8/14/2019 5 B Charpente Secrete d'Une Composition

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LA CHARPENTE SECRTE D'UNE COMPOSITION

La mise en parallle de certaines lignes, on la rptition de certaines formes, permet aussi de stabiliserune composition. Sur le tableau de Degas, la ligne (presque) verticale du bras droit du modle (cadr surune ligne de force naturelle de l'image, en application de la rgle des tiers) constitue un heureux rappel dela grande ligne, presque verticale, qui dlimite la bordure de la table.

De mme, la ligne semi-circulaire du plus grand des deux pots, a droite, constitue un rappel de la grandeligne circulaire (la bordure du tub) visible de l'autre ct du tableau. A l'occasion voyez, droite, commel'anse du plus petit des deux pots et le franche de la brosse cheveux coupent la grande ligne verticale,crant ainsi des passages entre la partie rectangulaire de la composition et sa partie circulaire. Ainsi, lacomposition est bien quilibre et homogne, malgr la grande disparue des formes reprsentes.

La simplicit du propos n'exclut pas l'existence d'une solide charpente.Sur le tableau de B. Morisot, par exemple, la mise en parallle de la ligne du dos du modle avec la ligneincline du miroir donne un sens la composition.La ligne semi-circulaire du bras droit constitue un lien logique entre ces deux principales poutres

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matresses, et contribue souder le tout. Notez galement le cadrage de la jeune femme sur l'une deslignes de force naturelles de la composition, en application de la rgle des tiers, de sorte que son visageest cadr sur l'un des points d'intrt naturels de l'image (chapitre 10).

L'ART DE LA COMPOSITION ET DU CADRAGE

Faut-il ou non fermer une composition ?La ncessit de composer est, pour une large part, dicte par le phnomne de la vision chez l'homme : ils'agit de prendre en charge le regard du spectateur, de le conduire puis de le fixer l o se trouvent lesujet ou le motif principal de la composition. Il ne faut cependant pas que l'il, suivant la pente naturelledes grandes lignes directrices qui rythment la surface de l'image ou du tableau, soit fcheusemententran hors du cadre de l'image. L'efficacit expressive de cette dernire en souffrirait. C'est pourquoi lancessit de "fermer" plus ou moins discrtement la composition s'imposa de tous temps aux artistes.En pratique, "fermer" une composition consiste prvoir en proche bordure du cadre de l'image quelqueslignes secondaires verticales, horizontales ou mme obliques, qui arrteront le regard et empcheront songlissement inopportun hors de l'image.Nombre de sujets ne ncessitent cependant pas cette prcaution. Ce sont tous les sujets relativementsimples, ne reprsentant qu'un seul lment (un seul objet ou personnage, devant un arrire-plan neutre,par exemple) sur lequel le regard s'arrtera et se fixera sans difficult. Il existe galement nombre desujets plus complexes qui peuvent s'accommoder d'une composition "ouverte".Par exemple, le fait de ne pas fermer une composition reprsentant une foule nombreuse etindiffrencie, peut expressivement signifier la prsence d'une foule bien plus nombreuse au-del ducadre de l'image. En revanche, pour peu qu'on veuille plus particulirement dsigner au regard un certainnombre de personnages mls cette foule, il vaudra mieux revenir une composition plus ou moinsdiscrtement ferme.Enfin, il existe de nombreux cas o la composition (une composition en triangle, par exemple), lorsqu'ellerecadre suffisamment le sujet principal et fixe sur lui le regard, ne demande pas tre par ailleurs"ferme".Lorsqu'il s'impose, le "verrouillage" de la composition pourra prendre des formes trs diverses,quelquefois si subtiles qu'elles seront pratiquement indiscernables par un amateur ou un critique nonaverti.Tantt les lignes qui ferment la composition s'imposeront trs visiblement au premier plan, voire mme en

avant-plan de l'image (chapitre 11).Par exemple, les peintres hollandais du xvir sicle se servaient souvent des lmentsde dcor environnant le sujet principal. Le montant vertical d'une fentre, bien visible en bordure dutableau, fermait la composition d'un ct, tandis qu'un lourd rideau, vertical ou lgrement en oblique,occupant parfois toute la hauteur du tableau, bloquait la composition de l'autre ct. Enfin, le dessin dequelques poutres parallles au cadre de l'image fermait souvent celle-ci dans sa partie suprieure.

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VERMEER (1632-1675) : "LE GOGRAPHE" EXEMPLE DE COMPOSITION FERMELa composition la mieux ferme est celle qui le sera le plus discrtement possible, l'aide d'lmentsemprunts au dcor, de prfrence vus en amorce de l'image afin qu'ils n'attirent pas exagrment le

regard.Ici, la forme lgrement circulaire d'une tenture en amorce de l'image ferme la composition sur la gauche.Un tabouret dispos en oblique, galement vu en amorce, dans le coin oppos, ferme la compositiondans sa partie infrieure. A l'arrire-plan, la grande ligne droite peine brise en son milieu, engendrepar la bordure d'un cadre et e montant d'une chaise, ferme la composition sur la droite, pratiquement surtoute sa hauteur.Enfin, la ligne horizontale qui dlimite le haut du buffet constitue une plus discrte invitation ne pasquitter du regard l'espace o est cadr le sujet principal. Cette faon de fermer une composition avecdes lments relativement neutres vus en amorce de l'image (chevauchant le cadre), offre l'avantage de

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suggrer l'espace plus vaste entourant le sujet. Tout en tant ferme, la composition reste are et donneune meilleure impression de naturel.

