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57212845 Choix Du Busage Et Conduite de l Irrigation Par Pivots Prise en Compte de La Capacite d Infiltration Du Sol

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Choix du busage et conduite de l'irrigation par pivots …

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Choix du busage et conduitede l'irrigation par pivots -

Prise en compte de la capacitéd'infiltration du sol

Bruno Molle, Denis Baudequin et Sam Haidar

Ingé

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N°1

3m

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1998

p 57

à

69

Bruno Molle,DenisBaudequinCemagrefLe TholonetBP 3113612 Aix-en-Provence Cedex 1Sam HaidarIrrigationSpécialist, M.S.University ofCalifornia, Davis

L e sol d’une parcelle n’est pas un simplesubstrat, il a la particularité de conserverà l’échelle d’une ou de plusieurs saisonsla mémoire des contraintes qu’il a pu su-

bir. Qu’il s’agisse de dégradation de la structurede surface, de transports par ruissellement, decompactions par des arrosages excessifs ou despassages d’engins, toute dégradation se traduit àterme par une baisse de fertilité.

L’investissement dans une installation d’irrigationpar pivot (photo 1) ou rampe frontale est généra-lement programmé pour une durée minimum de20 ans ; il est donc impératif de soigner la con-ception de l’ensemble au risque de grever pourlongtemps les potentialités d’une parcelle, et parextension d’une exploitation.

Sur les 1,7 million d’hectares irrigués en France,92 % au moins le sont par aspersion, c’est-à-direpar des méthodes d’irrigation sous pression. Il existetrois grands types de matériel d’irrigation par as-persion : le canon à enrouleur (70 % des surfa-ces), la couverture intégrale (10 %), le pivot ou larampe frontale (20 %).

Depuis 40 ans aux USA et 10 ans en France, l’ir-rigation par pivot connaît un fort développement,(encadré 1) du fait de ses capacités : uniformitéélevée de l’arrosage, faible pression de fonction-nement, possibilités d’automatisation.

Ces appareils restent néanmoins cantonnés sur uncertain type de parcelles :

– de grande surface (minimum 20 ha), le coût del’installation ramené à l’hectare est dégressif enfonction de la longueur ;

– peu accidentées (pente maximum 15-20 %) ;

– avec des sols à bonnes capacités d’infiltration,sous peine de gros problèmes de ruissellement ;

– l’arrosage des angles peut-être réalisé au moyend'un « corner système », ou d'une couverture in-tégrale.

L’évolution permanente des dispositifs de pilotageet de commande à distance en font un outil utili-sable dans la perspective du développement del « ’Agriculture irriguée de précision ».

� Photo 1. – Vue d'un pivot d'irrigation. Au premier plan l'élémentcentral ou point de pivot de l'appareil.

B. M

olle

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agre

f

Cet article a également été publié dans la revue Irrigazette n° 43,novembre/décembre 1997.

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Pratiquement pour que ces appareils tiennent tou-tes leurs promesses, il est essentiel que l’utilisateurconnaisse leur fonctionnement et tienne comptede leurs contraintes spécifiques.

Un principe de fonctionnementoriginal nécessitant un busageadapté

La principale spécificité des pivots, à prendre encompte dès la conception de l’installation, est lefait qu’ils arrosent une parcelle circulaire. Le fonc-

tionnement en rotation implique que la travée laplus éloignée du centre devra, dans le même tempsque la première, parcourir une distance et arroserune surface bien plus grande. Ce déplacement plusrapide se traduira par la nécessité d’appliquer levolume d’eau requis en un temps très bref, autre-ment dit avec une intensité plus grande (se repor-ter aussi à la synthèse bibliographique présentéedans l'encadré 3).

Le plus souvent on ne parle que de pivot, or ilexiste d’autres appareils fonctionnant de manièreanalogue :

– la rampe frontale, qui avance en translation, etarrose une parcelle rectangulaire ;

– le pivot déplaçable ou pivot multi-centres, fonc-tionnant comme un pivot lorsqu’il arrose, et quel’on peut déplacer d’un point à un autre (attentionaux problèmes d'intensité d'arrosage induits parles déplacements à sec, encadré 2 page 63) ;

– le pivot-rampe, capable d’arroser en tournantcomme le pivot ou en translation comme unerampe frontale ;

– le pivot-corner, qui permet d'améliorer la cou-verture des parcelles irrégulières ou des angles.

Pour résoudre les problèmes d’intensité de l’arro-sage, les constructeurs d’arroseurs ont développéune large gamme de tailles de buses1 qui permet-tent de délivrer des débits croissants en fonctionde la distance au centre du pivot. Pour obtenir unebonne uniformité de répartition, les constructeurset le Cemagref ont mis au point des programmesde calcul capables de choisir, pour chaque sortie,la buse la mieux adaptée à la pression disponible.

Lors de la conception le fournisseur du pivot pourraainsi garantir une bonne uniformité de réparti-tion du débit. Mais attention, de ne pas confon-dre uniformité de répartition du débit aux arroseurset uniformité de l’arrosage : il peut en effet y avoirune grande différence entre l’uniformité poten-tielle (calculée) et l’uniformité réelle (mesurée surle terrain).

Les asperseurs de pivot

Il existe de nombreuses possibilités pour choisirles asperseurs en fonction des conditions et descontraintes d’utilisation : types de buses, pressionde fonctionnement, écartement des buses.

