8
Ce sera d'ailleurs le thème de notre débat du 14 octobre. Nous savons que malgré ce qui a déjà été fait, notre chemin n'est pas fini et que ce n'est pas encore le moment de nous arrêter. Les refus que nous devons apporter quotidiennement aux demandes d'hébergement reçues, nous le rappelleraient si nous avions envie de l'oublier. Il ne s'agit pas seulement de poursuivre mais d'améliorer et de développer notre action. Que cette fête des 25 ans soit donc l'occasion d'exprimer au présent notre plaisir et notre vitalité pour repartir demain avec une énergie accrue et une capacité d'accueil renforcée tant en quantité qu'en qualité ! Rendez vous à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine le 14 octobre 2004 et dans l’Yonne à Charny et Chêne-Arnoult au printemps 2005. Merci à tous ceux qui se sont investis pour que cette fête soit réussie. Jean Cadourcy président de LA CATEH 25 ans de vie, de mouvements, d’actions dans le domaine de l’accueil, l’hébergement, l’accompagnement de personnes adultes isolées, d’enfants et de familles. Faire la fête : se réjouir de cette existence associative qui, malgré toutes les difficultés rencontrées, il y en a eu et il y en a encore, tient bon dans les multiples turbulences du social. S’arrêter pour regarder le chemin parcouru et revoir d’où l’on vient. Poursuivre la route, inventer des sentiers de traverse, développer des démarches en réseaux. Et surtout continuer d’écouter et d’entendre, rechercher, proposer, initier, engager, créer, développer, innover dans la lutte poli- tique contre les exclusions en se laissant interpeller par les appels des hommes et des femmes en détresse, en difficulté, en souffrance, en articulant professionnalisme et relations humaines, en mobilisant les pouvoirs publics pour disposer des agréments et habilitations nécessaires. Demain, à petits pas, LA CATEH entreprendra de développer des projets nouveaux, tel celui d’une maison relais (pension de famille), tel celui de disposer de plus d’appartements de suite, relais en milieu diffus, tel celui d’un espace multi accueils pour la petite enfance autour de Courbevoie, tel celui d’un chantier d’insertion international… Philippe Simond-Côte directeur de LA CATEH 19 79 - 20 04 25 ans Editorial J'ai eu le privilège de pouvoir lire une bonne partie des textes de ce journal avant d'écrire le mien. Beaucoup de choses ont été écrites et bien écrites. J'ai donc le sentiment que je n'ai pas besoin d'y ajouter grand chose. C'est un sentiment très agréable à l'image du rôle actuel du président dans notre association. Sans sous-estimer l'importance de mon rôle en terme d'arbitrage et d'orientation stratégique, je trouve très sain que le président ne soit pas l'acteur indispensable sur lequel reposerait le fonctionnement de LA CATEH. Notre association fonctionne bien aujourd'hui car chacun y joue bien son rôle. Et c'est le propre d'une organisation dont les années d'expérience ont permis de roder son fonctionnement. A titre personnel, je tiens à vous dire mon propre plaisir d'être actif au sein de notre association. Je me fais plaisir de faire plaisir en dehors de toute logique marchande ou de pouvoir. Je me retrouve d'ailleurs dans le texte publié plus loin, écrit en 1983 par Claudine Barateau-Spiquel. Je crois que c'est la gran- de force du mouvement associatif. Comme je l'évoquais dans notre dernier bulletin, je suis persuadé du retour en force de l'implication de nos concitoyens dans ce type d'engagement sur la base de ce sentiment de gratuité et de plaisir. Ce qui consti- tue une forme d'engagement assez différente de l'implication militante austère et sacrificielle qui pouvait dominer il y a une vingtaine d'années. Ne boudons donc pas notre plaisir de faire la fête, de célébrer ces 25 ans d'aventures collectives réussies. Et laissons la parole à tous ceux qui en ont été les acteurs. Mais la joie du travail bien fait ne doit pas nous endormir dans l'autosatisfaction. La béatitude ne doit pas rendre béat. Dominique Rothdiener inscrit à juste titre sa réflexion sur le thème de l'innovation au sein de notre pratique.

25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

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25 ans de vie, de mouvements, d’actions dans le domaine de l’accueil, l’hébergement, l’accompagnement de personnes adultes isolées, d’enfants et de familles.

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Page 1: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

Ce sera d'ailleurs le thème de notre débat du 14 octobre. Noussavons que malgré ce qui a déjà été fait, notre chemin n'est pasfini et que ce n'est pas encore le moment de nous arrêter. Les refusque nous devons apporter quotidiennement aux demandesd'hébergement reçues, nous le rappelleraient si nous avionsenvie de l'oublier.

Il ne s'agit pas seulement de poursuivre mais d'améliorer et dedévelopper notre action.

Que cette fête des 25 ans soit donc l'occasion d'exprimer auprésent notre plaisir et notre vitalité pour repartir demain avecune énergie accrue et une capacité d'accueil renforcée tant enquantité qu'en qualité !Rendez vous à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine le 14 octobre 2004 et dans l’Yonne à Charny et Chêne-Arnoultau printemps 2005. Merci à tous ceux qui se sont investis pourque cette fête soit réussie.

Jean Cadourcyprésident de LA CATEH

25 ans de vie, de mouvements, d’actions dans le domaine

de l’accueil, l’hébergement, l’accompagnement de personnes

adultes isolées, d’enfants et de familles.

Faire la fête : se réjouir de cette existence associative qui, malgré

toutes les difficultés rencontrées, il y en a eu et il y en a encore,

tient bon dans les multiples turbulences du social.

S’arrêter pour regarder le chemin parcouru et revoir d’où l’on vient.

Poursuivre la route, inventer des sentiers de traverse, développer

des démarches en réseaux.

Et surtout continuer d’écouter et d’entendre, rechercher, proposer,

initier, engager, créer, développer, innover dans la lutte poli-

tique contre les exclusions en se laissant interpeller par les

appels des hommes et des femmes en détresse, en difficulté,

en souffrance, en articulant professionnalisme et relations

humaines, en mobilisant les pouvoirs publics pour disposer

des agréments et habilitations nécessaires.