D'autres fois, les lignes qui ferment la composition seront trs discrtes et n'apparatront que dans leslointains (un arbre, un simple lment de dcor ou d'architecture, un personnage, parfois vus en simpleamorce de l'image et dont la forme sera mme trs estompe).De plus, ces lignes seront souvent brises en plusieurs endroits, voire assez espaces, afin de laisserpntrer un peu d'air extrieur dans le tableau. Car il ne s'agit pas de refermer la composition dans unespace hermtiquement clos. Comme tout tre vivant, elle doit "respirer" et donner une impression despontanit et de naturel.Enfin, en l'absence de tout lment qui puisse utilement servir "fermer" la composition, une simplesurface colore en bordure du tableau, tranchant plus ou moins avec le reste de la composition, seraparfois suffisante.Par exemple, un dgrad dans un ciel, nettement plus fonc dans sa partie suprieure, ramnera leregard vers le centre plus clair du tableau. Il s'agit l d'un des plus subtils moyens de fermer unecomposition, souvent utilis par les peintres quand l'effet pictural pur commena compter davantageque la reprsentation raliste du sujet, c'est--dire partir de l'poque impressionniste.L'unit de la compositionII est difficile de dfinir prcisment ce qu'est une belle image ou un beau tableau, tant les conceptions dubeau peuvent fluctuer d'une poque l'autre, sinon d'un individu l'autre. Mais on peut dire ce qu'est une

bonne image, efficacement expressive. C'est une image qui traduit clairement les intentions de l'artiste,frappe son public, le touche au vif et s'incruste profondment dans sa mmoire. Pour obtenir ce rsultat, ilest essentiel que la composition prsente une certaine unit. Tous les lments de la composition,originellement disparates, doivent former un tout et produire un effet d'ensemble.Grce quoi le spectateur ressentira, ds le premier coup d'il, le "choc" motionnel que toute uvreartistique est cense produire.En pratique, cette notion d'unit sera prsente toutes les tapes de la conception d'une image.Ds le premier stade, malgr l'inspiration qui pousse souvent d'inutiles envoles, il faudra s'en tenir n'exprimer qu'une ide principale par image. Rien n'est plus dsarmant pour le regard qu'une compositionqui multiplie les anecdotes. Rien n'est plus dsarmant pour l'esprit qu'une uvre qui dveloppe plusieurs"discours" la fois.Ensuite, il faudra hirarchiser convenablement les divers composants de l'image (chapitre 3). Quelpersonnage ou groupe de personnages mrite-t-il d'tre particulirement valoris ; le dcor ou le paysage

environnant ne joue-t-il pas un rle trop envahissant ; un groupe de personnages trop "actif au premierplan n'attire-t-il pas exagrment l'attention au dtriment du reste... sont des questions que l'artiste serancessairement amen rsoudre en vue de donner plus d'unit sa composition.Des lignes directrices bien choisies (chapitre 7), reliant plusieurs lments pars, contribueront galement souder la composition. Ainsi qu'une judicieuse rpartition des masses (chapitre 8).Les "passages" entre les diffrentes parties de la compositionUne composition partage par des grandes lignes directrices peut donner l'impression d'tre constitue dediffrents morceaux poss les uns ct des autres, et de manquer ainsi d'unit. C'est pourquoi lesartistes peintres prennent souvent soin de mnager des "passages" entre les diffrentes parties de leurcomposition, de sorte que le regard puisse circuler plus aisment d'une zone l'autre.Le plus souvent, ces passages seront constitus par un simple lment emprunt au sujet, qui dborderade la zone o il se trouve sur la zone voisine. On pourra aussi ne pas fermer entirement une forme,en attnuer les contours par endroits, pour que le regard passe en douceur de cette forme la forme

voisine.Ou bien, au niveau du traitement pictural de l'uvre, on pourra faire lgrement dborder une plagecolore sur sa voisine.Ces passages devront en tout cas rester discrets et paratre aussi naturels que possible. Il s'agit d'un deces secrets artifices de composition dont le spectateur doit seulement prouver les effets.

La lumire, facteur d'unit d'une composition

Lorsqu'il n'est pas possible de relier suffisamment entre eux les diffrents lments d'une composition, onpeut encore y remdier en jouant sur l'clairage. On fera alors circuler la lumire d'un bout l'autre de

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l'image, soit horizontalement, soit verticalement ou en diagonale. Cette coule de lumire suffira souvent donner une trs grande unit la composition, serait-elle mme compose d'lments trs disparates.En pratique, cette opration consistera estomper les ombres en certaines parties du sujet, ou lesliminer purement et simplement.Enfin, mme si la composition se rsume un seul lment (un nu par exemple) on aura intrt fairecirculer la lumire tout le long du sujet, dans le sens de son mouvement gnral, soit de haut en baslorsque le sujet se prsente verticalement, soit horizontalement, soit en oblique.