1. Buse : orificecalibré au traversduquel est émis unjet sous l'effet de lapression.

Encadré 1

Évolution du marché des pivotset rampes frontales

En matière d’irrigation à grande échelle, les systèmes du type pivot etrampes frontales sont reconnus comme étant les équipements les pluséconomiques. Grâce à l’uniformité d’arrosage qu’ils dispensent, et à leurfaible besoin en main-d’œuvre, ils affichent le meilleur rapport qualité/prix, à condition bien sûr de disposer d'un parcellaire et d'une ressourceen eau adéquats.Pour fixer les idées, un pivot se vend entre 4 000 et 6 000 FF l’hectare.Plus il sera grand, plus son coût à l’hectare sera faible. Une rampe frontalereviendra, elle, à environ 7 000 à 8 000 FF à l’hectare, ce coût pouvantvarier fortement en fonction de la configuration demandée : automatisation,utilisation de systèmes particuliers (doubles busages, mini-rampes...).Le coût d’utilisation est de l’ordre de 30 % inférieur à celui des autressystèmes d’arrosage par aspersion, en particulier du fait d’une pressionrequise plus faible et de la quasi absence d’intervention humaine en coursde saison d’arrosage.Depuis l’année charnière de la PAC en 1992, on voit donc se développerles ventes de ce matériel. Il y a peu d’achats impulsifs liés aux conditionsclimatiques ; c’est pourquoi, mises à part les années 1993 à 1995 où il ya eu un rattrapage d’investissement avec des progressions jusqu’à 50 %,on observe un augmentation régulière des ventes de l’ordre de 12 à 15 %par an.Les ventes de rampes frontales ont, quant à elles, été multipliées par troisdepuis 1993 ; elles représentent 20 % des ventes totales. Ce matérielconcerne surtout les cultures spécialisées, ou est utilisé dans le cas oùl’assolement impose de déplacer annuellement la machine d’une parcelleà une autre.Hormis l'impact éventuel de la renégociation de la PAC sur ce typed'investissement, on peut prédire un développement au rythme desremembrements, de la réfection des réseaux existants, de la disponibilitéde nouvelles ressources en eau, des contrats avec l’industrie agro-alimentaireet du remplacement d’anciens matériels.

Michel HISTELDirecteur de la société Otech

janvier 98

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La pressionOn distingue trois types d’asperseurs en fonctionde leur pression de fonctionnement :

– asperseurs basse pression : sprays ou buses, ca-ractérisés par une faible portée (< 4 m), et la pe-tite taille des gouttes. Ils sont utilisables au boutde cannes de descente à des pressions inférieures à200 kPa2 ;

– asperseurs moyenne pression : sprinklers3 ousprays à rotor, ils ont une portée moyenne (<15 m)et produisent des gouttes de plus gros diamètre.Leur angle de tir est généralement inférieur à 10 °,leur gamme de pression de fonctionnement com-prise entre 100 et 350 kPa ;

– asperseurs haute pression : sprinklers ayant uneportée est élevée (>15 m), ils fonctionnent à plusde 300 kPa de pression.

Pour un couple [asperseur, buse] donné, plus lapression de fonctionnement est élevée, plus laportée est élevée et plus le diamètre moyen desgouttes diminue, et inversement.

Pour un couple [asperseur , pression] donné, plusle diamètre de la buse est élevé, plus la portée estélevée et plus le diamètre moyen des gouttes aug-mente, et inversement.

Remarque : tout asperseur ou buse est conçu pourfonctionner à l’intérieur d’une plage de pressiondonnée. Hors de cette plage de fonctionnementl'asperseur change de caractéristiques.

L’écartement entre asperseursIl est choisi en premier lieu en fonction de la por-tée des asperseurs, et de la forme de leur courbede distribution (Bittenger et al., 1962). Pour at-teindre une bonne uniformité, la valeur optimumd’écartement est définie par :

– le rapport [écartement, portée] déterminant lenombre d’asperseurs arrosant un point ;– la forme de la courbe d’arrosage qui déterminel’écartement optimum.

Quelques problèmes particuliers demeurent

– Près de l'axe du pivot, les débits requis sont trèsfaibles ; les diamètres n'étant pas assez petits pourlimiter le surdosage on est tenté d'augmenter lesécartements.

Ces asperseurs ont une sensibilité au vent trèsmarquée (petites buses, fortes pressions). Pour li-

miter le risque de voir sous la première travée deszones entières mal arrosées, on choisit générale-ment d’y maintenir un écartement faible, doncd’apporter un excès d’eau. Toutefois, les surfacesconcernées restent extrêmement faibles.

– Pour les sols à faible perméabilité, il faudra uti-liser des asperseurs de portée élevée pour réduirel’intensité pluviométrique moyenne, comme nousle verrons dans la suite de l’article. Des petitesrampes suspendues à des cannes de descente, per-pendiculairement à la canalisation sont propo-sées par les constructeurs pour augmenter lasurface couverte à partir d’un sortie et donc di-minuer l’intensité pour des asperseurs à faibleportée.

