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SAINT-ANDRE Appellations anciennes.' 1184.' (ecclesia de) Sancto Andrea. Sous la Révolution.' Montfort. Habitants.' Les Andrenins. Population.' En 1561.' 797 habi- tants ; 1825.' 1147 ; 1860.' 1063 ; 1886 .' 947; 1901 .' 938; 1954.' 863; 1968.' 723; 1975.' 517; 1982.' 478. Altitude.' 1104 mètres. (950 mètres au niveau de l'Arc et 3407 à la pointe du Bouchet). Superficie.' 3084 ha. A 4 km de Modane. Hameaux.' St-Etienne, Pierre- Blanche, Le Col, St-Antoine, Langlace- ray, Le Villerey, Les Champs, le Vil- lard, Montruard, Pralognan, La Praz. Localisation.' St André est situé sur la rive droite de l'A rc en aval de Modane. Son territoire, adossé au Mas- sif de la Vanoise, comprend une partie des glaciers de Chavière. Historique Terre épiscopale La co mmune de St-André faisait par- tie de la seigneurie temporelle des évê - ques de Maurienne. Elle éta it , avec Argentine, la se ule partie de ce territoire qui empiète sur la rive droite de l'Arc. Elle était l'une des six chatellenies de la terre épiscopale et l'évêque y possédait un château - ou du moins une tour - Les fonctionnaires épi scopaux étaient le châtelain, un juge, un métraI et un exac- teur. Ces personnages ont été souvent critiqués dans le territoire de l'évêque. Déjà en 1325 l'évêque Aymon de Mio- lans avait accordé des franchises proté- geant ses sujets des abus de pouvoir : tarification des honoraires, restriction des arrestations préventives etc. Ces franchises n'avaient pas reçu une effica- cité suffisante pour faire cesser tous les mécontentements puisque les habitants des Arves se révoltaient en 1326, obli- geant l'évêque à faire appel au comte pour rétablir L 'o rdre. Les Andrenins n'avaient pas participé à cette révolte ce qui ne signifie pas que les franchises leur aient apporté sa ti sfac- tion. Bien au contraire, il s s'épuisaient en querelles avec les officiers de l'évê- que et priaient ce dernier de confirmer leurs franchises, en y ajoutant quelques articles qu'il s jugeaient indispensables. Satisfaction leur fut donnée de 19 avril 1356 par l'évêque Amédée V de Savoie. Ce texte reproduisait celui de 1325, puis faisait remarquer que les habitants de St-André avaient souffert dans le passé de leur fidélité à l'évêque (allusion aux révoltes auxquelles il s n'avaient pas pris part). D'autre part il reconnaissait que l'interprétation des franchises donnait lieu à des querelles très préjudiciables pour les habitants, toU! en n'étant d'aucun profit pour la manse épisco- pale. Pour toutes ces raisons, Amédée V jugeait bon de préciser quelques articles dont nous n'évoquerons que les princi- paux. Les enquêtes judiciaires ne pourraient être ouvertes que sur dénonciation sérieuse. Pour certains crimes (homi- cide, rapt, viol, inceste, adultère, sacri- lège) l'enquête se rait ouverte sur la déposition de deux témoins dignes de foi, ou sur le témoignage du juge ou du châtelain de St-André qui auraient été témoins du fait, ou sur l'aveu spontané de l'accusé, ou encore s' il y a eu effu- sion de sang "ailleurs que sur la figure ou par le nez". La Charte limitait l'incarcération préventi ve , au cas l'accusé ne donnerait pas caution de se présenter ou ri squerait de prendre la fuite. Dans tous les cas le procès devait avoir lieu dans les dix jours, et l'accupourrait avoir communication du dos- sier de l'enquête, avant de répondre aux interrogatoires. Si l'incarcération, en cas de non versement de caution, ne pouvait être exigée que pour des crimes, le tiers craignant des sév ices de la part de 225

4 Historique · part des frais de sa consécration. Ils ... veuve d'Humbert, morte le 12 octobre " Iapidibus percussa". Le chanoine Tru chet attribuait cette lapidation à la crainte

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SAINT-ANDRE

Appellations anciennes.' 1184.' (ecclesia de) Sancto Andrea. Sous la Révolution.' Montfort.

