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carrière

PROGRAMMEZ N°56 SEPT. 2003 • CARRIÈRE

Architecte : au cœur de la mutationdu système d’information

A la fois guide et gendarme"Comme dans le BTP, l’architecte conçoit lastructure d'un ouvrage. Parfois il peut mêmeêtre le responsable du chantier, mais ce n'estpas le cas général. On distingue deux typesd'architectes. L'architecte fonctionnel est un"super-concepteur" tel qu’un analyste UML,mais avec une dimension SI. L'architecte tech-nique est un "super développeur", capable dechoisir les matériaux de base, de créer de laméthode, et de la faire appliquer" résumePierre Pezziardi, Directeur technique d’OctoTechnology.L'architecte fonctionnel formalise et optimiseles processus métier de l'entreprise. Il carto-graphie l’existant, factorise les nouveauxbesoins, et propose un plan de projet à longterme, qui apporte une cohérence globale auxapplications des utilisateurs. En bref, si l’archi-tecte joue son rôle, plutôt que d’avoir 10 appli-cations qui se recoupent, les utilisateurs dis-posent de 3 applications parfaitement complé-mentaires. L’architecte technique assure lajonction entre l’architecte fonctionnel (quand ilexiste) ou les directions fonctionnelles et secharge de traduire les besoins métiers en unearchitecture technique cible. Le cahier descharges technique traduit les "drivers" fonc-tionnels par des propriétés techniques."Flexibilité" devient "découplage", "pérenni-té" devient "standard", etc. L’architecte tech-nique conçoit dans un second temps l’archi-tecture applicative dont il assure la cohérenceet l'évolution : doit-on utiliser un frameworkou plutôt recourir à des progiciels métier, com-bien y aura-t-il de couches et quel sera leniveau de granularité des composants, etc.C’est également lui qui est chargé de choisir

les technologies des éditeurs pourimplémenter l’architecture tech-nique cible. "Il intervient en amontcar une mission d'architecturedébouche généralement sur diffé-rentes options et une liste derisques. Un maquettage est généra-lement mis en oeuvre dans undeuxième temps pour valider leschoix. Le projet peut alors démarrersur une base solide" explique JeanPierre Lorre, consultant senior chez Valtech.Garant des bonnes pratiques, il édicte aussiles " règles du jeu " que doivent respecter lesdéveloppeurs.

Compétences : un mélange subtilentre expérience, rigueur, pédagogieet curiositéQuelle que soit sa formation initiale, l’architec-te est avant tout un homme d’expérience quiconnaît toutes les facettes d’un projet infor-matique et qui possède une connaissanceapprofondie du fonctionnement de l’entrepri-se. Cette expérience lui apporte une crédibilitéindispensable auprès de ses interlocuteurs.Un architecte n’est ni un gourou, ni un experten blouse blanche. Il met régulièrement lesmains dans le code pour expliquer, et aubesoin démontrer, aux équipes de dévelop-peurs, l’intérêt d’une architecture plutôt qu’uneautre. "Les architectes de F.R.A. puis ceux deBusiness Interactif sont toujours des gens quiont pratiqué le développement et qui ont unevéritable reconnaissance de la part des déve-loppeurs. Je me méfie des théoriciens qui nepratiquent pas… Les mains dans le cambouis,ça aide toujours à garder les pieds sur terre, et

tous nos architectes sont au cœur des projets"confirme Jean-Louis Bénard, ancien directeurtechnique de Business Interactif et fondateurde Brainsonic.fr, un site de formation destinéaux architectes.Pour transmettre son savoir aux équipes, "lapédagogie et le sens de l’écoute sont trèsimportants" ajoute Raphaël Mansuy, consul-tant Senior et fondateur de Business DesignConsulting (BDC)."Curiosité technique et rigueur sont indispen-sables pour devenir architecte" complète JeanPierre Lorre.

Ses outils ? Bon sens, expérience et méthodologie"D'un point de vue méthodologique nousnous appuyons sur une démarche formaliséede définition d'architecture fonctionnelle ettechnique (two-track process) s'inscrivant ausein du processus projet basé sur UP (UnifiedProcess). Cette démarche formalise les diffé-rentes étapes nécessaires à l'élaboration desarchitectures du système à étudier" expliqueJean Pierre Lorre. Bien que tous les architectesutilisent des outils de modélisation, c’est sur-tout la connaissance des technologies, des

L’architecte propose des approches à la foistechniques et méthodologiques pour rationaliser les développements et assurer la cohérence globale du système d’information. En prenant de la hauteur, il apporte flexibilité, réactivité et pérennité au système d’information.

