5 Verne Michel Strogoff

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S QU E N C E 5 e / 4 e

Jules Verne Michel Strogoff (I)

Voyages extraordinaires , steppes de lAsie centrale , ces mots ont fait rver des milliers de jeunes lecteurs Comment transmettre ce plaisir de lire, cette envie dvasion aux collgiens daujourdhui ? Par la lecture de Michel Strogoff dans une version abrge 1 qui permet de garder lessentiel : le hros au grand cur, les prils et les dangers surmonts, les mchants dmasqus ; les contres lointaines, les villes, les paysages dsertiques, leurs habitants et leurs coutumes ; des moyens de locomotion universels ( pied, cheval), locaux (tarentass, tlgue), insolites (un bloc de glace !), bref une histoire qui ferait plir Nicolas Hulot et assurerait un numro de lmission Ushuaa nature ! La suppression des passages trop explicatifs, qui alourdissaient le texte, rend possible la construction dune squence trouvant sa place en fin de 5e (except les sances 5 et 8) ou au cours de lanne de 4e. Il serait dommage, en cette anne 2004-2005, o lon va commmorer le centenaire de la mort de Jules Verne 2, de ne pas favoriser la dcouverte de cet auteur par nos lves. Avant de dvelopper la squence, on voquera le contexte littraire de luvre.

1. Michel Strogoff, de Jules Verne, abrg par Boris Moissard, Lcole des loisirs, Classiques abrgs , 2004. 2. Le site de la Maison de Jules Verne et du Centre international Jules-Verne Amiens, www.jules-verne.net, donne un aperu des manifestations qui auront lieu lors de la commmoration. Le muse national de la Marine consacrera une exposition Jules Verne partir du mois de mars. Pour connatre lactualit des expositions et des manifestations pdagogiques consacres Jules Verne, nous vous donnons rendez-vous sur notre site : www.ecoledeslettres.fr.

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Le contexte littraireCe serait une erreur de croire que la publication de Michel Strogoff, en 1876, est due au seul gnie inventif de Jules Verne soutenu par le talent ditorial de Pierre-Jules Hetzel. Lhistoire du Courrier du csar, titre initial du roman, prend place dans un large ensemble littraire qui, depuis le dbut du XIXe sicle, entretient le got de lexotisme russe, soit travers les rcits des voyageurs, soit dans des textes de fiction destins aussi bien aux adultes qu la jeunesse. Il serait galement regrettable de ne pas tenir compte du rle jou par JulesVerne dans la vaste entreprise ditoriale et pdagogique que constitue le Magasin dducation et de rcration dans lequel Michel Strogoff est publi en prdition sous forme de feuilleton.

L attrait de lexotisme russe dans la littrature franaise au XIXe sicleCest au XVIIIe sicle, dabord sous linfluence du rgne de Pierre le Grand, puis de celle de Catherine II qui sut sattirer les bonnes grces de Voltaire, de Diderot et de dAlembert, que se manifeste en France une premire vague de curiosit et de sympathie pour la Russie. Un coup terrible, sinon mortel, est port cette sympathie par les guerres napoloniennes, linvasion de la Russie en 1812 et la lamentable retraite qui suivit, puis par lentre en vainqueur du tsar Alexandre Paris en 1814 et les exactions commises par les Cosaques dont se souviendront encore longtemps les campagnes franaises.

Les voyageursPourtant, lattrait pour la Russie ne se dment pas, grandement favoris par le dveloppement des communications partir de 1820 et, plus particulirement, partir des annes 1840 par lextension du rseau ferroviaire. Les innovations techniques contriburent ainsi dvelopper la mode du voyage en Russie et, en retour, favorisrent, comme la bien montr Claude de Grve 3, la naissance des voyageurs-crivains et la multiplication des rcits de voyage. Le premier dentre eux,Astolphe de Custine, se rendit rapidement clbre avec La Russie en 1839 (1843), qui servit de source dinformations quantit3. Claude de Grve, Le Voyage en Russie, anthologie des voyageurs franais aux sicles, Robert Laffont, Bouquins , 1990.XVIIIe

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dcrivains qui spargnrent ainsi les fatigues dun long voyage. Il fut bientt suivi par Alexandre Dumas (pre) et Thophile Gautier, sans oublier Balzac, qui entreprit en 1847 un voyage en Russie pour retrouver Mme Hanska.

Les uvres de fictionIl faut cependant observer que lattrait et le got pour la Russie, au XIXe sicle, sont prsents dans les uvres de fiction, indpendamment de la diffusion des rcits des voyageurs, comme lattestent, ds 1825, Les Prisonniers du Caucase et Prascovie ou La Jeune Sibrienne de Xavier de Maistre, ou, mieux encore, Le Matre darmes (1840-1841) 4 quAlexandre Dumas crit avant mme dtre all en Russie. Bien quaucun indice formel ne permette de lavancer, on se plat imaginer que Jules Verne, dans sa jeunesse, a lu le roman de Dumas et quil y a dcouvert, pour la premire fois peut-tre, la posie de lexotisme russe, la magie des noms de lieux (comment ne pas rver dIrkoutsk?) et limmensit des plaines sillonnes de routes que parcourent dj, bride abattue, les courriers du tsar. La seconde partie du Matre darmes est en effet consacre au rcit du voyage qui permet Louise et au narrateur de rejoindre Alexis Waninkoff Koslowo, en pleine Sibrie, neuf cents lieues de Saint-Ptersbourg. Michel Strogoff fera videmment mieux. Ajoutons, enfin, pour complter cet environnement littraire ddi la Russie avant le succs du roman de Jules Verne, que les traductions des crivains russes contemporains, Gogol, Pouchkine,Tourguniev, se multiplient partir de 1845, en dpit de lextrme tension franco-russe qui aboutit la guerre de Crime en 1854.

Un thme la modeOn peut donc penser que, lorsque Jules Verne interrompt en 1875 la rdaction dHector Servadac pour entreprendre quelque peu prcipitamment celle du Courrier du czar, lcrivain ftiche de la maison Hetzel sempare opportunment dune thmatique la mode qui constitue coup sr un gage de succs court et moyen terme, et qui, de surcrot, soulve lenthousiasme de lauteur 5. Il faut cependant nuancer cette analyse, qui pourrait minimiser loriginalit et la nouveaut de Michel Strogoff, en comparant le roman de Jules Verne aux4. Dans Le Matre darmes, Alexandre Dumas sinspire de lhistoire relle dun dcembriste russe, Annenkov (sous le nom dAlexis Waninkoff), compromis dans un complot contre le tsar et exil en Sibrie. Il est rejoint au bagne par une jeune Franaise, Louise, qui attend un enfant de lui, et ils finissent par se marier grce la bienveillance du souverain. 5. Jy suis en plein, je ne peux penser autre chose, et cela me passionne un degr rare. Le sujet est magnifique, et il donne des situations qui me paraissent bien belles. Lettre de Jules Verne P.-J. Hetzel du 29 mars 1875.

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autres ouvrages destins la jeunesse qui sinspirent de la mme thmatique. Si linspiration russe nest pas absente dans la littrature denfance et de jeunesse avant Jules Verne, elle est relativement tardive et limite quelques livres qui ont sombr depuis longtemps dans un oubli sans doute mrit. Cest pourquoi on ne dira rien dIvan ou la Retraite de Moscou (Saint-Brice, 1850), des Jeunes Russes (Mme C. dOleskevitch, 1852), ni mme de LOurs de Sibrie que Pierre-Jules Hetzel, sous le pseudonyme de P.- J. Stahl, destine en 1872 aux trs jeunes lecteurs. En revanche, on retiendra trois exceptions. LOrpheline de Moscou ou La Jeune Institutrice, de Mme Woillez (Mame, 1841), roman difiant, moralisateur et sulpicien, o les larmes et les bons sentiments coulent chaque page, est emblmatique de la grande majorit des ouvrages destins la jeunesse, en France, dans la premire moiti du XIXe sicle, une poque o ce sont les maisons ddition catholiques qui monopolisent cette production (Mame Tours, Barbou Limoges, etc.). Or, il faut savoir que ce roman a connu cinquante-quatre ditions entre 1841 et 1915, avant que la dernire ne soit publie en 1936 ! Il ne sagit donc pas dun livre mineur, du moins au regard de ses tirages, mais dun vritable succs de librairie qui a pu contribuer entretenir une sorte de nostalgie en direction de la Russie. Sans vouloir sauver tout prix un texte justement tomb dans loubli, on retiendra le chapitre qui, au dbut du roman, voque de manire assez saisissante la retraite de 1812 et le passage de la Brzina. Le cas du Gnral Dourakine, de la comtesse de Sgur, publi chez Hachette en 1866, est diffrent. Dabord parce que le personnage et le rcit sont directement lis aux origines de Sophie Rostopchine, ensuite, parce que lintrigue prsente des situations et des personnages qui tranchent assez sensiblement sur ceux de la littrature de jeunesse de lpoque (en particulier le personnage de Mme Papovski et lpisode, fameux aujourdhui, au cours duquel elle est fouette). On a peine imaginer que Jules Verne, dix ans plus tard, nait pas eu en mmoire certains dtails caractristiques de la ralit russe fournis par le roman de Mme de Sgur : lusage rpt du knout, les vtements des paysans russes et ce long voyage, encore, qui est voqu dans le dernier chapitre du Gnral Dourakine. La traverse des espaces russes fait manifestement partie des topoi de la littrature daventure ds le milieu du XIXe sicle. Avec Maroussia, enfin, nous avons affaire lun des plus grands succs de la littrature de jeunesse au XIXe et au XXe sicles, puisque ce roman de P.-J. Stahl, en ralit inspir dun texte russe dont il nest pas lauteur, figure toujours dans les catalogues des diteurs 6, mais ce qui intresse dabord ici cest lalternance ditoriale que le livre semble entretenir avec Michel Strogoff. Publi une pre6.Adaptation de Jean Perrot, Nathan, Bibliothque rouge et or , 1996.24L c o l e d e s l e tt r e s d e s c o l l g e s 2 0 0 4 - 2 0 0 5 , n 1

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mire fois en feuilleton dans le journal Le Temps en 1875, Maroussia est rdit dans le Magasin dducation et de rcration en 1878, deux ans aprs Michel Strogoff et la demande de Jules Verne qui na pas termin son Capitaine de quinze ans. Bien que le rcit de Stahl, on le sait, fasse de son personnage une Jeanne dArc ukrainienne qui lutte contre larme du tsar pour lindpendance de son pays, ce qui est trs loign des proccupations de Jules Verne dans Michel Strogoff, il est permis de penser que la rdition de Maroussia bnficie du succs du roman de Verne et participe de lengouement conjoncturel pour Jules Verne par Nadar tout ce qui est russe. Cela dit, la publication de Michel Strogoff dans le Magasin dducation et de rcration va permettre de mieux prciser la place de choix que Jules Verne occupe dans la stratgie ditoriale et pdagogique de Pierre-Jules Hetzel.

