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n2- 3 Printemps - été 2007 - numéro 2-3 des médias LA REVUE EUROPÉENNE ° IRebs Institut de Recherche de l’European Business School IREC UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS PARIS 2

2n2- °VUE EUROPÉENNE 3 · p s-é t é 2 0 0 7-n u m ... PVR (Enregistreur avec disque dur) Vient de paraître p.46 Rapport annuel i2010, Commission européenne, mars 2007 La vidéo

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sommaireLES RUBRIQUES Faits d’actualité p.3� Droit

Allemagne : la liberté de la presse mieux protégée

La publicité des aliments plus contrôlée en France eten Grande-Bretagne

Nouvelle loi suisse sur la radio et la télévision

La télévision publique flamande VTR rend la justice

Droit d’auteur : la presse belge francophone gagne en-core face à Google.

Google Video et YouTube également menacés de procès en série

YouTube fermé en Turquie pour atteinte à l’image du pays

La Commission européenne suspend l’examen ap-profondi de la fusion Sony-BMG alors qu’Impala, l’as-sociation regroupant les producteurs européensindépendants, surveille de près les projets de fusionentre majors du disque.

Jeux vidéo violents : vers des règles européennescommunes ?

La Commission européenne souhaite une autorité eu-ropéenne de régulation des télécommunications

France : atténuation de la répression du télécharge-ment P2P

Durée de protection du droit patrimonial d’auteur

Renforcement de la répression d’infractions commisespar la voie de moyens de communication

� Techniques

Télévision mobile personnelle : la Commission euro-péenne favorable à une norme ouverte, le DVB-H

France : le très haut débit passe par la fibre optique

DVD haute définition : Warner lance un DVD mixtealors que Sony progresse aux Etats-Unis

Avec l’iPhone, Apple compte réinventer la téléphoniemobile

Après le téléphone IP, la télévision P2P version Skype

Le français Medialive invente un autre procédé de pro-tection des données numériques

� Economie

Le câble numérique se développe en Europe

Les câblo-opérateurs allemands misent sur le tripleplay

La chaîne Premiere se positionne sur le football bri-tannique et s’allie avec Arena en Allemagne

Grande-Bretagne : la première chaîne commerciale ITVfragilisée

Rebaptisé Nielsen, VNU vend son pôle de presse pro-fessionnel

Après l’Italie et la Grande-Bretagne, Vanity Fairs’adapte au marché allemand

Sauvé par un homme de presse italien, le quotidienfrançais Libération change de statut

France : au nom du droit de la concurrence, le Conseild’Etat annule l’autorisation de rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse par le Crédit Mutuel et le groupeL’Est Républicain

Dimension nationale pour le réseau de gratuits VillePlus avec le lancement de Matin Plus à Paris

Les Echos, un groupe de presse français en bonnesanté qui mise sur la convergence

Le groupe de presse italien Rizzoli rachète l’espagnolRecoletos

Record de diffusion pour les quotidiens espagnols

En bonne santé, le groupe plurimédia Prisa estconfronté au boycott de la droite espagnole après lespropos critiques de son président

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sommaireEn Espagne, le financement du cinéma par leschaînes de télévision privées fait débat

Le programme MEDIA 2007 est crédité de 755 mil-lions d’euros

Lancement, en Europe, de la PlayStation 3 de Sony

Le moteur de recherche français Exalead perd du ter-rain face à Google

Google Book multiplie les accords avec les biblio-thèques européennes

Finalement, Alice offre Canal+ Le Bouquet

� Usages

Augmentation de la fréquentation des salles de cinémaen Europe

Record mondial : 97,2 % des Français lisent aumoins un magazine par mois

Les Français, champions du blog et de la prescriptionen ligne

Férus de peer to peer, les Français devancent Anglaiset Américains

Les nouveaux supports numériques au service del’éducation

Des Européens très virtuels

Ailleurs p.33Le groupe de presse américain Tribune change de pro-priétaire

Aux Etats-Unis, Clear Channel se restructure et vendses chaînes de télévision et ses radios les moins stra-tégiques

Fusion annoncée des deux bouquets américains deradio par satellite

Lancement d’un récepteur radio avec disque dur inté-gré au Japon

L’opérateur japonais Softbank Mobile lance Yahoo!Kids, un portail mobile destiné aux enfants

Sony invente la télévision de poche mobile pour la TNT

Téléphonie mobile au Japon : trois heures par jouravec son keitai

Le groupe britannique EMI conquiert la Chine en mu-sique avec baidu.com

Murdoch poursuit sa conquête du marché chinoisavec MySpace

Les acteurs globaux p.37Confrontées à la crise du marché du disque, les ma-jors comptent sur le numérique

Apple, le n° 1 de la musique en ligne, incite les ma-jors à débattre du bon usage des DRM pour sauver lemodèle économique qui a fait le succès de l’iPod.

Les sites communautaires multiplient les accords defourniture légale de contenus

A retenir p.44IPTV (Télévision sur protocole Internet)

VOD (Vidéo à la demande)

DTO (Download to Own)

DTB (Dowload to Burn)

Catch-up TV

SVOD (Subscription VOD)

TVOD (Télévision à la demande)

PVR (Enregistreur avec disque dur)

Vient de paraître p.46� Rapport annuel i2010, Commission européenne,mars 2007

� La vidéo à la demande en Europe, étude réaliséepar NPA Conseil pour la Direction du développementdes médias (DDM-France) et l’Observatoire européende l’audiovisuel (OEA), mai 2007, 370 pages

LES ARTICLES p.49� Le journaliste politique peut-il être impartial ?, Francis Balle

� La loi du 5 mars 2007 relative à la modernisationde la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur,Emmanuel Derieux

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Faits d’actualité�DroitAllemagne : la liberté de la presse mieuxprotégée

Le 27 février 2007, la Cour constitutionnelle de Karls-ruhe a considéré, suite à la plainte déposée par Wol-fram Weimer, rédacteur en chef du magazine Cicero,dont les locaux avaient été perquisitionnés en sep-tembre 2005, que la simple publication d’informa-tions confidentielles ne pouvait pas justifier uneperquisition de bureaux ou d’appartements et la sai-sie de dossiers. Autorisée par Otto Schilly, le ministrede l’intérieur du précédent gouvernement, cette per-quisition devait permettre de retrouver l’informateur dujournaliste de Cicero qui avait cité, dans un articled’avril 2005, un dossier classé secret concernant leterroriste Abou Moussab Al-Zarkaoui. Elle a été jugéeillégale à défaut de « véritables indices » montrantqu’un fonctionnaire tenu par le secret avait divulguédes dossiers confidentiels, la source de Cicero étantun journal suisse qui a fait office d’intermédiaire avecl’informateur. Les journalistes allemands restent tou-tefois passibles de poursuite en cas de complicitédans la divulgation de secrets d’Etat. AJ

Source :- « La Cour constitutionnelle allemande renforce les droitsdes journalistes d’investigation », Cécile Calla, Le Monde,21 mars 2007.

La publicité des aliments plus contrôlée enFrance et en Grande-Bretagne

Depuis le 1er mars 2007, en France, l’ensemble desaffiches ou spots publicitaires, que ce soit à la radioou à la télévision, relatifs à des produits alimentairesmanufacturés ou à des boissons sucrées, doiventfaire mention d’un message sanitaire afin de luttercontre l’obésité. Quatre slogans ont été retenus :

« Evitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » ;« Pratiquez une activité physique régulière » ; « Mangerau moins cinq fruits et légumes par jour ». Enfin, cesspots doivent également mentionner le site Internetwww.mangerbouger.fr, qui détaille les bonnes pra-tiques à adopter afin de lutter contre l’obésité.

En effet, la France compte 12,4 % d’adultes en sur-poids contre 8 % en 1997, alors que 10 % des 5 –12 ans sont déjà obèses. Autant de raisons qui ontpoussé les pouvoirs publics à réagir. Dès 2000, l’In-serm s’inquiétait de la progression de l’obésité dansla société française. En août 2004, la loi de santé pu-blique prévoyait l’insertion de messages sanitairesdans les publicités alimentaires. La réticence des in-dustriels de l’agroalimentaire, réunis dans l’Associa-tion nationale des industries alimentaires (Ania), ainsique des publicitaires, réunis dans l’Association desagences conseils en communication (AACC) et le Bu-reau de vérification de la publicité (BVP), ont toutefoisretardé l’adoption du décret pour la mise en œuvre decette mesure. Validé par le Conseil d’Etat le 15 dé-cembre 2006 et signé par Xavier Bertrand, le minis-tre de la santé, le 24 janvier 2007, ce décret prévoitl’insertion des messages sanitaires dans les publici-tés alimentaires ou, le cas échéant, le paiement d’unetaxe à l’Inpes (Institut national de prévention et d’édu-cation pour la santé) équivalant à 1,5 % du budgetde la campagne publicitaire, sachant que cette taxeétait au départ prévue à 5 %.

Depuis l’entrée en application de ces nouvelles me-sures le 1er mars 2007, et suivant en cela les recom-mandations de l’Ania, les industries agroalimentairesfavorisent l’insertion des messages sanitaires plutôtque le paiement de la taxe, qui avait été chiffré àquelque 20 millions d’euros par an, ce qui corres-pond à un investissement publicitaire des industriesagroalimentaires de 1,3 milliard d’euros sur l’année.De manière générale, le nouveau dispositif français,même s’il est contraignant, satisfait publicitaires et in-dustriels qui ont obtenu que la publicité pour les aliments dans les programmes

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Faits d’actualitépour enfants ne soit pas interdite. Ce n’est pas le casau Royaume-Uni qui vient de prendre des mesuresdraconiennes pour lutter contre l’obésité et rejointainsi la Suède parmi les pays d’Europe les plus strictsen matière de publicité alimentaire.

Les Britanniques sont le peuple d’Europe qui comptele plus d’obèses, 23 % de la population, une situa-tion qui a conduit l’Ofcom, l’autorité de régulation desmédias, à prendre une série de mesures supplémen-taires afin de réduire l’impact de la publicité alimen-taire sur les enfants. Depuis le 1er avril 2007, en effet,la publicité pour les sucreries et les sodas est interditedans les émissions pour enfants de 4 à 9 ans. Cetteinterdiction a en outre vocation à être étendue parétapes : au 1er janvier 2008, elle concernera les émis-sions pour les 4 – 15 ans, enfin les chaînes jeunessedevront s’adapter totalement à ces nouvelles restric-tions au 1er janvier 2009. AJ

Sources :- « La publicité à l’heure de la lutte anti-obésité », CapucineCousin et Véronique Richebois, Les Echos, 29 janvier2007.- « La publicité des aliments sous surveillance », Anne-Laure Robert, La Tribune, 23 février 2007.- « Le difficile encadrement de la publicité alimentaire à latélé », Laurence Girard, Le Monde, 14 mars 2007.

Nouvelle loi suisse sur la radio et la télévision

Après que le Conseil fédéral eut élaboré la nouvelleOrdonnance sur la radio et la télévision (ORTV), miseen consultation depuis la fin de l’été 2006, laquelledécrit les dispositions d’exécution de la loi fédéralesur la radio et la télévision (LRTV), le Parlementsuisse a approuvé, le 24 mars 2007, la nouvelleLRTV. Celle-ci est entrée en application le 1er avril2007. Elle a pour principaux objectifs le maintiend’une offre suisse indépendante face aux pro-grammes diffusés par les pays voisins, ainsi que ladéfinition des statuts de la SSR, le service public au-diovisuel suisse, et la réglementation applicable auxtélévisions et aux radios privées en Suisse.

Enfin, la LRTV inclut désormais dans son périmètreles programmes diffusés sur Internet, à l’exception desservices de faible portée journalistique. De manièregénérale, la LRTV révisée renforce la concurrencedans le paysage audiovisuel suisse.

La SSR conserve un rôle central. La LRTV confirme sesmissions et lui en octroie de nouvelles, notammentl’obligation de diffuser régulièrement des émissionséducatives. La SSR devra également annoncer ses ac-tivités hors programmes, en particulier sur Internet,quand elles risquent de porter atteinte à la position ouà la mission d’autres entreprises de médias. Enfin, laconcession dont dispose la SSR sera révoquée fin2007 et remplacée, début 2008, par une nouvelleconcession tenant compte des modifications appor-tées aux missions de la SSR par la nouvelle LRTV du1er avril 2007.

En ce qui concerne les diffuseurs privés, leur positiona été renforcée. Quand ils sont concessionnés et dis-posent d’un droit à la redevance, ils bénéficient d’unequote-part de la redevance plus élevée. Toutefois, laredevance, dont le montant total s’élève en Suisse àquelque 1,1 milliard de francs suisses, continue derevenir en grande partie à la SSR. Mais l’augmentationde la quote-part allouée par la nouvelle loi aux radioset télévisions privées est significative et s’accompagned’une augmentation générale du montant de la rede-vance pour les particuliers. Ainsi, avec 4 % du totalde la redevance de réception radio, le montant perçupar les radios privées passera à 16 millions de francssuisses, contre 7 millions aujourd’hui. La quote-partde la redevance allouée à la télévision, également 4% du total, comptera pour 28 millions de francssuisses, contre 6 millions aujourd’hui.

En revanche, le soutien ainsi apporté aux diffuseursprivés, afin d’être optimisé, a conduit le Conseil fédé-ral à concentrer l’aide sur un nombre limité de diffu-seurs. Pour la télévision, le nombre de diffuseursbénéficiant d’une quote-part de la redevance sera li-mité à 10 ou 12 diffuseurs maximum. La quote-partversée ne sera plus déterminée annuellement. Ellecorrespond désormais à un forfait, fixé pour

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plusieurs années, principalement en fonction de lataille et du potentiel économique de la zone de diffu-sion concernée.

Afin de tenir compte de l’évolution des coûts de diffu-sion de l’audiovisuel, et suite à la décision prélimi-naire du Conseil fédéral, qui avait instauré, le 8 décembre 2006, une première augmentation de laredevance de 2,5 %, la LRTV révisée entérine l’aug-mentation des redevances de réception, de 2,5 %pour la radio (13,75 francs suisses par mois) et de4,1 % pour la télévision (23,84 francs suisses parmois). Le Conseil fédéral devra quant à lui déciderdans quelles conditions les appareils multifonction-nels comme les ordinateurs peuvent entraîner uneobligation de payer la redevance. Les diffuseursconcessionnés bénéficiant d’une quote-part de la re-devance, comme les autres diffuseurs titulaires d’uneconcession, s’engagent à remplir un mandat de pres-tation. Ils doivent notamment soutenir les filmssuisses et rendre accessible aux malentendants etaux malvoyants une part appropriée de leurs émis-sions.

Les diffuseurs non concessionnés, c’est-à-dire es-sentiellement les programmes transmis par câble ousur l’ADSL, n’ont pas d’obligation de prestation du faitque leur accès à la voie hertzienne n’est pas garanti.Ils échappent ainsi aux contraintes publicitaires im-posées aux diffuseurs concessionnés et doivent seu-lement informer préalablement l’OFCOM, l’autoritésuisse de régulation, au lancement de leurs pro-grammes. La LRTV prévoit toutefois d’obliger les ex-ploitants de réseaux câblés à diffuser certainsprogrammes étrangers en plus des programmessuisses, quand ceux-ci contribuent à la formation, audéveloppement de la culture et à la libre formation del’opinion. Sont concernées huit chaînes de télévisionétrangères, Arte, 3sat, Euronews, TV5, ARD, ORF 1,France 2 et Raï Uno.

En matière de publicité, la LRTV du 1er avril 2007 as-souplit les conditions générales appliquées aux diffu-seurs privés, notamment quant à l’interruption desprogrammes. Les programmes de radio et de télévi-sion locaux et régionaux ont désormais la possibilitéde diffuser de la publicité pour les alcools légers, prin-cipalement le vin et la bière. Enfin, la publicité surécran partagé (split screen), la publicité virtuelle et lapublicité interactive sont autorisées.

Le recours à la publicité est plus encadré pour la SSR.L’interdiction de faire de la publicité dans ses pro-grammes de radio est reconduite, comme l’interdic-tion de la publicité pour les boissons alcoolisées à latélévision. En outre, la SSR n’a le droit qu’à une

interruption publicitaire de ses programmes téléviséspour les émissions de plus de 90 minutes et la duréede publicité ne peut excéder 8 % du temps d’émis-sion quotidien. Enfin, la SSR n’est plus autorisée àdiffuser des émissions de téléachat.

La LRTV révisée inclut également un dispositif anti-concentration en limitant le nombre de concessionspar entreprise de médias à deux pour la télévision età deux pour la radio. Enfin, la LRTV révisée définitplus précisément les responsabilités de l’OFCOM, l’Of-fice fédéral de la communication, et celles de l’AIEP,l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en ma-tière de radio-télévision. Cette dernière est compétentepour traiter les plaintes concernant la partie rédac-tionnelle d’un programme, mais ne traitera plus lesplaintes relatives à la publicité, notamment la publi-cité politique, cette mission revenant à l’OFCOM.

AJ

Sources :- « LRTV révisée – Points principaux et nouveautés », Com-muniqué de presse, OFCOM, 18 juillet 2006.- « La nouvelle loi sur la radio et la télévision », Pressesuisse, Association de presse suisse romande, décembre2006.- « ORTV révisée : principales nouveautés », Communiquéde presse, Département fédéral de l’environnement, destransports, de l’énergie et de la communication (DETEC),9 mars 2007.

La télévision publique flamande VTR rendla justice

Après une enquête sur les pédophiles, qui a conduitles journalistes d’une émission de la télévision pu-blique flamande VTR à filmer la rencontre entre uneactrice adulte se faisant passer pour mineure et desindividus qui lui avaient donné rendez-vous aprèsune discussion sur Internet, la justice belge a de-mandé les images non floutées des scènes de ren-contre suite à la diffusion du documentaire. Lesimages, qui avaient été prises en caméra cachée etfloutées pour masquer le visage des personnes lorsde la diffusion, pourront être utilisées par la justicecomme des preuves, dont le statut reste certes à pré-ciser. En effet, une décision de la Cour européennedes droits de l’homme a, en 2005, considéré que lespersonnes filmées à leur insu ne pouvaient se préva-loir de la violation du secret des sources. De même,la Cour européenne des droits de l’homme a égale-ment considéré que les images de délits pouvaientêtre exigées par la justice. Dans un pays traumatisépar l’affaire Dutroux, les preuves ainsi fournies par laVTR seront assurément à l’origine d’une

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longue enquête, sans les médias cette fois-ci. AJ

Source :- « Chasse aux pédophiles sur la chaîne publique flamande »,Jean-Pierre Stroobants, Le Monde, 13 mars 2007.

Droit d’auteur : la presse belge franco-phone gagne encore face à Google.

Après une première condamnation le 5 septembre2006, Google avait demandé le réexamen de la dé-cision rendue par le tribunal de première instance deBruxelles qui le condamnait pour violation du droitd’auteur dans le cadre de la reprise, sur Google NewsBelgique, des titres des articles des journaux franco-phones belges ou de leur conservation en mémoirecache (voir Revue européenne des médias n°0 etn°1). Alors que l’entreprise californienne n’était pasprésente lors du premier examen de la plainte, elles’est rendue à l’audience du 24 novembre 2006 quidevait permettre aux juges de Bruxelles d’entendre lespoints de vue des plaignants, celui de Copiepresse, lasociété de gestion des droits d’auteurs représentantles journaux francophones belges, mais également lepoint de vue de Google du côté des accusés.

Le 13 février 2007, le tribunal de première instancede Bruxelles a finalement rendu un deuxième verdictqui conforte l’accusation de violation du droit d’au-teur déjà portée en septembre 2006. En effet, le tri-bunal a considéré qu’ « en reproduisant sur GoogleNews des titres d’articles et courts extraits d’articles,Google reproduisait et communiquait au public desœuvres protégées par le droit d’auteur ». Aussi le tri-bunal a-t-il de nouveau invité Google à « retirer detous ses sites (et plus particulièrement de son portaild’informations Google News) tous les articles, pho-tographies et représentations graphiques » des jour-naux représentés par Copiepresse. Cette précisionporte notamment sur les articles conservés en mé-moire cache – 960 000 fin janvier 2007 selon Co-piepresse - dans la mesure où Google a d’ores et déjàexpurgé de son site Google News les articles concer-nés par le jugement du 5 septembre 2006.

En revanche, le jugement du 13 février 2007 s’estvoulu plus clément concernant l’astreinte journalièredont Google est redevable en cas de non-respect dela loi : il a ramené celle-ci à 25.000 euros par jour deretard, ce qui fait passer l’amende dont Google doits’acquitter de 130 à 3 millions d’euros. Mais Googlea immédiatement annoncé qu’il allait faire appel.Pour l’entreprise californienne, l’enjeu est en

effet de taille.

Le droit d’auteur belge ressemble en grande partie audroit d’auteur tel qu’il est appliqué dans l’Union euro-péenne. Aussi Google a-t-il intérêt à limiter au maxi-mum les risques de procès et les jugements en sadéfaveur. Des actions contre le portail d’informationseraient envisagées en Italie et en Autriche alors queGoogle aurait déjà renoncé, suite à la mobilisationdes éditeurs danois, à lancer une version de son por-tail d’information au Danemark. De la même manière,Larry Kilman, porte-parole à Paris de l’Associationmondiale des éditeurs de journaux, a précisé queGoogle et les autres agrégateurs de contenus doivents’engager dans des discussions avec les éditeurspour trouver des accords de rémunération, « sinoncela finira par des procès ».

En faisant appel, c’est bien cette éventualité que Goo-gle espère repousser afin d’éviter une série decondamnations en cascade. Toutefois, ayant déjàpassé des accords de rémunération avec les repré-sentants belges des auteurs multimédias (SCAM) etdes illustrateurs et photographes (Sofam), Googlerisque de se voir objecter une certaine forme de schi-zophrénie, refusant aux uns ce qu’il accorde aux au-tres. Sauf que les enjeux ne sont pas les mêmes :pour le moteur de recherche, et eu égard au volumedes articles repris et référencés, la reconnaissanced’un droit à la rémunération des articles répertoriéssur les sites Google News aurait des conséquences fi-nancières bien plus importantes que celles déjà ac-ceptées pour la rémunération des photographes etauteurs multimédias.

Conscient des risques, Google est toutefois parvenu àdésamorcer les actions en justice, aux Etats-Unis eten France, que lui avaient intenté l’Agence FrancePresse en 2005. Le 9 avril 2007, l’AFP et Google an-nonçaient la signature d’un accord de partenariat,dont le montant n’est pas précisé, qui prévoit la ré-munération des dépêches et photos de l’AFP diffuséessur les services de Google, et notamment Google Ac-tualités pour la France. Cet accord fait suite à celuidéjà passé entre Google et l’agence de presse amé-ricaine Associated Press (AP) en août 2006.

AJ

Sources :- « Droit d’auteur : victoire des éditeurs belges franco-phones contre Google », AFP in tv5.org, 13 février 2007.- « La presse belge francophone l’emporte face à Google »,Marie-Laetitia Bonavita, Le Figaro, 14 février 2007.- « Google perd une nouvelle fois contre les éditeurs depresse belge », N.S., Les Echos, 14 février 2007.

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- « Google Said to Violate Copyright Laws », ThomasCrampton, The New York Times, February 14, 2007- « Les journaux belges claquent la porte au nez deGoogle », EurActiv.com, 15 février 2007.- « Google News condamné par la justice belge pourla publication d’articles sans autorisation », Jean-Pierre Stroobants, Le Monde, 15 février 2007.- « L’AFP et Google signent un accord sur l’utilisationdes dépêches », Marie-Laetitia Bonavita, Le Figaro,10 avril 2007.

Google Video et YouTube également me-nacés de procès en série

Après Google News Belgique, ce sont les servicesd’échange de vidéos détenus par le moteur de re-cherche californien qui sont désormais menacés deprocès.

En France, Flach Films, qui a produit le documentairede William Karel, Le Monde selon Bush, et les Edi-tions Montparnasse, qui le distribuent, ont d’ores etdéjà assigné Google en justice. Les deux sociétés re-prochent à Google Video France de laisser accessibledepuis son site un lien permettant de télécharger,dans son intégralité et sans rémunération, le docu-mentaire en question. Elles ont ainsi fait constater àdeux reprises, par l’Association de lutte contre la pi-raterie audiovisuelle (ALPA), le fait qu’il est possiblede télécharger Le Monde selon Bush depuis GoogleVideo France. Elles reprochent en outre à GoogleVideo de ne pas avoir répondu entièrement à leursdemandes relatives au droit des auteurs à autoriser lacommunication de leurs œuvres. En effet, dans uncourrier du 6 octobre 2006, Flach Films et les édi-tions Montparnasse avaient demandé à Google de re-tirer l’ensemble des liens permettant d’accéder audocumentaire Deux d’entre eux ont depuis été sup-primés de Google Video, mais un troisième lien esttoujours actif. Considérant que plus de 43 000 inter-nautes ont pu accéder ainsi au documentaire, lesdeux sociétés ont attaqué Google en justice pour «contrefaçon et parasitisme » et demandent un milliond’euros de dommages et intérêts. Elles refusent àGoogle Video le statut d’hébergeur et le considèrentcomme un portail responsable des contenus qu’il dif-fuse. En effet, les plaignants s’appuient sur le fait qu’iln’y a pas, sur Google Video France, de films ou d’ex-traits de films à caractère raciste, négationniste ou pé-dophile, ce qui atteste de la capacité de Google Videode repérer les contenus mis en ligne et d’en contrôlerl’accès.

Cet argumentaire est celui repris, aux Etats-Unis, parcertains des éditeurs de musique et producteurs de

films à l’égard de YouTube, la plate-forme commu-nautaire d’échange de vidéos achetée par Google, enoctobre 2006, pour 1,65 milliard de dollars. S’ap-puyant sur le filtrage effectif des clips pornogra-phiques ou contenant des messages d’incitation à lahaine, des groupes comme CBS ou NBC reprochent àYouTube de ne pas tout faire pour limiter la diffusionillégale, par les internautes, de vidéoclips ou de filmsprotégés par le droit de propriété intellectuelle. En dé-finitive, les majors américaines reprochent à YouTubeune absence d’intervention qui s’assimile à une inci-tation passive au téléchargement illégal sur Internet.Google leur propose en effet de filtrer les contenus,mais seulement une fois passé un accord de diffu-sion avec les ayants droit, l’entreprise californienneinvoquant des motifs techniques qui imposeraient unecoopération avec les éditeurs pour un filtrage efficace.Autant dire qu’en l’absence d’accord de diffusion,YouTube ne peut pas, ou ne veut pas, selon ses dé-tracteurs, empêcher l’échange illégal de contenus pro-tégés. A l’évidence, l’enjeu est de taille pour le sited’échange de vidéos : depuis que les internautes met-tent en ligne des contenus protégés par le droit d’au-teur, l’audience du site s’est littéralement envolée aupoint de cumuler, fin 2006, 41 % des parts du mar-ché américain de la vidéo en ligne avec 30 millionsde visiteurs uniques par mois.

Considérant que « la stratégie de YouTube a été d’évi-ter de mettre en place des moyens de protection defaçon à laisser passer les infractions », Viacom, quipossède la chaîne musicale MTV ou encore Para-mount, a déposé une plainte conte le site d’échangede vidéos, le 13 mars 2007, pour « infraction mas-sive et intentionnelle des droits d’auteur ». En février,Viacom, qui était en négociation avec YouTube pourtrouver un accord de rémunération, avait déjà de-mandé à l’entreprise de retirer de son site 100 000 vi-déos issues de ses émissions ou catalogues.YouTube avait fait suite à cette demande afin de met-tre le site en conformité avec le Digital Millenium Co-pyrights Act, qui prévoit que les auteurs autorisent lacommunication en ligne de leurs œuvres. Mais Via-com considère que ce sont quelque 160 000 clipsvidéo lui appartenant qui ont été diffusés sur YouTubepour être vus, en définitive, plus de 1,5 milliard defois – ce qui permet à Viacom de demander à Goo-gle 1 milliard de dollars de dommages et intérêts,plus de la moitié du prix payé par Google par ache-ter YouTube (1,65 milliard de dollars) et le tiers dessommes que Google reverse chaque année auxayants droit (3 milliards de dollars).

Autant dire que, indépendamment des résultats duprocès ou d’un quelconque accord entre Google etViacom, le modèle économique de YouTube est

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sérieusement fragilisé qui consiste à monétiser le tra-fic important généré par le site grâce à la publicitésans avoir à payer pour les contenus diffusés ni à de-mander, en contrepartie, une participation financièreaux internautes.

Aux Etats-Unis, YouTube, et à travers lui Google, n’estpas le seul site concerné par les procès pour violationdes droits de propriété intellectuelle. Depuis qu’il a étéracheté par News Corp. en juillet 2005, le site com-munautaire MySpace a été accusé par UniversalMusic Group, en novembre 2006, de laisser diffuserillégalement des contenus musicaux ou des clipsvidéo protégés. Universal réclame 150 000 dollars dedommages et intérêts pour chaque titre disponible surle site. Cette plainte à l’encontre de MySpace est laseule qui concerne l’écoute et le visionnage en strea-ming de contenus protégés, les autres plaintes rela-tives au droit d’auteur portant en général sur letéléchargement définitif. AJ

Sources :- « Viacom refuse de brader ses clips vidéo sur You Tube »,Emmanuel Torregano, Le Figaro, 5 février 2007.- « Google accusé de pirater des films », Nicole Vulser, LeMonde, 23 février 2007.- « MySpace, phénomène du Web », Laetitia Mailhes, LesEchos, 23-24 février 2007- « Google peine à attirer les fournisseurs de contenus surYouTube », Laetitia Mailhes, Les Echos, 28 février 2007.- « Viacom réclame 1 milliard de dollars à Google et You-Tube », Les Echos, 13 mars 2007.- « Viacom attaque YouTube sur les droits d’auteur », S.C.,La Tribune, 14 mars 2007.- « Viacom réclame 1 milliard de dollars à YouTube pourdiffusion illégale de vidéos », Olivier Zilbertin, Le Monde, 15mars 2007.

