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Les acteurs réclament un bilan Vert - Noir Mensuel d’informations agricoles et rurales - 5 E ANNÉE - Issn 0850-8844 - N° 42 - AVRIL 2011 - PRIX : 500 FRS CFA AIDE À LA PRESSE Agri Infos vertement ignoré Chers lecteurs et lectrices, Pour cette année encore, votre mensuel Agri Infos, qui est à sa cinquième année, a été vertement ignoré par le ministère de la Communication dans la répartition de l’Aide à la presse pour l’année 2010. Notre demande d’aide a pourtant été déposée par notre directeur de publication et enregistrée sous le numéro 02398 en date du 31 décembre 2010.Parce que notre journal s’ef- force d’informer régulièrement l’opinion (paysans, pêcheurs, pasteurs, chercheurs et autres lecteurs) sur les enjeux d’une agriculture durable, nous y avons cru un moment. Mais hélas ! Cependant, sans cette aide de notre pays, nous continuerons… à tracer nos sillons. LA RÉDACTION MARDI DU FNRAA POLITIQUES DE REBOISEMENT AU SÉNÉGAL La désertification est la dégradation des ter- res par suite des variations climatiques ou des activités humaines. Elle entraîne la bais- se de la production agricole, la faim, la pauvreté, etc. Au Sénégal, pour la combat- tre, on reboise un peu partout. Mais aujour- d’hui, après plusieurs décennies, des voix s’élèvent pour réclamer un bilan. CULTURE MARAICHÈRE Le village de Taleigne opte pour le bio 3 CSRP Un Plan stratégique pour gérer les problèmes de la pêche 8 SENEGAL LA PÊCHE EN EAUX TROUBLES 6 ARACHIDE Cotée en brousse à 210 Fcfa/kg AGRIINFOS 42 14/04/11 14:32 Page 1

5E ANNÉE PRIX : 500 FRS CFA MARDI DU FNRAA POLITIQUES …Au cours des échanges, les participants sont revenus sur les programmes de semen-ces d’arachide, la mécanisation de l’agriculture,

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Les acteurs réclamentun bilan

Vert - Noir

Mensuel d’informations agricoles et rurales - 5E ANNÉE - Issn 0850-8844 - N° 42 - AVRIL 2011 - PRIX : 500 FRS CFA

AIDE À LA PRESSE Agri Infos vertement ignoréChers lecteurs et lectrices,Pour cette année encore, votre mensuel Agri Infos, qui est à sa cinquième année, a été vertement ignoré par le ministère de laCommunication dans la répartition de l’Aide à la presse pour l’année 2010. Notre demande d’aide a pourtant été déposée parnotre directeur de publication et enregistrée sous le numéro 02398 en date du 31 décembre 2010. Parce que notre journal s’ef-force d’informer régulièrement l’opinion (paysans, pêcheurs, pasteurs, chercheurs et autres lecteurs) sur les enjeux d’uneagriculture durable, nous y avons cru un moment. Mais hélas ! Cependant, sans cette aide de notre pays, nous continuerons…à tracer nos sillons. LA RÉDACTION

MARDI DU FNRAA POLITIQUES DE REBOISEMENT AU SÉNÉGAL

La désertification est la dégradation des ter-res par suite des variations climatiques oudes activités humaines. Elle entraîne la bais-se de la production agricole, la faim, lapauvreté, etc. Au Sénégal, pour la combat-tre, on reboise un peu partout. Mais aujour-d’hui, après plusieurs décennies, des voixs’élèvent pour réclamer un bilan.

CULTURE MARAICHÈRE

Le village deTaleigne optepour le bio

* 3

CSRP

Un Plan stratégiquepour gérer les problèmesde la pêche

* 8

SENEGAL

LA PÊCHEEN EAUXTROUBLES

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ARACHIDECotée en

brousse à210Fcfa/kg

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Mensuel d’informations agricoles et rurales - 5E ANNÉE - N° 42 - AVRIL 2011 - Page 2

COMITÉ DE RÉDACTION : Madieng SECK - Ndèye SÈNE - Ababacar GUÈYE - Zachari BADJI (STAGIAIRE)ADMINISTRATION : Ababacar GUÈYESECRÉTARIAT DE RÉDACTION ET INFOGRAPHIE : Cheikh TOURÉ (Tel : 77 605 30 72)IMPRESSION : AGS ImprimerieDISTRIBUTION : ADPAgriInfos est une publication de l’Agence Jade/Syfia - Sénégal -NINEA : 00284430 CO

Hlm Grand-Yoff - Villa n° 1122Bp : 17130 Dakar – Liberté - Tél/Fax : (221) 33 867 68 27

Email : [email protected]

AGRI INFOS

DIRECTEUR DE PUBLICATIONMadieng SECK - TEL : 77 537 96 96

L’arachide cotée en Brousse à 21O F cfa le kilo(Jade/Syfia) - Depuis fin mars, l’arachide du Sénégal a atteint son plus haut niveau

en cette fin de campagne de commercialisation pour avoir grimpé à plus de 27% parrapport au prix officiel de 165 F cfa le kilo fixé en décembre dernier, a constaté Jade/Sy-fia qui a visité certains louma du Bassin arachidier.

Dans le département de Bambey, plus précisément à Dangalma (100 km à l’est deDakar), point de chute de beaucoup de bana-bana, l’arachide coque était vendue,fin mars, à 210 F cfa le kilo, alors que celle déjà décortiquée étaient cotée à 350 F cfa lekilo des graines rouges. Même constat à Touba Toul (90 km à l’est de Dakar) réputé com-me étant l’un des plus anciens et plus actifs louma au Sénégal. ‘’Moi je n’avais pas ven-du mes arachides dans le circuit officiel. J’attendais ce moment pour le faire. Hier j’aipesé plus 400 kg de cokes que j’ai vendus ici rubis sur l’ongle’’, confiait un paysan de lalocalité de Lambaye rencontré à la gare de Dangalma. A Kaolack, au marché forainde Ndramé Escale (250 km est de Dakar), l’arachide coque était à 215 F cfa le kilo, se-lon Ha Diop travaillant dans une coopérative de la localité affiliée au Ccpa, le Cadre deconcertation des producteurs d’arachide. Cette cotation en brousse de l’arachide dansles marchés forains s’est répercutée sur le coût de l’huile artisanale appelée ‘’ huile seg-gal’’, vendue maintenant à 750 F cfa le litre, contre 650 F cfa, il y a trois mois.

Cette brusque remontée du prix de l’arachide, selon Ha Diop, remet en cause letonnage officiel de la production arachidière (1million 300 tonnes) avancée par lesautorités compétentes. ‘’Alors que le huiliers ont acheté moins de 400 000 t ces prix af-fichés ces jours ci ne relèvent pas de la logique’’, confie ce coopérant qui s’interrogesur la vérité des chiffres annoncés sur la production.

Une offensive de l’UEMOA pour relancer ledossier du coton à l’OMC

(Jade/Syfia) - Une offensive de l’Union économique et monétaire Ouest africaine(Uemoa) pour relancer le dossier du coton à l’Organisation Mondiale du Commerce(Omc) a été lancée, mi mars à Bruxelles en Belgique, apprend Jade/Syfia de sourceproche des experts de l’Uemoa.

Les négociations commerciales multilatérales de l’Omc, lancées depuis 2001 àDoha, sont dans l’impasse, notamment en ce qui concerne le dossier crucial de l’élimi-nation des subventions américaines et européennes au coton que l’Afrique voudrait fai-re cesser. Selon ces experts, les Etats membres de l’UEmoa et du C4 (Burkina Faso, Bé-nin, Mali et Tchad) sont préoccupés du fait qu’aucune évolution particulière n’a étéenregistrée depuis 2006. C’est dans ce contexte qu’ils ont entrepris de lancer une offen-sive visant à remettre au premier plan les discussions autour de l’Initiative sectorielle surle Coton à l’Omc. Il s’agit d’une initiative qui vise à œuvrer à la redynamisation de lamobilisation en faveur du dossier coton. L’offensive est essentiellement une activité delobbying en direction de l’Union Européenne (Ue) et des Etats-Unis d’Amérique aux finsd’obtenir la réduction substantielle, voire l’élimination de leurs mesures de soutien inter-ne qui créent des distorsions au commerce international du coton. Au niveau de l’Ue, ils’agira, dans le cadre des consultations en vue de la révision de sa Politique AgricoleCommune (Pac), de sensibiliser et de mobiliser les parlementaires européens à la cau-se du coton africain. En effet, le processus en cours de réforme de la Pac ne prend pasen compte la préoccupation du C4 relative au découplage à 100% des mesures desoutien interne de l’Ue aux producteurs de coton de la Grèce et de l’Espagne.

