28 Tonus Et Environs

7/25/2019 28 Tonus Et Environs

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Tonus et environs

Gerda ALEXANDER parlait-elle de sensible ?Rponse : oui..dharmonie ? oui..de tonus ? oui

G.A. avait-elle labor sa mthode partir des mesures du tonus musculaire effectues par lesphysiologistes ?........................................................................nonG.A. parlait-elle de caractristiques particulires du tonus (lourd, lger)? :oui.. dintention de mouvement ? :non. Puistardivementoui.. de micromouvement ? : oui.. danatomie, de physiologie, de psychologie, de psychanalyse,

de neuro-sciences ? : oui.. de musique, de danse ? : oui

Jarrte l ce questionnement dsordonn. Vous pourrez le complter loisir soit partir de lamme sourceG.A.soit en vous faisant lcho de ce qui se dit actuellement au royaumedEutonie.Vous voyez bien quil ny a pas dhomognit entre les objets de ces questions. Ils sont loindavoir les mmes origines oules mmes capacits oprationnelles.Il y a ceux provenant directement de lenseignement de G.A., dautres concernent laconnaissance de ltre humain, dautres encore parmi lesquels on puise pour justifier lEutonie,dautresEn les dveloppant tous, on pourrait rdiger un manuel deutonie!Je me contenterai ( ?!) aujourdhui de tourner dans la zone sensible, tonus, harmonie enessayant de laisser tonusle rle de personnage central.

Dj de quoi soccuper

Le terme eutonievient de, a t form partir de.. Nous lavons tous dit et crit tant de foisque, mme si a navait pas t vrai, a le serait devenu!Si tonus est consubstantiel eutonie , reste examiner son origine, son histoire, lessens quon lui accordait au milieu du 20 sicle et lusage quen faisait G.A..Cela pour satisfaire une certaine curiosit linguistique, mais surtout pour redonner ce termeune vigueur quelque peu mousse par la banalisation de son emploi comme par les sensparticuliers quon lui accorde habituellement en eutonie.

Je crois que cest en 1957 que ce que prsentait G.A. fut nomm Eutonie.

A lpoque, physiologistes et mdecins sintressaientparticulirement au tonus. Les rsultatsde leurs travaux taient publis dans des revues spcialises et diffuss plus largement, parfoisavec des approximations fcheuses ou des gnralisations intempestives. Tout cela entrait, defaon plus ou moins judicieuse, dans des programmes de formation et se retrouvait dans descopies dexamens ou de concours. Certaines dentre elles qui ne figuraient pas parmi lesmeilleures entraient en scientisme , selon lexpression dun collgue: daprs leursauteurs, le tonus existait depuis quon savait le mesurer, cette possibilit de quantificationquivalant un acte de naissance et une certification didentit.Lobjectif de ce que je viens dcrire est de montrer, partirde faits rels, que, selon les faonsde laborder comme par les interprtations quon peut en faire, cette notion de tonus nestpas aussi simple quon pourrait le penser..

Le titre Eutonie a t propos par un mdecin, ce qui ne pouvait que faciliter son adoptionpar G.A., soucieuse de donner une base scientifique (comme on disait lpoque) samthode et des arguments pour pntrer le milieu mdical.


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Dun point de vue physiologique, le tonus est couramment dfini comme la tension laquelle setrouvent soumis en permanence les muscles squelettiques ltat dereposgrosso modolesmuscles assurant le soutien et le mouvement -. Dautres dfinitions lient cette situation la luttecontre la pesanteur, lquilibre, etc.Cest un tat variable, apprciable et mme mesurable sous certaines conditions.

Il nest pas spcifique ltre humain, concernant tout le genre animal et bien au- del.La diffrence dtat tonique entre une vache couche, en train de ruminer, et un chevreuilprt bondir relve de lvidence. Peintres et sculpteurs ont exprim toutes les nuances de cettat. On dit dun joueur provoquant ou encaissant bien les chocset faisant preuve dune grandenergie quil est tonique . Le bazar !

Arriv ce point, je voudrais entreprendre une rflexion sur ce fameux tat tonique. Est- ilindissociablement li lEutonie en dehors de lappellation de celle- ci et rciproquement ?Quel sens lui accordons- nous ? Est- ce quil sagit dun concept oprationnel ou dun facteur desclrose ? Est- ce que, si on le considre uniquement dun point de vue physiologique, il nousrend encore service ?

Car, tout de mme, si G.A. en parlait souvent mais dans quel sens ?-, son enseignement ledbordait de toute part..