L’évaporation et la sensibilitéau vent

Les phénomènes d’évaporation lors d’un arrosagepar aspersion en conditions de fortes chaleurs sontsouvent cités comme générateurs de pertes. Ungrand nombre de travaux résumés par Huber(1991) permettent de conclure que dans les con-ditions les plus rigoureuses rencontrées en France,celles-ci ne peuvent pas excéder 5 %. Dans de tel-les conditions, Kohl et al. (1987) parlent de per-tes maximum de 1,4 % par évaporation.

En fait, le facteur le plus important à prendre encompte dans l’évaluation des pertes est le trans-port par le vent hors de la zone d’arrosage ou dé-rive. La dérive peut entraîner des pertes pouvantatteindre 40 %, sachant que l’effet aggravant duvent est surtout sensible à partir d’une vitesse de4,5 m/s (Huber, 1991) du fait d’une probablemodification de la granulométrie des gouttes (DeBoer et Kohl, 1993).

La sensibilité au vent d’un asperseur est fonctiondes paramètres suivants :

– taille des gouttes : le transport est d’autant plusfacile que les gouttes sont de taille réduite ;

– hauteur de l’asperseur et hauteur maximum at-teinte par le jet (ou apogée) : la vitesse du ventcroît avec l’altitude.

Pour réduire la sensibilité au vent, on peut réduirela pression ou utiliser des buses de plus gros dia-mètres. Ensuite, l’absence d'un éclatement tropintense du jet au sortir de la buse contribuera àlimiter les risques de dérive.

3. Sprinklers :asperseurs rotatifs àbatteur.

2. 100 KPa = 1 bar

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Pour réduire la hauteur du jet, il suffit d’utiliserdes asperseurs angle bas dont l’apogée est basse,ou des cannes de descente (figure 1) permettantd’amener l’asperseur au niveau de la végétation,dans les couches d’air les moins perturbées par levent.

La fragilité du solOn cherche à faire pénétrer l’eau dans le sol le plusrapidement possible pour limiter stagnation etruissellement. Pour cela l’état de surface du sol estdéterminant, il doit conserver une rugosité suffi-sante et une structure aussi construite que possi-ble. Lors de l’arrosage, l’énergie apportée par lesgouttes va tendre à provoquer l’éclatement desagrégats de surface, au moment de l’impact avecle sol. La stratification des particules mises en sus-pension peut aboutir à la formation d’une croûtede battance. Il s’ensuit des excès d’eau localiséspouvant entraîner la formation du ruissellementvers les points bas de la parcelle.

L’énergie des gouttes dépend de la pression à labuse. La taille des gouttes dépend de la taille de labuse. Ces deux paramètres déterminent le risquede dégradation des agrégats formant la structuredes couches superficielles sous l’effet de l’énergiecinétique des gouttes.

Remarque :

– en conséquence sur un sol fragile (limoneux parexemple) on privilégiera les faibles énergies soit :faibles intensités, portées élevées, faibles diamè-tres de gouttes ;

– la présence d’une éventuelle couche « écran »(effet de mulch) constituée de débris végétaux parexemple, permettra de protéger la structure desurface du sol.

Les situations particulièresCertaines techniques, comme la chimigation4,conduisent à choisir des asperseurs tels que lemaximum de surface foliaire soit couvert dans leminimum de temps. On évitera donc les asperseursà jet unidirectionnel et à rotation trop lente, auprofit d’asperseurs à plusieurs jets (plusieurs bu-ses ou rotor générant 4 voire 6 jets).

Les matériaux constitutifs des asperseurs doiventêtre choisis en fonction des conditions de milieu :en situation d’eaux corrosives, on évitera lesasperseurs métalliques, dans les cas d’eaux char-gées pouvant provoquer de l’abrasion, on éviterales asperseurs en matière plastique.

Enfin, certaines cultures légumières ne supportentpas un arrosage trop violent, de même que les se-mis de cultures à petites graines qui peuvent êtredéterrées par l'impact des gouttes.

Le choix de l’écartemententre les asperseurs voisins :le recouvrement

Lors de la conception du plan de busage d’unpivot, on doit préciser l’écartement maximum en-tre asperseurs voisins nécessaire à l’obtention d’unbon recouvrement. Bittinger et al. (1962) ont ana-lysé ces valeurs pour différents profils de courbed’aspersion : ils arrivent à un écartement optimuméquivalent à la portée pour un asperseur à distri-bution triangulaire et à 1,4 fois la portée pourun asperseur à distribution elliptique (voir bi-bliographie).

4. Chimigation :utilisation del'installationd'arrosage pourconduire untraitementphytosanitaire.

Figure 1. – Deuxexemples demontaged'asperseurs. Lemontage aveccanne de descentepermet d'approcherl'asperseur de lavégétation. �

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Néanmoins pour les dernières travées, on rencon-trera souvent des espacements de 6 m, 3 m et même1,5 m, selon le type d’arroseur et la gamme de dia-mètres de buses disponible. Les recouvrementsentre asperseurs voisins seront donc multiples, cequi contribue à améliorer l’uniformité d’arrosage.La combinaison des courbes pluviométriques desarroseurs installés sur plusieurs sorties voisinesdonne une répartition d’eau résultante raisonna-blement uniforme sur un rayon arrosé par le pi-vot. Cette courbe résultante aura une formecaractéristique équivalente à un plateau presquehorizontal (figure 2).

