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Sommaire

Supervision éditorialeDr TAÏGA

Directeur de la publicationDr Abouame Salé

Directeur de la rédactionLéon Bernard Gara

Conseillère éditorialeOdilia Renata Hebga

Rédacteur-en-chefTélesphore Mba Bizo

Comité de qualitéPérin Melchior NziéIsraël Salla BamelaPaulin Okala AwonoLaurice Nkongo à Boull

InfographiePaulin Okala Awono

Rédacteurs Dr BourdanneDr Marcel MandengAlain YagmpamHabibou MahamatDr Hamadou GamboDr Jean-Marcial BellDaniel Roger Kam

Contacts

Tél.: (237) 677 34 93 66 699 20 25 96 [email protected]

éditorial .........................................................................................................

LE PRODEL EN BREF Contexte et objectif de développement ...........................................Composante I ...........................................................................................Composante II ..........................................................................................Composante III .........................................................................................Composante IV ..........................................................................................

SANTÉ ANIMALEVaccination contre la peste des petits ruminants ..........................

AUGMENTATION DE LA PRODUCTION LAITIÈRE NATIONALESolution envisagée ...................................................................................

AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE ET DE LA PRODUCTION LAITIÈRESensibilisation des potentiels bénéficiaires des vaches améliorées .................................................................................................

RESSOURCES PASTORALESToile de fond .............................................................................................Signature des conventions avec les communes ..............................Mise en œuvre dans le Grand Nord ...................................................Envahissement par le «Bokassa Grass» ..............................................Marché à bétail international de Gbiti ..............................................Mise en œuvre à Gbiti ...........................................................................L’urgence de la salubrité des points de vente .................................Boubara a espoir ......................................................................................Invité de la rédaction ..............................................................................

APPUIS AUx BAkASensiblisation dans la région de l’Est ..................................

RÉSILIENCEAppuis aux femmes et aux ménages pauvres et affectés ............

PLANS D’AFFAIRESPremiers financements ............................................................................À la rencontre des institutions financières partenaires .................À la rencontre des organisations de producteurs ............................

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CONTExTE ET OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT

Volet élevage de l’agriculturede seconde génération !Le Coordonnateur national, Dr Abouame Sale, explique la genèse du Projet de développement de l’élevage, PRODEL.

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Éditorial

Le déclic provient d’une volonté présidentielle. En 2011, la ville d’ébolowa dans le Sud abrite

son Comice agro-pastoral national. Le Président Paul Biya exprime des regrets. Le Cameroun produit ce qu’il ne consomme pas. Il consomme ce qu’il ne produit pas. L’exode rural a contraint les jeunes à l’aventure urbaine. Les citadins courent le risque de s’affamer, faute de travailleurs au village.

La solution passe par l’avènement d’une agriculture de seconde génération. Il s’agit de moderniser l’outil de production de sorte que peu de personnes puissent plutôt semer et récolter en quantité pour nourrir des milliers d’individus. C’est au moyen de l’intervention des machines. Les autres tenants sont la transformation locale, et une commercialisation professionnelle et contractuelle au nom des «Grandes ambitions» d’émergence économique. D’après le Chef de l’état, «le Cameroun compte avant tout sur le secteur

primaire, notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat, pour devenir, à l’horizon 2035, un pays émergent…L’agriculture, au sens le plus large, c’est-à-dire complétée par l’élevage et la pêche, est la véritable richesse de notre pays et que les recettes minières et du pétrole, aussi utiles qu’elles soient, ne peuvent être la seule base de notre développement.»

La relative maîtrise de la chute des cours du pétrole a érigé le Cameroun en modèle de diversité économique en Afrique centrale grâce en partie à l’agriculture. Elle occupe 60% de citoyens. Parmi eux, 30% sont éleveurs : aviculture 85,9 %, moutons 55,1 %, chèvres 27,2%, porcs 23,3 % et bovins 17,9 %. Les bovins, la volaille, les porcs et les petits ruminants, filières du PRODEL en plus du miel, constituent des sources de revenus qui améliorent les conditions de vie des ménages en campagne. Ces spéculations assurent la nutrition et la sécurité alimentaire.

L’une des entreprises concrètes de l’agriculture de seconde génération en matière d’élevage est donc la mise en œuvre du PRODEL. Son objectif de développement est : «d’améliorer la productivité des systèmes de production ciblés et la commercialisation de leurs produits pour les bénéficiaires

sélectionnés et d’apporter une réponse immédiate et effective en cas de crise ou d’urgence éligible. » L’objectif en question adresse des contraintes comme la faible éducation des éleveurs, la prévalence des parasites et des maladies infectieuses auprès de 70 % des cheptels, la faible productivité des espèces locales, l’approximation des services consultatifs, l’accès limité au crédit/financement rural et aux infrastructures de transformation et de commercialisation. Elles sont pourtant capables de maximiser la valeur ajoutée au profit des éleveurs.

Le PRODEL a donc jusqu’en janvier 2023 pour inverser les tendances regrettées plus haut. Il s’agit d’avoir un impact planifié, positif et mesurable sur 120.000 ménages d’éleveurs, y compris les pasteurs, des organisations des éleveurs et leurs faîtières, 20.000 opérateurs et entreprises privés de petite et moyenne tailles, des groupes vulnérables (les femmes, les jeunes et les autres personnes à risque comme les Baka) et les services d’appui à l’élevage (services publics de recherche en matière d’élevage et de vulgarisation et prestataires des services impliqués dans les chaînes de valeur ciblées de l’élevage dans les zones du Projet). Tout s’opère sur fond de respect d’un modèle d’élevage dit d’intelligence climatique.

Dr Abouame Sale, Coordonnateur national du PRODEL.

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LE PRODEL EN BREF

CONTExTE ET OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT

Une mine d’opportunités à saisir

Le Projet de développement de l’élevage, PRODEL, a été lancé de manière officielle le 29 novembre 2017 à Yaoundé.

La naissance du PRODEL date du 7 juin 2017. Le Cameroun et la Banque mondiale

signaient ainsi une convention de financement de plus 60 milliards de francs CFA, fonds de contrepartie compris. C’était en faveur de la mise en œuvre du projet en question. Il s’agit d’une première en Afrique sub-

saharienne. Le PRODEL est unique en son genre. C’est un Projet exclusif sur l’élevage à 100% financé par la Banque mondiale en Afrique noire. En rappel, l’objectif de développement, ODP, est d’améliorer la productivité des systèmes de production sélectionnés, la commercialisation de leurs produits pour les

bénéficiaires ciblés et d’apporter une réponse immédiate et efficace en cas de crise éligible ou d’urgence dans le secteur de l’élevage. 6 filières sont éligibles aux financements du PRODEL : bovin-lait ; bovin-viande, petits ruminants (chèvres et moutons), porc, poulet et miel.

Vue de face de l’Unité nationale de coordination du Projet, UNCP, à Bastos-Yaoundé.

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LE PRODEL EN BREF

COMPOSANTE I

Des défis de santé et de production animales

Cap sur l’amélioration génétique

Le PRODEL s’emploie à renforcer la surveillance et le contrôle des maladies animales majeures, en

l’occurrence de la péripneumonie contagieuse bovine, de la peste des moutons et des chèvres, de la

La composante I œuvre à améliorer l’accès des bénéficiaires aux principaux

Le PRODEL appuie l’élaboration et l’exécution de la stratégie nationale d’amélioration

génétique. Cette option justifie l’importation des noyaux de géniteurs exotiques à haut potentiel laitier et adaptables au pays d’accueil. La stratégie en

maladie de Newscastle contre la volaille et la peste porcine africaine. Le Projet dote aussi la Direction des services vétérinaires d’un système d’information. Le PRODEL travaille en faveur de l’installation des jeunes

question prévoit également des inséminations artificielles sans pour autant promouvoir la disparition des races locales. Les spécificités d’amélioration génétique de la filière bovin-lait sont quasi-identiques à celles du bovin-viande. Quant aux petits ruminants, ils appellent à

vétérinaires en clientèle privée. Il apporte ainsi des appuis multiformes à l’Ordre national des vétérinaires du Cameroun, ONVC. Le Projet appuie le MINEPIA dans la vaccination contre la peste des moutons et des chèvres.

réhabiliter les stations de Louguéré et de Dogba. Le PRODEL s’emploie aussi à renouveler les géniteurs porcins qui ont pris de l’âge à Kounden dans le Noun. Il organise aussi un programme de croisement à l’effet de maintenir le potentiel génétique des races à succès.

Une virgule dansla gestion des crises et des catastrophesanimales

Une crise peut survenir en tout lieu et a tout moment. C’est dire si le PRODEL vit une

situation d’alerte permanente. Le Projet accompagne donc le MINEPIA dans la réponse à donner en cas d’urgence et de sinistre animal.

Formation

Nombre de formations s’encombrent d’un excès de théories. Le déficit de

pratique est perceptible dans la manière de travailler de la majorité des offres disponibles. Ce diagnostic

demande une sorte de rééquilibrage pratique via le renforcement des capacités. C’est toute la mission du volet formation. Son outil technique est le Plan de formation. Il existe

et actualise les connaissances des personnels du MINEPIA et du PRODEL. L’identification des besoins de formation est un préalable. Il a donné lieu à l’élaboration d’un plan de formation.

Formation des Points focaux départementaux zone III aux éventuels cas de riposte à Koutaba

services à l’élevage, notamment les services de santé animale, le matériel génétique performant et

les autres intrants de qualité.

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LE PRODEL EN BREF

COMPOSANTE II

Le volet pastoral et l’aspect social du PRODEL

Considération individuelle et collective pour la femme

Le social s’emboîteau pastoral parla résilience

Le ravitaillement des marchés en bœufs, chèvres, moutons et volaille est effectif. Mais il

peut s’améliorer. C’est possible si les zones pastorales y contribuent. Les Plans de gestion des ressources pastorales, PGRP, représentent la réponse à la préoccupation relative à l’augmentation des volumes de viande dans les marchés. Les acteurs s’entendent sur les besoins en termes de points d’eau, de fourrages, de couloirs de transhumance, de voies d’accès et d’espaces. Les acteurs se mettent d’accord sur la lutte contre les mauvaises herbes, les « tsétsé » et

La paix revient peu à peu dans la région de l’Extrême Nord. Même les incursions violentes

et périodiques actuelles n’ont pas fini de fragiliser la femme. Elle a subi des violences physiques et psychologiques. Le Projet essaie de la soulager de ses souffrances. Il

Le PRODEL apporte les actifs productifs aux populations vulnérables. Ce sont des dons d’une dizaine de chèvres et

de moutons, des dotations vétérinaires, des compléments alimentaires et des équipements de transformation ou de stockage. En effet, des ménages des régions de l’Extrême Nord et du Nord affichent une fragilité encore plus criarde. Les tensions et divers conflits exacerbent leur vulnérabilité.

les autres mouches piqueuses. Les PGRP intègrent les plans communaux. Trente communes des régions de l’Extrême Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est constituent des cibles. Ils sont co-financés à hauteur de 90%. La commune bénéficiaire apporte les 10% restants. La création et le fonctionnement des comités de gestion des pâturages et des infrastructures pastorales incombent aux PGRP. L’ambition des PGRP est également d’améliorer les pratiques de

lui apporte des actifs productifs. Ce sont des dons de petits ruminants. Les femmes recevront une dizaine de chèvres ou de moutons. L’objectif est de les aider à se reconstituer un cheptel. Le PRODEL prône à peu près le retour à la situation de confort d’avant-guerre. Le Projet approche la femme à la fois comme individu

production, notamment la fertilité animale, la gestion sanitaire, la production fourragère, les compléments alimentaires, l’engraissement des animaux, la gestion du fumier et l’identification des animaux à vendre. Il y a l’établissement des liens entre les producteurs et les acheteurs. Le transport des animaux et autres produits de l’élevage vers les marchés suit.

et comme groupe. Dans ce sens, les regroupements féminins recevront des appuis en termes de petits équipements d’élevage. La conversion à l’utilisation des technologies innovantes intéresse le PRODEL. C’est le cas, à titre d’illustration, de l’éventuelle exploitation des foyers améliorés et des bio-digesteurs.