Des pêcheurs sénégalais mécontents du nombrede licences accordées par Nouakchott

(APS) - Des pêcheurs sénégalais du quartier Guet-Ndar ont organisé, fin mars, uneréunion, à Saint-Louis, pour protester contre le nombre de licences de pêche octroyéespar la Mauritanie, a constaté le correspondant de l’APS.

“300 licences ne suffisent pas pour un besoin évalué à plus de 2 900, si on prend encompte le nombre de pirogues concernées”, a déclaré le secrétaire général du collec-tif national des pêcheurs artisans Sada Fall. Au-delà du nombre très limité de licences, ila relevé pour le déplorer que celles octroyées ne concernent que les grandes piroguesdites tournantes, alors que les autres sont “royalement ignorées”.

Malgré tout, M. Fall a indiqué que leur démarche consiste à demander aux autori-tés sénégalaises de négocier pour une augmentation des licences et pour une révisiondes modalités. Selon lui, le collectif national des pêcheurs artisanaux compte passer parla Chambre de commerce pour obtenir satisfaction. “Nous saisirons également le gou-verneur ainsi que les responsables du service régional de pêche”, a-t-il ajouté. Il a assu-ré que les membres dudit collectif ne comptent aucunement recourir à des actions deprotestation comme des marches. Les pêcheurs ont aussi plaidé pour la libération despirogues saisies par les autorités mauritaniennes. Ce qui empêche une bonne partie dela population de Guet-Ndar de s’adonner à leur activité traditionnelle qu’est la pêche.Ils ont estimé que les délégations envoyées pour aller négocier les licences doivent êtreélargies au responsable de l’élevage qui octroie de leur coté des autorisations auxMauritaniens pour fréquenter les forêts sénégalaises.

Ces licences, qui courent pour une durée de trois mois, ne concernent que les pé-lagiques.

2e édition du Forum Dakar Agricole les 18 et 19 avril(Jade/Syfia) - Le Chef de l’Etat, maître Abdoulaye Wade, s’est réjoui des préparatifs

du Forum du ‘’Dakar Agricole’’ dont la seconde édition est prévue les 18 et 19 avril pro-chains à Dakar sur les thèmes de la régulation des marchés agricoles et de la gouvernan-ce mondiale de l’agriculture, apprend Jade/Syfia, suite au communiqué du Conseil desministres (24 mars) du gouvernement du Sénégal. Abdoulaye Wade a souligné la grandepremière que constitue l’instauration d’un débat sur la gouvernance agricole, associantpour la première fois, producteurs et consommateurs. Selon le communiqué du Conseildes ministres, le Forum du ‘’Dakar agricole’’ devrait aboutir à une régulation indicative,afin de développer les marchés agricoles et de corriger les incohérences des productionsanarchiques. Selon le Premier Ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, qui s’exprimait à ceconseil au Conseil des ministres de fin mars, cette deuxième édition du Dakar Agricole estorganisée en perspective du prochain sommet du G 20 qui aura lieu en juin 2011 à Paris.Objectif principal, anticiper sur certaines questions majeures qui y seront abordées en ma-tière agricole, notamment : la régulation des marchés agricoles et alimentaires ; la nou-velle gouvernance mondiale de l’Agriculture, la mise en place des instruments et méca-nismes de pilotage pour asseoir une sécurité alimentaire durable dans le monde.

Population et développement agricole :Une courbe disproportionnelle

(Jade/Syfia) - L’accroissement très rapide de la population sénégalaise en rapportavec le bilan céréalier et la ration par habitant de la consommation de céréales restedisproportionnelle, a soutenu le Pr Abdou Rahmane Barry.

M. Barry, ancien expert à la Fao animait, mi mars, à la librairie ClairAfrique uneconférence sur le thème ‘’Population et développement agricole : Aspects opération-nels pour la planification’’. C’était en présence d’universitaires, chercheurs, mathéma-ticiens. Selon M. Barry, ‘’Il y’a déficit céréalier lorsque les besoins sont supérieurs à la pro-duction locale. Quand celle-ci est supérieure aux besoins, on parle alors d’excédentscéréaliers’’. Il a souligné qu’une agriculture performante d’un pays dépend de trois fac-teurs : le capital humain, la terre et l’eau. Malgré ces atouts, la courbe (population/pro-duction agricole) est disproportionnelle. C’est pourquoi remarque-t-il, le Sénégal impor-te des milliers de tonnes de céréales principalement le riz. (Ndlr : plus de 600 000 t deriz sont importés par an soit, plus de 350 milliards de F cfa) pour combler le gap. En ef-fet, indique le Pr Barry, ‘’au Sénégal, la ration céréalière par habitant est de 185kg/pers/an soit, 480 gr/pers/jr’’. Sur les questions liées aux semences, l’ancien expert dela Fao a expliqué qu’au Sénégal 120 à 140 kg d’arachide de coques suffisent pour cul-tiver un hectare de terre et 16 à 20 kg/ha de niébé pour cette même surface. Quantau mil ‘’Souna’’ et du maïs, il faut respectivement 4kg/ha et 16 à 20 kg/ha.

Au cours des échanges, les participants sont revenus sur les programmes de semen-ces d’arachide, la mécanisation de l’agriculture, etc. Le politologue Aly Fara Ndiaye a,quant à lui, évoqué le problème de politiques agricoles qui tardent à booster l’agricul-ture sénégalaise. Pour le Pr Barry, les programmes de semences d’arachide sont à pla-nifier dans le temps car, ils se déroulent sur trois ans. Quant à la mécanisation de l’agri-culture, il a rappelé que depuis 1964, le Sénégal a modernisé son agriculture parattraction animale. Aujourd’hui, a-t-il soutenu, le pays tend vers la mécanisation et desefforts ont été faits. Cependant, il a souligné que ces grosses machines ne sont pas ren-tables car certains paysans ne disposent pas de 5 ha fautes de moyens.

(Jade/Syfia)- Les prochaines campagnes de commercialisation de l’arachi-de seront de plus en plus faciles, à cause de la présence d’une demande exté-rieure qui, non seulement, va entraîner la hausse du prix de l’arachide, mais enplus nous assurer des débouchés.

C’est ce qu’a déclaré le Président de la République du Sénégal, Me Abdou-laye Wade, dans son adresse à la nation radiotélévisée du 3 avril, à la veille de lacélébration du 51ème anniversaire de l’indépendance. Selon Me Wade, pour lapremière fois, cette année, des paysans qui ont su patienter, ont perçu 165 F le kgou même 200 F comme actuellement. ‘’Pour leur éviter d’être tentés par les usu-riers, a dit le chef de l’Etat, cette année nous annoncerons le prix de l’arachidetrès tôt, si possible, dès le mois de juillet’’. Dans son adresse à la nation, il aussi invi-té le ministre de l’Agriculture de faire installer des magasins de stockage pour lespaysans. Quant à la campagne présente de commercialisation de l’arachide, adit le chef de l’Etat, grâce aux mesures vigoureuses prises par le Gouvernement,les ressources additionnelles nécessaires au bouclage de son financement ontété réunies avec la collaboration des banques locales. ‘’Ce qui, a-t-il avancé,nous permettra de clôturer la campagne dès la fin de ce mois’’.

ARACHIDELa hausse des prix relance

la filière

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Début avril, au petit matin, à Taleigne,village situé dans la communauté ru-rale de Ndangalma, (plus de 100 km

à l’Est de Dakar), Abdoulaye Gning arro-se son champ d’oignons. Entre les alléesdes plants verdâtres, il fait des va et vient,l’arrosoir à la main. Plantée depuis dé-cembre dernier, l’oignon bio de Abdou-laye est au stade de maturité. ‘’Nousavons opté de cultiver cette année l’oi-gnon bio après avoir démarré, il y’a unan, la tomate et le piment’’, explique Ab-doulaye, président du Gie Sant Yalla deTaleigne, composé de 42 membres.

De l’autre côté de ce vaste champcommunautaire de 15 hectares, SambaNgom, membre de ce Gie, a fini, lui, detomber sous le charme de ses oignons bioqui sortent magnifiquement de terre. Luiaussi, debout depuis les premières heuresde la matinée, s’active énergiquementpour épandre du fumier organique danssa parcelle. ‘’Nous allons récolter au cou-rant du mois d’avril’’, confie-t-il, regardantfièrement, tout autour, ces dizaines dechamps d’oignons.

Dans cette contrée de Bambey (120km à l’est de Dakar), les villageois onttourné presque le dos aux culturesconventionnelles, c'est-à-dire l’arachideet le mil. Selon Samba qui enlève lesmauvaises herbes de sa parcelle, cetteculture conventionnelle nécessitait beau-coup d’engrais, de pesticides, d’insectici-des, etc. ‘’On notait souvent, souligne-t-il,des ennuis sanitaires faute de stockage etde mauvaise conservation’’.

