6
L’AFRIQUE, UNE PRIORITÉ DANS LE PROGRAMME DE L’ORGANISATION A la veille des indépendances, les systèmes éducatifs du continent étaient embryonnaires. Il a fallu créer, parfois de toutes pièces, établissements d’en- seignement secondaire et supérieur et alphabétiser des dizaines de millions d’hommes et de femmes. Aucune autre région n’a connu un accroissement de l’éducation aussi rapide. L’UNESCO a toujours accompagné ces efforts en s’attachant d’une part à former les acteurs du développement et d’autre part à aider à la mise en place de structures destinées à le promouvoir. A la veille du XXI e siècle, plus que jamais par le passé, le développement de l’Afrique, dont l’éducation est une condition première, bénéficie de la plus haute priorité dans le programme de l’Organisation. AU COMMENCEMENT, L’ÉDUCATION DE BASE Les relations de l’UNESCO avec l’Afrique subsa- harienne datent du début des années 50, lors- qu’après l’adhésion du Libéria (1947), la Côte de l’Or (Ghana), le Sierra Leone et le Nigéria devinrent membres associés et bénéficièrent d’une assistance pour des projets d’édu- cation (1) . Les p u i s s a n c e s coloniales qui étaient, elles, m e m b res de l ’ U N E S C O , ne sont pas restées inactives, comme en témoignent la Conférence de Cambridge sur l’éducation africaine (1951) et le programme d’éducation de base en Afrique noire lancé sous l’égide de la Commission nationale française et du Commissariat au Plan ( 2 ) . En 1956, l’UNESCO a parti- cipé à une action des Nations Unies en faveur du développement c o m m u n a u t a i re en Afrique. L’UNESCO EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA 1951 Création du Centre d’édu- cation de base de Klay, Libéria 1957 Retrait de l’Afrique du Sud de l’UNESCO (retour en 1994) 1960 Réunion des Ministres et directeurs de l’éducation d’Afrique tropicale, Addis- Abéba Réunion sur l’accès des femmes à l’éducation en Afrique tropicale, Cotonou Début du programme d’urgence au Congo- Léopoldville 1961 Première Conférence régio- nale des Ministres de l’édu- cation * et Plan d’Addis- Abéba 1961-1965 Création d’écoles normales supérieures (en 1965 : 18 institutions, 3 300étudiants, 145 experts) Création de centres spécialisés ** 1962 Conférence sur le déve- loppement de l’enseigne- ment supérieur, Tananarive Réunion des Ministres de l’éducation des pays d’Afrique participant à l’exécution du Plan d’Addis-Abéba, UNESCO, Paris (1) Au titre du Programme élargi d’assistance technique, l’Organisation a géré des projets d’éducation de base (Cameroun, Ethiopie, Ghana, Libéria, Nigéria, Soudan), formation des maîtres, enseignement des sciences (Libéria, Sierra Leone), éducation des nomades (Somalie). (2) Publication de Expériences françaises d’éducation de base en Afrique noire, UNESCO, 1954. * Conférences suivantes : Abidjan 1964, Nairobi 1968, Lagos 1976, Harare 1982, Dakar 1991. **• Dakar: groupe de planification de l’éducation. Devenu en 1970 Bureau régional d’éducation pour l’Afrique (BREDA) • Khartoum : Centre régional de constructions scolaires • Accra: Centre régional pour la documentation et la recherche pédagogique • Yaoundé : Centre de produc- tion de manuels et auxiliaires d’enseignement • Kampala, Bangui: Centres sous-régionaux pour la forma- tion de professeurs d’écoles normales primaires 80 Burkina Faso. Bureau régional Bureau/Représentant Addis-Abéba Nairobi Dar es-Salaam Lusaka Harare Maputo Pretoria Windhoek Kinshasa Luanda Brazzaville Abidjan Bujumbura Porto-Novo Dakar Ouagadougou Yaoundé Bangui Lagos Kigali

50 années pour l'éducation

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Page 1: 50 années pour l'éducation

