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    Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.érudit offre des services d'édition numérique de documents

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    Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : [email protected] 

    Compte rendu

     Ouvrage recensé :

     Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale II , Paris, Gallimard, 1974, 288 p.

     par Jean-Michel AdamÉtudes littéraires , vol. 9, n° 1, 1976, p. 225-228.

     

    Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante :

     URI: http://id.erudit.org/iderudit/500389ar 

    DOI: 10.7202/500389ar 

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    COMPTES RENDUS

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    Emile BENVENISTE,  Problèmes de l inguist ique générale I I Paris, Galli

    mard,

      1974, 288 p.

    Il  n est   pas utile de présen ter E. Benve niste, l un des m aîtres de la lingu is

    t ique contemporaine, avec R. Jakobson, L. Hjelmslev et quelques autres

    théor iciens. Publié en 1966, le premier tome des   Problèmes (PLG I)   a eu

    une inf luence indéniable. Le présent ouvrage

      (PLG II),

      composé sur le

    même modèle que le précédent, regroupe des art ic les parus entre 1965

    et 1972. Ceu x-ci don ne nt l imp ress ion de dater un pe u, tant i l est vrai qu en

    dix ans les recherches ont évolué.

    Le recueil s ouvre sur deux entre tiens p ortan t sur les

      Transformations

    de la linguistique.  Le lecteur est ainsi progressiveme nt introd uit aux di

    verses que stions qui se posent. On retien dra s urto ut l entretien avec P.

    Daix, «Structural isme et l inguist ique», publié en 1968 dans les

      Lettres

    françaises.   E.B. y insiste sur ses dé bu ts et sur ceux d e Saussure. Au pas

    sage, il est, par exem ple, rappe lé au spécia liste de l histoire de la ling uis

    t ique q ue B loom field n ignorait pas les recherches du maître de Genève

    puis qu i l p ublia, en 1924, un co mp te rendu sur Saussure. Il est certain q ue

    ce chap it re d ouve rture n a pas l intérêt de son correspo nda nt des

      PLG I

    et qu i l dem eure inséparable des antécédents «Cou p d œ il sur le dévelop

    pement de la l inguist ique» et «Saussure après un demi siècle».

    La seconde part ie a pour objet   la Communication.   «Nature du signe

    linguist ique» et «Remarques sur la fonct ion du langage dans la décou

    verte freud ienn e» cons t i tuaient l impo rtant second chap it re des  PLG   / ;

    cette fois encore, le chapitre II est la clé des

      Problèmes

      et de la pensée

    théor iq ue d E. Benveniste. Il est certain q ue les vingt études qui c ons t i

    tuent le recueil étant d une inégale imp ortance , nous n en rendrons pas

    intégralement compte. Comme i l convient de choisir , nous insisterons es

    sent iel lement sur cet te seconde part ie et passerons rapidement sur   Struc-

    ture et analyse   (111°) dont une étude, int itulée «Structure de la langue et

    structure de la société», recoupe part iel lement les développements du

    chapitre précédent. E.B. y répète que «rien ne peut être compris [. . . ] qui

    n ait  été réduit à la langue» p. 95), la société incluse, puisque la langue

    est l interprétant de la société q u el le cont ien t . C ertaines remarques des

    PLG I

      sur la pragmat ique «qui pose la personne dans la société en tant

    que part ic ipant et qui déploie un réseau complexe de relat ions spat io

    tempo rel les qui déterm inent les modes d én on ciat ion » (p. 99) sont ic i pro

    longées. Malheureusement, cet art icle qui date de 1968 reste très général

    et ne développe que faiblement «de la subject iv i té dans le langage» et

    «la phi losophie analyt ique et le langage»   (PLG I,   chap. V). Il est vrai que,

    de pu is, les travaux de Searle et d Au stin ont été tradu its et que les recher

    ches r igoureuses d O. Ducrot se sont imposées.