Au Sénégal, la culture bio est faible-ment pratiquée. L’Ong Agrecol à Thiès (75km de Dakar) encadre depuis plus d’unedécennie certains maraichers dans cetteactivité. A Fatick, des associations defemmes ont produit, l’année dernière, duriz bio apprécié par les gourmets. A Thiès,où il existe un marché bio hebdomadairequi a lieu chaque samedi, on peut aussimanger régulièrement bio dans de nom-breux restaurants de la ville.

Plus de 30 t récoltéespour un premier essai

Le Village de Taleigne n’a pas été enreste. En effet, depuis 2010, les maraichersde cette localité ont opté pour la culturebio grâce à l’appui de cette Ong et d’unpartenaire belge. ‘’Ces derniers nous ontconvaincus à faire cette culture, suite auxséances de réunions et d’échanges te-nues au village. Nous avons finalementdécidé de nous y lancer, en mai 2010,sous forme d’essai’’, explique AbdoulayeGning.

Cette année là, plus de 30 tonnes detomates et près d’une demi-tonne de pi-ments ont été récoltées. ‘’Notre Gie avaitengrangé plus de 11 millions de F cfa’’,confie, à son tour, le trésorier Pape Bâ, enprésence d’autres membres du groupe-ment, l’air satisfait de leur première expé-rience. Selon Pape, les clients venaient de

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REPORTAGE

Par Ababacar GUÈYE

(Jade/Syfia) – Zone maraichère par excellence, le village deTaleigne a opté pour la culture bio. Démarrée depuis 2010, cet-te culture a apporté aux maraichers des revenus considérables.En dépit des difficultés pour maitriser les techniques de compos-tage il y a aussi l’insuffisance de la formation des producteursqui attendent cependant de bonnes récoltes d’oignons.

CULTURE MARAICHÈRE

Le village de Taleigne opte pour le bio

(Jade/Syfia)- ‘’En Afrique de l’Ouest et du Centre, l’envi-ronnement des politiques agricoles est marqué par la suppres-sion des subventions d’intrants, la libéralisation des prix et desmarchés. Il s’y ajoute le démantèlement des entreprises pu-bliques et parapubliques offrants des intrants à crédit et l’a-chat des récoltes à des prix fixés par le gouvernement. Cettesituation influe négativement sur le rendement agricole’’, adéclaré le Dr Anatole Koné, gestionnaire de l’information duConseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le déve-loppement (Coraf).

C’était à l’occasion de l’ouverture, fin mars à Dakar, de l’a-telier de Formation sur les mesures d’analyse des impacts despolitiques agricoles, organisé par le Coraf en partenariat avecle Département britannique pour le Développement Interna-tional (Dfid).

Près d’une vingtaine d’experts en provenance des paysmembres du Coraf ont pris part à cette rencontre. Selon leresponsable de l’information, ‘’Le Coraf, à travers son pro-gramme politique Marchés et commerce veut fournir des in-formations aux décideurs pour améliorer la politique agricoleet créer un environnement favorables afin d’élever les ni-

veaux de la croissance économique’’. En effet, une récenteétude a montré que l’usage des résultats de recherches est li-mité, selon le Dr Koné. C’est pourquoi, dit-il, cette rencontreveut favoriser des échanges d’expériences entre chercheursdes Services nationaux de recherches agricoles (Snra) de l’A-frique de l’Ouest et du Centre sur l’utilisation des méthodesd’analyse des politiques agricoles dans le cadre de l’analysedes impacts de ces politiques mises en œuvre ou en cours d’é-laboration.

Pour le Dr Mbène Dièye Faye, gestionnaire du Programmepolitiques agricoles et Marchés économiques du Coraf, unconstat a été noté après évaluation des compétences. ‘’Ons’est rendu compte qu’il y a un déficit des ressources humai-nes et ces capacités n’étaient pas disponibles pour aider leCoraf à mettre en œuvre son programme qui lui permettraitde fournir aux décideurs politiques des outils d’aide à la prisede décision’’, remarque-t-elle. Ce qui a motivé sa structure,ajoute-t-elle, à organiser cet atelier où les participants de-vront, être capables d’utiliser au moins une méthode d’analy-se des politiques agricoles en vue de répondre aux besoins eninformations sur les impacts potentiels ou réels des politiques.

RECHERCHE AGRICOLEDes experts du Coraf à l’école des mesures

d’analyse des impacts des politiques agricoles

Dakar, de Thiès pour acheter le cageotde tomate à 10 000 F cfa bord champ.

Avec la volonté de promouvoir cettepratique et d’accompagner les marai-chers de Taleigne, 15 ha ont été aména-gés et clôturés avec des grillages. Mais,cinq hectares seulement sont actuelle-ment exploités. Et chacun des 42 memb-res de ce Gie bénéficie d’une petite par-celle pour exercer cette activité. En 2010,rappellent les villageois, Agrecol et sonpartenaire les ont équipés d’une moto-pompe et ont construit des bornes fontai-nes pour chaque membre. Ils les avaientégalement fournis des semences de to-mates, de piments pour démarrer leursactivités.

Pour cette année, il y a eu encore dessemences d’oignon bio, selon les villa-geois et presque tous ont espoir de bon-nes récoltes. Parce que, disent-ils, les par-celles ne souffrent d’aucune attaque deprédateurs et le rythme de progression del’oignon est satisfaisant. A cet effet, Papesouhaiterait que les prix proposés soientplus rémunérateurs.

Déficit de formationdes maraichers

Malgré leur optimisme, les maraichersde Taleigne rencontrent des difficultésliées au manque de formation sur lestechniques de compostage. ‘’Un Israéliennous avait formés, en quelques heures, surcette technique de compostage par en-fouissement mais cela ne suffisait pas’’,déplore Dame Dièye, un des membres duGie. A cet effet, il souhaiterait que les ma-raichers soient formés sur la méthode defabrication d’engrais naturel pour exploi-ter entièrement les 15 ha dont une partiea été exploitée en mil l’hivernage dernier.Son collègue Casa Dia abonde dans lemême sens. Pour lui, la disponibilité du fu-mier organique pose un réel problèmedans ce village. En effet, des maraichersparcourent les villages environnants à larecherche de cette matière organiquepour fertiliser leurs parcelles. C’est pour-

quoi, suggère-t-il, ‘’Nous voudrions intég-rer l’élevage bovin dans nos champs pouravoir du fumier’’, souligne Casa se réfé-rant aux recommandations du formateurisraélien.

Quant à Thioro Fall, une des maraichè-res de ce village, elle déplore les péniblestravaux d’arrosage. Elle suggère, à cet ef-fet, un autre système le goutte à gouttepour arroser leurs parcelles. ‘’Ce serait l’i-déal car, il nous épargnera de ces durs la-beurs pour la plupart d’entre nous dont laquarantaine est révolue’’, dit-elle. Quoiqu’il en soit, le Gie de Taleigne s’attèle àla recherche des partenaires nationaux etinternationaux pour mieux commerciali-ser leurs produits, étant donné qu’ils sontbio.

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MARDI DU FNRAA

La désertification est la dégradation des terres par suite desvariations climatiques ou des activités humaines. Elle entraînela baisse de la production agricole, la faim, la pauvreté, etc.Au Sénégal, pour la combattre, on reboise un peu partout.Mais aujourd’hui, après plusieurs décennies, des voix s’élèventpour réclamer un bilan.

Par Madieng SECK

Il faut oser faire un bilan et impliquer lespopulations locales dans les program-mes de reboisement dont une ‘’Jour-née nationale de l’arbre’’ leur est dé-

dié au Sénégal depuis plus de 25 ans. Cette vive critique vient de l’ancien

directeur des Eaux et Forêts du Sénégal,Bocar Sall qui a fustigé, au ‘’Mardi duFNRAA’’, l’absence de bilan dans les poli-tiques de reboisement au Sénégal. M Sallréagissait aux deux communications fai-tes lors de la rencontre du FNRAA (Fondsnational de recherche agricole et agro-alimentaire organisée, mardi mi mars, auPôle de recherche de l’Institut sénégalaisde recherches agricoles (Isra) à Hann. Lethème : ‘’La stratégie du Sénégal en ma-tière de lutte contre la désertification et lerôle de la recherche dans la protectionde l’environnement’’. Deux ingénieursdes Eaux et Forêt, le colonel Daniel Andréet Ibrahima Thomas du Centre nationalde recherche forestière (CNRF) de l’Isra,avaient animé cette intéressante confé-rence.