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"Une activité pilotée par les risques"L’architecte effectue les choix structurants(architecture et technologie) en collaborationavec le client et le chef de projet. En tant queprestataire externe, l’un de nos rôles est ausside rassurer le client quand les choix sont déli-cats. Cette tâche à haut risque demande de

l’expérience à la fois tech-nique et métier. C’est pourcette raison que la majoritédes processus liés à lafonction d’architecte sontpilotés par les risques. Ilest en effet impossible de

construire un immeuble de 30 étages sans desolides fondations.AArrcchhiitteeccttee :: Jean-Pierre LorreFFoonnccttiioonn :: consultant seniorEEnnttrreepprriissee :: Valtech ToulouseFFoorrmmaattiioonn iinniittiiaallee :: Ingénieur ENSI CaenEExxppéérriieennccee :: 15 ansSSaallaaiirree :: entre 45 et 60K€

OOuuttiillss uuttiilliissééss aauu qquuoottiiddiieenn :: méthodologie"two-track process" basée sur UP (UnifiedProcess)

"Utiliser son expérience pour faire réussir un projet et une équipe"Le métier d’architecte c’est comprendre lemétier de son client, son contexte et sescontraintes. C’est ensuite, bien connaître lepotentiel et les limites des outils. Enfin, c’estconnaître les bonnes et mauvaises pratiquesen matière de construction de logiciels, afinde tracer les plans et définir le cadre d’un sys-tème complexe. Un architecte intervient audébut d’un projet pour assister le chef de pro-jet et aider les concepteurs à choisir unmodèle d’architecture. Il assiste ensuite l’équipe pour définir le cadredu système et en valide les grands principespar la réalisation d’une maquette. Il intervienttout au long du projet pour veiller au respect

des règles du jeu et pouraffiner la stratégie définie audépart. Etre architecte c’estavant tout être pédagogue,être à l’écoute et utiliser sonexpérience pour faire réussirune équipe.

AArrcchhiitteeccttee :: Raphaël MansuyFFoonnccttiioonn :: Consultant SeniorEEnnttrreepprriissee :: Business Design Consulting (BDC)FFoorrmmaattiioonn :: licence-maîtrise-DESS bases dedonnées et intelligence artificielle après unDEUG de mathématiques, MCAD.NET,MCSD.NET, MCDBA, Rational CertifiedConsultantEExxppéérriieennccee :: 8 ansSSaallaaiirree :: entre 50 000 et 70 000 € par anOOuuttiillss uuttiilliissééss aauu qquuoottiiddiieenn :: Rational XDE,UML, RUP, Visual Studio .NET, Biztalk Server,SQL Server, HIS, etc.

"Une fonction en mutation"Le rôle de l’architecte prend de plus en plusd'importance. Après avoir tenté d'exercer sonmétier dans la sphère technique pour limiterla prolifération technologique des années"downsizing", on lui confie maintenant desmissions de gouvernance des frontières et dela donnée. Beaucoupde DSI se réorganisentpour donner plus depouvoir aux archi-tectes, et réalisentque la fonction nes'exerce pas d'en haut (équipe d'urbanistesen blouse blanche), mais d'en bas, danschaque brique du système d’information.AArrcchhiitteeccttee :: Pierre PezziardiFFoonnccttiioonn :: directeur techniqueEEnnttrreepprriissee :: Octo TechnologyFFoorrmmaattiioonn :: Centrale LyonEExxppéérriieennccee :: 10 ans (l’important, c’est d'avoirtraversé toutes les phases d'un projet etd'avoir travaillé avec des mentors rigoureux)SSaallaaiirree :: entre 70 et 120 K€

OOuuttiillss uuttiilliissééss aauu qquuoottiiddiieenn :: PowerPoint,

Visio. L'architecte d'application utilise desoutils de case plus proches du code :Rational, etc.

