40 Œuvres Dans La Ville de Rennes

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    Rue St Martin

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    Rue de Chtillon

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    Bd du Colombier

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    Square Louis Boulanger & square Pedro Flors Cano

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    p. 5luvre Le Delta, 1982.Acier corten

    en pratique Pierre Tual, Basse-Indre (44), 1941. Vit et travaille Boissy-Maugis, Orne et Paris.www.pierre-tual-sculpture.com

    le lieu Promenade entre les squares Pedro Flors-Cano et Louis Boulanger, quartier Jeanne dArc-Longs-Champs-Atalante.

    La Zone dAmnagement Concert des Longs-Champs est une sorte de poumon naturel et priphrique, une banlieue rsidentielle o la ville vient se perdre dans les bois, les chemins creux et les tendues deau. Aucune place au centre du quartier mais la prsence de deux tangs qui constituent en creux des points de rendez-vous ; le paradis partag des joggeurs, des promeneurs de chiens, des enfants de lcole voisine et des amoureux plus ou moins jeunes qui y flnent main dans la main. un endroit du parcours circulaire le long du plan deau, latmosphre champtre emprunte pourtant singulirement un aspect maritime et iod.

    Aprs avoir descendu quelques marches de bton rose, on se retrouve sur une terrasse surplombe par une digue qui, par sa dcoupe anguleuse, nest pas sans rappeler le modle rduit dune architecture Vauban. Parcourant alors en sens inverse les nombreux degrs de cette structure, on saperoit avec surprise que ceux-ci sorganisent en lots jusqu dessiner la cartographie complique dun vritable archipel. Ce sont autant de petits bassins o veulent aboutir les mandres des eaux fluviales entranes par la pente de la rue. Comme porte par les flots, une sculpture mtallique repose sur ce delta.

    Ce qui surprend au premier abord, cest la ligne discrte et lgante de la forme dcrivant dans lespace un mouvement arrt. On dirait que Pierre Tual est parvenu imprimer la feuille dacier, sans jamais la froisser, la douceur et les courbes dun roulis permanent. Limage dune vague vient donc naturellement lesprit mais, avec elle, simpose aussi le temps suspendu dun ternel recommencement.

    Pass ce premier moment de surprise, on se met vouloir interprter: cette forme plus massive situe en hauteur nest-elle pas lvocation abstraite dun navire ? Et ce petit triangle saillant sur le socle, nest-il pas limage comique dun aileron de requin ? On sinterroge aussi : pourquoi cette sculpture dont le mtal oxyd semble rong par le sel fait-elle face la surface calme dun tang, tel le regard dun marin ternellement tourn vers la mer ?

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    Rue de Foug

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    Pierre Bouzat

    Rue Doyen

    Rue du Clos Courtel

    Square Louis Boulanger & square Pedro Flors Cano

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    p. 7luvre Portique, 1984. Bois.

    en pratique Dominique Arel, Vannes, 1947. Vit et travaille Paris.

    le lieu Rue Doyen Albert Bouzat, square Marcel-Henri Lebouc, quartier Jeanne dArc.

    Toute sculpture est le rsultat dun dessin entrepris par lartiste dans un recoin de son esprit un moment donn et, peut-tre, longuement mri par griffonnages et reprises successives la surface dune feuille de papier. Ces mouvements de la main et de la pense sont ensuite traduits dans la ralit par un choix et un assemblage de matriaux, par la rpartition de masses en quilibre ou en rupture, par certaines proportions ; par la cration de vides, galement. Chaque volume tient son existence de ses propres spcificits matrielles mais aussi de son ossature, prsente, visible ou dissimule, discrte voire asctique. Ces lignes inconsciem- ment reconstitues par le regard relvent de la reprsentation graphique, dun souvenir de traces plus anciennes. Toute sculpture est une forme dessine dans lespace, qui gnre son tour son propre espace et modifie par sa prsence le contexte environnant.

    Dans le cadre spcifique dune commande publique, on attribue un rle supplmentaire la sculpture: celui de venir complter un ensemble architectural en sy intgrant ou, linverse, en agissant par contraste pour le rvler. Luvre qui prend place dans lespace partag de la ville apparat alors comme un signe, un marqueur, un point de repre ou de rendez-vous. Sa fonction consiste individualiser un endroit en polarisant latmosphre par une charge symbolique. Cette potentialit est chercher du ct de lhistoire, de la mmoire ou de la posie. Lidentit dun quartier, surtout sil sagit dun nouveau quartier, se dfinit travers limage quil dlivre dans la cartographie imaginaire de la cit. Son modle dorganisation reproduit gnrale-ment celui dun village ou dune ville miniature ; une ville de proximit inscrite lintrieur de la ville globalisante. Concernant le quartier des Longs-Champs, les urbanistes ont sans doute voulu affirmer cette ide en commandant Dominique Arel une porte qui en marquerait lentre, donc la frontire. bien y rflchir, les portes de la ville forment des

    espaces qui ne subsistent plus que dans le langage ou limaginaire collectif. Pour qui sait encore les reconnatre dans le maillage complexe de la cit, les bornes, les octrois sont des structures intempo-relles qui attestent de la prsence de telles limites. Celles-ci dsignent des endroits symboliques qui nexistent que lorsquon les traverse ou, prcisment, parce que quelquun les traverse. Portique apporte une rponse concentre, synth-tique et pure ces questions complexes de la dfinition dune sculpture ; de la fonction archi-tecturale qui est dvolue celle-ci ; de la cration dun espace dont la seule raison dexister serait sa transgression. En incluant le dessin dun paralllpi-pde en bois lintrieur dun cadre form par deux colonnes ouvrages supportant un linteau, lartiste parat avoir articul une forme moderne, rigoureuse et minimaliste lintrieur dune structure plus traditionnelle. Lensemble, par la puret de ses lignes et son dessin dune rare lgance, peut ren-voyer la simplicit des portails qui marquent, dans la tradition orientale du Tao, les entres des jardins sacrs. Diffrentes temporalits de la ville, diffrents espaces se trouvent runis et confondus en un mme lieu. Cette sculpture est un seuil qui ne demande qu tre regard puis franchi pour, une fois de lautre ct, tre de nouveau contempl : cette-fois-ci, autrement.

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    Quai St Cast

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    Pl. Rallier du Baty

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    Bus 9Arrt Sainte Anne(Motte Fablet-Bertrand)

    p. 9en pratique Marta Pan, Budapest (Hongrie), 1923 Paris, 2008. www.fr.wikipedia.org/wiki/Marta_Pan

    le lieu Patio de lAssemble rgionale, rue Martenot, quartier Centre.

    Il existe deux faons de dfinir cette uvre exemplaire de Marta Pan. La premire formule, lapidaire et traditionnellement employe Rennes, consisterait dire quil sagit dune fontaine commande par la Rgion Bretagne lartiste. A contrario, la seconde affirmerait que cette uvre nest pas une fontaine. Les deux positions ne sont pas inconciliables, loin de l ; il sagit purement et simplement dune question dusage et de point de vue. Ce que les Rennais nomment par pur bon sens, par habitude et par affection fontaine est en fait une sculpture dont leau constitue un matriau essentiel, comme habituellement dans luvre de Marta Pan, au mme titre que le granit sombre quelle a employ. Celui-ci est poli jusquau luisant, presque tincelant comme du quartz ou un diamant noir, limage de la structure hmisphrique au premier plan de luvre. Il se fait ensuite plus discret, avec une teinte noire rompue, assembl dans un mur comme le schiste ou les parois dardoises renvoyant une architecture locale et vernaculaire.

    chaque fois, la sensualit des lignes est mise en valeur grce la courbe et larrondi des formes, que celles-ci soient pleines ou vides. Ce qui parle alors nos sens, mme distance travers la gomtrie prcise, rigoureuse, dpouille de luvre, parle aussi notre esprit. Cette exprience qui connecte perception et spiritualit grce lusage dun langage minimal, dont le support et le mdiateur serait simplement cette sculpture, porte peut-tre un nom : lharmonie. Ceux qui sont familiers de la philosophie du Zen comprendront pourquoi.

    En termes dimage, luvre de Marta Pan nest pas sans voquer la tradition des jardins sacrs du Japon, avec leurs pierres places comme des points dancrage pour la contemplation. Ce sont aussi des axes de forces qui autorisent une structuration de lespace par le vide, par le manque, par le rien. Cest lintrieur de ces volumes remplis de vacuit mais bel et bien prsents que circule lnergie et que sgrne le temps. Le temps, on pourrait presque pr- tendre quavec le vide il constitue un autre lment dterminant de cette sculpture. On connat la mta- phore qui consiste dire que celui-ci passe comme leau entre les doigts ; un flux que nul ne peut contenir ni retenir, mouvement limpide indfiniment fuyant et insaisissable.

    Ce fluide, dans sa permanence peine matrielle et son cycle ininterrompu, est peut-tre aussi une allgorie de la vie dans la cosmogonie minutieu-sement btie par Marta Pan. La demi-sphre noire serait alors comme la reprsentation mdivale de la Terre, la fois plate et circulaire, miroir et rceptacle du spectacle de lunivers. Tout ici, dans le rythme rgulier de lcoulement de leau et dans la rotondit du mur qui berce celle-ci, dit que la vie vient de la Terre comme elle va la Terre. Tout dit que la nature est sans doute luvre dart la plus parfaite. Mme lorsquelle fut prolonge, dans la semi-intimit du patio dun btiment public, Rennes, par le regard, les gestes et lesprit dune femme aujourdhui disparue.

    03

    luvre Mur deau, 1984.Eau, granit de Lanhlin.

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    Rue de Foug

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    Pierre Bouzat

    Rue Doyen

    Rue du Clos Courtel

    Square Louis Boulanger & square Pedro Flors Cano

    parc des gayeulles Bus 1Arrt Bouzat

    p. 11luvre La Grandplace, 1985.Fonte daluminium moule.

    en pratique Sylvain Hairy, Vaiges (53), 1934 Paris, 1988. www.fr.wikipedia.org/wiki/sylvain_hairy

    le lieu Square Louis Boulanger et square Pedro Flors Cano, quartier Jeanne-dArc-Longs-champs-Atalante. Lartiste signe galement luvre qui se trouve face au n 20 de la rue du Puits Mauger.