L’AFRIQUE, UNE PRIORITÉ DANS LE PROGRAMMEDE L’ O R G A N I S AT I O N

A la veille des indépendances, les systèmes éducatifs du continent étaiente m b ryonnaires. Il a fallu créer, parfois de toutes pièces, établissements d’en-seignement secondaire et supérieur et alphabétiser des dizaines de millionsd’hommes et de femmes. Aucune autre région n’a connu un accroissement del’éducation aussi rapide. L’UNESCO a toujours accompagné ces efforts ens’attachant d’une part à former les acteurs du développement et d’autre partà aider à la mise en place de structures destinées à le promouvoir. A la veilledu XXIe siècle, plus que jamais par le passé, le développement de l’Afrique,dont l’éducation est une condition première, bénéficie de la plus haute prioritédans le programme de l’Organisation.

AU COMMENCEMENT,L’ÉDUCATION DE BASE

Les relations de l’UNESCO avec l’Afrique subsa-

harienne datent du début des années 50, lors-

qu’après l’adhésion du Libéria (1947), la Côte

de l’Or (Ghana), le Sierra Leone et le Nigéria

d e v i n rent membres associés et bénéficière n t

d’une assistance pour des projets d’édu-

c a t i on ( 1 ). Les

p u i s s a n c e s

coloniales qui

étaient, elles,

m e m b res de

l ’ U N E S C O ,

ne sont pas

restées inactives, comme en témoignent la Conférence de Cambridge

sur l’éducation africaine (1951) et le programme d’éducation de base

en Afr ique noire lancé sous l ’égide de la Commission nationale

française et du Commissariat au Plan ( 2 ). En 1956, l’UNESCO a part i-

cipé à une action des Nations Unies en faveur du développement

c o m m u n a u t a i re en Afr ique.

L’UNESCO EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

■1951Création du Centre d’édu-cation de base de Klay,L i b é r i a

■1957Retrait de l’Afrique du Sud del’UNESCO (retour en 1994)

■1960• Réunion des Ministres et

directeurs de l’éducationd’Afrique tropicale, Addis-Abéba

• Réunion sur l’accès desfemmes à l’éducation enAfrique tropicale, Cotonou

• Début du programmed’urgence au Congo-Léopoldville

■1961Première Conférence régio-nale des Ministres de l’édu-cation * et Plan d’Addis-Abéba

■1961-1965• Création d’écoles normales

s u p é r i e u re s(en 1965 : 18 i n s t i t u t i o n s ,33 0 0é t u d i a n t s ,145 experts)

• Création de centresspécialisés * *

■1962• C o n f é rence sur le déve-

loppement de l’enseigne-ment supérieur, Ta n a n a r i v e

• Réunion des Ministres del’éducation des paysd’Afrique participant àl’exécution du Pland’Addis-Abéba, UNESCO,P a r i s

( 1 ) Au titre du Programme élargid’assistance technique,l’Organisation a géré desp rojets d’éducation de base( C a m e roun, Ethiopie, Ghana,Libéria, Nigéria, Soudan),formation des maître s ,enseignement des sciences(Libéria, Sierra Leone),éducation des nomades( S o m a l i e ) .

( 2 ) Publication de E x p é r i e n c e sfrançaises d’éducation debase en Afrique noire,UNESCO, 1954.

* Conférences suivantes :Abidjan 1964, Nairobi 1968,Lagos 1976, Harare 1982,Dakar 1991.

**• D a k ar : groupe de planificationde l’éducation. Devenu en 1970B u reau régional d’éducationpour l’Afrique (BREDA)

• K h a r t o um : Centre régional deconstructions scolaire s

• A c c ra : Centre régional pour ladocumentation et la re c h e rc h ep é d a g o g i q u e

• Ya o u n d é : Centre de pro d u c-tion de manuels et auxiliaire sd ’ e n s e i g n e m e n t

• Kampala, Bangui : Centre ssous-régionaux pour la forma-tion de professeurs d’écolesnormales primaire s

80

Burkina Faso.