Un troupeau de boeufs à la station d’élevage de Wakwa près de Ngaoundéré.

La deuxième composante, quant à elle, s’occupe à accroître la contribution des zones pastorales

à l’approvisionnement pays en matière de viande, les marchés urbains en l’occurrence, tout en améliorant les

systèmes de production animale (bovins, petits ruminants, volaille) pour les communautés pauvres et affectées par les conflits.

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LE PRODEL EN BREF

COMPOSANTE III

Le PRODEL des affaires

Les plans d’affaires

Chaque angle du triangle est habité : les organisateurs de producteurs, OP, les institutions financières partenaires,

IFP, et le PRODEL. Les OP soumettent des plans d’affaires, PA. Ils portent sur la production, la transformation et/ou la commercialisation de la viande, du lait et/ou du miel en provenance des produits ciblés : bovins, ovins, caprins, volailles et abeilles. Des contrats d’acquisition des produits lient les OP aux acheteurs. Les institutions financières partenaires font partie de la transaction comme pourvoyeuses de fonds. Cette collaboration triangulaire devient un partenariat productif.

Au moins 200 plans d’affaires sont à financer. L’OP y expose un plan de production, de transformation

ou de commercialisation. Le PRODEL assume de subventionner 60%, soit un plafond de 75 millions de francs. Les institutions financières partenaires accordent des crédits de 30%. La vulgarisation des transactions bancaires apporte des garanties de pérennisation de l’OP à l’épuisement des appuis du Projet. La contribution des OP est fixée à 10%. C’est en argent liquide. Mais tout commence par une fiche d’identification. Son évaluation précède la formulation du plan d’affaires. Des prestataires locaux de services, PLS, assistent les organisations de producteurs dépourvues d’expérience dans cette tâche.

Signature de convention entre CAMCUL, institution financière partenaire, et le PRODEL.

Les Responsables de 3 des 17 institutions financières partenaires à la cérémonie de signature des conventions.

La troisième composante est celle des affaires dans le sous-secteur de l’élevage. Cette composante

travaille à créer un environnement propice à l’avènement des relations

commerciales directes et durables entre les producteurs et les acheteurs des chaînes de valeurs ciblées, et les institutions financières partenaires. La composante s’emploie, par ailleurs,

à améliorer les capacités financières des organisations de producteurs à l’effet d’accroître la productivité et la production des produits animaux sélectionnés dans les chaînes de valeur ciblées.

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LE PRODEL EN BREF

COMPOSANTE IV

Planification stratégique, coordination et appuià la mise en œuvre

Sauvegardes socio-environnementales

Suivi-évaluation, communication, productionet partage des connaissances

La s o u s - c o m p o s a n t e accompagne la mise en place et le fonctionnement des

Comités de pilotage, COPIL, et des Groupes de suivi technique, GST, du Projet. Elle organise des réunions

La mise en œuvre des activités du PRODEL est respectueuse des politiques nationales en matières

sociale et environnementale. Le

Le travail ici consiste à suivre et à évaluer la performance et l’impact financiers,

environnementaux et sociaux du Projet. Le développement des activités de communication demande de faire connaître et de diffuser les outils, les résultats et les meilleures pratiques en matière de mise en œuvre du Projet. La production et le partage des connaissances au moyen des études clés visent à préparer les interventions du Projet et à documenter les leçons pour une diffusion aux niveaux local, régional et national.

de coordination à Yaoundé comme en région de manière régulière. Ces réunions impliquent les différentes parties prenantes, notamment les représentants des divisions concernées du MINEPIA, les

Projet s’est engagé à éviter d’avoir un impact négatif sur l’environnement physique (air, eau et terre), le cadre de vie, la santé et la sécurité des populations. Pour chaque impact

organisations de la société civile, les organisations de producteurs/et leurs faîtières, les instituts de recherche et le secteur privé engagés dans les chaînes de valeurs des produits ciblés.

négatif, un promoteur de sous-projet ou de plan d’affaires a l’obligation d’indiquer les mesures d’atténuation ou de correction envisagées.

Photo de famille de l’atélier de formation en gestion axée sur les résultats, GAR, à édéa.

Elle aborde tous les aspects liés à la gestion du Projet, y compris les aspects fiduciaires (gestion

financière et passation des marchés), le suivi et l’évaluation, la génération et la gestion des connaissances,

la communication et le suivi des mesures d’atténuation concernant la sauvegarde.

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LE PRODEL EN BREF

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Enjeu international d’une campagne à réussir

Impératif catégorique. Il concerne l’éradication de la peste des chèvres et des moutons. 2030,

c’est l’horizon connu et indépassable. La campagne est un programme mondial. Le Cameroun y a adhéré. Un plan stratégique national de prévention et de lutte contre ladite maladie a fait l’objet d’une élaboration minutieuse au ministère de l’élevage, des Pêches et des Industries animales. C’était avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, FAO, et de l’Organisation mondiale

du commerce, OMC. Sa mise en œuvre relève des urgences inscrites dans les priorités du MINEPIA. Le document est en cohérence avec le Programme économique, financier, social et culturel du Cameroun. Le discours gouvernemental annonce 8 millions de chèvres et de moutons à vacciner. Le MINEPIA via le PRODEL préfère porter l’objectif à 9 millions ; soit un million de plus. Le Directeur des services vétérinaires, DSV, Dr Casimir Ndongo Kounou, parle d’une opération répétitive sur 3 ans : 2019, 2020 et 2021. Dès 2022, « Nous allons

nous atteler à surveiller la maladie. Il s’agira de nous assurer que le virus n’est plus en circulation au sein du cheptel national. »Les chèvres et les moutons souffrent aussi d’autres maladies. Mais la peste des petits ruminants représente la maladie la plus redoutable, de l’opinion du DSV : « La préférence technique et politique du gouvernement va vers le vaccin contre la PPR. C’est le tueur le plus dangereux. »

Par Télesphore Mba Bizo

Le PRODEL envisage la vaccination des chèvres et des moutons contre la peste des petits ruminants à partir de 2019 pour une foultitude de raisons.

L’artiste ISNEBO, symbole de l’adhésion des éleveurs à la cause de la vaccination contre la PPR.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Enjeux socio-économiques

La vente de la viande des petits ruminants constitue une caisse santé. Ledit budget permet

de soigner la famille en cas de maladie. C’est le cas d’Ali, éleveur à ébebda depuis 10 ans : « Mes parents vivent dans le Grand Nord. Leur survie, en l’occurrence les frais d’hospitalisation, dépend de mes économies. Elles proviennent du commerce des chèvres et des moutons de manière exclusive.» Les petits ruminants alimentent surtout les caisses scolaires. Ali y avait toujours recours pendant les années d’abondance : « La vente de mes moutons me permettait d’envoyer les enfants à l’école. Je n’avais plus de problèmes d’achat de fournitures scolaires. » L’élevage des petits ruminants est une activité encore plus scolaire chez Abdouraman Daouda, relais communautaire à ébebda. Il est le père de deux filles. L’aînée est élève au lycée de la ville. Quant à la dernière-née, c’est encore une écolière. Chacune des filles suit une chèvre ou un mouton. Leur vente en août ou en septembre, veille de rentrée scolaire, assure le « paquet minimum », notamment l’essentiel des frais de scolarité et des fournitures : « Chaque membre de la famille est responsable de quelques têtes. Celle du lycée tout en face de vous sait qu’elle va à l’école grâce à son bélier. Si elle le néglige, elle risquerait de briser son propre avenir.» Abdouraman Daouda ne saurait se passer de chèvres et de moutons. Les animaux lui donnent de s’imposer une place de choix dans

l’organisation des rituels religieux, traditionnels et même institutionnels : « Je suis musulman. J’ai donc deux fêtes par an : Ramadan et Tabaski. Je n’achète plus de moutons. Il me suffit d’en sacrifier un dans mon troupeau. Je partage ce repas avec des amis et des frères. Je réalise ainsi des économies. Par ailleurs, un ami peut me poser un problème comme celui de l’achat d’une chèvre ou d’un mouton. Je ne peux donc que lui vendre un animal. L’argent que cela me rapporte me permet de résoudre mes propres problèmes. Je suis père d’une grande famille. Je suis le principal fournisseur des autorités en moutons et chèvres.» Ce sont des éléments représentatifs de la chefferie traditionnelle, soutient Faustin Bessala. L’avis du chef du village de Djounyat est sans appel : « Les chèvres et les moutons vous

aident quand vous devez recevoir des étrangers. Ce sont des animaux rituels à sacrifier lorsque vos enfants se marient ». Le Spécialiste en santé animale du PRODEL avance cette conclusion : « Les petits ruminants sont élevés par des citoyens à faibles revenus. Ce sont les animaux des populations rurales. Leur contention est facile. Fort de cela, les petits ruminants sont les animaux des femmes et des enfants. Ils s’en servent pour constituer des épargnes. Les petits ruminants représentent une espèce à cycle court. Leur reproduction est rapide. Le lait est consommé par endroits. Celui de chèvre est de meilleure qualité et produit des fromages prisés. »

Par Télesphore Mba Bizo

La chèvre et le mouton font corps avec la population camerounaise à plus d’un titre.

La fille de l’éleveur Ali d’Ebebda en symbiose avec sa chèvre, promesse du paiement de ses études.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Sensibilisations communautaires

De la convivialité sous les arbres. Des campagnes d’informations porte-à-porte

ont précédé les deux rendez-vous à l’ombre des feuilles de manguiers. Des relais communautaires avaient déjà dénombré les ménages et les éleveurs de petits ruminants. Chaque propriétaire de chèvres ou de moutons a écouté avec intérêt les précisions apportées par l’équipe du MINEPIA. Elle a développé les thèmes suivants : campagne médiatique, sensibilisation de proximité, prélèvements pré et post-vaccination, vaccination proprement dite, situation de contrôle de la maladie via une garantie d’absence de circulation du virus, enquêtes en faveur de la reconnaissance du Cameroun comme pays indemne et, enfin, éradication de la peste des petits ruminants. La vaccination ne prend donc pas fin

à l’issue du passage des agents. Du point de vue du Directeur des services vétérinaires, Dr Casimir Ndongo Kounou : « Chaque village doit avoir 30 à 40 personnes. Elles forment le comité de développement des petits ruminants. L’éleveur signe sur la fiche et marque la date du jour. Les 33 villages de l’arrondissement seront visités de la sorte. Ils formeront un comité d’arrondissement. L’autorité administrative est à la tête des équipes de vaccination en présence des chefs de village.»La séance de sensibilisation a gagné en intensité et en animation grâce à la phase des questions-réponses. Chaque participant posait ses questions sans la moindre auto-censure. Le public a posé des questions sur la consommation de la viande d’une chèvre nouvellement vaccinée. D’après Dr Feussom, Sous-Directeur de la santé animale : « la

consommation de la viande d’une chèvre vaccinée ne pose aucun problème de santé humaine. Elle peut donc passer à la casserole sans délais ». Les populations disent s’être habituées à la précipitation et à l’anticipation de la consommation des animaux soupçonnés de maladie. Dr Gaelle Tinak a douché leurs espoirs : « Il est déconseillé de manger un animal malade. Sa chair n’est ni saine ni mature et toujours discutable. Par conséquent, elle a des effets sur la personne. Elle peut développer des résistances à des médicaments. Un animal malade ne procure pas au corps les éléments nutritifs dont il a besoin. Il est conseillé d’attendre et d’aller vers le vétérinaire. L’observation des délais d’attente est une mesure indispensable.»

Par Télesphore Mba Bizo

Deux villages témoins de l’arrondissement d’Ébebda ont reçu l’équipe de sensibilisation du MINEPIA le 3 janvier 2019.