Jules Verne, collaborateur du Magasin dducation et de rcration Le Magasin et ses objectifsLa parution du premier numro du Magasin dducation et de rcration en 1864 7 marque une orientation vritablement nouvelle dans le domaine des publications destines la jeunesse, non seulement en raison de son orientation laque, qui tranche avec le quasi-monopole des maisons ddition catholiques voqu plus haut, mais surtout cause du projet pdagogique et idologique qui sous-tend lentreprise de Pierre-Jules Hetzel et que rsume le titre mme de la publication : amuser et instruire . En proposant, pour la premire fois,7. Le Magasin est vendu uniquement aux abonns, en livraisons bimensuelles de trente-deux pages numrotes en continu par semestre ; le texte est imprim en deux colonnes et agrment de nombreuses illustrations. Cest dans cette prsentation que paratront, en feuilleton, la majorit des Voyages extraordinaires de Jules Verne.

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dduquer les enfants tout en les distrayant, Hetzel et son quipe annoncent et prparent luvre scolaire de la IIIe Rpublique 8. Ce nest pas par hasard que lditeur du Magasin sest adjoint ds lorigine la collaboration dun certain Jean Mac, rpublicain convaincu, opposant comme Hetzel au coup dtat de 1851, et qui est connu pour avoir cr en 1866 la Ligue de lenseignement Hetzel va enfin solliciter les services dun jeune crivain, dont il a publi le premier roman en 1863, Cinq semaines en ballon, et procder une rpartition des tches conforme au double projet de la revue : le comit de rdaction du Magasin dducation et de rcration est alors form de deux quipes, lune rserve lducation, lautre la rcration.

Jules Verne vulgarisateurCe qui doit attirer ici lattention, cest que Jules Verne est plac dans la premire quipe et quil est charg de la vulgarisation scientifique, domaine trs peu favoris par lenseignement scolaire dans les annes 1860. Or, parmi les sciences, il en est une qui occupe alors une place primordiale, la gographie, valorise par les travaux de Vidal de La Blache, dlise Reclus, de Foncin et dj vulgarise par les rcits de voyage. La place minente de la gographie au XIXe sicle claire et lgitime, presque elle seule, le genre mme du roman daventures et son ressort principal, le voyage. Source ncessaire dimprvus, de rebondissements et dalas, le voyage est en mme temps une conqute dans lespace et dans la connaissance 9. Ainsi se constitue et se justifie la vaste entreprise des Voyages extraordinaires travers les mondes connus et inconnus qui doivent permettre aux jeunes lecteurs, au sein et au-del du dpaysement, de complter leurs connaissances. Cest ce projet ducatif qui lgitime galement les longues descriptions verniennes qui, indpendamment des qualits littraires quelles manifestent souvent, rpondent dabord une volont informative et documentaire 10. Mais Jules Verne avait-il les comptences requises pour jouer ce rle de vulgarisateur ? Qu cela8. Dans lavis nos lecteurs qui figure en tte du premier numro, on peut lire : ducation, rcration sont nos yeux deux termes qui se rejoignent. Linstructif doit se prsenter sous une forme qui provoque lintrt : sans cela il rebute et dgote de linstruction ; lamusant doit cacher une ralit morale, cest--dire utile : sans cela il passe au futile, et vide les ttes au lieu de les remplir. 9. Lavertissement des Aventures du capitaine Hatteras, premier roman de Jules Verne publi dans le Magasin en 1864, fixe clairement ces objectifs en proposant au roman de rsumer toutes les connaissances gographiques, gologiques, physiques, astronomiques, amasses par la science moderne et [] refaire, sous la forme attrayante qui lui est propre, lhistoire de lunivers , cit par Simone Vierne in Jules Verne, mythe et modernit, PUF, 1989. 10. Jean-Yves Tadi, dans Le Roman daventures (PUF, 1982), cite les principales sources savantes dont sinspire Jules Verne pour crire Michel Strogoff (p. 79).26L c o l e d e s l e tt r e s d e s c o l l g e s 2 0 0 4 - 2 0 0 5 , n 1

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ne tienne ! Puisquil nest pas un scientifique, et que lui-mme, la plupart du temps, na pas visit les pays quil dcrit ce qui est le cas pour Michel Strogoff , il va sinspirer des rcits de voyages et des ouvrages spcialiss (en particulier ceux de Louis Figuier, le principal vulgarisateur scientifique de la seconde moiti du XIXe sicle, et la revue La Nature).

Aprs Michel Strogoff Aprs Michel Strogoff, on ne constate pas un dferlement de lexotisme russe dans la littrature de jeunesse, mais le roman continue nanmoins dinspirer un certain nombre duvres, surtout dans les annes 1880-1890, peuttre en liaison avec la traduction franaise de Tolsto et de Dostoevski, et certainement avec le rapprochement franco-russe de la fin du sicle. Il est significatif cet gard que certains titres de Tolsto, ou de Gogol, soient dits ce moment-l dans des collections pour la jeunesse : cest le cas de Autour du Samovar 11, contes de Tolsto publis en 1890 , dEnfance et Adolescence 12 publi par Hetzel en 1886 ou de Tarass Boulba, murs des Cosaques zaporogues 13 de Gogol. De mme, on continue de publier, en ladaptant un public adolescent, lapparemment inusable Jeune Sibrienne de Xavier de Maistre qui connatra encore quelques rditions jusqu la Premire Guerre mondiale. Au dbut du XXe sicle, la guerre russo-japonaise viendra relancer lintrt pour lexotisme russe mais en bouleversant ses caractristiques : dune part, en faisant du peuple russe vaincu contre toute attente une victime (du moins aux yeux de lOccident qui redcouvre alors l occidentalit russe), dautre part, en donnant naissance une nouvelle phobie qui deviendra trs vite un thme littraire bien implant dans la littrature populaire et la littrature de jeunesse : le pril jaune . On se contentera de citer dans ce contexte, Blanche contre Jaunes de Pierre Mal (1904) et LInvasion jaune de Danrit (1909) qui atteint des sommets de xnophobie difficilement supportables. Finalement, le succs du roman de Jules Verne, quelles que soient son ampleur et sa dure, na pas suscit, dans la littrature denfance et de jeunesse, une vritable profusion de romans russes (les suites que sont La Petite-Fille de Michel Strogoff dOctave Bliard ou Le Triomphe de Michel Strogoff de Jean JulesVerne, restent discrtes et dordre anecdotique), comme si Michel Strogoff avait fix dans le genre une sorte dhorizon indpassable et cristallis, quasi dfinitivement pour des gnrations, le got de lexotisme russe.11. Lecne et Houdin diteurs. 12. Bibliothque dducation et de rcration. 13. Hachette, Bibliothque des coles et des familles , 1889.

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Plan de la squenceSances Objectifs Activits Remue-mninges Dcrire, analyser, mettre des hypothses Supports Les propositions des lves Premires et quatrimes de couverture de diffrentes ditions de Michel Strogoff Le livre, les titres des chapitres Chapitres X, XI, XII et XIII (premire partie); chapitres III, V, XI, XIV (deuxime partie) Lanalyse tabulaire Les cartes gographiques

Sance lucider des prliminaire reprsentations Construire lhorizon dattente

Lecture pendant les vacances Sance 1 Activer les souvenirs, Prsentation orale recadrer des rponses la consigne de lecture Mettre en vidence les moments cls de lintrigue Remplir le tableau ou utiliser le tableau dj rempli

Sance 2

Donner une vision globale du trajet

Se reprer dans un espace dfini en identifiant des indications spatio-temporelles Lecture analytique des trois premiers chapitres. Rpondre aux questions poses

Le tableau Sance 3 Analyser un dbut de roman Les trois chapitres

Reprer des techniques narratives Langue : lanaphore, la cataphore Sance 4 Mettre en vidence Rpondre un les caractristiques du questionnaire hros; analyser un texte descriptif : le portrait

Le questionnaire Fin du chapitre I Extraits du chapitre III (pp. 15-16)

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Langue: reprer des procds dcriture

Distinguer : lment dcrit, lment descriptif Progressions thmatiques

Fiches lves 1 et 1bis

Sance 5 (rserve la 4e) Sance 6

Passer de la rception crire le portrait la production dun hros en sinspirant de celui de Michel Strogoff Reprer une technique narrative: le portrait comme identifiant dun rle Identifier les outils de langue (mlioratif et pjoratif) qui permettent de distinguer les aides et les opposants Rpondre au questionnaire Fiche lve 2

Sance 7

tudier un temps fort du rcit Point de langue : lexique de la vision Reprer des formes discursives et comprendre leurs fonctions

Extrait du chapitre V, deuxime partie Fiche lve 3

Sance 8 (rserve la 4e)

Retrouver des formes Diffrents extraits explicatives du discours

Rpondre au questionnaire Sance 9 Mettre en vidence des lments qui dynamisent le rcit Dfinir un genre : le roman daventures Retrouver les secrets Mettre en cohrence des informations Rdiger une dfinition en se rfrant aux remarques faites dans les sances 2, 4, 6, 7 et 9 Deux affiches cinmatographiques Fiche lve 4 Questionnaire-guide

Sance 10

Sance 11

Analyser une image fixe

Rpondre un questionnaire en utilisant une fiche-guide

Comparer

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Objectifs gnrauxIdentifier un genre : le roman daventures. Matriser les schmas narratifs et actantiels. Reprer des fonctions de la forme descriptive et les rutiliser. Reprer des formes et des fonctions du discours explicatif. Lecture de limage : analyser et comparer des premires et des quatrimes de couverture, ainsi que deux affiches cinmatographiques. Langue : progressions thmatiques, lexique de la perception visuelle, repres spatiaux et temporels.