Demain, à petits pas, LA CATEH entreprendra de développer

des projets nouveaux, tel celui d’une maison relais (pension

de famille), tel celui de disposer de plus d’appartements de

suite, relais en milieu diffus, tel celui d’un espace multi

accueils pour la petite enfance autour de Courbevoie, tel

celui d’un chantier d’insertion international…

Philippe Simond-Côte

directeur de LA CATEH

1979 - 2004

25ansEditorial

J'ai eu le privilège de pouvoir lire une bonne partie des textes de cejournal avant d'écrire le mien. Beaucoup de choses ont été écriteset bien écrites. J'ai donc le sentiment que je n'ai pas besoin d'yajouter grand chose. C'est un sentiment très agréable à l'image durôle actuel du président dans notre association. Sans sous-estimerl'importance de mon rôle en terme d'arbitrage et d'orientationstratégique, je trouve très sain que le président ne soit pas l'acteurindispensable sur lequel reposerait le fonctionnement de LA CATEH.Notre association fonctionne bien aujourd'hui car chacun y jouebien son rôle. Et c'est le propre d'une organisation dont les annéesd'expérience ont permis de roder son fonctionnement.

A titre personnel, je tiens à vous dire mon propre plaisir d'êtreactif au sein de notre association. Je me fais plaisir de faire plaisiren dehors de toute logique marchande ou de pouvoir.

Je me retrouve d'ailleurs dans le texte publié plus loin, écrit en1983 par Claudine Barateau-Spiquel. Je crois que c'est la gran-de force du mouvement associatif. Comme je l'évoquais dansnotre dernier bulletin, je suis persuadé du retour en force del'implication de nos concitoyens dans ce type d'engagement surla base de ce sentiment de gratuité et de plaisir. Ce qui consti-tue une forme d'engagement assez différente de l'implicationmilitante austère et sacrificielle qui pouvait dominer il y a unevingtaine d'années. Ne boudons donc pas notre plaisir de fairela fête, de célébrer ces 25 ans d'aventures collectives réussies.Et laissons la parole à tous ceux qui en ont été les acteurs.

Mais la joie du travail bien fait ne doit pas nous endormir dansl'autosatisfaction. La béatitude ne doit pas rendre béat.Dominique Rothdiener inscrit à juste titre sa réflexion sur lethème de l'innovation au sein de notre pratique.

Page 2: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

défi : les fondations

L’association LA CATEH est officiellement née en 1979, mais ellen’aurait pas vu le jour sans un groupe de sept jeunes adultes qui ten-tent à Paques 1977 l’aventure d’un projet communautairepour vivre autrement. Le défi, c’est évidemment tout ce qu’il vafalloir imaginer et construire dans la cohérence et la durée, auxlieux et places d’une société que l’on refuse pour son aliénationau service de l’Avoir-Savoir-Pouvoir et d’une Eglise mal en phaseavec les problèmes et les questions d’aujourd’hui.Et cela a marché ! Le groupe initial se retrouve une quarantaine, unan plus tard ! Dans ce milieu bouillonnant de créativité et d’amitié,les réalisations se multiplient sans tarder :

• Un premier accueil d’une jeune femme sortant d’un hôpital psy-chiatrique a lieu chez Marie-Agnès et Philippe Simond-Côte enoctobre 1978 dans leur appartement au 12 rue AmbroiseThomas. D’autres personnes accueillies arrivent chez les uns et chezles autres et la “ Communauté d’Accueil Thérapeutique etÉducatif chez l’Habitant ” est juridiquement créée le 11 novembre 1979. Un an plus tard se mettra en placele premier financement officiel, bien que modeste : un poste à mi-temps.

• À la même époque, il est mis à disposition de la communauté dansl’Yonne, sur la commune de Chêne-Arnoult, un vieux moulin situéau fond d’un vallon verdoyant. Beaucoup de travaux sont à entre-prendre pour faire du “Moulin ” un lieu de rencontres, de week-end, de séjours temporaires et d’accueil. Les personnes accueillies àLA CATEH trouvent là un lieu important pour se régénérer dans laparticipation aux travaux et vivre les bienfaits du calme et des ren-contres conviviales.

• Toujours dans cette période, “ la Gaminerie ” est intégrée à LACATEH. Elle est officiellement agréée comme “ crèche parentale ”en septembre 1980 .

• Également intégré à LA CATEH : un petit restaurant, ouvert sur lequartier de Bécon, au siège de l’association. “ La Boutique ”, avecses repas pris en commun, à des prix particulièrement modestes,devient vite un lieu convivial pour tous.

• La période des fondations sur Bécon peut être considérée commeachevée en 1981 , après les premières années d’activité d’accueil.LA CATEH se situe alors comme une “ structure intermédiaire ”,c’est-à-dire un ensemble communautaire à petite échelle, inséré au

Les défis des 25 ans deJean-Marie Charlotin

administrateur, membre du bureau

maximum dans la vie sociale et pouvant servir d’intermédiaire dansles situations de crise. Ce statut est administrativement reconnudès juillet 1981 avec un premier avis d’autorisation à fonc-tionner, à titre expérimental, comme Centre d’Hébergement et deRéinsertion Sociale pour 12 personnes. LA CATEH accueille ainsiune dizaine de personnes désinsérées psychologiquement et socia-lement.

• Enfin, 1981 marque le début du développement des “Chantiers ”dont l’objectif est de permettre aux personnes accueillies d’avoir untravail et une rétribution.

• Dès 1983 , un défi similaire, version “ campagne ” voit le jour dansl’Yonne, près de Charny. Au premier mai 1983 , les premierspermanents s’installent aux “Maisons Neuves ” à Chêne-Arnoultpour démarrer le projet d’une antenne CATEH à la campagne.Travaux, accueils, fêtes, relations… tout cela bouillonne et se déve-loppe à bonne allure. 1984 : un nouveau lieu est créé à “ Frilure ”,proche des Maisons Neuves, plus spécifiquement ouvert à desenfants de 6 à 14 ans ayant besoin d’un soutien affectif et psy-chologique à long terme ou simplement d’un temps de rupture limi-té d’avec leur famille ou leur institution. Ce nouveau champ d’ac-cueil inclut l’hébergement au domicile de l’éducateur et de safamille et un apprentissage scolaire spécialisé, développé par l’as-sociation “ Les 4 vents ”.