Le Directeur des services vétérinaires, Dr Casimir Ndongo Kounou, à la tête de l’équipe de sensibilisation et de dénombrement en faveur de la campagne PPR.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Suspicion éventuelle des cas de peste

Quels problèmes rencontrez-vous avec les chèvres et les moutons ? La question de

Dr Feussom a produit des réponses pertinentes : mort subite, diarrhée, bave, larmoiements ou décharges oculaires, amaigrissements, zéro alimentation, boutons sur la bouche et autres. Le Directeur des services vétérinaires a donné raison en majorité à l’audience : « Les serpents mordent les chèvres. Ce sont des morsures mortelles. Elles sont l’une des causes des morts subites. Cet état des choses pose le problème de la manière d’élever vos animaux. Vous les laissez en divagation. Cette négligence les expose à beaucoup de dangers comme le venin foudroyant des serpents de savane. La chèvre broute presque tout en saison

sèche. Elle peut avaler une herbe qui est en soi un poison. Il cause alors une mort subite. Enfin, la mort subite peut provenir de la peste des petits ruminants. Les sujets les plus fragiles trouvent la mort à la moindre attaque PPR. Les chèvres les plus résistantes portent la maladie.» Aussi contagieuse qu’elle est, elle va contaminer d’autres troupeaux. Les chèvres à l’état de santé moyen développent la maladie de manière progressive. La mort subite permet de s’en rendre compte. La diarrhée représente le deuxième signe de reconnaissance de la PPR. La chèvre présente des décharges oculaires. Une morve blanche lui encombre les narines. La bave lui salit la bouche. C’est le stade de l’irréparable. Il devient presqu’impossible de

survivre à ce stade de manifestations cliniques. La maladie décime souvent 80% des effectifs pour les moins alarmistes. Le Spécialiste de la santé animale du PRODEL a même évoqué des casses de 100%. Les rares chèvres survivantes continuent d’être une menace. Elles font une légère maladie et contaminent les autres troupeaux de la communauté. Cependant, les chèvres et les moutons ont d’autres problèmes. Un participant a parlé des boutons sur la bouche. De l’analyse de Dr Casimir Ndongo Kounou « cette éruption cutanée se manifeste parfois dans la région de l’anus. Ce n’est pas un symptôme de la PPR. Il s’agit de la variole des chèvres. Certes, les chèvres ne mangent pas dans ce cas. Mais la variole n’est pas aussi mortelle que la PPR. Les deux maladies ont un vaccin. Toutes les chèvres et tous les moutons ont des vers intestinaux. Ils se soignent. Les remèdes de vers doivent se prendre tous les trois mois. Beaucoup d’éleveurs perdent les chèvres en les étranglant. En réalité, ils leur attachent mal la corde au cou. La meilleure manière consiste à l’enrouler en crochet tout juste avant le nœud de protection. La technique assure un diamètre de sécurité et de respiration à la taille du cou de la chèvre.» Toutes ces explications n’exonèrent en rien des consultations auprès des équipes vétérinaires à leur diposition.

Par Télesphore Mba Bizo

L’équipe de sensibilisation a pris du temps pour expliquer aux populations les signes cliniques de la maladie.

Le Chef de services des petits ruminants, Dr Ciewé, en campagne de sensibilisation à Djounyat.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Rencontres avec des sinistrés de la peste

« On ne soigne pas la mort » ; surtout pas celle des chèvres et des moutons en présence de

la peste. C’est le monologue d’un éleveur éploré. La main soutient le menton d’Ali. C’est un propriétaire d’élevage désespéré. Il lève sur ses visiteurs, en l’occurrence l’équipe de reportage, des yeux de pitié. Les ravages de la peste des petits ruminants lui imposent l’économie du sourire. Il s’étrangle presque de rappeler le nombre de têtes de son ancien troupeau : 80. Le souvenir des jours de gloire continue de le

persécuter. Il souffre de dévoiler le nouveau chiffre de son élevage : 24 chèvres et moutons. C’est une perte sèche de quasiment ¾ de ses effectifs. Comme la mort, la peste des petits ruminants se délecte de l’effet de surprise pour tuer ses victimes : « Elle ne me laissait jamais le temps de constater la maladie de l’animal et de le soigner. 2 ou 3 jours étaient suffisants pour tuer la bête. J’en perdais 2, 3 et même 4 par jour », pleure Ali dans une effusion de larmes refoulée. « Aucun médicament en ma possession n’a

jamais sauvé un animal malade ici. C’est l’annonce de la campagne de vaccination qui me redonne espoir. Dans le cas contraire, j’aurais même pu abandonner cette activité », explique-t-il dans un regain de dignité. En effet, « La vaccination va nous permettre d’avoir des animaux en bonne santé. Cela nous produira plus de viande et de lait », renseigne Dr Ciéwé, chef du service PPR.

Par Télesphore Mba Bizo

Les effets dévastateurs de la peste des petits ruminants ont semé peine et désolation auprès des éleveurs à Ébebda dans la région du Centre.

Le berger de l’élevage d’Abdouraman à Ebebda.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Plan de déroulement de la campagne

Une administration encore plus proche des administrés. Le Directeur des services

vétérinaires donne ainsi à l’assistance une explication sur la méthodologie adoptée : « Vous restez chez vous. C’est l’état qui se déplace vers vous. Nous avons vos noms et vos numéros de téléphone. Le Ministre de l’élevage, des Pêches et des Industries animales ou son Cabinet peut décider d’appeler quelques personnes par hasard. Et il saura si les animaux ont été vaccinés ou pas. Les agents du MINEPIA se présenteront à vous. L’autorité traditionnelle va les évaluer. Chaque chef devra signer la fiche de vaccination. Même

l’éleveur signe et mentionne la date de vaccination. » Deux acteurs majeurs font leur entrée dans l’organisation et l’animation de la campagne. Il s’agit en premier de l’autorité administrative. En effet, le Sous-Préfet convoque tous les chefs de village de son arrondissement. À leur tour, les chefs de village, seconds acteurs majeurs, désignent deux personnes. Elles sont issues de la communauté de manière impérative. Les populations les connaissent et leur font confiance. Les deux personnes « font le porte-à-porte. Elles inscrivent le nom de chaque éleveur et le nombre de ses chèvres et de ses moutons sur

une fiche. Les agents du MINEPIA exploitent ladite liste pour apprêter le matériel de vaccination. C’est une opération gratuite. Nous demandons aux présents de transmettre cette information aux absents », scande le Dr Ciéwé, chef du service de la PPR. Selon le même responsable, les agents du MINEPIA « font des prélèvements avant et après la vaccination. La comparaison permet de savoir si les animaux sont immunisés ou pas. Les mêmes prélèvements donnent des renseignements sur l’état des lieux de la maladie au sein de la communauté. »

Par Télesphore Mba Bizo

Le ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales via le PRODEL et d’autres partenaires a élaboré toute une méthodologie.

Le Sous-préfet d’Ebebda, Bouari Mohamadou en chéchia, participe comme acteur de la sensibilisation.

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SANTÉ ANIMALE

VACCINATION CONTRE LA PESTE DES PETITS RUMINANTS

Contribution du PRODEL

PRODEL Magazine : Quelle est la mission du Projet en matière de vaccination

PPR ?Dr Bourdanne : Le PRODEL est un outil de la stratégie de développement du sous-secteur de l’élevage, des pêches et des industries animales. Il a reçu le mandat d’accompagner le ministère de l’élevage, des Pêches et des Industries animales, MINEPIA, dans le dispositif de contrôle et de surveillance des maladies animales prioritaires. Il s’agit de celles qui ont une importance économique majeure comme la peste des petits ruminants.

PRODEL Magazine : Quelles sont les entreprises concrètes du Projet ?Dr Bourdanne : Des actions sont mises en œuvre en faveur de la Direction des services vétérinaires

pour mettre en œuvre la politique nationale de contrôle et d’éradication de la peste des petits ruminants. Il s’agit d’abord d’accompagner la DSV en matière d’appui méthodologique. Il devrait permettre au MINEPIA et au pays tout entier de parvenir à une situation d’absence de maladie au bout de 3 ans. C’est le contrôle. La véritable phase d’éradication commencera donc après les 3 ans. Il s’agira de s’assurer de l’absence de circulation du virus en terre camerounaise. C’est ainsi que le pays pourra être déclaré et classé indemne.

PRODEL Magazine : Quelle est l’orientation de l’appui du Projet ?Dr Bourdanne : Le PRODEL appuie le MINEPIA dans la mobilisation des ressources humaines et financières. Des experts viennent

même de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, FAO, du Laboratoire national vétérinaire, LANAVET, de l’Université des Montagnes, de l’école polytechnique de Maroua ou encore de l’école vétérinaire de Ngaoundéré. Cette expertise a été réunie récemment à Kribi pour définir la stratégie opérationnelle de contrôle et d’éradication de la peste des petits ruminants. Il ne reste plus que la mise en œuvre. Elle demande au PRODEL d’accompagner la DSV à organiser des campagnes de vaccination massives.

PRODEL Magazine : Pourquoi inscrit le dénombrement comme activité indispensable ?Dr Bourdanne : L’effectif des petits ruminants reste une interrogation. Il est question d’avoir des chiffres exacts. Les équipes descendent donc sur le terrain. Elles passent d’un ménage à l’autre pour compter les chèvres et les moutons. L’opération vise à mieux préparer l’étape de la vaccination proprement dite. Il faut éviter que la population des petits ruminants excède les doses de vaccins. Nous avons introduit la participation effective des communautés. Chaque chef de village s’entoure de relais communautaires. Les chiffres qui en sortiront nous permettront d’avoir une idée précise du cheptel national. Propos recueillis par Télesphore Mba Bizo à ébebda.

Le Spécialiste national de santé animale du PRODEL, Dr Bourdanne, explicite la portée de l’apport du Projet à la vaccination.

Dr Bourdanne, Spécialiste national de santé animale du PRODEL, en campagne de sensibilisation à Ebebda.

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Bref séjour du Spécialiste national de santé animale du PRODEL dans l’élevage d’Abdouraman à Ebebda.

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AUGMENTATION DE LA PRODUCTION LAITIÈRE NATIONALE

SOLUTION ENVISAGÉE

Importation d’un noyau de génisses gestantes et insémination artificielle de masse

Le Programme économique, financier, social et culturel du gouvernement prescrit

l’importation de 330 génisses gestantes en 2019. Un voyage d’études mixte ministère de l’élevage, des Pêches et des Industries animales, MINEPIA-PRODEL, au Sénégal, avait déjà permis de retenir la Montbéliarde comme race performante en 2018. Elle s’adapte à des conditions climatiques encore plus rudes que celles du Sénégal et du Mali. En plus, sa traite n’exige pas des technologies sophistiquées. Dans des conditions d’élevage acceptables, la Montbéliarde produit entre 25 et 40 litres de lait par jour. Or, aucune des races locales n’approche de telles capacités.Le premier noyau de génisses gestantes est de 165 vaches. D’après le Dr Jean-Marcel Mandeng, Spécialiste national en développement des productions animales et gestion de la qualité : « L’importation devrait apporter une augmentation de la production laitière suite à une amélioration génétique conséquente et à une alimentation appropriée ! Ce qui devrait contribuer à l’amélioration la sécurité alimentaire des Camerounais. »Le pays est demandeur de plus de 425.000 tonnes de lait par an. Cette demande représente une consommation annuelle de 17 kg de lait par habitant. La production nationale n’apporte que 274.630 tonnes. Par rapport à l’offre globale, le

déficit est de plus de 120.000 tonnes de lait. L’importation du lait et de ses produits dérivés cause des pertes estimées à 20 milliards de francs par an. L’entreprise du MINEPIA via le PRODEL est donc de nature à apporter un peu plus d’équilibre à la balance commerciale, précise le Dr Jean-Marcel Mandeng : « Associée à l’insémination artificielle, l’importation de géniteurs de haute performance est la seconde voie la plus rapide pour l’amélioration génétique de nos élevages en vue de l’augmentation de la productivité et de la production. »Les critères de sélection des bénéficiaires sont connus : large sensibilisation sur les conditions

d’attribution, présélection transparente, signature d’un cahier des charges, vérification de la conformité de ce document contractuel, liste définitive des personnes éligibles et tirage au sort si le nombre de bénéficiaires potentiels est supérieur à celui des animaux à distribuer. Des bergers formés, des vétérinaires contractualisés par le PRODEL et les services publics de santé animale assureront le suivi des Montbéliardes.

Par Télesphore Mba Bizo

Les faibles capacités de production des vaches de races locales réduisent le Cameroun à l’importation du lait et de ses produits dérivés.

Montbéliarde.