Sance prliminairelucider les reprsentations, cerner la notion de roman daventures Cest des tas de choses qui arrivent quelquun. Cette proposition dun lve de 5e servira de point de dpart au travail collectif. La proposition est dautant mieux accepte par le professeur quelle fait cho la dfinition-boutade du roman daventures par Jean-Yves Tadi : Quelque chose arrive quelquun . En 4e, le travail soriente dabord sur des propositions de titres ou de noms propres. On obtient un joyeux mlange duvres de littrature jeunesse, de bandes dessines mais aussi et surtout de feuilletons ou dmissions tlvises. Le groupe claire dailleurs parfois lenseignant qui doit avouer sa mconnaissance de certaines rfrences cites. Au bout du compte, pour les deux niveaux, les aventures, les choses , qui arrivent, seront dfinies comme des obstacles, des pripties, des dangers qui mettent la vie du ou des personnages en pril. Ces bouleversements sont des catastrophes naturelles (inondations, incendie, ruption volcanique, tempte, etc.), mais ils sont aussi lis aux tres humains (poursuite, rapt, vol, menaces, etc.). Naturellement, seul un tre exceptionnel, un hros, peut venir bout des menaces et dangers sems sur sa route (souvent au sens propre du terme).Aprs ces changes, on note quelques mots sans rdiger une vritable dfinition. On passe alors au second temps de travail, lanalyse des premires et quatrimes de couverture (cf. article, p. 32).

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Observation et analyse des couverturesNotez les lments constitutifs de ces couvertures.Vous indiquerez, dans un premier temps, ce que vous lisez (texte) et ce que vous voyez (dessin), puis ce que vous pouvez en dduire. Il est important que ces deux temps soient bien distincts afin que les lves ne passent pas trop rapidement linterprtation.Premire de couverture du tome I de ldition Hachette de 1928. De haut en bas. Le texte : nom de lauteur en noir, titre en rouge, 1re partie en noir, maison ddition en noir. Le dessin : au premier plan, un homme en uniforme au garde--vous. Il a une toque de fourrure avec une toile, une veste rouge vif au col droit avec des brandebourgs et des mdailles. Son pantalon rouge plus fonc est rentr dans des bottes de cuir noir. On voit quil porte une pe au ct. En arrire plan, on observe le ciel sur lequel se dcoupent les silhouettes de monuments gris avec des coupoles dores, entours dune ceinture de murailles roses. On peut aussi voir la signature du dessinateur. Premire et quatrime de couverture du tome II de ldition Hachette de 1928. Except la mention IIe partie , le texte est identique celui du premier tome. Le dessin : au premier plan, on observe un homme avec une toque de fourrure, une tunique verte borde de rouge au col et sur la poitrine. Derrire lui, se trouvent le ciel et des tentes sur lesquelles flottent des drapeaux accrochs des mts. Devant ces tentes, on distingue des silhouettes vtues de couleurs chamarres. Premire de couverture de ldition Hachette de 1947. Le texte : nom de la collection en vert, nom de lauteur, titre, TOME II , diteur en rouge. Le dessin : un attelage avec trois chevaux lancs au galop, encourags de la voix et du fouet par un homme debout sur le plateau dune carriole. Cet homme est vtu dune veste verte avec un ceinturon brun la taille ; son pantalon est brun lui aussi. Le paysage est celui dune plaine. Couverture de ldition Classiques abrgs de Lcole des loisirs de 2004. Le texte : nom de lauteur en bordeaux, titre et collection en noir. Lillustration : un homme, vtu dune tunique dchire, est attach un poteau. Devant ses yeux, une main gante tient un sabre dont la lame est rougie. larrire-plan, on distingue des tentes chamarres, des silhouettes drapes dans des tissus rouges et jaunes qui rappellent la couleur des flammes et dune partie de la lame du sabre.

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Couverture du tome I, Hachette, 1928

Premire de couverture, tome II, Hachette, 1928

Quatrime de couverture, tome II, Hachette, 1928

Couverture, tome II, Hachette, 1947

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Ce que lon peut en dduireLe dcor. Un pays qui nest pas la France (coupoles, tentes, vtements des personnages). Plusieurs lieux : les tentes et les coupoles ne sont pas au mme endroit. Une poque qui nest pas la ntre (carriole cheval, vtements). Les personnages. Un homme assez jeune, ayant belle allure, vtu de deux faons diffrentes, sans doute le hros ponyme du rcit. Un homme attach : est-ce le mme homme ? Lintrigue. La prsence du personnage dans des dcors diffrents suppose un rcit se droulant dans plusieurs lieux. Lintrigue repose peut-tre sur un voyage avec des tapes diffrentes ou des pisodes spars par le temps. Le galop des chevaux et la gestuelle du conducteur indiquent sans aucune quivoque la volont, la ncessit daller vite : est-ce une poursuite ? Dans ce cas, qui poursuit qui ? Est-ce le conducteur qui fuit ou au contraire doit-il rattraper quelquun ? Court-il un danger ou reprsente-t-il une menace ? Mais alors, qui est lhomme attach ? Va-t-il se dlivrer ? fuir l ennemi au sabre ? A-t-on l une rponse aux questions prcdentes ? Toutes ces interrogations vont trouver leurs rponses dans la lecture de louvrage. On donnera la consigne de lecture suivante afin de cadrer le travail.

ConsigneNotez les chapitres dont les vnements sont typiques du roman daventures, ceux o le hros montre son courage, sa bravoure face ladversit des lments mais aussi des hommes (Suite dans le no 2.) MARIE - CLAIRE JAHIER formatrice, acadmie de CaenBERNARD JAHIER

formateur, acadmie de Caen

Une exposition Michel Strogoff est prsente lImaginaire Jules-Verne dAmiens jusquau 28 novembre 2004. Elle retrace le priple du personnage de Moscou Irkoutsk et recense les adaptations suscites par le roman. Plus de trois cents documents sont rassembls : lettres de Jules Verne Hetzel, revues dont lauteur sest inspir, ditions, affiches de thtre et de cinma, bandes dessines, extraits de films. Imaginaire Jules-Verne, 36, rue de Noyon,Amiens, tl. : 03 22 45 37 84.

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R O M A N D AV E NT U R E S 5 e - 4 e

Jules Verne Michel StrogoffI. Les moments cls de lintrigueLa sance reposera sur deux axes : un change oral pour que le premier temps de travail soit aussi dynamique que possible et une trace crite pour faciliter la synthse (sance 10). Les vnements typiques du roman daventures Premire partie : chapitre X, lorage ; XI, le combat avec lours ; XII, laffront au relais de poste ; XIII, la disparition de Michel dans le fleuve et lenlvement de Nadia par les Tartares. Deuxime partie : chapitre III, lintervention de Michel devant le supplice menaant sa mre et ses consquences (arrestation, lettre aux mains du tratre) ; IV, la menace de mort qui se transforme en torture, la ccit ; XI, Michel et Nadia se jettent sur un bloc de glace pour atteindre Irkoutsk ; XIV, Ivan Ogareff veut tuer Nadia, Michel sinterpose, sensuit un combat. Tous ces vnements sont autant d obstacles la mission dont doit sacquitter Michel Strogoff. Certains sont l pour montrer la prsence desprit, le courage physique du hros (I, X et XI) ; dautres soulignent sa force morale (I, XII ; II, III et XIV) ; dautres encore renforcent linquitude, l envie de savoir la suite , du lecteur (I, XIII ; II, III et IV). Il y a dautres relances de laction : les secrets, par exemple, qui font lobjet dune sance de travail, mais aussi des pripties de moindre importance (larrt, I, V ; la poursuite, I, XVI ; la construction du radeau, II,VII ; la corde casse, II, VIII, etc.). Ces relances sont destines maintenir lintrt du lecteur, ressort essentiel dun roman daventures.

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A N A LYS E TA B U L A I R E

Premire partieChapitresI,

Dates

Lieux

Personnages

vnements et actions Les fils tlgraphiques sont coups entre la frontire et Irkoutsk. Menace contre le grand-duc, frre du czar. Un tratre, Ivan Ogareff, doit tre intercept. Le czar rclame un courrier. Informations sur le tratre lorigine du soulvement des Tartares : Ivan Ogareff souhaite assassiner le grand-duc, responsable de sa disgrce. Ncessit de rtablir le lien entre la Sibrie et Moscou : un courrier est indispensable.

pp. 5-11 Une fte au PalaisNeuf .

Nuit du 15 Palais-Neuf, Le czar, le au 16 juillet Moscou gnral Kissoff, Alcide Jolivet, Harry Blount

II,

11-15 Russes et Tartares

La mme nuit

Cabinet du czar

Le czar, le grand matre de la police

III, 15-18 Michel Strogoff

La mme nuit

Le mme lieu

Le czar, le Le czar donne Michel gnral Kissoff, Strogoff une lettre Michel Strogoff remettre en mains propres au grand-duc. Il lavertit des dangers (soulvement ; le tratre Ivan Ogareff). Michel Strogoff promet de ne jamais rvler ni qui il ni o il va. Michel Strogoff, Alcide Jolivet, Harry Blount, une jeune fille Dbut du voyage. Inquitude propos du soulvement des Kirghizes et des Tartares. Une voyageuse attire lattention de Michel Strogoff et fait preuve de sang-froid lors dun incident.

16 juillet, De Moscou 20 h 30 NijniNovgorodIV, 19-26

La gare, le train

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MICHEL STROGOFF

ChapitresV,

Dates 16 juillet, 17 juillet

Lieux Un banc sur la place du march de NijniNovgorod Sur la place centrale

Personnages Michel Strogoff, un bohmien, une femme, Alcide Jolivet, Harry Blount

vnements et actions Aprs le repas, Michel Strogoff se promne et surprend une conversation trange.Annonce de la fermeture de la foire. Arrt : les sujets russes ont linterdiction de sortir de la province alors que les trangers dorigine asiatique doivent la quitter.

26-32 Un arrt en deux articles

VI, 32-36

11 heures

Frre et sur

Bureau du matre de police

La foule, Explications de larrt. Michel Strogoff, Michel Strogoff sinterroge la jeune fille sur les propos prmonitoires des bohmiens. Il rgularise sa situation, retrouve la jeune fille du train quil fait passer pour sa sur afin quelle profite de son visa. Michel Strogoff alias Nicolas Korpanoff, Nadia, la jeune Livonienne, les deux journalistes Embarquement sur le Caucase, du frre et de la sur . La jeune fille retarde la rvlation des raisons de son voyage. Mfiance de Michel Strogoff, juste titre, puisque deux voix commentent sa mission.

VII, 37-42

En descendant le Volga

17 juillet Nijniun peu Novgorod, avant midi au bord du Volga

VIII, 42-49

En remontant la Kama

18 juillet Kazan de 6 h 40 du matin la nuit

Michel Strogoff, Escale. Nadia raconte le vieux sa vie et les motifs de son bohmien, voyage. la femme, les deux journalistes, Nadia Michel Strogoff, la recherche Nadia dun vhicule. Le voyage. Une voiture les prcde.