Bureau régional

Bureau/Représentant

Addis-Abéba

Nairobi

Dar es-Salaam

Lusaka

Harare

MaputoPretoria

Windhoek

Kinshasa

Luanda

Brazzaville

Abidjan

Bujumbura

Porto-Novo

DakarOuagadougou

Yaoundé

BanguiLagos

Kigali

Page 2: 50 années pour l'éducation

81

(3) La même année étaient lancéesdes enquêtes sur les besoinsdes pays arabes et des paysd’Asie en matière d’éducation.

( 4 ) Les débats de la Confére n c ede Tananarive surl’enseignement supérieurf u rent axés sur la mise envaleur des re s s o u rc e shumaines, l’administrationpublique, les études africaineset l’éducation permanente.

( 5 ) Notamment l’Ecole normales u p é r i e u re de l’Afriquecentrale qui forma àBrazzaville les pre m i e r senseignants du Congo, duC a m e roun, du Gabon, duTchad et de la Républiquecentrafricaine ou l’Ecolenormale supérieure deB a m a k o .

( 6 ) Gambie, Ghana, Sénégal,République-Unie de Ta n z a n i e .

( 7 ) H a u t e - Volta devenueB u r k i n aF a s o .

( 8 ) Ethiopie, Guinée, Kenya,M a d a g a s c a r, Niger, Soudan,République-Unie de Ta n z a n i eet Zambie.

( 9 ) Voir page 194 et suivantes.

RÉPONDRE AUX BESOINS ÉDUCATIFS DES JEUNES NATIONS

En 1959, à la veille des indépendances, l’Organisation

a procédé à une enquête sur les besoins de l’enseigne-

ment primaire et secondaire en Afrique tropicale – une

attention spéciale étant donnée à l’accès des femmes

à l’éducation ( 3 ) – en vue de la réunion des Ministres et

d i recteurs d’enseignement d’Afrique tropicale de 1960

à Addis-Abéba, préparant ainsi la voie à la Confére n c e

de 1961 qui devait adopter le Plan d’Addis-Abéba pour

le développement de l’éducation en Afrique.

Le Plan d’Addis-Abéba définit les objectifs de l’en-

seignement pour l’ensemble de la région compte tenu

des facteurs démographiques, économiques et

sociaux disponibles à l’époque. La Conférence de

Tananarive devait souligner l’année suivante le rôle

important assigné à l’enseignement supérieur pour le développement économique et social des

nouveaux Etats ( 4 ). De nombreuses activités furent entreprises en appui des efforts nationaux pour

m e t t re en œuvre les recommandations de ces confére n c e s : au plan régional et sous-régional,

mise en place de centres et instituts spécialisés (formation des maîtres, constructions scolaire s ,

planification, documentation et re c h e rche pédagogique), et création de toute une série d’écoles

normales supérieures, véritables centres d’action et de re c h e rche pour l’éducation. Dans les Etats

francophones, plusieurs des ces institutions sont devenues par la suite des universités ( 5 ). Au niveau

des pays, de nombreux projets pilotes purent être

financés grâce à des re s s o u rces extrabudgétaire s ,

notamment pour l’enseignement des sciences et de

la technologie ( 6 ), pour la promotion de la femme en

zone rurale ( 7 ) et à partir de 1965, des projets d’al-

phabétisation dans le cadre du Programme expé-

rimental mondial d’alphabétisation (PEMA) ( 8 ). Deux

activités devaient connaître un retentissement inter-

national exceptionnel en raison de leur envergure :

la prise en charge par l’UNESCO de 1960 à 1965,

dans le cadre de l’Opération des Nations Unies au

Congo, du système éducatif de ce pays et le

P rogramme d’éducation télévisuelle de la Côte

d ’ I v o i re (1968-1981) ( 9 ).

Sa Majesté impérialeHaïlé Sélassié Ier

Empereur d’Ethiopie de 1930 à 1974

Convaincus que l’éducation est la clé del’avenir de l’humanité, vous saurez adopterdes décisions et mettre en œuvre des poli-tiques tendant à pousser toujours plus loinla recherche de la connaissance, sous tousses aspects et à toutes ses étapes.