Le défi des fondations était remporté sur des points essentiels ; restait à durer, améliorer, développer.

2e

1er

Quand à la veille du passage à “ l’an 2000 “, je terminais un essai

de mémoire sur les vingt premières années d’activité de LA CATEH,

ce qui me frappait le plus était, au travers de nombreuses péripéties,

sa fidélité maintenue à un accueil et une réinsertion prenant

fondamentalement en compte la “ personne “ de l’accueilli.

Aujourd’hui, avec cinq années de plus, cette fidélité est toujours aussi vraie,

mais c’est peut-être son souffle, son énergie, sa capacité à innover qui

m’étonne le plus. Dans un contexte social difficile pour la réinsertion,

LA CATEH s’accroche, se concerte, innove et montre à ce jour les signes

d’un déploiement qualitatif et quantitatif de sa capacité à accueillir

et à accompagner ceux qui se sont enlisés dans le mal-être.

C’est peut-être en examinant les périodes des grands défis que le souffle

qui traverse cette association est le plus visible, même si le quotidien est

tout aussi important.

défi : la prise d’autonomie

Les années ont passé ; les fruits ont mûri au profit des personnesaccueillies. Puis les reconnaissances officielles sont arrivées avecplus ou moins de lenteur ; les financements parfois plus lentementencore… L’accueil avec hébergement a nécessité un parc de loge-ments de plus en plus important, soit en propriété, soit en location.

Il est évident que depuis l’origine, toute cette réussite avait unedouble source : l’association LA CATEH et la communauté de viequi lui servait de matrice.

Les deux entités fonctionnaient en parfaite symbiose.Or, début 1991 , le premier dirigeant de fait de la communautéde vie et de LA CATEH démissionne et va poursuivre ses projetsailleurs suite à une crise qui n’avait cessé de s’accentuer. Elle étaitl’aboutissement de divergences de conception qui s’étaient faites jourdepuis 1984 . Ce fut une période difficile qui conduisit àl’éclatement de la communauté trois ans plus tard. Qu’allait devenircette association d’accueil qui n’avait existé jusque là qu’en puisantson souffle dans la communauté de vie ?

Une dynamique nouvelle se mit alors en place.

• Un nouveau Bureau est constitué.

• Les statuts associatifs sont modifiés, dans une perspective nette-ment associative.

• Des décisions importantes (objet de la crise, d’ailleurs) sont prisesau plan du fonctionnement du personnel :

- Embauche d’éducateurs extérieurs à la communauté ; ce point est capital dans la nouvelle dynamique.

- Intervention d’un formateur psychanalyste extérieurpour améliorer le travail d’équipe sur les deux sites(Courbevoie et Chêne Arnoult)

- Développement de la formation professionnelle pouratteindre des qualifications reconnues et se profession-naliser.

LA CATEH sort alors d’un relatif autarcisme et s’active dans diversréseaux de structures regroupées autour de la FNARS (FédérationNationale des Associations de Réinsertion Sociale), l’URIOPSS, desréseaux départementaux.

Le deuxième défi est en voie d’être surmonté et les années suivantesjusqu’au seuil de l’an 2000 verront ce renouveau se parfaire :

• Plus grande place donnée au “ contrat ” avec la personneaccueillie accompagnée par l’éducateur “ référent “.

• Création d’une “ permanence-emploi ” à Courbevoie.

• Politique d’acquisition de “ logement-relais ”pour les accueillis “ sortant ”.

• Dans l’Yonne, l’équipe collabore avec les structures locales :crèches, écoles, mairie.

c

Page 3: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

LA CATEH:

les nouveaux défis

D’aucuns auraient pu penser qu’après tout ce bouillonnement d’éner-gie, LA CATEH entrerait dans le troisième millénaireen s’installant dans un rythme plus tranquille. Loin d’y songer, LACATEH s’active pour mener les actions à leur terme et relever de nou-veaux défis.

Le personnel, à commencer par l’encadrement, est mis à l’épreuve parcette pugnacité. Il faut manager les équipes. Des mises au point etdes restructurations s’avèrent nécessaires pour atteindre les objectifset ce n’est pas sans quelques secousses désagréables.

Mais venons en aux défis de l’après “ 2000 ”.

• Et d’abord “ les Chantiers ” : il est décidé de redynamiser cette acti-vité de réinsertion par le travail, principalement sur Courbevoie oùles chantiers sont en grande majorité externes à LA CATEH. Lesrecettes liées à l’activité montent en flèche ! De nombreusesdémarches sont entreprises pour obtenir l’agrément en tant que“ chantier d’insertion ”. Le but est atteint en septembre2002 avec cinq emplois aidés ! Depuis, l’activité ne cesse de sedévelopper, et la formation dispensée aux personnes accueillies aune qualité de plus en plus professionnelle.

• Dans l’Yonne, l’activité “Chantier ” se pose en tout autres termespuisque les travaux concernent pour la quasi-totalité l’entretien,gros ou petit, des bâtiments de LA CATEH. Une recherche, se faittoutefois en direction de l’extérieur : coupe de bois, débroussaillage.

• Autre défi : la reconnaissance dans l’Yonne où l’activité d’accueil adébuté en 1983, mais les démarches en vue d’une reconnaissanceofficielle auprès de la DDASS et du conseil général sont restées sanseffet. Pourtant la DDASS des Hauts-de-Seine agrée des séjours dansl’Yonne pour ses ressortissants. Mais LA CATEH a dynamisé sonConseil d’Administration et redoublé les contacts tant sur lesHauts-de-Seine, où son activité est reconnue, appréciée et s’inscritpleinement dans le cadre du schéma départemental de l’accueil, del’hébergement et de l’insertion, que dans l’Yonne où les portesparaissent toutefois un peu moins fermées depuis quelques mois. Ledéfi sur ce terrain exige ténacité et diplomatie.

• “ L’après CATEH” étant problématique pour les accueillis du fait dela pénurie de logements sociaux en Ile de France, l’idée d’une“Maison Relais ” (ex-pension de famille) a resurgi dans les projetsactuels. Nouveau défi !

• De nouvelles initiatives dynamisantes ponctuent la vie de LA CATEH:ainsi, en 2001, un cinéaste tourne un film dans l’Yonne, avec laparticipation des accueillis et du personnel. En juin 2003, parutionde “la main tendue” premier journal interne réalisé par les famillesd’accueillis en collaboration avec les équipes éducatives.