Changeons de registre, de lieu et dpoque:De Pythagore, nous avons lidedune sorte de matheux capable denquiquiner les gnrationssuccessives de potaches avec son fameux thorme. Par contre les btisseurs ont t biencontents de pouvoir en tirer le principe de la corde treize nuds, si commode pour tracerles angles droits.Et nous ? VoyonsPythagore est n en Grce mais passe la seconde moiti de sa vie dans lItalie du Sud. Cestun mditerranen ; ce nest pas un solitaire: on parle le plus souvent des pythagoriciens .

Nous sommes au 6 sicle av. J.C. La philosophie et la mathmatique prennent forme, lamusique est bien l et Zeus a quelque peine faire coexister de faon peu prs pacifique unensemble de dieux aux fortes personnalits, qui nhsitent pas se mler directement desaffaires des hommes. Rien dtonnant ce que le principal souci pour Pythagore soit le divin,dans lequel il baigne..Dans cet ensemble encore peu diffrenci, o les cloisonnements ntaient ni aussi nombreuxni aussi marqus qu notre poque, baignait, lui aussi, lanctre de tonus .Pour mieux comprendre, il suffit de remonter un peu en arrire. Seulement jusqu lorigine dumonde. Puis de suivre son volution, comme les Grecs se la reprsentaient lpoque dePythagore.Au dpart, ctait le chaos, la fois dsordonn et indiffrenci.Si je voulais mentraner pour les championnats du monde de raccourci approximatif, je diraisque vinrent ensuite la terre Gaaet le cielOuranos -. Ils ont mis longtemps se sparer.Pendant quils taient littralement colls lun lautre, ils fabriqurent une ribambelle degamins. Parmi eux, certains, comme les Titans, taient vraiment infrquentables. De plus, ilstaient immortels. Il fallut, aprs des combats gigantesques, les enfermer dans des cavernes,loin sous terre.Au fil des temps, Zeus finit par simposer et les dieux, aprs avoir reprsent les grandes forcesdu monde, shominisrent en prcisant leurs caractristiques individuelles.Encore fallait- il conserver lordre, lharmonie du cosmos..

Laissons un instant uvrer Zeus et revenons lEutonie: G.A. parlait dordre, dharmonie..Certains dentre nous supportaient mal cette ide dordre, imaginant sans doute devoir obir des injonctions impratives ou bien se reprsentant des ensembles dindividus pris dans lagomtrie dun dfil militaire.Chacun interprte comme il lentend.


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Je crois que nous serions proches des intentions de G.A. en revenant lordre harmonieux ducosmos. Harmonie dans lindividu, harmonie avec les autres, harmonie avec lenvironnement.Croyez- vous que cela soit tranger aux objectifs de lEutonie?Mais on ne peut pas parler dharmonie sans faire tat des forces qui sy opposent. Les Grecsles connaissaient bien et leur avaient donn un nom : lhybris.Ces forces avaient mme trassembles dans la personne de la desse Hybris, qui reprsentait la dmesure, lexcs, laprtention, etc. Toutes choses capables de bouleverser lordre cosmique, lharmonie du

monde..[On ma dit que cette f.. de m.. exerait encore de nos jours sa capacit de nuisance. Pourma part, je trouve plutt rassurante cette prennit dans les comportements. Et vous ? ]Encore une pense pour Zeus qui avait, dans ces circonstances, bien de la peine faire rgnerlharmonie dans lecosmoset dans son mnage -, alors que lui- mme, comme on dirait en serfrant une autre religion, ntait pas un saint.

PrcisionsCe qui prcde, avec les notions dordre, dharmonie, etc. ma paru ncessaire pour montrerque lEutonie trouverait place dans le contexte o tonos est apparu et que nous y sommesen accord avec lenseignement de G.A. A condition de nous placer dans un domaine qui nous

est familier, celui du sensible .Dans ce qui suit, notre intention nest pas de dvelopper tous les rapports possibles entre letonus et leutonie. Un tel projet relverait de la prtention, de la dmesure, en un mot delhybris.Il sagit dexaminer et de proposer quelques manires de voir votre rflexion. Si je dis je ,ce ne sera pas pour donner une plus forte caution personnelle lexcellence dune affirmationardemment dfendue mais pour en limiter la porte et la poser avec lespoir que dautresviendront la rejoindre.

Tonus

En grec, tonos. Passant en pays latin, il devint tonus. On peut donner une ide dessens quil avait alors et de ceux qui ont suivi.Ctait dabord la tension, en particulier celle dune corde dun instrument de musique, avec sesconsquences acoustiques et musicales. Tension en rapport avec celles des autres cordes, afindobtenir des accords harmonieux. La lyre dApollon en est un exemple clbre etlharmonie dessons une bonne mtaphore de lharmonie du cosmos.Vous voyez bien que le glissement vers lhumain est facile.De la descendance detonos, je citerai deux lignes :- Lune orientation plutt musicale avec ton, tonalit..- Lautre qui va de laction de tendre tension, tirement tenir, maintenir..