YouTube fermé en Turquie pour atteinte àl’image du pays

Alors que les utilisateurs grecs et turcs du sited’échange de vidéos avaient pris l’habitude de s’in-sulter par vidéos interposées, les premiers reprochantnotamment au second d’être un pont avancé de l’Asieen Europe, tous célébrant en général l’histoire desguerres entre les deux pays, la justice turque a fina-lement décidé de fermer YouTube pour atteinte àl’image de la Turquie, toute critique envers MustafaKemal Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne,ainsi qu’à l’égard de l’identité turque étant illégale.

Le verdict de la Cour d’Istanbul n’implique pas le gou-vernement turc, même si c’est finalement l’opérateur

national Turk Telecom qui a dû fermer l’accès au siteYouTube. Au moins ce verdict révèle-t-il, en creux, lesdifficultés d’un droit national applicable à Internet –les vidéos incriminées étant postées depuis la Grèce– et les capacités de contournement des interdits, par-fois des limites apportées à la liberté d’expression, of-fertes par ce réseau transnational de communication.

AJ

Source :- « YouTube banned in Turkey after video insults », NicoHines, timesonline.co.uk, 7 mars 2007.

La Commission européenne suspend l’exa-men approfondi de la fusion Sony-BMG alorsqu’Impala, l’association regroupant les pro-ducteurs européens indépendants, surveillede près les projets de fusion entre majorsdu disque.

Le 13 juillet 2006, le tribunal de première instancede la Cour de justice des Communautés européennes(CJCE) annulait, après un recours de l’associationImpala (Independant Music Companies Association),l’autorisation de fusion entre Sony et BMG accordéedeux ans plus tôt, en août 2004, par la Commissioneuropéenne (voir La revue européenne des médias,n° 0). Aussi, Sony et BMG avaient-elles été obligéesde notifier à nouveau leur demande de fusion auprèsde la Commission européenne afin de pouvoir consti-tuer la deuxième major au monde après UniversalMusic. La Commission européenne devait statuer le1er mars 2007 sur la nécessité d’ouvrir une enquêteapprofondie, compte tenu du jugement de la CJCE surl’absence d’examen approfondi quant à l’existence ounon d’une position dominante collective des majorssur le marché du disque, compte tenu également del’évolution du marché du disque depuis 2004, no-tamment l’augmentation des ventes de musique enligne. Le 1er mars, la Commission européenne s’estfinalement prononcée en faveur d’une enquête ap-profondie sur le rachat de BMG par Sony, la réponseétant prévue pour le 2 juillet 2007. Impala a aussitôtfait valoir son opposition à cette fusion à travers sonavocate, Isabelle Wekstein, qui a rappelé que les ar-guments utilisés en 2004 par Sony et BMG pour jus-tifier la nécessité de leur fusion, notamment la crisedu disque et l’inexistence du marché de la musiqueen ligne, sont aujourd’hui en partie irrecevables. Im-pala compte donc « montrer encore plus le renforce-ment de la position dominante collective et, parconséquent, l’incompatibilité de [la] fusion avec lesrègles d’une concurrence effective ». Peut-être l’asso-ciation n’aura-t-elle pas besoin de le faire

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puisque, le 23 mars 2007, la Commission euro-péenne a annoncé qu’elle suspendait son enquête ap-profondie pour n’avoir pas reçu « toutes lesinformations nécessaires » de la part de Sony et BMG.Dans sa déclaration, la Commission a en outre pré-cisé les pistes aujourd’hui suivies dans l’examen dumarché, entre constat de la position dominante, crisedu marché du disque, bouleversement des modes dedistribution et succès des sites de peer to peer (voirnotre rubrique Acteurs globaux) : « Cette affaire s’in-tègre dans un environnement exceptionnellement dif-ficile dans la mesure où, d’un côté, le marché estcaractérisé par la position forte d’un petit nombred’acteurs importants, tandis que, de l’autre, l’industrietoute entière a traversé des changements significatifstermes de numérisation de la musique et de compor-tement des consommateurs ».

Mais l’association Impala n’a pas pour unique sujetde préoccupation la fusion Sony – BMG, qui porte enfait sur la musique enregistrée. Elle s’oppose égale-ment au projet de rachat, par Universal Music, nu-méro un de la musique enregistrée, de BMGPublishing, la filiale édition musicale de Bertelsmann.Alors que le marché de l’édition musicale (la gestiondes droits d’auteur) est moins concentré que celui dela musique enregistrée, Impala dénonce pourtant cettefusion, au motif qu’elle accroîtrait la « puissance demarché » d’Universal Music. En effet, ce rachat per-mettrait à Universal Music de devenir également lea-der dans l’édition musicale devant le britannique EMI.

Conscient des risques d’un refus de la Commissioneuropéenne, Universal Music a proposé une série dedésinvestissements, notamment la cession des cata-logues Zomba et 19 Song pour le périmètre de BMGPublishing, mais également des actifs du propre pé-rimètre d’Universal. Fin mars 2007, la Commissioneuropéenne, après consultation des principaux op-posants à la fusion, dont Impala, a demandé descessions plus importantes à Universal Music. Tout ens’inquiétant de la puissance de marché d’UniversalMusic, la Commission s’est également interrogée surles conséquences possibles, pour la gestion desdroits d’auteur dans son ensemble, d’un retrait desmajors des sociétés de gestion collective des droits,retrait qui leur permettrait d’obtenir une meilleure ré-munération pour leurs catalogues, cette stratégie étantdésormais facilitée par le développement de la ventede musique en ligne. Toutefois, la Commission sem-ble prête à avaliser la fusion d’Universal Music et deBMG Publishing compte tenu des concessions faitespar la major : la nouvelle entité contrôlera ainsi entre24 % et 28 % du marché, devant EMI Publishing (20%) et Warner Chapell (16 %).

Enfin, Impala, qui avait dissuadé Warner Music (n° 4mondial) de fusionner avec EMI (n° 3 mondial) suiteau jugement rendu par la CJCE sur la fusion Sony –BMG, a finalement trouvé un accord avec WarnerMusic. L’association lui apporte désormais son sou-tien dans son projet de rachat d’EMI, relancé le 24janvier 2007, mais pour l’instant infructueux. EMIsemble en effet plutôt vouloir séparer ses activitésd’édition musicale, qui sont très rentables (20 % duchiffre d’affaires, mais 40 % des bénéfices), des ac-tivités de production musicale, qui fragilisent lescomptes du groupe.

En échange du soutien d’Impala, et anticipant toute-fois une fusion, Warner Music s’est engagé à céderdes actifs dans la musique enregistrée afin de renfor-cer la concurrence, à financer, sans prendre de parti-cipation, la plate-forme Merlin des labelsindépendants, créée en début d’année pour gérerleurs droits numériques, et surtout à ne pas se retirer,dans les prochaines années, des sociétés collectivesde gestion des droits d’auteur. Mais l’annonce parEMI, le 18 avril 2007, de son intention de « titriser »sa branche édition musicale, la plus rentable, sembleconfirmer la volonté de la major de se mettre en si-tuation, soit de conserver son indépendance, soit derenforcer ses positions dans la perspective d’une fu-sion avec Warner. AJ

Sources :- « Warner Music et EMI rediscutent d’un rapprochement »,Nathalie Sibert, Les Echos, 21 février 2007.- « Warner Music lorgne pour la quatrième fois le groupeEMI », Nicole Vulser, Le Monde, 22 février 2007.- « EMI balance entre deux prétendants », Emmanuel Tor-regano, Le Figaro, 23 février 2007.- « Bruxelles demanderait l’examen approfondi de la fu-sion Sony-BMG », Emmanuel Torregano, Le Figaro, 1er

mars 2007.- « Sony – BMG : Bruxelles rouvre son enquête », G.P., LesEchos, 1er mars 2007.- « Fusion Sony-BMG : Bruxelles ouvre une enquête ap-profondie », N.S., Les Echos, 2-3 mars 2007.- « Warner Music ne renonce pas à l’acquisition d’EMI »,Emmanuel Torregano, Le Figaro, 6 mars 2007.- « Vivendi prêt à céder des catalogues pour racheter BMGPublishing », G.P., Les Echos, 16-17 mars 2007.- « Bruxelles suspend l’examen de la fusion Sony Music –BMG », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 26 mars 2007.- « Universal Music serait prêt à céder Rondor pour acqué-rir BMG Publishing », G.P., Les Echos, 29 mars 2007.- « Musique : feu vert à l’union d’Universal et BMG Publi-shing », Emmanuel Torregano, Le Figaro, 18 avril 2007.

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- « EMI semble préparer son avenir sans Warner », Del-phine Cuny, La Tribune, 19 avril 2007.- « Universal Music en passe de racheter BMG », SandrineBalos, La Tribune, 19 avril 2007.

Jeux vidéo violents : vers des règles euro-péennes communes ?

Réunis à Dresde en Allemagne, le 16 janvier 2007,les ministres européens de la justice ont décidé d’éta-blir, dans les différents Etats membres de l’Union eu-ropéenne, un inventaire des législations et despratiques concernant les jeux vidéo violents. Si uneréglementation commune n’est pas envisagée, no-tamment parce que les cultures sont différentes faceaux jeux vidéo et aux acceptions de la violence, restequ’un processus de coopération est lancé avec, si né-cessaire, le renforcement des contrôles au niveau eu-ropéen, voire des sanctions pénales, notamment ducôté des vendeurs de jeux vidéo qui ne vérifient pastoujours l’âge de leurs jeunes acheteurs. Car la vio-lence dans les jeux vidéo concerne surtout les enfantset leur protection fait, elle, partie des règles com-munes de l’Union européenne.

Le commissaire européen à la justice, l’Italien FrancoFrattini, a également estimé que le système d’autoré-gulation de la profession, mis en place en 2003, n’estpas suffisant. Appliqué dans quatorze pays de l’Unioneuropéenne, ce système propose une classificationdes jeux par catégories d’âge et par types de conte-nus nécessitant une protection et un avertissementauprès des plus jeunes, qu’il s’agisse de violence oude sexe. Manifestement, de nombreux pays ne s’ensatisfont pas, la polémique ayant fait rage en Italie, aumois de novembre 2006, autour d’un jeu baptisé TheRule of Rose qui propose à des jeunes filles de tortu-rer des adultes au sein d’un orphelinat, la version an-glaise de ce jeu ayant été interdite ; enfin, le jeu enligne Manhut, une chasse à l’homme qui connaît unréel succès sur Internet, inquiète de nombreux payspar les conséquences qu’il pourrait avoir en cas deconfusion entre le jeux et sa virtualité d’une part, lescontraintes de la vie sociale de l’autre. Mais s’il estpossible de contrôler le marché physique du jeu vidéoet de s’assurer auprès des vendeurs qu’ils respectentles limites d’âge conseillées sur les jeux, il semble enrevanche impossible d’enrayer sur Internet la diffusiondes jeux vidéo. AJ

Sources :- « Les pays de l’UE veulent mieux contrôler les jeux vidéoviolents, mais sans règles communes », AFP intv5monde.org, 16 janvier 2007.

« Les Vingt-sept se penchent sur la question de la violencedans les jeux vidéo », Le Monde, 18 janvier 2007.

La Commission européenne souhaite uneautorité européenne de régulation des télé-communications

Après avoir demandé aux autorités nationales, en2006, leur avis sur la pertinence de la création d’unrégulateur européen des télécommunications, VivianeReding, la commissaire européenne chargée desquestions relatives à la société de l’information, areçu, le 27 février 2007, la réponse du Groupe des ré-gulateurs européens (GRE / ERG). Le GRE est uneinstance regroupant les différents régulateurs natio-naux des télécommunications qui a été instituée parla Commission européenne par une décision du 29juillet 2002 et dont le rôle est de « conseiller et as-sister la Commission dans la consolidation du mar-ché intérieur des réseaux et services decommunications électroniques ».

Après une consultation qui avait révélé les incohé-rences en matière d’application des règles commu-nautaires dans les différents pays de l’Unioneuropéenne, le Groupe des régulateurs européenss’est finalement accordé en faveur d’une autorité eu-ropéenne de régulation des télécommunications auxpouvoirs limités, le GRE envisageant « un cadre ins-titutionnel centré sur un réseau renforcé de régulateursnationaux indépendants, qui fournirait un mécanismede coordination efficace et non bureaucratique ». Cettenouvelle autorité, qui pourrait s’appeler « Autorité eu-ropéenne des réseaux de communication » (AERC),se baserait sur le GRE transformé pour l’occasion en« système fédéral ». Elle aurait pour objectif de pro-mouvoir la concurrence et l’investissement pour créerun véritable marché européen des télécommunica-tions. Pour ce faire, elle aurait pour mission l’harmo-nisation des différents systèmes de régulation entreles Etats membres, ce qui impliquerait, pour l’AERC,de travailler en étroite relation avec les autorités na-tionales de régulation, ainsi de l’ARCEP en Franceou de régulateurs dits convergents, en charge à la fois des télécommunica-tions et des contenus, comme peut l’être l’Autorità perle garanzie nelle comunicazioni en Italie.

En revanche, le GRE ne s’est pas prononcé en faveurd’une autorité de régulation européenne également encharge des contenus. De même, il a refusé que laCommission européenne puisse disposer d’un droitde veto sur les obligations imposées par les opéra-teurs nationaux sur leurs marchés respectifs. Pourtant, l’existence de solutions différentes à des

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problèmes identiques était à l’origine du projet d’au-torité européenne des télécommunications. Aussi, lespouvoirs de l’AERC seraient-ils dans ce cas limités àun simple rôle d’échange de bonnes pratiques.

Enfin, à l’horizon 2018, une fois la concurrence ef-fective sur le marché européen, après que les diffé-rentes réglementations aient été unifiées, l’AERC auraitvocation à disparaître. Le régime commun du droit dela concurrence s’appliquerait alors au secteur des té-lécommunications. AJ

Sources :- « Les opérateurs réticents à un régulateur européen »,Grégoire Pinson, La Tribune, 15 janvier 2007.- « Le projet de régulateur européen des télécommunica-tions avance », Karl de Meyer, Les Echos, 29 janvier 2007.- « Télécoms : Bruxelle esquisse les contours d’une Auto-rité européenne », Karl de Meyer, Les Echos, 9-10 février2007.- « Télécoms : les régulateurs européens pour un renforce-ment de leurs pouvoirs », Karl de Meyer, Les Echos, 19 fé-vrier 2007.- « V. Reding et les régulateurs des télécommunicationss’entendent sur une “ fédéralisation “ », euractiv.com, 28février 2007.- « Télécoms : accord partiel des régulateurs nationauxpour un régulateur européen », Les Echos, 28 février 2007.

France : atténuation de la répression du té-léchargement P2P

La loi du 1er août 2006 relative au droit d’auteur etaux droits voisins dans la société de l’information(DADVSI), modifiant le Code de la propriété intellec-tuelle (CPI) français, avait prévu que, distingué dudélit de contrefaçon, le téléchargement dans le cadredu système de pair à pair (P2P) ne serait constitutifque d’une simple contravention. Dans sa décision du27 juillet 2006, le Conseil constitutionnel a considéréque cette différence de régime ne se justifiait pas. Il adéclaré la disposition votée non conforme à la Consti-tution, parce que « contraire au principe de l’égalitédevant la loi pénale ». Devrait donc normalements’appliquer la règle commune.

Comme toute autre contrefaçon, le téléchargement P2P constitue un délit. Aux termes de l’article L. 335-2 (CPI), il est passible de « 3 ans d’emprisonnementet 300 000 euros d’amende ».

Datée du 3 janvier 2007, une circulaire de présenta-tion et de commentaire des dispositions pénales

de la loi du 1er août 2006 vient fortement atténuer lesrisques de répression du téléchargement P2P. Elle in-vite à des sanctions graduées faisant bénéficier l’in-ternaute amateur, téléchargeur occasionnel, d’unrégime de faveur. Forçant l’obstacle de la décision duConseil constitutionnel, elle introduit, de fait, une sortede « contraventionnalisation » de ces formes decontrefaçons. Du moins est-ce ainsi que les repré-sentants du Parquet sont invités à les considérer.

La circulaire estime que « des peines de nature ex-clusivement pécuniaire apparaissent parfaitementadaptées et proportionnées à la répression de ce typede fait ». Elle pose que « l’amende délictuelle pourraêtre modulée » selon la gravité des faits : télécharge-ments « réalisés avant la mise à disposition com-merciale des œuvres » ; téléchargements portant « sur un nombre ou un volume élevé d’œuvres oud’objets protégés » ; récidive…Elle indique que « lesautres téléchargements justifient une répressionmoins sévère ».

Les internautes amateurs, téléchargeurs occasion-nels, n’ont sans doute pas trop à craindre d’être pour-suivis et pénalement sanctionnés. ED

Durée de protection du droit patrimoniald’auteur

Le Code de la propriété intellectuelle (CPI) françaisfixe la durée de protection du droit patrimonial d’au-teur.

Depuis l’adoption de la loi du 27 mars 1997, detransposition de la directive communautaire du 29 octobre 1993 relative à l’harmonisation de ladurée de protection du droit d’auteur et de certainsdroits voisins, modifiant, sur ce point, le CPI, ce délaia été porté de 50 à 70 ans : après la mort de l’auteur,pour les œuvres individuelles ; après la mort du der-nier des coauteurs, pour les œuvres de collaboration; après la date de la publication pour les œuvrespseudonymes, anonymes ou collective.

Pour compenser l’exploitation réduite des œuvrespendant les deux guerres mondiales, les articles L.123-8 et L. 123-9 CPI prévoient une prorogation dela durée de protection du droit patrimonial d’auteurpendant une période de temps équivalente à la duréede ces guerres.

Alors que rien de tel n’a été considéré, par le législa-teur, ni en 1997, ni depuis, pour écarter l’applicationde cette prolongation de la protection, la Cour de

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cassation, faisant prévaloir le droit communautairesur les dispositions légales non abrogées, considère,dans un arrêt du 27 février 2007, que « la période de70 ans retenue pour harmoniser la durée de protec-tion des droits d’auteur au sein de la CEE couvre lesprolongations pour fait de guerre accordées par cer-tains Etats » (Cass. civ. 1re, 27 février 2007, ADAGPc. Sté Editions F. Hazan). Selon la Cour, la durée deprotection est donc de 70 ans, sans aucune proro-gation. ED

Renforcement de la répression d’infractions commises par la voie de moyens de com-munication

Parmi bien d’autres dispositions, la loi du 5 mars2007, relative à la répression de la délinquance, élar-git et renforce les modalités de contrôle et de sanctionde diverses infractions commises par la voie demoyens de communication.

Outre quelques précisions dans la définition de cer-tains éléments constitutifs d’infractions, apportées autexte de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de lapresse, la loi nouvelle y introduit, de façon tout à faitnovatrice et intéressante, une sorte de référé pénal,par un article 50-1 aux termes duquel : lorsque desfaits de provocation à crimes ou délits « résultent demessages ou informations mis à disposition du pu-blic par un service de communication au public enligne (…) l’arrêt de ce service peut être prononcé parle juge des référés, à la demande du ministère publicet de toute personne (…) ayant intérêt à agir ».

Sont également modifiées et complétées les disposi-tions de la loi du 17 juin 1998 relative à la préven-tion et à la répression des infractions sexuelles ainsiqu’à la protection des mineurs, s’agissant de la pré-sentation et de la commercialisation, auprès des mi-neurs, de supports considérés comme présentant undanger à cet égard. Au titre de la protection des mi-neurs encore, sont complétées ou précisées les dis-positions pénales concernant la diffusion demessages de caractère violent ou pornographique pardes réseaux de communication électronique ou aupublic en ligne accessibles à tous.

Dans le Code pénal est inséré un nouvel article 222-33-3 relatif à « l’enregistrement » et à « la diffusiond’images de violence » (tortures, actes de barbarie,viols, agressions sexuelles…) tels que réalisés no-tamment par des jeunes délinquants, dans des pra-tiques dites de happy slapping. En revanche, il estexpressément prévu que cette disposition n’est « pas applicable lorsque l’enregistrement ou la diffusion

résulte de l’exercice normal d’une profession ayantpour objet d’informer le public ».

Dans le Code de procédure pénale, enfin, sont intro-duites des dispositions qui permettent, dans le cadred’une enquête (pour des faits de traite des êtres hu-mains, de proxénétisme, de prostitution de mineurs,de mise en péril des mineurs…), aux officiers etagents de police judiciaire, d’infiltrer les réseaux, envue « d’en rassembler les preuves et d’en rechercherles auteurs », et, pour cela, de : « 1° participersous un pseudonyme aux échanges électroniques ;2° être en contact par ce moyen avec les personnessusceptibles d’être les auteurs de ces infractions ; 3°extraire, transmettre (…) acquérir et conserver descontenus illicites ». ED

�TechniquesTélévision mobile personnelle : la Commis-sion européenne favorable à une normeouverte, le DVB-H

Lors du CeBIT, le salon des produits numériques, quis’est tenu à Hanovre du 15 au 21 mars 2007, Vi-viane Reding, la commissaire européenne chargée dela société de l’information et des médias, s’est décla-rée « déçue du peu de progrès réalisé jusqu’à présent» alors qu’elle souhaitait que l’accès à la télévisionmobile personnelle, c’est-à-dire la télévision en modebroadcast sur un téléphone portable, soit disponiblepour l’Euro 2008 de football, en juin 2007.

La commissaire a rappelé que la télévision mobilepersonnelle (TMP) concerne « un marché mondial es-timé à 11,4 milliards d’euros en 2009 », avec 500millions de clients potentiels, une occasion que doitsaisir l’Europe pour s’imposer dans ce secteurcomme elle l’a fait avec le GSM, c’est-à-dire en s’ac-cordant sur une norme unique de radiodiffusion pourla télévision mobile personnelle. Une norme uniquepermettrait en effet le développement des services deTMP à large échelle – au moins au niveau européen –, générant ainsi les économies d’échelles nécessairesaux industriels européens pour qu’ils s’imposent en-suite sur le marché mondial. A cet égard, Viviane Re-ding a plaidé pour l’émergence de normes ouvertesde diffusion vidéo numérique, notamment pour leDVB-H (Digital Video Broadcatsing to Handhelds),qui est la norme la plus utilisée en Europe à ce jour.C’est d’ailleurs celle retenue par la France dans le

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aLes technologies FTTx diffèrent selon que la fibre op-tique est tirée jusqu’au foyer ou seulement au pied del’immeuble. On distingue ainsi les technologies FTTH(Fiber to the Home) retenues par France Télécom etles technologies FFTB (Fiber to the Building) em-ployées par les autres opérateurs. La première solu-tion est la plus onéreuse car elle impli-que deraccorder chaque foyer directement en fibre optique,le raccordement sur les derniers mètres comptantpour l’essentiel du coût du déploiement de la fibre op-tique sur la boucle locale. La seconde solutionconsiste à relier les immeubles ou pâtés de maisonsen fibre optique et à assurer le raccordement desfoyers en point multipoint par des liaisons VHDSL(Very High Speed DSL, ou VDSL 2). En moyenne, leraccordement d’un foyer en fibre optique coûte entre1000 et 1500 euros selon la technologie retenue.

La fibre optique permettra d’utiliser plusieurs applica-tions simultanément, notamment les applicationsgourmandes en bande passante comme peuventl’être les jeux vidéo en ligne et la télévision haute dé-finition. Elle permettra également l’envoi de fichiersvolumineux, photos et vidéos, autant d’usages quibutent aujourd’hui sur les débits limités en envoi avecl’ADSL. Ainsi, DailyMotion, la plate-forme d’échangede vidéos qui reçoit d’ores et déjà 17 000 nouvellesvidéos chaque jour, devrait à terme, selon son fon-dateur Benjamin Bejbaum, permettre aux internautesde proposer des live en flux – donc en envoi – en di-rection du plus grand nombre, c’est-à-dire permettreaux internautes d’éditer leur propre chaîne de télévi-sion, ce qui n’est possible qu’avec le très haut débit.

Considérant ces nouvelles applications et leur poten-tiel, François Loos, ministre délégué à l’industrie sousle gouvernement de Dominique de Villepin, a installé,le 27 novembre 2006, le Forum du très haut débit enmême temps qu’il a présenté un ensemble de 15 me-sures, réunies dans un plan d’action du très hautdébit, qui doivent permettre de raccorder 4 millionsde Français au très haut débit dès 2012. Parmi cesmesures, le label « logement multimédia » sera dé-cerné aux immeubles neufs précâblés avant que cedispositif ne devienne une obligation légale.

Les chiffres de raccordement avancés par FrançoisLoos risquent d’être rapidement atteints, tout au moinssi l’on en croit les opérateurs français qui annoncentchacun le lancement d’une offre en fibre optique.Ainsi, Orange (France Télécom), après une phase detest depuis 2006 en région parisienne, à Toulouse,Poitiers et Marseille, compte raccorder,

cadre de l’application de la loi du 5 mars 2007 surla modernisation de la diffusion audiovisuelle et la té-lévision du futur.

Enfin, pour favoriser la coopération entre opérateursde télécommunications, équipementiers et industriesde la création, ces acteurs devant être au cœur dufutur déploiement de la TMP, la Commission euro-péenne a mis en place, en juillet 2006, un Conseileuropéen de la radiodiffusion mobile (European Mo-bile Broadcasting Council – EMBC), lequel s’appa-rente à un véritable « forum de convergence », quidoit inciter les industriels à s’accorder sur une normeunique malgré leur envie de développer chacun unformat propriétaire. Le résultat des discussions a pourl’instant été infructueux, d’où la déception affichée pu-bliquement par Viviane Reding. AJ

Sources :- « Télévision mobile : la Commission enjoint l’industrie etles Etats membres à élaborer une stratégie européenneproactive », Commission européenne, communiqué depresse IP/07/340, Bruxelles/Hanovre, 16 mars 2007.- « La télé mobile dans toute l’Europe pour l’Euro 2008 »,LExpansion.com, 16 mars 2007.- « CeBIT 2007 – Bruxelles soutien le DVB-H comme stan-dard de la télévision sur mobile », Estelle Dumout, ZDNetFrance, 16 mars 2007.

France : le très haut débit passe par lafibre optique

Alors que la France fait partie des pays au monde oùle haut débit est le plus développé, le lancement, cou-rant 2007, d’offres d’accès à Internet par la fibre op-tique, c’est-à-dire en très haut débit, annonce unenouvelle révolution dans la manière de consommerdes contenus culturels sur Internet.

L’accès à l’Internet haut débit passe, en France, es-sentiellement par la ligne ADSL qui propose des dé-bits en téléchargement (download) de 20 mégabitspar seconde, mais seulement de quelques dizainesde kilooctets en envoi (upload). Avec la fibre optique,le débit passera à 50 ou 100 mégabit, autrementdit 1 gigabit – ce qui constitue un débit d’entrée pourle très haut débit – les capacités de la fibre optiquepouvant être portées à 10 gigabits par seconde.

Enfin, la fibre optique n’est pas sujette aux contraintestechniques propres à l’ADSL. Son débit est symétriqueet l’éloignement par rapport au NRA (nœud de rac-cordement des abonnés) n’a pas de conséquence surle débit disponible alors qu’avec l’ADSL, au-delà de200 mètres du NRA, le débit sur la paire de cuivrecommence à baisser.

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dès 2008, entre 150 000 et 200 000 clients sur lemillion de foyers éligibles à une offre en très hautdébit. L’offre grand public en fibre optique d’Orange,baptisée « la fibre », est d’ailleurs disponible depuisle 1er mars 2007 dans certaines des premières zonesraccordées. Elle devrait concerner dès la fin 2007quelque 20 000 foyers pour un abonnement mensuelde 44,90 euros.

De son côté, Neuf Cegetel a lui aussi lancé une offretrès haut débit en fibre optique à Paris et en prochebanlieue, le 24 avril 2007, pour un abonnementmensuel de 29,90 euros et un débit de 50 Mbps. Legroupe compte raccorder un million de foyers fin2009 pour gagner 250 000 abonnés au très hautdébit.

Enfin, Free lancera en juin 2008 son offre très hautdébit en fibre optique d’abord sur la région parisienne.Quant à l’opérateur de télécommunications mobileSFR, il compte également proposer une offre quadru-ple play en fibre optique à ses abonnés en partena-riat avec Neuf Cegetel et la filiale française del’opérateur suédois Télé 2, qu’il a rachetée en sep-tembre 2006, la fusion faisant toutefois l’objet d’uneenquête de concurrence de la part de la Commissioneuropéenne.