    Une promenade faire par grand soleil et temps humide, au mois de mars par exemple. Pour aller voir la mer, on est toujours oblig de descendre un peu. lore du square, latmosphre est dj prsente : des madriers de bois creuss par le temps mnent un petit thtre de verdure sans doute oubli. Sur la gauche, deux ranges de piquets fichs dans la terre tels de curieux brise-lames citadins sont dcors de mousse et dusure par les vents. Comme les paquebots qui longent la ville du Havre, entre deux petites barres dimmeuble on laperoit. Dabord, elle apparat comme une sorte de masque primitif dont les contours auraient t simplifis. Et puis, une fois quon en a fait le tour, on songe que cette sculpture, limage dun phare, marque lentre de la place.

    On suit alors le parcours complexe des bassins aux angles aigus pour aboutir ce qui ressemble une cale. cet endroit, une coque de chaloupe renverse repose sur le fond et, bien lobserver, on dirait la carapace dun gros insecte mtallique hibernant parmi les flaques. Le dessin des vasques devient soudain plus tumultueux jusqu slever et devenir le socle dune carne de navire stylise. La structure en fonte daluminium, la fois imposante et lgre, semble dfier le temps pour sapparenter aux restes dun tre fantastique. Ce squelette de baleine ou de quelque animal marin demeure chou sur les plaques de bton rose-saumon comme sil sagissait l dun iceberg la drive. Une sculpture plus petite, point de halage ou damarrage sur le quai, ferme les stations de ce cimetire marin.

    celui qui na jamais vu la mer, on pourrait expliquer succinctement que celle-ci est des milliers de fois plus grande que ne lest la surface dun tang. Cest bien ce quon dcouvre lissue du chemin. De lautre ct du rivage, la tour des tlcoms prend des allures de balise et les maisons alentours renvoient, comme en cho, le cri des mouettes.

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    Mail piton du CardoAven

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    Rue de la Motte-Brlon

    Rue de St-Malo

    Bus 2 et 8Arrt Trois Croix

    p. 13luvre Sans titre, 1985.Bronze.

    en pratique Martine Kerbaol, Brest, 1945.Vit et travaille Gurande (44).www.galerie-mc-goinard.comwww.galerie.barthelemy.fr

    le lieu Mail piton du Cardo, quartier Nord-Saint-Martin.

    Non loin du cimetire du Nord, au bord de la voie ferre qui monte vers Saint-Malo, lombre des grands arbres du square, est niche une petite cit. Cest une fin daprs-midi et le flneur se perd un peu dans les rues et les chemins sinueux. La srnit environnante est brusquement contrarie lorsque, remontant le mail du Cardo, les pas du promeneur rencontrent dinquitants dnivels.

    Le sol, comme travers de contractions gophysiques, sest soulev diffrents endroits. Une ruption merveilleuse sest secrtement droule dans le silence pavillonnaire.Au point de rencontre des plaques telluriques, la terre a accouch dun visage denfant. prsent, il repose ici, comme un masque de bronze immense et nigmatique dont le front est aurol dune bauche de main gauche. Cest le visage incomplet dune idole calme et bienveillante qui fut rejete par lternit mais son nom nest jamais parvenu jusqu nous. Des images enttantes viennent alors simprimer lesprit; celle des dieux terrifiants de lancienne religion babylonienne, celle des multiples fragments de corps antiques qui jalonnent les rues du vieux Rome et, pourquoi pas, la vision du visage de la statue de la Libert mergeant des sables lors du clbre final de La Plante des singes. Dans les traits fins et muets de lenfant, le temps immmorial des civilisations disparues se rappelle notre bon souvenir.

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    Rue de Sude

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    Bus 5Arrt Pigeon blanc

    p. 15en pratique Peter Briggs, Gillingham (Grande-Bretagne), 1950. Vit et travaille Tours.www. peterbriggssculpture.com

    le lieu Rue de Nantes, quartier Cleunay-Arsenal-Redon.

    Quil choisisse de quitter la ville ou bien dy entrer, lautomobiliste est invit ralentir au rond-point situ au bout (ou lentre) de la rue de Nantes, faisant ainsi concider le rythme du voyage avec une certaine mesure de la ville. Son regard englobe alors, lentement, presque patiemment, un paysage circulaire o simpriment la suite des barres dimmeubles, plusieurs pavillons, quelques commerces, une station-service (ou vice-versa).

    En reproduisant chacune sa manire le colimaon du rond-point, les cinq sculptures de Peter Briggs paraissent voquer un mouvement, un espace et une temporalit qui seraient inscrits dans un sempiternel recommencement. Sans quil soit vritablement possible den dterminer la tte de la queue, les formes animales qui surgissent travers la blancheur minrale du marbre sont des citations lointaines de mollusques ou de coquillages patiemment observs par lartiste. Avec ces reprsentations archaques qui semblent reposer sur ce rond-point depuis la nuit des temps, comme les fossiles alatoires sont nichs au cur des roches, cest aussi une certaine vocation de la nature qui prend place subrepticement dans lenvironnement urbain. Janus, nous dit la mythologie latine, tait ce dieu qui gardait les entres et les portes. Dot de deux visages, il avait la capacit de regarder et vers lavenir, et vers le pass. Dans cette vocation, qui peut tre galement celle dune temporalit cyclique, dune dure ramasse sur elle-mme, il existe aussi pour chaque voyageur la promesse peine voile de revenir toujours son point de dpart.

    06 peter briggsjanus

    Dans cette vocation, qui peut tre galement celle dune temporalit

    cyclique, dune dure ramasse sur elle-mme, il existe aussi

    pour chaque voyageur la promesse peine voile de revenir

    toujours son point de dpart.

    luvre Janus, 1987.5 Sculptures en marbre.

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    Bd SolfrinoCour Raphal Binet

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    Bus 5 et 9Arrt Cit Judiciaire

    p. 17en pratique Loc Herv, Rennes (35), 1947. Vit et travaille Paris.www.loicherve.com

    le lieu Cour Raphal Binet, quartier Cleunay-Arsenal-Redon.

    Dans la ralit, LHomme en marche nest pas un seul homme et, par consquent, ce nest pas non plus un homme seul. Sans doute devrait-on galement ajouter que ce nest pas seulement un homme. La sculpture anthropomorphe ralise par Loc Herv possde en effet toutes les caractristiques dune statuaire qui vient de trs loin, quon choisisse pour lvoquer de parler de temps ou bien encore despace. Vue de dos, luvre emprunte lapparence dune stle paenne, dun mausole trange dont on aurait depuis longtemps perdu, avec la signification, la raison dexister. Sa prsence muette au milieu du square symbolise peut-tre la mmoire de ce qui, par principe, se rvle immmorial: la trace de ltre humain ; sa capacit se dfinir comme crateur de cultures et de socits pour, de la sorte, avancer dans lhistoire.

    Vue de face, on dcouvre la reprsentation dpouille de deux personnages qui semblent porter sur leurs ttes, comme on le ferait dune calebasse, un troisime individu se tenant allong. Davantage quau primitivisme, ce groupe de figures emprunte son style une forme de syncrtisme qui lui permet de runir en un mme corps des influences htrognes, de nombreux esprits, plusieurs langages et, pour ainsi dire, une diversit de mondes. Cette union ne concerne pas uniquement lhistoire des peuples (la fusion de signes cultuels africains lintrieur dune certaine ide de la statuaire celte), elle agit aussi travers lhistoire de lart (un feuilletage de rfrences o sont convoqus Paul Klee, bien sr, mais galement Picasso, Victor Brauner et une certaine vision surraliste).

    Quest-ce qui, en dfinitive, se retrouve en marche dans cette sculpture ? Peut-tre tout simplement le mouvement. Mouvement dcompos des blocs de granit extraits de la roche, dont la surface a su conserver les stries tels des stigmates. Mouvement recompos mentalement par le spectateur dun ailleurs plutt lointain, ainsi quoprerait le souvenir dun voyage. LAfrique, peut-tre.

    07 loc hervlhomme en marche

    La sculpture anthropomorphe ralise par Loc Herv possde en effet toutes

    les caractristiques dune statuaire qui vient de trs loin, quon choisisse

    pour lvoquer de parler de temps ou bien encore despace.

    luvre lhomme en marche, 1987.Granit, peinture, socle.

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    Bus 4Arrt Beaulieu Chimie

    p. 19

    La pense, le savoir, les dcouvertes sont des attributs de lespce humaine

    qui permettent de comprendre le monde mais aussi dentretenir

    une relation avec lui.

    luvre Degr, 1987.Bton, non rouge.

    en pratique Nissim Merkado, Sofia (Bulgarie), 1935. Vit et travaille Paris.www.fr.wikipedia.org/wiki/Nissim_Merkado

    le lieu Avenue de la Touraudais, angle Alle de Becquerel quartier Jeanne-dArc-Longs Champs-Atalante.

    Dans les annes 1980, le nouveau quartier de Rennes Atalante est envisag, aux confins de la ville, comme une tte de pont qui associera pour longtemps Rennes lexcellence dans le domaine des hautes technologies. Dans limaginaire des citadins, il sagit dun lieu emblmatique : un endroit peu visit o slaborent de nouveaux concepts scientifiques et les inventions techniques qui ont parfois modifi notre quotidien. Rennes Atalante est une zone dans laquelle on pense, on examine, on envisage, on exprimente. Ce nest donc pas un quartier dans lequel on rside. La nuit, pourtant, le long de lavenue qui en dlimite la frontire, une sculpture imposante veille sur les btiments.

