . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

Sartre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139Schlegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194Schmitt, Carl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227Schopenhauer . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52Scorsese, Martin . . . . . . . . . . . . . . . 159Shelley, Mary . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114Shutter Island . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159Six livres de la République . . . . . . 226Smith, Adam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116Spengler, Oswald . . . . . . . . . . . . . . . 162Spinoza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Stewart, James . . . . . . . . . . . . . . . . . 203Sur un prétendu droit de mentir

par humanité . . . . . . . . . . . . . . . .225

Tableaux de voyage . . . . . . . . . . . . . 194The Killing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223Théogonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Théologie politique . . . . . . . . . . . . . 227Théorie de la justice . . . . . . . . . . . . 131Théorie des sentiments moraux . 116Thèses sur Feuerbach . . . . . . . . . . . 168Thomas d’Aquin . . . . . . . . . . . . . . . . 74Tolérance, intolérance,

intolérable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208Tournier, Michel . . . . . . . . . . . . . . . 195

Uexküll, Jakob von . . . . . . . . . . . . . 161Un amour de Swann . . . . . . . . . . . 121Une saison en enfer . . . . . . . . . . . . . . 96

Vérité et Méthode . . . . . . . . . . . . . . . 144Veyne, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145Vinci, Léonard de . . . . . . . . . . . . . . . 97Voltaire . . . . . . . . . . . . . . . 114, 192, 207

Wachowski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174Weil, Éric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219Weil, Simone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Wittgenstein, Ludwig . . . . . . . . . . . . 48