Le câblo-opérateur Numéricâble – Noos, qui accèded’ores et déjà à quelque 500 000 logements en FTTB,propose également, depuis le début de l’année 2007,une offre très haut débit en fibre optique – mais pourl’accès à Internet uniquement, sans la téléphonie illi-mitée – moyennant 29,90 euros par mois pour undébit de 100 Mbps. L’abonnement triple play (Internettrès haut débit, téléphonie et télévision) s’élève quantà lui à 59,90 euros par mois. En définitive, c’est doncpresque 30 % de la population française qui devraitêtre éligible au très haut débit dès la fin 2012, selonles estimations de Pierre-Michel Attali, responsableréseaux à l’IDATE.Les coûts de déploiement des réseaux en fibre op-tique, estimés à 11 milliards d’euros par l’IDATE pourcouvrir 40 % de la population, risquent, quant à eux,de conduire à une consolidation du secteur de la four-niture d’accès à Internet comme en attestent les ré-cents mouvements d’acquisition. Neuf Cegetel, aprèsavoir racheté AOL France le 21 septembre 2006, estégalement en négociations exclusives avec Club In-ternet. Le groupe a en outre racheté deux opérateursde réseaux en fibre optique, l’entreprise Erenis, le 20 février 2007, qui compte 10 000 clients en fibreoptique sur la capitale, et l’opérateur Mediafibre qui adéveloppé un réseau dans l’agglomération paloise.Free a pour sa part racheté, le 20 octobre 2006,l’opérateur parisien de fibre optique

Citéfibre, essentiellement actif dans le 15e arrondis-sement.

Pour les opérateurs concurrents d’Orange, le passageà la fibre optique signifiera également la fin du dé-groupage puisque Free et Neuf Cegetel, qui ont leurpropre réseau national en fibre optique, déboursentencore 9 euros par mois et par abonné auprès deFrance Télécom pour accéder aux derniers mètres,c’est-à-dire le raccordement direct du consommateur.Mais cette économie ne compensera que partielle-ment les coûts élevés de raccordement des abonnésen fibre optique qui ne seront amortis que par uneaugmentation du revenu moyen par abonné (ARPU).Or les premiers forfaits ne présagent pas d’unehausse significative du coût de l’abonnement. Res-tent donc les nouveaux services pour augmenterl’ARPU, et notamment la TVHD (télévision haute défi-nition) qui devrait être disponible sur le réseau cou-rant 2009.

La mobilisation des acteurs français des télécommu-nications devrait permettre à l’hexagone de rattraperson retard à l’égard des autres pays européens lesplus avancés dans la voie du très haut débit. En effet,l’Europe de l’Ouest comptait, fin 2006, 820 000 abon-nés à la fibre optique et près de 2,74 millions defoyers étaient d’ores et déjà raccordables. Cinq paysconcentraient à eux seuls 96 % des abonnés au trèshaut débit : la Suède, l’Italie, le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège. Quant à la France, avec quelquesmilliers d’abonnés à Erenis ou Citéfibre, elle faisaitencore partie des pays où le marché de la fibre op-tique relevait des phases de test. A l’inverse, auJapon,7 millions de foyers sont abonnés à la fibreoptique contre 15 millions raccordés en ADSL, le hautdébit étant passé en priorité par la téléphonie 3G surl’archipel. AJ

Sources :- « Le FFTH en cinq questions », Le Journal du Net, 20 fé-vrier 2006.- « Fibre optique : France Télécom va lancer des pilotes enprovince », Jamal Henn, Les Echos, 21 novembre 2006.- « François Loos installe le Forum du très haut débit etpropose un plan d’actions ambitieux », Communiqué depresse,.industrie.gouv.fr, 27 novembre 2006.- « Objectif 100 Mbit/s en 2007 », Hélène Puel, 01net., 28novembre 2006.- « France Télécom lance l’Internet à très haut débit », Na-thalie Brafman, Le Monde, 17 – 18 décembre 2006.- « Au Japon, le développement de la fibre optique fait flé-chir celui de l’ADSL », Frantz Grenier, le Journal du net, 10janvier 2007.- « Très haut débit : France Télécom lancera son offre grandpublic le 1er mars », AFP in, .tv5monde.org, 15 février2007.

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- « France Télécom lance des abonnements à la fibre op-tique », Marie-Cécile Renault, Le Figaro, 15 février 2007.- « Fibre optique : Neuf Cegetel va prendre le contrôle d’Ere-nis », AFP in tv5monde.org, 20 février 2007.- « Neuf Cegetel acquiert Erenis et accélère son dévelop-pement dans la fibre », Frantz Grenier, le Journal du net, 21février 2007.- « La fibre optique arrive à la maison », Didier Sanz, Le Fi-garo, 28 mars 2007.- « Les acteurs de la fibre optique tablent sur un marché demasse », Charles de Laubier, Les Echos, 29 mars 2007.- « L’Internet français se concentre toujours plus », Marie-Cécile Renault, Le Figaro, 7 mai 2007.

DVD haute définition : Warner lance unDVD mixte alors que Sony progresse auxEtats-Unis

Début janvier 2007, les studios Warner ont annoncéle lancement courant 2007 d’un DVD haute définitionbi-standard, gravé avec les deux principaux formatsdisponibles sur le marché, le Blu-Ray de Sony et leHD-DVD de Toshiba. Pour le studio américain, il enva d’une stratégie d’optimisation de son catalogue detitres. La guerre des standards que se livrent lesgrands de l’électronique sur le marché du DVD hautedéfinition, retarde effectivement l’émergence d’un mar-ché de masse qui viendrait prendre le relais du DVDtraditionnel dont les ventes s’essoufflent. Egalement pénalisés par la concurrence entre Sonyet Toshiba, qui nuit aux fabricants de matériel enbrouillant la lisibilité du marché des lecteurs de DVDhaute définition, des groupes comme Samsung et LGElectronics ont d’ores et déjà annoncé la sortie d’unlecteur DVD haute définition bi-standard. A cette so-lution technique mixte se substituera peut-être uneautre solution imposée par le marché. En effet, alorsque le format Blu-Ray de Sony était derrière le HD-DVD en 2006, la tendance s’est franchement inver-sée. Selon les chiffres Nielsen Videoscan, plus dedeux films haute définition sur trois ont été vendus auformat Blu-Ray sur le mois de janvier 2007 aux Etats-Unis. Et cette tendance devrait s’accentuer dans lamesure où elle suit également la courbe des ventes dePlayStation 3 de Sony, la nouvelle console du groupeétant équipée d’un lecteur Blu-Ray. AJ

Sources :- Brève vidéo, Le Figaro, 11 janvier 2007.- « Sony prend le dessus dans la guerre des DVD », La Tri-bune, 5 février 2007.- « Samsung produira aussi des lecteurs hybrides Blu-Rayet HD DVD », ZDNet.fr, 18 avril 2007

Avec l’iPhone, Apple compte réinventer latéléphonie mobile

Présenté le 9 janvier 2007 pour l’ouverture du salonMacWorld à San Francisco, l’iPhone d’Apple est untéléphone multimédia regroupant les fonctions de té-léphonie classique et celles de l’iPod, le baladeur nu-mérique, produit phare du groupe, qui a d’ores et déjàété écoulé à plus de 100 millions d’exemplaires de-puis son lancement. Avec l’iPhone, Apple compte «réinventer le téléphone », comme il est précisé sur lesite du groupe, en le transformant en plate-forme mul-tiservice. De ce point de vue, l’iPhone apparaît, àl’instar de l’iPod lors de son lancement, comme unpari sur l’avenir, anticipant une évolution des usagesoù les consommateurs, rompant avec les habitudeshéritées du monde analogique qui associaient unefonction à un usage, s’approprieraient désormais desterminaux à tout faire. L’iPhone sera vendu en deux ver-sions, une à 500 dollars et une à 600 dollars, dès lemois de juin 2007 aux Etats-Unis auprès des abon-nés de Cingular. Il sera proposé aux consommateurseuropéens pour Noël 2007. Apple a également an-noncé compter vendre 10 millions d’iPhone avant lafin de l’année 2008.

Mais la commercialisation sous le nom iPhone de cenouveau téléphone multimédia, qui reprend le préfixeutilisé par les produits Apple, à l’instar de l’iMac,l’iBook ou l’iPod, aurait pu ne jamais avoir lieu. Eneffet, la marque iPhone appartient à Cisco depuis quel’entreprise a racheté, en 2000, la société Lynksyscommercialisant une ligne d’appareils téléphoniquessous ce nom. Apple et Cisco étaient toutefois en né-gociation depuis 2006 pour s’accorder sur un par-tage de la marque iPhone quand Steve Jobs, lepatron d’Apple, a présenté son nouveau téléphonemultimédia sans attendre d’avoir conclu un accord,ce qui a conduit Cisco à immédiatement porter plaintecontre Apple. Finalement, fin février 2007, les deuxgroupes sont parvenus à un accord stipulant que «les deux entreprises sont libres d’utiliser la marqueiPhone pour leurs produits dans le monde entier ». Ilsannonçaient en outre à cette occasion une collabora-tion dans la sécurité et les communications pour legrand public, ainsi que la recherche d’interopérabilitéentre leurs produits.

Cette stratégie, d’ordinaire étrangère à Apple dont lesordinateurs ont utilisé un système d’exploitation long-temps incompatible avec son concurrent Windows,dont les fichiers musicaux téléchargés sur iTunes nepeuvent être lus que par l’iPod, constitue à l’évidenceune évolution significative de la marque à la pomme.Elle permettrait ainsi de faire communiquer les deuxtypes d’iPhone, les téléphones sans fil

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communiquant sur IP de Cisco et le téléphone multi-média d’Apple passant par le réseau classique de té-léphonie mobile.

Apple devra également faire face à la concurrence desconstructeurs asiatiques qui ne comptent pas le lais-ser s’emparer du secteur haut de gamme de la télé-phonie mobile, comme a pu le faire l’iPod par rapportaux autres baladeurs. Ainsi, le CTIA, le salon améri-cain consacré à la téléphonie mobile, qui s’est tenufin mars 2007 à Orlando, en Floride, a été l’occasion,pour les concurrents d’Apple, de présenter leurs pro-pres téléphones à tout faire, qu’il s’agisse du mobilemultimédia Ocean, proposé par le Coréen SK Tele-com, associé à l’opérateur EarthLink, ou encore del’UpStage, le téléphone multimédia de Samsung,aussi petit qu’un iPod Nano et qui utilise les deuxfaces du portable, une pour la téléphonie, l’autre pourl’écran vidéo et l’écoute de musique.

AJ

Sources :- « iPhone : Cisco accorde un délai à Apple », Carole Pa-pazian, Le Figaro, 19 février 2007.- « iPhone : Apple et Cisco trouvent un accord », Le Figaro,23 février 2007.- « Cisco et Apple vont partager la marque iPhone », Sol-veig Godeluck, Les Echos, 23-24 février 2007.- « Les fabricants de mobile peaufinent leur riposte au futuriPhone d’Apple », Michel Ktitareff, Les Echos, 2 avril 2007.

Après le téléphone IP, la télévision P2Pversion Skype

Initialement baptisée Venice Project, la télévision dufutur imaginée par Niklas Zennström et Janus Friis,les fondateurs de Kazaa et de Skype, a finalement étédévoilée, le 16 janvier 2007, sous le nom de Joost.Il s’agit en fait d’un logiciel utilisant la technologiepeer to peer qui permet une consommation délinéa-risée de programmes de télévision, c’est-à-dire offrantà l’internaute la possibilité de créer sa propre pro-grammation à partir d’un catalogue de films, de do-cumentaires, de séries et de clips vidéo. Il ne s’agitdonc pas d’une plate-forme d’échange de vidéoscomme peuvent l’être YouTube ou DailyMotion, les in-ternautes n’ayant pas la possibilité de mettre en lignedes contenus. Aussi Joost ne propose-t-il que desprogrammes pour lesquels un accord de diffusion aété obtenu, respectant de ce fait les droits de propriétéintellectuelle le plus souvent bafoués sur les sitesd’échange de vidéos.

Joost ne s’apparente pas, non plus, à une plate-formeclassique de VOD ou à une chaîne de télévision

en ligne. En effet, le recours au peer to peer limite for-tement les coûts de diffusion, les utilisateurs apportantavec eux leur bande passante, ce qui permet en outrede bénéficier d’une meilleure qualité d’image avec af-fichage plein écran des program-mes. Enfin, le logi-ciel Joost, en plus des possibilités offertes par le peerto peer, inclut un guide de programmes électroniquesqui permet de se repérer à travers le catalogue pro-posé.

Pour constituer leur catalogue et rendre ainsi leur ser-vice attractif, Niklas Zennström et Janus Friis ont éga-lement mis en place un dispositif d’encryptage desvidéos interdisant leur piratage. Cet argument a sem-ble-t-il forcé l’adhésion des détenteurs de droits quipartageront les revenus publicitaires générés lors dela diffusion de leurs programmes. Dans sa premièreversion, le service est proposé gratuitement aux in-ternautes et doit être financé par la publicité. Par lespossibilités qu’il offre en matière de contrôle descontenus mis à disposition et de programmation à lademande, Joost concurrence tout à la fois les sitesd’échange de vidéos menacés de procès en série etles télévisions traditionnelles qui proposent une pro-grammation fixe. AJ

Sources :- « Venice Project, la télé P2P des créateurs de Skype àl’essai », Philippe Richard, 01net., 19 décembre 2006.- « Joost crée la télévision à la carte », E.P., Les Echos, 9février 2007.- « Joost, la web TV des fondateurs de Kazaa, signe avecun poids lourd audiovisuel », 01net., 21 février 2007.

Le Français Medialive invente un autre pro-cédé de protection des données numé-riques

Parce que les mesures techniques de protection, ouDigital Rights Management (DRM), sont toujours trèsvite contournées, l’entreprise française Medialive aimaginé un procédé original de protection des fichiersnumériques audio et vidéo. Ce procédé consiste àrendre disponible, sans cryptage, 99 % du contenudu fichier audiovisuel, le 1 % des données restantesétant supprimé. Le fichier est alors visible, mais detrès mauvaises qualité, au point d’être à peine recon-naissable. Une fois le droit de visionnage acheté, uneclé est envoyée pour lire le fichier qui contient sim-plement le 1 % de données manquantes.

Selon son inventeur, Daniel Lecomte, qui a fondé Me-dialive en 2000, ce procédé échappe à toute formepossible de piratage dans la mesure où il ne

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propose pas une protection supplémentaire ajoutéeau fichier, mais à l’inverse fonctionne par amputation: « Ce qui manque à chaque fichier est unique, carpropre à son contenu. Même moi, l’inventeur du sys-tème, je serais incapable de reconstituer un fichierprotégé », explique Daniel Lecomte.

Medialive, qui entend se rémunérer en licenciant sonprocédé, a d’ores et déjà passé un accord avec l’opé-rateur Colt Communications. AJ

Source :- « Medialive protège les contenus numériques en enlevantdes données », Franck Niedercorn, Les Echos, 16 – 17 fé-vrier 2007.

�EconomieLe câble numérique se développe en Eu-rope

L’European Cable Communications Association(ECCA), l’association qui fédère les acteurs du câbleen Europe, a fait part, lors de sa conférence annuelle,de résultats positifs pour le secteur sur l’année 2006,essentiellement tirés par le développement de la nu-mérisation des réseaux câblés.

Le chiffre d’affaires du câble en Europe a doublé entre2000 et 2006, passant de 9,4 milliards d’euros à18,8 milliards d’euros. Sur l’année 2006, la crois-sance du chiffre d’affaires du câble européen était de12 %. Cette croissance est tirée par les offres tripleplay qui se développent notamment en Allemagne,aux Pays-Bas et en Belgique, les pays d’Europe où letaux de pénétration du câble est parmi les plus élevés.Ainsi, le nombre d’accès à Internet par câble a-t-ilaugmenté de 26 % en 2006, ce qui porte le nombredes abonnés à l’Internet par câble à plus de 13 mil-lions en Europe. L’accès à la téléphonie par le câbleest également en croissance de 21,6 % sur l’année2006 pour un total de plus de 10 millions d’abon-nés en Europe. Cumulés, les chiffres d’affaires de l’ac-cès à Internet et à la téléphonie par câble comptentpour plus du tiers du chiffre d’affaires global du sec-teur qui reste traditionnellement structuré autour de ladiffusion de bouquets de télévision. En effet, en deuxans, le nombre d’abon-nés à un service de télévisionnumérique par câble en Europe a doublé.

En hausse de 53 % en 2006, le nombre d’abonnésà un service de télévision numérique par câble

s’élève désormais à 11 millions en Europe. Sur cepoint, les marchés allemand, belge et hollandais rat-trapent le marché britannique de la télévision parcâble, le premier à avoir décollé. Mais le câble nu-mérique européen reste en retard par rapport au mar-ché américain. Pour soutenir son développement,l’ECCA demande aux autorités nationales d’adopterune politique de soutien aux réseaux existants, plutôtque d’inciter au déploiement de réseaux haut débit al-ternatif comme le Wi-Fi ou la fibre optique, et à l’Eu-rope de favoriser l’unification du marché du câbleconsidéré par l’association européenne du câblecomme « fragmenté ». Pourtant, le secteur du câbleen Europe se caractérise par un mouvement deconsolidation rapide et avancé. Un seul opérateurdessert plus de 70 % des consommateurs dans sixpays : Ono en Espagne, NTL en Irlande et auRoyaume-Uni, Noos-Numéricâble (Ypso) en France,Com hem en Suède et UPC en République tchèque.Dans sept autres pays d’Europe, un opérateur dessertencore entre 40 % et 70 % des abonnés au câble :UPC en Roumanie, UPC et EMC aux Pays-Bas, Tele-net en Belgique, Kabel Deutschland et Unity Media enAllemagne, Canal Digital en Norvège, Cablecom enSuisse et Tvcabo au Portugal. Enfin, le contrôle descâblo-opérateurs européens se partage entrequelques acteurs, Liberty Global (UPC) contrôlant lesmarchés irlandais, belge, suisse, autrichien, tchèque,slovaque, polonais, slovène, hongrois et roumain ;le fonds Cinven étant présent en France et en Belgiqueet Providence Equity en Allemagne et en Suède.

AJ

Sources :- « European Cable Industry reports strong 2006 results.Exceptional growth for Digital Cable TV », Press Release,European Cable Communications Association, Annualcongress, 6-8 février 2007.- « L’activité des câblo-opérateurs progresse en Europe »,E.R., Les Echos, 13 février 2007.

Les câblo-opérateurs allemands misent surle triple play

Le réseau câblé allemand, un des plus développésen Europe, a longtemps positionné l’Allemagne parmiles leaders européens pour le nombre de chaînes detélévision reçues dans les foyers. Mais cette équations’inverse avec le développement, partout en Europe,des offres triple play grâce à l’ADSL.

Sur le marché national allemand, le câble n’a plus lesatellite pour seul concurrent. Il doit suivre l’évolutiontechnologique qui permet aux fournisseurs d’accèsInternet de conquérir chaque jour de nouveaux abonnés,

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Sources :- « Euro- « Deutsche Telekom mise sur la fibre optique», Cécile de Corbière, Le Figaro, 1er janvier 2007.- « Les trois grands câblo-opérateurs allemands in-vestissent 1 milliard d’ici à 2008 », Cécile de Cor-bière, Le Figaro, 4 janvier 2007.

- « Restructuration en vue chez Kabel Deutschland »,IN.F., Les Echos, 5 avril 2007.

La chaîne Premiere se positionne sur lefootball britannique et s’allie avec Arenaen Allemagne

Après avoir perdu les droits de retransmission de lapremière ligue de football en Allemagne, la Bundes-liga, pour la période 2006 – 2009, la chaîne à péagePremiere a acquis, fin janvier 2007, les droits de re-transmission de l’intégralité des matchs de la pre-mière division britannique, la Premier Ligue, jusqu’en2010. Premiere espère ainsi conserver ses abonnésadeptes du ballon rond en s’appuyant sur les joueursallemands présents dans le football britannique. Maisl’année 2006 fut difficile : avec un chiffre d’affairesen baisse de 1,8 % et une perte de 156 464 abon-nés, un chiffre modeste comparé aux 3,37 millionsd’abonnés fin 2006 (en baisse de 4,4 % en un an),Premiere a néanmoins vu son Ebitda chuter, passantde 137,5 millions d’euros en 2005 à 47,9 millionsd’euros en 2006.

La chaîne à péage espère toutefois annoncer un chif-fre d’affaires en hausse pour 2007 depuis qu’elle estparvenue à s’entendre avec son concurrent Arena, le-quel s’est emparé des droits de retransmission de lapremière ligue de football allemande fin 2005. Eneffet, Arena, qui est contrôlé par Unity Media, n’estpas parvenu à valoriser son avantage : avec un chif-fre d’affaires de 80,6 millions d’euros pour son pre-mier exercice et 132,4 millions de pertes, le diffuseurn’a pu être profitable. Disposant d’un peu plus d’unmillion d’abonnés, Arena n’a pas réussi à suffisam-ment attirer les amateurs de football sur son offre, larentabilité du groupe étant prévue à partir de 2,5 mil-lions d’abonnés. Par conséquent, Arena s’est finale-ment entendu avec Premiere le 8 février 2007 : enmontant à hauteur de 16,4 % dans Premiere, Arenaa passé avec elle un accord de diffusion qui permetà Premiere de proposer désormais les programmessportifs d’Arena sur son offre par satellite. Cet accord,alors même qu’Arena et Premiere opèrent dans le sec-teur des offres de télévision payante en Allemagne, acependant conduit l’office anti-cartel allemand (KEK)à suspendre jusqu’à fin mai 2007

en proposant une connexion Internet haut débit, la té-léphonie illimitée et la télévision par ADSL, avec d’ail-leurs plus de chaînes que sur le câble analogique.Aussi, les trois principaux câblo-opérateurs alle-mands, Kabel Deutschland, Unity Media et Kabel BW,ont-ils annoncé un investissement global d’un mil-liard d’euros jusqu’en 2008 afin de développer les of-fres triple play sur leurs réseaux. Alors que ces troisgroupes touchent à eux-seuls 17 millions des 20 mil-lions de foyers câblés en Allemagne, ils ambitionnentd’augmenter de 6 millions en deux ans le nombre defoyers raccordés, c’est-à-dire d’être en mesure deproposer une offre triple play à près de 23 millions de foyers. Il leur faudra pour cela passerl’obstacle de la boucle locale : en effet, seuls 6,5 millions des foyers câblés gérés par les troisgrands du câble allemands sont directement raccor-dés à leur réseau, les 10,5 millions restants relevant,pour l’accès final, d’un réseau local généralement dé-tenu par des opérateurs indépendants. Par consé-quent, le haut débit s’arrête pour le câble allemand leplus souvent quelques mètres avant l’arrivée dans lesfoyers. Il laisse donc aux opérateurs de télécommu-nications le monopole sur l’Internet haut débit vial’ADSL.

Si l’optimisation du débit sur les derniers mètres doitpermettre aux câblo-opérateurs allemands de propo-ser, en plus de leur offre de télévision qu’ils pourrontenrichir, une offre Internet haut débit et la téléphonie il-limitée, reste que la stratégie des câblo-opérateurs nepourra pas faire l’économie, comme partout en Eu-rope, du déploiement à terme d’un réseau en fibre op-tique de type FTTx. En effet, la modernisation desréseaux câblés constitue une alternative à l’ADSL,mais elle ne saurait concurrencer le développementprévisible du très haut débit grâce à la fibre optique.

Or Deutsche Telekom a annoncé, début 2007, un in-vestissement de 3 milliards d’euros pour développerson propre réseau en fibre optique jusque chezl’abonné (FTTH – Fiber to the Home). Pour l’opéra-teur historique de télécommunications, il s’agit de ré-sister à la concurrence sur le marché de l’ADSL. Maiscette décision pourrait également fragiliser fortementles perspectives de développement du câble puisquela fibre optique concernera, pour l’essentiel, les plusgrandes agglomérations, justement là où les réseauxcâblés sont les plus développés. Conscient des en-jeux, Kable Deutschland, détenu par le fonds d’in-vestissement Providence depuis février 2006, aainsiannoncé, début avril 2007, un plan de restructura-tion, notamment la suppression de 200 emplois, afinde se mettre en ordre de bataille pour relever le défi dela fibre optique. AJ

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la rediffusion par Premiere de l’offre sportive d’Arena. AJ

Sources :- « Premiere acquiert les droits de diffusion de PremierLeague jusqu’en 2010 », Les Echos, 30 janvier 2007.- « Le recul de Premiere a été limité en 2006 », Les Echos,16-17 février 2007.- « L’office anti-cartel allemand menace la coopération Premiere – Arena dans le football », Patrice Drouin, LesEchos, 23 avril 2007.

Grande-Bretagne : la première chaînecommerciale ITV fragilisée

Au cœur d’une bataille entre Rupert Murdoch (NewsCorp.) et Richard Branson (Virgin), après que le pre-mier, en rachetant 17,9 % du capital d’ITV le 17 novembre 2006, a empêché au second de finali-ser la fusion d’ITV avec NTL qu’il détient (voir Revueeuropéenne des médias n°1), la première chaînecommerciale britannique semble fragilisée tant sur leplan économique, juridique que politique.

Sur le plan commercial, le groupe ITV a annoncé,pour 2006, un recul de son bénéfice net de 1,4 %, à219 millions de livres (322 millions d’euros), ainsiqu’un chiffre d’affaires en baisse de 1 %, à 2,18 mil-liards de livres (3,2 milliards d’euros). Ces résultatsmasquent en fait les contre-performances de lachaîne ITV 1, dont les revenus publicitaires ont chutéde 12 %, cette baisse étant compensée en grandepartie par les revenus issus des activités Internet etde production. Or la santé d’ITV 1 est décisive pour legroupe, les recettes publicitaires d’ITV 1 représentantprès de 60 % des revenus du groupe.

Et ces recettes sont directement corrélées à l’audiencede la chaîne issue de la fusion de Carlton et Granadadébut 2004. Alors qu’ITV truste à elle seule plus de40 % du marché publicitaire télévisé britannique, etpour qu’elle n’abuse pas de sa position dominante(la BBC n’a pas recours à la publicité, ce qui laissele champ libre aux chaînes nationales hertziennes),la fusion avait été accordée en contrepartie de la miseen place d’un mécanisme complexe, baptisé CRR(Contracts Rights Renewal), qui autorise les annon-ceurs et les agences médias à demander des baissesde prix sur les écrans publicitaires d’ITV dès que l’au-dience de cette dernière recule. Mis en place depuis lafin de l’année 2003, ce mécanisme est piloté par unadjudicateur indépendant, placé sous l’autorité del’OFCOM, qui s’assure ainsi que la fusion de Carltonet Granada dans ITV ne perturbe pas les équilibres pu-blicitaires britanniques

Basé sur les chiffres d’audience annuels, ce méca-nisme a des conséquences lourdes en cas de reculd’ITV, celle-ci voyant ses recettes publicitaires dimi-nuer automatiquement l’année suivante, l’impact surle chiffre d’affaires annuel étant évalué à plusieurs di-zaines de millions de livres. Or, en 2006, l’audienced’ITV est en baisse, étant passée de 32 % à 30 %entre 2005 et 2006. Aussi, les recettes publicitairesde la chaîne devraient-elles baisser automatiquementen 2007, de l’ordre de 10 %. Ce dispositif, à l’évi-dence, fragilise ITV 1 qui, avec la chaîne françaiseTF1, est la seule chaîne européenne privée à bénéfi-cier d’une telle audience grâce à un investissementmassif dans sa grille de programmation : à titred’exemple, TF1 et ITV1 dépensent chaque année prèsd’un milliard d’euros dans leur grille de programmes,trois fois plus que M6 et presque l’équivalent de ceque Mediaset dépense en Italie pour ses trois chaînes.

En conséquence, le nouveau patron d’ITV, MichaelGrade, a d’ores et déjà dénoncé le CRR auprès del’Office of Fair Trading, l’autorité de la concurrence bri-tannique, lequel avait imposé ce dispositif lors de lafusion. Michael Grade dénonce un cercle vicieux où labaisse de l’audience, alors même que le groupe resteleader en la matière, entraîne une baisse automatiquedes recettes publicitaires, qui conduit alors à moinsinvestir dans la grille de programmes, ce qui nuit, tou-jours selon Michael Grade, à la qualité des pro-grammes. C’est d’ailleurs sur cet aspect du modèleéconomique d’ITV1 que le nouveau patron du groupecompte agir pour inverser la tendance, à budget deprogrammation égal pour 2007, une manièred’adresser un signal aux autorités en liant la santé dela chaîne à celle des investissements dans la pro-duction britannique.

Sur le plan juridique, le groupe ITV doit faire face auxprocédures lancées par Richard Branson, qui a saisil’OFCOM et l’Office of Fair Trading, depuis que RupertMurdoch est entré au capital du groupe. Enfin, les su-jets de discorde se multiplient tout en se déplaçantsur d’autres fronts. Début mars 2007, le câblo-opé-rateur NTL, propriété de Virgin Media, déprogrammaitplusieurs chaînes du bouquet BSkyB, contrôlé par Ru-pert Murdoch, privant les 3,3 millions d’abonnés deNTL de leurs chaînes de télévision, remplacées parun service de vidéo à la demande (Virgin Central).Selon Richard Branson, cette déprogrammation s’ex-plique par les tarifs demandés par Rupert Murdochdans le cadre des discussions de renouvellement ducontrat de diffusion des chaînes de BSkyB – « plusdu double » -, quand Rupert Murdoch explique l’échecdes négociations par le refus en bloc de ses proposi-tions par NTL. Considérant ces désaccords comme une

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conséquence directe de l’entrée au capital d’ITV parRupert Murdoch, le gouvernement britannique ouvrait,le 1er mars 2007, une enquête sur l’influence de Ru-pert Murdoch sur les médias en Grande-Bretagne.