    Luvre Degr est simple, rigoureuse, dpouille ; son existence tient presque dune sorte dascse. Il est donc facile den faire la description : un tube de non rouge occupe verticalement lespace vide et vacant contenu lintrieur dun cadre en bton. Celui-ci, bien que pench et en dsquilibre, semble solidement arrim au sol. Dans sa structure, Degr reprend peut-tre son compte limage des multiples bureaux, salles de runion et laboratoires qui silluminent quand tombe le soir, comme si les activits de recherche ne devaient jamais cesser ni sinterrompre.

    Degr est aussi une reprsentation potentielle de ce quest devenue la science notre poque de nouvelles technologies et de physique quantique. La pense, le savoir, les dcouvertes sont des attributs de lespce humaine qui permettent de comprendre le monde mais aussi dentretenir une relation avec lui. Le non pourrait tre limage de lHomme qui se tient debout au sein de lunivers dont certains aspects, nanmoins, lui chappent inexorablement. Ce pourrait tre aussi la permanence de lesprit face lenveloppe sans cesse fuyante de la matire, ou encore lvocation de la rciprocit quentretiennent imagination et crbralit dans la formation des concepts scientifiques. Mme sil sagit dune sculpture dapparence minimaliste, Degr tient donc, trangement, le rle dune allgorie contemporaine. Outre son non et son cadre de bton, un matriau invisible et immatriel est inscrit dans luvre : le contexte particulier qui lenvironne et dont elle est la fois le reflet et la mtaphore.

    08 nissim merkadodegr

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    p. 21

    Figure centrale et structurante de cette place, ou lment de dcor permanent

    pour cette petite scne de plein-air, une architecture amusante, gnreuse

    et sympathique trne avec majest et discrtion.

    luvre Arc de triomphe pour figurois et figurennes, 1989. Acier, briques, fonte de fer, lierre, mosaque.

    en pratique Erik Dietman, Jnkping (Sude), 1937 Paris, 2002.www.universalis.fr/encyclopedie/erik-dietmanwww.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Dietman/151922

    le lieu Collge du Landry, rue de Chteaugiron et rue de Cork, quartier Francisco-Ferrer-Vern-Poterie.

    Rennes, le collge du Landry reste associ aux exprimentations pdagogiques et un brin dutopie qui portent encore la trace des annes 1980. Imaginez un peu : un tablissement log au creux dune coule verte mais largement ouvert sur lextrieur. Une architecture qui dissmine, avec une certaine intelligence quelques petits lots de btiments chelle humaine. Et, surtout, pas ou trs peu de barrires, de frontires, de limites la circulation des lves ; le Monde et lcole, ici, ne sont quune seule et mme chose. Cest peut-tre cette ide directrice quon retrouve dans le choix de remplacer la traditionnelle cour de rcration par un petit amphithtre de verdure. Celui-ci se trouve la croise des chemins et, outre le fait quon peut sans doute aussi y faire du thtre, il nest pas trs difficile denvisager quel point ce lieu dmocratique devient chaque jour lendroit privilgi des rencontres et des retrouvailles, une agora prserve o sjournent, sinterpntrent, se dfont les grandes histoires et les petits drames adolescents. Figure centrale et structurante de cette place, ou lment de dcor permanent pour cette petite scne de plein-air, une architecture amusante, gnreuse et sympathique trne avec majest et discrtion.

    Les sculptures dErik Dietman possdent toutes en elles-mmes quelque chose dinabouti. En un certain sens, cet inachvement constitue la fois leur marque de fabrique, le style de lartiste mais galement une nonciation de sa position vis--vis de la cration artistique, laquelle consiste ajouter des formes dans la ralit environnante. Larc de triomphe dErik Dietman, avec ses deux arcs en plein cintre qui se poursuivent droite et gauche par de nouvelles amorces, apparat comme un fragment de ruine dplac un morceau de clotre, par exemple qui aurait trouv dans ce thtre de verdure un emplacement nettement plus adquat pour rayonner, ft-ce de manire parcellaire. La sculpture dErik Dietman est la partie congrue et autonome dune architecture beaucoup plus vaste qui na jamais

    exist, sauf dans notre esprit au moment o nous contemplons luvre.Cet intrt de lartiste pour lusage du fragment se trouve poursuivi par le choix dutiliser comme matriaux de construction, dassemblage et de recouvrement des lments modulaires, aussi modestes soient-ils. Une lvation en briques, une chane dattache de bateau, un plan de lierre grimpant : trois colonnes qui sont aussi trois lments dun vocabulaire visuel pour exprimer les questions de masses, de rpartitions de force, les notions dassise et de lgret qui sont le lot de toutes les sculptures. Sur les deux faces principales de luvre, des minuscules carreaux de pte de verre, des tesselles et des bris de faence multicolores dessinent ce qui semble tre des petits paysages chatoyants, des arcs-en-ciel enfantins dont les reprsentations fragiles scroulent et samoncellent au fur et mesure que celles-ci se rapprochent des colonnes.

    Sur le fate de larc de triomphe, comme la parade, dix personnages de petites tailles nous observent de faon ironique et idiote, comme le feraient des pigeons propritaires des lieux. Ce sont des figurines mal dgrossies, encore saisies dans la barde de fonte qui leur a donn naissance. Sans savoir sil sagit vritablement dun bestiaire ou des pices dun jeu dchec incomplet, on reconnat de faon allusive un animal tte pyramidale, un visage mergeant difficilement dun rocher, un petit roi qui rigole... Tous ces dplacements et ces facettes fragmentes tmoignent avec vidence dun apptit pour les associations dides et les tlescopages surralistes, dune nergie aussi brouillonne que vitale, dun intrt malicieux pour des tentatives de ratages parfaitement matrises qui donnent lieu une sculpture terriblement efficace.

    09 erik dietmanarc de triomphe pour figurois et figurennes

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    carte

    Rue de lAlmaBd Georges ClmenceauRue Le Brix

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    Mtro Clemenceau

    p. 23en pratique Franois Morellet, Cholet (49), 1926. Vit et travaille Cholet et Paris.www.universalis.fr/encyclopedie/franois-morellet

    le lieu Carrefour du boulevard Georges Clmenceau et de la rue de lAlma, quartier Sud-Gare.

    Il en est encore certains, parmi les personnes les plus ges qui demeurent dans le quartier Sud-Gare, pour (se) rappeler quautrefois laxe de la ruede lAlma aboutissait dans les champs et les prairies. Puis, avec discrtion et pondration, on a fait pousser l-bas quelques petites barres dimmeubles et une nouvelle porte de la ville sest fige cet endroit, presque par dfaut, lore des annes 1970. Trente annes plus tard, on a construit le tout nouvel Htel de la Mtropole (architectes Jacques Anziutti et Patrick Berger). Et la priphrie semble alors tre devenue un nouveau centre pour cette cit qui na cess de repousser ses frontires vers lextrieur.

    Aujourdhui, depuis lesplanade de lHtel de Rennes Mtropole, si on regarde en direction du nord, cest--dire vers le cur de la ville ancienne, on dcouvre presque par hasard un long dessin compos dardoises sombres. Celles-ci se dtachent sur les pignons des quatre petites barres dimmeubles qui sont demeures intactes, symbolisant sans vraiment quon le sache cet octroi de la ville devenu obsolte. Lorsquen plein midi le soleil frappe au plus fort, le contraste entre la clart des quatre murs et les deux lignes obscures, lune droite, lautre courbe, est son paroxysme. Il faut prendre un petit peu de temps pour recomposer dans son ensemble la structure de la forme, dune grande simplicit mais relativement vaste. Cest comme si, de gauche droite (de louest vers lest), le regard crait la figure au fur et mesure de la perception. la segmentation des lignes labores par une suite rigoureuse de petits rectangles noirs semblent rpondre les lacunes, les vides constitus par les espaces entre les immeubles: autant dinterstices quil faut inconsciemment combler pour reproduire mentalement le dessin dans sa totalit. De plus, on hsite un court instant comprendre comment deux lignes se poursuivent de pignon en pignon.

    Le temps ncessaire lesprit afin de reconstituer ces formes pourtant dsesprment austres,

    renvoie peut-tre la signification du titre de luvre. Les titres sont pour Franois Morellet des lments qui participent souvent la transmission, voire la construction du sens de luvre indpendamment de sa stricte composition modulaire. On pourrait dire de Franois Morellet quil est un peintre abstrait au second degr car la gomtrie rigide dont il fait preuve fonctionne comme une contrainte, une sorte de garde-fou mais aussi comme une trame de travail qui autorise au final lmergence dune certaine posie. Et chez lartiste, la posie emprunte souvent les chemins de lironie. La ligne et le point du jour nest pas le trac aussi rigoureux que celui-ci suppose premire vue. Luvre napparat gure centre par rapport la perspective de la rue et la ligne courbe est dsaxe par rapport au sol. Le choix de lardoise renvoie certainement une prtendue couleur locale mais son usage sur ces murs voque aussi un immense cadran solaire totalement inutilisable. La ligne et le point du jour est prsente mais immatrielle et presque invisible : elle ressemble la ligne dhorizon dont il faut dabord se souvenir quelle existe pour pouvoir prendre le temps de la contempler.

    10 franois morelletla ligne et le point du jour

    luvre La ligne et le point du jour, 1989.Ardoises.

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    Bus 5 et 9Arrt Les Halles

    p. 25

    Lusage du langage, dans ses diffrentes

    strates dinterprtation, constitue le matriau privilgi des sculptures de Peter Downsbrough. Il peut tout

    dabord tre utilis selon des spcificits graphiques qui offrent une

    certaine plasticit .

    luvre Unit de la, 1990.Acier anodis, peinture noire.

    en pratique Peter Downsbrough, New Brunswick (New Jersey, EU) 1940. Vit et travaille New York et Bruxelles.

    le lieu Pignon du 33, boulevard de la Libert, langle de la rue Tronjolly, quartier Centre.