Remarques

Le vent est un facteur de perturbation important.Au niveau d’un asperseur individuel, la réparti-tion spatiale de l’eau peut être fortement défor-mée : on observe en général une forte augmentationdu maximum de pluviométrie, et une diminutionde la surface mouillée.

Cela implique que l’on augmente fortement, bienque localement, l’intensité de l’arrosage et que lesrecouvrements entre asperseurs voisins peuvent êtretels que l’uniformité s’en trouve dégradée.

Néanmoins, l’effet sur l’uniformité de l’irrigationest plus faible que pour les autres systèmes d’arro-sage par aspersion. Selon James et Blair (1984), l’uni-formité aurait même tendance à augmenter avec lavitesse du vent tant qu’elle ne dépasse pas 4 m/s.

� Figure 2. –Exemple de courbed’intensité cumuléesimulée, pour dessprays à rotor, àune distance de400 m du pivot, desécartements de3,1 m et pour unedose de 7 mm/j.

En conséquence, il est indispensable d’utilisersur les pivots et rampes frontales des asperseursà angle bas (angle du jet<10 °) au lieu d’as-perseurs à angle standard utilisés en couvertureintégrale.

La figure 2 nous donne une illustration de la chro-nologie de l’apport d’eau en un point donné entenant compte de l’avancement discontinu de l’ap-pareil et du recouvrement entre cinq asperseursvoisins.

La courbe pluviométrique (figure 3) obtenue avecun pivot équipé de sprinklers angle bas double busedont la portée est de 13 m environ, se divise entrois portions :

– jusqu’à 320 m : l’écartement entre asperseurs estde 9 m ;

– de 320 à 450 m : l’écartement entre asperseursest de 6 m ;

– au-delà de 450 m : il s’agit de l’arrosage générépar le canon d’extrémité et le porte à faux en boutde pivot.

Pour un pivot donné ce type de répartition radialeest valable théoriquement quelle que soit la vitessed’avancement choisie (Bremond et Molle, 1995).En effet, en théorie, le réglage de l’avancement (i.e.de la dose) ne modifie pas significativement l’uni-formité de la distribution.

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� Figure 3. –Distribution d’eausimulée radialementsous un pivot équipéde sprinklers anglebas à deux buses,avec un écartementpassant de 9 m(jusqu’à 300 m) à6 m (de 300 m à450 m), au-delà de450 m influence ducanon d'extrémité.

Sous les fortes intensitésd’arrosage : attentionau ruissellement

Comme un pivot applique la dose d’eau d’autantplus vite que l’on s’éloigne du centre, il faut véri-fier que l’apport d’eau des asperseurs les plus éloi-gnés n’est pas supérieur aux capacités d’infiltrationdu sol. En d’autres termes, on devra limiter la lon-gueur d’un pivot à proximité du point où l’inten-sité pluviométrique dépasse la perméabilité ; eneffet toute l’eau appliquée en excès par rapport àla capacité d’infiltration du sol risque de ruisseler.Enfin, rappelons que lorsque des problèmes deruissellement s’installent au cours d’une campa-gne, ils ne font que s’accroître au fur et à mesuredes tours d’eau.

Les concepteurs de pivots doivent tenir comptedes deux phénomènes dynamiques suivants :

1 - l’intensité pluviométrique instantanée croît lelong du pivot ;

2 - la vitesse d’infiltration dans le sol décroît aucours du temps.

Par ailleurs les courbes d’infiltration varient for-tement en fonction du type de sol.

On s’intéressera ici à la valeur moyenne de l’in-tensité pluviométrique (encadré 2). Cette appro-che est cohérente par rapport à l’information quel’on souhaite analyser à l’échelle d’un tour d’irri-gation. Une telle approche n’est pas suffisante sil’on souhaite analyser les énergies et les mécanis-mes en jeu ; il est nécessaire de se placer alors à unpas de temps de quelques secondes.

Adapter l’intensité d’arrosageà la capacité d’infiltration du sol

La vitesse d’infiltration dans le sol est une fonc-tion qui décroît au cours du temps jusqu’à unevaleur limite ou régime d’infiltration permanent.La composition granulométrique du sol et sa struc-ture permettent de définir des équations d’infil-tration à partir de mesures au laboratoire sur descolonnes de sol.

Une expression classique d’une courbe d’infiltra-tion (I) en fonction du temps (t) est donnée par laformule empirique de Kostiakov :

dont une représentation graphique est donnée dansla figure 4. k et n sont des paramètres définis enfonction de la nature du sol. ∆t représente ici letemps de retard d’apparition du ruissellement dûaux capacités de stockage de l’eau en surface.

Les sols sableux peuvent avoir des vitesses d’infil-tration initiale très fortes qui diminuent rapide-ment et se stabilisent à des valeurs supérieures30 mm/h. Les sols plus lourds, au contraire peu-vent présenter des vitesses d’infiltration stabiliséesinférieures à 10 mm/h.

Remarques

– Les valeurs des paramètres k et n doivent pou-voir être calées sur des mesures locales d’infiltra-tion. Il existe des abaques et des formules de calculapprochées donnant ces valeurs à partir de la clas-sification granulométrique des sols.

– La valeur de ∆t peut être augmentée par des fa-çons superficielles (binage, microbassins) ou sim-plement par la présence de débris végétauxpermettant la formation d’un « mulch » protec-teur.

– Pour plus de détails sur cette partie, on se repor-tera à l’étude bibliographique en encadré 3.