Rupert Murdoch, qui possède deux quotidiens enGrande-Bretagne, The Times et The Sun, deux heb-domadaires dominicaux (Sunday Times, News of theWorld), contrôle de fait 31,5 % du lectorat de lapresse quotidienne britannique, position dans le pay-sage médiatique à laquelle il faut ajouter la partici-pation de 38 % dans BSkyB. Mais Rupert Murdoch arefusé de voir dans son entrée au capital d’ITV uneentorse aux règles de la concurrence, le Communi-cation Act de 2003 autorisant effectivement, pour lesgroupes contrôlant plus de 20 % du marché nationalde la presse, les participations dans les chaînes detype III, dont ITV, à condition que cette participationsoit inférieure à 20 %. Mais l’enquête lancée par legouvernement s’appuie sur une clause, jusqu’ici ja-mais utilisée, du Communication Act de 2003 qui au-torise le ministre du commerce et de l’industrie àexaminer toute fusion ou acquisition soulevant des «problèmes d’intérêt public ». Si l’OFCOM et l’Office ofFair Trading contestent l’acquisition d’ITV par RupertMurdoch, le ministre du commerce pourra saisir laCompetition Commission, l’instance suprême de laconcurrence, pour une enquête approfondie. MichaelGrade, le parton d’ITV, leur a d’ores et déjà fait savoirque la participation de Rupert Murdoch au capitald’ITV pouvait nuire aux autres actionnaires, empê-chant des rapprochements avec d’autres entreprisesmédias – ce que voulait Richard Branson en propo-sant la fusion ITV – NTL.

Sur le plan politique, l’agitation autour de l’entrée deRupert Murdoch au capital d’ITV a également desconséquences qui fragilisent le groupe. Alors quecelui-ci, traditionnellement conservateur, a apportéson soutien aux travaillistes de Tony Blair à chacunedes élections victorieuses de 1997, 2001 et 2005, laposition actuelle du gouvernement pourrait l’inciter àdéfendre David Cameron, le leader du parti conser-vateur,nuisant ainsi au successeur de Tony Blair, Gor-don Brown, l’actuel ministre des finances, proche deRichard Branson et plus à gauche que ne l’est TonyBlair. AJ

Sources :- « Le ciel londonien s’assombrit pour Rupert Murdoch »,Andrea Morawski, La Tribune, 1er mars 2007.- « Virgin Media déprogramme plusieurs chaînes de BSkyB», Les Echos, 2-3 mars 2007.- « ITV subit un plongeon de ses recettes publicitaires », I. C., Les Echos, 8 mars 2007.

- « Le duel politique entre M. Murdoch et M. Branson »,Marc Roche, Le Monde, 13 mars 2007.- « ITV : la rentabilité de la chaîne britannique prise en étau», Grégoire Poussielgue, Les Echos, 2 avril 2007.

Rebaptisé Nielsen, VNU vend son pôle depresse professionnel

Le groupe néerlandais VNU (Vereinigde itgeversbe-drijven – Sociétés unies néerlandaises d’édition), pré-sent dans la presse, les études et la mesured’audience télévisée, se rebaptise The Nielsen Com-pany afin de capitaliser sur sa marque phare. Ilconfirme ainsi son repositionnement stratégique de-puis qu’il a été racheté, en mai 2006, par six socié-tés de capital-investissement (Alpinvest Parterns,Blackstone, Carlyle, Hellman & Frideman, KohlbergKravis Roberts – KKR – et Thomas H. Lee Partners)réunies dans le consortium Valcon.

A la suite de cette opération, VNU, en difficulté sur plu-sieurs de ses secteurs d’activité, notamment sabranche américaine d’études marketing AC Nielsen,s’était retiré de la Bourse d’Amsterdam. Le groupe estdepuis en cours de restructuration et cherche à se dé-barrasser de certaines de ses filiales les moins stra-tégiques. Le 18 décembre 2006, VNU annonçait ainsila suppression en 2007 d’environ 4 000 emplois etla vente au fonds d’investissement britannique 3i deBusiness Media Europe, le pôle européen de presseprofessionnelle du groupe VNU, qui comporte notam-ment les titres informatiques français SVM, 3 SVMMac et PCExpert. AJ

Sources :- « VNU boucle un premier semestre dans le rouge », Di-dier Burg, Les Echos, 2 septembre 2006.- « VNU va supprimer 4000 emplois en 2007 », Le Monde,20 décembre 2006.- « VNU se rebaptise Nielsen », Reuters, 18 janvier 2007.

Après l’Italie et la Grande-Bretagne, VanityFair s’adapte au marché allemand

Après avoir lancé des éditions du magazine améri-cain Vanity Fair en Italie et en Grande-Bretagne,Condé Nast, son éditeur, poursuit sa conquête del’Europe en lançant, le 8 février 2007, une déclinai-son allemande de son magazine. A l’inverse de l’édi-tion américaine, mensuelle, le Vanity Fair allemandest un hebdomadaire qui concurrence directement lesgrands de l’édition magazine en Allemagne, notam-ment Stern et Gala, édités par Gruner + Jahr, ainsique Bunte et Focus, édités par Burda.

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Face à cette nouvelle concurrence, Gruner + Jahr aréagi en lançant un mensuel baptisé Park Avenue, quireprend la thématique haut de gamme de Vanity Fair.En effet, ce dernier vise essentiellement les jeunes ac-tifs urbains et propose plus de 300 pages dont unecentaine de pages de publicité haut de gamme. Lespremiers chiffres sont d’ailleurs encourageants : avecun investissement de 50 millions de dollars, CondéNast espère diffuser en moyenne 120 000 exemplairesdu Vanity Fair allemand pour être rentable. Près de500 000 exemplaires du premier numéro ont déjà étévendus pour un prix de lancement d’un euro. Reste àsavoir si le magazine culte saura se maintenir à unniveau suffisamment élevé pour pérenniser son acti-vité dans un marché allemand de la presse maga-zine très encombré. AJ

Source :- « “Vanity Fair” à l’assaut de l’Allemagne », Pierre Bocev,Le Figaro, 9 février 2007.

Sauvé par un homme de presse italien, lequotidien français Libération change de sta-tut

Avec 13 millions d’euros de pertes en 2006, Libéra-tion était, fin 2006, menacé de dépôt de bilan. Poursauver le quotidien, en procédure de sauvegarde de-puis octobre 2006, son actionnaire principal,Edouard de Rothschild, s’était engagé à trouver 15millions d’euros pour recapitaliser le titre et en finan-cer la relance. Il apporterait à lui seul 5,6 millions d’eu-ros à la condition que de nouveaux actionnairesentrent au capital du groupe. Ce plan de relance étaitégalement conditionné par l’acceptation, par les sa-lariés de l’entreprise, d’un changement de statut duquotidien, d’un plan social à négocier et de l’abandondu droit de veto de la SCPL (Société civile des per-sonnels de Libération) sur la nomination du PDG,l’augmentation du capital et la filialisation, la SCPLconservant son droit de veto sur la nomination du di-recteur de la rédaction.

Après avoir convaincu Carlo Carracciolo, fondateurdu groupe de presse italien L’Espresso,notammentéditeur de La Repubblica, de s’engager à titre per-sonnel dans le refinancement de Libération, à hau-teur de 5 millions d’euros, Edouard de Rotschild aobtenu, le 3 janvier 2007, un vote positif des salariésdu quotidien en faveur du plan de relance. Fin février2007, Libération a donc changé de statut, devenantune société anonyme à conseil de surveillance et di-recttoire, Laurent Joffrin étant nommé président du di-rectoire. Cette forme classique de gouvernance doitrassurer les investisseurs déjà présents

au capital qui, à côté d’Edouard de Rotschild, premieractionnaire avec 38,6 % du capital, et Carlo Carrac-ciolo, désormais deuxième actionnaire avec 33 %des parts, allié à l’Italien Carlo Perrone, égalementactionnaire de contrôle du groupe Mercurio, ont ac-cepté de pariciper au plan de relance, qu’il s’agisse deSuez (2 % des parts), de Mediascap (groupe La LibreBelgique, 8 % des parts) ou de Pathé (10 % desparts). Comme convenu, la SCPL abandonne sondroit de veto sauf sur la nomination du directeur de larédaction, droit de veto unique qu’elle partage désor-mais avec l’ensemble des salariés.

Enfin, à l’occasion de l’augmentation de capital, laSCPL, qui détenait anciennement 18,4 % du capital,ne détiendra plus que 1 % des parts de l’entreprisetout en conservant un poste d’administrateur auconseil de surveillance. Le plan social, qui concer-nait initialement une centaine de salariés sur les 276du groupe, porte finalement sur 76 postes.

Selon Edouard de Rothschild, la recapitalisation dutitre, accompagnée du plan de relance, doit permet-tre un retour à l’équilibre du quotidien dès la fin 2007.Des bénéfices sont attendus dès 2008. Laurent Jof-frin s’est félicité, le 16 avril 2007, de l’augmentationdes ventes en kiosque sur le mois de février dans uncontexte favorable de campagne présidentielle. Il aégalement annoncé une nouvelle formule du quoti-dien pour la rentrée 2007. Mais le titre reste défici-taire : il a perdu 1,5 million d’euros au premiertrimestre 2007 et ne parvient pas à attirer suffisam-ment de publicité malgré l’augmentation des ventes.

AJ

Sources :

- « Libération vote son changement de statut », Marie-Lae-

titia Bonavita, Le Figaro, 4 janvier 2007.

- « Libération en voie de sauvetage », Pascale Santi, Le

Monde, 5 janvier 2007.

- « M. de Rothschild : « Une vraie rupture avec l’époque

July » », Pascale Santi, Le Monde, 6 janvier 2007.

- « Carlo Caracciolo, l’homme qui n’aime pas voir mourir

les journaux », Jean-Jacques Bozonnet, Le Monde, 17 jan-

vier 2007.

- « Libération : Carlo Caracciolo confirme son arrivée, Carlo

Perrone à ses côtés », AFP in tv5monde.org, 15 février

2007.

- « Libération installe son directoire et son conseil de sur-

veillance », Les Echos, 21 février 2007.

- « Libération s’offrira une nouvelle formule à la rentrée »,

Pascale Santi, Le Monde, 19 avril 2007.

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France : au nom du droit de la concurrence,le Conseil d’Etat annule l’autorisation de ra-chat du pôle Rhône-Alpes de la Socpressepar le Crédit Mutuel et le groupe L’Est Ré-publicain

L’annonce, le 6 février 2006, du rachat du pôleRhône-Alpes de la Socpresse par le groupe L’Est Ré-publicain et le Crédit Mutuel avait donné naissanceau plus grand groupe de presse quotidienne régio-nale par la diffusion en France, avec huit quotidiensrégionaux et plus de 1,1 million d’exemplaires ven-dus chaque jour dans 23 départements de l’est de laFrance. En effet, aux titres détenus par le groupe depresse régional (L’Est Républicain, Dernières Nou-velles d’Alsace, La Liberté de l’Est, Le Journal de laMarne) venaient s’ajouter ceux auparavant détenuspar Serge Dassault, les quotidiens régionaux Le Pro-grès de Lyon, La Tribune de Saint Etienne, Le Dau-phiné libéré, Le Bien Public, Le Journal deSaône-et-Loire et le gratuit Lyon Plus. Le Crédit Mu-tuel, de son côté, contrôle également 80 % de L’Al-sace – Le Pays de Franche Comté et compte racheterLe Républicain lorrain.

Mais la montée en puissance de la banque dans lemonde de la presse régionale a manifestement in-quiété le Groupe Hersant Média (GHM, ex France-An-tilles) qui détient 28 % du capital de L’Est Républicainet compte à terme en prendre le contrôle. Aussi GHMavait-il déposé un recours devant le Conseil d’Etatpour s’opposer au rachat du pôle Rhône-Alpes par laholding EBRA (Est Bourgogne Rhône-Alpes), contrô-lée par L’Est Républicain (51 %) et le Crédit Mutuel(49 %). Le 31 janvier 2007, le Conseil d’Etat lui adonné raison en revenant sur la décision du ministèrede l’économie d’autoriser l’opération.

Le Conseil d’Etat considère en effet que la participa-tion du Crédit Mutuel dans EBRA « conforte nécessai-rement son pouvoir d’influence sur les décisionsstratégiques de la société » alors même que Bercyavait considéré le Crédit Mutuel comme un « simpleinvestisseur n’exerçant aucune influence dans la so-ciété achetée ».

Enfin, le Conseil d’Etat pointe un risque d’atteinte à laconcurrence, le Crédit Mutuel détenant des titres dansdes régions où EBRA édite également un quotidien,notamment en Alsace et dans le nord de la FrancheComté. Le Conseil d’Etat reproche à Bercy de ne pasavoir examiné si le rachat « pouvait être à l’origine dela création ou de l’aggravation d’un ris-que de coor-dination tacite entre les investisseurs de presse la SAL’Est Républicain et le Crédit Mutuel dans les dépar-tements où ils sont en concurrence ».

Aussi, le Conseil d’Etat invite-t-il le ministre à procé-der à un réexamen des effets concurrentiels de l’opé-ration tout en précisant que l’annulation ne fait « pasnécessairement obstacle à l’opération de concentra-tion envisagée ». Cette décision devrait en revancheconduire le Crédit Mutuel et L’Est Républicain à pren-dre des engagements en faveur d’un renforcement dela concurrence. Enfin, cet avis risque de peser sur ladécision du ministère de l’économie qui doit statuersur l’autorisation de rachat du Républicain lorrain parle Crédit Mutuel. AJ

Sources :- « Le Conseil d’Etat remet en question le rachat de cinq quotidiens par EBRA », AFP in.tv5monde.org, 31 janvier2007.- « Ebra : le Conseil d’Etat freine le Crédit Mutuel », com-muniqué du SNJ, 31 janvier 2007.- « Le rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse remisen question », Pascale Santi, Le Monde, 2 février 2007.

Dimension nationale pour le réseau de gra-tuits Ville Plus avec le lancement de MatinPlus à Paris.

Face aux réseaux de gratuits développés par Metro et20 Minutes, le réseau Ville Plus, créé par les éditeursde presse payante en réponse à l’arrivée en Francede la presse quotidienne d’information gratuite, a fi-nalement parachevé sa couverture nationale avec lelancement, le 6 février 2007, du gratuit parisien MatinPlus.

Détenu conjointement par les groupes Le Monde etBolloré, respectivement à 30 % et 70 %, Matin Pluscompte se différencier de 20 Minutes et de Metro, bieninstallés en région parisienne, par le recours impor-tant aux photos – à l’instar de Direct Soir, le gratuit dusoir lancé par Bolloré en juin 2006 -, mais égalementpar sa qualité éditoriale. En effet, Matin Plus utilise lamarque Le Monde et quatre pages sur vingt-huit sontfournies chaque jour par le groupe éponyme, qu’ils’agisse d’articles rédigés par les journalistes du quo-tidien ou par ceux de l’hebdomadaire Courrier inter-national.

Initialement tiré à 300 000 exemplaires et distribuépar Bolloré, Matin Plus n’a pas vocation à être renta-ble avant cinq ans. Il mise dans un premier tempssur trois pages de publicité chaque jour. Pour Bolloré,l’enjeu est ailleurs. En effet, en pilotant avec Le Monde le lancement dugratuit parisien associé au réseau Ville Plus, le groupede médias récupère la régie du réseau Ville Plus, dés-ormais de dimension nationale.

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Depuis le 21 mars 2007, l’ensemble des titres du ré-seau a d’ailleurs adopté la maquette de Matin Plus etintègre les pages d’information générale, l’informa-tion locale étant produite par la PQR. Le même jour,Bolloré lançait Bretagne Plus, un septième titre du ré-seau Ville Plus, afin de compléter sa couverture duterritoire national. Diffusé à 20 000 exemplaires danscinq villes côtières (Brest, Quimper, Morlaix, Lorient etVannes), Bretagne Plus comporte deux pages pro-duites localement, le reste provenant de Matin Plus.

Pour obtenir la gestion du réseau, Intermédia, la régiepublicitaire du groupe Bolloré, a dû offrir un minimumgaranti aux autres membres du réseau Ville Plus, uneoffre largement supérieure à celle de son concurrentPubliprint, la régie publicitaire du Figaro. Intermédiaestime ses recettes pour le réseau Ville Plus à 4 mil-lions d’euros en 2007 et à 20 millions d’euros danssix ans.

Actuellement, la diffusion des sept gratuits du réseauVille Plus avoisine les 700 000 exemplaires. Elle re-pose sur les tirages parisiens de Matin Plus (330 000exemplaires depuis le mois de mars 2007, à terme400 000 exemplaires), de Marseille Plus (65 000exemplaires, lancé en février 2002 par La Provence),de Lille Plus (60 000 exemplaires, lancé en mars2004 par La Voix du Nord), de Lyon Plus (80 000exemplaires, lancé en mars 2004 par Le Progrès),de Bordeaux 7 (30 000 exemplaires, lancé en mai2004 par le groupe Sud Ouest), de Montpellier Plus(30 000 exemplaires, lancé en novembre 2005 parle Groupe Midi Libre), enfin par les 20 000 exem-plaires de Bretagne Plus. En comparaison, Metro re-vendique également une diffusion nationale de 700000 exemplaires en 2006, mais a annoncé vouloiraugmenter sa diffusion à 800 000 exemplaires. 20Minutes est quant à lui distribué à plus de 400 000exemplaires en région parisienne et le groupe a an-noncé, en septembre 2006 , vouloir faire passer sadiffusion nationale de 805 000 exemplaires à 870000 exemplaires. AJ

Sources :

- « Arrivée aujourd’hui d’un nouveau quotidien gratuit,

“Matin Plus” », Nathalie Silbert, Les Echos, 6 février 2007.- « Bolloré rallie sept gratuits à ses couleurs », I.R., La Tri-bune, 22 mars 2007.- « Avec “Bretagne Plus “, Bolloré étoffe son offre de gratuit »,M-C. B., Le Figaro, 22 mars 2007.

Les Echos, un groupe de presse français enbonne santé qui mise sur la convergence

Pour le quotidien économique Les Echos, filiale dugroupe britannique Pearson, l’année 2006 aura per-mis d’inverser la tendance, avec un chiffre d’affairesdu groupe en hausse de 4,2 %, à 126,2 millionsd’euros, et un résultat d’exploitation de 10 millionsd’euros, en hausse de 18,4 % en un an. La perfor-mance est sensible par rapport à 2005, le chiffre d’af-faires de 121,1 millions d’euros, s’accompagnaitd’un résultat d’exploitation de 8,4 millions d’euros,en baisse de 24,3 % par rapport à l’exercice précé-dent.

La croissance 2006 est due à un ensemble de fac-teurs qui positionnent la presse quotidienne écono-mique comme l’une des catégories de presse les plusprometteuses. D’abord, l’augmentation des ventes,qu’il s’agisse de la diffusion totale payée des Echos(+ 0,38 %), à 119 180 exemplaires, ou de l’aug-mentation des ventes en kiosque (+ 2,11 % en2006, pour 21 509 exemplaires vendus chaque jour– un bon résultat dans un marché en repli de 2 %).Enfin, les sites des quotidiens économiques sontparmi ceux qui connaissent les plus fortes crois-sances parmi les sites de presse. En 2006, 14 %des abonnés papier au quotidien Les Echos sont éga-lement abonnés au Web, le site des Echos étant l’undes rares sites de presse français en accès payant.Pour autant, l’audience du site est en hausse, pas-sant de 900 000 à 1,2 million de visiteurs uniquesentre 2005 et 2006. Et cette audience Web permetaux Echos d’afficher la plus forte croissance parmiles quotidiens, toutes audiences cumulées, sur l’an-née 2006. Selon l’étude EPIQ 2006 qui a, pour lapremière fois, pris en compte l’impact des sites et dessuppléments des journaux dans le calcul des au-diences de la presse quotidienne, Les Echos bénéfi-cieraient d’une audience en hausse de 23,9 % surl’année, quand La Tribune, le deuxième quotidienéconomique français, afficherait une hausse de 10,5%. Les quotidiens d’information générale et politiquesont en revanche en recul en 2006, en partie concur-rencés par les gratuits dont l’audience est quant àelle en hausse (+ 19,6 % pour Metro et + 14,6 % pour 20 Minutes).

En définitive, la bonne tenue des quotidiens écono-miques semble liée en grande partie à leur position-nement. Ainsi, selon David Guiraud, directeur généraldu groupe Les Echos, « la forte valeur ajoutée » del’information proposée et sa « fiabilité » positionnentle quotidien économique sur un segment de marchéétranger aux journaux low cost.

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D’ailleurs, sur un marché publicitaire morose en2006, la dynamique affichée par Les Echos a dé-pendu notamment de la publicité financière, en plusdes activités Web et de diversification. C’est d’ailleurssur ce dernier point que le quotidien économiquecompte innover en 2007 en lançant un journal élec-tronique. L’e-paper, lancé à titre expérimental, per-mettra de lire Les Echos sur une tablette de poche etoffrira à ses détenteurs des actualisations tout au longde la journée. A ce titre, l’e-paper semble opérer lasynthèse du papier et du site Internet, joignant la ma-niabilité et la portabilité de l’un à l’instantanéité et laréactivité de l’autre. D’ailleurs, selon David Giraud,avec l’e-paper, « il ne s’agit pas de mettre en causele papier et l’Internet, mais d’opérer une convergence ».

AJ

Sources :- « Les Echos : chiffre d’affaires et résultat 2006 en hausse,« bonne résistance » du groupe », AFP in tv5monde.org,26 février 2007.- « Les quotidiens tirent profit de leurs sites Internet », Pas-cale Santi, Le Monde, 7 mars 2007.

Le groupe de presse italien Rizzoli rachètel’espagnol Recoletos

Après avoir racheté en 2004 le deuxième quotidienespagnol El Mundo à Pearson, actionnaire du groupede presse espagnol Recoletos, le groupe italien RCS(Rizzoli – Corriere della Sera) a finalement acquisl’ensemble du groupe le 7 février 2007 comme le prévoyait l’accord de vente avec Pearson. Estimée à1,3 milliard d’euros, l’opération permet à RCS des’imposer comme un acteur central de la presse enEspagne. En effet, Recoletos détient le quotidien sportif Marca, deuxième plus important tirage dupays, ainsi qu’Expansion, le premier quotidien économique dans la péninsule ibérique. Enfin, Reco-letos a été le premier groupe de presse payante à lan-cer, en 2005, un quotidien gratuit en Espagne,baptisé Qué ! et distribué à plus d’un million d’exem-plaires dans une douzaine de villes, pour résister auxMetro et 20 Minutes espagnols.

Le rapprochement des deux groupes RCS et Recole-tos repose sur des complémentarités évidentes. AinsiRCS dispose-t-il, en Italie, d’un périmètre compara-ble à celui de Recoletos en Espagne : outre le quoti-dien Corriere della Sera, Rizzoli contrôle également lepremier quotidien sportif italien Gazetta dello Sport,ainsi que des magazines comme Max ou Capital. Enrevanche, RCS, avec 2,2 milliards de chiffre d’affairesen 2005, surpasse Recoletos qui annonce un chiffred’affaires 2004 de 275 millions d’euros.

AJ

Source :- « Le groupe italien Rozzoli acquiert l’espagnol Recoletos »,Marie-Laetitia Bonavita et Diane Cambon, Le Figaro, 7 fé-vrier 2007.

Record de diffusion pour les quotidiens espagnols

La presse quotidienne payante espagnole est engrande forme, à l’inverse de ses homologues euro-péennes, à l’exception toutefois de l’Irlande. En effet,selon l’Association des éditeurs de journaux espa-gnols (AEDE), l’année 2006 reste exemplaire malgréune baisse de la diffusion de 5,1 % sur un an, la pre-mière depuis dix ans. Cette diminution de la diffusionne signifie pas pour autant un début d’essoufflementdu marché de la presse quotidienne payante espa-gnole face à la concurrence des gratuits, de l’Internetet du câble. D’abord parce que la diffusion reste à unniveau élevé, à 4,1 millions de quotidiens diffuséschaque jour en moyenne en 2006. Ensuite parce quela presse quotidienne espagnole a augmenté de 0,6% son nombre de lecteurs.

Enfin, les politiques commerciales agressives desquotidiens espagnols, notamment la vente de pro-duits dérivés et les systèmes de coupons de réductiondétachables, permettent à la presse payante espa-gnole de faire des bénéfices et d’investir dans son dé-veloppement. Ainsi, en 2006, les promotions(produits dérivés, coupons) auraient rapporté auxquotidiens 334 millions d’euros, soit 12,3 % du totaldes bénéfices de la presse quotidienne (270 millions d’euros en 2006). La presse quoti-dienne espagnole peut également s’appuyer sur unmarché publicitaire dynamique dont la part presse acompté pour 1,78 milliard d’euros en 2006, un chif-fre en augmentation de 5,4 % sur un an.

En 2006, El Pais (groupe Prisa) reste le premier quo-tidien payant espagnol avec une diffusion quotidiennede 435 000 exemplaires. Il est suivi du quotidiensportif Marca (314 000 exemplaires), des quotidiensd’information El Mundo (320 000 exemplaires), ABC(260 000 exemplaires) et du quotidien catalan LaVanguardia (207 000 exemplaires). As, le deuxièmequotidien sportif espagnol, se classe en sixième po-sition avec une diffusion quotidienne de 203 000exemplaires. AJ

Source :- « Les quotidiens espagnols sont en grande forme », DianeCambon, Le Figaro, 9 janvier 2007.

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En bonne santé, le groupe plurimédia Prisaest confronté au boycott de la droite espa-gnole après les propos critiques de son pré-sident

A l’occasion de la présentation de ses résultats an-nuels, le 15 février 2007, Prisa a confirmé la bonnesanté de son groupe avec un bénéfice net 2006 de228,9 millions d’euros, en hausse de 49,8 %, pour unchiffre d’affaires de 2,811 milliards d’euros, enhausse de 89,6 % par rapport à 2005. Cette aug-mentation très importante s’explique en partie par l’in-tégration de Sogecable à partir du 1er avril 2006, quicontrôle Canal+ Espagne, et a permis de porter lechiffre d’affaires du groupe généré par l’audiovisuel à1,27 milliard d’euros. Enfin, les revenus du pôlepresse, constitué principalement du quotidien El Paiset du premier quotidien sportif espagnol As sont éga-lement en hausse. Ainsi, malgré une diffusion enbaisse de 4,7 % sur l’année, El Pais affiche un re-venu en hausse de 7,9 %.

Prisa, qui a également une participation dans LeMonde (15 %), est toutefois confronté au boycottd’une grande partie des membres du Parti populaire(PP), la droite espagnole. En effet, après les déclara-tions malvenues du président de Prisa, Jesus de Po-lanco, sur « le franquisme pur et dur » de la politiqued’opposition menée par le PP, le responsable du particonservateur, Mariano Rajoy, a demandé aux mem-bres de l’opposition de ne plus répondre aux inter-views des journalistes du groupe Prisa tant que sonprésident n’aura pas fait amende honorable. Repor-ters sans frontières a d’ores et déjà dénoncé une en-trave à la liberté de la presse. AJ

Sources :- « Prisa : hausse de 49,8 % du profit net », Les Echos,16-17 février 2007.- « Prisa enregistre un bénéfice net en forte hausse en 2006», Le Monde, 17 février 2007.- « La droite espagnole décide de boycotter les titres dePrisa », Diane Cambon, Le Figaro, 26 mars 2007.

En Espagne, le financement du cinéma parles chaînes de télévision privées fait débat

En proposant une réforme de la « loi cinéma » quiporterait de 5 % à 6 % des recettes brutes la part queles chaînes privées espagnoles doivent consacrer à laproduction cinématographique nationale, le ministreespagnol de la culture, Carmen Calvo, a déclenchéune véritable polémique sur la santé du cinéma es-pagnol et l’efficacité de son mode de financement parla télévision privée. En effet, les

chaînes privées Antena 3, Tele 5 et Sogecable (Cua-tro, Digital +), ainsi que les nouvelles chaînes de laTNT, VeoTV et NetTV, réunies dans l’association pa-tronale Uteca, ont reproché au ministère de la culturede les forcer à financer le cinéma espagnol, « une ac-tivité privée et indépendante du secteur audiovisuel »,dans laquelle elles ont déjà investi plus de 800 mil-lions d’euros depuis que l’obligation de financementa été introduite en 1999.

Uteca demande la suppression de la « taxe de 5 % »et dénonce l’inefficacité de cette aide à la productioncinématographique nationale. A l’évidence, le cinémaespagnol n’est pas en bonne santé : en 2006, il a at-tiré 15 millions de spectateurs sur son marché natio-nal et généré 80 millions d’euros de recettes, loinderrière le cinéma américain qui a attiré 76 millionsde spectateurs espagnols et généré 399 millionsd’euros de recettes. La faiblesse du cinéma espagnol,malgré des réussites mondiales comme celle de Vol-ver de Pedro Almodovar, résiderait pour certains dansle trop grand nombre de films produits, 148 en 2006,un chiffre qui a presque doublé en sept ans, depuisl’introduction de l’obligation d’investissement deschaînes dans la production cinématographique na-tionale. En définitive, sur ces 148 films, 5 seulement ont attiré plus d’un million despectateurs alors que 75 % d’entre eux ont été vuspar moins de 100 000 spectateurs. De la même ma-nière, le cinéma espagnol à la télévision est en recul,d’abord parce que la programmation des chaînesmise moins sur le cinéma, ensuite parce que, sur les500 plus grandes audiences des films en 2006,seules 40 l’ont été avec des films espagnols, l’Utecaprécisant d’ailleurs que 33 d’entre eux dataient deplus de 30 ans. AJ

Source :- « Les télévisions privées espagnoles refusent de financerdavantage le cinéma espagnol », José Alves, Les Echos,1er mars 2007.