    Parmi les multiples enseignes qui maillent le parcours commerant de la rue Tronjolly, le chaland ne peut manquer de reprer limmense inscription qui domine depuis le pignon aveugle de limmeuble situ langle du boulevard de la Libert. nonc incomplet et sobrement typographi parmi les innombrables signes linguistiques du tissu urbain, luvre de Peter Downsbrough se singularise en obligeant le spectateur qui la dcouvre marquer un temps darrt pour parvenir la saisir correctement. Cest ici un paradoxe plutt intressant : si cette bribe de texte est parfaitement visible, elle exige en revanche un surcrot dattention afin dtre tout fait lisible.

    Lusage du langage, dans ses diffrentes strates dinterprtation, constitue le matriau privilgi des sculptures de Peter Downsbrough. Il peut tout dabord tre utilis selon des spcificits graphiques qui offrent une certaine plasticit . Dans Unit de la, par exemple, l unit revendique se trouve en fait dnonce par une rupture, par une sparation physique du mot dont la partie gauche semble sombrer, inexorablement, avec son cadre et la reprsentation schmatique du pignon. Second usage : par sa seule prsence, le langage modifie la neutralit suppose de lenvironnement urbain. Il marque lespace public en lui attribuant un sens ft-il en suspens qui correspond une vision intime de lartiste. De quelle unit irrconciliable est-il question ici ? De la sparation de la ville ancienne et de ses faubourgs, lesquels se trouvent prsent runis par ce boulevard qui autrefois en marquait la frontire ? Ou bien sagit-il du titre de la sculpture qui ne recouvre pas exactement dans son nonc (Unit de la) la ralit lisible de luvre ( Lunit de ) ?

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    Rue Ange Blaize

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    Mtro Gare

    p. 27en pratique Gottfried Honegger, Zurich (Suisse), 1917. Vit et travaille Zurich.www.espacedelartconcret.frwww.art.concret.free.fr

    le lieu Parking Sud de la gare, esplanade Fulgence Bienvene, quartier Sud-Gare.

    Gottfried Honegger nest pas seulement un sculpteur ni un peintre gomtrique abstrait emblmatique du mouvement de lArt concret, cest aussi un grand pdagogue de lart. Si, depuis les annes 1950, les dveloppements formels de son uvre sappuient sur des modles mathmatiques, la foi de lartiste en la peinture sappuie fondamentale-ment sur le rle quil attribue celle-ci : modifier notre quotidien de faon positive et durable. On ne stonnera donc pas du choix quil a manifest concernant le lieu dinscription de cette uvre, tant les symptmes contemporains quil cherche combattre entretiennent une relation avec certains fantasmes projets sur le parking souterrain. Ce sont : langoisse, lindividualisme, les systmes impersonnels, lconomie alinante et globalisante.

    La stratgie de cration de Gottfried Honegger commence par prendre revers la logique bien huile de la rpartition des objets et des corps dans ces architectures spcifiques. L o dhabitude lusage de la couleur, tel un poncif, dtermine visuellement les niveaux et les traves, lartiste substitue un nouveau code bas sur la rpartition alatoire de 24 teintes. La slection des couleurs, en elle-mme, participe dun vritable travail de peintre. En effet, celles-ci sont bien visibles sans tre criardes ni acidules ; lgantes sans mivrerie aucune. Places en hauteur sur certaines colonnes, elles renvoient au spectateur limage attachante dun vaste et dlicat jeu de mikado auquel se serait livr lartiste dans lespace. La composition de cette uvre abstraite senvisage donc aux dimensions de la totalit de larchitecture. ce propos, Gottried Honegger aime voquer ces tiges de bton colores comme des reprsentations symboliques de fleurs. La mtaphore dun bouquet champtre compos au hasard des trouvailles ne peut manquer de frapper lesprit par son irruption dans cet univers urbain, clos et aseptis.

    Enfin, lartiste distribue dans lespace des carrs de larges dimensions reprenant quelques couleurs dj utilises sur les colonnes. Comme un pochoir plac sur la muraille, le spectateur peut dcouvrir sur la surface de chaque monochrome un terme qui rsonne dans ce contexte particulier comme une invitation silencieuse. Respect , prudence , confiance , tolrance , cur sont des valeurs partages par tout tre humain, des notions la fois bienveillantes et chaleureuses. Leur rpartition alatoire vis--vis de lendroit qui les reoit et de la couleur qui les accueille ne peut dmentir quil sagit l aussi dun programme suggr par lartiste : lespoir et la volont de croire, en tous lieux, aux vertus de lart comme la prsence dautrui.

    12 gottfried honeggersans titre

    Comme un pochoir plac sur la muraille,

    le spectateur peut dcouvrir sur la surface de chaque monochrome

    un terme qui rsonne dans ce contexte particulier comme une invitation

    silencieuse.

    luvre Sans titre, 1992.Peinture.

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    carte

    Place de Bretagne

    Pl. Rallier du Baty

    Place de Cotquen R. Klber

    R. de l

    a Monnaie

    R. Martenot

    Quai . Zola

    prfecture

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    MtroRpublique

    p. 29en pratique Claudio Parmiggiani, Luzarra (Italie), 1943. Vit et travaille Parme (Italie).

    le lieu Place de Cotquen, quartier Centre.

    La plupart des frontires sont invisibles lil nu. Dune part parce quune frontire, si on considre celle-ci comme un lieu, se dfinit essentiellement comme un espace en creux. Il peut sagir dune ligne dlimite par une structure (barrire, grille, muret...) ou dsigne de points en points par des structures symboliques (bornes, chapelles, monuments). Gnralement, la frontire consiste davantage en un dessin, trac dans lespace mental, dune limite absorbe par le contact de deux espaces diffrents. Dautre part parce quune frontire spare deux endroits pour des raisons le plus souvent lies au cours de lhistoire et de ses vnements tragiques (guerres, destructions, mouvements de popula-tions). Son existence accompagne aussi bien lespace que le temps et, ce temps scoulant, sa visibilit peut disparatre avec ce dernier.

    Une frontire, cest donc un espace qui amarre imperceptiblement notre mmoire collective certains endroits de la ralit quotidienne, cette ralit ft-elle modifie par le temps, lhistoire et la succession des gnrations. En 1720, un incendie monstrueux ravagea la quasi-totalit de la vieille ville de Rennes. Au bout de quelques jours, il prit fin aux environs des rues qui jouxtent le cours de la Vilaine. Depuis la place de Cotquen, un il attentif ou avis peut reprer les modifications architecturales qui attestent du contraste entre centre ancien et ville reconstruite. Ceci sans rien connatre de lhistoire de la cit, mme si cette place marque effectivement un des points dachvement de la catastrophe.

    limage dun puits moyengeux rencontr au hasard des multiples cours de Venise, cette fontaine circulaire voque ici lendroit prcis o le feu vint steindre. Son ft bas et court, sa surface vase sur laquelle leau se confond avec le granit pour recevoir le ciel comme dans un miroir horizontal, les sonorits discrtes de lcoulement de leau et lamnage-ment de la place invitent la contemplation, mme inconsciente. limage dune frontire, les lments de la fontaine de Claudio Parmiggiani sopposent,

    sassemblent et se compltent autour des notions de dualit et de juxtaposition.Tout dabord, il existe un contraste de matriaux, dhistoire et de culture dans ce visage de nymphe antique, fragment lumineux dun marbre venu dItalie prsent pos sur la stle dun austre granit armo-ricain. Est-ce une allgorie de la ville noclassique qui est venue au xviie sicle poursuivre et saccorder avec les quartiers mdivaux ? Est-ce la mtaphore lgante dun artiste contemporain venu du sud de lEurope qui, travers cette uvre, suggre les puissantes convictions animant sa pense et son art : la confiance absolue dans la rencontre, le profond respect de lautre, les intuitions et les inspirations qui naissent avec la dcouverte des lieux ?

    Ensuite, il y a le reflet du visage de la muse la surface de leau, qui disparat chaque fois que se superpose limage de la personne qui lobserve. Comme tout miroir, cette uvre ne nous renvoie rien dautre que sa propre nigme, inlassablement. Quel plus beau monument pourrait-on imaginer que celui qui convoque aprs bien des sicles larrive de leau pour clbrer larrt des flammes et la renais-sance la vie ? Cette vie qui est parvenue jusqu nous. Quelle uvre plus gnreuse aurait pu conce-voir lartiste que ce monument en creux pour signifier une frontire aujourdhui oublie ? Une dclaration pudique qui retient en elle-mme limage du secret, comme un index pos sur les lvres de celui qui sait mais qui montre en mme temps quil nest pas ncessaire de parler.

    13 claudio parmiggianiune fontaine

    Ensuite, il y a le reflet du visage de la muse la surface de leau, qui disparat chaque fois que se

    superpose limage de la personne qui lobserve. Comme tout miroir, cette uvre ne nous renvoie rien dautre

    que sa propre nigme.

    luvre Une fontaine, 1993.Granit de Lanhlin, marbre.

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    Quai St Cast

    Rue dchange

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    prfecture

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    Mtro Sainte Anne

    p. 31luvre Jean Leperdit, 1994 (original de 1892, dtruit en 1941).Bronze, socle en granit.

    en pratique Emmanuel Dolivet, Rennes (35), 1854 Paris, 1901.

    le lieu Place du Champ-Jacquet, quartier Centre.

    Peu importe la saison : il est tt ce vendredi matin ; cest lheure courte, bleue et blafarde pendant laquelle les techniciens du nettoiement de la Ville croisent les derniers noctambules, uss, qui ne les voient pas. Encore une fois, ils retirent de lavant-bras de Jean Leperdit le modeste trophe quune main anonyme a dpos durant la nuit (gnralement, il sagit dune bouteille vide mais les tudiants possdent parfois autant de ressources que dimagination). Depuis plus de quinze ans que cette sculpture a retrouv sa place et son socle, on imagine sans peine la noria de photographies nocturnes prises par des gnrations de jeunes gens qui ont ralis lascension pour rejoindre la figure de cet homme et procder avec lui un clich de famille. Pourtant, cet homme, ils sont certaine-ment trs peu savoir qui il fut.