• On pourrait continuer la liste des innovations, mais on retiendrasurtout le réel développement associatif dont fait preuve LA CATEHdepuis plusieurs années :

Au fil des années, de nouveaux administrateurs arrivent en renfort,plus nombreux, plus actifs et aux compétences variées. Une dyna-mique trouve progressivement son équilibre entre le pôle de laDirection, et le pôle du Conseil d’Administration ( le C.A .). Le Bureaudevient à son tour un véritable rouage articulant au fil des mois, dansles applications concrètes, le rôle du Directeur et celui del’Association.

À ce jour le C.A comprend dix membres élus auxquels se joignent dedroit, avec voix consultative, le Directeur et deux représentants dupersonnel.

• Sans parler du fonctionnement courant, il vaut la peine d’évoquercertaines actions de ces dernières années au sujet desquellesl’Association s’est impliquée et qui témoignent de son dynamismegrandissant. Ainsi :

- Réunions-débats pour favoriser l’élargissement du cercle denos amis ou pour mieux nous faire connaître localement. Cecia été particulièrement important dans l’Yonne où une réunionsur “notre projet associatif ” avec film à l’appui, une autre sur“ la maltraitance ” et une autre sur le “ transculturel ”, toutesavec la participation active d’administrateurs, ont favorisé descontacts avec des acteurs locaux et avec la presse.

- Participation renforcée en 2003 et surtout en 2004des administrateurs à des rendez-vous importants pour faireavancer la reconnaissance de LA CATEH dans l’Yonne (DDASS,conseil général) ou développer des rencontres constructivesdans les Hauts-de-Seine (DDASS, conseil général) en vue dedéfinir contractuellement de nouveaux modes de finance-ment dans le cadre de seize nouvelles places CHRS familles,agréées en janvier 2003, mais non encore finan-cées, pour se substituer à l’accueil au cas par cas de mèresavec enfants. D’autres rencontres ont eu lieu dans plusieursmairies d’Ile de France au sujet du projet de “Maison-Relais ”.

- Participation à des réseaux de solidarité sur le département.Le Conseil d’Administration s’est mobilisé en octobre2002 et en juin 2003 lors des manifestationsorganisées à Paris contre l’insécurité sociale.

- Mentionnons aussi la participation de plusieurs membres del’Association à certaines activités de LA CATEH avec les per-sonnes accueillies (sorties ; vacances ; bientôt un atelierd’art…)

Bref toute cette activité témoigne d’une émergence de plus en plusimportante du pôle associatif et au total d’un développement quali-tatif et quantitatif de LA CATEH qui lui permet de fêter joyeusementfin 2004 ses 25 ans !

25 années de vie bouillonnante de rencontres et de projets, de joies et de souffrances, d’espérance et de déprime, d’arrivéeset de départs, d’avancées et de stagnations, d’ innovations ; bref, c’est la vie quand elle est difficile et rencontre un peu de solidarité.

25 ans LA CATEH : Continuons à relever les défis de l’insertion et du vivre ensemble !

“ Comme la chenille ne

sait pas qu’elle devie

ndra

papillon, nous ne savions pas ce

dimanche d’octobre 1978

en accueillant

chez nous F., sortant de l’hopita

l Sainte Anne,

après plus d’un an d

’hospitalisation, dan

s quelle

aventure nous nous

lancions...

Nous ne savions pas c

e que cet accueil sin

gulier allait

engendrer petit à pe

tit... en terme d’autres

accueils

chez l’habitant c’est-à-dir

e en familles d’accueil, de per-

sonnes en difficultés

, puis plus tard en a

ppartements

indépendants...

Nous ne savions pas c

e que toute cette p

ratique

allait générer au pla

n institutionnel...

Nous ne savions pas c

ombien tout cela nous

transformerait... “

Philippe Simond-Cote

“ J’espère vivre, pouvoir vivre, mais j’en vois pas le chemin, alors je suis venu ici, peut-etre en me disant on ne sait jamais, il y aura peut-etre un déclic, un éclair, une étincelle qui fera que j’irais mieux, pourquoi pas ici... “

P. M., extraits de “ mots dits ”, décembre 1983

3e

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Page 4: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

25 ans de politiques sociales :“Je

m’appelle K..., j’ai 33 anset c,a fait 4 mois que je suis à LA CATEH.

Je suis arrivé ici parce que j’étais dans un hopital psychiatrique, j’en avais marre et puis l’assistante sociale qui m’a trouvé, elle a fait desdémarches pour que je rentre à LA CATEH quoi, puis je me plais bien, oui, j’aimebien la campagne parce qu’on est tranquille puis c’est bien et c’est calme.Ben... c,a fait 13 ans que je suis malade, mais avant, c’était encore pire, je souf-frais beaucoup et là c,a commence, bon, des fois, je ne me sens pas trop bien,mais c’est mieux qu’avant. J’espère plus tard trouver un travail ailleursquoi, et puis j’espère guérir, vivre tranquille et puis je suis en chantier, je commence à apprendre plein de trucs que je ne connaissais pas : la mac,onnerie, la charpente parce que moi, j’ai toujours travaillé dans les usines et je préfère travailler dehors. “

K. C., “ LA CATEH, des chemins vers l’insertion ”, 2001-2002

“ Vousetes confrontés au paradoxe comme quoi il est difficile et souventcontradictoire de répondre à la fois aux besoins des usagers et aux

différentes réglementations en vigueur !”R. R. , psychologue Foyer de l’enfance, SAUME, 94

“ Dans notre histoire, il nous est important de nous rappe-ler que LA CATEH a commencé par une rencontre, puisdes rencontres avec une, des personnes en souffrance, en difficulté, qui ont donné lieu à une structuration sous forme d’association ensuite.

La rencontre par définition ne peut etre formatée. Elle estempreinte d’incertitudes, de risques aussi... On ne peut savoir où cela nous mène, elle est de l’ordre de l’imprévisible. Elle ne peut nous laisser indemnes. “Philippe Simond-Cote

“ La technicité la plus élaborée avec les outils les plus pertinents

a besoin de professionnels qui en tant qu’etres humains sont pleine-

ment concernés par l’Autre dans son existence, son devenir et acteurs

d’une lutte contre tout ce qui exclut. “

Introduction au film “ LA CATEH, des chemins vers l’insertion ”,

2001-2002

“ LA CATEH est née dans un

mouvement et demeure

en mouvement.