‘’Je suis resté sur ma faim, parcequ’on n’a pas parlé de bilan, après plusde 25 ans de reboisement au Sénégal’’, alancé dans la salle M Sall, en présenced’un public nombreux. Et l’ancien fores-tier en chef de planter un autre décor :‘’les populations locales n’étaient pasparfois impliquées dans ces reboisementsou, si elles l’étaient, il n’y avait pas un sui-vi rigoureux…’’ Il donne l’exemple de larégion de Saint Louis où ‘’le Conseil régio-nal n’a pas été impliqué sur le choix de si-

tes dans l’implantation de certaines fo-rêts ’’.

Les semences forestièressont chères

Suffisant pour réveiller la controversedans la salle, où chercheurs et experts enforesterie, allaient s’enliser dans des consi-dérations techniques. Du coup, les exploi-tants forestiers, venus des régions (Tamba-counda, Kaolack et Casamance),s’étaient faits invités dans les débats com-me sous l’arbre à palabre. ‘’On a parléde semences forestières de qualité, maiselles sont chères et nous, quand nous re-boisons, on n’est pas subventionné’’, sou-ligne Aliou Gadiaga, un exploitant fores-tier de Kaolack. Sa collègue, MmeMaïmouna Wagué, rare femme à s’adon-ner à ce métier, renchérit en ces termes :‘’On n’a pas de financements pour reboi-ser ou faire des pépinières. N’empêche,en tant qu’exploitant forestier, on a parti-cipé avec nos enfants, à la réalisation dela Grande Muraille Verte’’.

Si, à la suite de M Sall, les exploitantsforestiers ont critiqué l’absence de bilanet le manque de suivi-évaluation dans lesprogrammes de reboisement, ils ont aussifrotté leurs expériences avec les techni-ciens forestiers, obligeant même lesconférenciers à s’exprimer en ouoloffpour revenir sur certaines notions tech-niques comme la désertification, la sé-cheresse ou l’entretien de pépinières.

C’est que, dans son exposé, Daniel

avait expliqué que l’homme était au cen-tre de la désertification qui est un phéno-mène artificiel. ‘’La désertification, dit-t-il,peut donc être combattue et enrayée’’.Cependant, souligne le conférencier, si lanotion de désertification a évolué depuis1927 les institutions nationales ou sous ré-gionales, comme le Cilss (Comité interEtats de lutte contre la sécheresse au Sa-hel), ont suivi cette évolution. C’est ainsiqu’à la Conférence des Nations Uniespour l’Environnement et le Développe-ment (CNUED) en 1992, rappelle le colo-nel, une conception nouvelle est appa-rue dans le chapitre 12 de l’Agenda 21avant d’être codifiée en 1994. Elle se dé-finit ainsi : ‘’La désertification est la dé-gradation des terres (sol, eau, végétation,

faune) dans les zones arides, semi-arideset subhumides sèches par suite de diversfacteurs, parmi lesquels les variations cli-matiques et les activités humaines’’.

La dégradation desterres touche 2/3 du

territoire nationalSi la terre est dégradée par l’homme,

la sécheresse vient aggraver la désertifi-cation, soutient le conférencier. Il rappel-le les impacts de celle-ci sur l’environne-ment, la société et l’économie aveccomme conséquences : appauvrisse-ment des terres, production agricole insuf-fisante, faim, pauvreté, tension sociale,etc. C’est pour ces raisons que IsmaëlDiallo et Moussa Fall du FNRAA avaientauparavant indiqué qu’il urge d’arrêter ladégradation de l’environnement et d’en-courager les aménagements des forêtsqui, on le sait, peuvent diminuer les gaz àeffet de serre, donner une eau de qualitéet participer à la sécurité alimentaire (en-cadré). D’autant qu’au Sénégal, 70% despopulations rurales vivent des ressourcesnaturelles.

Parlant des acquis de la recherche fo-restière, Ibrahima Thomas du CNRF, est re-venu sur la dégradation des terres qui tou-che les 2/3 du territoire national. Ilrappelle, à ce propos, les enjeux identifiésdans le document ‘’Analyse Environne-mentale Pays du Sénégal’’ (Alep) et quisont : le cadre institutionnel de la gestionenvironnementale au Sénégal, la gestiondurable des écosystèmes terrestres (forêt,qualité du sol, sécurité alimentaire, biodi-versité), la gestion des ressources en eau,de la pêche (survie des pêcheurs artisans,approvisionnement en poisson des ména-ges) et la gestion environnementale ur-baine à Dakar. ‘’Ce sont ces enjeux quidictent les priorités du Sénégal’’, dit l’in-génieur du CNRF bien à l’aise dans sonélément. Mais, indique Ibrahima, ces en-jeux constituent aussi autant de contrain-tes auxquelles le CNRF contribue à trou-

POLITIQUES DE REBOISEMENT AU SÉNÉGAL

“Il faut oser faire un bilan et impliquer lespopulations locales”, déclarent les participants

Les deux conférenciers,le Colonel Daniel André et

Ibrahima Thomas du CNRF/ISRA

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Page 5: 5E ANNÉE PRIX : 500 FRS CFA MARDI DU FNRAA POLITIQUES …Au cours des échanges, les participants sont revenus sur les programmes de semen-ces d’arachide, la mécanisation de l’agriculture,

MARDI DU FNRAA

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ver des solutions. Cependant, note leconférencier, le gouvernement doitcontinuer ses efforts dans sa lutte cont-re le surpâturage, les feux de brousse, ladésertification et la salinisation des ter-res. Pour cela, ajoute le conférencier,plusieurs programmes ont été élaboréspour faire à ces phénomènes. Ibrahimacite le cas de l’adoption, en 2005, desplans d’action forestiers régionaux parles collectivités locales et la validationdu document “Politique Forestière duSénégal” qui traduisent la volonté del’Etat d’avoir une seule politique fores-tière permettant un partage équitabledes ressources forestières localiséesdans certaines zones entre toutes les ré-gions administratives du Sénégal.

Faisant le Point sur les travaux de re-cherche, Ibrahima a tenu à rappelerque le Sénégal est l’un des rares pays detoute l’Afrique de l’Ouest, sinon le seul, àdisposer encore de stations de recher-che forestière de plus de 30 ans d’âgeset qui couvrent environ 500 ha de plan-tations expérimentales dans différenteszones agro écologiques du pays.

Abordant les résultats de rechercheobtenus, il explique que les principaux

acquis portent sur l’identification desespèces forestières performantes, l’éla-boration de référentiels techniques pourles sylviculteurs, l’augmentation de ladensité des essences de valeur et l’acqui-sition d’une meilleure connaissance sur ladynamique des peuplements ainsi que leseffets de certains traitements sylvicoles surla dynamique de croissance des peuple-ments forestiers.

Eleveurs et agriculteurs,ennemis des arbres !Pour les opérations de reboisement

dans les différentes zones agro écolo-giques, le conférencier souligne que lesespèces forestières les plus performantesen termes de production ligneuse pour lafourniture en bois d’énergie, de service etd’œuvre sont identifiées. Les contraintesliées à la récolte de semences, dit-il, ontpu être levées, de même que la mise aupoint de techniques de conservation etde traitements phytosanitaires. ‘’Lestechniques de production de plants sont

maîtrisées au niveau de la pépinière ettous les schémas de production en fonc-tion des zones écologiques sont disponi-bles, indique Ibrahima.

Parlant d’amélioration des produits fo-restiers (lire encadré) il a insisté sur le choixdes essences, les conditions d’irrigation etle type de sol. C’est ainsi qu’il a soulignéla nécessité de dialoguer avec les popu-lations locales pour qu’elles soient mieuxformées et qu’elles diversifient les espè-ces à reboiser, en privilégiant les espèceslocales en fonction des zones écolo-giques. Il a donné l’exemple d’espècesdomestiquées par la recherche qui a rac-courci leur cycle de fructification : Anda-sonia digitata (Gouye en ouoloff) de 20 à5 ans, Zizyphus mauritania (Sideme) de 4à 1 an, Detarium senegalensis (Ditax) de20 à 6 ans, etc. ‘’Il faudrait nous écouteret tenir compte de nos 30 ans d’expérien-ce. Aujourd’hui, les choses ont bougé etnous ne faisons plus de l’exploitation fo-restière sauvage, car la forêt est notre ga-gne pain quotidien et nous sommes par-faitement conscients de son intérêt’’,soutient Cheikh Tidjane Ndiaye un autreexploitant forestier venu de Kaolack. Puisd’affirmer : ‘’Ceux qui abattent les arbreset les exploitent impunément de manièresauvage ce sont les agriculteurs et leséleveurs. Pas les exploitants forestiers !’’