IX,

49-55 En tarentass nuit et jour

19 juillet 20 juillet, 8 heures

Perm Oural

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ChapitresX,

Dates

Lieux Oural

Personnages vnements et actions Michel Strogoff, Lorage : peur des chevaux. Nadia, Bloc de pierres arrach. liemschik La foudre. Nadia entend des cris. Les deux journalistes abandonns par leur guide. Voyage en commun. Des nouvelles sur linvasion tartare; Ogareff en route vers Ekaterinbourg dguis en bohmien. Le combat avec lours.Tarentass et tlgue filent vers Ekaterinbourg. Achat par les journalistes dun tarentass. Route vers Omsk. Diffrentes tapes. Rencontre avec une berline.Affront au relais de poste avec le voyageur de la berline, refus de se battre de Michel Strogoff Le voyageur leur prend des chevaux reposs. Le priple se poursuit ; les villages se succdent. Abordage du bac par les Tartares. Michel Strogoff est prcipit dans le fleuve et Nadia est enleve par les Tartares.

56-62 1h Un orage dans les monts Oural 62-71 Voyageurs en dtresseXI,

21 juillet, Ekaterinbourg Michel Strogoff, 3h Nadia, Six heures liemschik, aprs Alcide Jolivet, (p. 71) Harry Blount

XII,

72-81 Une provocation

21 juillet, midi 22 juillet, 13 h, 7h, 20 h, Minuit 23 juillet, 20 h

Sur la route Toulouguisk Tioumen Yaloutorowsk Novo-Saimsk Ichim Un relais de poste

Michel Strogoff, Nadia, les journalistes ; le voyageur impudent

XIII, 82-87

Au-dessus de tout, le devoir

24 juillet, 8 h, 25 juillet

Ichim Michel Strogoff, Abatskaa Nadia Tioukalinsk Koulatsinsko Le fleuve Irtych

XIV, 88-98

Mre et fils

Trois jours Omsk plus tard

Michel Strogoff, Rappel des vnements Ivan Ogareff, antrieurs: Michel Strogoff Marfa Strogoff sauv par un moujik qui le conduit Omsk prise par les Tartares. Michel Strogoff y reconnat Ivan Ogareff. Achte un cheval pour partir de nuit.

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MICHEL STROGOFF

ChapitresXIV, 88-98

Dates

Lieux

Personnages vnements et actions Rencontre avec sa mre, Michel Strogoff fait semblant dtre un autre. Plus tard, interroge par un officier, Marfa Strogoff, qui a compris que lattitude de son fils cachait un secret, refuse de le trahir et est arrte par Ivan Ogareff.

Mre et fils (suite)

29 juillet, 20 h Les marais 30 juillet, 9 h de la Baraba 30 juillet, 16 h 31 juillet 1er aot, midi 2 aot, 16 h 3 aot, 4 aot 5 aot (21 jours aprs le dpart de Moscou)XV, 98-103 XVI,

Omsk Michel Koulikovo Strogoff Touroumoff Elamsk Spasko Pokrowsko Kamsk Oubinsk Ikoulsko Kargatsk Michel Strogoff, les Tartares

Le trajet dans la rgion de Baraba.

103-111 Un dernier effort

La nuit du 5 aot, 1 h

Villages abandonns, saccags. Les Tartares dtruisent tout. Michel Strogoff surprend une conversation entre deux officiers : il apprend que sa mre est prisonnire et que sa tte, lui, est mise prix. Poursuite, combat; son cheval est tu et coule dans lObi. Il russit gagner la rive. Michel Strogoff essaie de gagner une petite ville pour se prcipiter vers le poste tlgraphique. Les deux journalistes font irruption et bloquent la communication. Attaque des Tartares : ils sont faits prisonniers tous les trois.

XVII, 111-117

6 aot

Kolyvan

Versets et chansons

Michel Strogoff, Alcide Jolivet, Harry Blount, les Tartares

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Deuxime partieChapitresI, pp.119-123

Dates

Lieux

Personnages vnements et actions Fofar-Khan, Michel Strogoff, les deux journalistes, Ivan Ogareff Un corps darme, convoi de prisonniers, Sangarre, Ivan Ogareff, Marfa Strogoff, Nadia Michel Strogoff, docile, pour mieux servir le czar. Se tient lcart des journalistes. Vie difficile dans le camp. Arrive dIvan Ogareff. Dcision de marcher jusqu Tomsk. Sangarre souhaite contraindre Marfa Strogoff parler.Arrestation des journalistes quOgareff libre. Dpart du convoi. Marfa et Nadia ont li amiti sans rien savoir lune de lautre. Marfa Strogoff reconnat son fils dans la description du Nicolas dont parle Nadia. Esprance Michel Strogoff ignore la prsence des deux femmes parmi le convoi et, elles, la sienne. Mais Nadia reconnat Michel. Marfa la retient pour que son fils ne soit pas trahi. Hlas, Sangarre a tout vu; elle prvient Ivan Ogareff qui reporte la confrontation au lendemain. Ivan Ogareff ordonne Marfa de dsigner son fils parmi les prisonniers. Elle refuse et se voit condamne au supplice du knout. Mais Michel Strogoff intervient, il est arrt et sa lettre lui est enleve par Ivan Ogareff.

Un camp tartare

7 aot Diachinsk Plus quatre jours 12 aot Diachinsk

II, 124-134

Une attitude dAlcide Jolivet

III,

135-144 Coup pour coup

Trois jours Zabdiero de voyage Bords 15 aot, du Tomsk la tombe du jour 16 aot, vers 10 h (confrontation entre Ogareff et Strogoff)

Les colonnes de prisonniers, Nadia, Michel Strogoff, Marfa Strogoff, Sangarre, Ivan Ogareff

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MICHEL STROGOFF

ChapitresIV 144-149 ,

Dates 16 aot

Lieux Tomsk

Personnages vnements et actions Fofar, Ivan Ogareff, Alcide Jolivet, Harry Blount, Michel Strogoff, Nadia, Marfa Strogoff Triomphe de lmir qui reoit ses troupes. Humiliation des vaincus. Le supplice de Michel est dtermin par un verset du Coran.

Lentre triomphale

V 149-154 ,

16 aot

Tomsk

Regarde de tous tes yeux, regarde!

Les mmes Lexcution est prcde personnages de spectacles. Les deux plus le bourreau journalistes sen vont avant la mise mort de Michel Strogoff. En ralit celuici va viter la mort mais pas la ccit. Dernier regard pour sa mre. Ivan Ogareff dfie Michel Strogoff et proclame sa nouvelle identit: cest lui, maintenant, le courrier du czar. Nadia vient secourir Michel, elle sera ses yeux dsormais. Michel Strogoff, Nadia, un jeune homme dans une charrette : Nicolas Pigasoff Dpart de Tomsk. Halte. Michel Strogoff dcouvre que Nadia connat sa vritable identit. Il veut aller Irkoutsk dvoiler la tratrise dIvan Ogareff. Arrive dune aide en la personne de lemploy charg des transmissions de Kolyvan. Arrive dans une ville dserte. Dpart pour passer le fleuve. Construction dun radeau avec des outres.Traverse en deux temps avec une tape dans une le.

VI, 155-162

Un ami de grande route

16 aot 17 aot au matin 2 heures plus tard

Smilowsko Sur la route aprs Smilowsko

VII, 162-167

Le passage de lIenisse

Huit jours Kranoarsk Michel Strogoff, de voyage LIenisse Nadia, Nicolas 25 aot Pigassof 26 aot avant laube

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ChapitresVIII, 168-175

Dates 16 aot 28 aot 29 aot 30 aot 4 septembre 6 septembre 10 et 11 septembre

Lieux

Personnages vnements et actions

Un livre qui traverse la route

Ribinsk Michel Strogoff, Le 5 septembre, un livre Balaisk Nadia, traverse la route, signe pour Kamsk Nicolas Pigassof Nicolas de malheur.Traces Biriousinsk du passage des Tartares. Alsalevsk Dcouverte dun cadavre. En vue de Prisonniers des Tartares. NijniNadia est insulte par des Oudinsk soldats ; Nicolas tue lun de Chibarses agresseurs. Il est garrott linsko et jet sur le dos dun cheval. La corde qui retient Michel Strogoff et Nadia casse. Toulounovsko Kouitounsko Kimilteisko Lac Bakal Michel Strogoff, Nadia, le chien Serko, Nicolas Pigassof Le priple reprend. Courte halte. puisement de Nadia. Michel Strogoff et Nadia entendent un cri et font une dcouverte horrible : les Tartares ont enseveli jusqu la tte Nicolas Pigassof et Serko le dfend contre les vautours. Aprs la mort de Nicolas, Michel et Nadia lenterrent et repartent. Ils se joignent un groupe qui veut gagner Irkoutsk en radeau. Un vieux marinier prend le commandement et guide le radeau au milieu des glaons. Lors dune escale, montent bord les deux journalistes ; Nadia les conduit prs de Michel Strogoff. Ils comprennent alors quelle est sa vritable identit. Ils confirment quIvan Ogareff et lmir sont devant Irkoutsk.

IX, 175-181

Dans la steppe

11septembre, 22 h 12septembre 15septembre Trois jours : 18septembre, 22 h 12 jours aprs, le 2 octobre 18 h 2 octobre 20 h 3 octobre

X, 181-187

Bakal et Angara

Lac Bakal LAngara Livenitchnaa

Michel Strogoff, Nadia, un groupe de Russes, des plerins, Alcide Jolivet et Harry Blount

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MICHEL STROGOFF

ChapitresXI, 188-195

Dates 3 octobre, de 20h 2h

Lieux Sur lAngara

Personnages vnements et actions Michel Strogoff, Nadia, Alcide Jolivet, Harry Blount, les fugitifs, les plerins Le radeau poursuit sa route. Chacun est perdu dans ses penses.Alcide Jolivet constate avec stupeur que du naphte liquide recouvre la surface du fleuve. Ne fait part de sa dcouverte qu Harry Blount. Des loups les attaquent puis senfuient car il y a un immense incendie: une ville brle par les Tartares. Michel et Nadia quittent le radeau, se jettent sur un bloc de glace et arrivent une demi-verste dIrkoutsk, quand Histoire dIrkoutsk. Situation des forces en prsence. Ivan Ogareff ne peut prendre la ville par la force, il utilisera donc la trahison, aid par Sangarre. Conseil de guerre. Des exils de Sibrie veulent former un corps spcial avec comme chef Wassili Fdor, pre de Nadia. Un tumulte : on annonce le courrier du czar. Ivan Ogareff a pris la place de Michel Strogoff. Le message rencontre la volont du grand-duc: mourir plutt que se rendre. Ivan est attach sa garde, ce qui facilite la trahison. Rencontre entre Ivan Ogareff et Wassili Fdor, le tratre samuse inquiter le pre de Nadia. Il prpare lattaque en inspectant la ville.

