6
En 2012, un Lorrain sur quatre possède une licence sportive. Le football reste le sport numéro un mais souffre depuis cinq ans d’une certaine désaffection. Le manque d’équipement constitue un frein à la pratique sportive. Le peu de terrains de tennis couverts ou de terrains de rugby, et l’éloignement parfois dissuasif des bassins de natation en sont des illustrations. L’absence de club conduit par ailleurs à un choix souvent contraint entre la pratique du handball et celle du basket-ball. En zone rurale, pratiquer les arts martiaux et les sports de combat est quasiment impossible. L’âge est un autre frein majeur à la pratique du sport. La coupure entre l’enfance et les années collège qui favorisent l’accès au sport licencié, et la vie étudiante, le monde du travail et les charges familiales qui au contraire le transforment en contrainte temporelle, en est la démonstration. Par ailleurs, les femmes, qui disposent de moins de temps libre, demeurent confinées dans un nombre plus restreint de disciplines. La pratique d’activités physiques et spor- tives pour le plus grand nombre figure parmi les objectifs partagés par les acteurs institution- nels du sport. Cependant, certains publics et espaces du territoire régional demeurent en- core aujourd’hui éloignés de ces activités. Près de trois Lorrains sur quatre n’ont pas de licence sportive En 2012, près de 530 000 Lorrains possèdent une licence sportive, délivrée par un des 6 000 clubs implantés en Lorraine. Parmi eux, 5% sont détenteurs de plusieurs licences. De fait, 22% des Lorrains possèdent au moins une licence sportive, mais 1,8 million de Lor- rains, soit près de trois sur quatre, n’en pos- sèdent pas. 24% des communes sans équipement sportif La présence d’équipements sportifs est à l’évi- dence un élément qui favorise la pratique du sport. À ce titre, le maillage du territoire régional est relativement étoffé, puisque 76% des com- munes disposent d’au moins un équipement. Toutefois, 562 communes, soit 24% des com- munes lorraines, n’en comptent aucun. La pratique peut également se trouver limitée par la rareté des équipements. Ainsi, les sports de glace dépendent entièrement de la présence d’une patinoire. Or la Lorraine n‘en compte que six. De même, certaines installa- tions restent entièrement conditionnées par des atouts naturels et ne peuvent pas être im- Le sport licencié en Lorraine : 332 n Philippe DEBARD n Pierre LAGARDE, DRJSCS Lorraine

332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

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Page 1: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

En 2012, un Lorrain sur quatre possède une licence sportive. Le footballreste le sport numéro un mais souffre depuis cinq ans d’une certainedésaffection. Le manque d’équipement constitue un frein à la pratiquesportive. Le peu de terrains de tennis couverts ou de terrains de rugby,et l’éloignement parfois dissuasif des bassins de natation en sontdes illustrations. L’absence de club conduit par ailleurs à un choix souventcontraint entre la pratique du handball et celle du basket-ball. En zonerurale, pratiquer les arts martiaux et les sports de combat est quasimentimpossible. L’âge est un autre frein majeur à la pratique du sport.La coupure entre l’enfance et les années collège qui favorisent l’accèsau sport licencié, et la vie étudiante, le monde du travail et les chargesfamiliales qui au contraire le transforment en contrainte temporelle,en est la démonstration. Par ailleurs, les femmes, qui disposent de moinsde temps libre, demeurent confinées dans un nombre plus restreintde disciplines.

La pratique d’activités physiques et spor-tives pour le plus grand nombre figure parmi lesobjectifs partagés par les acteurs institution-nels du sport. Cependant, certains publics etespaces du territoire régional demeurent en-core aujourd’hui éloignés de ces activités.

Près de trois Lorrains sur quatren’ont pas de licence sportiveEn 2012, près de 530 000 Lorrains possèdentune licence sportive, délivrée par un des6 000 clubs implantés en Lorraine. Parmi eux,5% sont détenteurs de plusieurs licences. Defait, 22% des Lorrains possèdent au moinsune licence sportive, mais 1,8 million de Lor-rains, soit près de trois sur quatre, n’en pos-sèdent pas.