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AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE ET DE LA PRODUCTION LAITIÈRE SENSIBILISATION DES POTENTIELS BÉNÉFICIAIRES DES VACHES AMÉLIORÉES

Juliatou Zari : la jeune et merveilleuse bergèrede Guidiguis

Il y a des vaches. Il y a la Holstein. C’est, apprend-on de la bouche des médecins vétérinaires, la

« Mercedès » des vaches en termes de prestige. L’effet d’une surprise agréable s’empare de l’ensemble de l’équipe de manière soudaine. Elle s’attend à voir surgir un profil à la hauteur de l’animal de luxe quand se présente la jeune bergère. C’est la propriétaire de la Holstein. Des visiteurs la voient de près pour la toute première fois de leur vie. Il s’agit d’un investissement d’un million et demi de francs CFA. Un centre de formation de la localité

lui a accordé ledit financement. C’était à l’issue d’une formation de 2 ans. La bergère la suivait en alternance. En effet, elle prenait part aux cours pendant deux semaines. Durant les deux autres, elle participait à la phase pratique auprès d’un référent. La formation en question exigeait des travaux de fin de parcours assortis d’une soutenance publique. Juliatou Zari a sacrifié audit rituel. En récompense, le centre a financé son élevage : « Cette somme de 1.500.000 francs m’a permis d’obtenir 2 bœufs d’engraissement et 10 petits

ruminants. Je totalise désormais 4 têtes de bœufs d’engraissement et 15 chèvres et moutons. Je dois y adjoindre la vache laitière et son veau. Je produis 15 litres de lait par jour. Une génisse gestante ne peut qu’être que la bienvenue. Je voudrais produire assez de lait pour couvrir tout le marché de l’arrondissement de Guidiguis et même au-delà. » La visite a tôt fait de virer à une séance photos. Chacun s’empressait de s’immortaliser avec la Holstein tout en refoulant l’éventualité d’un coup de patte à la tombée de la nuit. Par Télesphore Mba Bizo

Les équipes du PRODEL n’ont plus d’yeux que pour elle depuis juin 2018.

Juliatou Zari aux côtés de sa Holstein à Guidiguis.

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SENSIBILISATION DES POTENTIELS BÉNÉFICIAIRES DES VACHES AMÉLIORÉES

Une expérience d’insémination artificielle

U n à deux hectares de ranch. Une barrière en matériaux définitifs délimite le territoire des animaux de Seidou

Khari. Le médecin vétérinaire à la retraite a bénéficié d’un programme d’insémination à la station de Louguéré. Il y avait envoyé 25 têtes de bétail. Malheureusement, tous les animaux ne lui étaient pas revenus. Certains y avaient même contracté des maladies. Au motif de satisfaction, l’exploitant totalise désormais 21 naissances, huit femelles comprises : « C’est la population des métisses que j’ai aujourd’hui. Je signale aussi deux mortalités. Il me reste donc 19 métisses », précise Seidou Khari. Les métisses sont les produits du croisement entre les vaches exotiques et les locales. Elles partagent le même enclos avec le bétail ordinaire. Toutefois, les contacts avec les métisses sont rares ou inexistants. Les deux espèces s’agglutinent en bandes distinctes au sein de l’élevage. Seidou Khari estime détenir le savoir exigible pour bénéficier d l’offre du PRODEL : « Je me réjouirai d’accueillir des génisses gestantes. J’ai les capacités de les entretenir. Je dispose d’hectares de bracchairia et de mil fourrager. Le tourteau de coton leur parviendrait en compléments alimentaires. » La visite de terrain, cinq km plus loin, permet de confirmer l’envergure de son potentiel foncier. Il demande encore d’être exploité. La production de fourrage de la saison précédente jonche le rocher géant. Toutefois, l’absence du moindre de dispositif de traite contraint les visiteurs à nuancer leur opinion quant à l’objectif final, notamment les capacités réelles de production laîtière.

Par Télesphore Mba Bizo

Le PRODEL a visité une exploitation de « métisses » en novembre 2018 à Mindjif.

Seidou Khari dans son élevage à Mindjif.

AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE ET DE LA PRODUCTION LAITIÈRE

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SENSIBILISATION DES POTENTIELS BÉNÉFICIAIRES DES VACHES AMÉLIORÉES

AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE ET DE LA PRODUCTION LAITIÈRE

Les acquis de la visite de travail au Sénégal

L’urgence d’un hangar !

Irrigation à jets d’eau. C’est l’un des premiers marqueurs du Sénégal au sein de l’élevage de

Mme Bakari dans les encablures de Maroua. Elle s’est rendue à Dakar en 2018 et représentait les éleveurs au sein de la délégation conjointe MINEPIA-PRODEL. Le voyage consistait à aller apprendre de l’expérience sénégalaise en matière d’importation des génisses gestantes. Le déplacement en question avait présidé à la sélection de la Montbéliarde comme génisse d’adoption du PRODEL. La gestion de l’eau dans un élevage avait davantage touché Mme Bakari.Son adduction est encore expérimentale. La tuyauterie sillonne environ 500 mètres carrés. Les robinets de propulsion des jets rotent dans le sens des aiguilles d’une montre. Il y a comme une alternance des surfaces arrosées. Ces bains d’eau font vraiment pousser

les herbes. Mais la coloration verte et éclatante des repousses de qualité ne convainc pas encore : « Nous voulons nous améliorer. Nous voulons des formations et avons des ambitions », demande Mme Bakari d’un ton reconnaissant. Le grenier à foin impressionne plus. Les bottes s’entreposent sur une hauteur estimée à 10 mètres. L’aliment pourrait nourrir le troupeau pendant 6 mois : « J’ai également assez appris en matière d’alimentation. L’environnement sénégalais est encore plus difficile que le nôtre. Mais l’herbe y est produite et reste verte. Nous disposons de 6 hectares de champs fourragers à Miskin. Nous avons déjà cultivé le Braccharia sur 1 hectare. La plupart des mortalités proviennent de la pauvreté de l’aliment et de la rareté de l’eau. »Une trentaine de têtes vivent dans l’exploitation. Leur embonpoint

« Nous tenons à améliorer notre cheptel en qualité et en quantité. Nous faisons face à plusieurs problèmes.

Un appui dans le domaine de la santé animale est le bienvenu. Nous vivons mal les saisons de pluie. Les animaux sont exposés aux intempéries. Un hangar devient indispensable. Nous souhaitons recevoir des génisses gestantes de race améliorée. Nous disposons de fourrage, des tourteaux de coton, de son de maïs et de tige de mil pour nourrir les animaux. »

Par Télesphore Mba Bizo

est indicateur du volume d’eau et d’alimentation. Même l’abri est digne d’éloges. Il s’agit d’un hangar géant : « Le Sénégal nous a amenés à nous investir dans la construction de l’abri des animaux. Ils ne vont pas pâturer. Par conséquent, ils ont besoin d’un abri de qualité. Garder les animaux en stabulation exige de les protéger contre le soleil. » La réplique en terre camerounaise parle d’elle-même. L’aliment et l’eau concourent à la production du lait. La vache traite en soirée en a produit 5 litres. Les conditions d’hygiène sont observées. Mais les quantités restent faibles : « Nous souhaitons produire plus de lait. Il en manque. La demande est forte. » Il s’agit de la demande de réception d’une génisse. Le PRODEL devra décider de la suite à donner à la doléance exprimée.

Par Télesphore Mba Bizo

Mme Bakari a fait partie de l’équipe de mission au Sénégal au premier trimestre 2018.

Extraits du point de vue de Youssoufa Aligana, Délégué du GIC Waldessouka,à Maroua.

Visite de l’équipe gouvernement-Banque mondiale dans l’élevage de Mme Bakari (en foulard au centre de la photo).

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RESSOURCES PASTORALES

TOILE DE FOND

Conforter la campagne dans son rôle de source de protéines animales

La viande doit partir du village pour alimenter la ville. Les ruraux représentent donc un

centre de production des protéines animales. La ville devient alors un marché. Il est sous l’autorité d’une commune. Le PRODEL en compte un total de 30. Des conventions les lient au Projet comme des exemples de décentralisation et de développement local. La sélection des communes est intervenue suite à un appel à manifestation d’intérêt couru. Le PRODEL et les communes travaillent à élaborer et à exécuter les Plans de gestion des ressources pastorales, PGRP. Il s’agit d’un processus participatif. En effet, les avis des bénéficiaires sont des préalables à une exécution heureuse. Chaque PGRP adopté devient un chapitre non-détachable des Plans de développement communaux. Chaque exercice financier bénéficie

d’un vote budgétaire de la part des Conseillers municipaux. Le Conseil municipal alloue un complément de 10% du coût du PGRP. Le PRODEL débloque 90%. L’éligibilité aux PGRP couvre les communes septentrionales et quelques-unes dans la région de l’Est. Un PGRP, très loin de l’ordinaire production des protéines animales, est une entreprise d’investissement. Il relève du développement et de la gestion durables des pâturages. Le PGRP identifie et facilite l’accès des éleveurs aux ressources pastorales : eau, fourrage, sels minéraux et terres. C’est un projet de production des infrastructures pastorales : forages, parcs à vaccination, couloirs de transhumance, pistes à bétail et marchés. Le PGRP représente surtout la saine collaboration des bénéficiaires avec les institutions pastorales : centres zoo-techniques,

associations d’éleveurs, comités de gestion et plate-formes de concertations. Elles promeuvent et appuient les mécanismes de résolution des conflits agro-pastoraux. Un PGRP digne d’intérêt insiste sur son appropriation par les locaux. Le cadre de participation des riverains est le Comité de gestion. À première vue, les PGRP sont des initiatives d’exclusion sociale. En effet, l’accès à des ressources comme la terre, les produits de la flore et autres devient prohibé aux populations riveraines. Or, leur survie en dépend parfois. À ce niveau, un mécanisme de compensation existe. Il s’agit du Plan d’action pour la restriction de l’accès aux ressources, PARAR. Il est élaboré et validé au même moment que le PGRP.

Par Télesphore Mba Bizo

L’une des recommandations du Comice agro-pastoral d’Ébolowa en 2011 demande de mettre sur pied des projets prometteurs dans les villages à l’effet de fixer les jeunes et le reste de la population en campagne.

Zébu témoin exposé à la Foire à bétail de Ngaoundéré.

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RESSOURCES PASTORALES SIGNATURE DES CONVENTIONS AVEC LES COMMUNES

Les huit dernières communes de 2018

Les huit conventions de Yaoundé portent le total à 17. Cette fois, les communes concernées

proviennent des régions de l’Est et de l’Adamaoua. Leur sélection fait suite à leurs réactions à un appel à manifestations d’intérêt. L’Est obtient plus de 521 millions de francs CFA. Les villes de Garoua-Boulaï et de Ketté comptent plus de 152 millions et 170 millions de francs respectivement. Celle de Bétaré-Oya détient plus de 123 millions. La cérémonie de signature des conventions s’est tenue sous la présidence du Ministre de l’élevage, des Pêches et des Industries animales, Dr TAïGA. Son homologue, Georges Elanga Obam, de la Décentralisation et du Développement local l’accompagnait. L’Adamaoua totalise aussi quatre communes. Les bénéficiaires se

partagent un montant de près de 488 millions de francs. Ngaoundal empoche la meilleure cagnotte, avec presque 135 millions. Belel suit avec plus de 127 millions. Puis viennent Ngaoundéré III et Meiganga avec 114 et 110 millions de manière respective.La première vague des signatures de conventions avec les communes s’est tenue le 21 septembre 2018 à Maroua. Les communes de l’Extrême Nord récoltent 430 millions de francs CFA. Les 126 millions de la commune de Pété la classent en tête. Les 111 millions de celle de Yagoua lui assurent la deuxième place. La troisième, quant à elle, revient à Kaélé avec 104 millions de francs. Le PRODEL octroie à Tokombéré 82 millions. Le Logone-Birni se contente de six millions et demi. Les communes du Nord obtiennent

une mise de 390 millions. Celle de Guider vole haut avec 118 millions de francs. Garoua III et Ngong enlèvent chacune 114 millions. La commune de Lagdo clôture avec 44 millions de francs. L’apport global des communes est de 192 millions de francs. Le montant représente 10% de l’enveloppe générale. Le PRODEL fournit 90% de la grande demande financière. Toutefois, le classement des bénéficiaires par commune millionnaire ne suffit pas. La suite demande de passer à l’action. Elle désigne la construction des infrastructures pastorales : 30 forages, 33 parcs de vaccination, quatre parcs d’abattage, 1000 km de route rurale, deux marchés à bétail, trois boucheries, une adduction d’eau potable et une digue.

