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PATHOLOGIE DU BÂTIMENT 47 Les maisons à ossature bois exigent des dispositions préventives spécifiques. 1. Le risque principal : l’humidité Il est impératif que les matériaux mis en œuvre (bois ou dérivés du bois) aient une humidité globalement inférieure à 20 %. Attention donc, en premier lieu, aux conditions de stockage sur le chantier pour éviter tout risque de réhumidi- fication des pièces. Quelle que soit la technique retenue (madriers, panneaux et plate-forme, poteaux/poutres), tous les détails de concep- tion de l’ouvrage seront conçus pour que l’eau soit rejetée vers l’extérieur - pour les éléments constitutifs de l’enve- loppe - ou ne puisse pénétrer à l’intérieur des panneaux ou des pièces de bois. Il en va de la pérennité de l’ouvrage. Le bois sur pied contient entre 80 et 200 % d’humidité par rapport à sa masse anhydre ; placé dans un local chauffé, l’équilibre sera compris entre 8 et 13 %... C’est une matière organique hygroscopique qui subira, à la fois les effets directs de l’eau (gonflements, retraits), mais aussi les attaques d’organismes (champignons lignivores, insectes xylophages). Les risques inhérents peuvent se traduire par des varia- tions dimensionnelles, des modifications de la résistance mécanique, des baisses de performances au niveau étan- chéité et isolation de l’enveloppe. Protéger l’enveloppe Les bardages L’intensité des agressions subies par le bois (eau, neige, soleil), sera directement liée à la rigueur ou aux contrastes du climat, ainsi qu’à l’orientation. Les façades sud et ouest seront généralement les plus concernées par la pluie et le soleil. Les façades nord seront les plus sensibles aux risques de moisissure. Pré-traitement des bois : 2 risques sont à retenir : - l’humidité et les risques liés aux champignons lignivores qui détruisent le squelette du bois (phénomène de pourriture), - l’attaque des insectes xylophages. L’action néfaste de ces prédateurs va fortement altérer les propriétés mécaniques du bois. La prévention passe par un traitement de classe de risque biologique III (injection sous vide du produit). Pour le traitement complémentaire de finition (lasure, peinture), il sera essentiel de vérifier la compatibilité entre la nature du bois et le produit utilisé. Un entretien périodique sera indispensable pour assurer la pérennité des bois : tous les 5 ans pour une lasure, tous les 6 ou 7 ans pour une peinture (de préférence claire). Fissurations sur les enduits type revêtement plastique épais Les façades avec enduit type RPE comportent un support - constitué de plaques en fibrociment ou contreplaqué CTBX - fixé sur l’ossature bois (Avis Technique indispensable). Sous l’effet de sollicitations diverses (dilatation, mouve- ments de structure), les joints entre plaques vont subir des variations et en cas de traitement insuffisant, des fissures au droit de ceux-ci apparaîtront (voir photo). L’étanchéité de l’enveloppe de la construction pourra être affectée. Un joint souple soigné (6 mm minimum), recouvert d’un calicot (bandes de pontage), est indispensable avant l’exé- cution de l’enduit. Remontées capillaires Il est indispensable de créer une barrière d’étanchéité entre l’ossature bois et la maçonnerie pour éviter les risques de remontées capillaires. L’interposition d’une coupure de capillarité (chape bitume 40, feutre bitumé, film polyéthylène) est indispensable entre la traverse inférieure du panneau de façade et le soubasse- ment. Le bois ne doit en aucune façon être en contact avec le sol ; attention au niveau des abords en périphérie de construction, surtout sur les terrains en pente. Une garde de 20 cm minimum est impérative entre le bas du parement extérieur et le sol. Les risques de désordres des constructions à ossature bois Les techniques à ossature bois nécessitent que soient prises toutes les précautions vis-à-vis de l’action de l’eau, quelle que soit son origine : atmosphérique, tellurique, ou du fait de l’usage de l’ouvrage - eau liquide ou vapeur -.