24% des communessans équipement sportif

La présence d’équipements sportifs est à l’évi-dence un élément qui favorise la pratique dusport. À ce titre, le maillage du territoire régionalest relativement étoffé, puisque 76% des com-munes disposent d’au moins un équipement.Toutefois, 562 communes, soit 24% des com-munes lorraines, n’en comptent aucun.

La pratique peut également se trouver limitéepar la rareté des équipements. Ainsi, lessports de glace dépendent entièrement de laprésence d’une patinoire. Or la Lorraine n‘encompte que six. De même, certaines installa-tions restent entièrement conditionnées pardes atouts naturels et ne peuvent pas être im-

Le sport licencié en Lorraine :332

� Philippe DEBARD

� Pierre LAGARDE,DRJSCS Lorraine

Page 2: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

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plantées ailleurs. La spéléologie no-tamment se pra t ique presqueexclusivement dans la Meuse, ainsiqu’à Martincourt et Pierre-la-Treicheen Meurthe-et-Moselle, et dans unegrotte à Audun-le-Tiche en Moselle.Le ski est limité aux Vosges, seuldépartement lorrain à bénéficierd’un environnement de montagne,et à la piste de ski indoor du Snow-hall d’Amnéville.

Temps libre inférieurpour les femmes

En 2012 en Lorraine, la pratiquesportive féminine, bien qu’encou-ragée, reste en retrait. Ainsi, 37%seulement des licenciés sont desfemmes. Le fait que les femmessoient de plus en plus actives et insé-rées sur le marché de travail en estune des causes. Le taux d’activitémoyen des femmes en Lorraine estpassé de 59% en 1999 à plus de66% en 2010.

L’emploi du temps intervient aussi lar-gement pour expliquer la différenceentre les hommes et les femmes. Lescontraintes familiales influent sur letemps libre des femmes. Sur un es-pace d’une semaine, celui-ci est ainsiinférieur de 3 heures et 44 minutes àcelui des hommes (1). Aussi, quandles hommes déclarent consacrer enmoyenne chaque jour quatorze minu-tes à une activité sportive, les femmesn’en déclarent que six.

Un tiers des femmesdans trois disciplinesseulementLa division des activités selon legenre est une autre réalité. Si lesinterdits réglementaires sont levéset si les disciplines sont théorique-ment ouvertes à tous, les motiva-tions semblent avoir encore uneincidence directe sur la manière depratiquer et sur les disciplinesexercées.

Les hommes font du sport plutôtpour se surpasser, pour la compé-tition. Ils restent très majoritairesdans les sports collectifs de grandterrain, les sports motorisés etd’endurance, les sports de duel etde combat.

Les femmes démontrent un goûtparticulier pour les activités lais-sant une large part à l’expressioncorporelle, l’esthétique, l’entretiendu corps. Elles sont très majoritai-res en gymnastique, danse, équi-tat ion, pat inage sur glace,natation. Au final, le sport fémininse concentre dans un nombre trèsrestreint de disciplines. Un tiersdes licenciées se retrouvent danstrois activités seulement, la gym-nastique (y compris éducation phy-

sique et gymnastique volontaire, et

entraînement physique dans le monde

moderne), l’équitation et le tennis.La diversification des disciplines,p lus que l ’augmentat ion du

nombre de pratiquantes, pourraitdonc être une orientation possibleen faveur du développement de lapratique féminine dans le futur.

La pratique sportiveralentit avec l’âgeL’âge est un autre facteur décisifdans la prat ique sport ive. EnFrance, le taux de licenciés dans lapopulation croît ainsi très rapide-ment chez les jeunes enfants, pouratteindre son point le plus haut entredix et quatorze ans : à cet âge, prèsde 95% des garçons et 60% des fil-les détiennent une licence.