    Jean Leperdit est donc, Rennes, une statue aime. Spcificit locale due aux convulsions de lhistoire : les Rennais ne rencontrent dans leur ville que trs peu de sculptures conventionnelles compares aux nombreuses acquisitions dart public contemporain. Quelques reproductions dantiques habitent le parc du Thabor de leurs prsences discrtes ; Square de La Motte, une Gloire du mme Dolivet sadosse loblisque du monument aux Morts. Rennes, la tradition de la statuaire historique scrit surtout en creux et de faon invisible, limage de la niche demeure vide sur la faade de lHtel de Ville ou des sculptures questres disparues au fil du temps, des guerres et des dynamitages sauvages.

    Jean Leperdit (1752-1823) fut un maire aimable: de 1794 1795, ce notable modr occupe les hautes fonctions de Premier citoyen de la cit. Lhistoire (et, sans doute, une petite part de lgende) retiendra de son action quil sut, en rpublicain clair, sopposer aux drives incontrlables de la Terreur et particulirement au commissaire Carrier, le Bourreau de Nantes de funeste rputation. Emmanuel Dolivet choisit dailleurs de reprsenter

    un acte de rsistance: sa statue de Leperdit perptue avant tout un geste loquent ; le maire de Rennes y dchire la liste de 23 proscrits quil refuse de faire excuter.

    Balbutiement de lhistoire ? En 1941, cest un commissariat de Vichy qui prend la dcision de faire fondre la statue de bronze afin dalimenter le rgime Nazi. Circonvolution du hasard : en 1991, on retrouve un moulage quEmmanuel Dolivet avait ralis sur sa propre sculpture. Celui-ci permet alors la refonte en creux de la version que, chaque jour, nous avons sous les yeux. Un dtail piquant pour finir : en 1941, des mains bienveillantes et anonymes sparrent la tte du corps de la statue et la cachrent pour la conserver. Cest donc le visage original de celui qui sut slever avec discernement contre les guillotinages massifs que nous pouvons contempler aujourdhui. Laction de Jean Leperdit fait trs certainement de lui notre contemporain. ce titre, nous pouvons donc continuer lhonorer ; chacun sa faon.

    14 emmanuel dolivetjean leperdit

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    Quai St Cast

    Rue dchange

    Pl. Rallier du Baty

    Parking Hoche Bd de Svign

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    Rue Legraverend

    Rue de la Palestine

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    jardin du thabor

    prfecture

    opra

    Mtro Sainte Anne

    p. 33en pratique Sylvain Dubuisson, Bordeaux (33), 1946. Vit et travaille Courbevoie (92).www.sylvaindubuisson.com

    le lieu Place Rallier du Baty, quartier Centre.

    Chaque anne larrive des beaux jours, la petite place Rallier du Baty sanime pour devenir lun des curs de la ville ; un lieu de rendez-vous et de rencontre privilgi. lore des terrasses ombrages o bruissent conversations et clats de rire, une petite fontaine fait entendre la tonalit rgulire de leau. limage de cette place, luvre est situe en plein centre mdival mais relativement lcart des trpidations urbaines. Dans une discrtion qui confinerait presque lascse, elle soffre aux yeux des flneurs tel le fruit dune dcouverte heureuse et inattendue.

    Si Chrysalide, en tant que sculpture, emprunte premire vue lapparence dun mobilier urbain, cest certainement parce que Sylvain Dubuisson est la fois artiste, designer et architecte despace. La forme du cocon en bronze stri, au dessin aussi simple quvident, voque la figure alanguie dune demeure organique fige dans un temps ternellement suspendu.

    Sur ce sommeil bienveillant auquel semble rpondre le murmure de leau dormante vient se fixer une autre temporalit, celle dun rcit fondateur qui se trouve inscrit dans la mmoire de chacun. On peut lire, sur le socle en granite pourpre deux extraits de la lgende de Tristan et Yseult. Deux textes qui parlent, dans une langue originelle, damour, dtreinte et de sensualit.

    Chrysalide est une sculpture mais aussi un objet design dont il est possible de faire lexprience. Assis de chaque ct de luvre, vous pourrez regarder travers les deux orifices placs ses extrmits pour peut-tre partager, avec la personne qui vous fait face, un secret envelopp dans la pnombre dune brume lgre, humide et frache.

    15 sylvain dubuissonchrysalide

    luvre Chrysalide, 1994.Bronze et granito.

    Dans une discrtion qui confinerait

    presque lascse, elle soffre aux yeux des flneurs tel le fruit dune dcouverte

    heureuse et inattendue.

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    Bd Lon Grimault

    Bd des Hautes Ourmes

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    Rue Michel

    Pl. Jean Monnet

    parc des hautes ourmes

    Mtro La Poterie

    p. 35

    Cette forme humaine en bronze,

    assez archtypale pour quon puisse projeter sur elle tout ce quon dsire

    quelle soit, semble se recueillir avec respect devant le spectacle

    qui se tient devant elle.

    luvre Open Space, 1994. Plateau circulaire, asphalte, bton, briques, acier, sculpture en bronze.

    en pratique Antony Gormley, Londres (Grande-Bretagne), 1950.Vit et travaille Londres.www.antonygormley.com

    le lieu Place Jean Monnet, quartier Fransisco-Ferrer-Vern-Poterie.

    Comme autrefois les bassins jouaient le rle de lieux de rencontres aux croisements des alles dans les jardins publics, la place Jean Monnet a t conue dans les annes 1990 comme un point dintersection structurel dans le nouveau quartier de la Poterie. Pourquoi, alors, ne pas imaginer un endroit qui, telle une scne, fonctionne comme un espace libre de toutes contraintes, ddi aux habitants et leurs activits ? Grce luvre dAntony Gormley, chaque jour, la vie du quartier simprovise donc travers les jeux, les dplacements, les promenades, les conversations, et se donne voir la surface de cette plate-forme ouverte sur le monde o, indfiniment, tout reste inventer.

    la priphrie du cercle, une figure discrte et un peu mystrieuse se tient accroupie sur le dambu-latoire. Cette forme humaine en bronze, assez archtypale pour quon puisse projeter sur elle tout ce quon dsire quelle soit, semble se recueillir avec respect devant le spectacle qui se tient devant elle. Loreille rive au sol, elle coute peut-tre les multiples histoires de la ville nouvelle et, bien avant celle-ci, les rcits telluriques recueillis secrtement dans ses fondations. Cette sculpture est en fait un moulage du propre corps de lartiste qui, travers cette prsence symbolique et bienveillante, a choisi daccompagner le quotidien des riverains en demeurant toujours, dune certaine faon, parmi eux. Le soir est venu. Les dernires personnes ont rejoint leurs domiciles. La statue veille jusquau petit matin. La place nest jamais dserte.

    16 antony gormleyopen space

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    carte

    Quai St Cast

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    Pl. Rallier du Baty

    Parking Hoche Bd de Svign

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    jardin du thabor

    prfecture

    opra

    MtroSainte Anne

    p. 37

    Mme dissimul au regard du citadin,

    un parking souterrain demeure un espace reprable dans

    le maillage urbain.

    luvre Question de niveaux / Niveau de lectures, 1996. Affiches, lments de mobilier, lettrage adhsif, peinture.

    en pratique Philippe Cazal, La Redorte (11), 1948. Vit et travaille Paris et Bagnolet (93).www.philippecazal.com

    le lieu Parking souterrain, place Hoche, quartier Centre.

    Mme dissimul au regard du citadin, un parking souterrain demeure un espace reprable dans le maillage urbain. Sa prsence se justifie essentiellement comme une rponse architecturale des besoins structurels et des activits socio-conomiques : transport, travail, commerce, tourisme, accs la culture, etc. Son intgration dans un rseau global de services global implique galement que certains codes soient respects: signalisation extrieure, usage dun mobilier urbain, communication avec le client / usager, distribution des espaces, reprages des niveaux par un systme de numro-tation et / ou de couleurs

    On pourrait affirmer que Philippe Cazal sest uniquement concentr sur les lments qui constituent le langage visuel des villes contemporaines ; ce tissu signifiant o sinterpntrent les slogans, la publicit, les changes marchands mais aussi les revendi-cations sociales et politiques. ce titre, la ville est pour lartiste une sorte de journal du temps prsent dans lequel il est possible de dcouper des mots, disoler ou de recomposer des phrases pour leur donner un statut de citations exemplaires.

    Ds lentre du parking souterrain de la place Hoche, lusager est invit opter pour lescalier de droite moins quil prfre celui de gauche, son reflet symtrique et parfait. Ce choix est dordre binaire et on retrouve celui-ci, comme un cho au fil des dplacements, dans le vocabulaire artistique minimal dvelopp par Philippe Cazal. Sur les poignes des portes apparaissent mouls, sous forme de logos, deux termes dont lopposition renvoie lenvironnement immdiat avec lvidence dun haku : plus / moins , sur / sous , dans / hors chaque tage du parking correspond un couple de mots rpt sur certaines colonnes. La typographie employe peut faire songer la tradition de la propagande rvolutionnaire mais aussi une certaine esthtique du capitalisme.

    Cet aspect ambigu est renforc par les affiches qui prennent place dans des panneaux publicitaires. De nouveau, celles-ci associent des duos de termes nigmatiques et des images qui semblent convoquer un contexte culturel : le design, la littrature, le cinma. Dans ces parodies de rclames, lindividu est dfinitivement absent. Dernire ambigut : cest pourtant sa prsence qui est clairement au cur de la dmarche de Philippe Cazal. Chaque visiteur du parking, chaque lecteur-spectateur est invit par lartiste projeter le sens quil dsire lintrieur de la trame lacunaire de cette posie conceptuelle.

    17 philippe cazalquestion de niveaux / niveau de lectures

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    carte

    Bd R

    en

    Lan

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    R. St-Hlier

    Bd de la Libert

    R. du Puits Mauger

    Cours des Allis

    R. d

    Isly Av.

    Janvier

    Bd Solfrino

    R. Robidou

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    Bus 2 et 11Arrt Lannec

    p. 39luvre Un mtre cube deau, 1996. Granit et 4 balustrades en mtal peint.

    en pratique Xavier Ribot, Oisseau-le-Petit (72), 1957. Vit et travaille Niort.www.xavierribot.com

    le lieu Angle de la rue Saint-Hlier et de la rue du Verger, quartier Thabor-Saint-Hlier.