A travers des act

eurs, elle s’est in

stituée

autour de valeu

rs fortes. “

Philippe Simond-Cote

“ J’ai l’impression souvent, quand on parle d’accueil, que

l’on entend seulement donner à l’autre. En fait pour moi,

accueillir c’est accepter de donner, mais c’est aussi

accepter de recevoir.

Pour la personne accueillie, cela peut etre aussi complè-

tement vital de se rendre compte qu’elle peut donner

quelque chose ; engager une relation avec de

s gens avec

qui on se sent pas de points communs au départ, ou

qui ont un type de vie complètement différent du mien,

cela m’oblige à changer mes valeurs, à reconnaitre

la différence avec l’autre, à l’accepter.

C’est aussi remettre en question mes normes,

mes valeurs, pour aller plus loin dans la rencontre. “

Claudine Barateau-Spiquel,

extraits de “ mots dits “, déc. 83

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Page 5: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

Loi du 30 juin 1975

relative aux institutions

sociales et médico-sociales.

1975

1981

1980

1982

1979

1983Circu

laire du 27 janvier

1983

de Georgina Dufoix sur les lieux d’accueil non traditionnels.

1984198

5

19861987

Loi du 17 juillet 1984 reconnaissant le caractère

durable de l’installation en FRANCE de la population

immigrée et dissociant le droit au séjour d’avec

l’occupation d’un emploi.

1988Loi du 1er décembre 1988 relative au revenu minimum d’insertion (RMI).

199019911992

19931994

1995

1996

1989

2000

1999

19981997

Loi du 6 mars 2000 instituant un défenseur des enfants.

Loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens

dans leurs relations avec les administrations

(droit pour la personne de consulter les documents

de caractère nominatif qui la concerne).

La circulaire de 30 décembre 1998définit la démarche d’élaboration des Schémas

Départementaux Accueil Hébergement Insertion

(SDAHI) qui répondent d’un souci de coordination

départementale de ces fonctions.

Loi du 27 juillet 1999 portant créa-

tion d’une couverture maladie univer-

selle (CMU).Loi du 29 juillet 1998, loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions :

accès à l’emploi, mise en œuvre du droit au logement,

accès aux soins, exercice de la citoyenneté,

prévention des expulsions, surendettement.

(Cette loi reconnaît les chantiers d’insertion comme faisant partie

du champ de l’Insertion par l’Activité Économique (IAE).)

2001

20022003

Loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale.

Arrêté du 8 septembre 2003 :

chartes des droits et libertés de la personne accueillie.

Décrets du 14 novembre 2003 : dispositions qui

doivent figurer dans le règlement de fonctionnement

de tout établissement ou service ; la personne qualifiée

à laquelle peut faire appel une personne prise en

charge par un établissement ou service.

Loi du 4 mars 2002 réformant l’autorité parentale, participant ainsi

à la modernisation du droit de la famille. Elle consacre notamment la

résidence alternée de l’enfant et celui des parents, renforce la médiation

familiale.

Loi du 18 décembre 2003 portant décentralisation

en matière de revenu minimum d’insertion

et créant un revenu minimum d’activité.

décret et arrêté du 22 octobre 2003

sur les règles budgétaires,comptables et

tarifaires des établissements et services.

Fixation des modèles de présentation des

propositions budgétaires.

2004

2005

Circulaire du 24 mars 2004

relative à la mise en place du livret d’accueil.

Décret du 25 mars 2004

relatif au conseil de la vie sociale.

Décret du 29 mars 2004

relatif au contrat insertion-revenu

minimum d'activité.

Page 6: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

Espace psychologiquetransculturel

La psychologue “ titulaire ” en congé maternité en fin d’année2003, a été remplacée par une psychologue clinicienne forméeaussi à l’ethnopsychanalyse et à l’anthropologie.

Au-delà d’un travail nécessaire sur les dimensions psychique,sociale et familiale, une mission particulière lui a alors été confiée :prendre en compte, à l’aide de l’ethnopsychanalyse, la dimensionculturelle dans les problématiques rencontrées chez les personnesaccueillies à LA CATEH. Il se trouve qu’à LA CATEH, la populationest à forte majorité migrante, désinsérée, très acculturée. Le tra-vail ethnopsychique peut permettre d’aller chercher des clefs pourcomprendre notamment l’accès à la culture dans sa fonction dyna-mique, c'est-à-dire avec ce qui a à voir avec la transmission, legénérationnel… Il s’articule aussi avec une restitution de sens àl’équipe.

Plusieurs types d’actions ont ainsi été dégagés :- des rencontres avec les personnes accueillies en présence des

travailleurs sociaux référents : la démarche ethnopsychanaly-tique est une démarche de seconde intention. Elle vient du/destravailleur(s) social(aux) sollicitant l’intervention d’un tiers.

- des consultations individuelles : temps de travail avec les per-sonnes dans une dynamique transculturelle.

- des temps de restitution en équipe tenant compte du secret pro-fessionnel, où ce qui est dit permet une lecture du comportementde la personne accueillie et peut donc avoir un effet sur la priseen charge éducative.

- des espaces de rencontres mêlant professionnels et personnesaccueillies autour de thèmes choisis. L’aide de films peut ainsifavoriser une confrontation des points de vue .

- des interventions en situation de crise, où la psychologue, appe-lée à l’aide par le travailleur social, parle à la personne en crise,en s’adressant au travailleur social. Il s’agit alors d’un besoin deparole où il est question de dire à travers un travail de média-tion, que la souffrance est entendue. La personne est mise ensituation d’entendre parler d’elle. Il lui est restitué une dimensionde son humanité, elle est re-narcissisée.

- L’ethnopsychanalyse permet ainsi une diversité d’approches etune diversité de type d’actions introduisant une grande souples-se dans la prise en charge de personnes en difficultés, en souf-frances.

Animation sur “ la teinture africaine ”dans une classe de C.P.