La pratique chute ensuite très vite.Entre vingt et vingt-quatre ans, lesgarçons ne sont plus que 31% et lesfilles 12% à détenir une licence. Lacoupure entre l’enfance et les an-nées collège qui favorisent l’accèsau sport, et la vie étudiante ou lemonde du travail qui au contraire letransforment en contrainte tempo-relle, semble bien être un détermi-nant majeur.

Football : désaffectiondepuis 2007Avec près de 78 700 licenciés enLorraine en 2012, le football de-meure de très loin le sport numéroun. Il représente en Lorraine une li-cence sur sept toutes disciplinesconfondues. Parmi les hommes demoins de 40 ans, un sur huit pos-sède une licence de football. Sapratique est facilitée par une fortedensité d’équipements, avec prèsde 2 300 terrains, implantés dansplus d’une commune sur deux.

Pourtant entre 2008 et 2012, lenombre de licenciés a chuté de 18%dans la région, ce qui correspond àune perte de 17 700 joueurs. Ce re-pli amorcé dès 2007, soit antérieu-rement aux images négat ivesvéhiculées par la coupe du mondede football 2010, s’observe tant enLorraine qu’en France. Dans la ré-gion, il peut s’expliquer par la démo-graphie défavorable. La populationtotale des hommes âgés de 5 à 39ans a diminué de 14 000 en quatreans (-3%).

Les femmes moins pratiquantes à tout âge

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

<5 5-9 10-14

15-19

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

65-69

70-74

75-79

80et +

Hommes

Femmes

Part de licenciés dans la population totale par sexe et âge détaillé en France en 2012

Source : Ministère chargé des sports - Insee, recensement de la population

%

Age en années

(1) femmes de 15 à 64 ans

Page 3: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

3

Mais le recul du football est surtoutle fait des pratiquants eux-mêmes,pour plus des trois quarts du phéno-mène. Le nombre de licenciés hom-mes de 5 à 39 ans est ainsi passéde 74 000 en 2008 à 63 000 en2012 (soit -15%). De fait, dans cettetranche d’âge, le taux de licenciés achuté de 14% à 12%, traduisant unecertaine désaffection à laquelle lesimages de violences, incivilités,mauvais comportements et matchstruqués ne sont peut-être pas étran-gères.

Tennis : peu de courtscouverts, surtouten zone ruraleAvec 35 000 licenciés en Lorraine,le tennis est, dans la région commeen France, la deuxième discipline laplus pratiquée.

Pourtant, le tennis lorrain, malgréses 981 courts, souffre du manquede courts couverts (terrains intérieurs,

extérieurs couverts ou découvrables). Àpeine plus de 200 courts (soit 21%)offrent en effet la possibilité de joueren intérieur, quelles que soient lesconditions météorologiques. Cettesituation pénalise les espaces ru-raux qui n’en comptent que 23, etnotamment la Meuse et les Vosgesoù ce type d’équipement est quasi-ment absent. Il reste certes la possi-bilité d’utiliser les terrains tracésdans les salles multisports, maisleur usage est concurrencé par lesport scolaire et les sports collectifs.

Équitation : haussepossible de la TVAPrès de 27 000 personnes sont ins-crites dans les clubs d’équitation lor-rains en 2012. L’équitation demeureun sport de filles, d’où les garçonssont presque absents. Parmi les li-cenciés, 84% sont des féminines, et29% sont des jeunes filles de dix àquatorze ans.

La surreprésentation féminine restecependant à valoriser davantage encompétition. En concours de sautd’obstacles, discipline pratiquée par90% des compétiteurs, les femmessont 64% en division Amateur, maisseulement 30% en division Pro. Ceconstat ne découle pas d’unmanque de goût pour le haut ni-veau, mais résulte en partie du fait

que les propriétaires et surtout leséleveurs continuent de confier leurschevaux plutôt aux hommes.