Entre deux rives

XII,

195-200 Irkoutsk

Retour en arrire Un soir, 2 octobre 22 h

Irkoutsk, capitale de la Sibrie orientale Palais du gouverneur

Le grand-duc, le gnral Voranzoff, le gouverneur de la ville, le chef des marchands, des officiers suprieurs

XIII,

200-206 Un courrier du czar

2 octobre 3 et 4 octobre

Palais du Ivan Ogareff, gouverneur le grand-duc, Wassili Fdor

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ChapitresXIV 207-215 ,

Dates 5-6 octobre 20 h 2h

Lieux

Personnages vnements et actions Plan dIvan Ogareff. Le fleuve est libr des glaces et Ivan lenflamme. Il rentre au palais et se heurte une jeune femme : Nadia. Elle le reconnat et crie son nom. Il slance pour la tuer mais Michel Strogoff arrive. Ogareff le sachant aveugle ne le redoute pas, mais miracle ! Michel voit et tue le tratre. Le grand-duc dcouvre alors la vrit. Explication du retour la vue de Michel Strogoff. Nadia retrouve son pre. Arrive de larme de secours. Irkoutsk dlivre. Retrouvailles avec Alcide Jolivet et Harry Blount qui assistent au mariage de Nadia et Michel. Le couple repart vers Omsk voir Marfa Strogoff et rentre en Europe o il sinstalle.

La nuit du 5 au 6 octobre

Palais du Ivan Ogareff, gouverneur Nadia, Michel Strogoff, le grand-duc

XV 216-221 ,

Conclusion

7 octobre Palais du Mariage gouverneur Quelques jours aprs (p. 220) Dpart de Michel et Nadia Strogoff pour Omsk Puis nouveau le dpart Aprs quelques jours (p. 220)

Michel Strogoff, Nadia, le grand-duc, Wassili Fdor, larme de secours, les deux journalistes, Marfa Strogoff

En quatrime, selon le niveau de la classe et le temps consacr cette squence, le tableau peut tre donn vide et complter par chaque lve la maison ou complter en classe par un groupe dlves sur un nombre de chapitres dtermins avec ensuite une mise en commun. Il est aussi possible de donner le tableau complt et de demander de surligner tout lment signal utile par le professeur la lecture construite du roman. On vrifiera le tableau si les lves le compltent car il permet de matrialiser sur les cartes du roman les dates et les tapes du trajet effectu par Michel Strogoff. En cinquime, le tableau devra naturellement tre donn complt.

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MICHEL STROGOFF

II. Donner une vision globale du trajetPour matrialiser lvolution du voyage de Michel Strogoff, on surlignera sur une photocopie des cartes du roman les tapes de son priple et on inscrira les dates. Cette matrialisation a plusieurs fonctions : donner naturellement des repres gographiques aux lves mais aussi montrer combien Jules Verne a la volont dtre prcis et rigoureux dans le cheminement de son personnage ; Michel Strogoff est un roman daventures et un reportage (on reviendra dailleurs sur cet aspect dans la sance 9). Elle permet galement de faire, en quatrime, une remarque concernant le temps de la narration et celui de la fiction. Il suffit de se reporter, par exemple, au chapitre VIII de la deuxime partie et aux chapitres VI et VII de la premire partie. Dans le chapitre VIII, six pages couvrent un espace temporel de dix jours alors que quatre pages du chapitre VI de la premire partie correspondent une heure, puisquil y est onze heures , et au dbut du chapitre VII on lit : Un peu avant midi .

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III. Les techniques narrativesLecture analytique du premier chapitre1. Par quel type de discours le texte commence-t-il ? 2. Quelle est linformation donne ? 3. Relevez les termes qui servent dsigner et, par consquent, identifier les protagonistes du premier change. 4. Les propos changs dans ce chapitre le sont par des duos. Quel est le second duo ? En quoi le mtier de ces deux interlocuteurs peut-il jouer un rle important ? 5. Quelles informations donnent-ils au lecteur ? 6. Quelle peut tre lautre fonction de ce duo ? 7. Aprs le dernier change verbal entre les deux premiers protagonistes, quelles informations le lecteur a-t-il en sa possession ? 8. Quelle est la fonction du passage descriptif des pages 5 et 6 ? 1. Un dialogue. 2. La communication tlgraphique entre le lieu o se passe cette scne et la ville de Tomsk nest pas coupe ; au-del de cette ville, elle est interrompue. 3. Sire , gnral . 4. Deux journalistes, Alcide Jolivet, un Franais, et Harry Blount, un Anglais. Leur mtier est dinformer. 5. La confirmation des lments donns par les propos du gnral et de son souverain. Les ordres envoys aux troupes de Nikolaevsk et aux Cosaques. 6. Ce duo a aussi une fonction comique : le contraste entre les deux personnages et leur prsentation proche du strotype entranent un effet risible, de mme que la supercherie des messages la cousine Madeleine dAlcide Jolivet. 7. Le fil du tlgraphe ne passe plus aprs Tomsk (p. 5). Impossibilit de joindre le grand-duc, aucune nouvelle dun tratre nomm Ivan Ogareff (envoi dun tlgramme avec son signalement, p. 6). Le fil est coup depuis Tomsk (p. 10). 8. La description sert montrer le dcalage entre latmosphre festive et la proccupation du souverain. La fin de ce chapitre est une illustration parfaite des techniques descriptives et de lutilisation des procds anaphoriques et cataphoriques.36L c o l e d e s l e tt r e s d e s c o l l g e s 2 0 0 4 - 2 0 0 5 , n 2

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Lorganisation dun texte descriptifEn 4e Quelles remarques pouvez-vous faire sur les trois derniers paragraphes du chapitre I (pp. 10-11) ? Le premier paragraphe apporte au lecteur les indications sur le point dobservation, sur un large balcon , sur lancrage temporel, une belle nuit de juillet , et sur le descripteur, Lofficier . Le deuxime paragraphe prsente le thme et les sous-thmes du paysage dcrit, le lecteur regardant avec les yeux de lofficier : Sous ses yeux ; sarrondissait une enceinte fortifie, dans laquelle slevaient deux cathdrales, trois palais et un arsenal ; Autour de cette enceinte se dessinaient trois villes distinctes, Kita-Gorod, Belo-Gorod, Zemliano-Gorod, immenses quartiers europens, tartares ou chinois, que dominaient les tours, les clochers, les minarets, les coupoles de trois cents glises ; Une petite rivire . Le systme de qualification joue avec des noms propres et des rfrences ethniques, ce qui est un moyen dancrer lhistoire dans la ralit. Il privilgie la luminosit : rayons lunaires , argent , rverbrait , rayons de la lune . Dans ce paragraphe, la construction densemble repose sur un mouvement qui va du proche au lointain. Linverse se produit dans le troisime paragraphe : par un effet de suspense, la description se termine par celui qui voit, le czar ! Un contraste nat entre la circularit et la verticalit : balcon , sarrondissait , enceinte , coupoles , dmes , sinueux sopposent slevaient , se dessinaient , dominaient . Le troisime paragraphe dvoile lidentit et des lieux et du personnage. Cette rivire : Moskova ; cette ville : Moscou ; cette enceinte : le Kremlin ; lofficier : le czar . On fera remarquer lintrt de lanaphore Cette / ctait ; l / ctait qui se prsente comme une rponse une devinette et de la cataphore qui rvle enfin lidentit de lofficier. Car, si nous savons ds le premier chapitre quil sagit dun souverain (grce aux titres que lui donne le gnral), nous ignorons quel est ce souverain. Quil soit celui de lun des pays les plus vastes du monde nest pas anodin. En 5e Laccent est mis sur la structuration spatiale de la description (droite/gauche, haut/bas, etc.) 14 . On demande un lve de lire ces trois paragraphes, puis on sinterroge sur la structuration de cette description.14. Accompagnement des programmes de 5e et 4e, CNDP, 1997, p. 10.

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On fait remarquer les lments suivants : un point dobservation : sur un large balcon ; une vision dominante : sous ses yeux ; une construction en cercles de plus en plus loigns : sarrondissait une enceinte. [...] Autour de cette enceinte. [...] Une petite rivire . On note que les connecteurs spatiaux ne suffisent pas organiser cette description mais que le lexique verbal est fondamental. On propose alors un sujet dcriture reprenant la construction de cet extrait : votre tour, faites la description dun paysage en respectant la construction de lextrait de Michel Strogoff que vous venez dtudier. On fait, collectivement, une recherche lexicale pour dcrire un paysage. Les lves choisissent la mer, mais ce pourrait tre la montagne. On impose les indications spatiales : un point dobservation lev (une falaise, une jete) ; un paysage que lon surplombe (la mer, un port) ; une construction du plus proche au plus lointain (la plage, les baigneurs, les planches voile, les barques de pche/les quais, les boues, les bateaux de pche, lentre du port). Ensuite, la rdaction est individuelle.

Des informations aux explications (chap. II)Les informations donnes prcdemment tant trop succinctes, des explications sont ncessaires. Le chapitre II tiendra ce rle. Quelles sont les prcisions apportes par le chapitre II ? Les prcisions concernent : Ivan Ogareff : uniquement des caractristiques psychologiques et des actes. Il ny a pas de portrait physique mais la suite du roman lexige. Lespace gographique, pages 13-14 ; un regard sur la carte est utile ! La ncessit de trouver un courrier et la complexit de la tche. ce propos, on reprend avec les lves la description du courant lectrique, page 14. En quoi la description du courant lectrique joue-t-elle sur la reprsentation que le lecteur se fait du courrier ? Caractristiques du courant : ne craint ni le froid ni le chaud ; que ni les rigueurs de lhiver ni les chaleurs de lt ne peuvent arrter ; vole avec la rapidit de la foudre . Immdiatement il y a transfert de ces qualits au courrier, dautant que le texte prcise : Un courrier seul pouvait remplacer le courant38

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MICHEL STROGOFF

interrompu . Devant lampleur des comptences indispensables, un courage et une intelligence pour ainsi dire surhumains , on comprend mieux linterrogation du souverain. La question du czar clt le chapitre et ouvre le suivant.