Par Télesphore Mba Bizo

Le Projet de développement de l’élevage, PRODEL, a procédé à la signature des autres conventions avec les communes le 12 décembre 2018 à Yaoundé.

Emmanuel Gbanga, Maire de Ketté.

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RESSOURCES PASTORALES

MISE EN ŒUVRE DANS LE GRAND-NORD

Satisfaction du gouvernementet de la Banque mondiale

Les quatre communes du portefeuille de l’Organisation néerlandaise de développement,

SNV, affichent leurs ambitions. Elles ont besoin du milliard dans les fonds du PRODEL. Pour y parvenir, la commune de Lagdo a déjà mis à disposition 30 milliards de francs. Le montant représente seulement 10% de ses attentes. Tout est en cohérence avec le mode opératoire du Projet, d’après le Dr Abakar Mahamat de SNV : « Elle peut donc bénéficier d’un financement de 300 millions de francs. La commune de Guider a inscrit 15 millions. Celle de Garoua III en a inscrit 18. Ngong a donné 20 millions. Les quatre communes réunies peuvent mobiliser presque un milliard de francs. » La Cellule d’appui au développement local participatif intégré, CADEPI, désigne le second opérateur. D’après son représentant, Khari, lui aussi a fait des progrès considérables sur le terrain : « Nous avons reçu le mandat d’accompagner cinq communes. Il s’agit de Kaélé, de Yagoua, de Petté, du Logone Birni et de Tokombéré. Le processus a commencé en mai 2018. Les progrès sont notables. Les communes ont déjà effectué les diagnostics participatifs de leurs ressources pastorales. Elles ont identifié leurs potentialités et leurs contraintes. Ce diagnostic a permis d’aboutir à des Plans de gestion des ressources pastorales. L’objectif est d’améliorer la productivité de l’élevage à terme. La production en question sous-tend l’amélioration des revenus des éleveurs. En d’autres

termes, les PGRP représentent un instrument de lutte contre la pauvreté. » Le Fonds d’intervention inter-communal, FEICOM, ainsi que le soutient son délégué, El Hadj Oumar, entend mettre à la disposition des communes des avances de trésorerie pour financer les sous-projets. C’est une requête de financement à adresser au Directeur général du FEICOM. Il examine les dossiers avec célérité pour satisfaire les communes. Le Spécialiste en gestion durable des ressources pastorales et animales, Alain Yagmpam, donne l’aperçu de l’ensemble de la mise en œuvre des Plans de gestion des ressources pastorales : « Nous envisageons la construction des forages à énergie solaire. Ils seront assortis d’abreuvoirs. C’est une manière de résoudre deux problèmes à la fois. Le premier concerne l’alimentation du bétail en eau. Le second consiste à approvisionner les populations en eau potable. Ces ouvrages font l’objet de vandalisme quand ils sont construits loin des habitations. » Le Spécialiste national social et environnemental se réjouit davantage de la prise en compte des éventuelles frustrations des populations : « Il y aura restriction de l’accès à des ressources dans nombre d’espaces pastoraux. Les opérateurs ont ainsi élaboré des Plans d’action pour la restriction de l’accès aux ressources, PARAR. Ils font partie des PGRP. » En effet, l’accès ne sera pas complètement interdit. C’est l’avis formel de Kazi Mena, Chef du canton de Boboyo

: « Les activités de collecte ou de cueillette des fruits seront libres. Les femmes auront le droit d’aller s’approvisionner dans la nature pour produire leurs huiles. » Le volet PGRP donne satisfaction aux observateurs avertis de la Banque mondiale. Fidèle Yobo, Consultante en pâturage, reconnaît les progrès observés sur le terrain : « Il y a un bon niveau d’appropriation du processus d’élaboration participatif des PGRP. C’est vrai à la fois au niveau des communes et à celui des communautés. Les communautés visitées montrent qu’elles ont participé à l’ensemble du processus. Les populations relatent avec aisance le déroulement du processus. Elles savent également poser leurs problèmes. Nous avons pu saisir le niveau d’engagement des communes à financer les sous-projets. Nous partons satisfaits de ce que la visite de terrain a laissé voir. Le fait de développer les 17 PGRP programmés en 2018 constitue un témoignage de satisfaction. »

Par Télesphore Mba Bizo

L’appropriation des Plans de gestion des ressources pastorales par les communes et par les communautés donne satisfaction.

Fidèle Yobo, Consultante en pâturages à laBanque mondiale.

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RESSOURCES PASTORALES

ENVAHISSEMENT PAR LE « BOkASSA GRASS »

Origine et perspective

La découverte du Chromolaenaodorata dit « Bokassa Grass » date de la

décennie 70-80. Elle provient d’Asie et est précédée de sa réputation de plante fertilisante. Depuis lors, sa vivacité, sa longévité relative, son pouvoir germinatif, ainsi que ses élans envahisseurs lui ont permis de se propager dans tout le pays. Seule la zone au Nord du huitième parallèle échappe à son implantation à cause de la sécheresse du climat. Le développement rapide du « Bokassa Grass » représente un obstacle à l’émergence de l’élevage. L’herbe frappe de plein fouet les régions de l’Adamaoua et de l’Est. Dans la dernière région citée, la percée de la plante envahissante dans les départements de la Kadey et du Lom et Djerem a fait l’objet d’une évaluation. Elle a eu lieu dans les villages à haut potentiel pastoral des communes de Ketté, de Batouri, de Bétaré Oya et de Garoua Boulaï. Ils bénéficient des accompagnements techniques de BET GEOCOMPETENCE et financier du PRODEL. L’objectif consiste à améliorer la productivité des systèmes d’élevage pastoral, l’accès au marché et la résilience des communautés pastorales. Au total 8000 hectares de pâturages ont été parcourus. Ils sont libres d’accès et non-matérialisés. La valeur pastorale est de 22,37% et le taux d’infestation de 57,76%. De nombreux dégâts sont observés suite à la colonisation des pâturages par le « Bokassa Grass. » Il s’agit

de l’envahissement des espaces et du développement d’importantes surfaces mono-spécifiques dans les pâturages, de la modification du régime d’alimentation du bétail et du paysage, des risques d’insécurité relatifs aux longues distances parcourues par les bergers pour la recherche des aliments, des conflits agropastoraux, de la baisse de fertilité, de la perte du bétail et de la réduction de la taille du cheptel, de la réduction des aires de pâturages et des pistes à bétail, de l’abandon de l’élevage par de nombreux éleveurs, de la baisse de la production du cheptel bovin, etc.. Cette situation entraine une forte pression sur les espaces restants. Malgré cela, certaines solutions sont apportées par les éleveurs.

Les Plans de gestion des ressources pastorales, PGRP, dans les quatre communes de l’Est sont finalisés. Ces plans montrent que certains éleveurs utilisent des herbicides tels

que « ELLIAME » pour lutter contre le « Bokassa Grass. » D’autres encore mettent en place des parcelles fourragères de Brachiariasp et Stylosantesspet alimentent le cheptel en tourteaux. La non-maîtrise des itinéraires techniques de cultures fourragères se précise. Les communes et le PRODEL comptent se mettre ensemble pour gérer de manière durable 3000 ha de pâturage dans le cadre d’un processus de planification communale. Les communes et le PRODEL comptent, à partir des conventions co-signées, délimiter et sécuriser les pâturages, mettre en place des comités de gestion, engager une recherche action pour lutter contre la plante, renforcer les capacités des éleveurs sur les itinéraires techniques pour une exploitation durable tout en associant les bergers et les pasteurs, et gérer l’espace de manière durable.

Par Daniel Kam

Un expert en pâturage analyse la situation.

Une haie infranchissable de «Bokassa Grass» à Fio.

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RESSOURCES PASTORALES

ENVAHISSEMENT PAR LE « BOkASSA GRASS »

Les dégâts de la plante envahissante

Le Bokassa Grass sévit sur les pâturages. Il produit des effets de métastases d’un cancer. Plus

les combats s’acharnent contre lui, plus héroïque il devient et gagne de nouveaux territoires. Même la saison sèche l’abîme à peine. Il prend une coloration qui le dispute entre le jaune et le noir. Elle semble trahir une souffrance et une somnolence qui, en réalité, ne le sont pas. Il s’agit de sa « cuirasse. » La stratégie d’auto-protection lui donne de se prémunir contre l’action de la chaleur. Les éleveurs ont rôdé la formule d’extinction de cette quasi-fatalité par des feux de brousse. La mauvaise herbe sait flamber. La percée des flammes renvoie des claquements vifs dans les oreilles. Le Bokassa Grass brûle jusqu’à la tige. Ses bourgeons lâchent sous forme d’explosions sèches et irréversibles

en apparence quand souffle le vent. Mais le Bokassa Grass renaît toujours de ses cendres. Les premières gouttes de pluie en favorisent la germination. Son redéploiement verdoyant se fait même encore plus conquérant sur les terres brûlées. Ses jeunes feuilles pointent alors au soleil comme une belle promesse de fleurs. Or, elles représentent une nouvelle génération d’herbes encore plus sauvageonnes et déterminées à persécuter la panse des zébus en proie à la disette. Les naissances précèdent simplement des mortalités rapides et prévisibles. Le volume de lait ne nourrit pas les taurillons à satiété. Il s’agit d’une herbe exclusive. Elle préfère des présences uniques pour confisquer les espaces. En d’autres termes, elle n’accepte donc pas de partager ses terres avec d’autres occupants. De temps à autre, un

arbuste jaillit du sol. C’est de manière clairsemée. Le Bokassa Grass ne cohabite donc qu’avec plus fort que lui en hauteur. Il évolue de manière compacte, comme du foin encore à son état vert et surtout debout sur ses tiges. C’est une haie sous forme de lame tranchante. Elle laisse des entailles sur les bovins les plus enthousiastes à l’affronter pour des besoins alimentaires. En général, le gros bétail perd cette confrontation contre le Bokassa Grass. De guerre lasse, les populations confient alors leurs animaux aux peuples autochtones riverains. En saison sèche, les éleveurs passent la commande des tourteaux de coton. Ils viennent de Garoua. La marchandise n’est pas à la portée du premier venu. Bien plus, elle ne remplace pas le foin.

Par TMB

L’équipe de communication du PRODEL s’est rendue dans la commune de Ketté à l’Est à l’effet de suivre l’activité après la signature des conventions.

Le Chef musulman de la communauté de Fio indique l’envergure malheureuse du «Bokassa Grass».

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Fio sous l’empire de la mauvaise herbe

Dompter le Bokassa Grass est complexe, se plaint le Chef. Il faut déraciner les herbes.

Une moindre souche négligée génère de nouveaux bourgeons ; lesquels alimentent encore de plus belle la multiplication anarchique de la mauvaise herbe. D’après la même autorité communautaire, « Les populations souhaitent bien se

lancer dans les activités des champs fourragers. Mais de telles entreprises exigent des moyens énormes. Elles demandent même la mobilisation des engins lourds. Nos modestes moyens ne nous le permettront jamais. Nous nous en remettons aux bons offices du gouvernement. Un tracteur peut faire ce travail en un temps record. Le Bokassa Grass ressemble à une

haie. » Elle interdit la progression des animaux dans le pâturage. Les bêtes ne parviennent plus à s’alimenter. L’embonpoint disparaît. Les conséquences sont immédiates sur les ventes. Les éleveurs en sont les grands perdants.

Par Télesphore Mba Bizo

Le Chef de la communauté des éleveurs de la localité de Fio, Hamadi Laomou, parle de l’effet du « Bokassa Grass » dans sa localité.

L’action du «Bokassa Grass» perceptible même sur des régimes de plantain autrefois généreux.