Habitants.' Les Andrenins. Population.' En 1561.' 797 habi­

tants ; 1825.' 1147 ; 1860.' 1063 ; 1886 .' 947; 1901 .' 938; 1954.' 863; 1968.' 723; 1975.' 517; 1982.' 478.

Altitude.' 1104 mètres. (950 mètres au niveau de l'Arc et 3407 à la pointe du Bouchet).

Superficie.' 3084 ha. A 4 km de Modane. Hameaux.' St-Etienne, Pierre­

Blanche, Le Col, St-Antoine, Langlace­ray, Le Villerey, Les Champs, le Vil­lard, Montruard, Pralognan, La Praz.

Localisation.' St André est situé sur la rive droite de l 'A rc en aval de Modane. Son territoire, adossé au Mas­sif de la Vanoise, comprend une partie des glaciers de Chavière.

Historique

Terre épiscopale

La commune de St-André faisait par­tie de la seigneurie temporelle des évê­ques de Maurienne. Elle était , avec Argentine , la seule partie de ce territoire qui empiète sur la rive droite de l'Arc. Elle était l' une des six chatellenies de la terre épiscopale et l'évêque y possédait un château - ou du moins une tour - Les fonctionnaires épiscopaux étaient le châtelain, un juge, un métraI et un exac­teur. Ces personnages ont été souvent critiqués dans le territoire de l'évêque. Déjà en 1325 l'évêque Aymon de Mio­lans avait accordé des franchises proté­geant ses sujets des abus de pouvoir : tarification des honoraires, restriction des arrestations préventives etc. Ces franchises n'avaient pas reçu une effica­cité suffisante pour faire cesser tous les mécontentements puisque les habitants des Arves se révoltaient en 1326, obli-

geant l'évêque à faire appel au comte pour rétablir L'ordre.

Les Andrenins n'avaient pas participé à cette révolte ce qui ne signifie pas que les franchises leur aient apporté satisfac­tion. Bien au contraire, ils s'épuisaient en querelles avec les officiers de l'évê­que et priaient ce dernier de confirmer leurs franchises, en y ajoutant quelques articles qu'ils jugeaient indispensables . Satisfaction leur fut donnée de 19 avril 1356 par l'évêque Amédée V de Savoie. Ce texte reproduisait celui de 1325, puis faisait remarquer que les habitants de St-André avaient souffert dans le passé de leur fidélité à l'évêque (allusion aux révoltes auxquelles ils n'avaient pas pris part). D'autre part il reconnaissait que l'interprétation des franchises donnait lieu à des querelles très préjudiciables pour les habitants, toU! en n'étant d'aucun profit pour la manse épisco­pale. Pour toutes ces raisons, Amédée V jugeait bon de préciser quelques articles dont nous n'évoquerons que les princi­paux.

Les enquêtes judiciaires ne pourraient être ouvertes que sur dénonciation sérieuse. Pour certains crimes (homi­cide, rapt, viol, inceste, adultère, sacri ­lège) l'enquête serait ouverte sur la déposition de deux témoins dignes de foi, ou sur le témoignage du juge ou du châtelain de St-André qui auraient été témoins du fait , ou sur l'aveu spontané de l'accusé, ou encore s' il y a eu effu­sion de sang "ailleurs que sur la figure ou par le nez". La Charte limitait l'incarcération préventive , au cas où l'accusé ne donnerait pas caution de se présen ter ou risquerait de prendre la fuite. Dans tous les cas le procès devait avoir lieu dans les dix jours, et l'accusé pourrait avoir communication du dos­sier de l'enquête, avant de répondre aux interrogatoires. Si l' incarcération, en cas de non versement de caution, ne pouvait être exigée que pour des crimes, le tiers craignant des sévices de la part de

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net. .. Ces franchises nous ont donné une

id ée des droits que l'évêque reconnais­sait aux habitants de St-André. Mais ces derniers avaient aussi un certain nombre de devoirs que chaque nouvel évêque a vait soin de faire reconnaître à son avè­nement. Quelques unes de ces recon­naissances sont arrivées jusqu'à nous, notamment celles de 1487, 1512 et 1558. Les Andrenins y reconnaissent tenir en fief de l'évêché les propriétés portées dans leurs déclarations particulières, pour lesquelles ils doivent chaque année servis, cens, dimes ... Tous sont, ainsi que leurs descendants, hommes-liges de l 'évêché. Ils doivent au seigneur évêque l ' investiture, les droits d 'alpage, de pâturage dans les communaux, de "trail" des ours (chasse à l'ours) et une part des frai s de sa consécration. Ils reconnaissent enfin l'omnimode juridic­tion civile et criminelle que possède l'évêque sur tout le territoire de la paroisse.