Le programme MEDIA 2007 est crédité de755 millions d’euros

Viviane Reding, la commissaire européenne encharge de la culture, espérait un milliard d’euros pourle programme MEDIA 2007 (mesures pour encoura-ger le développement de l'industrie audiovisuelle), quiporte sur la période 2007-2013. Finalement, la Com-mission européenne lui a attribué 755 millions d’eu-ros. Elle a en outre précisé que 65 % de ce budgetdevra être consacré à la distribution et la promotiondes films afin de faciliter la circulation des œuvres ci-nématographiques à travers l’Europe

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et sur le plan international. Inauguré à l’occasion duFestival du film de Berlin 2007, le programme MEDIA2007 contribuera également au développement destechnologies numériques afin de rendre l’industrie ci-nématographique européenne plus compétitive. Enfin,le programme MEDIA 2007 financera en partie la re-construction des industries cinématographiques desnouveaux entrants, notamment la Roumanie et la Bul-garie. En effet, le programme MEDIA, qui existe de-puis 1990, regroupe les 27 pays de l’Unioneuropéenne, auxquels s’ajoutent la Norvège, l’Is-lande, la Suisse et le Lichtenstein, soit 31 pays autotal.

Le bilan du programme MEDIA +, lancé en 2001, estplutôt positif : parmi les films distribués en dehors deleur pays d’origine, il a soutenu neuf films européenssur dix ; il a financé quelque succès d’exportation àl’international, notamment La Marche de l’empereur,qui obtenait l’oscar du meilleur documentaire en2006, ou encore le film allemand Das Leben des An-deren (La Vie des autres) qui a obtenu, le 25 février2007, l’oscar du meilleur film en langue étrangère.

AJ

Sources :- « 755 millions d’euros pour le cinéma européen », Le Fi-garo, 13 février 2007.- « La Commission octroie 755 millions sur sept ans à l’in-dustrie du cinéma », Les Echos, 13 février 2007.- « Un film soutenu par MEDIA remporte l’Oscar du meilleurfilm étranger », euractiv.com, 27 février 2007.

Lancement, en Europe, de la PlayStation 3de Sony

Le 23 mars 2007, avec quatre mois de retard sur lesEtats-Unis et le Japon et un an par rapport aux prévi-sions initiales, Sony a lancé en Europe la PlayStation3, sa console de jeu de nouvelle génération qui vientdirectement concurrencer la Xbox 360 de Microsoft,lancée fin 2005.

En elle-même, la PlayStation 3 est une machine sur-puissante, ses capacités dépassant de dix fois cellede sa concurrente la Xbox 360, notamment en ma-tière de haute définition. Son coût, également, est par-ticulièrement élevé, 599 euros contre 299 ou 399euros pour les deux versions disponibles de la Xbox,qui est ainsi deux fois moins chère en version pre-mium. Mais ce coût élevé s’explique d’abord par l’in-tégration dans la PlayStation 3 d’un lecteur de DVDhaute définition au format Blu-ray. La Xbox 360,quant à elle, soutient le format concurrent, le HD-DVD,qu’elle propose toutefois en option. Enfin,

la PlayStation 3 s’assimile à un véritable « mini ser-veur de divertissement », selon les dires de GeorgesFornay, président de Sony Computer EntertainmentFrance et vice-président Europe.

Mais les chiffres de vente sont décevants. Fin janvier2007, Sony avait vendu 2 millions de PlayStation 3au Japon et aux Etats-Unis. Pour le lancement en Eu-rope – le 23 mars 2007 – Sony comptait écouler 1 million de consoles, l’objectif étant d’avoir venduprès de 6 millions de consoles dans le monde le 31mars 2007, date de la fin de son exercice fiscal. SiSony a effectivement expédié 5,5 millions deconsoles en Europe fin mars 2007, les chiffres deventes, en revanche, sont nettement en deçà, auxalentours de 3,6 millions d’unités vendues. EnFrance, à la fin du premier trimestre 2007, les chiffresétaient d’ail-leurs éloquents : les ventes les plus im-portantes concernent les consoles moins chères etgrand public de Nintendo, avec 260 000 NintendoDS écoulées et 144 000 Wii en trois mois. Suiventles consoles de Sony, la PlayStation 2 (92 000 uni-tés vendues), vendue 129 euros, devance la PlayS-tation 3 (81 000 unités), la PSP se plaçant enquatrième position des ventes avec 90 000 unitésvendues. Au moins Sony devance-t-il Microsoft dontla Xbox 360 ne s’est écoulée sur la période qu’à 43 000 exemplaires. Toutefois, depuis son lancementfin 2005, Microsoft a déjà écoulé 10,4 millionsd’exemplaires de sa console de nouvelle génération.Reste donc à savoir si Sony parviendra à imposer saPlayStation 3 et, avec elle, son format de DVD hautedéfinition, le Blu-Ray. L’enjeu, effectivement, est grand pour Sony qui tra-verse une période critique sur le plan économique.Ainsi, sur chaque PlayStation 3 vendue, Sony perdraitentre 250 et 300 euros et plusieurs années seront né-cessaires avant que les économies d’échelle n’inver-sent cette tendance, la durée de vie d’une consoleétant comprise entre cinq et sept ans. Toutefois, pourréduire ses coûts, la version européenne de la PlayS-tation 3 a été amputée d’un composant disponibleaux Etats-Unis, un microprocesseur coûteux qui rendcompatibles les jeux de la PlayStation 2 avec la nou-velle PlayStation 3. Une incompatibilité qui pourraitdissuader certains joueurs de se tourner vers laPlayStation 3 qui ne dispose plus, dès lors, que de25 jeux à son lancement.

AJ

Sources :

- « Cure d’amaigrissement pour la PlayStation 3 », C.J.,

La Tribune, 12 mars 2007.

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- « La PlayStation 3 arrive enfin en Europe », M.C., Le Fi-garo, 19 mars 2007.- « La PS3 défie la Xbox sur le Vieux Continent », Sandrine

Cassini, La Tribune, 22 mars 2007.- « Trente ans de consoles de jeux. Une industrie périlleuse

», Nathalie Brafman, Clément Lacombe, Le Monde, 22mars 2007.

- « Avec la PS3, Sony part à la recherche de sa splendeur

perdue », Nathalie Brafman, Philippe Mesmer, Le Monde,23 mars 2007.

- « Sony lance sa PS3 sur un marché européen stratégique

pour lui », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 23 – 24 mars2007.

- « La Nintendo DS mène la danse », Metro, 4 mai 2007.

- « Sony paie l’échec du lancement de la PlayStation 3 »,

Michel de Grandi, Les Echos, 18 – 19 mai 2007.

Le moteur de recherche français Exaleadperd du terrain face à Google

Confronté à la domination mondiale de Google (64,2% de parts de marché dans le monde en février2007), de Yahoo! Search (17,1 % de parts de mar-ché) ou encore de Windows Live (7 % de parts demarché), le moteur de recherche français Exaleadn’est plus associé, depuis le 1er avril 2007, au portailAOL France, le contrat liant les deux sociétés n’ayantpas été renouvelé. Il s’agit d’un coup dur pour Exa-lead qui se prive en même temps de l’accès aux 2millions d’abonnés à l’offre Internet de Neuf Cegetel.En effet, le portail AOL doit être installé par défaut au-près des abonnés du FAI après que Neuf Cegetel aitracheté AOL France en septembre 2006 (voir Revueeuropéenne des médias n° 0).

Pour AOL, qui utilisait la technologie Google partoutdans le monde sauf en France, il s’agit d’une ratio-nalisation de son activité. Quant à Exalead, qui a levé12 millions d’euros en janvier 2007 auprès de soninvestisseur historique Qualis, le lancement de sonnouveau site et l’internationalisation du moteur de re-cherche deviennent décisifs. Avec 1 million de visi-teurs uniques par mois, Exalead bénéficie toutefoisd’une forte croissance. En 2006, l’entreprise a généréun chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros, enhausse de 68,4 % par rapport à 2005. Associé auprojet de moteur de recherche européen multimédiabaptisé Quaero, mais qui n’a toujours pas reçu l’avalde Bruxelles, Exalead a également lancé, au mois demai 2007, une version bêta de sa nouvelle fonctionde recherche de vidéos qui indexe notamment lescontenus des sites d’échange de vidéos comme You-Tube, DailyMotion, Kewego ou encore Metacafe.

AJ

Sources :- « AOL France abandonne Exalead et choisit Google »,E.P., Les Echos, 14 mars 2007.- « A la recherche du prochain Google », Emmanuel Pa-quette, Les Echos, 24 avril 2007.- «Exalead inaugure son moteur de recherche de vidéos »,Karine Solovieff, 01net., 10 mai 2007.

Google Book multiplie les accords avec lesbibliothèques européennes

Annoncé mi-mars 2007, le ralliement de la biblio-thèque de Bavière au projet Google Book Search vapermettre au leader américain de la recherche en lignede proposer un million de livres supplémentaires àses utilisateurs, pour l’essentiel en langue allemande.En échange, Google s’est engagé auprès de la bi-bliothèque de Bavière à numériser ses ouvrages, ceuxconcernés par le projet de recherche de livres étanttous tombés dans le domaine public. En effet, afind’éviter les procès, Google s’interdit de scanner enEurope les ouvrages encore protégés par le droit d’au-teur. La même approche a été retenue pour le parte-nariat, annoncé le 15 mai 2007, entre Google Booket la bibliothèque cantonale et universitaire de Lau-sanne (BCU). L’accord, qui ne porte que sur 100 000 livres des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, est tou-tefois symbolique dans la mesure où il concerne pourla première fois des ouvrages francophones.

Avec la bibliothèque de Bavière et la bibliothèque uni-versitaire de Lausanne, Google compte donc cinqpartenaires en Europe après les accords déjà passésavec la bibliothèque universitaire d’Oxford en Grande-Bretagne, la Bayerische StaatsBibliothek en Alle-magne, Complutense à Madrid et la bibliothèquenationale de Catalogne.

Aux Etats-Unis, la stratégie de Google Book est plusagressive. En effet, s’appuyant sur une interprétationsouple du fair use, l’équivalent américain du droit decitation, tel que définit dans le Copyright Act de 1976,Google se permet de numériser également les ou-vrages encore protégés par le droit de propriété intel-lectuelle, arguant que son projet ne consiste pas àdiffuser gratuitement des livres numérisés sans ré-munérer les ayants droit, mais au contraire à faciliterl’accès aux textes et à stimuler par là même lesventes de livre.

Aux Etats-Unis, Google a passé des accords de nu-mérisation avec les bibliothèques universitaires dePrinceton, de l’Université de Californie, de Harvard,du Michigan, de Stanford, de l’université du Texas

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à Austin, des universités de Virginie et du Wisconsin,enfin avec la New York Public Library. En outre, sur leplan mondial, Google revendique quelque 10 000accords de partenariat avec des éditeurs dont, enFrance, les Editions L’Harmattan et Masson. Mais lesaccords avec les bibliothèques sont beaucoup plusintéressants pour la firme de Mountain View. En effet,le partenariat avec des bibliothèques permet à Googled’accélérer son processus de numérisation en s’ap-puyant sur les classements déjà opérés par les do-cumentalistes afin de proposer des sélectionsd’ouvrages cohérentes.

Pour autant, les accords passés avec les biblio-thèques n’empêchent pas Google de devoir affronterles éditeurs américains. Ainsi, lors de l’assemblée gé-nérale de l’Association des éditeurs américains, réu-nie le 6 mars 2007 à New York, les acteurs del’édition se sont retrouvés aux côtés de Microsoft pourdénoncer les infractions à la loi sur le copyright parGoogle. Les déclarations de Thomas Rubin, avocatde Microsoft, sont à cet égard significatives : « Desentreprises qui ne créent pas de contenus font de l’ar-gent seulement sur le dos d’auteurs et d’éditeurs enraflant des milliards de dollars, à l’aide de recettespublicitaires ou de leur introduction en Bourse ». Lesoutien inattendu de Microsoft aux éditeurs améri-cains s’explique par la position du groupe de Red-mond, qui propose un service similaire de recherchede livres, mais en accord avec les éditeurs et quiconcerne uniquement les ouvrages tombés dans ledomaine public. Enfin, la critique principale des édi-teurs à l’égard de Google Book concerne la stratégiedu moteur de recherche qui admet vouloir respecter ledroit sur le copyright, mais considère qu’il revient auxéditeurs de signaler lesquels de leurs livres ne doi-vent pas être numérisés et proposés en ligne.

Confrontées à la position dominante de Google, tanten termes d’ouvrages numérisés (plus d’un millionde livres) que de capacités financières, la France etl’Europe soutiennent le projet de bibliothèque numé-rique européenne (BNUE), lancé par la Bibliothèquenationale française (BNF). Rebaptisé Européana, ceprojet a abouti à la mise en ligne d’un premier site finmars 2007 où l’on trouve, à côté de 7 000 ouvragesfrançais, quelques milliers d’ouvrages hongrois etportugais, la BNF n’étant pour l’instant parvenue àpasser des accords qu’avec les bibliothèques natio-nales de ces deux pays. AJ

Sources :- « Le coup de force de Google », Livres de France,n° 287, septembre 2005.

- « Microsoft dénonce les pratiques de Google sur le droitd’auteur », M.C., Le Figaro, 7 mars 2007.- « Bibliothèque numérique : Google tisse peu à peu satoile en Europe », Nathalie Silbert, Les Echos, 12 mars2007.- « La BNF met en ligne l’ébauche de la future Bibliothèquenumérique européenne », Les Echos, 23 – 24 mars 2007.- « La bibliothèque de Lausanne rejoint Google », Asso-ciated Presse, in latribune.fr, 15 mai 2007.

Finalement, Alice offre Canal+ Le Bouquet

Le fournisseur d’accès à Internet, Alice, filiale de Te-lecom Italia, lance une offre d’abonnement ADSLcomprenant Le Bouquet de CanalSat proposé à moi-tié prix. Cet accord serait, selon Canal+, l’une desconséquences de la fusion des deux bouquets, Aliceétant déjà distributeur de TPS. Voilà qui met fin à laprocédure judiciaire initiée par Alice, en décembre2006, auprès du Conseil d’Etat, pour entrave à laconcurrence sur le marché de la télévision payante(voir La revue européenne des médias, n°1). Cetteentente inattendue est peu appréciée des autres FAI,solidaires d’Alice dans sa démarche et réclamant lapossibilité de distribuer les chaînes thématiques etpremium à l’unité. Seules TPS Star, Sport+, Cinéstar,Cinéculte, Cinétoile, Piwi et Télétoon peuvent être dif-fusées séparément aujourd’hui, en accord avecCanal+. La Ligue de football professionnelle (LFP)reste donc seule en lice, en maintenant sa démarchede recours devant le Conseil d’Etat contre l’autorisa-tion de fusion des deux bouquets accordée par le mi-nistère des finances et effective depuis six mois.

FL

Source :- « Alice et Canal+ font la paix », Les Echos, Jamal Henni,24 avril 2007.

�UsagesAugmentation de la fréquentation des sallesde cinéma en Europe

Les chiffres de l’Observatoire européen de l’audiovi-suel s’avèrent optimistes quant à la fréquentation dessalles de cinéma en Europe, en hausse de 4 % (chif-fre pondéré à 3,6 %) pour l’année 2006, selon lesestimations communiquées fin février 2007.

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A l’évidence, le cinéma en salle échappe au climatmorose qui caractérise les ventes de DVD, se distin-guant tout à la fois par la qualité des films proposéset des salles pour les visionner. C’est du moins enfonction de ce critère de l’offre que Serge Siritzky, di-recteur d’Ecran Total, explique le succès du cinéma ensalle en France, avec deux fois plus d’entrées qu’enItalie depuis les années 1980, où justement les ex-ploitants sont moins dynamiques (jusqu’en 2006, lessalles italiennes fermaient l’été, les exploitants consi-dérant que les spectateurs italiens ne vont pas au ci-néma durant cette période).

Sur l’année passée, les Européens, y compris lesSuisses, les Norvégiens, les Turcs et les Russes, ontété plus nombreux à aller au cinéma qu’en 2005avec 924 millions d’entrées en salle (892 millionsen 2005). Sur les vingt pays étudiés par l’Observa-toire européen de l’audiovisuel, 17 sont en crois-sance, dont la France, avec une fréquentation enhausse de 7,5 %. L’Allemagne affiche également unebonne santé avec une hausse de fréquentation de 7,4 %.Quant aux trois autres grands marchés européens,leurs performances sont mitigées, ou mauvaises,avec une faible hausse de 1,7 % de la fréquentationen Italie et des baisses de fréquentation de 4,7 % et4,9 % pour l’Espagne et la Grande- Bretagne. Lespays d’Europe centrale et orientale connaissent, quantà eux, des hausses record, à nuancer toutefois du faitde la taille de leurs marchés : + 98 % pour la Litua-nie, + 54,3 % pour la Slovaquie, + 40,2 % pour l’Es-tonie. Enfin, des marchés plus matures, comme enAutriche et en Finlande, affichent une croissance àdeux chiffres, respectivement + 10,6 % et + 11,5 %.

Selon l’Observatoire européen de l’audiovisuel, lesfilms nationaux ont contribué à cette hausse de la fré-quentation des salles de cinéma en Europe en 2006,notamment en Allemagne et en France. Dans l’Hexa-gone, les films français comptent pour 45 % du mar-ché (84 millions d’entrées), presque à égalité avecles films américains (45,8 % en 2006). En Alle-magne, trois films nationaux se classent parmi les10 premiers films en nombre d’entrées. Les produc-tions nationales se sont également faites remarqueren Finlande (23 % des entrées, contre 15 % en2005), en Estonie et en Slovénie. AJ

Sources :- « Fréquentation en hausse dans les cinémas européensen 2006 », AFP in tv5monde.org, 22 février 2007.- « La fréquentation des salles européennes a augmentéde 4 % en 2006 », Le Monde, 23 février 2007.

- « Les perspectives de croissance du marché du films decinéma », Serge Siritzky, Ecran Total, n° 660, 23 - 29 mai2007.

Record mondial : 97,2 % des Français lisentau moins un magazine par mois

Le marché français de la presse se caractérise parson nombre peu élevé de quotidiens et par l’incroya-ble richesse de sa presse magazine plébiscitée par97,2 % des Français âgés de 15 ans et plus qui li-sent au moins un magazine chaque mois, ce quiplace l’hexagone en première position mondiale dansce domaine. Parmi ces derniers, 7 Français sur 10(69,6 %) lisent un magazine acheté au numéro, soitpar eux-mêmes, soit par un membre du foyer. UnFrançais sur 2 (49,7 %) lit un magazine auquel ilest abonné. Ces chiffres révèlent en creux le fait queles Français lisent en moyenne 6,8 magazines diffé-rents chaque mois. Enfin, le nombre moyen de re-prises en main d’un magazine est estimé à 4,6 fois parles lecteurs occasionnels ou réguliers.

L’étude annuelle 2006 de l’AEPM, réalisée par Audi-Presse, précise également que 58,9 % des Françaislisent un magazine chaque jour. Ces chiffres incluenttoutefois la lecture de la presse TV dont les maga-zines sont tirés pour certains à plus d’un milliond’exemplaires et qui rassemblent 79,3 % des Fran-çais – lesquels ouvrent en moyenne leur hebdoma-daire TV 7,9 fois par semaine. L’argument, décisifpour les publicitaires, n’a pourtant pas empêché lesrevenus publicitaires de la presse magazine de bais-ser plus fortement que ceux de la presse quotidiennedepuis le 1er janvier 2007 et l’ouverture à la publicitétélévisée pour la distribution. Ainsi, selon l’institut Ya-cast, les recettes publicitaires de la presse au premiertrimestre 2007 sont en recul de 18,4 % pour lapresse magazine contre 8,8 % pour la presse quoti-dienne.

Mais la presse magazine reste un des médias lesplus prisés des Français qui est en outre parvenu à at-tirer une population parfois plus difficile à toucher parles autres médias : alors que les Français dans leurensemble lisent 6,8 magazines différents, leshommes n’en lisent que 6,1 en moyenne et lesfemmes en lisent 7,4 par semaine, les jeunes femmesâgées de 15 et 34 ans lisant 8,3 magazines par se-maine. A cet égard, la presse féminine, qui attire 58,6% des Françaises, reste un support de publicité cibléet privilégié. Parmi les catégories de presse ciblant lesfemmes, la presse people est lue par 32,6 %des jeunes femmes de 15 – 24 ans, les

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magazines parentaux par 36 % des 25 – 34 ans,enfin les magazines de décoration et de maison sontlus par 41,1 % des femmes de 35 – 49 ans. Quantaux hommes, et notamment dans la tranche 15 – 34ans, ils préfèrent à 36,8 % les magazines de sport,à 36,1 % les magazines automobile et 32,7 % lesmagazines masculins. Enfin, hommes et femmescompris, les cadres sont ceux qui lisent en moyennele plus la presse magazine – 97,3 % des foyers ca-dres contre 94,8 % de l’ensemble des foyers ayant luun des magazines de l’étude AEPM. Et les cadres sontla cible qui plébiscitent le plus la presse magazined’information, avec 46,8 % de lecteurs, et la presseéconomique ou patrimoniale avec 32,7 % de lecteurs.

La lecture en ligne de la presse magazine n’est pasmesurée par l’étude AEPM et devrait, à terme, être in-tégrée aux mesures traditionnelles d’audience de lapresse magazine. Ainsi, selon Fabrice Boé, récem-ment élu président de l’Association pour la promotionde la presse magazine (APPM), l’amélioration de lamesure d’audience de la presse magazine est un «chantier prioritaire », qu’il s’agisse de prendre encompte l’audience numérique ou de proposer des me-sures d’audience plus fréquentes, l’objectif étant « defluidifier les relations de la presse magazine avec lespublicitaires », lesquels regardent de plus en plus versInternet quand ils cherchent à viser un public ciblé,ce dernier ayant longtemps été l’apanage de ce médiade niche que peut être la presse magazine. Audi-presse, la société d’études contrôlée par l’APPM et parles utilisateurs, agences et annonceurs, a été sensi-ble à ce besoin et, à l’instar de Médiamétrie pour latélévision, va désormais fédérer l’ensemble des me-sures d’audiences pour la presse, jusqu’ici répartiesentre l’AEPM pour la presse magazine et l’EPIQ pourla presse quotidienne. L’ensemble des titres bénéfi-ciera donc, à l’occasion du bilan 2007, d’un outil sta-tistique unique afin de mettre en avant lesperformances de la presse toute périodicités confon-dues, tous supports, l’Internet devant être intégré à lamesure d’audience, enfin tous types de presse, et no-tamment la presse gratuite. L’objectif est de proposeraux publicitaires et annonceurs des outils efficacesen matière de mediaplanning. AJ

Sources :- Données générales sur l’audience de la presse maga-zine, Etude AEPM, 5 mars 2007.- « Mieux mesurer l’audience des magazines », Marie-Lae-titia Bonavita, interview de Fabrice Boé, Le Figaro, 24 avril 2007.- « L’ensemble de la presse fédère ses outils de mesured’audience », P.L., Le Figaro, 27 avril 2007.

Les Français, champions du blog et de laprescription en ligne

Deux études récentes placent les Français en tête desblogueurs européens. Ainsi, une étude du cabinetaméricain Forrester, menée auprès de 7 377 consom-mateurs en ligne dans sept des principaux pays eu-ropéens (Grande-Bretagne, France, Allemagne,Pays-Bas, Suède, Espagne et Italie), estime à 3 % lenombre des internautes européens qui éditent un blogsur une population de 130 millions d’internautes fin2006. La France se classe en première position avec7 % des internautes qui ont leur blog, sachant quecette catégorie d’internautes est celle qui consommele plus Internet : les internautes blogueurs passent enmoyenne seize heures par semaine sur le Web et 80 %d’entre eux se connectent quotidiennement.

Les blogs, qui sont dans de nombreux cas de simplesjournaux personnels, à l’instar des blogs d’adoles-cents qui font le succès en France de la plate-formeSkyBlog, ont en revanche un impact certain sur lespratiques de consommation en ligne quand ils traitentdes marques et des produits. C’est ce que révèle unsondage Ipsos mené fin septembre 2006 auprèsd’une population de 5 000 adultes âgés de 15 ans etplus, dont 2 214 utilisent Internet à la maison ou autravail.

Concernant la Grande-Bretagne, la France, l’Alle-magne, l’Espagne et l’Italie, le sondage Ipsos met enlumière l’intérêt exceptionnel des Français pour lesblogs : 90 % des internautes français ont entenduparler des blogs contre 58 % pour les Italiens, 55 %pour les Allemands, 51 % pour les Espagnols et 50% pour les Britanniques. Enfin, 27 % des internautesfrançais fréquentent les blogs, loin devant les Espa-gnols (16 %), les Allemands et les Italiens (15 %),les Britanniques (14 %). En moyenne, seuls 61 %des internautes européens ont entendu parler desblogs et 17 % les fréquentent. On retrouve les mêmesécarts en matière de création de blogs : 7 % desFrançais ont leur blog contre 3 % des Européens (3% pour les Espagnols, 2 % pour les Britanniques, 1% pour les Allemands et 0 % pour les Italiens). Il ya également une concordance entre la création deblogs et la participation aux blogs des autres, 7 %des Français ayant déjà contribué à un blog contre 3 %en moyenne européenne (4 % pour les Espagnols, 2 %pour les Italiens, les Britanniques et les Allemands).Le sondage Ispos révèle aussi que la fréquentationdes blogs s’est rapidement banalisée auprès des in-ternautes, quelle que soit la tranche d’âge : les hommes

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et les 25-34 ans sont ceux qui lisent le plus les blogs(21 %), 59 % des blogueurs ont moins de 44 ans,soit quand même 41 % pour les internautes âgés de45 ans et plus, les lecteurs les moins nombreux serecrutant dans la tranche d’âge des 65 ans et plus (8% des lecteurs), soit tout de même près d’un inter-naute sur dix.

Mais le sondage Ipsos révèle surtout le pouvoir élevéde prescription des blogs, confirmant ainsi leur rôlesocial. En effet, 24 % des Européens font confianceaux blogs et aux avis des internautes sur les forumsquand ils se renseignent sur un produit, ce pourcen-tage grimpant à 35 % en France (27 % en Italie, 23 %en Allemagne, 17 % en Espagne et 15 % en Grande-Bretagne). Les plus gros consommateurs en ligne,ceux qui dépensent plus de 145 euros d’achats enligne chaque mois, sont également ceux qui font leplus confiance aux commentaires sur les blogs (30% en moyenne européenne, 65 % pour les Italiens,44 % pour les Français). Enfin, 52 % des internautesse déclarent plus enclins à acheter un produit, que cesoit en magasin ou en ligne, s’ils ont lu un commen-taire positif sur un blog : 62 % des Français, 57 %des Britanniques, 56 % des Allemands, 40 % desEspagnols et des Italiens.

A l’évidence, les commentaires personnels sur lesproduits fragilisent la communication de marque tra-ditionnelle, d’autant que ce bouche à oreille désor-mais accessible depuis n’importe quel point du globemultiplie les occasions d’influence. Les marques peu-vent toutefois se rassurer. Si les commentaires posi-tifs ont un fort pouvoir de prescription, ce schéma estmoins vrai pour les commentaires négatifs : en effet,si le commentaire positif favorise l’acte d’achat pour52 % des internautes européens, ce chiffre tombe à34 % quand il s’agit de ne pas acheter après avoir luun commentaire négatif sur un produit. En revanche,la tendance risque de s’inverser car les internautesqui dépensent le plus en ligne (plus de 145 euros parmois), ceux-là mêmes qui surfent le plus, sont sen-sibles à 65 % aux commentaires positifs sur les pro-duits et à 45 % aux commentaires négatifs.

AJ

Sources :

- « Le pouvoir économique des blogs en Europe », Le Jour-

nal du Net, 6 novembre 2006.

- « Un quart des blogueurs européens sont français », Le

Journal du Net, 23 novembre 2006.- « Les Français, champions du blog », D.S., Le Figaro, 29novembre 2006.

Férus de peer to peer, les Français devan-cent Anglais et Américains

L’observatoire du téléchargement, une étude Média-méterie / Netratings menée en juin, juillet et septem-bre 2006, met en lumière le succès dutéléchargement gratuit (bandes-annonces, freeware,peer to peer) auprès des internautes français et la pré-dominance des pratiques illégales sur Internet.

55 % des internautes français, soit 16,5 millions depersonnes, ont recours au téléchargement, 85 % desfichiers étant téléchargés illégalement, contre 80 % enGrande-Bretagne ou encore 75 % aux Etats-Unis.Ainsi, pour l’année 2006, le peer to peer a été utilisépar 9 millions d’internautes en France, contre 8,5 mil-lions en 2005. Mais seuls 1,9 million des internautesfrançais ne recourent qu’exclusivement au peer topeer pour se procurer les fichiers qu’ils désirent, es-sentiellement des films, de la musique et des jeuxvidéo, un chiffre en baisse par rapport à 2005, 2 mil-lions d’internautes déclaraient alors ne téléchargerqu’en peer to peer.