    Du chapitre IV, int itulé   Fonctions syntaxiques,   nous ret iendrons surtout

    «S tructure des relat ions d au xi l iar i té» pour les clar tés indéniables qu i l

    appo rte sur une qu est ion d if f ic i le. E.B. y propose de dist ingu er l auxi l ia-

    t ion de temp oral i té ( iden t i fiée à la forme du p arfait ), l auxi l iat ion de diathèse

    (cel le de la forme passive) et l auxi l iat ion de mod ali té (qui, d un point de

    vue logique, co mp rend la poss ibi l i té, l imp ossib i l i té et la nécessité:

      pou-

    voir ne pas

     pouvoir

    devoir).

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    ÉTUDES LITTÉRAIRES — AVRIL 1976

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    Le chapit re V

      (L homm e dans la langue)

      regroupe d impo rtantes remar

    ques sur «l anton yme et le pronom en français m ode rne» ainsi que «la

    form e et le sens dans le lang age » où se dessine (l art icle d ate de 1967) la

    dist inct ion entre sémiot ique et sémant ique posée dans la deuxième part ie.

    Une fois enc ore, ce chap it re n a pas l impo rtance quasi histor ique de son

    correspondant des   PLG I   où étaient étudiées les relat ions de personnes et

    de temps dans le verbe ainsi que la nature des pronoms. Certes, depuis

    surtout la publicat ion des t ravaux de Harald Weinr ich

      (Le temps,

      Paris,

    Seuil 1973, col lect ion Poét ique), l opp osit ion récit /disc ours   n est   p lus consi

    dérée comm e réel lement opératoire, m ais en son temps, el le a eu une gran

    de importance.

    Dans le dernier chapitre

      (Lexique et culture),

      E.B. pou rsuit ses recher

    ches sur la genèse de certains concepts («Genèse du terme scientif i

    que» ) et la que stion d e la dif fé ren tiat ion lexicale. «L a blasphé mie et l eu-

    phémie» const i tue malheureusement une approche succinte du discours

    de la transgression des interdits. Dans une remarquable étude de dériva

    t ion («Deux modèles linguist iques de la cité») E.B. explique que la   tra

    duct ion de

      civis

      par «cito yen » est une erreur fait : «c est là poser les cho

    ses à l envers puisq ue en lat in

      civis

      est le terme primaire et

      civilitas

      le

    dér ivé» (p. 273); en revanche, dans le modèle grec: «La donnée pre

    mière est une entité, la

     polis.

      Ce lle-ci, corps ab strait, État, sourc e et centre

    de l auto rité, existe par elle-mêm e» (p. 278). Cette c on stitut io n inverse

    de deux no t ions pou rrait assurément «être le point de départ d une nouvel

    le étude comparée des institut ions mêmes» (p. 279).

      C est

      malheureuse

    ment là que s interrom pen t les

      PLG II,

      à la f ront ière d une l inguist ique

    du discou rs qui com menc e aujo urd hui seulement à se const i tuer.

    Revenons au ch apitre II où sont regroupé s l art icle sur «L app areil

    formel de re no nc iat io n» , publié dans l un des plus importants numéros

    de la revue   Langages,   ( le n° 17, consacré à renonciat ion et devenu introu

    vab le; 1970), une étude plus anc ienne (1965) sur « Le lan gage et l expé

    r ience hum aine» qui prolong e l analyse des systèmes p ersonnels et

      tem

    porels des   PLG I   et, surtout, «Sémiologie de la langue» paru en 1969

    dans deux numéros de   Sémiotica.   L énon ciat ion est déf inie comme «mise

    en fonct ionn em ent de la langue par un acte individue l d ut i l isat ion » (p.

    80).  E.B. insiste sur le fait que renonciation suppose «la conversion in

    dividuelle de la langue en discours» (p. 81). Pour comprendre la portée

    d une tel le problém at ique, la place des  PLG   dans l évolut ion de la l inguis

    t ique moderne doit être précisée. Les   PLG I   s inscrivaien t dans la pers

    pect ive de la l inguist ique structurale ouverte par la publicat ion du cours

    de Saussure. Cette première phase, essentiellement descript ive, est dépas

    sée lorsque N. Chomsky propose de reformuler l opp osit ion langu e/parole

    en com péten ce/perform anc e. Alors que la l inguist ique saussur ienne s inté

    resse à la langue en excluant la parole et ne sait que faire de la phrase —

    elle a le signe pour unité de base —, N. Chomsky prend la phrase pour

    élément premier de la théorie et se propose de rendre compte de la com

    pétence des locu teurs , c est-à-dire de leur c apac ité à générer des phrases.