" L’architecte industrialise lesdéveloppements "L’émergence du métier d’architecte corres-pond à l’industrialisation des développe-ments. On peut avoir les meilleurs dévelop-peurs, si l’application n’a pas été correcte-ment conçue au départ et si cette conceptionn’a pas été réellement mise en œuvre, il estprobable que les résultats seront catastro-phiques. Un architecte ne conçoit pas simple-ment en dehors de touteimplémentation, il doit êtreau cœur des projets et del’opérationnel. Je penseque la satisfaction d’unarchitecte logiciel estproche de celle d’un archi-tecte de bâtiments : celle d’avoir contribué àla réalisation d’applications opérationnelles,maintenables, réutilisables, reposant sur desschémas de conception dont l’efficacité fait labeauté.AArrcchhiitteeccttee :: Jean-Louis BénardFFoonnccttiioonn :: fondateur et directeur techniqueEEnnttrreepprriissee :: Brainsonic.frFFoorrmmaattiioonn :: Centrale Paris, Option Systèmesd’InformationEExxppéérriieennccee :: 10 ansOOuuttiillss uuttiilliissééss aauu qquuoottiiddiieenn :: outils de modé-lisation

Des prescripteurs courtisés par les éditeursPPaarrccee qquuee lleess cchhooiixx dd’’aarrcchhiitteeccttuurreess qquu’’iillss eeffffeecc--ttuueenntt iinnfflluueenncceenntt llaarrggeemmeenntt lleess tteecchhnnoollooggiieessmmiisseess eenn pprroodduuccttiioonn,, lleess aarrcchhiitteecctteess ssoonntt ddee pplluusseenn pplluuss ccoouurrttiissééss ppaarr lleess ééddiitteeuurrss ddee llooggiicciieellss..Marc Gardette, Responsable de groupe archi-tecte, Microsoft France, MSFT : "Du point devu de l’éditeur, l’architecte est un prescripteurqui traduit des besoins métiers en design

Cinq formations pour devenir ArchitecteType Formation UniversitéDESS Architecture des systèmes d’information et de communication Toulouse 1 et 3DESS Audit et conception de système d’information Nancy 1DESS Système d’information et de connaissance Paris 1DESS Systèmes d’information avancés IAE LyonEcole d’ingénieur Architecture des systèmes d’information Insa Rouen

Exemples de sites destinés aux architectes� wwwwww..mmaarrttiinnffoowwlleerr..ccoomm� hhiillllssiiddee..nneett//ppaatttteerrnnss� wwwwww..ppoossaa..uuccii..eedduu� wwwwww..pphhppppaatttteerrnnss..ccoomm

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technique et fait deschoix d’implémentations.Sa démarche consistesouvent à éliminer itéra-tivement des architec-tures et technologiespotentielles, pour mettreau point une plate-forme cible dans un cadrecohérent avec l’existant. Nous avons doncfortement investi envers ce public pour expli-quer nos technologies et les meilleures pra-tiques associées. C’est l’objectif du sitePatterns & Practices (msdn.microsoft.com/practices) qui guide les architectes dans leurchoix d’architecture, puis d’implémentation.Visual Studio .NET Architect Edition leur per-met également de matérialiser leurs choixd’architecture directement dans l’IDE - via lesEntreprise Template – pour les communi-quer plus facilement aux développeurs. Nousavons également chez Microsoft une centai-ne d’architectes ayant pour unique missiond’établir un dialogue constructif avec lesarchitectes de nos clients et partenaires."

Alexis Moussine-Pouchkine,consultant Java et SunOne, SUN, SUN-A. : "J2EEdéfinit clairement lesrôles des différentsacteurs d'un projet : ledéveloppeur, l'assem-bleur, le "déployeur",

l'administrateur, etc. Malgré ses atouts, cetteséparation des responsabilités impose qu’unarchitecte orchestre l'ensemble. L’architecteest donc pour nous un homme clé, quidécuple le potentiel d’une technologie. C’estégalement le garant de la pérennité des appli-cations car l'architecture est la composante laplus pérenne d'une application distribuée(plus que le code, les technologies, les pro-duits...). Conscient des difficultés à maîtriserl'ensemble des technologies en même tempsque tous les risques d'un projet nous avonsmis à leur disposition des " Blueprints " surjava.sun.com/blue prints. Ces documents trai-tent des problématiques d'applications d'en-treprise, de la bonne utilisation des WebServices, ou encore de la performance globa-le d'une architecture. Ils sont complétés pardes listes de bonnes pratiques, des designpatterns, des exemples de code, ainsi quedes listes de questions/réponses"