Que représentaient les droits perçus par l'évêque à St-André? 11 est assez difficile d'en faire un relevé exact , du fait de leur nombre, mais on peut en citer quelques exemples . Au titre des " dimes et tâches" sur le foin, la com­m une devait fournir entre 60 et 70 trous­ses. C'était une source de conflit car les propriétés soumises à ces redevances se partageaient lors des héritages, des prés é taient mis en culture, ou l'inverse. Pour ces raisons, le l ' mai 1354, l' évê­que Amédée de Savoie acensa ces rede­vances contre la somme annuelle de 6 livres et 6 sous de Vienne et 100 florins d 'or d 'introge. Une contestation au sujet de la di me du blé, survenue en 1388, se termina par l'engagement des débiteurs de porter chaque année dans les greniers de l' évêque 108 setiers de sei­gle plus 2 setiers " pour l'augment" (pour le déchet).

Contestation aussi sur la dime des agneaux qui devait être levée au moment des Rameaux. Mais le décima­teur tardait et les habitants devaient

donc nourrir plus longtemps les bêtes dues à l' évêque. En 1390, on la trans­forma en un cens de 7 florins et 12 d eniers tournois "et trois quarts d'un huiti ème de florin ". Au changement d'évêque on devait plaids et muages, que l'on essayait parfois d'oublier. Ainsi en 1559, à la mort du cardinal Jérome Ricevali, ou en 1561, à celle du cardinal Brondolisi de Trottis. En 1564, on transigea sur la somme de 200 flo­rin s.

L 'évêque n'était pas le seul à posséder des droits sur St-André: les redevances en grains lui étaient dues pour les six huitième, les deux autres huitièmes appartenant aux nobles Bérard et Pal­luel.

Lorsqu'en 1768, monseigneur de Martiniana affranchit les communes des droits seigneuriaux, on estima que les revenus de l'évêché à St-André, pou­vaient s'élever à 1 219 livres . La rente annuelle à payer par la commune fut fixée à 1 015 livres plus 350 livres " d' épingles" . Cette rente pourrait être rachetée en remboursant le capital cal­culé sur la base de 3,5"70.

La peste de 1630

Sur le petit plateau qui domine le vil­lage de St-André s'élève la chapelle de St-Etienne. A la fin du XIX' siècle , vers 1880, le curé de St-André, l'abbé Bes­son , l' acheta alors qu'elle tombait en ruine et la fit réparer. A l'extérieur, du côté de l'abside, se trouvait un autel fo rmé d'une simple table de pierre ornée de trois croix . L 'abbé Besson le fit reconst ruire, au milieu du mur de la chapelle, et fit peindre au-dessus l'ins­crip tion : "Autel pendant la peste de MDCXXX". La tradition disait en effet que, durant la peste, le curé disait la messe sur cet autel, pour la population éparpillée sur les pentes dominant le plateau, afin d 'éviter les risques de con­tagion. C'est autou r de la chapelle éga­Iement que l'on enterra les victimes du

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fléau. Cet endroit servait d'ailleurs depuis longtemps de cimellere puisqu'on peut lire dans le testament de Guillaume Palluel, de St-André, rédigé le 26 février 1384 à la Rochette, dans la maison de son frère Jacques: "il choisit la sépulture de son corps dans la cha­pelle de St-Etienne fondée dans la paroisse de St-André.

Pour en revenir à la peste de 1630, les registres paroissiaux permettent de dénombrer 95 décès dont 24 en août, 29 en septembre, 38 en octobre. Parmi ces actes de décès, l 'un d'eux est curieux. C'est celui d'une certaine Claudine veuve d 'Humbert, morte le 12 octobre " Iapidibus percussa". Le chanoine Tru­chet attribuait cette lapidation à la crainte de la contagion "Peut-être, écrivait-il, parce que l'imagination populaire, surrexitée par la terreur, l'accusait de répandre la peste comme au siècle précédent, les untori de Milan" .

"Des loups sortant d'une forêt"

Avant l'Empire St-André se trouvait sur la route royale qui desservait la val­lée . Cet avantage lui valut quelques visi­tes peu enviables.