Ce recul annonce-t-il pour autant un début de désin-térêt à l’égard des pratiques de P2P, alors que desoffres sans DRM sont désormais proposées légale-ment (voir notre rubrique Acteurs globaux) ? Ou,comme l’estime l’IDATE, commentant ce baromètre,ce recul ne traduit-il pas plutôt l’arrivée sur Internet depersonnes plus âgées, moins enclines à téléchargerillégalement des fichiers vidéo et musicaux ? Les deuxfacteurs semblent se recouper : en effet, selon l’IDATE,parmi les internautes qui téléchargent, 49 % sontdéjà allés sur des sites d’offres payantes, une pro-portion qui monte à 59 % en Grande-Bretagne et 66% aux Etats-Unis. Les Français se caractérisent éga-lement par l’utilisation simultanée de plusieurs logi-ciels de peer to peer. Parmi ces derniers, eMule est lelogiciel le plus utilisé en France, avec un taux de pé-nétration de 65 % auprès des internautes adeptes dutéléchargement, suivi de Shareaza avec un taux depénétration de 14 % et de LimeWire avec 12 %.

Enfin, en ce qui concerne le téléchargement légal etpayant, le budget mensuel moyen s’élève à 3,8 eurospour les Français, 5,2 euros pour les Britanniques etde 7,3 euros pour les Américains. AJ

Source :

- « Les Français toujours accros au téléchargement illégal »,

Philippe Richard, 01net., 9 février 2007.

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Les nouveaux supports numériques au ser-vice de l’éducation

La multiplication des supports numériques et des ba-ladeurs, si elle a d’abord concerné les loisirs et la cul-ture, ne pouvait laisser indifférents les systèmeséducatifs. En effet, avec des baladeurs numériquesou des clés USB, le savoir numérisé peut être stockéfacilement, accessible grâce à des outils logiciels, li-bérant enseignants et étudiants des contraintes de vo-lume et de poids propres au savoir, c’est-à-dire lacapacité de disposer, chez soi ou en cours, de l’équi-valent d’une bibliothèque spécialisée.

En France, ce sont ainsi 8 000 enseignants qui vontêtre équipés de clés USB contenant deux gigaoctetsde ressources pédagogiques, ainsi de l’EncyclopédieUniversalis ou, plus simplement, de liens vers lessites institutionnels relatifs à la matière enseignée. Lesclés USB comporteront également un ensemble de si-tuations pédagogiques pour aider les professeursdans leur quotidien. Présentée le 13 février 2007 parGilles de Robien, ministre de l’éducation du gouver-nement de Dominique de Villepin, cette clé USB pé-dagogique sera dans un premier temps distribuée auxenseignants des collèges ambition réussite (collègesdifficiles), notamment aux jeunes enseignants enphysique-chimie et histoire-géographie. Les clés USBpédagogiques seront en outre expérimentées dans lesécoles primaires avant d’être généralisées à l’ensem-ble du corps enseignant.

Au Japon, les étudiants en université disposent éga-lement d’outils pédagogiques innovants. Depuis larentrée 2006, l’université de Tokyo a en effet mis enplace un service de téléchargement sur iPod descours magistraux. L’accessibilité des enseignementsrelève plus généralement d’un projet initié par le MIT(Massachusetts Institue of Technology) et baptiséOpen Course Ware. Mais l’originalité japonaise aconsisté à s’appuyer sur l’iPod pour rendre le servicemobile en favorisant le podcasting des cours. Les étu-diants apprécient, notamment pour les cours pra-tiques, à l’instar des techniques d’opérationsenseignées dans les centres hospitaliers universitairesqu’il est nécessaire de voir et revoir avant de les met-tre en application. AJ

Sources :- « France : 8 000 clés USB contenant des outils pédago-giques données aux enseignants », AFP in tv5monde.org,13 février 2007.

- « Au Japon, étudier à l’université par iPod interposé »,Philippe Mesmer, Le Monde, 18-19 février 2007.

Des Européens très virtuels

Le nouveau monde, virtuel et en 3D, Second Life, voitsa population croître fortement. Avec une progressionde 46 % en trois mois, 1,3 million d’internautes s’ysont connectés en mars 2007. Les Européens repré-sentent 61 % de la population de Second Life, avecenviron 800 000 résidents en mars 2007, contreseulement 19 % de résidents originaires d’Amériquedu Nord, 13 % d’Asie Pacifique, 6 % d’Amérique la-tine et 2 % d’Afrique et Moyen-Orient. Second Lifecompte autant d’avatars allemands que d’avatarsaméricains, soit 16 % de sa population totale pourchacun de ces deux pays, ainsi que 8 % de Françaiset 6 % de Britanniques.

FL

Source :- comScore.com

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ne produisant que leurs programmes locaux et re-transmettant les programmes nationaux de leur par-tenaire. Parmi ces chaînes, 10 sont affiliées auréseau CW (coentreprise de CBS et Warner Brothers),8 au réseau Fox (News Corp.), 7 à NBC (NBC Uni-versal), 6 à ABC (Disney), enfin 6 à CBS.

Concernant la radio, cette activité reste stratégique pour le groupe qui contrôle quelque 1100 stations.Toutefois, confronté à la concurrence des radios parsatellite, Clear Channel s’est engagé, depuis fin 2006,dans un processus de cession de ses stations lesmoins stratégiques afin de se concentrer sur les prin-cipaux marchés, c’est-à-dire les 100 plus grandesvilles américaines. 448 stations couvrant 88 marchés ont donc été mises en vente, 161 ayantdéjà été vendues sur 34 marchés différents pour331 millions de dollars. AJ

Sources :- « Ventes d’actifs en cascade chez Clear Channel », Pierre-Yves Duga, Le Figaro, 21 – 22 avril 2007.- « Clear Channel vend ses chaînes de télévision pour 1,2milliard de dollars », G.P., Les Echos, 23 avril 2007.

Fusion annoncée des deux bouquets améri-cains de radio par satellite

Lancés respectivement en 2000 et 2001, les bou-quets de radio par satellite Sirius et XM ont annoncé,le 19 février 2007, leur intention de fusionner pourrésister à la concurrence des autres moyens d’écou-ter la radio, que ce soit sur les baladeurs numériquesou sur Internet grâce aux podcast. XM Radio, avecses 7,63 millions d’abonnés fin 2006, et Sirius, avec6 millions d’abonnés, ont indiqué que cette fusion seferait « entre égaux », le nouveau groupe, détenu àparité par échange d’actions, devant peser 13 mil-liards de dollars (9,88 milliards d’euros) en Bourse,dont 1,6 milliard de dettes. Le nouvel ensemble a vo-cation à être dirigé par Mel Karmazin, actuellementPDG de Sirius.

La fusion devrait permettre d’économiser entre 3 et

Le groupe de presse américain Tribunechange de propriétaire

Le groupe Tribune Co., deuxième groupe de presseaux Etats-Unis avec neuf quotidiens et vingt-trois sta-tions de télévision, a été racheté le 2 avril 2007 parSam Zell, un investisseur originaire de Chicago dontle cœur de métier est d’abord l’immobilier. Confiantdans l’avenir de la presse, qui est pourtant en diffi-culté aux Etats-Unis où les recettes publicitaires sonten baisse (- 5 % en février 2007 par rapport à février2006), mais également habitué des rachats d’entre-prises sous-évaluées, Sam Zell s’est ainsi offert legroupe de presse qui contrôle le Chicago Tribune, leLos Angeles Times, le Baltimore Sun, enfin le tabloïdnew-yorkais Newsday. La transaction porte sur un in-vestissement direct de 315 millions de dollars, lereste de la transaction, l’offre de Sam Zell évaluant letitre à 34 dollars, 6 % au-dessus de son cours le jourdu rachat, sera financé par endettement. Enfin, SamZell compte vendre l’équipe de base-ball des Cubs deChicago, également propriété du groupe Tribune Co.

AJ

Source :- « Le milliardaire Sam Zell s’offre le groupe de presse amé-ricain Tribune », Pierre-Yves Duga, Le Figaro, 3 avril 2007.

Aux Etats-Unis, Clear Channel se restructureet vend ses chaînes de télévision et ses ra-dios les moins stratégiques

Clear Channel, le géant mondial de la communica-tion, se débarrasse actuellement de ses actifs lesmoins stratégiques sur le marché américain afin de semettre en ordre de bataille pour gérer sa revente auxfonds d’investissement Thomas H. Lee Partners etBrain Capital Partners.

Ainsi, le 20 avril 2007, Clear Channel annonçait lacession de ses 56 stations de télévision locale aufonds Providence Equity Partners, pour 1,2 milliardde dollars (880 millions d’euros). La plupart de ceschaînes étaient affiliées aux grands réseaux américains,

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7 milliards de dollars, notamment en mettant fin à lasurenchère sur les contenus exclusifs du fait de l’intense concurrence entre les deux groupes dans leurcourse aux abonnés. Toutefois, cette fusion est condi-tionnée à l’approbation de la Federal Communica-tions Commission (FCC) qui, lorsqu’elle leur avaitaccordé l’autorisation de développer leur service en1997, avait interdit aux deux groupes de fusionner.Entre temps, les conditions du marché ont évolué, ceque font valoir XM Radio et Sirius, en insistant no-tamment sur les nouveaux modes d’écoute de laradio en ligne et sur le succès des baladeurs numé-riques. Mais les deux groupes, qui sont les seuls dé-tenteurs d’une licence de radio par satellite,disposeraient après leur fusion d’un monopole sur lemarché de la radio par satellite, un marché assez cir-conscrit puisqu’il concerne d’abord les automobi-listes. En effet, la radio par satellite, si elle permet,pour une quinzaine de dollars par mois, de disposerd’une centaine de chaînes thématiques avec une qua-lité d’écoute supérieure à la diffusion FM, le tout sanscoupures publicitaires, offre surtout une couverturenationale aux chaînes avec un emplacement uniquesur le spectre. Elle permet ainsi aux automobilistes etroutiers de circuler à travers les différents Etats amé-ricains sans coupure des émissions, une plus-valuefortement appréciée puisque l’essentiel des abonne-ments est vendu par les concessionnaires automo-biles. AJ

Sources :- « Radio payante : fusion des deux leaders américains »,Nicolas Madelaine, Les Echos, 20 février 2007.- « Radio par satellite : le projet de fusion entre Sirius et XMfait des vagues », Les Echos, 21 février 2007.

Lancement d’un récepteur radio avec disquedur intégré au Japon

Lancé en mars 2007 au Japon, un nouveau récep-teur de radio AM-FM permet désormais d’enregistrerses émissions de radio en numérique. Conçu parOlympus, ce récepteur radio est équipé d’un disquedur de 37 gigaoctets capable de stocker entre 625 et2 500 heures d’émissions selon la qualité sonoresouhaitée de l’enregistrement (format WMA de Micro-soft ou MP3). Ce « serveur de radio personnel » per-met également de programmer vingt enregistrementssur une vingtaine de stations différentes, offrant à sonutilisateur la possibilité d’écouter ses émissions endifféré tout en créant sa propre programmation. Al’évidence, ce nouveau terminal devrait générer desusages innovants en matière d’écoute et permettre laradio à la carte. AJ

Source :- « Japon : une radio avec disque dur capable de stocker2.500 heures de programmes », AFP in tv5monde.org, 27février 2007.

Japon : l’opérateur Softbank Mobile lanceYahoo! Kids, un portail mobile destiné auxenfants

Alors que quasiment tous les Japonais âgés de 15 à65 ans possèdent un téléphone mobile, Softbank (an-ciennement Vodafone Japon), le troisième opérateurmobile du Japon, a lancé, le 23 février 2007, un por-tail mobile directement destiné aux enfants. BaptiséYahoo! Kids, du nom de l’entreprise qui fournit lescontenus, ce portail est conçu pour des téléphonesspécifiques, hautement sécurisés, afin de pouvoir tou-cher une clientèle très jeune et de rassurer les parentspar la même occasion. Avec cette stratégie, Softbankcompte gagner des parts de marché face à sesconcurrents, NTT DoCoMo et KDDI, sur un segmentde population encore non concerné par la téléphoniemobile.

Le portable 3G pour enfants, fabriqué par Toshiba, estainsi équipé d’une alarme visuelle et sonore et d’unsystème GPS qui permet à ses utilisateurs de donnerl’alerte en cas de danger – de quoi motiver les pa-rents à équiper leurs enfants. Quant à la consomma-tion proprement générée par les enfants, elle passerapar le portail mobile qui propose de la musique, desjeux vidéo en ligne, un service de messagerie élec-tronique avec possibilité de personnaliser par desimages ses courriels, enfin des mangas à télécharger,la lecture sur téléphone mobile étant un phénomènede société au Japon. AJ

Source :- « Japon : Softbank ouvre « Yahoo ! Kids », un portail mo-bile pour les enfants », AFP in tv5monde.org, 16 février2007

Sony invente la télévision de poche mobilepour la TNT

Après les téléphones mobiles TNT, les lecteurs de DVDportables équipés d’un tuner TNT mobile, les Japo-nais disposent depuis avril 2007 d’une télévision mo-bile de poche pour regarder la TNT. Proposée parSony, cette mini-TV intègre un tunerTNT numérique etun tuner analogique pour recevoir la radio. Vendueenviron 40 000 yens (260 euros), la télévision de poche de Sony offre un écran assez

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auprès des opérateurs ayant même tendance à bais-ser quand la facturation des services en ligne profited’abord aux fournisseurs. AJ

Sources :- « Près du tiers des Japonais accrochés à leur portableplus de 3 heures par jour », AFP in tv5monde.org, 2 mars2007.- « Les opérateurs mobiles japonais à la peine sur la 3G »,Régis Arnaud, La Tribune, 23 avril 2007.

Le groupe britannique EMI conquiert laChine en musique avec baidu.com

Baidu, le moteur de recherche chinois, et EMI, la mai-son de disque britannique, troisième major mondiale,ont annoncé, le 16 janvier 2007, le lancement d’unservice de musique en ligne en Chine, le premier dugenre, qui sera financé par la publicité. Cette alliancedoit permettre à EMI de se positionner sur le deuxièmemarché mondial d’Internet en termes de population,juste derrière les Etats-Unis. Le répertoire chinoisd’EMI, baptisé Typhoon, sera accessible en strea-ming, un service de téléchargement définitif de mu-sique étant envisagé par ailleurs, là encore financépar la publicité. En effet, le marché chinois se carac-térise par l’importance du piratage, ce qui incite lesacteurs de la musique à s’intéresser en priorité au fi-nancement par le tiers payant.

En s’alliant avec Baidu, EMI profite de la position stra-tégique du premier moteur de recherche chinois, le-quel détenait 62 % des parts du marché de larecherche en ligne en septembre 2006, et 84 % desparts du marché de la recherche en ligne de musique.

AJ

Sources :- « EMI et baidu.com lancent un service de musique enligne en Chine », Reuters, 16 janvier 2007.- « EMI et Baidu lancent un site Internet de musique enChine », Les Echos, 17 janvier 2007.

Murdoch poursuit sa conquête du marchéchinois avec MySpace

Après la télévision par satellite en Asie, à travers leréseau Star, Rupert Murdoch compte pénétrer le mar-ché chinois avec MySpace. Lancé le 26 avril 2007,MySpace Chine, baptisé Mai Sibei, se distingue tou-tefois de ses autres déclinaisons à travers le monde.En effet, les restrictions imposées par le pouvoir chi-nois aux compagnies étrangères en matière de services

grand (10 x 6 centimètres) comparé aux portablesmobiles.

La télévision de poche mobile pour la TNT apparaîtainsi comme un des nouveaux et nombreux termi-naux de réception de la télévision mobile, laquelle aété lancée au Japon sous l’appellation One-Seg, le1er avril 2006, et qui repose sur la norme locale ISDB-T. AJ

Sources :- « Avec One Seg, la télévision sur mobile devient une réa-lité au Japon », Michel de Grandi, Les Echos, 31 mars2006.- « Sony lance au Japon une mini-télé de poche, avecradio, pour la TNT mobile », AFP in tv5monde.org, 15 mars2007.

Téléphonie mobile au Japon : trois heurespar jour avec son keitai

Le keitai, le téléphone mobile en japonais, est utiliséplus de trois heures par jour par un tiers des jeunesadultes nippons, un véritable phénomène de sociétéoù le téléphone portable s’est transformé en terminalmultimédia. C’est du moins ce qu’atteste une enquête,réalisée en février 2007 pour NeproIT, où 90 % dessondés considèrent que le téléphone portable a enpartie changé leur vie. En effet, au-delà des appels,SMS et services de messagerie électronique, le télé-phone portable est massivement utilisé au Japonpour les services à valeur ajoutée : 40 % des utilisa-teurs l’utilisent pour le m-commerce (« m » signifiantmobile), qui a véritablement décollé en 2002, 38 %l’utilisent pour le téléchargement et l’écoute de mu-sique, 16 % pour la consultation et la rédaction deblogs, 16 % pour la lecture d’articles de journaux oude livres à télécharger, 5 % comme porte-monnaiemobile.

Tous ces services sont tirés par le développement dela 3G. Sur les 100 millions d’abonnés à une offre detéléphonie mobile, pour une population totale de 127millions de personnes, 95 millions ont accès à Inter-net sur leur mobile. Enfin, sur les 95 millions de Ja-ponais utilisant le mobile à la fois pour la voix, lesSMS et Internet, 83 % sont abonnés à une offre detroisième génération, dont 18,5 % à une offre 3,5G.Le développement de la 3G au Japon est tel qu’ilconcerne déjà 23 % des accès à Internet dans l’ar-chipel. Enfin, le développement de la 3G et des ser-vices associés n’entraîne pas une hausse du revenumoyen par abonné pour les trois opérateurs (NTT Do-CoMo, KDDI, Sofdtbank), les prix de l’abonnement

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de télécommunications ont conduit News Corporationà monter une entreprise distincte, contrôlée en partiepar des capitaux chinois. MySpace en Chine reposeainsi sur un système de licence, l’entreprise autoriséeà développer le site communautaire étant détenue parNews Corp. associé pour l’occasion à l’implantationchinoise de l’américain International Data Group(IDG) et à China Broadband Capital Partners (CBC).Enfin, l’entreprise est dirigée par le Chinois LuoChuan, lequel a déjà lancé en Chine le portail MSN deMicrosoft.

News Corporation compte s’appuyer sur l’expériencede Luo Chuan et son intimité culturelle avec le modede vie chinois pour éviter les déconvenues qu’ont ren-contré les autres grands acteurs de l’Internet en Chinequi, pour des raisons culturelles et stratégiques, nesont pas parvenus à s’imposer. Ainsi, eBay, avec31,5 % du marché des enchères en ligne, reste der-rière son rival national chinois Taoboa, lequel détenait57,7 % du marché en 2005.

MySpace Chine sera donc paramétré pour les Chinoiset par des Chinois, mais le site diffusera les contenusproduits par News Corporation, notamment ceux re-latifs au sport. Il s’agit, pour News Corp., de conqué-rir les 147 millions d’internautes chinois, nombreuxà fréquenter les sites communautaires locaux déve-loppés par les géants chinois d’Internet à l’instar deBaidu, Tencent ou 51.com.

AJ

Sources :- « MySpace prêt à débarquer en Chine », L’Express, 2 février 2007.- « Murdoch is taking MySPace to China », David Barboza,The New York Times, 27 avril 2007.

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Confrontées à la crise du marché du disque,les majors comptent sur le numérique

A l’occasion du 41e Marché international du disque etde l’édition musicale (Midem), qui s’est tenu àCannes en janvier 2007, l’ensemble des acteurs dusecteur s’est accordé sur l’aggravation de la crise quitouche le marché du disque, laquelle porte d’abordsur l’effondrement des ventes de CD, ensuite sur ladifficile banalisation du téléchargement légal de mu-sique en ligne.

Le 22 janvier 2007, le Syndicat national de l’éditionphonographique (SNEP), qui compte dans ses rangsles quatre majors du disque (Universal Music, EMI,Sony – BMG Music et Warner), dressait un bilan som-bre du marché français du disque pour l’année 2006.Pour la quatrième année consécutive, le marché dudisque est en baisse, de 10,7 % en valeur (862,7millions d’euros en 2006) et de 26,6 % en volume parrapport à 2005. Alors que le marché des supportsphysiques (CD, DVD musicaux) a perdu 40 % de savaleur en quatre ans, les relais de croissance quesont le téléchargement de musique depuis les télé-phones portables et sur les plates-formes de distribu-tion en ligne tardent à se mettre en place. En effet, lessupports physiques constituent encore en France 98% des ventes au détail, même si le nombre d’albumsvendus (73,3 millions d’exemplaires) est en baissede 20,9 % par rapport à 2005, comme d’ailleurs lessingles (17,5 millions d’exemplaires), en baisse de27,9 %.

La musique numérisée est certes en forte progression,mais celle-ci ne saurait compenser les pertes enre-gistrées sur le marché physique, lesquelles

s’élèvent à 172 millions d’euros en 2006. Ainsi, enFrance, le chiffre d’affaires des titres et extraits télé-chargés, depuis les plates-formes de distribution oules téléphones portables, s’élève en 2006 à 43,5 mil-lions d’euros, un chiffre en hausse de 42 % par rap-port à 2005. Particularité du marché français, lesventes depuis les téléphones portables tirent la crois-sance du téléchargement légal de musique. Sur les43,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, la télépho-nie réalise à elle seule 20,5 millions d’euros, tandisque les plates-formes de distribution génèrent 23 millions d’euros, soit 2 % du total des ventes audétail. Mais la France est un cas à part dans la me-sure où le téléchargement légal, comme le passagedu support physique à l’immatériel, sont peu avan-cés. La vente de musique sur Internet ne représente eneffet que 5 % du marché de la musique en France.D’ailleurs, les majors du disque ne s’y trompent pasqui demandent au gouvernement français un taux ré-duit de TVA pour les CD, à 5,5 % au lieu de 19,6 %,conscientes que ce support restera, au moins dansles cinq prochaines années, le premier des supportspour la distribution de la musique.

A l’étranger, avec des degrés de maturité différentsselon les marchés, la migration vers le numériquesemble irréversible. Ainsi, aux Etats-Unis, malgré leralentissement du téléchargement en ligne, dont lapart de marché se situe aux alentours de 20 %, forceest de constater une migration progressive des télé-chargements illégaux vers les plates-formes légales.En effet, la multiplication des poursuites judiciairessemble, selon une étude NPD de juin 2006, favoriserle développement du téléchargement légal et inciterles internautes américains à délaisser les sites depeer to peer. Mais les chiffres de l’année

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2006 sont toutefois négatifs dans leur ensemble : surles deux premiers mois de 2007 (1er janvier – 18mars), et selon les chiffres fournis par NielsenSoundScan, les ventes de CD ont reculé de 20 % parrapport à la même période l’année précédente, pas-sant de 112 millions d’exemplaires à 89 millions ;les ventes d’albums en ligne ont également baissé,passant de 119 à 99 millions d’albums téléchargés ;enfin les ventes de singles en ligne sont, quant àelles, en nette augmentation (+ 19 %), passant de242 millions à 288 millions sur la même périodeentre 2006 et 2007.

En Corée du Sud, le basculement définitif vers le nu-mérique est annoncé car les ventes en ligne ont dé-passé les ventes physiques. Selon l’InternationalFederation of Phonographic Industry (IFPI), elles re-présentent 57 % du total des ventes. La Corée du Sudentre dans la catégorie particulière des pays où lavente de musique numérique est tirée par la télépho-nie mobile, notamment par les mobiles de troisièmegénération dont les débits de réception facilitent le té-léchargement des titres. Ainsi, au Japon, ce sont prèsde 90 % des téléchargements de musique qui sonteffectués depuis un mobile.

En définitive, le chiffre d’affaires de la musique nu-mérique s’élève, sur le plan mondial, à 2 milliards dedollars en 2006, soit 10 % du marché de la mu-sique, la part de la musique numérique ayant quasi-ment doublée en un an (5,5 % en 2005). L’Europecompte pour 20 % du total des ventes mondiales demusique en ligne. Cette croissance forte du marchédépend toutefois de plusieurs facteurs, notamment dunombre de plates-formes de distribution et du nombrede titres disponibles par plate-forme. En effet, le dé-veloppement du téléchargement légal a longtemps étéentravé par les stratégies séparées des majors qui neparvenaient pas à s’accorder sur une offre globale.Contre toute attente, c’est un intermédiaire technique,Apple, qui a permis le décollage du marché de la mu-sique numérique : en commercialisation l’iPod, unlecteur portable de fichiers musicaux numériques, touten proposant simultanément une offre sécurisée surson site iTunes Music Store, lancé en avril 2003, lefabricant informatique a réussi à convaincre les ma-jors de le laisser distribuer leurs titres. A tel pointqu’Apple concentre aujourd’hui 80 % des ventes enligne de musique aux Etats-Unis. La domination d’Ap-ple sur le marché de la musique en ligne, liée no-tamment à l’incompatibilité des formats entre l’iPod etles autres baladeurs numériques, laisse toutefois uneplace à la concurrence.

Ainsi, l’IFPI recense 498 services de musique en

ligne dans 40 pays. En France, iTunes, arrive en pre-mière position avec près de 50 % du marché, le restedes ventes se répartissant essentiellement ente Vir-ginMega, numéro 2 du marché, et FnacMusic, nu-méro 3 du marché. A cette exception française près,la bonne santé d’iTunes conditionne indirectementcelle du marché de la musique en ligne sur le plan in-ternational, marché que les majors considèrent, àterme, comme leur principal poste de recettes.

Cet état de fait pourrait cependant changer, d’abordparce que l’iPod d’Apple soulève des questions d’in-teropérabilité qui, malgré le récent accord passé avecEMI, retardent le véritable décollage du marché de lamusique en ligne, ensuite parce que le marché de lamusique numérique devrait encore se diversifier avecle développement des sites communautaires etd’échange. Les sites comme YouTube ou MySpace,devenus des outils de marketing indispensables pourles artistes, devraient à terme constituer un vecteursupplémentaire et significatif de financement de lacréation musicale, à travers cette fois-ci une formulefondée sur le tiers payant qui rompt avec les modali-tés anciennes du paiement à l’acte.

A cet égard, le principe du téléchargement illimité demorceaux constitue une des pistes actuellement tes-tées par les majors, que ce soit sur les plates-formescommunautaires ou moyennant abonnement. Ainsi,en France, MusicMe a lancé une première plate-formede téléchargement illimité, pour un abonnement de14,95 euros mensuels, où l’on retrouve 600 000 ti-tres issus pour la plupart des catalogues des majors.

AJ

Sources :- « La musique numérique gagne du terrain », EmmanuelTorregano, Le Figaro, 18 janvier 2007.- « Le marché mondial de la musique numérique a doubléen 2006 », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 18 janvier2007.- « Année noire pour le disque », Véronique Mortaigne etSylvain Siclier, Le Monde, 23 janvier 2007.- « Le marché du disque broie encore du noir », EmmanuelTorregano, Le Figaro, 23 janvier 2007.- « Cinq ans pour remettre la filière musicale en piste »,David Carzon, 20 Minutes, 24 janvier 2007.- « Effondrement des ventes de CD aux Etats-Unis », I.R.,La Tribune, 23 mars 2007.

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Apple, le n° 1 de la musique en ligne, inciteles majors à débattre du bon usage desDRM pour sauver le modèle économique quia fait le succès de l’iPod.

Alors que la banalisation du téléchargement légal demusique en ligne est présentée comme le seul moyend’inverser la courbe des ventes de morceaux et al-bums, notamment en développant des marchés deniche pour la musique numérique, l’attitude d’Apple,leader mondial de la vente de musique numérique,soulève de nombreuses interrogations.

Le modèle économique mis en place par Apple sefonde sur un écosystème en apparence clos. Seul lesite iTune Music Store d’Apple vend les fichiers musi-caux protégés compatibles avec l’iPod, le baladeurde la firme, sorte de juke-box de poche, dont lesventes relèvent du véritable phénomène de société :près de 70 millions d’iPod ont été vendus dans lemonde depuis son lancement en 2001, le site iTunesMusic Store ayant été lancé en 2003. En deux ans,dès fin 2005, les ventes en ligne sur iTunes MusicStore explosaient, faisant du téléchargement légal demusique en ligne un mode crédible de distributionpour les éditeurs, mais totalement contrôlé par Apple.En effet, le couple iPod - iTunes Music Store exclut dumodèle mis en place par Apple tous les formats etsystèmes de protection technique ou DRM (DigitalRights Management) des firmes concurrentes, Applerefusant de fournir, sous licence, son propre systèmeDRM, le système FairPlay couplé au format de fichiermusical propriétaire AICF. Si l’objectif est de rassurerles majors, les revenus générés par la vente de mu-sique en ligne restent, pour Apple, sans communemesure avec ceux générés par l’iPod, au centre despréoccupations du groupe.

Aussi, la position d’Apple a-t-elle moyennement sur-pris l’ensemble de la profession quand son P-DG,Steve Jobs, dans une lettre ouverte publiée le 6 fé-vrier 2007 sur le site du groupe et intitulée « Pensées sur la musique », s’est déclaré favorable àla suppression des DRM, tout en dénonçant l’attitude« des maisons de disques qui exigent des protectionspour les musiques vendues en ligne alors qu’ellesvendent des milliards de CD qui contiennent des mu-siques entièrement non protégées ». En définitive, lesmajors seraient indirectement responsables de l’ab-sence d’interopérabilité entre les titres téléchargés de-puis iTunes et les baladeurs numériques concurrentsde l’iPod. En exigeant un système DRM propriétaire etincompatible, elles seraient à l’origine du maintien dusystème clos mis en place par Apple.

