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Lionel Briot Sylvie Lançon-Vernica Stéphane Noël Édouard Dunand

5e Vagabondages photographiques

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Lionel BriotSylvie Lançon-VernicaStéphane NoëlÉdouard Dunand

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Stéphane Noël 

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Hommage à l’imagePour que l'expér ience se pérennise, la c inquième édi t ion des Vagabondages Photographiques reste en recherche de stabilité et cer tainement de renommée. La quête de sens dans la photographie documentaire contemporaine est toujours le cadre de la manifestation, un état d’esprit que partagent les photographes qui nous font l’amitié d’exposer au fort Napoléon. Comme pour chaque édition, on retrouve des professionnels et des amateurs passionnés, et tous unissent leurs efforts pour construire un propos à la fois personnel et s’intégrant dans la diversité, sans jamais du reste briguer un quelconque consensus. La tâche n’est pas aisée puisqu’il s’agit de marcher dans les pas des grands événements dédiés à la photographie documentaire. Même si nous sommes conscients de la modestie du projet, nous sommes très heureux de nous inspirer de manifestations majeures et aussi diverses que Visa pour l’image (Festival international de photojournalisme de Perpignan), Chroniques Nomades (événement célébrant la photographie de voyage et d’aventures qui s’est déroulé cette année à Reims), le festival Images Singulières (Sète) ainsi que de publications papier ou électronique comme la revue Œil Public qui ne paraît malheureusement plus aujourd’hui ou l’excellente et élégante Polka que le grand public (la vilaine expression) commence enfin à découvrir. Le vagabondage est une façon d’arpenter le monde, et sa quête dans le cas présent est la rencontre de l’autre dont on fige un instant de vie sur un support. Finalement, il y a là une générosité de la part des êtres photographiés qui font don de leur image, d’où l’importance de la relation qui se noue auparavant avec le photographe. Dans ce monde idéal, il ne vole pas d’image et ne viole pas la conscience de celles et ceux qui acceptent l’intrusion de l’objectif dans leur

quotidien. Clic Clac feu Kodak, l’expression se charge des sels du passé, la révolution numérique ayant guillotiné des savoir-faire et des automatismes pour mettre en place un nouveau pouvoir et d’infinies possibilités avec notamment l ’ invent iv ité débr idée qu’autorise le logiciel d’image, en quelque sorte l’ancienne étape du " labo". Voilà pour la théorie... car l’appareil photo ne fait toujours pas le photographe, même s’il lui facilite la vie. Demeure "l’œil  ", un talent ou un don de l’observation que l’on travaille au fil du film (jadis), dans la rigueur d’un champ de pixels (aujourd’hui), même si d’ailleurs l’argentique survit pour le grand bonheur des esthètes. Photographier c’est encore et toujours savoir regarder. Il est donc facile d’accumuler des images, de les stocker, de les (re)travailler, de les imprimer chez soi etc. Le déclenchement demeure encore au service de l’intuition du moment, un art et une technique qui s’affinent avec la pratique et les rencontres. Selon le romancier américain Jim Harrison : "La responsabilité de l’écrivain est de donner une voix aux gens qui n’en n’ont pas". Je crois que le photographe participe à cette philanthropie moderne. Pour cette cinquième édition, nous avons réuni quatre photographes aux parcours et aux propos différents et qui se complètent en montrant l’incroyable variété du monde. La Roumanie paumée de Sylvie Lançon-Vernica interpelle la Birmanie hermétique de Lionel Briot alors qu’en jouant une partition d’apocalypse les visages des charbonniers, traités à la gomme bichromatée de Stéphane Noël, provoquent l’étonnante vitalité du New York d’Édouard Dunand. L’humanité est à la fois une et diverse, la photographie nous le rappelle en noirs, blancs et couleurs.

Jean-Christophe Vila, Darjeeling, 29 mai 2012

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Un peu avant l’aube Jusqu’à la fin des années 90, séjourner en Birmanie relevait presque de l’impossible. Alors que la junte militaire en place imposait violemment sa dictature sur les affaires internes, elle décrétait 1996 "année du tourisme"   ! Un visa de 28 jours était désormais accordé aux visiteurs étrangers avec une restriction particulière à certaines régions. Quinze ans plus tard, la junte laissait "officiellement " la place à un pouvoir civil dirigé par l’un de ses anciens généraux. En novembre 2011, Aung San Suu Kyi est libérée et siège pour la première fois, en juillet 2012, comme députée au Parlement. Et si le poids de la hiérarchie militaire reste toujours prépondérant dans les faits, la " Dame de Rangoon" poursuit son combat pour la démocratie et la paix en Birmanie.

Mon expérience birmane diffère radicalement du "voyage photographique" comme on peut l’entendre habituellement. En novembre 1997, j’accompagne le photographe Jean Larivière au cours de l'une de ses expéditions autour de la planète afin de réaliser une campagne publicitaire sur le Lac Inle au centre du pays. Au fur et à mesure que notre travail avance, l’envie d’explorer par moi-même devient de plus en plus pressante. Durant les rares moments où je peux y consacrer du temps, je m’attache alors à observer les habitants : leurs mouvements quotidiens ou intimes, leur façon de se croiser et de se rencontrer autour des eaux calmes du lac, ou plus au sud sur les rives de la Yangon River à Rangoon. Ces instants se résument le plus souvent à ces heures si particulières entre le crépuscule et l’aube.