Les débats actuels autour d’unehausse possible de la TVA, de-mandée par l’Europe, alimententdes interrogations sur l’avenir. Defait, les activités de pension pour-raient être taxées à 20%, quandcelles d’enseignement et de pra-tique sportive le seraient à 10%. Ils’ensuivrait une répercussion surles tarifs pratiqués par les structu-res et donc payés par les cava-liers, pour lesquels la discipline estsouvent vécue comme un lo i-sir-passion.

Cette révision de la fiscalité s’inscritdans un contexte où l’équitation seclasse toujours au troisième rangdes sports régionaux en termesd’adhérents, mais où les effectifsn’augmentent plus depuis trois ans.Par ailleurs, si la révision fiscale nes’applique qu’au secteur privé, ce-lui-ci est très répandu parmi les cen-tres équestres. En Lorraine, i lconcerne 70% des clubs et deséquipements.

Judo : pratique trèsprécoce mais éphémèreAvec 23 200 licenciés en 2012, lejudo (judo, jujitsu, jendo et disciplines

associées) est la quatrième disciplinepratiquée en Lorraine. Il demeure unsport de jeunes enfants et spécifi-quement de garçons. Près des deuxtiers des licenciés sont âgés de cinqà quatorze ans, et près d’un tierssont des garçons de cinq à neuf ansseulement. Sept ans est l’âge où leseffectifs sont maximum, mais dèsl’âge de douze ans, ils ont chuté deplus de la moitié.

Reconnu pour développer les capa-cités motrices de l’enfant et véhicu-ler des valeurs éducatives, le judosouffre donc d’une pratique qui s’é-rode très rapidement avec l’âge. Laconcurrence d’autres activités spor-tives lui est préjudiciable dès l’ado-lescence, où les garçons lu ipréfèrent le handball, le tennis etsurtout le football, les filles le tenniset surtout l’équitation.

Créer davantage de passerelles entreles établissements scolaires et les

27 cantons dépourvus de club de handball, 29 de basket-ball et 43 des deux

Absence de club de handball et/ou basket-ball, par canton en Lorraine en 2012

Source : Ministère chargé des sports, Ligues sportives de Lorraine et d'Alsace

Lunéville

Château-Salins

Sarrebourg

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Inse

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01

4

SarregueminesForbach

Boulay-Moselle

Thionville

Briey

Verdun

Bar-le-Duc

Nancy

Metz

Neufchâteau

Épinal

Saint-Dié-des-Vosges

ToulCommercy

Absence de club de :

handball

basket-ball

handball et basket-ball

Page 4: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

clubs pourrait permettre une continui-té dans la pratique et ainsi évitercette fuite des jeunes judokas.

Handball ou basket-ball : un choix souventcontraint par l’absencede clubLe handball et le basket-ball sont,en nombre de pratiquants, les pre-miers sports collectifs de balle,après le football et devant le rugbyet le volley-ball. Cependant, prati-quer ces disciplines à proximité deson domicile, au sein d’un club,dans la Lorraine de 2012, relèvesouvent d’un choix contraint. En ef-fet, 27 cantons sont dépourvus declubs de handball, 29 cantons declubs de basket-ball, et 43 cantonsdes deux à la fois.

Un certain clivage apparaît égale-ment entre les départements lor-rains. De vastes territoires sontdépourvus de clubs de handball enMeurthe-et-Moselle et dans les Vos-ges, et d’autres comptent peu declubs de basket-ball en Meuse et enMoselle. Cette répartition inégaledes clubs se retrouve bien entendu

sur le niveau de pratique. Favoriserla création de clubs, là où ils sontabsents, permettrait de faire évoluerce constat.

Arts martiaux et sportsde combat :quasi-absence de clubsen milieu ruralLes arts martiaux (aïkido, karaté, taek-

wondo, wushu - non compris ici le judo)et les sports de combat (boxe, es-

crime, kick boxing, lutte, muaythai, sa-

vate et boxe française) rassemblentrespectivement près de 12 000 et8 000 licenciés en Lorraine en 2012.Ils se caractérisent par une prédo-minance masculine élevée. Lesfemmes représentent moins du tiersdes licenciés dans les arts martiaux,moins du quart dans les sports decombat.