Les DRM sont des systèmes techniques, liés à cer-tains formats de compression des fichiers musicauxen ligne, qui gèrent le respect des droits de propriétéintellectuelle des chansons ou albums téléchargés.Ils vérifient que le consommateur a bien le droit delire le morceau et limitent le nombre de copies et detransferts vers d’autres supports ou lecteurs. Les DRMont la faveur des majors du disque parce qu’ellescraignent de voir leurs morceaux échangés illégale-ment sur Internet dès lors qu’ils seraient commercia-lisés en ligne sans protection. Mais la guerre desstandards, tant pour la compression des fichiers mu-sicaux que pour les DRM, conduit à une absence gé-néralisée d’interopérabilité entre les plates-formes detéléchargement légal et les baladeurs numériques surle marché. Par conséquent, l’essentiel de la musiqueéchangée en ligne l’est illégalement, sous le format decompression MP3, qui n’inclut pas de mesures tech-niques de protection, et qui a l’avantage d’être com-patible avec tous les baladeurs numériques. C’est ceque révèlent les chiffres communiqués par Steve Jobsquand il demande la suppression des DRM : 97 %des morceaux stockés sur les iPod le sont en formatMP3, qu’ils aient été téléchargés légalement ou illé-galement, ou obtenus après transfert depuis un CD.En effet, 20 milliards de titres sont vendus annuelle-ment sur CD sans aucune mesure anti-copie, contre2 milliards de titres vendus en ligne, généralementavec une protection. Sur ces deux milliards de titresvendus en ligne, Apple, profitant de la clientèle cap-tive ayant acheté un iPod, se taille la part du lion avecson système DRM, même si les titres ainsi téléchar-gés depuis iTunes ne comptent que pour 3 % ducontenu des iPod.

La force d’Apple sur le marché de la musique en lignetient d’abord au faible développement de ce dernier,entravé qu’il est par l’absence d’interopérabilité. Car laguerre des standards et les limitations de transferts etde copies imposées par les DRM dissuadent les in-ternautes de se tourner vers le téléchargement légal,freinant d’autant le véritable décollage du marché dela musique numérique, tout en conférant au MP3 etau téléchargement illégal un avantage comparatif surle plan technique, avant même de soulever la ques-tion du budget qu’un internaute est susceptible deconsacrer à l’achat de musique en ligne. Et ces li-mites intrinsèques au marché légal de la musique enligne semblent même toucher Apple à son tour, cedernier ayant probablement atteint son seuil maximalde pénétration. Ainsi, une étude du cabinet Forrester Re-search, publiée le 12 décembre 2006, a mis en évidencela baisse constante du chiffre d’affaires réalisé par Apple avec iTunes depuis le

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pic du quatrième trimestre 2005. Malgré les ventesen hausse d’iPod, cette baisse s’explique d’abord parle recul des transactions mensuelles sur iTunes quisont passées, pour 1 000 foyers américains, de 17transactions en janvier 2006 à près de 7 transactionsen juillet 2006, soit une baisse de 58 %. Cette baisses’explique également par le recul du montant moyendes transactions, celui-ci étant passé de plus de 8dollars à moins de 6 dollars, une baisse de 17 %. Endéfinitive, le chiffre d’affaires d’iTunes Music Store au-rait chuté de près de 65 % entre janvier et juillet2006, ces chiffres rappelant qu’Apple est d’abord unvendeur de produits électroniques. Ainsi, au premiertrimestre 2007, le chiffre d’affaires généré par lesventes d’iPod est de 3,4 milliards de dollars, quand la division iTunes neréalise en comparaison qu’un chiffre d’affaires de 634millions de dollars, en hausse par rapport au derniertrimestre 2006, dont une part provient certes desventes de musique sur iTunes Music Store, mais dontl’autre provient des ventes d’accessoires pour lesiPod. Reste que les déboires d’iTunes pourraient àterme entraîner un désintérêt pour l’iPod, les deux pro-duits ayant été pensés en complémentarité.

Aussi, le revirement stratégique de Steve Jobs sembleplus dicté par l’évolution du marché et la lassitudedes consommateurs plutôt que par un souci avéréd’assurer l’interopérabilité des lecteurs numériques.Apple doit en effet faire face à une double menace.

Première menace : considérant que les DRM ne sontpas parvenus à enrayer la piraterie, considérant éga-lement que l’actuel système de DRM, en pénalisantles consommateurs qui optent pour la légalité, est « une prime à la piraterie », selon l’expression deJean-Noël Reinhart, président du directoire de Virgin-Mega, certaines plates-formes et certains producteursindépendants optent pour la vente légale de musiqueen ligne en format MP3 et sans DRM. Ils concurren-cent donc directement la plate-forme iTunes, tout ens’adressant à l’ensemble des consommateurs, à l’ins-tar du distributeur américain eMusic, deuxième acteursur le marché mondial de la musique en ligne der-rière Apple, qui propose uniquement des titres au for-mat MP3 et sans DRM. En France, les distributeursFnac.com et VirginMega ont également commencé àvendre, depuis janvier 2007, des chansons sansDRM suite à des accords passés avec des produc-teurs indépendants, respectivement 150 000 titres pourFnac.com et 200 000 titres pour VirginMega. Parconséquent, les titres achetés légalement sur cesplates-formes sont compatibles avec les iPod sansqu’il soit nécessaire de les avoir

téléchargés depuis iTunes Music Store. Ces titres ontencore l’avantage d’être copiés à souhait et d’êtretransférés sur n’importe quel autre équipement dufoyer.

Face à cette nouvelle concurrence, la position deSteve Jobs, quand il a demandé la suppression desDRM, a consisté à défendre la marque iTunes. PourApple, l’annonce, le 2 avril 2007, d’un accord de dis-tribution sur iTunes du catalogue d’EMI sans DRM, aainsi permis de replacer la plate-forme au cœur del’innovation en matière de téléchargement légal enligne. Alors que les distributeurs indépendants nes’étaient accordés qu’avec des producteurs indépen-dants, disposant d’un catalogue restreint, l’accordentre EMI et Apple porte sur l’un des plus grands ca-talogues au monde, déverrouillant de fait le marchéde la musique en ligne. En effet, le catalogue d’EMIcompte 1 300 artistes. Enfin, l’accord entre EMI etApple innove en matière tarifaire. Alors que la domi-nation d’iTunes sur le marché de la musique en ligneavait conduit ses concurrents comme les majors às’aligner sur le prix unique proposé par Apple, en gé-néral 0,99 euro, EMI a obtenu une augmentation destarifs pour ses titres sans DRM, ces derniers devantêtre vendus, à partir du mois de mai, au prix de 1,29euro. Cette augmentation est justifiée par la meilleurequalité sonore des titres non protégés par les sys-tèmes DRM. Elle constitue de fait une compensation pourEMI.

D’autres majors s’interrogent sur l’opportunité de sup-primer les DRM : après qu’EMI eut testé la vente enMP3 d’un titre de Norah Jones sur Yahoo! Musicavant de s’accorder avec Apple, Universal Music amis en ligne sur sa plate-forme, en mars 2007, unalbum live d’Emilie Simon à la fois au format WMA etau format MP3. Car la suppression des DRM sembleeffectivement plébiscitée par les internautes. Ainsi, de-puis la mise en ligne de fichiers MP3 sur Fnac.com,le poids commercial des catalogues sans DRM adoublé par rapport aux titres encore protégés. PourDenis Olivennes, PDG de la Fnac, « les gens achètentdeux fois plus de musique en ligne si elle est sansDRM ». Est-ce là un argument pour convaincre lesmajors d’ouvrir leurs catalogues afin de stimuler lemarché de la musique numérique ? Au moins cetteévolution laisse-t-elle augurer d’un marché plusconcurrentiel où d’autres plates-formes qu’iTunespourront concerner les détenteurs d’iPod.

Deuxième menace à laquelle Apple doit répondre : lesassociations de consommateurs commencent à s’at-taquer au site iTunes. Le 22 janvier 2007, plusieursassociations européennes de consommateurs,

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les ombudsmen norvégien et finlandais, la Fédéra-tion des organisations de consommateurs alle-mandes (VZBV), l’UFC-Que Choisir pour la France,ont appelé à la mise en œuvre de l’interopérabilitédes titres achetés sur iTunes Music Store au plus tardau 1er octobre 2007. Elles demandent à Apple de né-gocier avec les éditeurs pour être en mesure de dif-fuser des titres sans DRM, ou encore de licencier sonpropre système de DRM, le FairPlay, voire, idéale-ment, de s’entendre avec les autres acteurs pour dé-velopper un système DRM standard. A cet égard,l’accord avec EMI et la prise de position de SteveJobs, qui tente de faire porter aux majors la respon-sabilité du système actuel, constituent à l’évidenceun moyen détourné de s’exonérer de toute poursuite.

Enfin, Apple devra répondre aux demandes de laCommission européenne qui cherche à mettre enplace un marché paneuropéen de la musique enligne qui soit ouvert et concurrentiel, contre les res-trictions techniques imposées par Apple avec sonsystème de DRM, mais également contre les majorsqui ont négocié avec Apple des restrictions territo-riales sur les différents sites européens d’iTunes.Ainsi, en mars 2007, Meglena Kuneva, la commis-saire européenne à la protection des consommateurs,se prononçait une première fois, à titre personnel,contre Apple, considérant comme anormal le fait qu’« un CD puisse être lu sur tous les lecteurs CD, maisune chanson achetée sur iTunes uniquement sur uniPod ». La Commission européenne a toutefois pré-cisé qu’elle « n’a pas l’intention dans l’immédiat decontraindre Apple à ouvrir son magasin de musiqueen ligne iTunes à ses concurrents ». En revanche, le30 mars 2007, la Commission européenne, par l’in-termédiaire de Neelie Kroes, la commissaire à laconcurrence, a transmis à Apple et aux majors unecommunication de griefs, première étape formelled’une procédure d’infraction en droit de la concur-rence, suite à une plainte reçue par une associationde consommateurs britanniques. Cette dernière dé-nonce les restrictions territoriales sur iTunes qui per-mettent ainsi à Apple et aux maisons de disques devendre les singles plus chers en Grande-Bretagne(1,17 euro) et au Danemark (1,07 euro), alors qu’ilssont vendus partout ailleurs en Europe au prix de0,99 euro. Suivant la position des consommateursbritanniques, la Commission européenne considèrecette pratique de restrictions territoriales comme illé-gale et demande à Apple et aux maisons de disques,non pas d’harmoniser les tarifs sur le plan européen,mais de permettre à n’importe quel internaute de pou-voir acheter un titre sur une plate-forme iTunes,quelle que soit la nationalité de la

plate-forme et quel que soit le pays de résidence dell’acheteur. En définitive, cette plainte risque de favo-riser Apple qui pourra imposer un prix unique et uneplate-forme européenne unique – comme il l’a tou-jours souhaité – au lieu de conduire à l’instaurationde prix différenciés, comme le souhaitent de nom-breux producteurs de musique, habitués à différen-cier leurs tarifs selon la date de sortie du titre, lacatégorie de musique et l’appartenance ou non des ti-tres à des fonds de catalogue. AJ

Sources :- « Les DRM accusés de freiner le développement de la mu-sique en ligne », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 5 dé-cembre 2006.- « Le modèle iTunes rencontre ses limites », Isabelle Re-piton, La Tribune, 14 décembre 2006.- « Le site iTunes d’Apple serait en perte de vitesse », EricLeser, Le Monde, 15 décembre 2006.- « Virgin et la Fnac annoncent la vente en ligne de mu-sique non verrouillée », Odile de Plas, Le Monde, 18 jan-vier 2007.- « La musique numérique gagne du terrain », EmmanuelTorregano, Le Figaro, 18 janvier 2007.- « Les verrous sur les fichiers numériques, casse-tête del’industrie musicale », AFP in tv5monde.org, 21 janvier2007.- « Des organisations européennes de consommateurs fontpression sur Apple », AFP in tv5monde.org, 22 janvier2007.- « Les déclarations anti-DRM de Steve Jobs font sourire »,Philippe Crouzillacq, 01net., 7 février 2007.- « Apple se fait l’apôtre de la musique sans protection »,Emmanuel Torregano, Le Figaro, 8 février 2007.- « Musique : volte-face d’Apple sur les copies », IsabelleRepiton, La Tribune, 8 février 2007.- « Les verrous numériques sont une incitation au piratage »,interview de Denis Olivennes, PDG de la Fnac, par Chris-tophe Alix, Libération, 15 février 2007.- « Musique en ligne : Apple rencontrera bientôt la Com-mission européenne », G.P., Les Echos, 13 mars 2007.- « Apple dans le collimateur de Bruxelles », I.R., La Tri-bune, 13 mars 2007.- « Les tarifs d’iTunes en Europe, pomme de discorde entreBruxelles et Apple », AFP in tv5monde.org, 3 avril 2007.- « EMI et Apple font sauter les verrous musicaux », Em-manuel Torregano, Le Figaro, 3 avril 2007.- « Apple dans le collimateur de Bruxelles », I.R., La Tri-bune, 3 avril 2007.- « EMI déverrouille le marché de la musique en ligne »,Grégoire Poussielgue, Les Echos, 3 avril 2007.- « Bruxelles attaque les restrictions imposées par les ma-jors du disque à Apple », Karl de Meyer, Les Echos, 3 avril2007.- « Bruxelles fait finalement le jeu d’Apple », Emmanuel Tor-regano, Le Figaro, 4 avril 2007.- « EMI et Apple déverrouillent l’offre payante de musiqueen ligne », Nathalie Brafman, Le Monde, 4 avril 2007.

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Les sites communautaires multiplient lesaccords de fourniture légale de contenus

Malgré la plainte déposée par Viacom contre You-Tube, qui réclame 1 milliard de dollars au sited’échange de vidéos pour « violation massive et in-tentionnelle des droits d’auteur », YouTube s’imposeprogressivement comme un acteur majeur de la dif-fusion légale de contenus vidéo sur Internet en multi-pliant les accords de diffusion avec les ayants droit.L’objectif pour Google, qui a racheté YouTube en oc-tobre 2006, est de devenir la première chaîne de té-lévision du futur où les internautes, plutôt que d’êtreastreints à une programmation linéaire, viendraientchoisir les programmes qu’ils désirent visionner. Maiscette stratégie dépend tout à la fois de la légalité deséchanges de vidéos sur la plate-forme et de l’inven-tion d’un modèle économique viable. En effet, l’ex-ploitation publicitaire de contenus protégés étantinterdite en l’absence de licence, YouTube se doit depasser des partenariats avec les éditeurs de conte-nus, sauf à n’être qu’une plate-forme d’échanges pourl’essentiel illégaux, comme ont pu l’être les sites depeer to peer de première génération. Une fois cet obs-tacle franchi, YouTube pourra développer des straté-gies publicitaires plus complexes, notamment enintégrant de la publicité aux vidéos disponibles enligne, et rentabiliser ainsi son activité, les revenus pu-blicitaires générés par YouTube étant pour l’instantquasi-inexistants.

A cet égard, la succession d’annonces de partenariatentre YouTube et les éditeurs de contenus semble pré-parer une évolution de la physionomie du sited’échange de vidéos. Cette évolution est d’autant plusnécessaire que 70 % des contenus les plus regardéssur YouTube sont des contenus protégés. Autant direque Google ne peut pas se permettre de les retirer deson site, sauf à voir l’audience s’effondrer et, avecelle, les moyens de s’imposer comme le futur leaderde la distribution de vidéos sur Internet. Google auraitainsi conclu plus de 1 000 accords de partenariat avecdes propriétaires de contenus, dont les plus impor-tants sont les accords conclus avec certaines desplus grandes chaînes de télévision américaines, dontNBC, CBS et Fox, avec la NBA qui propose sur You-Tube NBA Channel, un espace dédié de diffusion desvidéos du championnat de basket américain, enfinavec des maisons de disques, qu’il s’agisse d’Uni-versal Music, Warner Music ou des maisons dedisques indépendantes comme Wind-up Records,Hollywood Records (groupe Disney) ou le label de lachanteuse Hilary Duff. Ces accords prévoient àchaque fois un partage des revenus publicitaires ainsigénérés sur YouTube.

Le 2 mars 2007, YouTube et la BBC annonçaientégalement un accord de partenariat. Non exclusif, cepartenariat porte sur la création de trois chaînes à lamarque BBC diffusées depuis YouTube. Deux chaînesporteront sur le divertissement, une première propo-sant des clips de nouveaux spectacles et du contenupromotionnel pour les séries à succès diffusées sur laBBC.

La seconde chaîne de divertissement reprendra desclips en provenance de BBC World et bénéficiera enpartie des revenus publicitaires générés par leur dif-fusion sur YouTube. Une dernière chaîne proposeraquant à elle des clips d’actualité en provenance deBBC World, ce qui permettra là encore de les financerpar de la publicité pour les utilisateurs non résidantsde Grande-Bretagne. En effet, à l’exception de BBCWorldwide, la division commerciale de la BritishBroadcatsing Corporation, la publicité est interdite surles chaînes de la BBC diffusées en Grande-Bretagne,lesquelles sont financées exclusivement par la rede-vance.

Pour la BBC, cet accord de partenariat avec YouTubedoit lui permettre d’augmenter l’audience de son siteen lui offrant la possibilité de toucher un public horsde ses frontières. En effet, les clips diffusés sur You-Tube, accompagnés de promotions pour les émis-sions de la BBC, comportent un lien vers le site de laBBC. A cet égard, YouTube est considéré par la BBCcomme un outil promotionnel – un public potentiel de70 millions d’internautes - et non comme un moyende distribution alternatif, les émissions n’étant pas dif-fusées dans leur intégralité.Enfin, Google a développé pour YouTube une techno-logie permettant de contrôler et de facturer l’accès auxvidéos mises en ligne par les internautes afin de pou-voir rémunérer ces derniers. YouTube compte ainsi at-tirer sur son site des contenus générés par lesutilisateurs qui soient de qualité (musique, images) etlui permettent de s’affranchir en partie de sa dépen-dance à l’égard des producteurs professionnels decontenus.

YouTube devra également faire face à la stratégie desautres acteurs de la vidéo en ligne et des acteurs mé-dias qui, inquiets de son hégémonie sur ce marché,ont décidé de lancer des offres concurrentes. En effet,les groupes propriétaires de contenus préfèrentconserver leur contrôle sur les vidéos diffusées enligne, au point souvent de se contenter d’accords departenariat très restrictifs avec les plates-formesd’échange de vidéos ou les plates-formes de distri-bution comme celle d’iTunes d’Apple. Ainsi, aprèsavoir contraint YouTube à retirer de son site la plupart

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des vidéos lui appartenant, Viacom a vu l’audience deses propres sites augmenter très nettement. Demême, le groupe Disney a fait le choix de diffuser lui-même ses propres séries plutôt que de passer par unintermédiaire. Il a également passé un accord avecApple, Steve Jobs étant présent au conseil d’admi-nistration de Disney, qui annonçait, début février,avoir vendu 1,3 million de films en trois mois sur laplate-forme iTunes Music Store.

Parmi les concurrents de YouTube, DailyMotion,deuxième site d’échange de vidéos au monde avecplus de 3 millions de visiteurs uniques en décembre2006, a également conclu, à la suite de YouTube,des partenariats avec plusieurs majors du disquepour diffuser leurs clips vidéo, ainsi du partenariatavec Warner Music, annoncé le 22 janvier 2007, etavec Universal Music, conclu le 6 mars 2007. Le 21décembre 2006, DailyMotion et la Société civile desproducteurs de phonogramme (SPPF) avaient an-noncé un accord expérimental pour un an.

Sur le territoire américain, les succès de YouTube ontégalement conduit ses principaux rivaux à lancer leurpropre plate-forme d’échange de vidéos en s’ap-puyant cette fois-ci sur le contrôle de certains des plusgrands catalogues aux Etats-Unis. Ainsi, NBC et NewsCorp., lequel possède MySpace, le deuxième sitecommunautaire aux Etats-Unis, avec 19 % de partsde marché contre 41 % pour YouTube en décembre2006, vont-ils lancer durant l’été 2007 un service devidéo premium en ligne. Il sera accessible depuis lesportails concurrents de Google, NBC et News Corp.s’étant d’ores et déjà alliés à AOL, MSN et Yahoo!, les-quels revendiquent ensemble, en incluant MySpace,quelque 96 % de l’audience mensuelle totale sur In-ternet aux Etats-Unis. On y trouvera gratuitement cer-tains films, comme Borat ou Little Miss Sunshine, desséries comme Les Simpsons, Prison Break ou 24,ainsi que des clips des catalogues de la Fox (News-Corp.) et de NBC Universal. Pour News Corp. et NBCUniversal, l’objectif est de reprendre le contrôle surleurs contenus tout en récupérant, par la publicité surla plate-forme et celle intégrée dans les films et pro-grammes diffusés, une partie des recettes publicitairesqui ont migré de la télévision vers Internet.

De son côté, Microsoft a également lancé, en sep-tembre 2006, sa propre plate-forme d’échange de vi-déos, baptisée Soapbox. Il s’est toutefois résolu, enmars 2007, à stopper le processus de recrutementde nouveaux membres pour limiter le nombre de vi-déos échangées illégalement, en l’attente d’un sys-tème technique permettant de contrôler la nature des

contenus mis en ligne par les internautes. SoapBoxfait également partie des partenaires de News Corp. etNBC Universal pour la diffusion en ligne de vidéos.

Enfin, YouTube devra affronter une concurrence d’ungenre nouveau, celle des télévisions du futur en peerto peer, et notamment Joost, qui, après des accordsavec Warner Music ou Endemol, a annoncé, le 20 fé-vrier 2007, avoir passé un accord de partenariat avecViacom, alors même que celui-ci est en procès contreYouTube. AJ

Sources :- « Les fondateurs de Skype dévoilent une plate-forme TVgartuite », Gavin Haycock, Reuters – 01net., 17 janvier2007.- « Warner signe un accord majeur avec DailyMotion »,Emmanuel Torregano, Le Figaro, 22 janvier 2007.- « Pour nourrir sa croissance, Google veut inventer denouveaux marchés », Michel Kitareff, Les Echos, 2 février2007.- « Walt Disney a vendu 1,3 million de films sur iTunes entrois mois », Les Echos, 2 février 2007.- « Viacom s’associe avec la plate-forme de télévision surInternet Joost », AFP in tv5monde.org, 20 février 2007.- « Google peine à attirer les fournisseurs de contenus surYouTube », Laetitia Mailhes, Les Echos, 28 février 2007.- « La BBC et YouTube signent un accord de mise en lignede vidéos de la BBC », communiqué de presse BBC, 2mars 2007.- « La BBC scelle un accord avec YouTube pour y propo-ser des vidéos », AFP in tv5monde.org, 2 mars 2007.- « YouTube multiplie les partenariats pour du contenu légal», AFP in .tv5monde.org, 4 mars 2007.- « DailyMotion va diffuser les clips vidéo d’Universal Music», E.P. et G.P., Les Echos, 7 mars 2007.- « Google fait de l’œil aux éditeurs de contenus », SandrineCassini, La Tribune, 13 mars 2007.- « Procès à 1 milliard de dollars contre YouTube et Goo-gle », David Barroux, Les Echos, 14 mars 2007.- « News Corp et NBC s’allient pour créer le rival du site devidéo YouTube », Isabelle Repiton, La Tribune, 23 mars2007.- « NBC et News Corp créent un concurrent de YouTube »,N.M., Les Echos, 23-24 mars 2007.

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A retenirggIPTV (Télévision sur protocole Internet)

L’Internet Protocol Television, autrement appelée « télévision sur protocole Internet » ou « télévision enmode IP », est un service de télévision numérique in-clus dans les offres des fournisseurs d’accès, encomplément d’Internet et du téléphone. Les chaînesde télévision ou les services de VOD ainsi proposés,sont diffusés via les lignes téléphoniques dont les ca-pacités de transmission ont été dopées grâce à latechnique ADSL. Ce nouveau mode de diffusion vientcompléter les offres numériques du câble, du satelliteet de la télévision numérique terrestre (TNT). Utilisantune infrastructure de réseaux fermée comme celle ducâble, l’IPTV ne connaît pas les contraintes des autresmodes de diffusion, le nombre de canaux disponiblesou encore, le nombre d’utilisateurs connectés simul-tanément, contrairement à la Web TV diffusée par In-ternet comme Joost ou les services de vidéo en lignecomme YouTube. Du côté de l’utilisateur, l’IPTV peutêtre reçue soit sur un ordinateur, soit sur un écran detélévision via un décodeur (box), soit enfin sur l’écrand’un téléphone portable 3G.

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VOD (Vidéo à la demande)

La vidéo à la demande (VOD) est un service « non li-néaire », en ce sens qu’il est affranchi du flux de pro-grammation d’un service de télévision. Ce nouveauservice réside en une offre de programmes (œuvrescinématographiques ou audiovisuelles, ou autrescontenus vidéo) accessibles via une plate-forme In-ternet et grâce à un écran d’ordinateur ou via un canalde télévision en mode IP (Internet Protocol), en com-plément du bouquet de chaînes inclus dans les offresADSL dites multiple play des fournisseurs d’accès etreçues alors sur un écran de télévision. A l’exceptiondes offres gratuites (FOD-Free On Demand) et de lacatch-up TV (télevision de rattrapage), les pro-grammes sont généralement proposés à la location àl’unité ou en pack (en streaming, c’est-à-dire au fildu téléchargement) pour une consommation à durée

limitée, ou bien à l’achat, avec possibilité de les gra-ver sur un DVD.De nombreux acteurs proposent des services de VOD :les fournisseurs accès à Internet, les chaînes de télé-vision, les producteurs ou distributeurs de cinéma, leséditeurs vidéo, les distributeurs de biens culturels, lesservices d’archives audiovisuelles ou encore les en-treprises Internet et les industriels de l’électroniquegrand public et de l’informatique.Le paiement à la séance ou à l’acte est encore lemode le plus courant ; néanmoins, la formule del’abonnement offrant la possibilité de visionner unlprogramme un nombre illimité de fois se développepour les contenus audiovisuels.

Comparable à un vidéo-club à domicile, la VOD estun nouveau mode de distribution entrant en concur-rence frontale avec l’édition vidéo. Selon l’échéancierde la diffusion d’un film appelé « chronologie des mé-dias », les professionnels se sont accordés sur unecommercialisation en VOD démarrant un mois etdemi après la sortie vidéo, soit 33 semaines aprèsl’exploitation en salle. Des discussions sont en coursafin de modifier ces délais, la France étant un desseuls pays à maintenir une fenêtre d’exploitation desix mois à compter de la date de sortie nationale ensalle. La sortie d’un film en salle, en DVD et en VOD,peut être simultanée aux Etats-Unis et le délai entrela salle et la VOD réduit à 60 jours au Royaume-Uni.Par ailleurs, la loi du 5 mars 2007 prévoit la contri-bution des fournisseurs d’accès au compte de soutienà l’industrie des programmes. Reste que les plates-formes de VOD ne sont soumises à aucun quota denationalité ou de diversité des œuvres proposées.

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DTO (Download to Own)

Le Download to Own est un service complémentairede la VOD, consistant à envoyer par courrier un DVDde sauvegarde du film téléchargé. En France, lachaîne TF1 a recours, pour l’instant, à ce procédé decommercialisation. FL

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DTB (Dowload to Burn)

Le Dowload to Burn est utilisé par Canalplay, le ser-vice de VOD de Canal+. Il consiste à envoyer deux fi-chiers pour un même film, l’un étant destiné à êtrestocké sur le disque dur de l’ordinateur, l’autre à êtregravé une seule fois sur un DVD afin de permettre levisionnage du film via un lecteur de salon. FL

Catch-up TV

Service proposé par une chaîne de télévision, en com-plément de son offre VOD, permettant de visionnergratuitement un programme en différé, pendant unesemaine après son passage à l’antenne. Ce type deservice, proposé par les diffuseurs français commeTF1 France 5 et Arte, devrait contribuer à l’essor de laVOD payante. FL

SVOD (Subscription VOD)

La Subscription VOD ou la VOD au forfait ou parabonnement se distingue de la location de pro-grammes à l’unité. Elle permet au souscripteur de bé-néficier d’une offre VOD portant sur un ensemble deprogrammes avec visionnage illimité sur une périodedéterminée. FL

TVOD (Télévision à la demande)

Proposée sur les réseaux câblés aux Etats-Unis, latélévision à la demande est à la fois un service de re-diffusion d’un programme à la demande ou un ser-vice permettant aux téléspectateurs de rattraper ledébut d’une diffusion qu’ils ont manqué. FL

PVR (Enregistreur avec disque dur)

Initiales de Personnal Video Recorder, version numé-rique du magnétoscope à cassette vidéo, cet appareildoté d’un disque dur permet d’enregistrer et donc destocker des programmes afin de les regarder à saconvenance. Cet enregistreur sur disque dur est cou-ramment appelé TiVo, du nom du premier appareil dugenre au monde lancé en 1998 aux Etats-Unis. Unefonctionnalité du PVR, baptisée timeshifting, permetaujourd’hui de regarder la télévision autrement etpourrait bien également à terme en modifier son modede financement. Une fonction « pause » opérée pen-dant la diffusion en direct, entraînant le stockage desdonnées du programme visionné dans

la mémoire vive du PVR, permet un visionnage duprogramme en différé. Le téléspectateur maîtrise ainsile flux de la diffusion et a également toute libertéd’échapper aux messages publicitaires (ad avoi-dance). L’utilisation du PVR, s’accompagne en outred’un guide électronique de programmes (EPG) avecrecherche par mot-clé. A l’exception des Etats-Unis, lemarché des PVR, de salon est embryonnaire. Déve-loppé en Europe, notamment par les opérateurs detélévision payante, avec un succès du reste très rela-tif en France, l’usage du PVR, tend à s’étendre par lebiais des offres multiple play des fournisseurs d’accèsdont les décodeurs (box) intègrent la fonction PVR,avec éventuellement la possibilité de le programmerà distance via un site Web. Les opérateurs dévelop-pent également, grâce au PVR, une fonction de quasividéo à la demande, VOD push, qui permet de télé-charger des programmes sur le disque dur, lesquelspeuvent alors être consommés en toute liberté par letéléspectateur. FL

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Vient deparaîtreggRapport annuel i2010, Commission euro-péenne, mars 2007.