En conclusion, les conférenciers ontremis l’homme au centre de la désertifi-cation et des politiques de protection del’environnement. Ils appellent à sensibili-ser et à responsabiliser les populations lo-cales pour qu’elles changent de compor-tement, surtout dans le contexte actuelde la décentralisation.

Faire donc un bilan et évaluer les im-pacts des activités de reboisement quiont englouti des milliards de F cfa figureparmi les recommandations. La rencontrea également retenu de former, d’impli-quer et de capitaliser les résultats de la re-cherche forestière pour une meilleure ap-proche. Il s’agit aussi de créer lesconditions d’une gestion durable du terri-toire en mutualisant les ressources finan-cières et/ou humaines, d’éviter la disper-sion des efforts et de mettre en place ungroupe de travail inter-institutionnel pourcréer les conditions nécessaires d’une lut-te efficiente contre la désertification.

mpliquer lesnt les participants

(Jade/Syfia) D’ici 2025, 1,8 milliards de personnes vivront dans des régionsvictimes de pénuries absolues d’eau et deux tiers de la population mondialepourraient être exposés à des conditions de stress hydrique, apprend Jade/Sy-fia auprès de la Fao.

Selon l’organisation onusienne, les forêts piègent et stockent l’eau, et jouentainsi un rôle important dans l’alimentation en eau de millions d’habitants desmégapoles de la planète. Partant de ce fait, le Partenariat de collaboration surles forêts (PCF), composé d’Organisations internationales sur les forêts, en appel-le à tous les pays pour plus d’attention en matière de protection et de gestiondes forêts pour l’approvisionnement en eau propre. “Les forêts font partie des in-frastructures naturelles de tout pays et sont essentielles au cycle de l’eau”, asouligné Eduardo Rojas-Briales, Sous-Directeur général du Département des fo-rêts de la FAO. “Elles réduisent les effets des inondations, préviennent l’érosiondu sol, régulent le niveau de la nappe phréatique et assurent à la population,aux industries et à l’agriculture une alimentation en eau de bonne qualité”, a-t-il encore ajouté.

Le rôle fondamental des forêtspour une eau de bonne qualité

(Jades/Syfia) Sous tutelle des ministères de l’Agriculture, de l’Economie et desFinances, le Fonds national de recherche agricole et agro-alimentaire (FNRAA),crée en 1999 reste le bras financier du Système national de recherche agrosylvopastoral (SNRASP), a soutenu son Secrétaire Exécutif, le colonel des Eaux et ForêtsPapa Sall. Le patron du FNRAA présentait son institution au public venu participerà la rencontre des “Mardi du FNRAA” sur la désertification. Parlant du cadre juri-dique, il a indiqué que le Fonds est composé de trois organes : le Comité de pi-lotage et de gestion, le Comité Scientifique et Technique et la Direction Exécuti-ve. Il a expliqué que les ressources du Fonds proviennent d’origines diversessubventions de l’Etat, contribution des partenaires au développement et du sec-teur privé, dons, legs, etc.

Pour financer les projets de recherche qui lui sont soumis, dit-il, le FNRAA dispo-se de quatre guichets : Recherche stratégique et appliquée, Recherche-Déve-loppement, Développement et diffusion de technologies et pour le guichet qua-tre adoption accélérée de technologies. Il existe deux types de soumission : unesoumission spontanée et une soumission aux appels d’offres.‘’Tous les projets fontl’objet d’une évaluation finale’’, précise le directeur du FNRAA. Au total 85 projetsde recherche pour un montant de quatre milliards de F cfa ont été financés dont35 projets du Waap (Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest(PPAAO/WAAPP-Sénégal) qui apporte ainsi un complément aux programmes deR/D financés dans le cadre du PSAOP 2 portant sur les filières prioritaires. Parmices projets figurent une faucheuse automotrice, deux livres sur le riz et la patatedouce, des travaux sur les sols salés, l’aménagement des filaos, etc.

Le FNRAA, bras financierdu système national de

(Jade/Syfia) A la Foire internationale de Dakar (Fidak), l’Institut sénégalaisde recherches agricoles (Isra) a fait étalage de son savoir faire scientifique enmatière de domestication de produits forestiers. C’est ainsi qu’il a présenté aupublic une gamme variée de fruits forestiers domestiqués allant des fruits debaobab (Andasonia digitata), aux jujubes (Zizyphus mauritania) en passantpour le ditkah (Detarium senegalensis), le tamarin (Tamarindus indica), Sabasenegalensis, etc. Pour Ibrahima Thomas, du Centre national de recherche fo-restière (CNRF) de l’Isra, la domestication de ces fruits permet d’accompa-gner les populations rurales dans leur quête d’une meilleure sécurité alimentai-re. Elle met à leur disposition, presque toute l’année durant, des alimentsnutritionnels riches en vitamines. Ces fruits domestiqués permettent aux popu-lations rurales d’améliorer leurs revenus en les commercialisant. Sur les mar-chés de Dakar, par exemple, le jujube domestiqué est vendu jusqu’à 1500 Fcfa le kilo, selon M Thomas. Ces fruits, on les trouve aussi dans les villages sé-négalais avec lesquels l’Institut est en partenariat pour pratiquer et vulgariserla domestication. ‘’A l’Isra on développe des activités de recherche pourmieux comprendre la domestication de ces fruits forestiers. Pour ce faire, il fautmaîtriser la technologie des semences forestières, savoir comment lutter avecles prédateurs’’, explique aux journalistes Ibrahima Thomas au cours d’uneconférence de presse au stand de l’institut. Il s’est aussi appesanti sur les mis-sions du CNRF qui collabore avec les populations villageoises. Quant à sa col-lègue le Dr Diaminatou Sanogo Diaité, elle est revenue sur l’approche partici-pative pour diagnostiquer les espèces prioritaires ciblées pas les populationslocales. ‘’Dans le bassin arachidier, on a pu constater que le fruit du baobabest la première espèce prioritaire’’, a-t-elle indiqué. En prélude à cette rencon-tre avec la presse, Macoumba Diouf, directeur général de cet institut, avait in-sisté sur le rôle de l’Isra dans la recherche forestière, rappelant que l’idéemême de projet de ‘’village forestier’’ est un concept de l’Isra mais qui est au-jourd’hui transféré aux services des Eaux et Forêts.

Domestication des fruits forestiers,l’Isra étale son savoir faire scientifique

Dr Pape Sall,Directeur du

Fnraa

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ACTUALITÉ

(Jade/Syfia) Pêcheurs industriels et artisans, société civile vo-guent ensemble depuis quelques semaines pour protestercontre la présence de 22 chalutiers pélagiques étrangers. UnePêche ‘’illégale et dangereuse’’ pour prendre plus d’un millionde tonnes de pélagiques, ce qui menace la sécurité alimen-taire des Sénégalais.

ADakar, Mbour et Kayar, industriels, pê-cheurs artisans, armateurs, mais aussimembres de la société civile ont vigou-

reusement manifesté, fin mars, pour dire nonaux ‘’autorisations illégales’’ de pêche ac-cordées par le gouvernement du Sénégal à22 chalutiers pélagiques étrangers russes, bé-liziens, mauriciens, ukrainiens et comoriens

Si à Dakar, la marche du GAIPES (Grou-pement des armateurs et industriels du Sé-négal), un syndicat patronal, a été vio-lemment réprimée, à Mbour et à Kayar,deux des plus grands quais de pêche arti-sanale du pays, mareyeurs, transformatri-ces et pêcheurs artisans étaient tous dansles rues pour crier leur ras le bol. ‘’Halte auvol de poisson !’’, ‘’C’est Mbour pour quiva piloter la lutte !’’, lisait-t-on sur les pan-cartes des manifestants très en colère.

Mi mars, à l’issue d’une conférencede presse organisée à Dakar par le GAI-PES, ces mêmes acteurs s’étaient coali-sés pour s’opposer à cette décision desautorités sénégalaises. C’est cette coali-tion qui a protesté pour dénoncer les dé-rives du ministère de l’Economie Maritimequi a autorisé ces chalutiers pélagiquesétrangers à venir pêcher dans les eauxsous juridiction sénégalaise. Des chalutiersprésentant près de 200 000 tonneaux dejauge brute (Tjb), soit 15 fois la capacitéde toute la flotte industrielle sénégalaise,selon un communiqué du GAIPES.