Conférence d’Etats africains sur le développement del’éducation en Afrique, Addis-Abéba, 1961

Vittorino Veronese (Italie)Directeur général de l’UNESCO de 1958 à 1961

Dix-sept Etats africains ont accédé à l’indé-pendance de façon quasi simultanée et,tournant ensemble une page de leurhistoire, s’emploient méthodiquement àjeter les bases de leur avenir.

Conférence d’Etats africains sur le développement del’éducation en Afrique, Addis-Abéba, 1961

Amadou Hampâté Bâ (Mali)Ecrivain et spécialiste des traditions oralesM e m b re du Conseil exécutif de l’UNESCO (1962-1970)

En Afrique, quand un vieil homme meurt,une bibliothèque disparaît.

S. Exc. M. FélixH o u p h o u ë t - B o i g n yPrésident de Côte d’Ivoirede 1960 à 1993

L’éducation signifie pourl’homme, et l’hommeafricain en particulier, salibération des contraintes

qui pèsent encore lourdement sur lui.

Discours prononcé lors de la première session de laConférence des Ministres de l’éducation des pays

d’Afrique (MINEDAF I), Abidjan, 1964Sénégal – Projet pilote pour la production de matériel audiovisuel.

Un cours en plein air, Ethiopie.

L’UNESCO DANS LE MONDE

Page 3: 50 années pour l'éducation

C O N S O L I D ATION ET APPROFONDISSEMENT DE LA COOPÉRATIONRÉGIONALE :LE BREDA

Les conférences des Ministres de l’éducation, surtout à partir de celle de Nairobi (1968) qui a traité de l’édu-

cation et de la formation scientifique dans leurs rapports avec le développement ( 1 0 ), ont toutes insisté sur

la nécessité d’accompagner l’expansion quantitative d’une rénovation qualitative de l’éducation dont le contenu

serait adapté aux besoins et aux possibilités des sociétés africaines. Ce fut le point de départ d’innovations

ou d’expériences telles que la ruralisation de l’enseignement primaire ( 1 1 ) et les actions de formation extra-

s c o l a i re en milieu rural ( 1 2 ), l’éducation et le travail productif, la rénovation de l’enseignement des sciences

et de la technologie, l’éducation en matière de population, etc. Pour améliorer l’efficacité de ses pro g r a m m e s

et celle des projets financés par les divers bailleurs de fonds ( 1 3 ), l’Organisation

rassemblera en 1970 toutes les structures hors Siège de l’éducation à Dakar

pour former le Bureau régional d’éducation pour l’Afrique.

Sous l’égide du BREDA, vont se développer plusieurs programmes de

coopération entre pays en développement. Le Réseau NEIDA, auquel ont

adhéré 33 pays et 11 institutions régionales, vise à développer la coopé-

ration et les échanges entre institutions nationales, sous-régionales et

régionales en vue de re n f o rcer et utiliser les innovations dans l’éducation

“pour répondre aux besoins du développement à travers l’autosuff i s a n c e” ( 1 4 ).

Le projet COFORPA est un programme visant à aider 32 pays de la région

à créer et à développer leurs pro p res services de re c h e rche et de forma-

tion en matière de planification et administration de l’éducation.

■1964C o n f é rence des Ministre sc h a rgés du développementde la science et de la tech-nologie, CASTAFRICA I,L a g o s

■1965• Création du Bureau

régional de science et detechnologie pour l’Afrique(ROSTA), Nairobi

• Création de centresrégionaux pour l’alpha-bétisation :- Ibadan (Nigéria), Institut africain

d’éducation des adultes- Nairobi, Centre Est Africain

d’alphabétisation

■1967Projet pilote pour l’ensei-gnement de la biologie,Cape Coast, Ghana

■1968-1981Programme d’éducationtélévisuelle (PETV) en Côted’Ivoire

■1970Création du Bureau régionald’éducation pour l’Afrique(BREDA), Dakar

■1978Réseau d’innovationéducative pour le dévelop-pement en Afrique (NEIDA)

( 1 0 ) Suite à CASTAFRICA I.

( 1 1 ) Créations d’écoles normalesà vocation rurale de Zinder(Niger), Atakpamé (To g o ) ,Bunumbu (Sierra Leone), etc.