La rponse la question pose par le czar (chap. III)On sattache ce moment du travail la progression de lintrigue puisque la sance suivante est consacre au portrait de Michel Strogoff. Faites le bilan des informations donnes dans ces trois chapitres. Les principaux protagonistes sont le czar (le mandataire) ; Michel Strogoff (son missaire) ; le grand-duc (le destinataire) ; Ivan Ogareff (le tratre) ; Fofar-Khan et les Tartares (ses allis). La mission consiste rtablir la jonction entre Moscou et Irkoutsk. Les engagements du courrier Michel Strogoff : arriver Irkoutsk ; remettre le message en mains propres au grand-duc ; se mfier dIvan Ogareff ; interdiction de voir sa mre ; ne jamais avouer ni qui il est ni o il va. Remarque sur lensemble des trois chapitres Le premier chapitre commenant in medias res, les informations quil apporte doivent tre compltes. Les explications sont fournies dans le deuxime chapitre. Enfin, le troisime chapitre donne la rponse la question pose par le czar la fin du chapitre prcdent. La parution sous forme de feuilleton exigeait daccrocher et de fidliser le lecteur !

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IV. Le portrait de Michel StrogoffConstruction de lensemble (pp. 15-16)Voici trois titres : Un courrier dlite ; Des pieds la tte ; Un lgant uniforme .Associez chacun de ces titres un paragraphe et justifiez votre choix. (5e et 4e) Premier paragraphe : Des pieds la tte . Deuxime paragraphe : Un lgant uniforme .Troisime paragraphe : Un courrier dlite . Pourquoi chaque paragraphe commence-t-il par Michel Strogoff ? Comment sappelle ce procd ? Quel effet produit-il sur le lecteur ? (4e) La rptition du nom, galement titre de louvrage, indique au lecteur le statut du personnage : larrive du hros ne fait aucun doute. Lanaphore comme procd rhtorique montre par son insistance limportance du personnage ; ce courrier, tant espr et si exceptionnel, est l !

Le portrait physiqueCompltez le tableau en reprenant les informations dans le texte (5e)Michel Strogoff haut de Vigoureux, paules , poitrine beau et bien , bien regard , , brillaient muscles sourciliers tmoignaient dun courage lev dominait les lvres [...] de ltre gnreux et bon

Garon Yeux

Nez Bouche

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MICHEL STROGOFF

En vous rfrant au premier paragraphe, distinguez les lments dcrits des lments descriptifs (4e). Michel Strogoff : taille haut[e] , vigoureux , paules larges , poitrine vaste . Garon : beau , solide , bien camp , bien plant . Yeux : bleu fonc , regard droit, franc, inaltrable , brillaient sous une arcade , muscles sourciliers, contracts faiblement, tmoignaient dun courage lev . Nez : puissant, large de narines . Bouche : symtrique , lvres un peu saillantes de ltre gnreux et bon . Quelles qualits attribuer Michel Strogoff aprs la lecture de ce portrait ? (5e et 4e) Lallure gnrale donne une impression de solidit, dassurance. Son courage ne fait aucun doute (le regard, les mdailles). Cest dautre part un homme gnreux et bon . Quant sa qualit d excuteur dordres , il faut se souvenir du statut de lobissance comme tant une vertu. Celui qui sait obir sait commander. Cest, au XIXe sicle, une tradition morale et religieuse. Par cette remarque Jules Verne sinscrit totalement dans la pense dominante de son poque.

Autres informations la fin du chapitre prcdent, le czar sinterroge : Trouverai-je cette tte et ce cur ? Quels lments contenus dans les deux derniers paragraphes rpondent cette question ? (4e) La solidit, le courage et lobissance dune part, la bont et la gnrosit dautre part.

ConclusionEn quoi ce portrait est-il celui dun hros ? (5e et 4e) Le hros est un tre qui doit se dpasser pour accomplir sa mission mais sans prendre de risques inutiles et en respectant la morale et la loi. Michel Strogoff, par ses qualits, correspond tout fait cette dfinition.

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V. Rdiger un portraitPoint de langue : les types de progressions thmatiques Il nest pas inutile de rappeler les diffrents types de progressions avant de donner la consigne du travail dcriture. On peut partir de propositions dlves si la notion est bien matrise, sinon on fait noter les schmas et on complte avec des exemples pris dans le texte lui-mme ou dans un manuel.

Progression thme constantUn thme identique, avec des substitutions possibles, complt par des propos divers. Thme 1Michel Strogoff tait

Propos 1haut de taille.

Thme 1Ce beau et solide garon

Propos 2net pas t facile dplacer malgr lui.

Progression linaireLe thme de chaque phrase est issu du propos qui le prcde. Thme 1 Propos 1 Thme 2 Propos 1 Thme 3 Propos 1Cette steppe ne prsentait dautre saillie [] sur chaque ct de la route. [...] La route elle-mme ne se distinguait [] que par la fine poussire qui

Progression hyperthme ou thme clatUn lment fdrateur (hyperthme) est dcompos en ses diffrentes parties (sous-thmes), chacune tant dveloppe en diffrents propos. Hyperthme Sous-thme 1 Sous-thme 2 Sous-thme 3 Sa tte prsentait le type slave. Ses yeux taient bruns. Son nez droit se rattachait ses joues. Sa bouche tait finement dessine. Propos 1 Propos 1 Propos 1

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Rdiger un portraitEn vous inspirant du portrait de Michel Strogoff (trois paragraphes, types de progressions), rdigez votre tour le portrait dun hros de votre choix. Vous serez attentif aux critres suivants : Cohrence avec le sujet propos: il sagit dun portrait, le personnage est un hros; la structure est respecte: trois paragraphes (physique; vtements; mtier/fonction). Progression thme constant. Progression thme clat. Le systme de qualification est prcis, vari, il y a des comparaisons significatives. Langue : accords ; formes verbales ; temps verbaux ; ponctuation ; construction syntaxique ; niveau de langue. Qualit de lexpression : originalit, intrt.

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VI. Le portrait comme identifiant dun rleDans un rcit, les personnages se rpartissent suivant un schma dfinissant leurs rles. Quelques rles ont dj t dfinis dans le travail prcdent : le mandataire (le czar), le destinataire (le grand-duc), le hros (Michel Strogoff). Retrouvez dans les extraits suivants ceux qui dcrivent le mme personnage. Identifiez-le. Quels sont les indices qui vous permettent de dterminer son rle ? Soulignez-les. Ce personnage est-il une aide ou un opposant pour Michel Strogoff ?

1. [] une brusque courbe de la voie ferre, le train prouva un choc trs violent. [] Michel Strogoff songea tout dabord sa voisine ; mais, tandis que les voyageurs de son compartiment se prcipitaient au-dehors [] la jeune fille tait reste tranquillement sa place, le visage peine altr par une lgre pleur. Elle attendait. Une nergique nature ! pensa Michel Strogoff. 2. Au nombre des prisonniers amens par Ivan Ogareff au camp tartare, tait une vieille femme que sa taciturnit mme semblait mettre part au milieu de toutes celles qui partageaient son sort. Pas une plainte ne sortait de ses lvres. On et dit une statue de la douleur. 3. Cest un homme extrmement dangereux, Sire, rpondit le grand matre de police. Il avait rang de colonel ? Oui, Sire.

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MICHEL STROGOFF

Ctait un officier intelligent ? Trs intelligent, mais impossible matriser, et dune ambition effrne qui ne reculait devant rien. Il sest bientt jet dans de secrtes intrigues, et cest alors quil a t cass de son grade par Son Altesse le grand-duc, puis exil en Sibrie. 4. Cette jeune fille devait avoir de seize dix-sept ans. Sa tte, vritablement charmante, prsentait le type slave dans toute sa puret. Ses yeux taient bruns avec un regard velout dune douceur infinie. Son nez droit se rattachait ses joues, un peu maigres et ples, par des ailes lgrement mobiles. Sa bouche tait finement dessine, mais il semblait quelle et, depuis longtemps dsappris sourire. Elle portait une longue pelisse de couleur sombre, sans manches, qui se rajustait gracieusement son cou par un lisr bleu. Sous cette pelisse, une demijupe, sombre aussi, recouvrait une robe qui lui tombait aux chevilles, et dont le pli infrieur tait orn de quelques broderies peu voyantes. 5. Ctait le voyageur de la berline, un individu tournure militaire, g dune quarantaine dannes, grand, robuste, tte forte, paules larges, paisses moustaches se raccordant avec ses favoris roux. Il portait un uniforme sans insignes. Un sabre de cavalerie tranait sa ceinture, et il tenait la main un fouet manche court. 6. Prs de lui, [une] femme de trente ans, brune de peau, grande, bien campe, les yeux magnifiques, les cheveux dors, se tenait dans une pose superbe. 7. En tte du dtachement, compos dune vingtaine de cavaliers, marchait un officier vtu dun uniforme trs simple. [] Lui ! scria Michel Strogoff, auquel ce mot chappa avec un accent de rage quil ne put matriser. Il venait de reconnatre dans cet officier le voyageur qui lavait frapp au relais dIchim ! 8. Un homme entra. Il avait lair puis de fatigue. Il portait un costume de paysan sibrien, us, dchir mme. Un bonnet moscovite lui couvrait la tte. Une balafre, mal cicatrise, lui coupait la figure. Cet homme avait videmment suivi une longue et pnible route. Ses chaussures, en mauvais tat, prouvaient mme quil avait d faire pied une partie de son voyage. 9. [] autrefois compromise dans une trs grave affaire, avait t sauve par lofficier russe. Elle navait point oubli ce quelle lui devait et stait donne lui, corps et me. Ivan Ogareff, entr dans la voie de la trahison, avait compris quel parti il pouvait tirer de cette femme. Quelque ordre quil lui donnt, [] [elle] lexcutait.

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Identification des personnages secondairesNadia (1, 4) ; Sangarre (6, 9) ; Marfa (2) ; Ivan (3, 5, 7, 8). On constate que cest propos dIvan Ogareff que les techniques informatives sont les plus diverses : dialogue (3) ; vision du personnage par le narrateur omniscient (5 et 8) ; vision par un autre personnage, en loccurrence le hros (7).

IndicesNadia : visage , lgre pleur , (1, p. 25) ; seize dix-sept ans , jeune fille , puret , douceur , sombre , bleu , peu voyantes (4, pp. 23-24). Sangarre : trente ans , brune de peau , bien campe , yeux magnifiques , cheveux dors , pose superbe (6, p. 45) ; compromise , donne [...] corps et me , Quelque ordre quil lui donnt , elle lexcutait (9, p. 125). Marfa: vieille femme, taciturnit, Pas une plainte, statue de douleur (2, p. 131). Ivan: dangereux, Trs intelligent, impossible matriser, ambition effrne, ne reculait devant rien (3, pp. 11-12); tournure militaire, sans insignes, grand, robuste, tte forte, paules larges, paisses moustaches, favoris roux, Un sabre [...] tranait, tenait [...] un fouet (5, p. 78); Un officier, le voyageur (7, p. 92); Un homme [...] puis, portait un costume de paysan, balafre, mal cicatrise (8, p. 200).