La pratique de ces disciplines estégalement marquée par une trèsforte absence de clubs en milieu ru-ral. Les 400 structures concernées,qui regroupent 92% des licenciés,sont en effet implantées en milieuurbain dans près de neuf cas surdix.

Cette situation provient-elle d’unecertaine idée préconçue quant à lapratique plus développée de cesdisciplines par les populations rési-dant en ville ? Ou est-ce la surpra-tique réelle qui pousse à y créerdavantage d’équipements ? Difficilede répondre.

Natation : temps d’accèsinégalLa natation compte 9 800 licenciésdans la région en 2012, mais moinsde 50 clubs, dont la plupart dansdes villes de plus de 5 000 habi-tants. La pratique est conditionnéepar la présence de bassins de nata-tion, qui représentent en investisse-ment et en fonctionnement desdépenses lourdes qu’une petitecommune ne peut bien souvent pasassumer.

Le temps d’accès au bassin le plusproche est donc un élément essen-tiel. À ce titre, les zones rurales dela région, bien souvent dépourvueset de club et d’équipement, se trou-vent pénalisées, à l’image notam-ment du nord-ouest de la Meuse.

Tennis de table :des territoires dépourvusde grands clubsLe tennis de table, avec près de9 500 licenciés en Lorraine, est pro-portionnellement plus pratiqué dansla région que dans l’ensemble de laFrance. Mais ses effectifs ne pro-gressent plus depuis 2005.

La Ligue régionale vise de nou-veaux publics parmi lesquels la pra-tique est encore faible : les enfantsde quatre à sept ans, les femmes,les vétérans, les joueurs «loisir» et«affinitaires», le monde de l’entre-prise.

La répartition géographique desclubs, notamment des grands clubs,doit être prise en compte pour expli-quer la pratique ou non de cette dis-cipl ine. Les 160 clubs lorrainsprésents en 2012 sont assez natu-rellement situés dans les grandesvilles. Toutefois, le tennis de tablerepose aussi et surtout sur desclubs situés dans des villes de taillemoyenne, pour la plupart dotées desalles spécifiques, que l’on peut re-grouper en cinq bastions : autour de

4

Le nord-ouest de la Meuse éloigné d'un bassin de natation

Temps de trajet au bassin de natation le plus proche par commune en 2011

Source : Insee, base permanente des équipements 2011 et recensement de la population 2010Inra UMR1041 CESAER, distancier Odomatrix.

©IG

N-

Inse

e2

01

4

Temps de trajet par la route (minutes)

de 30 à 45

de 15 à 30

de 7 à 15

moins de 7

communes équipées

Metz

Boulay-Moselle

Forbach

Sarreguemines

Sarrebourg

Château-Salins

Toul Nancy

Lunéville

Saint-Dié-des-Vosges

Épinal

Neufchâteau

CommercyBar-le-Duc

Verdun

Briey

Thionville

Page 5: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

Metz-Thionville, dans le BassinHouiller, le Lunévillois, la Déodatieet le Barrois. Ce regroupement géo-graphique peut représenter uneforce, a contrario il laisse vide detout grand club des secteurs entiersde la région, notamment dans laMeuse, le sud de la Moselle et lesVosges.

Golf : peu de terrainshors agglomérationou site touristique

Avec près de 13 000 licenciés en2012 (2), dont l’âge médian est de 52ans, le golf se présente comme unedes disciplines où les pratiquants sontles plus âgés, après la randonnée, lapétanque et autres sports de boules,et le cyclotourisme. Les moins devingt ans ne représentent ainsi que10% des licenciés.

La répartition géographique des 29terrains est assez inégale voirediscriminante. La Moselle, qui ras-semble la moitié des clubs et desterrains, est de fait assez privi-légiée. Dans les autres départe-ments lorrains, il est assez difficilede trouver un terrain proche deson domicile, lorsqu’on réside loindes agglomérations de Nancy,d’Épinal, de Saint-Dié-des-Vosgeset de Toul, ou des sites touristi-ques de La Bresse, de la Madineet de Vittel.