( 1 2 ) cf. New Paths to Learning forRural Children and Yo u t h ,P.H . Coombs, UNICEF, Inter-national Council for Educa-tional Development, 1973.

( 1 3 ) PNUD, UNICEF, Banquemondiale, BAD, FNUAP, PA M ,aides bilatérales notamment.

( 1 4 ) Apprentissage mutuel parl’innovation éducative, N E I D A ,BREDA, 1989. Les domainesd’intervention prioritaire sc o n c e rnent le travail pro d u c t i f ,le développement rural, lesmatériels didactiques, laformation des enseignants,l’utilisation des langues natio-nales, l’administration et lag e s t i o n .

82Siège du BREDA.

Les professeurs expatriés avaient quitté le Congo en juillet 1960, il n’yavait alors pas un seul professeur d’enseignement secondaire congo-lais, pas plus d’une douzaine de diplômés de l’université et à peine150 bacheliers congolais. Avec les autres institutions spécialisées, enapplication d’une Résolution du Conseil de Sécurité, et à la demandedu gouvernement congolais, l’UNESCO entreprit une action auda-cieuse qui consista à effectuer une réforme fondamentale de l’ensei-gnement primaire, à accroître considérablement le nombre d’écolessecondaires, à créer de nouvelles institutions d’enseignement supé-rieur et à former des administrateurs de l’enseignement.En 1964, plus de 800 professeurs étrangers représentant 29 nationa-lités différentes enseignent dans les écoles secondaires du Congo, lenombre d’élèves du secondaire est passé de 28900 en 1960 à plus de90 000 en 1965. Plus de 100 experts en matière d’éducation, descience et d’information coopèrent avec le gouvernement central etles gouvernements provinciaux pour améliorer leurs services.

Dans l’Esprit des hommes; UNESCO 1946 à 1971,William A. Eteki-Mboumoua, UNESCO, 1972.

SAUVER L’ É D U C ATION DANS L’EX-CONGO BELGE

Congo-Léopoldville, Goma, 1963, 550 étudiants sont instruits à l’école secondaire l’Athénée.

Page 4: 50 années pour l'éducation

83

( 1 5 ) Voir rubrique “Pour en savoirp l u s”, page 85.

( 1 6 ) Le Programme d’action desNations Unies pour le re d re s-sement économique et ledéveloppement de l’Afrique(1986-1990) et le Nouvelo rd re du jour des NationsUnies pour le développementde l’Afrique dans les années1990 (UN-NADAF).

( 1 7 ) En 1993 a eu lieu àOuagadougou la Confére n c epanafricaine pour l’éducationdes filles.

Le programme régional d’élimina-

tion de l’analphabétisme a reçu une

stimulation nouvelle après la

C o n f é rence mondiale sur l’éduca-

tion pour tous de Jomtien. Le

BREDA anime également deux

comités consultati fs régionaux :

celui pour la rénovation de l’ensei-

gnement des sciences et de la

technologie et celui sur l’ensei-

gnement supérieur en Afrique.

AJUSTEMENT ET RECONSTRUCTION

La crise qui frappe le continent depuis les années 80 et l’application des plans d’ajustement

s t r u c t u rel ont eu des conséquences négatives pour les secteurs sociaux ( 1 5 ). Après une période

d’expansion d’environ 20 ans, et malgré les sacrifices énormes consentis – souvent plus de

25 % des budgets nationaux – la scolarisation a régressé et les disparités entre riches et

p a u v res, villes et campagnes, filles et garçons se sont accrues. La dégradation généralisée de

la “qualité” de l’éducation et la quasi impossibilité d’en augmenter les re s s o u rces dans un avenir

p roche sont devenues une préoccupation majeure des gouvernements et des institutions

i n t e rnationales. Pour concrétiser son action dans le cadre des programmes spéciaux définis