Rles des personnages secondairesLe statut de mre, et mme de mater dolorosa, de Marfa fait quelle sera toujours au ct de son fils. De mme pour Nadia : tout dans son portrait suggre la rserve, la modestie, la retenue ; qualits qui, allies au courage et au sang-froid, la situent dans le clan de ceux qui reprsentent aide, appui, rconfort pour Michel. Cest exactement linverse pour Sangarre dont lge, le teint, lallure indiquent la sensualit, la provocation ; quant ses qualits morales, elles brillent par leur absence : Sangarre a dj t mle une affaire grave et elle obit aveuglment aux ordres dIvan Ogareff, tre redoutable et digne de se confronter au hros quest Michel. Un des ressorts de laction ncessite, en effet, que les adversaires soient gaux. Lintelligence, lambition et la facilit se mtamorphoser dIvan Ogareff augmentent la prouesse de Michel Strogoff.

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VII. Lobstacle majeur, le suppliceTout ce chapitre repose sur un effet de surprise. Les propos de Fofar-Khan ne peuvent quintriguer le lecteur : pourquoi cette insistance sur le regard ? La rfrence au verset du Coran est la premire rponse, mais le cruel sourire (p. 149) dIvan Ogareff nous fait penser quun lment surprenant pourrait se produire. En effet, la mort attendue tant par le hros, Il sattendait mourir (p.151), que par ses compagnons, une excution la mode tartare (p.151), est remplace par un supplice : tre aveugl suivant la coutume tartare, avec une lame ardente passe devant ses yeux ! (p.153). Devant cet atroce chtiment, Michel ne faiblit pas (p. 152), mais un hros aveugle peut-il encore tre un hros ? Il semble que non car, face au dernier raffinement de cruaut dIvan, brandir devant les yeux teints du courrier du czar la lettre impriale (p.153), Michel est sans raction. Seul, ttonnant, se tranant, que peut-il faire ? Comment remplir sa mission ? La rponse vient de Nadia : Mes yeux seront tes yeux dsormais, et cest moi qui te conduirai Irkoutsk ! (p. 154).

Le champ lexical de la vue dans le chapitre

V

Limportance donne au champ lexical de la vue souligne la fois la cruaut du supplice et la douleur matrise de Michel Strogoff. On donne donc aux lves les exercices suivants. On peut distinguer deux temps dans leur ralisation. Le premier concerne la lecture rtrospective du chapitre et le relev du champ lexical de la vue. Il sinscrit dans ltude analytique en classe. Le second se porte sur les exercices qui peuvent tre faits la maison. 1. Dans ce chapitre V de la deuxime partie, relevez les mots appartenant au champ lexical de la vue.Vous indiquerez le nombre de fois o ils sont utiliss.Vous expliquerez leur emploi. 2. Indiquez la diffrence entre voir et regarder en vous rfrant aux phrases suivantes : Laveugle ne voit pas. Le touriste trop press voit ce tableau mais ne le regarde pas. Le chercheur regarde au microscope cette cellule prleve sur une souris malade. De ma fentre, je vois le toit de lglise.

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3. Contempler , dvisager , lorgner , toiser , guetter , pier , foudroyer du regard ; associez ces verbes ou locutions verbales ce quils expriment : la menace , le ddain, lindiscrtion, lattente, ladmiration, lenvie, la colre. 4. Trouvez pour chacune des expressions suivantes un ou plusieurs verbes synonymes : Regarder avec insistance. Regarder avec insistance de manire impolie ou ddaigneuse. Voir peine dans lobscurit. Regarder longuement et de manire mditative. Regarder dans le but dapprendre ou de tirer des conclusions. Voir et se rappeler ce que lon a vu. Voir une chose parmi dautres. Regarder au lieu de dormir. 1. Regarde de tous tes yeux, regarde ! Cette injonction termine le chapitre prcdent et sert de titre au chapitre V. Elle est reprise une nouvelle fois par le bourreau (p. 150). Quant Michel Strogoff, il excute lordre : [il] avait ordre de regarder. Il regarda. Ensuite ce sont dans les propos des journalistes que lon retrouve une utilisation du verbe voir : est-ce que vous tenez voir la fin [...] ? Le supplice se prcise, Michel Strogoff, comme nous lecteur, sattend mourir. [Il a] le regard hautain [...], mprisant. Fofar-Khan le nargue : Tu es venu pour voir, espion []. Tu as vu pour la dernire fois. [] Tes yeux seront jamais ferms la lumire. Ccit , Perte de la vue , aveugl , tel est le supplice. Suit alors un change entre les ennemis : les yeux grands ouverts , un dernier regard , la dernire menace de mes yeux sera pour toi , dit Michel Ivan le tratre . Mais cest Marfa quiront ses derniers regards : regardant , ses yeux , suprme regard , Que je voie , Que mes yeux se ferment en te regardant , tre aveugl , ses yeux , ses yeux , dvorait [...] du regard , dernire vision . Celleci fait corps avec son fils : lil dmesurment ouvert , le regardait . Mais le supplice arrive : La lame incandescente passa devant les yeux [] Michel Strogoff tait aveugle . On note le nombre impressionnant doccurrences relevant du lexique visuel sur deux pages. La justification de leur emploi est donne en dbut de sance.

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2. Voir ne traduit que la perception, regarder y ajoute la volont, lattention. 3. Ladmiration : contempler ; lindiscrtion : dvisager ; lenvie : lorgner ; le ddain : toiser ; lattente : guetter ; la menace : pier ; la colre : foudroyer du regard.4. Examiner, dvisager, entrevoir, admirer, observer, voquer, distinguer, veiller.

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VIII. Les formes explicatives du discoursOn explicite les diffrentes fonctions de la description dans un rcit : Mettre en place le cadre de lintrigue ; prsenter des personnages ; tablir des liens entre le cadre et les personnages. Servir crer un effet de rel ; apporter des informations et des explications dordre scientifique. Marquer une pause dans la narration : laction est comme suspendue ; contribuer ainsi crer un effet dattente chez le lecteur.

Organisation et fonction des extraits1. Regroupez et classez dans des rubriques les passages choisis : pages 38 ; 42-43 ; 47 ; 50-51 ; 75 ; 100 ; 106 ; 122-123 ; 156 ; 190 ; 195-196 15. Personnages : les Tartares, pp. 42-43 ; les cavaliers uzbeks, p. 106. Paysages : les rives de la Volga, p. 38 ; la steppe, p. 75 ; les hameaux sibriens, p.100 ; la ville dIrkoutsk, pp.195-196. Vie quotidienne : tlgue, tarentass, pp. 50-51 ; nourriture, pp. 47 et 122-123. Apport scientifique : les yeux brls, p. 156 ; le naphte, p. 190. 2. Quelles sont les fonctions de ces extraits ? Tous ces extraits ont une double fonction : ils crent un effet de rel et apportent information ou explication. Certains distendent le fil du rcit : la description de la tlgue et du tarentass diffre le moment tant attendu du dpart ; celle du naphte renforce linquitude du lecteur : Quel est ce nouveau pige qui se profile ? Enfin, la description de la ville dIrkoutsk suspend la narration un moment crucial : Michel et Nadia vont-ils enfin russir ? Elle exacerbe dautant le dsir du lecteur qui souhaite connatre la suite des aventures. Le lecteur sait quIvan est prsent dans le palais, il est au courant de sa supercherie auprs du grand-duc ; il ne peut quattendre avec impatience la rencontre entre le hros et le tratre.

15. En 5e ou en 4e, si la classe est faible, ajouter la consigne suivante : En face des paginations, vous indiquerez quel est le thme de la description.50L c o l e d e s l e tt r e s d e s c o l l g e s 2 0 0 4 - 2 0 0 5 , n 2

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On reprend les caractristiques du discours explicatif : effacement de lnonciateur ; prsent de vrit gnrale ou pass simple historique ; champs lexicaux spcialiss, voire vocabulaire technique ; utilisation de connecteurs logiques. Quels sont les extraits qui correspondent le mieux ces critres ? La tlgue et le tarentass ; le naphte ; la ville dIrkoutsk : lnonciateur est absent ; prsent de vrit gnrale ; vocabulaire technique ; connecteurs. Les autres extraits font davantage partie intgrante du rcit, jouant sur lopposition entre premier et deuxime plan avec lalternance pass simple/imparfait. Il est logique de trouver peu de passages descriptifs explicatifs trs caractriss puisque cette version est abrge et que les suppressions concernent ces passages.

Prolongement possible en 4eOn peut, dans une squence sur llasticit du discours 16 , imaginer une sance o lon compare deux extraits : la ville dIrkoutsk dans la version abrge et dans la version intgrale 17. On dlimite le passage, chapitre XII, deuxime partie : d Irkoutsk jusqu preuves , page 195 dans la version abrge et pages 390 et 391 dans la version intgrale. Quels sont les paragraphes supprims ? Paragraphes 2 et 3, page 390 ; paragraphe 4, pages 390 et 391 ; paragraphes 7, 8, 9, 10 et 11, page 391. Quelles informations contiennent-ils ? Des informations historiques, politiques, conomiques. Pourquoi ces suppressions ont-elles t possibles ? Ces informations sont inutiles la progression de lintrigue ; leur importance tient aux connaissances quelles apportent (elles appartiennent en fait au versant ducation du Magasin). On peut, dans un deuxime temps, donner un autre extrait de la version originale et demander aux lves deffectuer une rduction qui gardera au texte sa cohrence. Ils seront, alors, plus mme de comprendre la qualit du travail fourni dans la version abrge.16. Accompagnement des programmes de 5e et 4e, op.cit., p. 28. 17. Michel Strogoff, Jules Verne, le Livre de poche, pp. 390-391.

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IX. Les secretsLe secret, la vrit diffre ou cache font partie des lments cls des contes traditionnels : La Barbe bleue aussi bien quAli Baba. Mais cest aussi un des ressorts du roman daventures : Le Collier de la reine, Le Bossu, etc. Michel Strogoff nchappe pas cette rgle. Quels sont dans ce roman les diffrents secrets ? Quels personnages concernent-ils ? Le premier secret est bien sr celui de Michel dguis en Nicolas Korpanoff, marchand. Mais Ivan, lui aussi, se cache sous des identits fallacieuses : un bohmien et un faux courrier du czar. Les autres personnages ont galement des secrets. Nadia propos de son pre ; Sangarre au sujet dIvan; et, enfin, Marfa doit cacher le lien qui lunit son fils. Quelle(s) est (sont) leur fonction ? Ces secrets servent naturellement faire rebondir laction et maintenir lintrt du lecteur. Mais ils sont aussi des rvlateurs de la vritable personnalit de chacun. Cest pour le bien que les uns cachent ou dissimulent (Michel, Nadia, Marfa), cest au contraire pour raliser leurs mfaits que les autres jouent de duplicit (Ivan, Sangarre). Un secret conditionne tout le rcit : la mission elle-mme. Elle doit rester dans lombre pour aboutir. Cette rgle est donne ds le dbut du rcit et est explicite pour le lecteur. Mais un autre secret va le prendre par surprise : Michel navait pas perdu la vue ! Il fallait quil taise cet vnement pour pouvoir tenir lengagement fait au czar et cela mme au prix dun mensonge Nadia.