    De la sculpture de Xavier Ribot, on peut noncer trois faits avec vidence: il sagit dune fontaine ; la structure de cette fontaine est constitue dun volume minimaliste ; pourtant, on repre galement celle-ci comme un lment ornemental dans le contexte urbain. Est-il question ici dun objet ambigu et paradoxal, ou bien est-ce le rsultat dun acte de cration qui emploierait comme matriaux les sensations de contraste, dopposition et de complmentarit ?

    Un mtre cube deau nest pas une uvre dmonstrative. Au contraire, elle tient ramasse en elle-mme lintensit de quelques ides lmentaires dont lenchanement se trouve traduit travers un langage plastique dpouill et adquat. Tout est question de calibre, de mesure et dtalonnage : au volume deau indiqu correspond limage dun cube de granit bleu dlimit et protg par une grille de mtal rouge. Voil pour la dfinition de la fontaine.Bien que la sculpture ne soit pas par elle-mme trs bavarde, on pourrait voquer celle-ci comme une uvre dclarative. Elle na rien dautre dfendre, finalement, que sa simple existence cet endroit prcis : cest une sorte dvnement qui a pris place dans lenvironnement et dans lhistoire rcente du quartier Saint-Hlier. Elle sest fondue dans le dcor sans pour autant perdre un aspect intrigant et singu-lier. On la remarque, on la regarde, on sinterroge son propos ; on entretient donc avec elle une relation active. Voil pour la dfinition de luvre dart.

    Il ny a rien dautre voir que ce que vous voyez ? Peut-tre un peu plus Davantage quune rfrence lart minimal, le cube de granit sombre renvoie peut-tre lapparition dun monolithe noir dans un clbre film danticipation. Les grilles, quant elles, appartiennent au pass. Ce sont en fait quatre balustrades de balcons en fonte ouvrage qui ont t sauves lors de la rfection du quartier. Comme le cours de leau, cette sculpture est une brve histoire de temps qui ne finit jamais.

    xavier ribotun mtre cube deau18

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    carte

    Bd R

    en

    Lan

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    R. St-Hlier

    Bd de la Libert

    R. du Puits Mauger

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    Cours des Allis

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    Bd Solfrino

    R. Robidou

    Cour Raphal Binet

    R. AlainGerbaulttnb

    MtroGare

    p. 41en pratique Philippe Bruneau, 1956.www.krokart.free.fr

    le lieu Jardin public, rue Alain Gerbault, quartier Thabor - Saint-Hlier. L'artiste signe aussi la mosaque sur le mur de la crche Alain Gerbault.

    Aprs tre passs devant une mosaque reprsentant sur la faade de la crche un visage denfant au large sourire, entrons droite dans le petit jardin attenant. Dlaissons les quelques jeux pour petits et rendons-nous au fond de ce jardin pour faire face une vaste cage de couleur rouge, qui ne possde apparemment aucune entre.

    Au centre de cette structure parfaitement quadrangulaire trne un jouet pour bb : un jeu danneaux aux couleurs vives dont les dimensions ont t monstrueusement multiplies par lartiste, jusqu dpasser la taille dun adulte. Cest une sorte de totem la fois sympathique et assez absurde qui se tient devant nous, prisonnier dans une volire et nayant peut-tre aucune autre fonction que daccueillir les petits oiseaux.

    lheure du goter, les coliers, vaguement impres-sionns mais reconnaissants, pourraient alors venir leur jeter les miettes de leurs quatre-heures. Pendant ce temps, leurs parents, saisis par un souffle dinquitante tranget, quitteraient un instant des yeux leurs prognitures pour contempler, travers cette uvre dart et comme en contre-plonge, le monde immense et dmesur tel que le dcouvre chaque jour le regard dun enfant.

    19 philippe bruneaula volire

    Cest une sorte de totem la fois sympathique et assez absurde qui

    se tient devant nous, prisonnier dans une volire et nayant peut-tre aucune

    autre fonction que daccueillir les petits oiseaux.

    luvre La Volire, 1997. Mtal peint, rsine.

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    carte

    Bd Lon

    Bourgeoi

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    Rue de Chteaugiron

    R. de la Frbardire

    Rue de lErbonire

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    R. J.-F. Millet

    Rue des Veyettes

    Bus 11Saint Sans

    p. 43

    Comme dans toute fable animalire, celle-ci possde sa propre morale.

    Qui saura dcouvrir lallgorie malicieuse et cologique du chameau qui dispense avec parcimonie, qui le souhaite, un trsor aujourdhui

    si prcieux ?

    luvre Voies deau, 1995-1998.Ensemble de 4 fontaines, ici Gammes la trompette, 1995. Briques, inox, bronze.

    en pratique Jean-Yves Brlivet, Brest, 1946. Vit et travaille Paris et Hanvec (29).www.ddab.org/oeuvres/BRELIVET

    le lieu Quartier Francisco-Ferrer-Vern-Poterie.Ensemble de 4 fontaines : Gammes la trompette , 1995, briques, inox, bronze, square Ren Plven. Chteau deau , 1997, briques, inox, rsine poxy, rue Jean-Franois Millet. Echo , 1997, briques, bronze, inox, square Louis Massignon. Train citerne , 1998, bton, bronze, inox, avenue du Haut-Sanc.

    Quatre fontaines dans un quartier priphrique dune ville qui en compte de nombreuses. Quatre sayntes quil est possible de runir, dans le sens quon veut, pour (se) raconter une histoire dans laquelle le protagoniste est toujours le mme. Quatre sculptures dcouvrir en entreprenant un parcours gomtrie variable. Quatre uvres qui composent une fable caractre atmosphrique dans laquelle leau tient une place dterminante.

    En ces temps de scheresse, cartons-nous des innombrables voies ferres de la gare de triage (l o on lave les trains), dlaissons les trois ou quatre restaurants ouvriers bien franais pour progresser dans la fracheur accueillante du square Ren Pleven. Avec ses quatre hauts palmiers qui en dlimitent symboliquement lespace, cest une sorte doasis ombrage, ou alors un vaste patio ciel ouvert structur par des immeubles blancs et peu levs, par des terrasses. Les enfants nont pas trs loin o aller pour pouvoir jouer au foot, et les parents nont pas trop de peine les garder dans leur ligne de mire. Ils peuvent mme le faire avec une certaine nonchalance. Cest donc un peu le Sud: au milieu du jardin, un chameau se livre une factie trange. La gueule munie dun entonnoir, il semble vouloir asperger sa propre bosse ce chteau deau anatomique laquelle prend ici lapparence dune petite montagne pele comme on en distingue lhorizon de lAtlas.

    Empruntons lavenue du Haut-Sanc. Les anciennes fermes rnoves alternent avec les pavillons rcents plus ou moins cossus. On arrose les massifs de fleurs. Quelques jardins arides cherchent encore leurs maisons. Non loin des jeux pour enfants, nous pouvons reprer un autre chameau. Il est facile reconnatre car, impassible, il mche toujours ce

    mme entonnoir. Ici, le rituel auquel il se livre est plus intrigant: force davoir tourn en rond autour dune attache invisible, il semble stre presque totalement ensabl. La sculpture en elle-mme propose aussi une image plus radicale : une fontaine urbaine dun style bien reconnaissable est venue se positionner en lieu et place de la bosse.

    Rue Jean-Franois Millet : les immeubles sont dune architecture rcente ; au centre de lespace, labsur-dit prend cette fois-ci une forme chorale. Lenton-noir, prsent, est devenu gigantesque et il en sort six ttes de chameau qui spoumonent dans leurs instruments en inox. Le leader des chameaux est un peu plus grand et, comme un chef dorchestre, on dirait quil bat la mesure de ce concert de trom-pettes tonitruant et muet. proximit se trouve un arrosoir en mtal clinquant. Aprs avoir cherch le mcanisme quelques secondes, il est possible de faire jaillir une eau claire de cette fontaine dont lap-parence, somme toute, est parfaitement logique.

    Dans une niche ombrage du petit square Louis Massignon, cette fois-ci, cest un broc en inox qui parat avoir t oubli. Le mcanisme de la fontaine se trouve au mme endroit. Scoule alors, dans une musique agrable et lgante, un petit filet donde bien rafrachissant. Deux chameaux sont encore prsents: ils luttent (ou alors ils communi-quent) grce leurs ternels entonnoirs qui les tiennent unis lun lautre, comme deux reflets dune mme image. Comme dans toute fable anima-lire, celle-ci possde sa propre morale. Qui saura dcouvrir lallgorie malicieuse et cologique du chameau qui dispense avec parcimonie, qui le souhaite, un trsor aujourdhui si prcieux ?

    20 jean-yves brlivetvoies deau

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    carte

    Bd de C

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    Rue C

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    R. Ferdinand

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    R. Champion

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    Bd de la Gurinais

    Cour Raphal BinetBus 9

    Arrt Gurinais

    p. 45en pratique Robert Milin, Brest (29), 1951.Vit et travaille Paris.

    le lieu Boulevard de Cleunay, boulevard de la Gurinais et place Saint Gunol, rue Eugne Pottier, quartier Cleunay-Arsenal-Redon.

    Nul besoin de savoir conduire ni mme de connatre le code de la route pour comprendre dans les grandes lignes comment les panneaux routiers distribuent, avec plus ou moins dobstina-tion, les informations ncessaires au voyageur. Toujours prsents sur les grands axes routiers, les panneaux fond bleu indiquent les villes et les destinations importantes. On peut aussi prfrer les nationales aux autoroutes, les itinraires bis qui ne contournent aucune localit ; ces longs rubans dasphalte qui, droulant avec eux une tempora-lit un peu morne, conservent le got rsiduel de lenfance et des vacances dt. Largement dtaills dans le Guide vert, rythms par la monotonie des restaurants routiers et des bornes-Michelin oublies aux bords des routes, les paysages lente-ment traverss schafaudent aussi par la dcouverte des curiosits locales . Celles-ci possdent leur signalisation dont le caractre officiel peut paratre vaguement suspect : telles des photos anciennes qui auraient pass avec le temps, les panneaux aux tons spia proposent au touriste de ralentir un peu plus, sil le souhaite.