Un exemple de parcours Raphaël MANSUY, Consultant Senior chezBusiness Design Consulting (BDC)"Passionné d’informatique depuis mon ado-lescence, j’ai suivi des études d’informa-tique (licence-maîtrise-DESS bases de don-nées et intelligence artificielle) après unDEUG de mathématiques. J’ai commencé macarrière chez CERIUS informatique à Dijon(IBP Informatique Banque Populaire) en1995 dans le département "ArchitectureTechnique". C’était l’époque du client/ser-veur, des L4G, on ne parlait pas vraimentd’architecture multi-tiers, de serveur d’appli-cations, et d’EAI. J’y ai conçu et développéun MOM (middleware orienté message) sousWindows NT, qui permettait aux postesWindows en agence, aux services applicatifslocaux de l’agence et au site central (main-frame IBM) de dialoguer en mode message.Nous avons également conçu un serveurd’applications sous NT, servant de cadred’exécution à des services locaux en agence(standard de composants applicatifs enfi-chables, gestion des "threads", gestion dela synchronisation, file d’attente persistante,système de caches). Les contraintes étaienttrès fortes : lignes spécialisées de 9200 bits/ secondes, 300 serveurs d’agence, 400 000transactions par jour. J’ai rejoint ensuite lasociété Winwise (Microsoft Regional DirectorParis) en 1997, en qualité de consultantexpert, où j’ai exercé des missions variéesd’expertise technique et de transfert decompétences pour de multiples sociétéscomme Air Liquide, Valtech, Microsoft ouThomson. Fin 1998 j’ai créé un cabinet deconseil en architecture spécialisé sur lestechnologies Microsoft au sein du GroupeWinwise. Business Design Consulting aensuite été racheté par le groupe l’AirLiquide en 2000, dans le cadre de la créa-tion du pôle services Air Liquide. Le pôleservices regroupe des sociétés spécialiséesdans le domaine de la traçabilité, de la ges-tion de la "supply chain", l’optimisation, latélémesure, le télécontrôle. Le pôle voulaitse doter d’un cabinet d’architectes pourassurer le succès des projets réalisés pourles clients du groupe. Business DesignConsulting est aujourd’hui un cabinet deconseil de référence sur les architecturesfondées sur les technologies Microsoft"

standards et des principaux "design patterns"qui sont utiles : "Les outils que j’utilise auquotidien sont des outils de modélisation etde conception mais une grande partie du tra-vail – la plus difficile – se fait avec une simplefeuille de papier. C’est là que l’on accouchedes schémas essentiels" confirme Jean-LouisBénard, fondateur de Brainsonic.fr. Appelésaussi "design patterns", ces schémas synthé-tisent les bonnes pratiques d’architecture àdes niveaux de granularité différents. ServiceOriented Architecture (SOA) propose, parexemple, une architecture globale, applicable àl’entreprise, tandis que Model Vue Controler(MVC) se limite à la couche de présentationdes applications. "Les design patterns sont lecompagnon essentiel de l’architecte, quej’élargirais même aux patterns tout court :schémas reproductibles de ce qui fonctionne,de ce qui ne fonctionne pas (anti-patterns),que ce soit sur le plan applicatif, hardware,méthodologie, gestion de projet… EnfinInternet et tous les outils de veille sont uncomplément indispensable" précise Jean-LouisBénard.

Un métier enfin reconnu mais encontinuelle mutation"La fonction d’architecte commence à êtrereconnue et les pratiques se formalisent peu àpeu au travers de concepts tels que les DesignPatterns, les frameworks, etc. L’architecte estun acteur nécessaire de tout projet informa-tique d'envergure" estime Raphaël Mansuy. Ledéveloppement d’applications demande unchamp de compétences de plus en plus impor-tant : architecture applicative, intégration, etc.Si bien que les architectes pourraient être peuà peu, amenés à se spécialiser. "On peut pen-ser qu'une certaine classe d'architectes, plutôtdédiés à un pan de l'offre, verra le jour" préditJean Pierre Lorre. "C’est tout le métier du déve-loppement applicatif qui est en train deconnaître sa révolution industrielle, son passa-ge de l’artisanat à l’industrie. Cela implique unevéritable prise de conscience de la nécessitéd’aller vers plus de valeur ajoutée, car demainje crains qu’il n’y ait plus beaucoup de travailen France pour du développement "de base".En revanche on aura toujours besoin de gensproches du client pour le comprendre (avec saculture), pour formaliser et pour concevoir l’ar-chitecture applicative qui répondra à cesbesoins" conclut Jean-Louis Bénard.

■ DDaavviidd TThhéévveennoonn

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