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X. Dfinir un genreOn demande aux lves ce qui les a intresss dans ce roman. Cest lintrigue avec le nombre et la varit des prils rencontrs qui est dabord cite, puis les personnages : Ivan, subtil et retors, plat beaucoup ; Michel aussi, bien sr, essentiellement par son courage lors du supplice et lors des affrontements avec la nature (lours, lorage, la glace) et avec Ivan. La fausse ccit les a bluffs et ils en sont ravis ! Limportance de la mission et la parole respecte nont pas le mme impact sur eux Ils ne voient pas un des lments forts du rcit : la mre qui perd son rle tutlaire puisquelle devient source de prils. Ils sont peu sensibles limmensit des espaces parcourus et totalement trangers laspect historique : la rvolte contre le pouvoir central dun peuple intgr un empire. Ils sont galement peu sensibles lhistoire damour entre Michel et Nadia. On termine la sance par une dfinition du roman daventures plus aboutie que lors de la sance prliminaire ! Aprs avoir relu leurs notes, on obtient des lves la proposition suivante : Un roman daventures, cest un rcit construit pour raconter le bouleversement de la vie quotidienne par des vnements sortant de lordinaire. Les personnages ont des rles bien dfinis. Le lecteur est tenu en haleine par les rebondissements de lintrigue.

XI. Observation daffichesEn guise dvaluation terminale, on propose, afin de sortir des exercices traditionnels (sans pour autant les rejeter), danalyser, ou de faire analyser par les lves, deux affiches de deux adaptations diffrentes du roman de Jules Verne (voir page suivante) : une affiche de ladaptation franaise de Victor Tourjansky (1926), avec Ivan Mosjoukine dans le rle-titre (format original : 80 x 120 cm, affiche A) ; une affiche de ladaptation franco-italienne de Carmine Gallone (1956), avec Curd Jrgens dans le rle de Michel Strogoff et Genevive Page dans celui de Nadia (format 120 x 160 cm, affiche B). On remarquera avec les lves que lillustration de la couverture du roman abrg de Lcole des loisirs est un dtail dune autre affiche de ce film. Cette ultime sance devrait permettre de rinvestir les connaissances acquises au cours de la squence, tout en incitant les lves mettre en pratique une tude de limage fixe. On choisit dtudier lune des deux affiches proposes ou, dans une perspective plus ambitieuse mais plus riche, de comparer lanalyse des deux. Pour raliser cette tude, on peut, titre indicatif, sinspirer de la grille suivante.

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BIFI/DR

Composition densemblea) places respectives de limage (ou des images) et des textes ; b) remarques concernant le titre (emplacement, espace occup, ventuellement graphisme) et les autres informations crites (ralisateur, acteurs, maison de production, rfrence lauteur du roman, autres mentions) ; c) techniques dimpression (laffiche A est une lithographie, laffiche B est tire en offset).

Limage et ses composantsa) le choix de limage : quels pisodes du roman les images choisies fontelles rfrence ? Ces images sont-elles fidles ou non au texte ? b) Quelles remarques peut-on faire sur la construction de ces images : nature des plans, disposition et caractrisation des personnages, lignes de construction, choix des couleurs, etc. N.B.: en ce qui concerne laffiche B, il faudra effectuer une tude comparative des deux images proposes pour en montrer les diffrences et les convergences.

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DR

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Interprtation1. Ces deux affiches donnent-elles implicitement la mme lecture du roman de Jules Verne ? Quelle est la lecture privilgie par laffiche A ? Par laffiche B ? 2. Laquelle de ces deux lectures vous parat la plus juste par rapport au roman ? 3. Laquelle de ces deux affiches vous semble la plus russie ? Pourquoi ?

Composition densemble de lafficheDans les deux cas, limage est nettement privilgie, les textes rduits au minimum. Bien entendu, laffiche B prsente, du point de vue graphique et par rapport aux codes de laffiche de cinma, une particularit quil sagira danalyser plus loin. Le titre, assez curieusement, occupe peu prs le mme emplacement dans les deux affiches 18 (vers le tiers infrieur de la surface de limage), horizontalement et sur une seule ligne. Sur laffiche A, la hauteur des lettres reprsente un peu plus de 8 % de la hauteur totale de laffiche, sur laffiche B 10 %.Titre et personnage ponyme y gagnent en lisibilit et en valeur. Caractres sobres, sans recherche deffet tapageur, dans des tons qui se dtachent bien. Sur laffiche A, les lettres sont encore rehausses par le lisr noir qui entoure la couleur rouge. Affiche A : les lments privilgis lvidence sont la maison de production (Path apparat trois fois, en haut et en bas de laffiche, avec, en plus, le clbre logo de la firme qui exalte le coq national) ; le nom de lacteur principal, Ivan Mosjoukine, lexclusion de tous les autres (caractristique du star-system dj en place en 1926). Le nom de Jules Verne apparat de manire trs lisible, indice dune dpendance encore revendique du cinma lgard de lcriture. En revanche, la surprise vient de labsence totale du nom du ralisateur qui nest considr que comme un technicien, un artisan, pas encore un artiste ( la diffrence de ce qui se produira dans les annes 70, par exemple, o le ralisateur tendra clipser les autres informations). Au bas de laffiche, les rfrences des courts mtrages (un film comique et des documentaires), projets en premire partie du spectacle, selon un rituel qui se poursuivra jusque dans les annes 60. Affiche B : les nouvelles techniques, en 1956, constituent un argument publicitaire. Cest pourquoi la mention Cinmascope occupe de manire bien visible le coin suprieur de laffiche ; tout comme la prcision couleurs Eastmancolor , une poque o se tournent encore beaucoup de films en noir et blanc. Le star-system se poursuit et les noms de Curd Jrgens et Genevive Page,18. Les passages en italique sont les rponses que lon attend des lves. Les observations et rflexions complmentaires sont lusage des enseignants.55

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vedettes internationales, occupent une place privilgie. Le nom de Jules Verne, encore prsent, est moins lisible que dans laffiche A. Les noms du ralisateur, des acteurs et des autres membres de lquipe de tournage (dcorateur, compositeur) sont cits au bas de laffiche, mais de manire modeste. Question de place aussi

Limage et ses composantsLaffiche A est entirement consacre lpisode du supplice de Michel Strogoff (chap. V de la seconde partie), pisode majeur du roman la fois sur le plan narratif (Michel Strogoff va-t-il pouvoir poursuivre sa mission et comment ?) et sur le plan motionnel. Le choix na donc rien de surprenant. Limage suprieure de laffiche B soulve un certain nombre de questions. En effet, il y a trois pisodes dans le roman o Michel Strogoff et Nadia utilisent un radeau ou un bac : dans les chapitres VII et X de la seconde partie, mais ces moments-l Michel Strogoff est cens tre aveugle, ce quil nest manifestement pas dans la scne reprsente. Il faut donc y voir une allusion au chapitre XIII de la premire partie ( Au-dessus de tout, le devoir ) lorsque Michel Strogoff et Nadia sembarquent sur un bac pour traverser lIrtych. ceci prs que le radeau de laffiche ne ressemble gure un bac, quon ny voit ni les deux bateliers, ni les trois chevaux, ni le tarentass qui sy trouvent ! Pourtant, les barques qui poursuivent le radeau confirment bien la rfrence ce chapitre (cf. p. 85). Laffichiste a en ralit interprt et amalgam plusieurs pisodes du roman (au moins dans le chapitre XIII de la premire partie et dans le chapitre VII de la deuxime partie), transform le bac en un radeau fait de planches et isol le couple Michel-Nadia afin de valoriser le personnage du hros et de suggrer lexistence dune intrigue amoureuse conforme aux canons du cinma populaire. Limage infrieure fait rfrence au chapitre XII (Une provocation) de la premire partie et a retenu, non pas le moment crucial de laffront inflig Michel Strogoff, mais celui o le tarentass du courrier du czar rattrape la berline qui les prcdait sur la route dIchim (cf. p.76 19). Il faudra sinterroger, plus loin, sur le sens de ce choix. Dans laffiche A, Michel Strogoff est prsent en plan rapproch (on pourrait parler de plan amricain), il occupe le devant de limage selon une construction verticale accentue et prolonge par la ligne du poteau de torture. Le dessin du supplici est net, clair dune sorte de lumire (extrieure et intrieure) et contraste ainsi fortement avec, au second plan, les silhouettes grimaantes et sombres des danseurs masqus qui figurent des sortes de dmons. Leffet de symtrie obtenu par les

19. Michel Strogoff et ses compagnons, en voyant cette berline qui courait sur Ichim, neurent quune mme pense, la devancer et arriver avant elle au relais, [] la berline fut bientt devance par les deux tarentass. 56

L c o l e d e s l e tt r e s d e s c o l l g e s 2 0 0 4 - 2 0 0 5 , n 2

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MICHEL STROGOFF

figures du second plan et les visages des spectateurs au troisime, de chaque ct du poteau, structure lensemble de limage de manire quilibre et met encore plus en valeur la figure du supplici. En observant la prsence bien visible dune croix sur la poitrine de Michel Strogoff, croix catholique et non orthodoxe, qui contraste avec les masques des dmons, on sengage assez vite dans la voie de linterprtation (cf. le regard du dmon de droite !). Laffiche B prsente deux images, qui renvoient, on la vu, deux moments diffrents du rcit ; deux images bien spares, encadres (et non prsentes selon une technique de simultanit ou de juxtaposition frquente dans laffiche de cinma). Situes verticalement de part et dautre du titre, quelles valorisent ainsi, elles sont de superficies ingales : celle du haut occupe peu prs la moiti de laffiche, celle du bas peine un quart. Premire diffrence, de taille. Autre diffrence dans le traitement des plans : limage du haut est en plan de demi-ensemble et prsente les personnages de manire bien visible ; celle du bas offre un plan densemble, lointain, les silhouettes sont peu distinctes, mais le mouvement de la poursuite est bien perceptible. Des convergences pourtant : les deux images illustrent une course-poursuite dont lorientation spatiale est quasi identique, dest en ouest, mais le regard de Michel Strogo