RESSOURCES PASTORALES

ENVAHISSEMENT PAR LE « BOkASSA GRASS »

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RESSOURCES PASTORALES

MARCHÉ À BÉTAIL INTERNATIONAL DE GBITI

Le revers de l’instabilité transfrontalière

La ville a perdu de sa superbe. C’était la destination idéale du bétail en provenance de trois

pays : la Centrafrique, le Tchad et le Nord géographique du Cameroun. Le voyage n’était long que pour les éleveurs tchadiens et camerounais. Les Centrafricains se contentaient de traverser la frontière. La ville vivait de son économie du bétail. Par centaine, des revendeurs se

donnaient rendez-vous à Gbiti. Le parc représentait le point de départ de nouveaux voyages. Les animaux allaient approvisionner les marchés de Yaoundé, de Douala et même du Gabon ou de la Guinée équatoriale. L’activité économique reprend peu à peu. La piste centrafricaine est, cependant, perdue. éric Serge Nzala, chef du Centre zoo-technique et vétérinaire de Gbiti, se félicite

du regain de vie ambiant : « Nous recevons les bœufs en provenance de Touboro, de Ndokayo et de Mbaïmboum. Nous effectuons les contrôles vétérinaires. En cas d’absence de maladie, les animaux peuvent accéder au marché. »

Par Télesphore Mba Bizo

L’instabilité centrafricaine a réduit la vigueur d’un marché international en un parc à bétail local.

Le Spécialiste régional environnemental et social Zone II, Dr Jean Marcial Bell, s’inquiètant de l’effet des intempéries sur la viande.

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RESSOURCES PASTORALES

MISE EN ŒUVRE À GBITI

L’urgence d’un marché à bétail et d’une boucherie

Le marché à bétail compte parmi les urgences. L’actuel est en plein air. L’ouverture complique

le décompte des têtes de bétail. Les entrées et les sorties du marché se confondent. La construction du marché viendrait également résoudre le problème du vol de bétail. L’éventualité d’un bain « détiqueur » est à même de résoudre le problème de maladies des animaux préservés des opérations de vaccination à cause de la phobie des taxes à l’abattage.

En effet, un dispositif en béton existe non loin du site de construction du marché. D’après le Chef du Centre zoo-technique de Gbibi, éric Serge Nzala, « le fonctionnement du bain détiqueur n’a jamais été effectif, faute d’eau courante. Sa mise en service devrait permettre d’éviter les épizooties sévères. C’est indispensable. » En effet, les éleveurs acceptent rarement de faire vacciner l’ensemble de leurs troupeaux. Une plate-forme vendeurs-acheteurs

existe. Mais elle subit le diktat des intermédiaires. Ces courtiers du bétail s’appellent les « Sakaïna. » Le marché est ouvert tous les mardis. 400 têtes de bétail font, en général, leur entrée pour des ventes aux plus offrants. 200 à 250 animaux sont le plus souvent vendus. Sa mise en œuvre devra aussi permettre de mieux animer ladite plate-forme.

Par Télesphore Mba Bizo

Le double projet représente les actions prioritaires des PGRP dans la ville transfrontalière décidées de manière participative avec les bénéficiaires.

Prolifération des comptoirs de forture.

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RESSOURCES PASTORALES

L’URGENCE DE LA SALUBRITÉ DES POINTS DE VENTE

Boubara a besoin de faire sa toilette

La viande est à la merci des intempéries et de la poussière. Cette condition expose la chair à

une putréfaction encore plus rapide. Elle peut s’avérer nocive à la santé humaine. Mais peu de personnes s’en rendent compte. Aucun dispositif sérieux n’accompagne l’activité. Les haches, les machettes, les crochets et les autres outils des bouchers jonchent la couche de poussière au sol. Les animaux sont abattus au vu et au su de tous. Même les enfants assistent souvent à ces scènes de violence et maltraitance animales. Le sang animal ruissèle et souille la boucherie de fortune de ses taches à la fois grossières et indélébiles.

La trainée noirâtre zigzague à perte de vue. La rigole de sang côtoie les terrains de jeu. Soit le ballon ou alors les pieds des enfants y plongent souvent sur fond d’emportement. Il ne se pose pas encore un problème de sauvegarde environnementale. Mais en cas d’abattages à grande échelle , des risques de pollution pourraient subvenir, s’inquiéte le Spécialiste national environnemental et social de la Zone II. La viande se vend en tas de 1000 francs. Des mouches vont et viennent au rythme des coups de lame dans la chair en vente. Chaque boucher a le flair du nouveau venu. À tue-tête, il propose des pattes, des peaux et des

queues de bœuf. Même des têtes de bœuf boucanées s’alignent à la vente pour donner l’ampleur du nombre d’animaux abattus. La fidélité à son boucher est traditionnelle. Le noir l’emporte sur toutes les autres couleurs des produits à vendre. C’est la conséquence de l’absence de la moindre chaîne de froid dans la localité. La technique de fumage est une méthode de conservation ancestrale. Elle restera d’actualité jusqu’à la construction de la boucherie.

Par Télesphore Mba Bizo

Les conditions d’abattage des bœufs et de vente de la viande posent un problème d’hygiène.

Ville de Boubara.

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RESSOURCES PASTORALES

BOUBARA A ESPOIR

Les bénéficiaires réclament une boucherie

«Les gens verront de nouveaux aménagements », avance le Emmanuel Gbanga avec fierté

: « la beauté et l’hygiène des lieux inviteront les clients à acheter plus. » La promesse de la boucherie enchante les bénéficiaires. L’assistant boucher affirme d’ailleurs : « Nous prenons

des crédits pour acheter des animaux et les vendre. Ce sont des prêts consentis auprès des populations autochtones en brousse et même du village. Les bœufs partent du Nord pour Gbiti. Ce n’était pas le cas avant. La guerre [en Centrafrique, Ndlr] a fait fuir les éleveurs. Il n’en reste

plus qu’une poignée. La boucherie va nous accélérer le développement ici. »

Par Télesphore Mba Bizo

Le PRODEL et les populations tiennent à mettre un terme au commerce sous le soleil grâce à la construction d’une boucherie moderne sur financement du PRODEL.

Une boucherie en construction dans la ville de Boubara.

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RESSOURCES PASTORALES

INVITÉ DE LA RÉDACTION

Priorité à la construction des marchéset des boucheries

Prodel Magazine : Pourquoi avoir négligé des sous-projets de forages et de puits

pastoraux pourtant majoritaires ailleurs ?Emmanuel Gbanga : À l’issue du diagnostic effectué par le bureau d’études, il a été arrêté, de commun accord avec la population et les bénéficiaires, un nombre de projets. Les résultats du diagnostic font état d’un pâturage envahi à hauteur de 55%. Le reste peut bien alimenter le bétail. Nous avons donc convenu de construire un marché à bétail et trois boucheries. Nous avons visité ces quatre sites, notamment Ketté, Boubara, Gbiti et Mobé. Les autres phases vont se concentrer sur le développement des champs fourragers. C’est une réponse au problème du Bokassa Grass. Il faut s’en prendre à ses capacités d’occupation anarchique. Nous avons négligé la question des puits pastoraux parce que notre plan d’eau est pour le moins enviable.

Prodel Magazine : Que faites-vous pour lutter contre le « Bokassa Grass » ?Emmanuel Gbanga : La commune ne détient aucune recette magique ni curative contre le Bokassa Grass. Elle encourage la création des champs fourragers. Nous avons identifié 10 villages à fort potentiel pastoral. Des champs semenciers écoles y seront développés. Un champ de deux, trois ou quatre hectares ne comblera jamais les attentes d’une bonne

communauté pastorale.

Prodel Magazine : Qu’avez-vous fait de la signature de la convention avec le PRODEL ?Emmanuel Gbanga : Nous sommes rentrés et avons informé les bénéficiaires de projets. Les 10% d’apport de la commune ont commandé une réunion avec les principaux acteurs. Le receveur municipal est disposé à débloquer la somme conséquente. La quote-part constitue un préalable au décaissement du financement du PRODEL. Un compte commun existe déjà dans les livres de Banque atlantique à Bertoua. Chaque partie y a été imprégnée de ses droits et de

ses devoirs. Tout sera opérationnel en mars 2019.

Prodel Magazine : Que faites-vous pour attirer la clientèle internationale à Gbiti ?Emmanuel Gbanga : Nous venons de visiter une commune de l’Adamaoua. Nous y avons appris avec effarement que Ngawi est le seul grand marché à bétail. Je les ai invités à visiter Gbiti à leur tour. Ketté dans la Kadey est un pôle d’élevage considérable. La malédiction du Bokassa Grass a repoussé les éleveurs à Ayos et à Akonolinga. Propos recuillis par TMB

Emmanuel Gbanga, Maire de Ketté et signataire d’une convention avec le PRODEL, est l’invité principal de cette édition de PRODEL Magazine.

Emmanuel Gbanga, Maire de Ketté.

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APPUIS AUx BAkASENSIBILISATION DANS LA RÉGION DE L’EST

Un potentiel de chèvres et de poules chez les Baka

Vers la fin des stéréotypes ? Des Baka acceptent de réaliser une auto-révolution. Ils ne

promettent pas de cesser d’être des cueilleurs et des chasseurs. Mais l’ajout d’un qualificatif comme « éleveurs » leur irait bien. Ils en ont parlé aux équipes de sensibilisation du PRODEL. C’était via deux opérateurs. Green Development Advocate a sensibilisé les 21 villages bakadu Haut-Nyong. Quant à Pygmod, il a effectué un travail similaire au sein des 15 communautés baka de la Kadey et du même nombre dans la Boumba-et-Ngoko. Les consultations participatives en question ont permis d’entendre la voix des Baka. Ils se disent disposés à mener des activités d’élevage. Leur dévolu porte sur les chèvres et les poulets. Quelques campements en ont l’habitude ainsi que le confirme Célestin Amougou, membre de la communauté baka de Nkolmbong : « Nous sommes disposés à élever les porcs et les poulets. Nous avons vu les voisins bantous s’y mettre. Nous aussi nous pouvons réussir cet élevage. Nous nous organisons déjà

en association. Notre récépissé est même disponible. Le PRODEL vient vers nous comme un don du Ciel. Rien ne nous est demandé comme contribution financière. Les produits de l’élevage nous permettront de nous soigner. Nous en profiterons aussi pour envoyer nos enfants à l’école. Nous pouvons commencer le travail dès aujourd’hui, à condition d’avoir les porcs et les poulets en question à notre disposition. » Les Baka jouaient le plus souvent le rôle de gardien des animaux des autres. En réalité, les chèvres et les poulets appartenaient aux voisins bantous. Ils consentent donc à passer du statut d’ordinaires surveillants des animaux des autres à celui de propriétaires sur un ton empreint de fierté comme sait le manifester Blaise Yéyé, membre de la communauté baka de Nkolmbong : « J’élevais mes poulets en leur donnant du maïs. Ils ne dormaient pas sur les arbres. Je les mettais à l’abri à l’intérieur de ma case. L’argent des poulets m’aidait à soigner les enfants malades. J’attends ma dotation de poulets pour recommencer. »

L’élevage des chèvres et des poulets les intéresse pour des besoins alimentaires. Les Baka justifient également leur envie de se lancer dans ladite activité par l’urgence de constituer une sorte d’épargne maladie. Ils n’ont jamais connu de caisse santé. Les chèvres et les poulets représentent également des crédits scolaires. Toutefois, la filière miel les effraie du fait des abeilles, de l’avis de Francis Mboundji, chef de la communauté Baka de Bamenda : « Nous préférons élever des chèvres. Le miel ne nous intéresse pas trop même si nous l’aimons bien. Mais nous ne savons pas le conserver. Le vol de poulets et de chèvres n’est plus intense. Les mots gendarmerie et police dissuadent les voleurs. Ils en ont peur. Nous allons manger une partie de la production. »Les Baka se plaignent surtout des prix de vente de leurs produits. Francis Mboundji regrette des faits récurrents : « Les revendeuses achètent nos produits au rabais. Elles peuvent avoir le courage de proposer d’acheter un coq à 400 francs. Les prix pratiqués sont trop faibles. Notre salut ne peut venir que des acheteurs lointains. Il y a beaucoup de tromperie sur marchandise. Nous vendons presque pour rien. L’aventure sera foireuse si vous pensez que nous allons continuer de porter la marchandise sur la tête et vendre à travers le village comme des ambulants. Nous n’en tirerons rien. Nous avons besoin des poules et des chèvres. Nous pouvons les élever. Nous n’en consommerons que les blessées ou les accidentées. »

Dr Jean Marcial Bell et TMB

Le Projet de développement de l’élevage, PRODEL, a interessé les campements baka des départements de la Kadei, de la Boumba-et-Ngoko, et du Haut-Nyong aux opportunités du Projet en 2018.