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TraianCes photos de la vie à Traian, un petit village de la Moldavie, région du nord-est de la Roumanie, je les ai prises au cours des treize dernières années. Je me suis tout de suite sentie proche de ces villageois, européens et latins comme nous. Là-bas le temps semble s’être arrêté et la vie demeure proche de la nature et réglée par les saisons. J’aime imaginer que la vie de mes grands ou arrière-grands-parents devait être ainsi liée à la terre. Actuellement, des choses changent, beaucoup de jeunes sont partis, mais dans les villages on trouve encore les charrettes, les vaches, les puits… et mes photos pourraient être prises aujourd’hui. Les citadins pour la plupart sont, eux aussi, reliés à cette nature par une grand-mère, ou quelqu’un de la famille qui peut leur donner les œufs, le lait pour les enfants, ou la semoule de maïs qui permet de faire la mămăligă, sorte de polenta qui était il y a peu encore l’aliment de base de la Roumanie. Dans mes nombreux voyages (la plupart en Asie) c’est toujours la vie quotidienne des gens et tous les détails qui participent de la différence de culture que je cherche à capter. Mon approche photographique en Roumanie, va dans le même sens, mais le chemin est un peu différent. En effet c’est là-bas que je me suis mariée avec Félix, qui est de Traian et j’y suis retournée très souvent. J’étais pendant un temps “la Française qui se promène toujours avec son appareil photo”. Mes contacts étaient cordiaux, car les Roumains en général sont de nature gentille et hospitalière et puis, avec un sourire et de la bienveillance la parole n’est pas toujours indispensable. Mais avide de tout comprendre, j’ai appris la langue et comme je n’hésitais pas à engager la conversation, malgré mon roumain très approximatif, les rapports sont devenus plus personnels et plus amicaux. Ils se sont amusés, puis habitués à ma grande curiosité pour leur ordinaire qui est pour moi extraordinaire. Mes photos montrent une image de tranquillité et d’harmonie, qui existe vraiment, mais qui est sans doute plus perceptible pour nous visiteurs. Et je n’oublie pas leurs difficultés à vivre au jour le jour.

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Sur les chemins de la finitudeAprès une formation scolaire en arts graphiques, Stéphane Noël obtient un diplôme en photographie à l’I.L.F.O.P en 1995. Dans son travail, il cherche avant tout la rencontre. Il prend son temps, celui de l’écoute, du partage, de l’observation… et trouve ainsi les instants privilégiés, ces moments où on a la chance de percevoir l’éclat d’un regard, où les sourires se dessinent lentement sur les visages, où la lumière sculpte le décor et offre un caractère intemporel à ses images.

En 2004 son ami liégeois et photographe Jean Janssis lui enseigne la technique du tirage à la gomme bichromatée. Il tombe littéralement amoureux de ce procédé si proche de ses convictions photographiques. Chaque image se mérite, chaque tirage est unique et la fait découvrir chaque fois différemment. Après diverses expositions de ses épreuves noir et blanc en Belgique (d’où il est originaire), France et Espagne, Stéphane Noël expose pour la première fois ses tirages pigmentaires (terre de Cassel) à la gomme bichromatée avec le parrainage d'Auxipress (juin 2011).

Aujourd’hui, sa démarche de photographe est clairement axée sur la recherche de la finitude : la fin des charbonniers, les derniers moments de la vie, des choses comme des êtres. Témoignage ultime.

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New York Ville mythique, je l’avais imaginée,  rêvée, idéalisée. À toutes les époques je l’avais parcourue, au travers du cinéma, de la photographie ou de la musique. Il me semblait la connaître par cœur.  Dès l’arrivée, à l’arrière du taxi jaune, au premier pont de fer franchi, à la première vue de Manhattan cet imaginaire prend corps.

Je déambule dans de larges avenues, la ville est illuminée, active et pressée, trépidante puis au détour d’une rue le temps s’arrête soudain. Des voitures d’un autre  âge sont immobiles, garées le long d’une ruelle vide, comme dans un décor de cinéma.

 NY est multiple, NY est une ville unique.  Arrêt sur image.

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Cette exposition et ce catalogue ont été réalisés

par la Ville de La Seyne-sur-Mer

Service Culture et Patrimoine

Marc Vuillemotétant Maire de La Seyne-sur-Mer

Vice-Président de Toulon Provence Méditerranée

Conseiller régional PACA

Florence CyrulnikAdjointe au Maire

Déléguée au Patrimoine et à la Culture

Avec l’aide du Conseil général du Var

Commissariat et suivi éditorial

Jean-Christophe Vila

Direction Culture et Patrimoine

Nos remerciements s'adressent aux photographes

et en particulier à Arlette Bouygue et Philippe Verrière

(association Image Solidarité)

Achevé d’imprimer sur les presses

de l’Imprimerie Hémisud en septembre 2012

Tél. 04 94 14 70 14

n° ISBN 978-2-917169-24-7

Galeries du fortFort Napoléon

Chemin Marc Sangnier

83500 La Seyne-sur-Mer

Tél. 04 94 30 42 80 - Fax 04 94 30 63 65

[email protected]

www.la-seyne.fr

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© Jean-Christophe Vila pour le texte

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