Tir : peu de femmes,de jeunes et d’écoles

La Ligue de tir de Lorraine passeau-dessus de la barre de 8 000 adhé-rents pour la première fois depuis plusde dix ans. Elle est ainsi la quatrièmeligue nationale, tant par le nombre deses licenciés que par le taux de prati-quants dans la population.

Toutefois, bien que le tir puisse êtrepratiqué par tous les publics, à partirde l’âge de huit ans, la part de fem-mes (9%) et de jeunes de moins devingt ans (12%) (3) reste faible.

La Lorraine ne compte par ailleursque 30 écoles de tir enseignant à391 élèves, alors que leur présencepermettrait d’augmenter et de fidéli-ser le nombre de pratiquants, ainsicertainement que leur niveau tech-nique. Le développement de ces

structures est un des tout premiersobjectifs de la fédération régionalede tir de Lorraine.

Un autre objectif de la fédération estd’orienter le tir vers d’autres discipli-nes que le tir de compétition, tel letir sportif, ce qui pourrait augmenterla fréquentation des tireurs «loisir»et les amener à être assidus à lapratique du tir.

Sports motoriséset aériens : freinsfinanciers et règlesenvironnementales

Les sports motorisés et aériensrassemblent près de 7 600 licen-ciés en 2012, dont près de 90%d’hommes. Ils se distinguent éga-lement par un âge médian des li-cenciés nettement élevé : 37 ans,contre 19 ans pour l’ensemble desdisciplines sportives. Cela peuts’expliquer en partie par la dimen-sion financière particulière de cesactivités, où l’achat du matériel etson fonctionnement se révèlentcoûteux, et peuvent être hors deportée des plus jeunes.

Ce t te composan te f inanc iè reconcerne également les clubs surlesquels pèse l’augmentation descoûts d’assurances et de secours,qui se répercute sur celui des li-cences et grève les bilans finan-c iers . À terme, i l en va de lapérennisation des épreuves, d’au-tant qu’il s’agit souvent de structu-res associatives.

Enfin, les sports motorisés et aériensdoivent tenir compte aujourd’hui, plusencore qu’hier, de nouvelles deman-des, normes et règles environnemen-tales, pour une pratique encadrée etraisonnée.

Rugby : peu de clubs,de terrains,et de structuresde formation

Le rugby compte un peu plus de4 300 licenciés en 2012, soit moinsde 1% des licenciés lorrains. La Lor-raine n’est pas une terre d’ovalie.Cette situation rend notamment diffi-cile la pénétration du rugby en mi-lieu scolaire.

L’effet «Coupe du monde 2011»semble avoir légèrement boosté lenombre de l icenciés en 2012,comme il l’avait fait momentané-ment en 2008, après le tournoi de2007 disputé en France. À cetteépoque, le disposi t i f «emploisSTAPS» avait permis la promotion etle développement de la discipline etaidé les clubs à se structurer. Maispeu d’emplois créés alors ont étéconsolidés par la suite.

Au-delà des effets culturels etCoupe du monde, la pratique durugby en Lorraine reste limitée parle peu de clubs et de terrains. La ré-gion ne compte ainsi que 24 clubs(dont 22 en zone urbaine) et 46 ter-rains (dont seulement 4 dans la Meuse

et 7 dans les Vosges).

Enfin, seules quelques structures deformation existent : le Centre d’en-traînement labellisé FFR au lycéeGeorges-de-la-Tour à Nancy, lastructure d’entraînement du club deMetz, cinq sections sportives enlycée et trois en collège.

Pratique du sport moitiémoindre pourles habitants des ZUS

Pour les habitants qui résident dansune Zone Urbaine Sensible (ZUS) dela région, le sport licencié revêt surplusieurs aspects un caractère diffé-rent de celui des autres habitants dela région.