pour l’Afrique par les Nations Unies ( 1 6 ), l’UNESCO

lance en 1990 le programme Priorité Afrique. Il

s’agit de mobiliser des re s s o u rces pour appuyer

des actions de coopération régionale et sous-

régionale de nature interd i s c i p l i n a i re et intersec-

torielle. Priorité Afrique a organisé des missions

p l u r i d i s c i p l i n a i res pour identifier des projets de

coopération, formé à cette fin des spécialistes

nationaux et élaboré des programmes concern a n t

la gestion de l’enseignement supérieur, la forma-

tion à distance, l’utilisation de l’informatique, l’édu-

cation des filles ( 1 7 ). Pour donner une suite concrète

à la Déclaration mondiale sur l’éducation pour

tous, les bailleurs de fonds ont constitué un méca-

nisme de coordination, connu sous le sigle DAE

Julius K. NyererePrésident de la République-Unie de Tanzanie de 1964 à1985

Nous devons intégrerl’enseignement de typescolaire à la société. E tnous devons en mêmetemps l’utiliser comme

un catalyseur pour favoriser la transforma-tion de cette société.Discours prononcé à l’occasion d’un séminaire organisé par

la fondation Dag Hammarskjöld à Dar es-Salaam, 1974

Amadou-Mahtar M’Bow (Sénégal)Directeur général de l’UNESCO de 1974 à 1987

Il y a vingt ans, les Etats africains venaientde recouvrer leur indépendance [...] C ’ e s tdans un tel contexte que fut réunie parl’UNESCO, à Addis-Abéba en 1961, lapremière Conférence des Ministres del’éducation des Etats membres d’Afrique.Le “Plan d’Addis-Abéba” adopté par cetteConférence [...] avait considéré que leprogrès de l’Afrique devait passer nécessai-rement par le développement de l’éduca-t i o n [...] Les statistiques établies pour 1980permettent de conclure que les objectifs dece Plan n’ont été que partiellement atteints.Concernant l’enseignement primaire,[...] l’explication en est simple : d’une partles données démographiques sur lesquellesétaient fondées en 1961 les projectionsétaient en dessous de la réalité ; d’autre partla croissance de la population a été plusrapide pendant la période de 1960-1980que ce qui était attendu [...] Il n’en demeurepas moins que les effectifs de l’enseigne-ment primaire ont connu une expansionconsidérable, puisqu’ils sont passés dequelque 16 8 000 0 0 élèves en 1960 à56 0 00 0 0 0 d’élèves en 1980.

Discours d’ouverture de la Conférence des Ministresde l’éducation et des Ministres de la planification

économique des Etats d’Afrique, Harare, 1982

L’UNESCO EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

DE L’APARTHEIDÀ LA DÉMOCRATIE

L’UNESCO fut en 1970 la première agence dusystème des Nations Unies à prendre contactavec les mouvements de libération reconnuspar l’OUA et qui rassemblaient en Ta n z a n i eet en Zambie, des réfugiés de l’Afrique du Sud,de la Rhodésie, des ex-colonies portugaisesd’Afrique, pour leur fournir une assistanceéducative, notamment pour la formation dem a î t res, l’équipement des écoles dans lescamps de réfugiés, etc. Depuis le retour à ladémocratie en 1992, l’Organisation a entreprisen Afrique du Sud un grand programme éducatifvisant à la formation d’administrateurs et degestionnaires pour les écoles et les universitéset établi une Chaire UNESCO pour les Droits del’Homme à l’Université de Fort Hare.

Nigéria – Une école coranique.

L’UNESCO DANS LE MONDE

Page 5: 50 années pour l'éducation

■1981Convention sur la recon-naissance des études etdiplômes de l’enseignementsupérieur, Arusha

■1984• Projet COFORPA,

Coopération régionale enplanification et adminis-tration de l’éducation

• Lancement duProgramme régional pourl’élimination de l’analpha-bétisme

■1990P rogramme “Priorité Afrique”

■1993Conférence panafricainepour l’éducation des filles,Ouagadougou

■1995• Assises de l’Afrique,

UNESCO, Paris• Forum régional des pays

d’Afrique sub-sahariennesur l’alphabétisation,Le Cap, Afrique du Sud

■1996Lancement par les NationsUnies d’une Initiativespéciale pour l’Afrique

■1998 (Juin-Juillet)Septième Conférence desMinistres de l’éducation desEtats membres d’Afrique(MINEDAF VII)

(Développement de l’éducation en Afrique), dont

le secrétariat est assuré par l’IIPE. Au plan des

pays, l’Organisation a soutenu des réunions

d’Et ats généraux de l ’éducat ion ou des

c o n f é rences nationales en vue de développer

l’éducation de base.