47- les risques de désordres des construcions à ossature bois

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Page 1: 47- les risques de désordres des construcions à ossature bois

P A T H O L O G I E D U B Â T I M E N T 47

Les maisons à ossature bois exigent des dispositions préventives spécifiques.

1. Le risque principal : l’humidité

Il est impératif que les matériaux mis en œuvre (bois oudérivés du bois) aient une humidité globalement inférieure à20 %. Attention donc, en premier lieu, aux conditions destockage sur le chantier pour éviter tout risque de réhumidi-fication des pièces.

Quelle que soit la technique retenue (madriers, panneauxet plate-forme, poteaux/poutres), tous les détails de concep-tion de l’ouvrage seront conçus pour que l’eau soit rejetéevers l’extérieur - pour les éléments constitutifs de l’enve-loppe - ou ne puisse pénétrer à l’intérieur des panneaux oudes pièces de bois. Il en va de la pérennité de l’ouvrage.

Le bois sur pied contient entre 80 et 200 % d’humiditépar rapport à sa masse anhydre ; placé dans un local chauffé,l’équilibre sera compris entre 8 et 13 %... C’est une matièreorganique hygroscopique qui subira, à la fois les effetsdirects de l’eau (gonflements, retraits), mais aussi lesattaques d’organismes (champignons lignivores, insectesxylophages).

Les risques inhérents peuvent se traduire par des varia-tions dimensionnelles, des modifications de la résistancemécanique, des baisses de performances au niveau étan-chéité et isolation de l’enveloppe.

Protéger l’enveloppe• Les bardagesL’intensité des agressions subies par le bois (eau, neige,soleil), sera directement liée à la rigueur ou aux contrastes duclimat, ainsi qu’à l’orientation.

Les façades sud et ouest seront généralement les plusconcernées par la pluie et le soleil.

Les façades nord seront les plus sensibles aux risques demoisissure.

Pré-traitement des bois : 2 risques sont à retenir :- l’humidité et les risques liés aux champignons lignivores quidétruisent le squelette du bois (phénomène de pourriture),- l’attaque des insectes xylophages.

L’action néfaste de ces prédateurs va fortement altérer lespropriétés mécaniques du bois.

La prévention passe par un traitement de classe de risquebiologique III (injection sous vide du produit).

Pour le traitement complémentaire de finition (lasure,peinture), il sera essentiel de vérifier la compatibilité entre lanature du bois et le produit utilisé.

Un entretien périodique sera indispensable pour assurerla pérennité des bois : tous les 5 ans pour une lasure, tousles 6 ou 7 ans pour une peinture (de préférence claire).

• Fissurations sur les enduits type revêtement plastique épais

Les façades avec enduit type RPE comportent un support- constitué de plaques en fibrociment ou contreplaqué CTBX- fixé sur l’ossature bois (Avis Technique indispensable).

Sous l’effet de sollicitations diverses (dilatation, mouve-ments de structure), les joints entre plaques vont subir desvariations et en cas de traitement insuffisant, des fissuresau droit de ceux-ci apparaîtront (voir photo). L’étanchéitéde l’enveloppe de la construction pourra être affectée.

Un joint souple soigné (6 mm minimum), recouvert d’uncalicot (bandes de pontage), est indispensable avant l’exé-cution de l’enduit.

• Remontées capillairesIl est indispensable de créer une barrière d’étanchéité entrel’ossature bois et la maçonnerie pour éviter les risques deremontées capillaires.

L’interposition d’une coupure de capillarité (chape bitume40, feutre bitumé, film polyéthylène) est indispensable entrela traverse inférieure du panneau de façade et le soubasse-ment.

Le bois ne doit en aucune façon être en contact avec lesol ; attention au niveau des abords en périphérie deconstruction, surtout sur les terrains en pente. Une garde de20 cm minimum est impérative entre le bas du parementextérieur et le sol.

Les risques de désordres des constructions à ossature boisLes techniques à ossature bois nécessitent que soient prises toutes les précautions vis-à-vis de l’action de l’eau, quelle que soit son origine : atmosphérique, tellurique, ou du fait de l’usage de l’ouvrage - eau liquide ou vapeur -.