Utilisation des courbes d’infiltrationpour le calcul et le choixdes arroseurs

Pendant l’étude d’un projet classique de couver-ture intégrale, la vitesse d’infiltration de base (pla-teau des courbes d’infiltration de la figure 4) estnécessaire pour déterminer l’intensité d’arrosageacceptable, car les postes d’arrosage ont une du-

( )nttkI ∆−=

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WrL

QI

21000

×=

24000

2 DjLQ

××=

π

242 ×××=

Wr

DjLI

π

rée importante. Pour les pivots, la méthode est dif-férente à cause du déplacement : les derniers arro-seurs apportent l’eau pendant le temps qu’il faudraau pivot pour parcourir la distance mouillée, soitdeux fois la portée de l’arroseur.

On va chercher à profiter de la courte période dudébut de l’infiltration où la capacité d’absorptionest très forte, ce qui permet d’apporter l’eau avecune intensité d’arrosage instantanée bien supérieureà la vitesse d’infiltration de base du sol, sans pro-voquer de ruissellement.

On voit très bien cela en superposant sur un mêmegraphique les courbes (figure 4) :

• de l’intensité d’arrosage moyenne instantanée,

• et de la vitesse d’infiltration dans le sol.

Dans la réalité, un point situé dans une zone arro-sée par un pivot, à partir du moment où il com-

mence à être mouillé, reçoit une intensité d’arro-sage qui va augmenter rapidement (figure 2) pourdiminuer ensuite symétriquement jusqu’à zéroquand le pivot s’éloignera. On peut raisonner surquelques cas types pour définir les caractéristiquesdes asperseurs et de l’installation à respecter pouréviter le ruissellement.

Les asperseurs doivent avoir une portée minimum

A partir des équations présentées dans l’encadré 2,on peut remplacer la valeur de l’intensité d’arro-sage I par celle de P la perméabilité augmentée dustockage de surface du sol en régime permanent,comme valeur limite à ne pas dépasser. On cher-che alors à respecter la contrainte :

242 ×××≥

Wr

DjLP

π

Encadré 2

Calcul de l’intensité de l’arrosage(Intensité pluviométrique instantanée moyenne)

La formule suivante a été développée par Dillon (1971) pour estimer, sans canon d’extrémité, l’intensitépluviométrique maximum moyenne à l’extrémité d’une machine :

où I = intensité pluviométrique moyenne (mm/h) à la distance L = distance entre le pivot et le dernierasperseur (m), Q = débit délivré à l’entrée du pivot (m3/h), Wr = portée du dernier asperseur (m).

Par définition la dose journalière Dj (mm/h) permet de calculer le débit de l’installation Q (m3/h) :

Remarque : attention aux problèmes liés aux cas des appareils déplaçables, pour lesquels le temps effectifd'arrosage n'est jamais de 24 h (il faut tenir compte des déplacements à sec) et à la surface, différente deπ L2.En remplaçant Q par sa valeur dans la première équation, on obtient l’intensité pluviométrique I en mm/hà l’extrémité du pivot :

Cette équation indique que pour une valeur donnée de la dose journalière Dj requise, l’intensité pluviométriqueinstantanée I est directement proportionnelle à la longueur du pivot et inversement proportionnelle à laportée des derniers asperseurs. On note aussi que I est proportionnelle à la dose journalière requise, maisest indépendante de la dose appliquée lors d’une irrigation.

L’intensité pluviométrique instantanée moyenne augmente le long du pivot pour atteindre son maximum àl’extrémité de la machine. Quelle que soit la distance sur une machine donnée, l’intensité pluviométriqueinstantanée sera imposée par le plan de busage et restera constante quelle que soit la vitesse de rotation dupivot lors d’une irrigation, c’est-à-dire quelle que soit la dose appliquée.

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Figure 4. –Exemples decourbes d’infiltrationobtenues aulaboratoire (Kincaidet al., 1969), tenantcompte de ∆t dû austockage de surface.Date de l’apparitiondu ruissellementpour différentesintensités d’arrosagesur sol sablo-limoneux. �

Lors de la conception, le seul paramètre sur le-quel il est possible de jouer est la portée del’asperseur : en effet, la perméabilité du sol estimposée par sa nature (texture et structure) et ladose journalière par les caractéristiques climati-ques. De l’inégalité précédente on tire que :

Cela revient à assimiler les courbes d’arrosage desasperseurs à des créneaux, analogues à ceux dessi-nés en pointillés sur la figure 5. La portée desasperseurs terminaux va déterminer la durée del’arrosage, donc l’intensité moyenne maximumd’application de l’eau.

La portion de l’eau sujette au ruissellement estreprésentée par la portion de surface délimitée parla courbe des apports, au-delà de celle délimitéepar la courbe d’infiltration.

Remarques

L’utilisation d’une valeur moyenne de l’inten-sité, si elle est pratique, est inexacte pour pré-dire le ruissellement. La figure 2 illustreparfaitement que le maximum de pluviométriepeut être très supérieur à la moyenne. La diffé-rence varie en fonction de la forme des courbesde distribution des asperseurs et la qualité desrecouvrements.

Selon de nombreux auteurs (encadré 3), la formela plus adaptée est celle d’une demie-ellipse, dontle maximum représente 1,3 fois la valeur moyen-ne, comme illustré dans la figure 5 (courbes enpointillés).