En 1597, Charles Emmanuel, décidé à reprendre la Maurienne aux troupes de Lesdiguières, envoya des troupes com­mandées par le colonel Ferrero. Ces troupes devaient faire leur jonction avec celles de Don Amédée. Mais cette jonc­tion n'ayant pu se faire, Ferrero dut se replier devant les troupes de Créquy et, battu à St -André, il repassa en Piémont. Maîtres de St-André, les Français se préparaient à faire main basse sur les réserves de nourriture et de munitions que Ferrero avait accumulé dans l'église. Mais c'est alors que le feu prit aux poudres: l'explosion tua de nom­breux soldats et détruisit l'édifice qui dut être reconstruit. La nouvelle église fut consacrée par Monseigneur Milliet le 20 avril 1603.

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Quelques années plus tard, la guerre du Montferrat fit planer sur la Mau­rienne des menaces d'invasion. A St-André, on s'arma. Cinquante mous­quets furent envoyés du Piémont pour armer les plus capables. Le 27 juin 1628, le châtelain Grassis recevait l'ordre de distribuer munitions, plombs, mêches. L'ordre le plus curieux fut donné à la même époque sous les signatures d'un certain Vibert et de Jehan Clappier secrétaire de ''l'estape d' Amoudane" . On y ordonnait aux syndics de faire cuire rapidement une quantité de pain pour 8 jours, de former des "esquadres" d'au moins 30 hommes, sous les ordres d'un caporal, pour con­courrir à la garde du col de Bardonnè­che, et pour armer tout cela "faites aussi faire recherche de frondes quau­riez riesre vous et faites qu'il y en ait au nombre de 100 pour ceux qui n'auront armes et qui seront propres pour s'en servir, qui tiendront aussi place des sol ­dats". Heureusement que ces brillants soldats, armés de frondes, n'eurent pas à affronter mousquets et canons ! En 1630, il fallut refaire la même garde mais peut-être mieux armée cette fois.

L'année 1743 commença dans les combats et fut marquée par une occupa­tion espagnole dont on connait les détails grâce au journal d'un notaire de St-André, maître Jourdain . L'arrière garde de l'armée de Charles Emmanuel, battant en retraite à travers la Mau­rienne, vint se fixer le 5 janvier sur la position de St-André, plus précisément sur les hauteurs de Pralognan, à la Tour de Bérard et à la Peublaz. Le 6, 3.000 Espagnols tentèrent de les déloger, mais il s perdirent près de 500 hommes et leur général (La Mina) les fit replier. Les Espagnols occupaient la rive gauche de l 'Arc et, rive droite, les hameaux des Champs, du Villerey et de la Paraz. Le combat avait duré de 1 heure de l'après­midi jusqu 'au lendemain soir. Les Pié­montais quittèrent St-André le 7 au soir et au matin du 8 les Espagnols firent

leur entrée dans le bourg "affamés comme des loups sortant d'une forêt" selon maître Jourdain. Ils exigèrent aus­sitôt 18 vaches. L'occupation espagnole se traduisit dans taUle la Maurienne par de lourdes contributions. St-André qui logea 13 compagnies de grenadiers dut fournir à chacune, selon le chanoine Gros: "dix huit lits, 60 rations de foin par jour, 450 bûches de bois, 44 chan­delles, 5 livres d 'huile et 5 onces de viande pour chaque soldat. On distri­buait chaque jour une vache, sans compter les brebis. Les femmes étaient obligées de découdre leurs jupes pour en faire des couvertures pour la troupe, de convertir en draps de lits leurs chemises et tabliers". A cela il faut ajouter 27 vaches et une énorme quantité de pain. C'était donc vraiment "des loups affa­més" qui s'étaient abattus sur le village. Et encore les vrais loups étaient-ils sou­vent moins féroces même si l'on se sou­venait de celui qui, le JO avril 1729, avait à demi dévoré un enfant de cinq ans, près du Villard, et un autre au Vi llerey et s'était ensuite attaqué à un vieillard avant d'être abattu près du Freney; ou encore de ceux qui en 1734 égorgèrent 28 brebis au Plan du Say.