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Protéger les éléments extérieursToutes les pièces en contact direct avec le milieu extérieur(avant-toits, balcons) devront être étudiées en conséquence(choix des bois, traitement, protection) et faire l’objet d’unentretien régulier.

La conception aura également une incidence importantesur la pérennité des ouvrages, notamment les garde-corps ;protéger le balcon par un avant-toit de dimension suffisantelimitera considérablement les risques de dégradation.

L’humidité peut aussi provenirde l’intérieur de bâtiment

• Locaux humidesLe revêtement de sol sera parfaitement étanche et sera réa-lisé en conformité avec le DTU 51-3 “Planchers bois et pan-neaux dérivés du bois”.

Une chape de mortier (sur film étanche avec relevés péri-phériques) sera généralement exécutée sur les lambourdesdu plancher bois ; le carrelage sera collé par-dessus.

Dans le cas de carrelage directement collé sur des pan-neaux de bois reconstitué, un ATEC est indispensable.

• Risques de condensation à l’intérieur des panneauxL’isolation (impérativement auto-stable avec pare-vapeur) estplacée dans l’épaisseur de l’ossature des panneaux - traite-ment des bois Classe II.

Une lame d’air ventilée sera impérativement maintenueentre le parement extérieur et le panneau bois.

Il est indispensable que le bâti puisse respirer pour évitertout risque de stagnation d’humidité propice à l’apparition etau développement des organismes pathogènes.

2. Attention aux risques d’infiltrations

Le voile externe du panneau (bois reconstitué) ne suffit pas àassurer l’étanchéité du complexe. Un film pare-pluie doit êtremis en place avec exécution du parement extérieur (aveclame d’air). Il aura, à la fois un rôle d’étanchéité à l’eau, maisaussi à l’air.

Un autre point faible se situe au niveau des assemblagesentre les éléments constitutifs de la façade :- liaisons entre panneaux, ou panneaux/ossature : la mise en

œuvre de joints, type compribande 10/15 mm avec gorgeà l’axe de l’assemblage, complété par un joint silicone

au niveau du parement extérieur, constitue la meilleuresolution.

- liaison entre menuiseries extérieures et panneaux : jointcompribande sur les 4 faces, avec joint silicone en faceextérieure.

3. Calculs de structure et détails d’exécution

Les éléments d’ossature devront faire l’objet d’une vérifica-tion au même titre que toute autre structure réticulée.Il y aura, en conséquence, risque de désordre en cas d’in-existence ou insuffisance d’étude technique et de calcul :- sollicitations mal évaluées entraînant des sous-dimension-

nements.- contreventement, résistance au flambement insuffisants.

Certains désordres concernent plus particulièrement lelamellé-collé :- variation du taux d’humidité en phase d’utilisation entraî-

nant des retraits.- déformation du fait de différences d’exposition en extérieur.- défauts de collage entraînant une délamination des pièces.- désordres au niveau des assemblages mal étudiés.

Les panneaux sont généralement constitués de montants4 ou 5 x 12 ou 14 cm, écartés de 40 à 60 cm, le contreven-tement étant assuré par les voiles en panneaux de boisreconstitué ; des vérifications par le calcul seront égalementindispensables (charges verticales et horizontales).

Réglementation :DTU 31-1 (charpente) et 31-2 (maisons traditionnelles àossature bois).Règles CB 71 “Calcul des charpentes en bois”.Pas encore de réglementation pour les murs en bois massifs.Normes NF EN 335 pour les traitements.Règles Bois-Feu 88.

Conclusion : Avec le recul, il est admis qu’une constructionà ossature bois, réalisée dans les Règles de l’art, et bienentretenue, est durable.

L’utilisation du bois implique que toutes les précautions,vis-à-vis des risques d’humidification, ou de l’attaque desinsectes, devront être prises.

L’entretien régulier des éléments, mis à l’extérieur, est uneexigence essentielle.

P A T H O L O G I E D U B Â T I M E N T

9, boulevard Malesherbes75008 Paris

114, avenue Émile Zola75739 Paris Cedex 15

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