Les Assises de l’Afrique, qui se sont tenues au

Siège de l’UNESCO en 1995, ont permis aux

africains d’entre p re n d re une réflexion appro-

fondie sur la problématique et les priorités du

développement dans leur continent face aux

nouveaux défis mondiaux . Les Assises ont

recommandé aux gouvernements africains “de

re c o n s t r u i re les systèmes hérités du régime

colonial en repensant les finalités, les contenus,

les structures, les méthodes, la démarche, les

valeurs dans le cadre d’une stratégie de rupture

qu’i l ne faut cependant pas confondre avec

rejet systématique et nihilisme aveugle” ( 1 8 ).

L’expérience acquise lors du programme Priorité

Afrique, tant sur le plan de la mise en œuvre au

niveau des pays qu’en ce qui concerne la

gestion des programmes interd i s c i p l i n a i res, a

permis à l’Organisation de jouer un rôle cataly-

tique dans l’Initiative spéciale des Nations Unies

pour l’Afrique et de devenir chef de file pour les

actions concernant l’éducation de base pour

tous les enfants d’Afrique (avec la Banque

mondiale), les communications au service de la

paix et l’informatique au service du développe-

ment. Pour coordonner l’ensemble de la coopé-

ration avec les Etats membres d’Afrique, un

département Priorité Afrique a été créé au Siège

de l’UNESCO et placé sous l’autorité d’un

D i recteur général adjoint.

( 1 8 ) Les Assises de l’Afrique,Rapport final, UNESCO,1 9 9 5 .

84

TAUX DE SCOLARISATION BRUTSpar degré d’enseignement

L’ALPHABÉTISATIONEN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

1er degré

2e degré

3e degré

P ro g ression au niveau régionalde la dépense publique pourl’éducation comme % duP N B :

1960 4,2

1965 4,3

1970 4,3

1975 4,8

1980 5,3

1985 5,7

1990 5,7

1993 6,2

(36)

(38)

(39)

(40)

(40)

(44)(44) (45)

(43)(42)(41)(39)

(35)

(43)(41)(37)(25)(23)(20) (43)

(31)(29)

(30)

E n t re parenthèses, le % de scolarisation des femmes par rapportau % total.

Années

Alphabétisés

Analphabètes

Millions d’adultesA n a l p h a b è t e sA l p h a b é t i s é s

Tauxd’alphabétisation

Page 6: 50 années pour l'éducation

C O O P É R ATION POUR LE DÉVELOPPEMENT

85

Léopold SédarSenghorEcrivain et poète, Présidentde la République du Sénégalde 1960 à 1980

La solidarité devraitnaître et se fortifier,naturellement, parl’alphabétisation. C’est

que l’enseignement est, le plus souvent,organisé en groupe. Ce qui établit des liensdurables, sentimentaux et sociaux.

Lettres de vie, Nathan/UNESCO, 1991

Nelson MandelaPrésident de la Républiquesud-africaine depuis 1994

L’éducation est lemoteur principal dudéveloppement. C’estpar l’éducation que lafille du paysan peutdevenir médecin, que le

fils d’un mineur peut devenir le chef de lamine, que l’enfant d’agriculteurs peutdevenir le président d’une grande nation.

1996

Henri Lopes (Rép. du Congo)Directeur général adjoint pour l’Afrique, UNESCO

L’un des grands projets qui a assis le prestigede l’UNESCO en Afrique est sans doute celuides Ecoles normales supérieures. Grâce àlui, les Etats africains, totalement démunis deprofesseurs d’enseignement secondaire aulendemain de leurs indépendances, ont putrès vite et dans de bonnes conditions,assurer des responsabilités dont ils avaientpris l’engagement en menant leurs peuples àl’indépendance. Beaucoup de cadres formésdans ces Ecoles normales supérieuresconstituent aujourd’hui l’ossature de la direc-tion politique des pays africains.