Tonus, quand tu nous tiens !

Une fuse temporelle nous ayant ramen au quotidien, je voudrais massurer que quelquehybrisne risque pas de troubler propos de tonus - lharmonie eutonistique.Cette Eutonie nest pas l, pose comme un objet. Cest une structure souple, aux picesinterdpendantes, capable de se rorganiser en fonction des problmes qui lui sont poss, parla souplesse dadaptationdes porteurs deutonie. Sauf si des parties endurcies, sclroses,gnent sa dmarche vivante.

Deux exemples, partir du fameuxtonus:


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Ltat toniqueJai parfois limpression, enentendant parler des eutonistes, quon devrait crire tattonique en un seul mot, tant les deux termes paraissent indissociables.Ce qui reviendrait dire que, dans notre apprciation de ltat dun individu, est primordial etcompte seul le fait quil parat plus ou moins tonique .Ce nest pas parce que lEutonie fait partie de notre outillage que ltat dune personne serduit ce sur quoi nous nous pensons tre capables dintervenir.

Ce nest pas parce que quelquun se trouve devant un cardio logue ou un coiffeur que son tat se rsume celui de son cur ou de sa chevelure.A une poque, jusais et jabusais de cet tattonique dont je viens de parler. Un brin delucidit ma fait prendre conscience que ctait devenu une sorte de tic, de cheville verbaleayant lavantage de flatterma paresse en mvitant leffort dune analyse plus approfondie.Vexant Cest pourquoi je prfre procder autrement, pour des raisons pratiques. Dans un premiertemps, je laisse tonique de ct. En attente. De faon ce que je reste disponible pour lerecueil dindices de tous ordres inclus dans lattitude, les intentions apparentes, lesdclarations.Rien que de trs ordinaire. Tonique, jusqualors tenu lcart, peut alors apparatre. Seulement sil est utile, et sa

place. Il prend alors tout son sens, sans en occulter dautres.Exemple: Je regarde le dpart dune course de vitesse. Dans le petit espace, en arrire desblocs de dpart, chacun se prpare sa faon. Lun est calme et immob ile, lautre ne tient pasen place. Il y a ceux qui paraissent isols du monde, concentrs sur eux- mmes. Dautresjettent sur leurs voisins des regards terribles, comme sils voulaient les boulotter tout crus. Etc.Je ne suis pas sr qu ce moment, la dterminationen admettant que ce soit possible - deleur tat tonique nous donne les indications les plus pertinentes. Ils entrent dans ce quecertains en danse par exemple appellent le prmouvement , sans le rduire un seulparamtre, puisquil englobe tout ce qui se passe dans un individu entrant dans un projet demouvement.La suite, cest la situation de dpart o sordonne la mise en forme tonique prparant

directement laction. Les indices alors recueillis sur ltat tonique de lindividu deviennentintressants. Aprs le dpart et pendant toute la course, nous avons pour chacun une gographie tonique la fois caractristique et fluctuante, riche en renseignements.

Cette faon de procder me parat lusage prsenter lavantage de laisser tat sacomplexit et sa richesse multifactorielle tout en accordant ton ique tout son sens et saspcificit.

Tonus lourdTonus lgerUn vrai questionnement. Que je vous raconte

Au dbut de mes rencontres avec G.A., pris par la nouveaut de ce que je ressentais et lesmninges moulinant toute vitesseprincipalement videje navais pas prt attention auxqualificatifslourdou lgerattribus au tonus.Le temps de reprendre la distance ncessaire la rflexion tant venu, cela ma paru bizarre.Dun ct, il y avait lacertitudede lprouv: dans certaines situations, je me sentais lourd,dans dautres lger. Un membre me paraissait lourd quand jessayais progressivement de ledcoller du sol, lger au point dtre absent du point de vue de sa prsence consciente lorsque, par exemple, il tait engag dans un processus de dessin .A ces perceptions correspondaient des tats diffrents de mon corps, particulirementreprables au moment dune entre en mouvement.Ctait perceptible, descriptible, en partie reproductible. Dont acte.

Des situations ou des groupes de situations - taient rputes propres produire du lourd , dautres du lger . A leur examen, desincertitudesapparaissaient. Il arrivait quechez certains individus, dans certaines circonstances, ces effets ne soient pas prouvs, ou


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mme soient inverss. Reste quon se sentait lourd ou quon se sentait lger, que certainessituations favorisaient la survenue dun tat plutt que dun autre, avec des variationsindividuelles rassurantes, montrant que lEutonie ntait pas encore entre dans lreindustrielle de la standardisation. Hosanna !