Un élevage de chèvres prolifique chez les Baka.

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RÉSILIENCE

APPUIS AUx FEMMES ET AUx MÉNAGES PAUVRES ET AFFECTÉS

Processus amorcé

Un appel à manifestation d’intérêt a permis de faire la sélection des opérateurs. Ils

sont les suivants : Jeunesse active pour la lutte contre la pauvreté, le VIH-SIDA et ses souffrances (ONG JAPSSO), Centre opérationnel pour la promotion et la régénération économique et sociale – Secteur Afrique (COPRESSA), Synergie pour le développement local (SYDEL), Union des églises baptistes du Cameroun (UEBC- SAARE TABITHA) et Association camerounaise pour le développement local (ACDC).Le processus d’identification et de distribution des actifs productifs a commencé par des campagnes de sensibilisation. Elles ont eu lieu dans les départements de la région de l’Extrême Nord. Les communes ont désormais pris le relais de la préparation de la diffusion des actifs productifs. Elle passe par la constitution des Comités communaux. Ce sont eux qui ciblent

les villages bénéficiaires des lots de petits ruminants, soit 10 chèvres et moutons. Les bénéficiaires sont de deux types. Il y a, d’abord, les ménages pauvres et affectés par les conflits. L’objectif consiste à leur distribuer des animaux. C’est en vue de la reconstitution de leur cheptel d’antan, bien avant leur destruction par les conflits armés. Il faut, ensuite, compter les femmes et leurs associations comme autres bénéficiaires. Elles ont besoin de voir la pénibilité de leur travail réduite grâce à la fourniture d’équipements destinés au petit élevage. En plus des actifs productifs, elles ont droit à des formations en matière de communication pour le changement de comportement. Segou Gouyouk, représente l’un des opérateurs retenus, notamment Synergie pour le développement local. Il explique les tenants et les aboutissants de son activité : « Nous intervenons dans l’amélioration de

la résilience des ménages pauvres affectés par les conflits. Les ménages, les femmes et leurs groupes attendent des actifs productifs. Le diagnostic révèle que les femmes ont besoin de dotations en nature et de formations dans le développement du petit élevage et du commerce. Les ménages attendent des dotations de 10 petits ruminants. Ces chèvres ou moutons leur permettront de reconstituer le cheptel perdu dans les conflits ambiants dans la région de l’Extrême Nord. Un Comité de sélection est sur le point d’être mis sur pied. Il choisira les villages vulnérables. Chacun d’eux accueillera un Comité local. Il sera en charge du ciblage des ménages pauvres affectés par les conflits. Nous autres, opérateurs, entendons procéder aux contre-vérifications de toutes ces informations. C’est alors que pourra commencer la phase de distribution des actifs productifs. »

Par Télesphore Mba Bizo

La sélection des opérateurs en charge de l’identification et de la distribution des actifs productifs aux bénéficiaires a commencé le 26 juillet 2018.

Campagne de sensibilisation sur les actifs productifs à Boboyo.

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APPUIS AUx FEMMES ET AUx MÉNAGES PAUVRES ET AFFECTÉS

Processus amorcé

PLANS D’AFFAIRES

PREMIERS FINANCEMENTS

L’accord de crédit inaugural

Le plan d’affaires inaugural est de presque 100 millions de francs CFA. La Coopérative a des arguments.

Ils commencent par l’évaluation financière des investissements actuels. Ils représentent près de 28 millions de francs CFA. Gabriel Amoh, le Président du Conseil d’administration, PCA, compte sur son organisation : « Nous sommes spécialisés dans la production et la commercialisation des œufs de table depuis 2006. Nous en produisons 640.000 par an et voulons passer du simple du double, voir au triple. » La Coopérative comptait 2.000 sujets au départ. Elle en est désormais à 5.500.

La Société coopérative des producteurs des œufs de table de Penka Michel représente le premier accord de crédit parmi les organisations de producteurs en décembre 2018.

L’intervention du PRODEL devrait les conduire à 15.000 sujets, avoue le Président : « nous passerons alors à 4.800.000 œufs de table par an. » La Coopérative contribue à hauteur de 26% au plan d’affaires. C’est plus de deux fois le plafond des apports des organisations de producteurs. MC2, l’institution financière partenaire, apporte 15% quand le PRODEL est à 58%, soit 58 millions de francs. La construction de deux poulaillers et d’une poussinière en consomme 40 au moins. La fosse d’incinération, les mangeoires, les abreuvoirs et les autres investissements épuisent la mise du PRODEL.

L’écoulement des œufs de table est assuré. Trois partenariats productifs sont signés : Fojou pour 40 cartons d’œufs par semaine, Jacques Kengne pour 60 et Tagouman Ngniehie pour 80. Il s’agit d’un contrat acheteur de 180 œufs de table de manière hebdomadaire. « La banque nous a déjà notifiés de notre financement. Par la même occasion, le Comité régional de présélection a retenu le dossier de ladite coopérative », précise le PCA.

Par Télesphore Mba Bizo

Embarquement des oeufs de table à Penka Michel à destination de Yaoundé.

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PLANS D’AFFAIRES

PREMIERS FINANCEMENTS

Un co-financement MC2

PRODEL Magazine : Quel est l’état des lieux de la collaboration avec le

PRODEL depuis la signature des conventions de partenariat avec les établissements de crédit et de micro-finance le 6 février 2018 ?MC2 : Nous avons enregistré la demande d’une organisation de producteurs dans nos livres. Elle souhaite avoir un financement de 13 millions de francs. Nous le lui avons déjà accordé. Le crédit va financer la production des œufs de table. Nous avons effectué des visites de terrain. Le projet nous semble rentable. L’OP n’a demandé que 20% au lieu de 30.

Elle-même donne 20%.

PRODEL Magazine : Comment comptez-vous rentrer en possession de votre argent sous forme de remboursement ?MC2 : Nous sommes situés en zone rurale. La plupart de nos mutualistes font dans l’élevage. Ils sont au moins quatre dans la production des œufs de table. Par conséquent, il devient normal pour nous de financer ledit secteur. Nous avons exigé une garantie. Elle constitue une sorte de pression sur l’OP. Nous avons également convenu d’un calendrier de versement des remboursements.

Toutes les recettes sont déposées dans son compte logé à notre niveau. Nous vivons au sein du même environnement. Des contrôles inopinés nous permettront d’avoir des informations crédibles sur le déroulement de l’activité.

PRODEL Magazine : Après combien de temps l’organisation de producteurs peut-elle passer à la caisse ?MC2 : Quand les conditions de fond et de forme sont remplies, l’OP dispose de moins de 72 heures pour rentrer en possession de son argent.

Propos recuillis par TMB

La Mutuelle communautaire de croissance, MC2, apporte les 30% de financement du plan d’affaires des œufs de table de Penka Michel en fin décembre 2018, d’après M. Jaurès Takam, comptable au sein de la microfinance.

Gabriel Amoh entretenant ses pondeuses à Penka Michel.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES PARTENAIRES

PRO-PME : une mise de 500 millions de francs

10 plans d’affaires à financer. C’est l’engagement contractuel de PRO-PME auprès du

PRODEL. La somme des accords de crédit est 500 millions de francs CFA. PRO-PME finance 30% d’un plan d’affaires. Le montant représente à peu près 40 millions de francs CFA. Il s’agit ici de l’itinéraire financier le plus promu par le PRODEL. Le Projet, dans ce cas de figure, verse 60%, soit un maximum de 75 millions de francs. L’organisation de producteurs bénéficiaire, OP, s’acquitte des 10%

L’établissement de crédit accepte d’accompagner les organisations de producteurs via sa convention avec le Projet.

restants. C’est l’équivalent de 12 millions et demi en argent liquide. Les rapports des Comités régionaux de présélection, CRPS, font état des organisations de producteurs moins gourmandes en termes de volumes de crédit. Ces OP demandent parfois moins de 30%. D’autres proposent même de fournir, elles-mêmes, les 30% réservés à l’institution financière partenaire en marge des 10% de droit, soit un pourcentage cumulé de 40. PRO-PME et le PRODEL ont convenu d’accompagner les plans d’affaires

de cette dernière catégorie d’OP demandeuses dans la cagnotte de la finance rurale. Ces plans d’affaires sortent de la démarche technique de financement de base, certes. Mais une volonté de bancarisation prend forme. La familiarisation avec les transactions bancaires constitue l’une des finalités du PRODEL dans sa promotion de l’accès au crédit rural.

Par Télesphore Mba Bizo

Visuel de PRO-PME à Douala.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES PARTENAIRES

FIGEC signe aussi son premier accord de crédit

La FIGEC se félicite de la démarche méthodologique mise sur pied sur le terrain. Au départ, précise

son Directeur général, Aubert André Tchikantio, l’établissement de micro-finance se fiait à l’expertise du client de manière exclusive. L’approche dite d’évaluation de terrain représente une nouveauté. Elle permet d’avoir une idée nette sur le potentiel du client. Depuis la signature de la convention avec le PRODEL : « Nous disposons de deux dossiers de demande de financements. Ils cumulent un montant de 284 millions de francs CFA. Les institutions de micro-finance sont organisées de manière échelonnée. Le principal dossier est celui de

ALVI-CAM-COUP. L’organisation de producteurs est bénéficiaire d’un financement d’environ 145 millions de francs. L’apport du FIGEC s’élève à 56 millions de francs. Il s’agit de financer l’élevage des poulets de chair. L’organisation de producteurs a besoin d’un système d’abattage industriel. Tous les supermarchés de Douala demandent ses poulets. Les escomptes chèques opérés chez nous en constituent la preuve. » Le problème actuel de cette OP, c’est que l’abattage s’effectue par des mains humaines. Elles peuvent devenir inexpertes quand le volume grimpe comme c’est le cas à présent. L’organisation compte donc doper ses capacités de production. Mais

elle tient également à monter sa chaîne d’abattage de manière à couvrir le marché en temps réel et selon la demande exprimée.FIGEC estime son crédit sécurisé : « Les mécanismes de remboursement consignés dans les cahiers des charges avec le PRODEL nous arrangent. Nous sommes même au-dessus du ratio de division des risques. Son plan d’affaires compte des investissements considérables. Nous pouvons les considérer comme gages ou leasing. Une grippe aviaire peut subvenir. Mais elle ne s’en prendra jamais aux équipements. Ils représentent 130% des financements que nous octroyons. »

Par Télesphore Mba Bizo

La Financière générale d’épargne et de crédit s’engage dans un projet avicole de la région de l’Ouest.

Aubert André Tchikantio, Directeur général de FIGEC.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES PARTENAIRES

BICEC : préalable de la mise à disposition des fonds

PORDEL Magazine : Où en êtes-vous dans la mise en œuvre du partenariat avec le PRODEL

depuis sa signature ?Alain Noah : Nous sommes en partenariat avec deux coopératives. Le problème des apports des partenaires se pose. L’examen des dossiers de financement exige la mise à disposition des fonds du PRODEL et de ceux de l’OP. Ce n’est pas encore effectif. La Banque ne saurait donc se prononcer dans ces conditions. Nous avons PROSEM. Son plan d’affaires s’élève à 180 millions de francs CFA. Cette coopérative travaillait déjà avec la BICEC par le passé. Elle est active dans l’aviculture ici à Douala. C’est notre client depuis quatre ans. Nous l’accompagnons dans le transfert des fonds à l’étranger ou encore l’acquisition des équipements. NPC-COOP-CA, dernier arrivé, est quasiment à 95 millions de francs CFA. Cette coopérative est spécialisée dans la production du porc à Mbanga, toujours dans la région du Littoral.