Pêche illégale etdangereuse

Cette pêche de bateaux étrangers,beaucoup d’observateurs la considèrentcomme ‘’illégale et dangereuse’’. En ef-fet, ces mastodontes de 100 m de long,sont des navires équipés d’engins de pê-che ‘’pouvant aspirer toute la flore anima-le et végétale’’ en mer. Ces bateaux pê-chent des pélagiques côtiers (sardinelles,chinchards, maquereau). Des espècesqui, on le sait, constituent l’essentiel de l’a-limentation de base des populations séné-galaises en protéines animales et jouent unimportant rôle dans la chaîne alimentaire.Outre leurs activités de pêche, ces ba-teaux congèlent, transforment et font dela farine de poisson. De quoi relancer la

controverse sur leur présence dans leseaux sénégalaises, considérées naguèrecomme l’une des plus poissonneuses enAfrique de l’Ouest. Il est bon de rappelerque certains de ces chalutiers pélagiquesrusses avaient déjà pêché dans les eauxsénégalaises entre mars et mai 2010. Cequi avait entraîné le limogeage de l’an-cien directeur national de la Pêche Mariti-me.

‘’Dans six mois, il n’y aura presque plusde poisson au Sénégal, ces bateaux pira-tes auront tout pompé ’’, avait affirméDougoutigui Coulibaly, le secrétaire gé-néral du Gaipes lors de la conférence depresse de cette union patronale. PourGaoussou Guèye, secrétaire général de

la Confédération africaine des organisa-tions de la pêche artisanale (CAOPA), lespêcheurs vont être très fatigués avec cet-te ‘’pêche illicite’’ mais les consomma-teurs sénégalais, eux aussi, risquent de neplus manger de poissons pélagiques. ‘’Lamer est pillée et l’Etat laisse faire. C’est lacatastrophe ! Mais nous n’accepterontpas que les ressources du Sénégal soientvendues à des bateaux étrangers.’’, a-t-ilrépété à Mbour, à la marche de protes-tation. Puis d’ajouter : ‘’C’est nous ac-teurs de la pêche qui devons être mobili-

sés comme un seul homme…’’Si l’on en croit certains observateurs,

on est donc loin d’une pêche durable qui

maîtrise l’effort de capture de manière àpréserver la capacité de renouvellementdes stocks de poissons et l’optimisation deleur exploitation. C’est ce principe de pê-che durable (lire encadré) qui sert ausside base au renforcement de la collabora-tion entre les scientifiques et les pêcheurs.

Un million de tonnesde pélagiques… à

prendre ! Du côté du ministère de l’économie

maritime, on récuse toutes ces allégationspour expliquer que ces ressources péla-giques ne font pas partie du patrimoinehalieutique national. ‘’Ces pélagiquesfont plus de 1 million de tonnes. Ils transitentdans nos eaux pour aller en Mauritanie et

revenir. S’ils ne sont pas pêchés, le stockmeurt. Le Sénégal a donc souverainementdécidé d’exploiter une partie de cette res-source, afin que le Trésor public puisse enbénéficier, à l’instar des autres pays limitro-phes”, soutient le ministre de l’EconomieMaritime Khouraïchi Thiam face à la pres-se. Pour convaincre, il donne l’exemplede la Mauritanie qui vend à 37 dollars US latonne de pélagique, le Maroc 26,5 dollars,alors que le Sénégal est à 35 dollars.

Mais, selon le GAIPES et les pêcheurssénégalais, ces bateaux pourraient pê-cher près de 300 000 tonnes de petits pé-lagiques. La contrepartie financière seraitde 17 F cfa par kilo de poisson, soit prèsde 5 milliards F cfa au total. Or, le prix dupoisson pêché est estimé au minimum à400 F cfa le kilo. Ce qui fait un manque àgagner total de 115 milliards de F cfa, quiéchapperont au Sénégal. De plus, disentles pêcheurs, dans ce type d’opération, ilest admis que 30 % de la valeur des cap-tures sont réservées à la partie qui donneles licences, ce qui représenterait 36milliards de F cfa. Or, le schéma retenun’apporte que cinq milliards de F cfa autrésor public...

Dans cette querelle, le CRODT (Centrede recherche océanographique de Da-kar Thiaroye), une voix scientifique, re-commande une réduction d’au moins50% de l’effort de pêche sur ce stock,‘’pour éviter une crise écologique’’ com-me le dit si bien Greenpeace Afrique.C’est dans ce sens, d’ailleurs, que l’orga-nisation écologiste exhorte le gouverne-ment à revenir sur sa décision.

Quoi qu’il en soit, le poisson manqueau Sénégal et coûte de plus en plus chersur presque toute l’année. Ce qui pousseles pêcheurs artisans à aller pêcher chezles voisins Mauritanie, Gambie, Libéria,Guinée Conakry et Bissau pour assurer lasécurité alimentaire des Sénégalais

Le concept de pêche durable et responsable a pris son essor en 1995 quand la FAO(Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a établi son ‘’Codede conduite pour une pêche responsable’’ qui constitue un guide à l’usage de tousceux qui ont affaire à la gestion des pêches. Le point principal est la maîtrise de l’effortde capture de manière à préserver la capacité de renouvellement des stocks de pois-sons et l’optimisation de leur exploitation. Ce principe sert de base au renforcement dela collaboration entre les scientifiques et les pêcheurs, les premiers mettant leurs inves-tigations à la disposition des seconds et contribuant ainsi à la mise au point de solutions.Les chercheurs travaillent en réalisant des campagnes de prélèvements en mer et enanalysant les captures des pêcheurs…pour alerter les décideurs politiques.

Pêche durable, c’est quoi même ?

Sénégal : La pêche en eaux troubles

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CONTRIBUTION

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La délivrance d’autorisations de pêcheà des chalutiers pélagiques étrangerscontinue à polluer l’atmosphère entre

les professionnels du secteur et le Ministrede l’Economie maritime. Nous avions crudevoir, en notre qualité d’ancien direc-teur de l’Océanographie et des Pêchesmaritimes, apporter des éclaircissementspour faciliter la compréhension du pro-blème.

Nous avions rappelé, il n’y a pas long-temps, « les accords de pêche secrets »,puis donné quelques informations sur labiologie des pélagiques côtiers, décrit lechalut pélagique, cité des articles perti-nents du code de la pêche, (loi 98-32 du14 avril 1998 et son décret d’application98-498 du 10 juin 1998 en vigueur) , avantde faire une proposition tenant comptedu rang de notre pays et à l’importancede la pêche dans son économie. Pourrappel, la pêche a représenté 1,7% duPIB et 12,7% des recettes d’exportationen 2009. Nous sommes malheureux deconstater, que certains ont réussi àconvaincre les autorités gouvernementa-les que des ressources financières impor-tantes pouvaient être encaissées par letrésor public, en autorisant des chalutierspélagiques à opérer dans les eaux séné-galaises d’une part et de l’autre, que lechalutage pélagique était inoffensif.

Notre présente contribution n’a d’aut-re dessein que d’éclairer davantage noscompatriotes sur la pratique de la pêchepélagique et d’attirer l’attention des dé-cideurs sur les risques de dégradation desstocks nationaux de poissons pélagiques,liés à la présence dans notre ZEE (Ndlr :Zone économique exclusive) de ces cha-lutiers étrangers, ainsi que les conséquen-ces désastreuses sur le plan économiqueet social tant au niveau de la pêche qu’àcelui de l’économie nationale.

RappelLes pélagiques côtiers, la sardinelle

ronde (yaboye meureuk) notamment,constitue un stock unique subdivisé entrois sous-stocks dont deux constitués dejuvéniles et de jeunes reproducteurs. Ilexiste deux nurseries localisées respecti-vement à l’extrême nord de la Mauritanie

et au Sénégal sur la petite côte. Le 3ème

sous-stock est constitué d’adultes qui,avec leurs pontes, assurent l’essentiel durecrutement des deux nurseries. Les jeu-nes reproducteurs, à leur tour, assurent lerecrutement du sous stock adulte. Dèslors, toute surexploitation d’une des troiscomposantes du stock a, fatalement, desconséquences néfastes sur les deux aut-res, d’où la nécessité d’une gestionconcertée par la Mauritanie, le Sénégal,la Gambie et la Guinée Bissau.

Le Sénégal a la double particularitéd’avoir une pêche pélagique artisanaletrès active et les pélagiques constituent80% du poisson consommé par les popula-tions sénégalaises. Par contre, la Maurita-nie n’a pas une pêche pélagique artisa-nale et sa population ne consomme pasbeaucoup de poisson. Quant à la GuinéeBissau, elle aussi n’a pas une pêche péla-gique artisanale développée et n’héber-ge pas, non plus, un sous stock juvénile.C’est le sous-stock adulte qui est exploitépar les chalutiers pélagiques étrangersopérant dans toute la sous-région.