Suite à la demande d’une institutrice de classe de C.P d’un vil-lage voisin, trois jeunes femmes d’origine africaine, accueillies àLA CATEH, ont accepté d’intervenir auprès des enfants pour leurmontrer les différentes méthodes de teinture utilisées enAfrique. L’objectif de l’institutrice était de permettre à desenfants du monde rural de découvrir un monde différent, enl’occurrence celui de l’Afrique Noire, à travers l’apprentissage deméthodes de teinture (aspect ludique et du “ faire ensemble “).

Pour nous, cette proposition offrait une vraie opportunité pour tra-vailler sur l’inter culturalité avec les jeunes femmes d’origine afri-caine. Elles allaient pouvoir faire partager à des enfants d’ici leursavoir-faire et leur connaissance de l’Afrique, et découvrir auprèsd’eux le monde de “ l’école française “.

L’institutrice, dans un premier temps, est venue rencontrer lesjeunes mamans intéressées et leur proposer un travail de teintureen commun. Une matinée a été consacrée à une expérimentationdans les locaux de LA CATEH.

Suite à ce temps, les jeunes femmes sont venues en classe pourtenter l’expérience avec les enfants. Accompagnées par une édu-catrice, elles avaient tenu à apporter leurs “ boubous “ pour mon-trer les différents tissus et les vêtements d’Afrique aux enfants.Après s’être présentées, elles sont intervenues auprès du grouped’enfants pour parler de l’Afrique et présenter les différentes tech-niques à expérimenter. Les enfants ont posé des questions en par-ticulier sur les langues pratiquées. Les différents noms ont étéécrits au tableau. L’institutrice a réparti ensuite les enfants enquatre groupes en distribuant le matériel nécessaire à chacun.Chaque groupe était encadré par une jeune femme qui aidait lesenfants à mettre en pratique une des techniques abordées. Aprèsavoir préparé leur morceau de tissu, les enfants ont choisi la cou-leur de teinte et le tissu a été trempé dans le bain de teinture.Après rinçage, chaque morceau de tissu a été étendu pour leséchage. Les enfants ont tenu à remercier les jeunes femmes enchantant une des dernières chansons qu’ils avaient apprises àl’école. C’est alors que les jeunes femmes se sont mises à leur tourà chanter des chansons de leur pays. Les enfants s’amusaient deles entendre chanter dans une langue inconnue. Elles leur ontmontré aussi les gestes qui pouvaient accompagner certaineschansons. Cet échange a été très riche et les jeunes femmes sontrentrées en reparlant de l’après midi et de l’école en France.

Une deuxième après-midi a été consacrée à aller voir le résultatobtenu…. Les tissus teintés avaient été tendus par les enfants surdes morceaux de bois et disposés tous ensemble afin d’être expo-sés. La composition a impressionné les jeunes femmes africainesqui ont retrouvé la classe avec plaisir. Elles ont été heureuses devoir aussi toutes les photos présentées sur un panneau et com-mentées par les enfants. Elles ont préparé du “ bisap “ boissondégustée dans leurs pays et l’ont fait goûter aux enfants.

L’atelier “ Regarde Moi ”

Cet atelier à été mis en place au départ grâce à une subventiondu Fonds d’Initiatives Locales contre l’exclusion (FILE).

L’action “Regarde Moi ” sera développée au sein de LA CATEHgrâce à un intervenant extérieur venant travailler en lien avec lapratique de l’équipe éducative.

Cet intervenant, photographe professionnel de métier, est aussiéducateur spécialisé, formé de plus à la systémie familiale.

La pratique offrira la possibilité de faire du portrait, de l’autopor-trait et du paysage.Elle mettra l’accent : - sur la découverte de l’image en jouant sur les différents éclai-

rages possibles. - sur l’image que les participants veulent offrir aux autres…

Comment ils peuvent se la construire, se la reconstruire. - sur une “ déambulation “ dans l’espace environnant : ouverture

du regard sur l’extérieur par l’intermédiaire du support photo-graphique (le support photographique offrant une certaine pro-tection pour la personne). Le travail à l’extérieur, être vu, êtreregardé, voir, regarder… amène au respect, à l’échange. Ilapprend la beauté, l’étonnement, le questionnement.

- La pratique destinée à un public de 25-30 personnes réparties enpetits groupes, sera menée en liens étroits avec la psychologueet un éducateur de l’équipe pour élaborer la mise en mots du res-senti et du vécu.

innovantesactionsDes

Extrait du dossier de présentation

Ce travail autour du transculturel nous a amenés à créerun temps partiel d’éthnopsychologue en complément du poste de psychologue clinicienne.

La photo de sujet, de famille, du mondeenvironnant par le média photographique,son pouvoir de témoignage et de mémoireen fait un élément attractif et intéressantreprésentant un potentiel efficient dansun projet social global avec un processusde ré-appropriation de son histoire et deson devenir, avec un axe de remise deboutpar/avec l’activité économique.

“ Voyageur

il n’y a pas de chemin,

se fait en marchant. “Antonio Machadio

le chemin

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L’innovation à LA CATEHDominique Rothdiener

Est-il possible d’innover dans une institution ? Parler d’innovation dansune institution tient du paradoxe. En effet, instituer c’est par définition éta-blir de façon durable. Et pour durer, il faut se mettre à l’abri de l’usure dutemps en canalisant les pulsions centrifuges, en particulier par la stigmatisa-tion des originaux et des marginaux. Ce que font la société et l’Etat en relé-guant les personnes en difficulté dans les nombreux établissements spéciali-sés, y compris les CHRS. Ce processus de stigmatisation des originaux et desmarginaux montre que l’institution ne favorise pas l’émergence des créateursen son sein mais qu’elle cherche au mieux à les encadrer.

En effet, l’entreprise est le monde des hommes et des femmes d’action. Etcomme le dit Bergson : “pour répondre aux exigences de l’action il faut rétré-cir le champ de la perception. En vérité l’homme d’action est celui qui portedes œillères”. Par opposition, l’artiste élargit notre perception. Il a une contem-plation gratuite. De plus, une invention n’est pas forcément une innovation,elle le devient quand elle trouve son usage ou son utilité dans le corps socialqui doit se l’approprier. Il faut aussi se garder de la néomanie, de l’innovationpour l’innovation, du changement pour le changement.