    Est-ce parce que Cleunay, quartier situ la priphrie de la ville, a su conserver des allures de gros bourg que Robert Milin a dcid demployer ce type de signalisation pour jalonner lespace ? Plutt que de vritablement dessiner un parcours, les huit panneaux lapparence suranne huit sculptures pour lartiste dsignent des endroits o il est peut-tre bon de marquer un temps darrt. Ces fois-l, si on peut dire, la curiosit change de camp car la prsence des images choisies par lartiste oblige le spectateur sinterroger : en effet, ce qui y est reprsent ne concorde pas ou ne concorde plus avec le contexte environnant. Sagit-il dune nigme ? Sagit-il, au contraire, dun indice ; une histoire quil faudrait savoir reconstituer ? Quoi quil en soit, lexistence de ces indications charge latmosphre dune dimension supplmen-taire. Comme ces panneaux semblent rvler la

    ralit de micro-vnements saisie dans une trame intemporelle, ils confrent aux lieux une qualit remarquable, ft-elle de lordre de lanecdote. chaque fois, ils transforment la relative banalit de lenvironnement urbain en un vritable panorama.

    Curieux panorama que celui qui ne propose (plus)rien contempler, ou pas grand chose. Les vne-ments relats par les panneaux de Robert Milin paraissent avoir fig un moment de lhistoire quotidienne de ce quartier populaire. Ce quotidien constitue peut-tre en lui-mme une temporalit qui chappe au mouvement de la transformation des villes et de leur organisation. Quelque chose qui pourrait aisment soublier, comme la petite picerie de proximit qui, sans laisser de trace, un jour a t supplante par les ensembles modernes. Comme les pots de bgonias la fentre du rez-de-chausse de la vieille dame. Ceux-l aussi, avec elle, ont discrtement disparu mais personne ne la jamais remarqu. Peut-tre a-t-on aujourdhui totalement oubli Denise dont on peut toujours pourtant reprer lentre de limmeuble. Le petit Julien vit-il seulement encore Cleunay ? Et Odette, qui pose avec sa robe de communiante devant une Renault Dauphine (le genre de photographie que toute famille possde dans le secret dun album), est-ce prsent la femme dge mur qui, en passant, nous regarde observer son image ? O se situe exactement le petit pavillon de Bernard et Yvette ? Dans le quartier ? Dans le pass ? Dans notre mmoire ? La mmoire intuitive de ceux qui, acceptant de ralentir devant ces huit panneaux indicateurs, sauront tout de mme se souvenir avec tendresse et sympathie alors quils ne sont mme pas du coin. Grce ce sentiment de dj-vu, luvre de Robert Milin propose un voyage en Modestie ; un espace infra-mince o nos petites histoires, une fois gommes les apories de lvnement et du sensationnel, noncent de petits dnominateurs communs qui fondent la vritable vie des vrais gens.

    21 robert milincleunay : ses gens

    luvre Cleunay : ses gens, 1999. 8 Panneaux de signalisation urbaine.

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    Place de Bretagne

    Pl. Rallier du Baty

    Place de Cotquen

    Bd de la Libert

    R. Klber

    R. de l

    a MonnaieRue Louis Guilloux

    Rue Papu

    R. Martenot

    Quai . Zola

    prfecture

    opra

    Bus 2, 4 et 11Arrt Place de Bretagne

    p. 47en pratique Grard Collin-Thibaut, Liepvre (68), 1946. Vit et travaille Vuillafans (25).www.gerardcollinthiebaut.com

    le lieu Place de Bretagne, quartier Centre. 2 Groupes de 2 sculptures, daprs Diane surprise au bain et Vnus au bain (Muse du Louvre) de Gabriel-Christophe Allegrain (1710-1795). Collaboration avec larchitecte Dominique Brard.

    Dans la journe, cest peine si on arrive les distinguer tant le trafic automobile est dense. Sur le parking de la place de Bretagne, lombre des arbres, les voitures forment un canevas ininterrompu aux diverses couleurs mtallises. Le soir venu, un de ces soirs dt o le ciel est une nuit bleue, profonde et lectrique, le touriste qui a dabord surnag parmi un flot de hayons et de capots retrouve enfin sa voiture. La portire une fois claque, il allume ses phares et se surprend douter, avec un petit malaise coupable, de lapparition quil a maintenant devant les yeux. Baignant dans leau et la lumire colore dune fontaine, a surgi une beaut acadmique Grand Sicle dont la puret et la plnitude des lignes appellent la main et la caresse autant que les courbes gnreuses dune Aston Martin.

    Imaginons maintenant que notre touriste est un conservateur de muse ou quelquun dans le genre ; il aura saisi du premier coup dil la prsence dun thme traditionnel de lhistoire de lart presque un strotype. Vnus mergeant des eaux pour offrir aux regards, sans jamais broncher, la perfection de son corps ou, au choix, Diane Chasseresse, toujours vaguement offusque dtre chaque fois surprise au bain. Dans le cas de nos naades, il sagit de sculptures. Encore serait-il plus judicieux den parler comme des images de sculptures. En effet, en mme temps que leur nudit, celles-ci assument pleine-ment leur rle de copie. Ce que soulignent, ou surlignent, les couleurs franches de la laque dont elles sont pares, l encore trs loignes de la blancheur de la pierre. Dailleurs, si notre conservateur est galement le propritaire dun vhicule rcent, il aura peut-tre choisi le sien parmi les quatre couleurs disponibles devant lui.

    Peut-on dfinir la proposition de Grard Collin- Thibaut comme une sorte de tuning artistique ? Une pratique de la sculpture qui customiserait, avec humour, sens critique et une certaine affection, les grands thmes classiques pour que ceux-ci puis-sent continuer nourrir notre imaginaire contempo-rain. Nous, qui ne sommes pas tous conservateurs de muse, nous connaissons ces deux groupes de statues sans vraiment franchement les connatre. En fait, nous les reconnaissonscomme des emblmes vidents de notre culture. Et puisque lartiste semble ici convoquer ciel ouvert un muse dpays, rpondons son invitation pour rcuprer, avec nos voitures, une partie de notre patrimoine commun.

    22 grard collin-thibautdes baigneuses pas trs acadmiques

    Une pratique de la sculpture

    qui customiserait, avec humour, sens critique et une certaine affection,

    les grands thmes classiques pour que ceux-ci puissent continuer

    nourrir notre imaginaire contemporain.

    luvre Des baigneuses pas trs acadmiques, 2000.Granit, matriau de synthse lorigine, bronze actuellement, peinture automobile.

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    Quai St Cast

    Rue dchange

    Pl. Rallier du Baty

    Parking Hoche

    Place de Cotquen R. Klber

    R. de l

    a MonnaieRue Louis Guilloux

    Rue Legraverend

    Rue Papu

    R. Martenot

    R. du

    Gal.

    M

    . Gui

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    jardin du thabor

    prfecture

    opra

    Mtro Sainte Anne

    p. 49en pratique Laurent Saksik, Antony (92), 1962. Vit et travaille Paris.www.verreonline.fr/v_arti/saksik.php

    le lieu Parking souterrain des Lices, place des Lices, quartier Centre.

    Avez-vous remarqu que les parkings souterrains, Rennes en tous cas, possdent gnralement quatre niveaux ? Le choix de ce chiffre recle peut-tre en lui-mme une signification cache arbitraire, inconsciente ou absurde, qui renverrait un systme symbolique dont il est amusant de vouloir chercher la clef. Un symbole puissant : les parkings souterrains sont comme une architecture inverse, une seconde ville invisible secrtement inscrite dans les profondeurs de la premire. Une relation symbolique : dans ces structures souterraines, il est dusage dassocier une couleur un niveau, comme si le recours un systme chromatique se substituait plus facile-ment dans notre mmoire aux qualits abstraites des nombres. Une remarque pour finir : dans un parking souterrain, on arrive en voiture et on repart pied, ou vice-versa.

    La proposition de Laurent Saksik concentre en elle ces lments qui dfinissent la structure et les activits dun parking souterrain pour donner naissance un exercice de peinture singulier. Luvre picturale, ici, se dploie dans les dimensions du contexte qui laccueille et qui se transforme avec elle. On peut dire que lespace tout entier baigne dans limmatrialit de la couleur aux effets changeants, ce qui nest pas sans rappeler certains aspects de lhistoire du monochrome. Chez Laurent Saksik, la peinture est un matriau impalpable : dune part parce que son existence se manifeste grce un clairage diffus au non, dautre part parce quelle est contingente des surfaces de verre, allant du translucide au dpoli, qui lemprisonnent.

    Or, ces baies vitres ont aussi la fonction de permettre la perception de la ralit environnante. travers ces prismes, la vision de lespace se trouve donc modifie. Les niveaux du parking, absorbs dans la brume envahissante dune couleur chaque fois diffrente, sont alors chargs dune atmosphre aux qualits particulires : parfois reposante, parfois intrigante jusqu paratre irrelle. Les mouvements des corps des usagers, lorsquon les surprend, prennent eux aussi une apparence fantomatique. Cette exprience de la peinture rvle des sensations quasi biologiques, comme si Laurent Saksik avait transform larchitecture souterraine en un vaste organisme vivant. Au centre de ce parking, on imagine un cur palpiter au rythme de la respiration lumineuse dun non.

    23 laurent saksiksans titre

    luvre Sans titre, 2001. Films colors, nons, peinture (commande de Citdia Rennes).

    Les niveaux du parking,

    absorbs dans la brume envahissante dune couleur chaque fois diffrente, sont alors chargs dune atmosphre aux qualits particulires : parfois

    reposante, parfois intrigante jusqu paratre irrelle.