    Toutefois, la théor ie chomskyenne ne parvient jamais à donner la connais

    sance de la réalité du discours; elle reste une théorie abstraite qui in-

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    terrog e un h om me fic t if situé h ors de la socié té. L app ort d E.B . est as

    surément d ouv r ir la porte à une scient i f ic i té du langage co nçu com me

    expér ience humaine.

    Depuis sa théo r ie des personnes et des temp s jusq u à la dist in ct ion

    du sé miot ique et du sé mant ique en passant par le concept d éno ncia t ion,

    E.B. tente de résoudre la dichotomie saussur ienne dans la communica

    t ion intersubject ive (d où la place pr imo rdiale accordée au chap it re I I) .

    En résumé, étant donné que nous communiquons par des phrases et non

    par de simples signes, i l convient de dist inguer deux l inguist iques. Le

    signe s ign if ie, c est la nature

      sémiotique

      de la langu e; la phrase com mu

    nique, c est sa fon ct ion

     sémantique

      «

      le sémiot ique sese caractérise comm e

    une prop r iété de la langue, le sémant ique résulte d une act iv i té du   locu

    teur qui met en action la langue. [. . . ] Le sens de la phrase implique réfé

    rence à la situatio n de d isco urs, et à l att itude du loc ute ur» (p. 225). Pre

    nant en charge l ensemb le des référents et la compo sante pragm at ique,

    l ordre

      sém ant ique «s iden t i f ie au m onde d e re no ncia t ion et à l univers

    du discours» (p. 64). Si une telle recherche jette assurément les bases

    d une théor ie d u disco urs, i l n en reste pas moins vrai que ce dernier   n est

    jamais posé co mm e unité spécif ique supér ieure à la phrase et qu i l  n est,

    à aucun mom ent, quest ion de la nécessité d élabore r une gram maire du

    texte.  D autre

      part , de même que «la sémiologie de la langue a été blo

    quée, parado xalement, par l instrume nt même qui l a créée : le signe »

    (pp.  65-66), la sémantique est, nous semble-t- i l, bloquée par la notion de

    com mu nica t ion. Le conce pt d éno ncia t ion est am bigu si on le considère

    comme un acte l ibre de parole échappant aux contraintes du mil ieu; la

    not ion de com mu nicat ion s inscr i t , quant à elle, dans la l igne du schéma

    idéaliste du tête à tête saussurien. La démarche reste confuse si par com

    mu nicat ion on entend la t ransmission d inform at ion s et non un système

    de règles socio-discursives, régi par des conventions et des lois. Les ques

    t ions des facteurs sociaux, du cadre inst i tut ionnel régissant toute pr ise

    de parole, des places occupées par les sujets parlants dans le discours

    ne sont guère développées par E.B. qui ne propose jamais de penser de

    façon cohérente le   contexte   et la   situation.   Si ses reche rches o nt l im

    mense mérite de rompre avec le posit iv isme d une l inguist ique structura

    le qui é vinçait l hom me et la parole, elles restent prison nière d un e idéo

    logie idéaliste et subject iv iste en se bornant plus ou moins explic i tement

    au sujet psychologique et cartésien.

    Ainsi,

      lorsque E.B. écr it que «les démo nstrat i fs o rdon nen t l espace à

    part ir d un po int cen tral, qui est E go» (p. 69), i l ne dit r ien de cet «e go »

    et présuppose son intégr ité. Lorsq u i l énon ce que «tout homm e se pose

    dans son individuali té en tant que

      moi

      par rapport à

      to i

      et

      lui»

      (p. 67),

    l accen t est mis sur la réalité d un rapp ort interp erso nn el, mais il  n est

    pas quest ion de ce qui con st i tue l individu en sujet . L apport des c once pts

    du matér ial isme histor ique permet pou rtant de saisir cet te no t io n: l in

    dividu est le support de rapports sociaux qui déterminent des places socio-

    discursives pour des

      sujets.