Donc, en quoi LA CATEH est-elle innovante ?D’abord en étant de plus en plus en prise avec l’environnement et mieux inté-grée à la société. Ainsi les Chantiers d’Insertion de LA CATEH répondent-ils àla préoccupation majeure de la société qu’est l’emploi par la remise au travailde personnes très désinsérées professionnellement.

L’innovation à LA CATEH tient aussi de sa capacité de réactivité qui lui permetde répondre rapidement en s’adaptant à des besoins urgents. Par exemple, la présence dans l’équipe de deux assistantes maternelles sala-riées permet l’accueil de cinq enfants d’une manière très souple et à la deman-de. Cet été un enfant a même pu être accueilli la nuit, sa maman ayant accou-ché d’un second enfant.

Le troisième aspect de l’innovation à LA CATEH c’est son efficacité. Le problè-me est comment évaluer l’efficacité. C’est par exemple l’introduction de l’eth-no-psychologie comme nouvelle pratique à LA CATEH depuis 2003, par l’em-bauche d’une spécialiste reconnue dans ce domaine.La difficulté est de faire la preuve que cette nouvelle pratique apporte unevaleur ajoutée par rapport à la psychologie plus classique et déjà admise dansles établissements sociaux.

Enfin, le dernier aspect de l’innovation c’est le service à moindre coût. LACATEH a un projet d’ouverture d’une maison-relais qui est du logement avecune petite structure d’animation ; ces établissements sont moins chers que lescentres d’hébergement classiques et ne proposent pas d’accompagnementsocial.

En conclusion, l’innovation à LA CATEH est favorisée par un managementparticipatif qui permet de faire émerger la parole sans surchargerle fonctionnement de règles et de normes ce qui est aussi unecondition favorable à l’émergence de l’innovation, pour qu’ellechange notre regard sur le monde.

EchangesChristèle Rojas

Aïcha, Jacqueline, Diane, Elisabeth, Emilienne, Brigitte, Marie-Ange, Marieme, Ina, Hadigueta, Binta… Vous êtes arrivées enFrance avec votre paquet de souffrances, d’humiliations… sou-vent à la suite de ruptures familiales décisives. Vos familles vousavaient rejetées, parfois après vous avoir mariées contre votrevolonté. Certaines d’entre vous n’avaient même pas le désir dequitter le pays ! Vous vous êtes retrouvées étrangères, sans toit,sans repère, sans famille et “ sans papiers ”.

La naissance d’un enfant sur le territoire français vous a projetéesdans un désarroi encore plus profond ; cette grossesse “honteuse ”vous excluant définitivement de vos proches et de ceux qui accep-taient de vous héberger. En même temps, cette vie en vous, vousredonnait courage et espoir face à l’avenir… cet enfant à naîtrevous a poussées à reconstruire votre vie sur de nouvelles bases.

LA CATEH a permis, à vous, à vos enfants, de retrouver un toit,une famille, une dignité…

Vous avoir accompagnées m’a fait découvrir l’Afrique et sa diversité:Côte d’Ivoire, Mali, Guinée, Congo Brazza, République du Congo,Cameroun, Madagascar, Togo, Bénin, Burkina-Fasso… J’ai entenduvos langues : Peulh, Toucouleur, Wolof, Bamiléké, Arabe…J’ai goûté à vos plats traditionnels, j’ai écouté les histoires de vospays… de votre vie.

Je me souviens de notre émotion quand une mère a pu embrasserson fils à l’aéroport de Roissy, son fils qui était reparti au pays avecson père suite à la rupture du couple. Cette mère n’était pas sûrede pouvoir le retrouver un jour. Je me souviens de la joie desretrouvailles !! Je me souviens de la terrible douleur de cette mèrede famille qui avait fui son pays après la mort accidentelle de sonmari et de ses trois enfants… les silences si lourds et pleins delarmes au cours de nos entretiens…

Je me prépare avec l’ensemble de l’équipe, à accueillir cette jeunemaman, fuyant La Côte d’Ivoire, traumatisée par la mort subite deson bébé, tué dans son dos par une balle perdue, alors qu’ellefuyait les combats… En France, elle vient de mettre au monde unepetite fille.

C’est en elles et grâce au travail avec elles que je puise toutel’énergie nécessaire pour obtenir “ les papiers “… une premièrevictoire, une étape décisive sur la voie de l’insertion en France.

Loin d’avoir trouvé le paradis, il vous a fallu admettre que la Francen’est pas seulement un pays de droits. Il faut continuer à lutter ;apprendre et perfectionner votre langue française, vous adapter àla culture occidentale, vous former, travailler… et le travail, il fautle chercher ! Se donner du mal encore !!! Vous pensiez qu’avec vosdroits, vous obtiendriez rapidement un logement confortable,comme ceux entrevus dans les feuilletons TV, vous pourriez passerle permis de conduire et vous acheter une voiture à votre goût,vous pourriez acquérir enfin tout ce qui vous manque et ce dont lapublicité vante les mérites… La France est un pays riche ! Amèredésillusion !!! La France rêvée, idéalisée, existe seulement dans lesfeuilletons télévisés… Rien de tel en réalité ! Notre travail consisteaussi à vous ouvrir les yeux sur la réalité de la société française.

Je pense à vous car vous êtes toujours nombreuses à demander unhébergement… et vous êtes souvent “ sans papiers “. Les démarchesse compliquent, elles sont lourdes pour tous, et les espoirs serestreignent. La plupart des C.H.R.S. refusent déjà de vousaccueillir : trop compliqué, trop cher, et pour quels projets ?

Que LA CATEH nous permette pour des années encore de nous ren-contrer, de nous découvrir, d’échanger nos richesses respectives…c’est un de mes souhaits les plus profonds. Je ne me lasserai jamais de cette aventure !

Etre éducatrice Nelly Arrivet

Etre éducatrice, c’est une profession,

c’est un métier mais n’est-ce pas d’abord

une place à inventer ? (...)

Mais n’est-ce pas encore plus une place

qui se prend et une place qui est reconnue

et donnée par les personnes hébergées dans

le centre d’accueil ? (...)

Etre éducatrice à LA CATEH, c’est d’abord pour moi

un travail de présence. Le role n’est pas défini, ficelé.

Il est à construire, inventer,

créer avec les personnes hébergées. (...)