Les hommes de cette époque devaient être habitués à beaucoup supporter. Faisaient-ils vraiment la différence entre les bandes de brigands qui ravageaient parfois la contrée et les bandes officiel­les que constituaient les armées? Le résultat du passage des unes et des autres, n ' était guère différent. Le com­ble, à notre avis, fut atteint en 1705 par le commandant Ravenet qui donnait l ' ordre au syndic de St-André de faire sonner le tocsin pour que le peuple puisse s'assembler et courir sus à des voleurs, les arrêter ou les tuer. La note se termine par la menace aux "villages ou hameaux désobéissants d'être pillés et brûlés et les habitants coupables et qui manqueraient à obéir aux ordres que pourraient leur donner leurs châte­lains, syndics et officiers locaux seront pendus et étranglés à la porte de leur

maison". Si à notre époque l'autodé­fense est considérée comme criminelle, en ce temps-là, ne pas se défendre était bien sévèrement puni!

Charité et culture

Située sur la route royale, la com­mune de St-André possédait des auber­ges où s'arrêtaient parfois de grands personnages. Ainsi en 173 1 le roi Victor Amédée, accompagné de la reine et de leur petit-fils , logea à l'Ecu de France. Les voyageurs pauvres pouvaient béné­ficier d'un hôpital entretenu par la cha­rité publique. Cet hôpital est déjà men­tionné dans un terrier de 1354. Lors de la peste de 1630, nous trouvons dans la li ste des défunts un "oppitailler", il s'agit sans doute de l'hospitalier. En 1700, cet hôpital pouvait offrir aux péle­rins quatre lits, le feu et le potage. Il avait un revenu de 36 quartes de blé dont 19 provenaient d'un leg du vicaire général Jean Borrel. En 1770 il possé­dait également un revenu de 34 florins d'argent. La solidarité entre les habi­tants s'exerçait par les habituelles con­fréries. Tout ceci était fondé sur une vie religieuse intense; est-ce à dire qu'elle était sans défaut? En 1444 le vicaire général Pierre Panerel enquêtant sur d'éventuels hérétiques se vit signaler un certain Jean Bey ta, mais nous ne savons en quoi consistait cette hérésie. Vu la sévérité du temps ce n' était sans doute pas bien grave.

La vie culturelle n'était pas non plus absente , St-André eut ses artistes, par exemple, à la fin du XVII< siècle, le sculpteur Claude Borelli (on lui doit, entre-autre, le maître-autel d ' une cha­pelle de Montaimont). Cette activité se retrouvait aussi dans les écoles et St-André possédait même une école de latin .

Quand St-André devint Montfort

L'importance st ratégique de

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St-André qui lui avait déjà valu quel­ques inconvénients en 1743, faillit lui en attirer d'autres lorsque le 4 octobre 1793 une division piémontaise se replia sur le territoire de la commune avec quatre pièces de huit et un obusier afin de bar­rer la route aux troupes du Général Ledoyen. Mais le repli se poursuivit sur les positions plus fortes du Mont Cenis.

Les révolutionnaires jugeant trop calotin le nom de la commune, le rem­placèrent par celui de Montfort, peut­être pour illustrer cette forte position sur la route de la Maurienne. Nous a vons peu d'indications sur la vie des habitants durant cette période. Cepen­dant une supplique adressée par le citoyen Combet, officier municipal, au directoire du district le l ' Messidor An II (19 juin 1794) nous en donne une idée: "comme député de la commune de Montfort, je réitère la demande pour avoir du grain et pour sauver la vie de nombre de personnes qui sont à la der­nière misère, dont certains ont péri par manquement total de grains. Cette com­m une a été la plus affligée par le théâtre de la guerre, des gerbiers ont été ravagés par le campement des troupes. Daignez agréer aux larmes de la moitié des indi­gents d'icelle".

L'époque contemporaine

La construction de la route, sur la rive gauche, sous l'Empire, apporta un changement notable puisque le trafic fut détourné du territoire de la commune. La paroisse subit également des modifi­cations. En 1815, le hameau du Villard, tout en continuant à faire partie de la commune, fut érigé en paroisse. Cela fut beaucoup plus difficile pour Le Fre­ney qui, bien que formant une com­mune à part, était rattaché à la paroisse de St-André. Il avait fallu très long­temps à ses habitants pour obtenir un chapelain, mais les Andrenins ne vou­laient pas la séparation de leur paroisse. Finalement le Freney eut gain de cause

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et fut érigé en paroisse le 29 décembre 1856.