Le ministre chargé de la pêche répèteinlassablement, à tort, qu’en ne permet-tant pas l’exploitation des pélagiques cô-tiers de passage dans sa ZEE, le Sénégalperdait des ressources financières impor-tantes. Il soutient qu’il y a un stock de1,450 millions de tonnes qui n’est pas endanger. Pourtant, à la 7ème réunion dugroupe de travail de la FAO sur l’évalua-tion des petits pélagiques au large de l’A-frique nord-occidentale, tenue à Agadir,du 17 au 26 avril 2007, il est apparu que lestock de sardinelles rondes est surexploitéet qu’une diminution de l’effort pour lapêche totale d’au moins 50% sur les deuxespèces de sardinelles a été recomman-dée. Le chinchard blanc est surexploitéet le chinchard noir pleinement exploité,une diminution de 20% de l’effort actuelest recommandée pour ces espèces.

Il faut retenir que ce sont les répercus-sions d’une surexploitation du stock adul-te, migrateur, sur le recrutement des nur-series qui sont au centre du débat.Quand bien même le sous-stock adulteserait-il inaccessible aux pêcheurs artisans

et industriels sénégalais, sa surexploitationa des répercussions négatives sur les pê-cheries de notre pays qui héberge unenurserie. Ainsi, se justifie la légitime protes-tation des pêcheurs artisans et industrielssénégalais. L’introduction d’une vingtainede chalutiers pélagiques entraine, en ef-fet, une surexploitation. Ces navires sontsoit des congélateurs, presque toujoursaccompagnés de cargos dans lesquels,ils transbordent leurs captures, ce qui leurpermet d’accroître considérablementleur temps de pêche, soit de bateaux-usi-nes qui font toutes les opérations de trans-formation à bord : produits élaboréscongelés, farine et huile poisson notam-ment.

Dans l’avant dernier protocole (1997-2001) signé entre le Sénégal et l’Union eu-ropéenne, sous l’égide de leur accord-cadre de pêche, 22 chalutiers pélagiquescongélateurs avaient été autorisés à pê-cher dans les eaux sénégalaises. Toute-fois, pour éviter une pression de pêchetrop forte, la précaution de ne pas autori-ser à pêcher plus de six bateaux à la fois,avait été prise. C’est le lieu de saluer lamémoire de feu Arona DIAGNE, pêcheurartisan de Mbour dont les pleurs après lasignature du protocole précité, retransmispar Walf FM et Sud FM, résonnent encoredans nos oreilles. Suite à cet événementanecdotique, les possibilités de pêcheaccordées par le Sénégal n’ont jamaisété utilisées par l’Union européenne, bienque la contrepartie financière correspon-dante ait été intégralement été versée.

Les communiquésdu GAIPES et du

Ministère del’Economie Maritime

a) Le Communiqué du GAIPES.Il est exagéré de soutenir que les navi-

res concernés sont équipés d’engins depêche spéciaux pouvant aspirer toute laflore animale et végétale à des kilomètresà la ronde. Le chalut pélagique, person-ne n’en doute, est un engin de pêchedestructeur dont l’ouverture peut être es-timée à environ 80 m2. Le système d’aspi-ration sert au déversement rapide ducontenu du chalut sur le bateau. L’équi-page n’a pas, ce faisant, à le remonter àbord pour procéder à un débarquementclassique. Le système d’aspiration évo-qué permet un gain de temps qui vaaugmenter les heures de pêche du ba-teau.

b) Le Communiqué du MEM. D’abord, il convient de rappeler

qu’un navire de pêche étranger n’estautorisé à pêcher dans les eaux sénéga-laises que dans le cadre d’un accord depêche ou dans celui d’un affrètement(art 16, loi 98-32 du 14 avril 1998, code dela pêche).

Les chalutiers congélateurs introduitsactuellement dans la ZEE sénégalaise pê-chent vraisemblablement soit :

dans cadre d’affrètements dont lesmodalités sont précisées aux articles 23 et24 du décret 98-498, portant applicationde la loi susvisée. Toutefois, il apparaîtque l’affrètement tel qu’il est compris parle MEM ne serait pas celui prévu par le

code de la pêche. Selon le Code, seulsles bateaux de pêche fraiche affrétés etles navires de recherche sont autorisés àopérer sous le couvert d’un arrêté (art 31,loi 98-32 code la pêche et article 26, dé-cret 98-498 du 10 juin 1998) ;

dans le cadre d’un contrat que l’Etataurait signé avec des armateurs, cequ’aucun des 96 articles de la loi 98-32 du14 avril 1998 et des 70 articles du décret98-498 du 10 juin 1998 ne permet

Par conséquent, les autorisations ac-cordées par le Ministre de l’Economiemaritime ne sont pas conformes auxdispositions légales et règlementaires ré-gissant les activités de pêche dans leseaux sénégalaises.

Ce qui précède précise, le communi-qué du Ministère de l’Economie Maritime(MEM,) dont on ignore le signataire, ap-pelle quelques remarques :

il y a antinomie entre le titre « autori-sation de pêche pélagique et l’interdic-tion absolue d’utiliser un autre système depêche que le chalut classique à maille de70 mm ». La pêche industrielle des petitspélagiques en général, les sardinelles enparticulier, est pratiquée avec des chalutspélagiques et une maille de 50 mm ouavec une senne tournante avec unemaille de 28 mm pour la pêche artisanale(article 32, décret 98-498). Le chalut clas-sique avec une maille de 70 mm est sur-tout utilisé pour la pêche des poissons etcéphalopodes thiofs, dorades, soles, sei-ches, poulpes etc. Par conséquent, nouscomprenons difficilement qu’un armateur« honnête » accepte qu’on lui imposed’utiliser une maille de 70 mm !

La totalité des captures d’un bateauaffrété doit être débarquée au Sénégal(article 24, alinéa c, décret 98-498, 10 juin1998) et la moitié de l’équipage, état ma-jor exclu, constituée par des inscrits mariti-mes sénégalais (art 24, alinéa f, décret 98-498 du susvisé). Nous ne sommes pas sûrsque ces deux dispositions aient été prisesen compte dans les autorisations de pê-che « accordées en toute souveraineté» et si tel est le cas, ce serait une autreviolation de la loi.

A toutes fins utiles, nous attirons l’at-tention sur les désagréments connus parles observateurs mauritaniens embarquéssur des chalutiers pélagiques de très grostonnage ; ils ont rarement la possibilitéd’apprécier les quantités pêchées etstockées dans les chambres froides desbateaux qu’ils doivent inspecter etcontrôler. Les commandants des bateauxn’hésitent pas à abaisser fortement latempérature des chambres de stockagede très grande capacité. Partant, les obs-ervateurs, même correctement équipés,restent, le moins de temps possible, dansune atmosphère quasi-sibérienne. Aussi,la contrevaleur des espèces nobles cap-turées accessoirement et dont le prix est10 fois supérieur à celui des petits péla-giques n’est-il presque jamais prise encompte dans le calcul de la valeur descaptures, parce que non déclarés. Il enest de même de la quantité de farine etd’huile fabriquée à bord. Il faut noter quela tonne de farine produite à bord desditschalutiers en Mauritanie et au Maroc vaut600 dollars.

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AUTORISATIONS DE PECHE ACCCORDEES A DES CHALUTIERS PELAGIQUES CONGELATEURS ETRANGERS :

UN COMMUNIQUE PEUT-IL PERMETTRE CE QUE LA LOI N’AUTORISE PAS ?«Ceux qui ne savent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter»

Par Dr Sogui DIOUF - Vétérinaire

ABONNEMENT AGRI INFOSNom et Prénom ……………………………………………………….Structure ……………………………………………………….…………Adresse …………………………………………………………….……..Tél :………….. …Fax :….…………… Mail : ……………………….....Nombre d’exemplaires : ……………………………………………...

Paiement par chèque/virement à l’ordre deJade-Sénégal BP 17130 Dakar-Liberté

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Sénégal (12) mois 6000 F cfa + 4000 F cfa frais d’envoi

* Afrique Uemoa (12) mois 7500 F cfa + 5000 F cfa frais d’envoi

* Europe (12) mois 8500 F cfa + 7000 F cfa frais d’envoi (25€)

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ACTUALITÉ

(Jade/Syfia) En eaux troubles, la pêche au Sénégal a plané sur larencontre de la Commission sous régionale des pêches (Csrp) quilançait, fin mars, à Dakar son nouveau Plan stratégique. Elle a dé-ploré l’exploitation excessive des ressources halieutiques dans lasous région. Une exploitation excessive facilitée par des politiquesincohérentes des Etats membres.

que c’est ce plan d’orientation qui les apoussés à vouloir s’améliorer. A ce pro-pos, il a déploré l’exploitation excessivedes ressources halieutiques dans la sousrégion. Une exploitation excessive facili-tée par des politiques incohérentes dansle secteur. Parlant de la pêche illicite, nondéclarée et non réglementée (pêche

INN), M Kane explique que c’est un pro-blème majeur dans la sous région. ‘’Elleconstitue, dit-il, une contrainte majeuredans l’effort visant à gérer de façon dura-ble les ressources halieutiques, mais c’estparce que les Etats membres de la Csrpont peu de moyens pour assurer la sur-veillance de leurs eaux territoriales’’

CSRP : Un Plan stratégique pour mieuxgérer les problèmes de la pêche

Pour mieux gérer le caractère régionaldes problématiques de la pêche enAfrique de l’Ouest, la Commission

sous régionale des pêches (Csrp) a définiun nouveau plan stratégique (2011-2015)lui permettant de disposer d’une visionclaire de son développement, a soutenuKane Ciré Amadou, son secrétaire géné-ral.