A propos de formation controle, analyse des pratiques :Les équipes éducatives (chefs de service et directeur inclus) travaillent mensuellement avec des intervenants extérieursdepuis plus de dix ans : réflexion sur l’accompagnement où ils’agit de mesurer, au fil du temps l’implication de chacun, autantdes éducateurs, que des accueillis, et de produire une directionpour que se repose la question de l’insertion, dans une dynamiqueévolutive efficace. Pour faire ce travail, nous élaborons le conceptde “ transfert ” en pratiques sociales, selon les outils conceptuelsde la psychanalyse freudienne et lacanienne. (…)

J.L., psychanalyste, membre de l’ANPASE, du GRAPE,

de l’Ethique Freudienne Et Pratiques Sociales…

“ L’accueil, pour moi, fut le moyen de prendre un recul

physique nécessaire, de vivre pleinement mes entraves

et mon manque d’autonomie, de parler, surtout, de mettre

des noms sur les peurs qui me baillonnaient.

C’est dur de grandir... “C. B., 1984

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Page 8: 25 ans de LA CATEH - journal d'anniversaire

C’est aussi jeter un regard sur des centaines de visages, celui de toutes ces personnes, ces femmes, ces hommes,ces enfants, qui ont passées là quelques semaines, le plus souventquelques mois ou plusieurs années, avec qui, singulièrement, dulien s’est tissé, avec qui, éloignés de la toute puissance et dans leslimites du réel, nous avons envisagé des lendemains meilleurs…Souvent, ensemble, nous y sommes parvenus… d’autres fois, mal-heureusement, non…

Lieu d’accueil et d’accompagnement personnaliséAssociation régie selon la loi 1901

en ville :12, rue Ambroise Thomas · 92400 Courbevoietél 01 47 88 84 65 · fax 01 43 33 96 [email protected]

en milieu rural :Les Maisons Neuves · 89120 Chêne-Arnoulttél 03 86 91 83 81 · fax 03 86 91 87 [email protected]

directeur de la publication : Jean Cadourcy

crédits photos :Albums LA CATEH

comité de rédaction : coordination des articles Philippe Simond-Côte

conception graphique:design les graphistes rübimann http://design.lgr.free.fr

impression:imprimerie Faré · 45220 Châteaurenard

imprimé en octobre 2004 sur Cyclus offset 130g/m2

papier 100% recyclé

En très bref LA CATEH, en 2004, c’est une association selon la loi 1901, développant deux structures institutionnelles.

L’une à Courbevoie en région parisienne :· Agréée comme C.H.R.S (Centre d’Hébergement et de RéinsertionSociale) par la DDASS 92 (arrêté du CROSS en 01/03 : 40 places).

· Accueillant par ailleurs, avec des conventions nominatives, desmères avec enfants en bas âge, adressées par les conseils géné-raux de région parisienne.

· Agréée comme Chantier d’Insertion par la DDTEFP 92 et conven-tionnée par le conseil général 92.

· Agréée pour recevoir des personnes avec des peines alternativesà l’incarcération T.I.G. (Travail d’Intérêt Général).

· Agréée par M. le préfet des Hauts-de-Seine en vue de contribuerau logement des personnes défavorisées.

L’autre en milieu rural sur le canton de Charny dans l’Yonne :· Reconnue comme antenne du CHRS de Courbevoie.· Accueillant par ailleurs avec des conventions nominatives,des mères avec enfants en bas âge, adressées par lesConseils Généraux alentours et de région parisienne.

· Habilitée pour des postes de travail d’intérêt général par leT.G.I. (Tribunal de Grande Instance) de Sens.

· Conventionnée en tant que placement extérieur par leS.P.I.P. (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) del’Yonne.

C’est au total, plus d’une soixantaine de personnes accueillies(40 à Courbevoie, 20 à Charny) soit une trentaine de personnes seulesou familles avec enfants (environ 18 à Courbevoie, 13 à Charny).C’est 28 salariés permanents (23 ETP) et 10 salariés en insertion (5 ETP).C’est 32 logements utilisés pour l’hébergement des personnes etfamilles accueillies (18 à Courbevoie, 14 à Chêne-Arnoult).C’est un budget de 1600 KEuros pour l’année, dont 73 % de fondspublics (dotations, prix de journées, subventions).

Notre métier :

l’accueil, l’hébergement,

l’accompagnement personnalisé

“Quand tu es dans l’angoisse, dans les problèmes, tout le monde te fuit, tu te retrouves toute seule, alorsDieu merci, j’ai rencontré l’assistante sociale qui a faitles démarches, je ne savais meme pas où aller, où faire,quoi faire, j’étais perdue. Un beau jour, elle m’a dit,vous allez rencontrer quelqu’un, vous aurez un entretien, alors c’était Monsieur le directeur de LA CATEH, alors tout ce que je peux dire de LA CATEH c’est que j’ai retrouvé ma familleperdue. “

J. M. “ LA CATEH, des chemins vers l’insertion ”,2001 - 2002

“ Travaillant régulièrement depuis 18 ans en lien avec

votre structure associative pour certains patients

et particulièrement l’un d’entre eux, je tiens à vous

faire part de mon estime pour vos qualités profes-

sionnelles.

L’hétérogénéité des personnes accueillies, la souplesse

de votre fonctionnement et l’attention que vous

manifestez font de LA CATEH un lieu extremement

précieux. Ce sont d’ailleurs de tels lieux qui manquent

actuellement dans notre paysage institutionnel,

conservant une dynamique qui permet d’échapper

à la pente de la chronicisation psychologique ou

sociale.

J’avais d’ailleurs eu l’occasion en vous rendant visite

à plusieurs reprises de constater la variété des

actions et la collaboration que nous avons pu

mener, le secteur de psychiatrie de Corbeil-Essonnes

et LA CATEH, me paraissent un exemple réussi

de ce travail en réseau dont le ministère de la Santé

se veut aujourd’hui le promoteur. ”Dr J. P. B.

Psychiatre Praticien Hospitalier, SP91G12

Expérience...Après quatre années de travail à LA CATEH, je relève trois spécificités au sein de cette structure.

En premier la manière de travailler en équipe, puis la qualité relationnelle qui règne

et enfin la possibilité de promotion sociale et professionnelle. Claire Bonneau

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c25 ans d’accueil...

... des centaines de visages

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