Il sagit maintenant dautre chose.Lide, cest quil est inappropri de qualifier un tonus de lourd ou de lger.Dabord, un constat: que je monte sur une balance en tonus lourd (pour reprendrelexpression) ou en tonus lger , la balance indique le mme poids. Il serait tonnant quil ensoit autrement, sans quoi nous verrions passer dans les airs des bandes deutonistes ayant unpeu forc sur le lger .Les effets de lattraction terrestre sur un individu, quil se sente lourdou lgertant les mmes,nous pouvons en dduire quil sagit dun tat , que nous pouvons ressentir et constater.Mais strictement attach notre personne.Dautre part, le terme de tonus est li au degr de tension musculaire, phnomne la foispermanent et variable, le plus souvent inconscient, parfois conscient . Il se peut qu un

moment donn, un certain degr de tension corresponde une perception de lourd ou delger. Il y a des concidences, des accords, mais on ne saurait parler de constance dans larelation entre ces notions dordre diffrent.Nous sommes, un moment, dans un certain tat. Admettons quune forme particuliredattention notre corps fasse que nous le sentions lourd ou lger. Ce sont deux indicesparticuliers, en rapport avec la pesanteur. Que vient faire tonus dans cette affaire ?Imaginons que nous percevions notre corps comme froid ou chaud. Est- ce que nousparlerions de tonus froid ou de tonus chaud ? Dans le premier cas comme le second, tonus perd son sens spcifique pour entrer dans lexpression dun tat o son rle, devenuvague, ne saurait, dans le meilleur des cas, qutre inutile et, plus probablement, source deconfusion.

Intermde: ce moment, la salle, jusque- l paisiblement assoupie, sagite. Quelquun selveet scrie dune voix indigne : Vous devriez avoir honte ! Vous dmolissez lEutonie ! SiGerda ALEXANDER a dit que le tonus pouvait tre lourd ou lger, cest que cest vrai! Il sortavec un grand air de dignit offense, suivi dune partie du public

Pour ceux qui restent, je continue :A lpoque, le vocabulaire franais de G.A. tait rduit. Jtais trs tonn quelle fasse passertant de choses avec si peu de mots. Ou plutt quelle nous donne des moyens pour les trouvernous- mmes Ce qui, au passage, nous mne rflchir sur les rapports de lEutonie et dela parole ( Michelle lvoquait dernirement ) et, dautre part que certaines des expressions deGA, sorties du contexte du moment, ne sauraient tre juges immuables, sauf si noussouhaitons constituer un langage sotrique, utilisable entre les seuls eutonistes.Dautre part, le terme tonus tait, lpoque, fort la mode et, dans certains milieux, on leplaait un peu partout, tout proposet hors de propos. Il en allait de mme de vcu , qui,lui aussi, tait en pleine gloire. Des expressions comme : Le tonus au niveau du vcu , merjouissaient fort. Excusez mon impertinence

Il y a longtemps que tonus lourd et tonus lger ne font plus partie des expressions quejemploie pour transmettre lEutonie.Dautre part, vitant de suggrer, je prononce rarement lourd ou lger . Je les entends

souvent lorsque des participants expriment ce quils ont ressenti. En fait, cela ne provient pas,en ce qui me concerne, dune intention dlibre. Cela sest fait. Cela est advenu.


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Au dbut, je disais mon intention de tourner dans la zone sensible, tonus, harmonieuxenessayant de laisser tonusle rle de personnage central.

Tonus a t effectivement le personnage central, son sens et sa place examins et prciss.

Sensiblea t peu voqu. Sans doute parce quil est toujours prsent. Avec lEutonie, nousallons sa dcouverte et cest par lui, avec lui que nous agissons. Cela demanderait de plus

longs dveloppements.Harmonieest revenue rgulirement. Elle englobe les objectifs de nos actions et pourrait treconsidre comme la finalit de lEutonie. Cela aussi demanderait une plus longue attention..

Arriv ce point, il me semble quil y a une seule alternative, avec ses deux branches:- Prendre en compte ce qui prcde et nous faire part de vos ractions- Me faire monter au bcher, comme hrtique. Vous comprendrez aisment que je nesoutienne pas cette solution avec beaucoup de vigueur. Cependant lhonntet moblige direqueet de loince serait la plus simple et la plus conomique.

Ren Bertrand18 Avril 2010

Ren Bertrand : e-mail:[email protected]

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