Initiative 2010 est le volet numérique de la « straté-gie pour la croissance et l’emploi » de la Commis-sion européenne, visant à promouvoir l’économienumérique en combinant la recherche, la réglemen-tation et les partenariats public-privé.

Ce deuxième rapport i2010, publié en mars 2007,fournit pour chacun des Etats membres de l’Union denombreux indicateurs permettant d’apprécier le ni-veau de développement des technologies numériquesau sein de la population comme parmi les entreprises,en même temps que les usages afférents : taux de pé-nétration du haut débit, usages des services Internet,mode d’accès, état des services publics en ligne, lesTIC à l’école, le commerce électronique ou encore leniveau des dépenses en recherche et développement(R&D)…Evaluant ainsi l’impact économique du développe-ment des technologies de l’information et de la com-munication au sein des pays de l’Union, ce rapportmontre que le secteur des TIC continue de progresserplus rapidement que l’ensemble de l’économie euro-péenne. Entre 2000 et 2004, les TIC ont contribuépour près de 50 % à la croissance de la productivitéde l’Union européenne, le secteur enregistrant la crois-sance la plus rapide étant celui des logiciels et desservices relevant des technologies de l’information(5,9 % en 2006-2007).

Le rapport montre que l’intégration des technologiesnumériques progresse partout en Europe, même s’ilsubsiste encore des disparités importantes entre lenord et le sud de l’Europe. On constate une forte

croissance des connexions à large bande avec 20 millionsde nouvelles lignes installées durant l’année 2006.Près d’un ménage européen sur quatre possède dés-ormais une connexion Internet haut débit. Six pays –Danemark, Pays-Bas, Finlande, Suède, Royaume-Uniet Belgique- ont un taux de pénétration desconnexions haut débit supérieur à celui des Etats-Unisou du Japon. Ainsi, c’est au Danemark que le déve-loppement des TIC dans les écoles est le plus avancéet que les entreprises utilisent le plus Internet et lecommerce électronique. Si plus des deux tiers desécoles de l’Union européenne ont accès à Internethaut débit, 35 % seulement des écoles en bénéficienten Grèce, en Pologne ou en Lituanie. Des pourcen-tages encore faibles, comparés aux 95 % des écolespubliques américaines qui sont déjà connectées enhaut débit depuis 2003.

A chaque pays, son signe particulier numérique : - l’Italie est la championne de la téléphonie mobile3G ;- le Royaume-Uni a le plus grand nombre de mé-nages équipés d’une télévision numérique ;- les Pays-Bas ont le plus grand nombre d’internautesfervents de jeux et de musique en ligne ;- la Finlande connaît la plus forte utilisation des pointsd’accès réservés au public ;- la Grèce se trouve en fin de liste pour l’ensembledes indicateurs haut débit (taux de pénétration, nom-bre d’internautes, jeux et musique en ligne, web radioet TV, téléphonie sur IP…).- Enfin, seuls deux pays dépassent l’objectif de 3 %du PIB fixé par la Commission européenne, en termesde dépenses pour la recherche : la Suède (3,9 %) et laFinlande (3,5 %). FL

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La Vidéo à la demande en Europe, étuderéalisée par NPA Conseil pour la Directiondu développement des médias (DDM-France) et l’Observatoire européen de l’au-diovisuel (OEA), mai 2007, 370 pages.

Evoquée depuis des années, initiée par le paiement àla séance (pay-per-view), un nouveau mode de com-mercialisation et de consommation des œuvres ciné-matographiques et audiovisuelles, - des contenusvidéos en général - la vidéo à la demande (VOD) estaujourd’hui une réalité. Nés de la numérisation descontenus et exploitant la multiplication des réseauxet des terminaux numériques, ces services se déve-loppent partout en Europe, profitant de l’essor desaccès à haut débit.Qualifiée de service dit « non linéaire » puisqu’ellepermet de s’affranchir du flux organisé de la pro-grammation des chaînes de télévision, la VOD consti-tue un véritable bouleversement pour l’industrie ducinéma et de la production audiovisuelle. Son déve-loppement implique en effet de profonds change-ments tant dans son mode de financement que danscelui de la consommation des œuvres. D’une part, laVOD ouvre le marché des programmes à de nou-veaux acteurs, principalement les opérateurs de télé-communications, et d’autre part, elle permet d’établirdes liens nouveaux avec les consommateurs.

L’étude publiée conjointement par la Direction du dé-veloppement des médias (DDM) et l’Observatoire eu-ropéen de l’audiovisuel (OEA), réalisée par NPAConseil, dresse un état des lieux des services de VODen Europe (à l’exclusion des plates-formes proposantexclusivement des programmes audiovisuels selonun modèle gratuit, des offres de vidéoclips musicaux,des sites d’échange de vidéos et des services sur té-léphonie mobile). Sur un marché pourtant encore em-bryonnaire, il n’existe pas moins de 142 servicespayants de VOD fin 2006, dans les 24 pays européensétudiés (sans compter les services pour adultes et lesservices consacrés exclusivement à la musique),avec une moyenne de 5,8 services par pays (la mé-diane étant à 4). Près de 50 % de l’ensemble de l’of-fre VOD, soit 65 services, provient de quatre pays : lesPays-Bas, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.Trois pays sur les 24 recensés, le Luxembourg, laSlovénie et la Turquie, ne proposent aucune offre.Selon une étude, le développement de la VOD est cor-rélé au taux de pénétration du haut débit et du numé-rique. La grande majorité de ces services sont diffuséssur Internet et sur IPTV, tandis que le câble, le satel-lite et la TNT sont peu utilisés (10,7 %).

L’étude regroupe les acteurs européens de la VOD entrois catégories : les chaînes de télévision, les agré-gateurs de contenus (éditeurs vidéo, sociétés de ges-tion de droits d’auteur, entreprises ou organismes degestion d’archives, les entreprises de commerce dedétails de produits culturels) et les opérateurs de té-lécommunications (opérateurs historiques, fournis-seurs d’accès à Internet, câblo-opérateurs).En dehors de la VOD gratuite (exploitation des pro-grammes audiovisuels en catch-up TV), les offres deVOD payantes proposent leurs contenus à l’achat(dont le prix varie en fonction de la possibilité ou nonde copier le programme, une ou plusieurs fois, surDVD) ou à la location (à l’unité ou au forfait portantsur un ensemble de programmes).

Un recensement des catalogues de programmes ac-cessibles en VOD montre que la majorité des titresproposés à l’achat ou à la location sont des filmsdont 3 % à 25 % sont des nouveautés. Enfin, la plu-part des pays étudiés n’ont pas édicté de réglemen-tation particulière pour la VOD. Lorsque celle-ci existe,comme en France, elle fait l’objet d’une renégociationinterprofessionnelle allant vers un raccourcissementdes délais d’exploitation depuis la sortie en salle,l’édition vidéo et la VOD. Le day to date, soit la sortiesimultanée en DVD et en VOD déjà pratiquée auxEtats-Unis, tend cependant à se généraliser, notam-ment dans les pays nordiques. FL

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Avant la campagne officielle, pen-dant cette période dite « intermé-diaire » où le CSA enjoint auxradios et aux télévisions de respec-ter « l’équité » entre les candidats àla candidature, plusieurs journa-listes ont été « suspendus d’an-tenne ». Début février 2007, lesdirigeants de France Télévisions dé-cidaient d’interdire d’antenne Béa-trice Schönberg (France 2) et MarieDrucker (France 3) jusqu’au lende-main du second tour de la prési-dentielle. L’une et l’autre auraient puêtre soupçonnées de partialité enraison de leurs liens avec un mi-nistre du gouvernement : la pre-mière comme épouse deJean-Louis Borloo, ministre de lacohésion sociale ; la secondecomme compagne, de fraîche date,de François Baroin, ministre desDOM-TOM.

Quelques jours plus tard, deux au-tres journalistes subissaient lemême sort, pour avoir dit publique-ment leurs préférences. Le premier,Alain Duhamel, a été suspendu à lafois par France Télévisions et RTL,après la diffusion sur la Toiled’images prises à son insu, en no-vembre 2006, lors d’une réunionorganisée par des étudiants del’UDF, à l’Institut d’études publiquesde Paris, où il déclarait, à proposde François Bayrou : « C’estquelqu’un que j’aime bien, je vote-rai pour lui, pour dire les choses ».

La vidéo, jusque-là, n’avait été vueque 243 fois sur le site Dailymotion ;

que possible. Une autre chose esttout aussi sûre : avertis comme ilsle sont des liens qui unissent lesresponsables politiques d’un côté,les journalistes ou les éditorialistesde l’autre, les téléspectateurs soup-çonnent immanquablement de par-tialité ceux-ci, lorsqu’ils ont àévoquer les faits et gestes de ceux-là. Marie Drucker et Béatrice Schön-berg symbolisent désormais lesrisques ou les dangers pour l’im-partialité de la proximité, de lacomplicité et la connivence dansl’exercice d’un métier relevant sou-vent de la mission impossible.

Les cas de Duhamel et de Le Meursont différents : l’un et l’autre, quise veulent et que l’on veut impar-tiaux, sont sortis de leur réserve enprenant parti, publiquement, pourl’un des candidats : Bayrou pour lepremier, Sarkozy pour le second.C’est involontairement pour Duha-mel : il se croyait dans une réunionprivée, il ne savait pas qu’on filmaitson intervention et que la vidéo al-lait devenir un argument de cam-pagne pour des militants malinspirés. Il a du reste avoué lui-même son imprudence : « Je l’aidit, je le paie ». Et d’ajouter, sonfrère Patrice faisant partie de la di-rection de France Télévisions, « sij’avais continué, on aurait pris çapour du protectionnisme familial ».Loïc Le Meur, quant à lui, tire les le-çons de son choix de Sarkozy,connu de tous : « Dans la mesureoù j’étais le seul des (quatre) polé-mistes à avoir dit ouvertement pourqui je votais, je mettais (Canal+)dans l’embarras ».

Il jugeait du même coup les règles

au lendemain de la mise à l’écartdu journaliste, le 15 février, on étaitpassé à près de 70 000 visites. Lesecond, le blogueur Loïc Le Meur aété suspendu, lui aussi, parce qu’ilne pouvait plus guère cacher pourqui il allait voter : en janvier, il avaitrejoint l’équipe de campagne de Ni-colas Sarkozy. Canal+ lui appliquala jurisprudence de France Télévi-sions et de RTL : en vertu de cemême principe d’équité imposé parle CSA, il fut obligé de quitter lestrois autres polémistes de l’émis-sion En aparté, dont les choix élec-toraux n’avaient jamais été renduspublics.

Ces mises à l’écart posent en réalitédes questions différentes. Pour lesprésentatrices des journaux télévi-sés, la question est de savoir dansquelle mesure la proximité avec desresponsables politiques peut entra-ver la recherche des faits qui lesconcernent, si cette proximité, quelsqu’en soient la nature ou le degré,peut contrarier la quête d’objectivité,idéal à la fois inaccessible et indis-pensable, à l’instar de n’importequel idéal. Il n’est guère possible derépondre à cette question aussi ai-sément qu’on le voudrait, aussi ai-sément que le voudrait notrevolonté d’être rassurés. En l’occur-rence, une chose est sûre : l’obser-vateur qui se veut impartial doit seméfier de tout ce qui peut l’empê-cher de rapporter les faits avecl’exactitude pour seul souci, et deles interpréter ou de les analyseravec autant de sincérité

ArticlesLe journaliste politique peut-il êtreimpartial ?

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du CSA « complètement ringardesà l’ère d’Internet, (…) poussant lespersonnes invitées des médias à(…) cacher le plus possible leursopinions ». La mise à l’écart desdeux journalistes, au nom des « principes d’indépendance et deneutralité » dont France Télévisionsse réclame, pose la question desrelations entre l’impartialité et lesconvictions. La force de certainesconvictions ne fait-elle pas obsta-cle à la recherche de la neutralitéou de l’objectivité ? Un journalisteest-il capable, en d’autres termes,de faire abstraction de ses préfé-rences partisanes, de sa propre vi-sion du monde historique oupolitique, afin de ne pas déroger àson devoir d’impartialité, afin de nepas trahir la confiance qui lui estaccordée, en vertu précisément dece devoir d’impartialité dont il se ré-clame ?

Répondent par l’affirmative à cettequestion les journalistes qui se di-sent et se veulent impartiaux, aumême titre que les lecteurs ou lestéléspectateurs qui leur fontconfiance, principalement pourcette raison. Les uns comme lesautres savent que le journaliste,comme l’historien, n’accède jamaisqu’à des vérités partielles, impar-faites, approximatives et provi-soires. Mais le journaliste, «historien du présent » selon la for-mule d’Albert Camus, comme onpourrait dire de l’historien qu’il estle journaliste du passé, veut detoutes ses forces, comme ceuxauxquels il s’adresse, que ces véri-tés ne soient entachées d’aucun es-prit partisan, d’aucun esprit desystème, d’aucun esprit de certi-tude, que ces vérités, en d’autrestermes, soient aussi peu subjec-tives que possible.

Interrogés sur la mise à l’écartd’Alain Duhamel, la plupart deséditorialistes, d’Eric Zemmour (i-Télé, Le Figaro) à Philippe Meyer(France Culture) en passant parCatherine Nay (Europe 1) et

pour idéal ? Pourquoi faudrait-il re-noncer, parce que l’exercice est dif-ficile, à rechercher cette exactitudeet cette sincérité dans lesquelless’enracinaient l’autorité d’un Ray-mond Aron ou celle d’un AlbertCamus, ce qui les distinguait deleurs nombreux détracteurs. Leursconvictions respectives mettaient-elles en péril l’honnêteté intellec-tuelle qui était la seule vertu dont ilsconsentaient l’un et l’autre de seprévaloir ?

Affirmer son appartenance à uncamp de l’opinion publique n’est envérité pour le journaliste politique niun interdit, ni une obligation. Il doitsans doute le faire, quand il se veutéditorialiste engagé, ou bienlorsqu’il se prend à douter lui-même de la neutralité de ses ana-lyses ou de ses interprétations. Ilpeut assurément s’abstenir ou s’in-terdire de le faire, s’il distingue l’or-dre de la connaissance et celui dela conviction, s’il se souvient quel’information est un combat sansfin, jamais gagné, contre ses pro-pres préjugés et contre ceux de sontemps.

Renoncer à un journalisme impar-tial comme idéal reviendrait à rui-ner les fondements d’uneprofession dont l’exercice est indis-pensable à la vie politique, à la vieintellectuelle, à la démocratie. Celareviendrait à faire jouer au journa-liste un rôle qui n’est pas le sien,en l’empêchant de remplir cettemission que la société ouverte luiassigne : être un spectateur avantd’être acteur, un observateur plutôtqu’un instituteur, un médiateur plu-tôt qu’un censeur. Pour que certainsjournalistes puissent être engagés,il faut permettre à d’autres de fairele pari de l’impartialité, de prendrele beau risque de l’objectivité. C’estle parti que choisit Christophe Bar-bier (L’Express, LCI) : « Je considèrequ’on n’a pas à dire pour qui onvote (…). Dès qu’on fait des ana-lyses politiques, on se doit d’être leplus neutre possible. (…)

Nicolas Domenach (i-Télé, Ma-rianne) ont condamné la décisionde France Télévisions, estimantqu’un éditorialiste se doit d’afficherses opinions, faute de quoi le débatfinirait par s’affadir. Pour eux,l’aveu ou l’affirmation d’une opi-nion, d’un engagement au côtéd’un candidat à une élection ré-pond à une obligation, il fait partiede leur métier. Nous sommes loin,en l’occurrence, du journaliste im-partial qui, doutant lui-même de sapropre mentalité, n’a selon lui d’au-tre secours que d’avouer sa propresubjectivité, dans un ultime et in-dispensable élan d’honnêteté.

Franz-Olivier Giesbert (RTL, LePoint) et Jean-Michel Aphatie(RTL), quant eux, admettent impli-citement que le journaliste peut seprétendre impartial sans pour au-tant se croire obligé de faire état deses convictions. Le premier estimeque Duhamel « s’est fait piéger »,ajoutant : « Il m’est arrivé de voterà droite quand je travaillais dansun journal de gauche et vice versa». Le second va plus loin en distin-guant, semble-t-il, entre les convic-tions personnelles et le parti del’impartialité : « je laisserai ma ci-toyenneté de côté tant que je seraijournaliste (…) Un journaliste sys-tématiquement partisan perdraittoute crédibilité ». Pierre-Luc Sé-guillon, aujourd’hui à LCI, distinguequant à lui le journalisme selonqu’il s’exerce dans les journaux oubien dans l’audiovisuel, où, selonlui, « il n’y a pas de chaîne d’opi-nion ». « J’ai connu, ajoute-t-il, lesdeux registres, ayant été rédacteuren chef de Témoignage Chrétienavant d’intervenir sur TF1, La 5,puis LCI. Pour la presse écrite, j’aifait des éditoriaux au moment desélections pour donner la position dujournal. Je me le suis toujours in-terdit à la télévision ».

Pourquoi en effet le journaliste nepourrait-il pas se donner l’impartialité

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C’est ainsi que je conçois mon tra-vail ». Libre à d’autres, en effet, dele concevoir autrement.Il faut choisir entre le militantismeet l’impartialité : il n’y a guère deplace entre le journaliste qui se dé-clare militant et le journaliste qui seveut impartial, sauf pour ceux quiabusent de la confiance de leurs lec-teurs ou de leurs téléspectateurs.

Francis Balle, Professeur à l’Université Paris 2

La loi du 5 mars 2007 relative à lamodernisation de la diffusion au-diovisuelle et à la télévision dufutur, a été adoptée officiellementpour satisfaire aux exigences oupréoccupations mentionnées dansson titre. Ne s’agit-il que de cela etatteindra-t-elle cet objectif ?

A prétendre, par des mesures quisont souvent de détail, courir ainsiderrière l’évolution des techniques,le législateur ne risque-t-il pas dese laisser, chaque fois, davantagedistancer et d’accentuer ainsi sonretard ? Certaines des dispositionsnouvelles ne seront-elles pas dé-passées avant même d’être entréesen application ?

Une fois encore, se trouvent ainsimodifiés nombre d’articles de la loidu 30 septembre 1986 relative à laliberté de communication audiovi-suelle et quelques autres textes,dont des dispositions fiscales…sans lien au moins avec l’intitulé dela loi nouvelle. Tout cela est bienloin de satisfaire aux exigences desimplification et de clarification dudroit.

1- Modifications de la loi du30 septembre 1986.Les capacités offertes désormais

s’agissant du secteur privé (le secteurpublic de la télévision n’étant sou-mis ni à l’une ni à l’autre de ces rè-gles !), la prorogation desautorisations d’exploitation et lesaménagements du dispositif anti-concentration..

- Prorogation des autorisations

Les « autorisations de diffusion parvoie hertzienne terrestre en modenumérique des services nationauxde télévision préalablement diffuséssur l’ensemble du territoire métro-politain en mode analogique » sontprolongées de 5 ans.

Pour les services privés locaux detélévision, le terme de l’autorisationest prorogé jusqu’au 31 mars2015 lorsqu’il est antérieur à cettedate.

- Aménagements du dispositif anti-concentration

Aux dispositions de la loi de sep-tembre 1986 selon lesquelles,dans le cadre du secteur privé, « nul ne peut être titulaire de deuxautorisations relatives chacune àun service national de télévision parvoie hertzienne terrestre », avaitdéjà été apportée une dérogationpermettant de détenir, en plus, « sept autorisations relatives cha-cune à un service ou programme national diffusé par voie hert-zienne terrestre en mode

par les techniques justifient-elles lemaintien d’un régime complexe etcontraignant, découlant de la loi du30 septembre 1986 encore unefois modifiée, que seul le caractèrelimité du nombre des canaux dediffusion rendait nécessaire ? Parces dispositions nouvelles relativesà la « modernisation de la diffusionaudiovisuelle » et à la « télévisiondu futur », venant se surajouter àcelles jusque-là en vigueur, qu’enest-il de la prétendue « régulation »de la communication audiovisuelle,officiellement retenue, en France,depuis 1982 ?

Modernisation de la diffusion au-diovisuelle :

La « modernisation de la diffusionaudiovisuelle » concerne l’« exten-sion de la couverture numérique »et l’« extinction de la diffusion ter-restre analogique » fixée « au plustard le 30 novembre 2011 ». Biendes évolutions techniques et ceschangements politiques risquentd’intervenir d’ici là et d’entraînerd’autres modifications législatives. Les dispositions nouvelles les plusremarquables et les plus controver-sées (contestées devant le Conseilconstitutionnel mais validées parcelui-ci) concernent,

La loi du 5 mars 2007 relative à lamodernisation de la diffusion au-diovisuelle et à la télévision du futur

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numérique ». La loi de mars 2007 vient ajouterune faveur supplémentaire en pré-voyant que seront attribués, aux ti-tulaires de ces autorisations, lesmoyens de « diffusion d’un autreservice de télévision à vocation na-tionale, à condition que ce servicene soit lancé qu’à compter de no-vembre 2011 », date d’extinctionde la diffusion en mode analo-gique.

Adaptation à la « télévision dufutur » :

Si elle n’est pas déjà concernée parles dispositions précédentes,l’adaptation à la « télévision dufutur » concerne la « télévision mo-bile personnelle » et la « télévisionhaute définition ».

- Télévision mobile personnelle

Pour la « télévision mobile person-nelle », définie comme le « modede diffusion des services de télévi-sion destinés à être reçus en mobi-lité par voie hertzienne utilisant desressources radioélectriques princi-palement dédiées à cet effet » (enclair : la télévision sur ce que l’oncontinue de qualifier de « télé-phones » portables ou mobiles),sont notamment définies les condi-tions d’octroi des autorisations etles limites anticoncentration fixéesà « 20% des audiences potentiellescumulées terrestres de l’ensembledes services de télévision » de cettenature.

- Télévision haute définition

Pour ce qui est des services de « télévision haute définition », il estnotamment posé que le CSA « favorise la reprise des servicesdéjà autorisés par voie hertzienneterrestre en mode numérique » etqu’il « tient compte des engage-ments en volume et en genre prispar le candidat en matière de pro-duction et de diffusion en haute

les télévisions publiques, à l’exceptionde la Société nationale de radiodif-fusion et de télévision d’outre-mer).Pour les éditeurs de services de té-lévision, la taxe est calculée en ap-pliquant un taux de 5,5 % au montantdes recettes correspondantes quiexcède 11 000 000 euros, avecune majoration de 0,2 pour les ser-vices de télévision diffusés en hautedéfinition et de 0,1 pour les servicesde télévision diffusés en télévisionmobile personnelle.

Pour les distributeurs de services,la taxe est calculée en appliquantun taux qui va de 0,5 % à 4,5 %par tranche de recettes allant de 10 000 000 à 530 000 000euros.

Crédit d’impôt pour investissementdans les entreprises de créationde jeux vidéo :

Les dispositions nouvelles de l’arti-cle 244 quater S CGI déterminentles créations concernées et le modede calcul du dit crédit d’impôt.

- Créations concernées Est défini comme « jeu vidéo » : « tout logiciel de loisir mis à la dis-position du public sur un supportphysique ou en ligne intégrant deséléments de création artistique ettechnologique, proposant à un ouplusieurs utilisateurs une série d’in-teractions s’appuyant sur une tramescénarisée ou des situations simu-lées et se traduisant sous formed’images animées, sonorisées ounon ».

Pour être admis à ce régime fiscalde faveur, les jeux vidéo « doiventrépondre aux conditions de créationsuivantes :

1° être adaptés d’une œuvre pré-existante du patrimoine culturel eu-ropéen à partir d’un scénario écriten français et se distinguer (…) parleur contribution à l’expression dela diversité culturelle et de la création

définition ».Sont par ailleurs introduites, dansdivers autres textes, des règles nou-velles concernant, entre autres, desaspects fiscaux ou techniques.

2- Modifications du Code gé-néral des impôts

Les modifications introduites, par laloi du 5 mars 2007, dans le Codegénéral des impôts (CGI) concer-nent notamment la « taxe sur lesservices de télévision » et l’instau-ration d’un crédit d’impôt pour in-vestissement dans les entreprisesde création de jeux vidéo.

Taxe sur les services de télévision :

Par les dispositions modifiées desarticles 302 bis KB et 302 bis KCCGI, est déterminée la « taxe sur lesservices de télévision », servant,parmi d’autres, à alimenter leCompte de soutien à l’industrie deprogrammes (COSIP).

Les dispositions modifiées détermi-nent les personnes assujetties et lemode de détermination de laditetaxe.

- Personnes assujetties Aux termes de l’article 302 bis KBmodifié, cette taxe est due par « tout éditeur de services de télévi-sion (…) établi en France », et quiprogramme des « œuvres audiovi-suelles ou cinématographiques éli-gibles » aux aides du Compte desoutien, et par les « distributeurs deservices de télévision ».

- Détermination de la taxe Selon le même texte modifié, « lataxe est assise », selon les cas, « sur le montant hors taxe sur lavaleur ajoutée des abonnements »,des « sommes versées par les an-nonceurs et les parrains pour la dif-fusion de leurs messagespublicitaires et de parrainage »,du « produit de la redevance » (pour

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européenne (…) 2° être réalisésessentiellement avec le concoursd’auteurs et de collaborateurs decréation qui sont soit de nationalitéfrançaise, soit ressortissant d’unEtat membre de l’Union euro-péenne ».

Sont prises en compte « les dé-penses exposées en vue de la créa-tion de jeux vidéo dont le coût » estd’au moins 150 000 euros et dont« 50 % au moins du budget deproduction est affecté aux dépensesartistiques ».

« N’ouvrent pas droit au crédit d’im-pôt (…) les jeux vidéo comportantdes séquences à caractère porno-graphique ou de très grande vio-lence ».

- Mode de calcul Selon le même article, nouvelle-ment introduit, « le crédit d’impôtcalculé chaque année est égal à 20% du montant total des dépenses» mentionnées : dotations auxamortissements ; dépenses de per-sonnel ; autres dépenses de fonc-tionnement, « fixées forfaitairementà 75 % des dépenses de person-nel ».

Le même texte précise que « lessubventions publiques reçues parles entreprises (…) sont déduitesdes bases de calcul de ce crédit » etque « le crédit d’impôt est plafonnépour chaque entreprise à 3 millions d’euros par exercice » dedouze mois.

Au-delà des dispositions fiscales,d’une rédaction toujours très tech-nique et compliquée, la loi du 5mars 2007 ajoute encore ainsi,pour ce qui est de la télévision (quiconstitue officiellement son objetprincipal), à un dispositif législatifdéjà fort complexe… et probable-ment d’autant moins justifié quel’évolution des techniques, multi-pliant le nombre des canaux de dif-fusion disponibles, devrait

conduire à libéraliser davantage lesecteur et, à tout le moins, à don-ner plus de sens à la notion de« régulation » impliquant souplesseet allègement des obligations.

Emmanuel Derieux,Professeur à l’Université Paris 2

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� LES RUBRIQUES

Faits d’actualitéLes événements les plus marquants ou les plus si-gnificatifs advenus au cours du trimestre écoulédans l’un ou l’autre des pays membres de l’Unioneuropéenne ou du Conseil de l’Europe : ces événe-ments décrits et analysés succinctement, sont clas-sés en fonction de leurs domaines d’élection : ledroit, les techniques, l’économie ou les usages.

AilleursLes techniques, les tendances ou les nouveauxusages ayant marqué l’actualité récente, ailleurs,au-delà des frontières de l’Europe, dès lors qu’ilsprésentent un intérêt probable pour les acteurs oules observateurs des médias européens.

Les acteurs globauxLa vie des groupes plurimédias, leur organisation,

leur fonctionnement, leur activité, quel que soit leurmétier d’origine, dès lors que leur champ d’actionconcerne plusieurs médias et plusieurs pays, enEurope ou ailleurs.

A retenirLes mots nouveaux ou les expressions nouvellesque l’usage est en passe d’imposer, au-delà duseul vocabulaire technique.

Vient de paraîtreDes résumés et des analyses critiques succincts detravaux publiés récemment en Europe : ouvragesde références, études, recherches ou rapports, quelsque soient leurs commanditaires.

� LES ARTICLES

Afin d’approfondir la réflexion sur un sujet de l’ac-tualité récente.

Les rubriques sont réalisées par l’Institut de Recherche et d’Etudes sur la communication (IREC), dirigé parFrancis Balle, professeur à l’Université Paris 2.

Rédactrice en chef : Françoise Laugée

Comité de rédaction : Francis Balle, Alexandre Joux, Françoise Laugée.

Ont participé à ce numéro : Francis Balle, Emmanuel Derieux, Alexandre Joux, Françoise Laugée.

Correctrice : Nicole Gendry

Responsable de la publication : Bruno Neil, Directeur de l’EBS

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