242

×××≥

P

DjLWr

π

Cela permet d’expliquer qu’il est possible d’arro-ser une parcelle avec une intensité supérieure à lacapacité d’infiltration sans générer de ruissellement(figure 5, courbe « 2 fois Portée »).

En cas d’impossibilité de réaliser la contrainte surl’intensité, plusieurs solutions peuvent être envi-sagées :

– soit augmenter la pression de fonctionnementpour augmenter la portée des asperseurs ;

– soit réduire la dose journalière Dj, donc la capa-cité de l’installation à fournir la dose nécessaire enpériode de besoin de pointe ;

– soit réduire la longueur de la machine L, ce quilimitera la surface arrosée par le pivot ;

– soit augmenter la valeur de P, par le travail du sol ;

– soit interposer un mulch ou créer des micro-bas-sins, ce qui revient à augmenter P en augmentant∆t.

On a utilisé jusque-là comme perméabilité de ré-férence celle que l’on observe en régime perma-nent d’infiltration. Or, avant l’installation durégime permanent d’infiltration, la capacité du solà absorber de l’eau est beaucoup plus importante.Il est donc possible d’apporter l’eau avec une in-tensité supérieure à la capacité d’infiltration P, maisdans un temps bref.

Pour connaître le temps d’arrosage limite avantinstallation du ruissellement, il est nécessaire deprendre en compte la vitesse d’avancement de lamachine, c’est-à-dire la dose apportée lors d’unpassage, en plus de la portée des asperseurs et dela forme de leur courbe d’arrosage.

� � �

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Les problèmes liés à l’intensité de l’irrigation par pivot ont étéé tudiés de nombreuses fois, expérimentalement outhéoriquement, en vue de prédire le ruissellement oul’infiltration, pour déboucher sur des méthodes de conceptiondes machines ou de conduite de l’irrigation.

Dès 1962, Bittinger et al. étudient théoriquement la distributiond’eau au cours du temps sous un pivot, sous différentes formesde profil des courbes de distribution d’eau des asperseurs(triangulaires ou elliptiques). Ils calculent pour ces profilsl’écartement optimal entre asperseurs pour obtenir la meilleureuniformité. En 1969 Kincaid et al., pour prédire les risquesde ruissellement, mettent en regard en fonction du temps (t)des courbes d’application triangulaire ou elliptiques et descourbes d’infiltration (I), en utilisant l’équation empirique deKostiakov.Ils prennent en compte l’effet retard (∆t) sur le déclenchementdu ruissellement dû au stockage d’eau à la surface du sol :l’infiltration s’exprime alors par I=k(t- ∆t)n. La prise en comptede cet effet retard a permis de mieux ajuster les calculs auxmesures in situ, où le ruissellement mesuré était inférieurd’environ 50 % à celui prédit à partir des courbes obtenuessur colonnes de sol au laboratoire.

La dissymétrie des courbes d’absorption amène à penser qu’onpourrait optimiser l’infiltration en utilisant des asperseurs dontle profil de distribution d’eau est proche du profil d’absorptionpar le sol. Addink et al. (1972 et 1975) testent différentstypes de profils d’apport, symétriques ou non, sous unsimulateur d’irrigation permettant de reproduire l’arrosaged’un pivot ou d’une rampe frontale. Ils concluent que leruissellement est minimisé en apportant beaucoup d’eau endébut d’infiltration, puis moins lorsque le régime permanents’installe. Cette méthode aurait permis de limiter de 11 % leruissellement.

Dillon (1972) propose quelques formules simples de calculde l’intensité de l’arrosage et une méthode de calcul de lataille maximum de la machine en fonction des caractéristiquesdu sol et de la portée des asperseurs. Rutten et Vigneron(1978) reprennent cette méthode pour établir des abaquesd’aide au dimensionnement des pivots.

Kelso (1983) mesure l’intensité sous différents asperseurs etl’infiltration induite, et constate que le ruissellement s’installemoins vite que ne le prévoit la théorie. Morin et al. (1977)mesurent en sol nu le même effet retard de mise en place du

ruissellement. Ils concluent que La mise en place du régimepermanent d’infiltration est différée par le fait que, dans laphase transitoire, la saturation n’est que rarement atteinte,alors que la courbe d'infiltration théorique est obtenue enconditions de saturation.

Un moyen de réduire le ruissellement potentiel est d’accroîtrele stockage de surface, en créant des microbassins de rétentiond’eau. Aarstad et al. (1973) testent cette pratique et réduisentde 90 à 100 % le ruissellement, Hashemina (1994) mesureavec la même méthode jusqu’à 68 % de supplément derendement en situation aride.

Le problème reste qu’il est très difficile de mesurer de fortesintensités avec une bonne précision.

Quelques auteurs ont développé ou adapté des systèmes demesure spécifiques à partir de ceux utilisés en météorologie.Il s’agit de pluviomètres à augets basculeurs (Costello et al.,1991, Calder, 1992) calibrés pour les fortes intensités (jusqu’à200 mm/h) ou de systèmes de mesure de la résistanceélectrique d’un flux d’eau (Raymond et al., 1993).