St André n'était plus sur la route mais sa position, par rapport au tunnel ferro­viaire du Fréjus , et au passage du Mont­Cenis, du col de la Roue, de la Vallée Etroite, était toujours d'une importance stratégique de premier ordre. Ceci lui valut entre 1885 et 1895, la construction du fort du Sapey.

Enfin, lors de la dernière guerre, cette même position fut le théâtre de violents combats au mois de septembre 1944. Le hameau du Col fut incendié.

Archéologie

L'église: vocable St-André, cons­truite en 1956. L'église précédente avait été détruite en 1943 et il ne reste rien de son riche mobilier. Cette église détruite par l'explosion des poudres en 1597 avait été reconstruite en 1603, agrandie en 1672, réparée en 1817, 1820, 1867. Elle possédait plusieurs tableaux de Pierre Dufour.

Eglise du Villard: vocable Notre Dame, construite par Monseigneur Jourdain, évêque d'Aoste en 1841 , natif de cet endroit.

Nombreuses chapelles: au chef-lieu: St-Roch et Notre Dame de Pitié. Au-dessus du chef-lieu: St-Etienne. Aux Champs: Ste Catherine (XVII' siè­cle, quelques statues XVI'). Au Ville­rey : St-Paul. A la Paraz : Saints Anges Gardiens. Au Villard: St-Claude. Aux Séteries: Immaculée Conception. A Montruard : Ste Brigide (beau rétable XVII'). A Langlacerey : Notre Dame de Délivrance. Au Col: St-Blaise et St-Jacques. A Pralognan: Notre Dame de la Salette. A la Praz: Ste Agathe.

Il reste quelques moulins dont un à Pralognan, daté de 1798.

Activités

Une ressource importante était due au

L'usine d'aluminium de la Praz.

passage qui faisait vivre aubergistes, domestiques, voituriers. Les auberges de St-André étaient diversement esti­mées. En février 1643, l'abbé Rucellai, camérier de l'ambassadeur de Toscane écrivait: "on passa près de divers pays qu'on ne put distinguer à cause du temps, et on franchit à diverses reprises, sur des ponts de bois, l'Arc, fleuve que l 'on longea quatre lieu,es, et on arriva à St-André, vers la 21' heure, où l'on mangea extrêmement mal, surtout en temps de carême, ne trouvant de bon que le beurre". Ce jugement est sans doute sévère et, s'i l était justifié, les princes de la Maison de Savoie se seraient arrêtés autre part. Quoiqu'il en soit, la construction de la route, sous l 'Empire, en détournant le trafic, ruina une partie des habitants. 11 ne resta plus comme activité que l'agriculture et l'éle­vage . Rucellai, malgré son jugement sévère, avait apprécié le beurre. L'éle­vage était sans doute très développé puisque le manque de pâturages com­munaux obligeait les trois-quarts des propriétaires à envoyer leurs bêtes dans les communes voisines, en été. Le blé était moulu sur place et un rui sseau a

gardé le nom de Ruisseau des Moulins . St -André possède également de belles forêts. Ces diverses activités étaient tou­tefois insuffisantes d 'où une émigration importante. A la fin du XIX' siècle, plu­sieurs familles partirent pour l'Algérie.

L'industrie ne se développa qu'en dehors des limites de la commune, mais pourtant juste à ses confins. Dès le milieu du XVII' siècle, Granery installa une fonderie, au pied de la chute d'eau de Bissorte. Un siècle plus tard, Madame de Warens se lançant dans l'exploitation des mines de Maurienne, fut souvent signalée à St -André, surveil­lant la marche des travaux. En 1894, sur le site des Fabriques de Granery, fut ins­tallée une usine d'aluminium . Tout cela apporta, bien sûr, du travail aux habi­tants de St -André. Les hommes descen­daient travailler à l'usine depuis les hameaux perchés aux flancs des monta­g nes comme celui des Champs . Aujourd'hui, si l'agriculture subsiste, une bonne partie de la population tire son activité de la proximité de Modane, de ses quelques industries et des activités liées aux tunnels du Fréjus . La création du Parc National de la Vanoise, dont

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St-André est une des portes, a entrame un regain d 'activité . Des chalets à

. l 'abandon sont restaurés, peut-être comme résidences secondaires, mais ils

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témoignent de ce nouvel essor , qu i tou­tefois n'a pas vraiment enrayé le déclin démographique.