1 9 9 6

POUR EN SAVOIR PLUS (voir également CD-ROM, Vol. I)

■ L’éducation en Afrique à la lumière de la conférence de Harare (1982). Samba Yacine Cisse,UNESCO, 1986 (Etudes et documents d’éducation 50). (Anglais, Français)

■ “L’enfant pour l’enfant” en Afrique. Vers une pédagogie ouverte. A.K.B. Tay, UNESCO/UNICEF,1989 (Digest 29). (Anglais, Français)

■ Eduquer ou périr. Joseph Ki-Zerbo, UNICEF/UNESCO/BREDA, 1990. (Anglais, Français)

■ L’enseignement supérieur en Afrique : tendances et enjeux pour le XXIe siècle. UNESCO/BREDA,1992. (Anglais, Français)

■ Rapport sur l’état de l’éducation en Afrique. Stratégies éducatives pour les années 90 : orientationset réalisations. UNESCO/BREDA, 1995. (Anglais, Français)

LES PARENTS D’ÉLÈVES, PARTENAIRES DES AUTORITÉS PUBLIQUESRéunies à l’initiative de l’Association congolaise, les Associations de parents d’élèves de 14 pays francophones au suddu Sahara ont créé en janvier 1995, avec l’appui de l’UNESCO et de la Coopération française, une Fédération africainedes parents d’élèves et d’étudiants, la FAPE, qui entend dire son mot face aux difficultés que connaît l’école africaine.“La FAPE appelle les associations nationales à s’investir dans des actions qu’elle considère comme prioritaires pourl’amélioration de la qualité de l’enseignement : respect des dates de la rentrée scolaire, diminution de l’absentéismeet des fermetures d’établissements, etc. Elle leur propose aussi de lancer une action de longue haleine pour améliore rl ’ e n v i ronnement scolaire en organisant, en liaison avec les chefs de quartier et les responsables communautaires, desbibliothèques scolaires, en ouvrant des salles d’études et en prenant l’initiative d’activités de soutien et d’entraides c o l a i re. L’objectif que propose à terme la FAPE est d’offrir à chaque enfant des conditions matérielles lui permettant,hors temps scolaire, de lire, d’écrire, d’appre n d re ses leçons et de faire ses devoirs, et ce pour quatre à six heures parsemaine, soit 200 à 300 heures par an.”

Martin Itoua, Président de la FAPE, 1996.

L’UNESCO EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA

Enseignement des sciences.Education pour la prévention du Sida. Production de matériel scolaire.

Paysconcernés

Financementinternational (*)

Terminés En cours

127114348950

Projets d’éducation

(*) Cumulatif, en millions de $ courants(non réévalués), utilisé au titre desprojets exécutés avec le concoursde l’UNESCO

1950DÉBUT DU PROJET

LIBÉRIA

En réponse à une requête duG o u v e rnement, un expert del’UNESCO s’est rendu auLibéria l’été dern i e r, en mêmetemps que des re p r é s e n t a n t sde l’Organisation mondialede la santé, afin d’y menerdes études et établir un Pland’assistance technique. Le14 août 1950, le Gouvern e-ment libérien a signé una c c o rd avec l’UNESCO,prévoyant l’envoi de huitexperts dans le domaine del ’ é d u c at i on : anthropologie etp s y c h ologie de l’éducation,éducation fondamentale etenseignement des sciences(mathématiques, chimie, phy-sique et biologie) au cours dela pre m i è re année de mise enœ u v re du Plan. Dr J. Jablow(États-Unis d’Amérique), chefde la mission, arrivera auLibéria en avril. Ce projet estmis en œuvre en collabora-tion avec l’OMS. Tous lesexperts seront au Libéria d’icile printemps 1951.

6e Rapportdu Directeur général.

Et cinq ans après…

La pre m i è re promotion duC e n t re d’éducation de base deK l a y, en juillet 1955. Le Centreforme des travailleurs rurauxqui, à leur tour, créeront àtravers le Libéria d’autre sécoles similaire s .

1946-1996

L’UNESCO DANS LE MONDE