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    carte

    Roca

    de No

    rd Mail Emmanuel Le Ray

    Avenue Gros Malhon

    parc de beauregardBus 4Arrt Beauregard

    p. 51en pratique David Boeno, Brest, 1955. Vit et travaille Locquemeau (22).www.davidboeno.org

    le lieu Parc de Beauregard, quartier Villejean-Beauregard.

    Un nouveau parc au cur dun quartier qui slve de terre depuis quelques annes. Il est possible datteindre celui-ci par des chemins creux qui ont t conservs et qui distribuent un ventail dimmeubles dont larchitecture contemporaine est nettement assume. On peut aussi sy rendre par un sentier presque souterrain qui croise un endroit le filet dun ruisseau. Comme le parc est orient selon un axe est-ouest, sa dcouverte peut aussi seffectuer en traversant luvre monumentale dAurelie Nemours. lOrient, le parc se poursuit alors pour se terminer avec les petits lopins potagers et intimes des jardins ouvriers. Une uvre mgalithique louest ; lest, une proposition paysagre qui affirme lintgration dlments bien connus de lhistoire populaire de Rennes ; entre les deux, le parc de Beauregard stend sur cinq terrasses laisses en herbes et bordes latralement par des buissons de camlias, des lilas et quelques bosquets de noisetiers. Les arbres trs anciens qui, de tous temps, vivaient ici ont t conservs.

    Par la forme quil emprunte, le parc de Beauregard sapparente limage dune ide. Il se prsente comme un espace rigoureusement organis et, la fois, comme le plan de cet espace. Sa conception rvle un attachement une certaine manire denvisager le monde, sagement et sereinement, en entrecroisant la science, la sensibilit, la posie et la ralit. Une telle conception du Monde renvoie vers une antiquit archaque, celle davant les systmes platoniciens ; antiquit rve dans laquelle les penseurs comme Parmnide, Pythagore ou encore le vieil Hraclite taient avant tout des mathmaticiens, des physiciens, des astronomes. Et, en fins observateurs quils taient, ils voyaient que les dieux aussi avaient lu leurs demeures dans les multiples dtails de la ralit. Ce peut paratre tonnant de le prsenter ainsi: le parc de Beauregard propose un certain nombre dexpriences chaque visiteur qui le traverse.

    La premire exprience seffectue ds le premier mur aux courbes discrtes. Ce qui ressemble des meurtrires horizontales a t mnag en diffrents endroits. Trois verres pais et biseauts prennent place lintrieur de chaque orifice. Si vous regardez au travers, vous verrez natre un arc-en-ciel ; cest--dire limage potique qui caractrise le phnomne scientifique de dcomposition de la lumire dans un spectre de couleurs diffrentes. Il est donc possible dobserver, surtout au petit matin, un spectacle spontan, lumineux, anim et phmre. Avec cette apparition, cest aussi une vrit invisible qui se rvle vos yeux. Llment architectural est donc aussi un prisme, un jeu doptique, un outil qui permet dapprocher la ralit dune autre faon. Plus haut, vous rencontrerez un cadran solaire conu aux dimensions humaines. Placez-vous dans le demi-cercle dardoises qui se trouve ici cet effet: votre corps devient lun des lments dune machine aussi simple que rudimentaire. Selon le moment de la journe, votre ombre sallongera plus ou moins mais viendra coup sr marquer lheure solaire sur un des miroirs que supportent de petites dalles de schiste sombres. Dans ce parc, le temps, lespace, lorientation, le soleil, la lumire ne sont donc quune seule et mme chose. Chaque lment a besoin de tous les autres pour pouvoir exister et apparatre sereinement lesprit du visiteur. Aprs ces dcouvertes et ces itinraires moins linaires que prvus au premier abord, il sera toujours temps pour vous de retrouver la ville, avec la litanie des espaces logiquement disposs, des dures strictement encadres, des rythmes modernes et implacables.

    24 david boenosans titre

    Chaque lment a besoin de tous les autres pour pouvoir exister

    et apparatre sereinement lesprit du visiteur.

    luvre Sans titre, 2002.Conception et amnagement monumental du parc (avec le cabinet paysagiste Hannetel et Yvert), schiste, verre.

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    carte

    Bd Oscar LerouxBd Lon Grimault

    Av. d

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    Rue P

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    vin Rue de la Poterie

    Rue V.

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    r Grard

    Rue Michel

    Rue M. Vincent

    Pl. Jean Monnet

    parc des hautes ourmes

    Bus 8Arrt Landrel

    p. 53en pratique Marin Kasimir, Munich (Allemagne), 1957. Vit et travaille Bruxelles.www.actuphoto.com/880biographie-marin-kasimir.html

    le lieu Place du Landrel, quartier Le Blosne.

    Sous le patio ombrag du petit centre commercial du Landrel, comme dans tous les centres commerciaux de France, il y a : un bar, une suprette, une laverie automatique, un tabac- loto-journaux, un kebab, une boucherie, une pharmacie et une boulangerie- ptisserie. Dans la boulangerie-ptisse-rie, avec les croissants et les pains au chocolat, il y a aussi : des cornes de gazelle, des makrouds, des loukhoums, des baklavas. Du ct du boulevard, il ny a pas denseigne : tous les gens du quartier savent que cest l, le centre commercial. Du ct de la place, cest--dire du ct de chez les gens , il ny a pas denseigne non plus : il y a une grande photographie panoramique qui reprsente, comme dans un miroir un peu dformant, la place.

    Cest facile de se reprer. Le seul lment vertical est l'immeuble HLM. On le voit mme deux fois sur la photographie. Pourtant, la seconde fois, cest davantage sa forme et ses couleurs douces quon reconnat parce quil sest entre-temps dcompos, avec le reste du paysage, en d'innombrables pices de puzzle. Devant limmeuble dans la photo, des enfants, des adolescents transportent et installent de gigantesques pices de puzzle. Cest bizarre : si le regard sort de limage pour se reprer dans la ralit, il retrouve les mmes enfants, enfin presque, sur cette place du Landrel. Cette fois-ci, ils sont assis discuter sur des grandes pices de puzzle aux couleurs pastel ou alors ils trempent la main, en passant, dans une petite fontaine qui possde la mme forme.

    On dirait, de droite gauche, lhistoire dune image. Dabord, le reflet de la place : une scne sur laquelle se joue un rcit o viennent se positionner les habitants comme autant de petites pices, chacune essentielle lexistence de ce cadre de vie. Puis, limage se transforme en une galaxie de pixels particules lmentaires de toute photographie numrique qui quitte celle-ci pour renatre sur la place comme une ralit augmente. Grce la diaspora de toutes ces pices de puzzle dissmines, limage existe aussi prsent cet endroit, avec le regard de lartiste et son histoire de construction. En tous cas, voil lhistoire que jai russi reconstituer

    25 marin kasimirpuzzle pour rennes

    luvre Puzzle pour Rennes, 1999-2003. Fontaine en inox, mobilier urbain en bton teint dans la masse, photographie couleur imprime sur bche.

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    carte

    Bd R

    en

    Lan

    nec

    R. St-Hlier

    Place de Bretagne

    Place de Cotquen

    Bd de la Libert

    R. du Puits Mauger R.

    dIs

    ly

    Bd de Strasbourg

    R. Klber

    Av. Janvier

    Quai . Zola

    R. Robidou

    tnb

    Bus 3Arrt Place Pasteur

    p. 55en pratique Jocelyn Cottencin, Paris, 1967. Vit et travaille Rennes (35).www.jocelyncottencin.comwww.ddab.org/oeuvres/COTTENCIN

    le lieu Parking Klber, rue Klber, quartier Thabor - Saint-Hlier.

    Cest un endroit o il fait trs chaud, o le soleil cogne. Lair y est sec, rare peut-tre ; on peut se rfugier dans lombre des parcs quon repre parfois au second plan. Les parcs : des arbres et des bancs, pas beaucoup plus. Les rues de la ville sont poussireuses. Cest sans doute dans le Sud, pas trs loin de la Mditerrane mais peut-tre aussi proximit dune chane de montagnes. Ce pourrait tre en Grce, ou encore du ct de la Macdoine parce que, sur les enseignes et les portires des pick-up de chantier, les annonces publicitaires sont rdiges dans un alphabet qui nest pas le ntre. Illisible. Une chose trange : la lisire de la ville, ou dans un terrain vague, une villa en construction apparat mais son squelette de bton arm lui donne un aspect fantomatique. Dlabr, dj. Cest comme si dans cette ville les gens schinaient construire des ruines, sempiternellement. Les arbres ont soif.

    part a, cest un peu comme dans toutes les villes. Les gens viennent et vont. Le dplacement des corps est permanent. On suit du regard la progression dune femme brune, lgante, un sac dune boutique de luxe la main. Ailleurs, le long dun trottoir, une autre brune patiente. Elle parat plus jeune. Un couple traverse limage. Une bande de jeunes types en survtement se forme et se dfait au fil des conversations. Cest toujours la mme chose dans les villes. Des livreurs en scooter tracent leur route au milieu des voitures. Les mobylettes, les scooters sont vieux et fatigus. Des personnes du mme ge se croisent. Un cycliste sort du cadre. Cest une sorte de chorgraphie du hasard. Diffrentes dispositions. Diffrentes trajectoires. Ici, on protge sa voiture avec de la bche grise. cause du soleil ? cause la poussire des rues ?

    Ce nest pas facile dire. Les images sont de grandes dimensions mais on ne distingue pas toujours trs bien la scne. Parfois, les habitants de la ville sont flous comme si le photographe navait pas russi fixer leurs alles et venues. Parfois, la mise au point nest pas bien faite comme si le photographe,

    dans son propre mouvement, avait t surpris par limage qui surgissait sans avoir eu le temps de rgler lappareil. Les photographies sont imposantes et elles sont comme pixlises. On dirait des captations vido, une suite dimages arrtes. Rien nest trs droit. Le photographe semble pris dans une danse ; sa danse lui, cest la ralit du territoire. Et peut-tre la ralit lintresse-t-elle