Ces différentes études permettent d’affiner les méthodes deconception des pivots, à la fois pour les asperseurs sur larampe (Allen, 1990) et le canon d’extrémité (Mahamoud etal., 1992). Enfin, l’utilisation de mesures d’énergie cinétiquepermet de sélectionner en fonction de la nature du sol le typed’asperseur adéquat (El-Shafei et al., 1993), et sa pressionde fonctionnement. En effet, le diamètre des gouttes généréesdépend du couple diamètre de buse pression, l’effet sur lerendement peut être très important (Undersanders et al.,1985).De Boer et Kohl (1993), confirment par des mesures in situles effets de la pression, de l’angle du jet et du diamètre de labuse sur la distribution granulométrique des gouttes. Ils mettenten évidence le fait que le vent n’agit sur la granulométriequ’à partir d’une vitesse du vent de 4,5 m/s, et mesurentl’intensité de l’arrosage à un pas de temps de 5 min. identifiantdes valeurs maximum de 54 mm/h sous sprinkler et 226 mm/hsous spray.

Certaines de ces analyses ont servi de base à l’élaborationdu DSS (Decision Support System) de Wilmes et al. (1994),permettant de concevoir une installation à partir de la cartedigitalisée de la texture et de la pente du sol à arroser, pourminimiser les pertes par ruissellement.

Encadré 3

Synthèse bibliographique sommaire :Irrigation par pivot, intensité pluviométrique et infiltration

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� Figure 5. –Intensité del’arrosage etintensité moyennepour différentesportées d’asperseurs(à dose journalièreconstante) etcapacitéd’infiltration du soltenant compte dustockage de surface.

La dose maximum par passageSi on considère un appareil dont l’intensitéd’arrosage moyenne est de 23 mm/h (intensitémaximum de 30 mm/h), on peut déterminergraphiquement le temps maximum d’arrosage àne pas dépasser pour éviter le ruissellement, commeillustré en figure 6.

Connaissant le temps maximum d’arrosage (t)déterminé à partir de l’intensité moyenne de l’ap-port (I), on peut déduire la dose maximum (Dm)à ne pas dépasser lors d’un tour d’eau : Dm = t x I.Dans notre exemple le temps maximum d’arro-sage est de 40 min, soit une Dm de 15,3 mm.

Remarques

• L’utilisation d’une courbe d’intensité moyennese justifie ici pour calculer la dose maximum parpassage, de même que pour évaluer le risque del’apparition du ruissellement.

• Pour déterminer la date de déclenchement duruissellement et sa quantité, il est par contre né-cessaire d’utiliser une courbe plus proche de laréalité, elliptique par exemple.

Figure 6. – Détermination graphique de la dose d’irrigation pour éviterle ruissellement. �

Conclusion

Lors du calcul d’une installation d’arrosage parpivot ou rampe frontale, on devra chercher un com-promis entre les contraintes climatiques, celles liéesau fonctionnement de l’appareil et les capacitésd’infiltration du sol. La méthode exposée permet,à partir de quelques critères de calculs simples, deguider le concepteur dans le choix de la portée desasperseurs, de leur pression de fonctionnement etdans le choix de la dose par passage.

Le respect des quelques règles expliquées, ou l’uti-lisation de techniques spécifiques, permettent d’en-visager l’irrigation par pivot ou rampe frontale dansdes conditions optimales d’efficience. Toute irriga-tion hors des limites définies se traduira par du ruis-sellement, donc une sous-irrigation à la périphériedu pivot, donc des pertes : d’eau, d’énergie, d’en-grais, de produits chimiques et de rendement, et uneaccentuation du risque de pollutions diffuses.

En cas d’intensité excessive, les solutions pourrontêtre :

– de décider de travailler au-dessus du pourcen-tage de réglage critique du doseur cyclique réduirela dose par passage ;

– d'utiliser des arroseurs de portée plus importante ;

– d'utiliser des petites rampes suspendues pouraugmenter la distance mouillée (i.e. la portée) doncla durée d’arrosage à dose constante ;

– d'augmenter la capacité de stockage de surfacedu sol (augmentation de ∆t) par des façons super-ficielles (binage, microbassins, mulch) ;

– d'envisager de travailler avec un pivot plus court.

A l’heure où l’agriculture irriguée est souvent ac-cusée de gaspiller l’eau et de favoriser les pollu-tions diffuses, il faut améliorer les méthodes deconception des appareils. Il existe pour cela denombreux outils : des normes (encadré 4), et deslogiciels comme ceux conçus par le Cemagref :

– XERXES-RENFORS et ICARE permettent decalculer les réseaux collectifs d’irrigation ;

– CVI permet de calculer les installations de cou-verture intégrale à la parcelle ;

– WPDiBus (encadré 5) permet d’effectuer le dia-gnostic de fonctionnement ou le calcul du plande busage des pivots et rampes frontales.

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Choix du busage et conduite de l'irrigation par pivots …

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En matière d’irrigation par pivots la normalisation fournit desdocuments précieux pour l’utilisateur, comme pour leconstructeur.

EN 12325 : Techniques d’irrigation• Systèmes d’irrigation par pivots et rampes frontales• Partie 1 : Description des caractéristiques techniques• Partie 2 : Performances et caractéristiques techniques

minimales

Ces deux normes ont permis la rédaction à la demande duConseil Général des Landes de deux documents donnant untableau des informations à fournir par un constructeur au client(partie 1), et la liste des exigences minimales de qualité d’unemachine (partie 2).