Les habitants des ZUS ne sont que16 000 à détenir une licence spor-tive en 2011 (4). Dans un cas surtrois, cette licence est délivrée parl’Union nationale du sport scolaire(UNSS), premier pourvoyeur de li-cences. Proportionnellement à lapopulation présente, la pratiquesportive licenciée en ZUS est doncmoitié moins développée que dansle reste de la Lorraine, et elle estdavantage le fait de jeunes en-fants.

5

(2) dont près de 3 500 autorisations tem-poraires de pratique (ATP)

(3) part des moins de 20 ans en 2011

(4) hors équitation, pétanque, randonnéepédestre, cyclotourisme et cyclisme,pour lesquels cette information n’est pasdisponible

Page 6: 332 Le sport licencié en Lorraine - Insee

Le football y est le sport numéro un.Avec près d’une licence sportive surtrois, il est pratiqué deux fois plusdans les ZUS que dans le reste duterritoire. Les arts martiaux (non com-

pris ici le judo) et les sports de combatsont également surreprésentés, no-tamment la boxe et la lutte, prati-quées proportionnellement trois àquatre fois plus qu’ailleurs.

Au contraire, la gymnastique, la na-tation, le tennis ou encore le tir sontmoins pratiqués. Le golf, le ski et lessports motorisés et aériens necomptent quasiment aucun licencié.

D’autres «barrières»à l’entrée du sportlicencié pour tousL’absence d’équipement et de club,les contraintes liées à la gestion destemps de vie, le sexe et l’âge, cons-tituent des freins et des inégalitésd’accès au sport licencié.

D’autres barrières, parfois plus diffici-les à mesurer, se dressent aussi àl’entrée du sport licencié pour tous.

Elles peuvent tenir à la personneelle-même : absence de motivationindividuelle ou d’élément déclencheurde la pratique ou de la reprise d’uneactivité sportive, intérêt limité pour lesport en général, manque d’exemplefamilial, présence d’autres activitésde loisir, état de santé, etc.

Elles peuvent aussi résulter del ’act iv i té sport ive el le-même :coûts d’inscription, d’achat du ma-tériel et des déplacements, qualitédes enseignants, entraîneurs, diri-geants, arbitres, dont le renouvel-lement constituera un des pointsd’achoppement des années à venirdans un contexte de vieillissementde la population et de crise du bé-névolat.

Engager une réflexion globale au-tour de ces freins et barrières pourmieux les lever s’impose donc. Carqualité de vie, bien-être et santé, in-tégration et cohésion sociale sontautant d’enjeux de société auxquelsle sport peut et doit répondre.

6

- Le sport en Lorraine : une pratiquelicenciée égale à la moyenne natio-nale, et un taux d’équipement supé-rieur, Économie Lorraine n° 229-230,août 2010

Site Internet :www.insee.fr

Savoir plus :

Insee

Institut National de la Statistiqueet des Études ÉconomiquesDirection Régionale de Lorraine15, rue du Général HulotCS 5422954042 NANCY CEDEXTél : 03 83 91 85 85Fax : 03 83 40 45 61www.insee.fr/lorraine

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ISSN : 0293-9657© INSEE 2014

Le tennis, première discipline dans une centaine de communes,principalement périurbaines

Première discipline pratiquée par commune en Lorraine en 2011 (*)

Source : Ministère chargé des sports, Ligues sportives de Lorraine

(*) données 2012 pour équitation et randonnée pédestregymnastique, y compris EPGV et EPMM

©IG

N-

Inse

e2

01

4Première disciplinepratiquée

football

équitation

judo

tennis

handball

gymnastique

basket-ball

athlétisme

randonnée pédestre

tennis de table

natation

tir

badminton

ski

autre

Neufchâteau

Épinal

Verdun

SarregueminesForbachBriey

Metz

Lunéville

Toul Nancy

Saint-Dié-des-Vosges

CommercyBar-le-Duc

Thionville

Boulay-Moselle

Château-Salins

Sarrebourg