M. Kane, procédait, fin mars à Dakar,au lancement officiel du plan stratégiquede la Csrp, en présence du ministre gam-bien de la pêche, monsieur Lamine KabaBajo, président en exercice de la Confé-rence des ministres de la Csrp, ainsi quedes représentants des Etats membres etde plusieurs invités.

‘’Il faut renforcer la coopération et lepartenariat avec les bailleurs de fonds’’,a estimé M Kane, parlant du financementde ce plan qui pourrait apporter un souf-fle d’oxygène aux deux premières annéesde sa mise en œuvre. ‘’A partir de 2013nous pourront alors compter sur nos par-tenaires pour des financements’’, a parailleurs indiqué le secrétaire général de laCsrp dont le budget est estimé à 5 millionsde dollars avec 13% d’apport des Etats

membres.Le nouveau plan stratégique qui cher-

che à promouvoir une gestion durabledes pêcheries dans les pays de la Csrpcherche à évoluer en une organisation in-contournable dans la réalisation des ob-jectifs des Etats membres.

Pour déterminer l’orientation de laCsrp à mieux remplir son mandat, ce planvise huit objectifs stratégiques parmi les-quels : Faire de la Csrp une institution deréférence et d’innovation dans le secteurde la pêche ; renforcer les mécanismesd’harmonisation des politiques et des lé-gislations de pêche; promouvoir l’imageet les actions de la Csrp auprès des par-ties prenantes ; améliorer la gouvernan-ce interne ; promouvoir des approchesnovatrices dans la gestion des pêches ;mettre en place un système de capitali-sation des connaissances sur le secteuret enfin renforcer la coopération et l’é-change avec des organisations activesdans le domaine de la pêche.

Auparavant, M Kane avait rappeléqu’un plan d’orientation (2002-2010) s’é-tait déjà intéressé aux politiques d’amé-nagements et à la recherche, soulignant

Pour comprendre l’opposition des professionnels de lapêche artisans comme industriels à l’introduction d’unevingtaine de chalutiers pélagiques dans les eaux sénéga-laises, il convient de retenir ce qui suit :

1/ La loi 98-32 et le décret 98-498 sont, à notreconnaissance, les seuls textes régissant l’exercice de lapêche dans les eaux sénégalaises. La pêche est une ac-tivité économique trop importante où on ne doit pas sepermettre des élucubrations et autres expérimentations ;

2/ Le chalut pélagique est un engin dévastateur quicapture tout ce qui se trouve sur son passage, aussi bienles poissons de surface comme les sardinelles, que lespoissons de fond notamment les thiofs et dorades ;

3/ Les 22 chalutiers étrangers autorisés à pêcher re-présentent une capacité de pêche trop importante d’oùsurexploitation et répercussion sur les 2 autres sous-stockscomposés respectivement de jeunes reproducteurs et dejuvéniles. La nurserie située sur la petite côte ne recruterapas suffisamment de juvéniles qui plus tard devaient de-venir des jeunes reproducteurs devant alimenter le sous-stock adulte. De ce fait, les possibilités de pêche des pê-cheurs sénégalais seront réduites. Même chez leshumains, une hécatombe des adultes (surexploitation)est généralement suivie d’une baisse des accouple-ments et des naissances (recrutement) et il existe unenurserie sur la zone de Mbour. La protestation des profes-sionnels est légitime et en faisant de l’inaccessibilité despêcheurs et armateurs sénégalais au stock adulte setrouvant au-delà des 20 à 35 milles marins, le MEM nenous semble pas comprendre ce qui est en jeu ;

5/ Les pêcheurs artisans et armateurs sénégalais ex-ploitent les jeunes reproducteurs et les juvéniles. Cette ex-ploitation doit se faire de façon responsable. L’article 3de la loi 98-32 dispose « La gestion des ressources halieu-tiques est une prérogative de l’Etat. L’Etat définit, à cet

effet, une politique visant à protéger, à conserver ces res-sources et à prévoir leur exploitation durable de manièreà préserver l’écosystème marin. L’Etat mettra en œuvreune approche de prudence dans la gestion des ressour-ces halieutiques» ;

6/ L’affrètement de navires de pêche étrangers nepeut être autorisé, qu’à titre exceptionnel, pour faire faceà des difficultés d’approvisionnement des usines. L’auto-risation définit les conditions de l’affrètement dont l’obli-gation de débarquer la totalité des captures, ainsi quecelle d’embarquer des inscrits maritimes sénégalais àhauteur de 50% de l’équipage, état-major exclu. Nous se-rions extrêmement heureux si l’on nous confirmait queces conditions sont remplies car si elles ne l’étaient pas ceserait une violation supplémentaire de la règlementa-tion. Les bateaux pouvant être affrétés sont énumérésdans le décret 98-498, les chalutiers congélateurs péla-giques n’en font pas partie : la législation en vigueurn’autorise pas l’affrètement de chalutiers congélateurspélagiques.

7/ Les membres de la quasi-totalité des organisationsprofessionnelles de pêche ayant manifesté leur opposi-tion à l’introduction des chalutiers pélagiques dans leseaux sénégalaises, il serait intéressant de connaître l’iden-tité des affréteurs. S’agit-il de véritables armateurs connusou d’illustres inconnus mobilisés en la circonstance ?

8/ Le Sénégal est un Etat de droit, nul n’est au dessusde la loi. Un simple communiqué ne peut pas rendre lé-gal ce que la loi n’autorise pas.

L’affrètement de chalutiers pélagiques congélateursn’étant pas autorisé par la législation en vigueur (art 24,alinéa a, décret 98-498), le communiqué du MEM n’aqu’un seul intérêt : ce qui était nié jusqu’à ce jour est àprésent avoué. Les ressources halieutiques sénégalaisesrestent, quant à elles, toujours en danger. Les avis des

chercheurs du CRODT dont l’expérience est régulière-ment sollicitée au niveau international méritent d’être prisen compte. Du reste, lors de la réunion de la commissionconsultative d’attribution des licences de pêche(CCALP) du 10 décembre 2010, le représentant duCRODT a marqué son désaccord total à la délivrancedes autorisations de pêche sollicitées. Nous ne le répéte-rons jamais assez, l’avis scientifique est capital dans cegenre d’opérations.

Cacher que des bateaux ont été autorisés à pêcherest possible, la liste des navires autorisés à pêcher dansnotre ZEE est établie par la DPM mais sa notification auxpatrouilles de surveillance n’est pas de son ressort. Com-me dans l’affaire dite « des accords de pêche secrets »des instructions orales pourraient être données pour nepas laisser de traces. Pour réduire les possibilités de dissi-mulation, on devrait après établissement de la liste préci-tée par la DPM, la faire contresigner par la direction duTrésor public et la diffuser largement et pourquoi pas la «poster » sur le site web du Gouvernement. Tout pêcheurrencontrant en mer, un bateau en pêche pourrait ainsi,vérifier si celui-ci opère légalement ou non.

En conclusion, nous considérons que les rédacteursdu communiqué du MEM ont été mal inspirés et les auto-risations de pêche délivrées, ne l’ont pas été dans desconditions conformes aux dispositions législatives et règle-mentaires en vigueur. Déclarer que «le Sénégal a souve-rainement décidé d’exploiter une partie des ressourcespélagiques côtières afin que le trésor public puisse en bé-néficier à l’instar des autres pays limitrophes, ce que refu-se certains membres de la profession » ne rend pas léga-le la pêche de chalutiers pélagiques congélateursétrangers dans les eaux sous juridiction sénégalaise. Lasouveraineté ne peut pas s’exercer en dehors de la loi.

Dr Sogui DIOUF Vétérinaire ([email protected])

AUTORISATIONS DE PECHE ACCCORDEES A DES CHALUTIERS PELAGIQUES CONGELATEURS ETRANGERS :

UN COMMUNIQUE PEUT-IL PERMETTRE CE QUE LA LOI N’AUTORISE PAS ?

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