ISO 11545 : Matériel d’irrigation• Appareillage d’irrigation par rampe pivotante ou parrampe frontale équipées de buse de pulvérisationou d’arrosage

• Mesure de l’uniformité de distribution sous les pivotset les rampes frontales

Une fiche de mesure a été rédigée à partir de cette norme,dans le cadre du RNED HA, et figure en annexe du chapitrePivot du guide pratique irrigation.

EN 909 : Matériel agricole et forestier• Machines à irriguer types pivot et rampe frontale• Sécurité

Cette norme a été établie en conformité avec la directiveMachine du CEN, et revêt un caractère obligatoire. Toutemachine commercialisée sur le marché européen est présuméeconforme à cette norme.

prEN XXXX : Intensité de la pluviométrie• Principes, méthodes de calcul et de mesure

Projet de norme sur le calcul et la mesure de l’intensité del’arrosage, ce projet en est à sa phase de démarrage.

On parle de plus en plus du concept d’agriculturede précision, si l’on souhaite un jour s’orienter versle concept d’agriculture irriguée de précision il estindispensable de réfléchir à la conception des ins-

Réalisation : Cemagref, version 1.0, 1° semestre 1998Objectifs- Diagnostic du fonctionnement hydraulique des installationsd’arrosage du type pivot et rampe frontale- Dimensionnement du busage des pivots et rampes frontalesDestinatairesChambres d’agricultures, agriculteurs, bureaux techniques, -constructeurs d’arroseurs ou de pivotsCaractéristiques prises en compte

- Description de la structure de la machine et de la position dessorties

- Description des courbes caractéristiques des arroseurs, canons,régulateurs, surpresseurs

Diagnostic hydraulique des machines d’arrosageA partir du débit en tête et de la pression à l’une des extrémités,le logiciel calcule le débit et la pression à chaque arroseur,

ainsi que la portée efficace pour le canon d’extrémité.Les caractéristiques hydrauliques peuvent être modifiées :rugosité des conduites, diamètre intérieur des conduites,diamètre des buses des arroseurs, pour tenir compte duvieillissement, du colmatage, de l’usure des conduites et desbuses, et des mesures de pression disponibles.Calcul d’un nouveau busageA partir des données générales, le logiciel calcule le busageen utilisant : la dose journalière requise par travée, la pressiondisponible en tête, le secteur arrosé, le rayon d’arrosagesouhaité, l’écartement et la position précise des asperseurs.L’option présence de cannes de descente est disponible.

ContactCemagref, division ouvrage et équipements pour l’irrigationAix-en-Provence.Langue : française, logiciel adapté pour être traduit rapidement.

Encadré 5

Plan et diagnostic de busage des pivots et rampes frontales sous WindowsFiche technique du logiciel WPDiBus

Encadré 4

L’apport de la normalisation

tallations d’irrigation de manière intégrée, Le rai-sonnement doit être global : demande climatique,capacités du sol, capacités de l'installation, méthodede conduite de l'arrosage. □

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Résumé

Le pivot ou la rampe frontale sont capables deproduire une irrigation très uniforme. Un des obs-tacles à l’extension de ces systèmes est la très forteintensité de l'arrosage qu'ils distribuent. Elle peutdépasser les capacités d’infiltration de certainssols.

Les principaux facteurs caractérisant l’irrigationpar pivot pour une parcelle donnée sont rappelés :types d’asperseurs, buses, pression de fonction-nement, portée, sensibilité au vent, granulométrie.Ces éléments permettent de calculer la valeurmaximum de l’intensité d’arrosage appliquée parun modèle d’asperseur donné. Les courbes d’apportd’eau obtenues sont ensuite mises en regard descourbes d’infiltration du sol pour choisir le typed’asperseurs terminaux convenables.

L’influence de la dose journalière et de la portéedes asperseurs sur l’intensité d’arrosage est illus-trée et discutée. Une méthode graphique de dé-termination de la dose maximum d’irrigation estproposée pour éviter le déclenchement du ruissel-lement.

Des compléments d’information sont donnés surle calcul de l’intensité d’arrosage, la normalisa-tion, l’évolution du marché, le coût des installa-tions et le logiciel WPDiBus de calcul et dediagnostic de fonctionnement des appareils misau point au Cemagref. Une synthèse bibliogra-phique sommaire est présentée.

Abstract

Centre pivots or moving laterals are able to performa very uniform irrigation. One of the obstacles tothe extension of such systems is the very highdistributed water application intensity. It can exceedsome soil infiltration capacity.

The main factors that characterize pivot irrigationfor a given plot are reviewed: types of sprinklers,nozzles, functioning pressure range, windresistance, droplet diameters. These elements allowto compute the maximum value of the appliedwatering intensity by a given sprinkler type. Thewater application curves obtained are thencompared to the soil infiltration curves to selectthe appropriate types of sprinkler.

The influence of the daily application and sprin-kler range on watering intensity is illustrated anddiscussed. A graphical method is proposed forassessing the maximum amount of irrigation wateravoiding runoff. Additional information is givenon water application intensity calculation, standar-disation, market evolution, system cost, and on theWPDiBus software, used to compute and diagnosethe functioning of devices designed by Cemagref.A brief litterature review is provided.

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Choix du busage et conduite de l'irrigation par pivots …

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