      Ces places sont el les-mêmes déterminées

    par des Appare ils d État (L. Althusser) qui o nt une fon ctio n répressive et

    par des App arei ls Idéologiques d État l iés aux valeurs qu i ls véhiculen t .

    Le sujet  n est   pas ce nt ra l; ni origin e, ni po int d arrivée , i l est soum is à

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    des règles, à un système de rappo rts hiérarch isés p rodu isant un effet d as

    sujett issement. Les

      PLG

      conf irme nt, s i l en était encore besoin, que l ana

    lyse du discours ne peut rester intra- l inguist ique. Le cadre inst i tut ionnel,

    les formations idéologiques et les rapports de force qui président à la

    product ion de tout discours font que la signif icat ion doit être rel iée à ce

    qu on nomm e en core parfois l extra- l inguist ique. Le disco urs est une pra

    t ique t rans- l inguist ique et t rans-communicat ive. En interrogeant les dis

    cours pol i t iques, rel igieux, public i taires ou l i t téraires la l inguist ique tente

    aujo urd hui d intégrer les appo rts f reudiens et marxistes qui permettent

    seuls de penser la pro du ctio n d u sujet da ns et par le sign if iant, à l inté

    r ieur des format ions idéologiques et inconscientes.

    Comme les

      Essais de linguistique générale

      de R. Jakobson, les

      PLG

    const i tuent un des grands textes de la l inguist ique moderne; à ce t i t re, i ls

    doivent être interrogés de manière exigeante et inlassable ne censurant

    les acquis ni de la psychanalyse ni du matérialisme historique. À ce prix,

    la linguis t ique , se dég agea nt à la fois du pos it ivisme et de l idéalism e, se

    const i tuera progressivement en branche spécif ique de la sémiologie gé

    nérale, c est-à-dire en scien ce des pra tiques discu rsives.

    Jean-Michel ADAM

    Rouen

    Charles, BOUAZIS, éd.,

     Essais de la théor ie du tex te

    Paris: Galilée (Coll.

    À la lettre), 1973, 221 pp.

    Travail ler le texte, penser la sémiologie l i t téraire, au jourd hui, nous de

    mande de reconsidérer tout un champ conceptuel; penser le texte,   tra

    vailler la sémiologie dite lit téraire, cela veut dire part iciper à un jeu qui

    remplace la f ict ion par la théor ie en niant l archit race — la pulsion d e mort

    crée le  Meta—,   point de coupure l is ible.

    Voic i ,  do nc , un rec ueil d essais, o u, plutôt, u ne séance de six textes

    jouant entre eux. Sous la direct ion de Char les Bouazis, se rassemblent

    plusieurs approches de la not ion de texte; les col laborateurs — Jens Ihwe

    et Teun A. van Kijk, Peter Madsen et Per Aage Brandt,

      D Arco

      Silvio   Aval-

    le et Charles Bou azis — se situent d ans l espace ép istém olog ique de la

    grammaire générat ive t ransformat ionnelle et de la glossémat ique hjelms-

    levienne, d une part , de l esthét ique d Ad orno , d autre pa rt ; de même,

    leurs textes ne présentent pas le développ emen t d une idéologie hom ogè

    n e ;

      au co ntraire, i ls essaient de surmon ter l échappe ment des «idéo logè-

    mes» textuels en soupçonnant

      «...la

      science du texte comme.. . un «dé

    vissage»,

      théor isat ion à   la fois»   (p. 15   —dévissage,   comme prat ique théo

    r ique,

      peut-être.

    Pendant sa pér iode d enseigne men t à l Université de Genève, F. de

    Saussure donnait non seulement des cours de l inguist ique générale, mais

    aussi des séminaires de phi lologie germanique. Le hasard a voulu que