PRODEL Magazine : Que faut-il faire pour accélérer l’examen des dossiers à la BICEC?Alain Noah : L’accélération du traitement des dossiers demande de virer les apports du PRODEL et des OP. L’effectivité de la mise à disposition des fonds scelle le véritable accord entre les parties. L’un des volets importants concerne l’élevage contractuel. Il s’agit de disposer d’acheteurs au bout de la chaîne. La collaboration avec le PRODEL va de soi depuis la signature de la convention avec la BICEC. Mais seule la Banque sait vraiment comment se comportent les OP sur le plan financier. La Coopérative doit savoir comment elle

Toute décision d’accord de crédit est tributaire de la mise à disposition des fonds à la fois du PRODEL et de l’organisation de producteurs ainsi que le confie Alain Noah en charge du portefeuille agriculture-élevage auprès de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit.

va écouler ses produits avant même de commencer à produire.

PRODEL Magazine : Quel est le principal élément déclencheur de l’attribution d’un crédit élevage ?Alain Noah : La fiabilité de l’acheteur nous intéresse au premier chef. C’est lui le garant de l’écoulement de la production. En cas de défaillance, la chaîne entière peut s’effondrer. Le profil de l’acheteur est déterminant dans la décision d’octroi de crédits. Sa valeur pèse plus de 50% dans l’ensemble du système. Même l’examen du plan d’affaires proprement dit intervient en second lieu. La BICEC doit s’assurer qu’en cas de production, le marché achète presque tout. Lorsqu’il y a une telle assurance, la Banque peut se passer de garanties. Elle ne finance pas la garantie. C’est plutôt le marché ou sa qualité. La BICEC place le risque sur l’acheteur final. S’il n’achète pas, le remboursement du crédit devient impossible. Les organisations de producteurs peuvent ouvrir des comptes dans toutes nos agences. Mais le traitement des demandes de financements du monde rural est centralisé à Douala. À ce niveau, le dossier est traité avec diligence. Le dépôt du dossier dans une agence traverse trois instances de décisions. Or, le dépôt au niveau du siège n’en a que deux, notamment le Directeur des marchés et son homologue des risques. Le traitement du dossier prend au maximum une semaine par direction. Un dossier complet n’excède pas un mois à la BICEC.

Propos recueillis par TMB

Vue de face du siège de la BICEC à Douala.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES PARTENAIRES

NPC : client BICEC

éloges aux porcs de race Neima. La Société coopérative des porciculteurs et aviculteurs du

Cameroun, NPC COP-CA, continue de les croiser. L’organisation de producteurs totalise encore 35 reproducteurs. Ils produisent 800 porcs par an. Gisèle Momo, vice-Présidente de NPC, se veut plus précise : « Nous livrons des porcelets et l’engrais. Les marchés locaux et les supermarchés constituent notre principale clientèle : Kadji Food et les bouchers. Ils achètent une moyenne

Le plan d’affaires de ladite organisation de producteurs basée à Penda Mboko par Mbanga attend le verdict de financement de la part de la BICEC.

de 150 porcs par semaine. »Les membres de l’organisation de producteurs sont confiants : « Le financement du PRODEL nous mènera à 1.700 par an. Nous visons une production annuelle de 2000 porcs dans trois ans. Les 680 porcs annuels actuels sont en-deçà de la demande locale et régionale. Nous allons passer d’une production artisanale à une autre qui soit industrielle. La maîtrise des mortalités grâce au respect des normes de bio-sécurité est désormais de mise. L’observance

des normes environnementales l’est également. L’apport de notre coopérative est déjà disponible. Nous attendons un déclic en provenance de l’institution financière partenaire, la BICEC. Nos titres fonciers sont disponibles comme garanties. Même les investissements en font partie. 24 emplois sont créés. Il y a 13 jeunes et sept femmes. Les adultes forment le reste. »

Par Télesphore Mba Bizo

Gisèle Momo dans son élevage à Penda Mboko-Mbanga.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS

Une organisation de producteurs rôdée aux usages bancaires

Une colonie de sept bâtiments. Ils dominent près d’un hectare. 30.000 poulets peuvent y être

élevés. Cette capacité est vorace en main-d’œuvre. Trois magasins logent les ouvriers en question. Le système d’adduction d’eau est autonome. Le château d’eau a une capacité de 10.000 litres. Les membres de l’organisation de producteurs ont la confiance de quatre clients : Ets Dibangoua et Ndeutou à Yaoundé, et Ndjingoué à Douala. Selon le Président, rien ne reste : « Ils prennent toute notre production. Nous produisons en ce moment 60.000 poulets. Notre

La Coopérative des Éleveurs du Moungo, LT COOP-CA, par la voix de son Président Patrice Nkweja, dit avoir sécurisé son accord de crédit auprès de FIGEC.

ambition est d’atteindre la barre de 90.000 en 2019, puis 120.000 en 2020. » L’organisation de producteurs avance en toute confiance : « Nous avons déjà travaillé avec la banque. Notre notification de financement est déjà disponible. La Financière générale d’épargne et de crédit, FIGEC, nous a déjà accordés 50 millions de francs. Nous attendons la finalisation des procédures pour rentrer en possession de cet argent et entamer la mise en œuvre de nos activités. Nous disposons déjà de notre apport, quasiment 14 millions de francs

en l’occurrence. Nous avons bénéficié des financements ACEFA avant le PRODEL. Avec le Programme d’amélioration de la compétitivité des exploitations familiales, les remboursements ont respecté les clauses contractuelles de départ. L’avènement du PRODEL impose le recrutement d’un Directeur général et des machinistes. Notre première garantie de remboursement porte sur la confiance. Nous avons remboursé le crédit ACEFA. C’est une caution morale. La banque nous connaît bien. Elle a effectué des visites de terrain. »

Par Télesphore Mba BizoPatrice Nkweja dans son élevage à Baré Bakem.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS

Miel des monts Bamboutous

Un vrombissement entame la sérénité des visiteurs. Le survol des abeilles près du

lobe de l’oreille déclenche une claque réflexe. C’est surtout le geste à éviter, s’écrient les hôtes, la mine rieuse. Les abeilles pourraient imaginer une attaque et réagir en toute démesure. Heureusement, cela ne s’est jamais produit. Les essaims d’abeilles côtoient et connaissent désormais les hommes. Leur opération de bizutage provient davantage des négligences d’enfants. Ils ont laissé trainer des gouttes de miel. Le fait de ne les avoir pas nettoyées de manière complète a donc attiré beaucoup d’abeilles. La Société coopérative des producteurs de miel des Bamboutos a fait de l’apiculture son activité principale. Elle consiste à produire du miel et des produits dérivés. La production annuelle s’élève à 15 tonnes de miel. La cire et la propolis sont les sous-produits de notre entreprise. La cire s’avère indispensable dans le système de production. Elle attire les abeilles. La cire aide à la fabrication des vernis. Les meubles vernis à la cire sont d’un éclat durable et particulier. Enfin, la médecine s’en sert pour la production des capsules de médicaments. Il s’agit d’un anti-biotique naturel, confirme étienne Fobasso, Président de la Société des

La Société coopérative des producteurs de miel des Bamboutos a pourtant du potentiel.producteurs de miel des Bamboutos : « Nous voulons nous définir comme des industriels. Le PRODEL nous tend donc la perche pour y parvenir. Nous ne pouvons que la saisir par le bon bout. Les moyens nous faisaient défaut. La technique et le savoir-faire sont nôtres. Je viens d’expédier 15 bidons de 20 litres chacun par l’agence de voyages « Général ». Les incubateurs sont tous pleins de miel. Les prêtres et les moines sont des acheteurs de longue date. L’église catholique a fidélisé ses achats. Cette situation nous a condamnés à améliorer le volet étiquetage. Même le conditionnement est devenu quasi-professionnel. La boulangerie SIC à Douala achète chez nous. C’est sans compter la population locale, les amis et frères comme acheteurs opportunistes. Nous sommes en bons termes avec la banque, notamment MUPECI. Le montant attendu est de 37.500.000 francs. La MUPECI a déjà reçu notre contrepartie. Elle est de 12.500.000 francs. Nous attendons la réponse du PRODEL à notre plan d’affaires. » Malheureusement, le PRODEL n’a pas validé le plan en question. Il est reproché à l’organisation de producteurs d’avoir introduit les fonds de roulement dans son plan d’affaires. Il est donc question de le revoir. En effet, pense étienne

Fobasso, « L’apiculture enrichit. Il suffit de poser une ruche. Elle ne mange pas et ne boit pas. L’Homme trouve un domicile aux abeilles. Elles sont de bons locataires. Le loyer à payer s’appelle le miel. Les coûts de production sont proches de zéro. Un litre de miel vous donne un seau de haricot ou un poulet. Or, pour produire la même quantité de haricot ou de poulet, il faut investir. La production du miel n’en demande pas tant. Les abeilles ne tombent pas malades. Des maladies prédatrices comme la peste n’existent pas contre elles. Tout au contraire, les abeilles représentent une opportunité de sauvegarde environnementale. Ce sont de grands pollinisateurs. Les arbres fleurissent et produisent grâce aux abeilles. La production du miel est exigeante en matière d’hygiène. Nous avons besoin de personnels pour nettoyer les lieux tout le temps. La désinfection des espaces et des équipements doit devenir une seconde nature. Huit femmes et sept jeunes travaillent ici. Les autres sont des étudiants. L’institut supérieur ITA, l’Université de Dschang et le Centre zoo-technique de Foumban m’envoient des étudiants. Je suis leur référent. »

Par Télesphore Mba Bizo

Chaîne de production de miel à Mbouda.

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PLANS D’AFFAIRES

À LA RENCONTRE DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS

75 millions de francs pour les œufs à Baleng

Le nommé Sonafouo ne parvient pas à tenir ferme la notification du PRODEL en ce 29 décembre

2018. La décision du Comité régional de présélection, CRPS, de l’Ouest l’informe de la validation de son dossier : « Nous recevrons 75 millions de francs. Ils nous permettront d’acquérir 40.000 nouvelles pondeuses. Nous atteindrons alors un total de 180.000 pondeuses ». Le responsable de la Société coopérative de production et de commercialisation des œufs de table de Baleng ne se fait aucun souci quant à la perspective de son financement. Sa tradition dans les transactions financières parle en sa faveur auprès des banques et des autres établissements de crédit. La Société coopérative produit 50 millions d’œufs de table par an. C’est le labeur de 40 permanents et de quelques saisonniers. La boulangerie Saker à Douala et la Maison des œufs à Messa-Yaoundé constituent ses principaux acheteurs. La Société coopérative détient même 80% des actions auprès du dernier

Telle est la décision du Comité régional de préselection, CRPS, de l’Ouest en décembre 2018.

cité. Les ventes au Tchad et au Soudan ont été suspendues à cause de la grippe aviaire. Les membres de la coopérative souhaitent déjà passer à la phase de la transformation. Des bailleurs tunisiens accompagnent ladite société dans ce sens. De l’opinion du responsable, leurs partenaires leur « demandent d’atteindre un seuil de production critique de 150 millions d’œufs par an. Le risque serait de mettre sur pied un éléphant blanc. Nos partenaires ont fait des constats. Nous avons beau être associés, mais les ventes communautaires se font seulement quand il y a échec des placements individuels. Les membres vendent en cachette quand la demande est forte. Ils simulent ainsi des situations de mévente, de baisse de ponte ou de maladies fictives. Lorsque retombe la demande au marché, c’est à ce moment que les membres vous proposent d’acheter leurs produits. »La Société coopérative se donne un délai de trois ans pour atteindre 150 millions d’œufs. Les 75 millions de francs du

PRODEL sont suffisants pour y parvenir, rassure le principal responsable. Cette production sera transformée en mayonnaise. Le nommé Sonafouo entend « demander les premières machines pour faire des tests. Nous pouvons atteindre le seuil des 150 millions d’œufs de table dans trois ans. Nous comptons transformer les œufs en mayonnaise. Mais bien avant, nous allons leur demander les premières machines pour faire des tests. Nous y comptons 80% d’actions. Le Tchad nous a fermés ses frontières à cause de la grippe aviaire. Les données n’ont pas toujours changé. Nous avons 40 permanents et une abondante main-d’œuvre temporaire. Il y a quatre femmes et trois jeunes. »

Par Télesphore Mba Bizo

Vue d’ensemble de l’élevage des pondeuses de Baleng.

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