3
26 MESURES 780 - DECEMBRE 2005 - www.mesures.com S olutions A ttention, il serait faux de dire qu’une optode plongée dans une eau boueuse n’exige aucu- ne maintenance pendant cinq ans. Mais par rapport à une électrode de Clark, cela n’a rien à voir. Un coup d’épon- ge suffit quand, pour une électrode, il faut rajouter de l’électrolyte, déboucher, voire changer la membrane, réétalonner… Et encore cette petite tâche ménagère s’avère nécessaire une fois tous les quinze jours, alors que le véritable contrô- le technique de l’élec- trode doit être répété quotidiennement. « C’est la percée technolo- gique la plus importante pour la surveillance continue et le contrôle de l’oxygène dissous depuis 50 ans », affirme Patrick Aubin, représentant en France d’Environmental Instru- ments, une PME améri- caine qui a développé la première ce type de capteurs. Il faut dire que si les sondes basées sur la méthode électrochimique (les plus répan- dues étant les électrodes de Clark) ont jus- qu’à ce jour dominé la mesure de l’oxygène dissous sur site, c’est qu’elles étaient prati- quement sans concurrentes. L’arrivée du capteur optique change la don- ne. Il est présenté pour la première fois en France en 2002 au salon Pollutec en Fran- ce par la société norvégienne Aanderaa* (dis- tribuée par Néréides). Puisque la molécule diatomique de l’oxygène n’absorbe pas en infrarouge, le principe optique fait appel à une molécule fluorescente. Celle-ci, enrobée dans une membrane, réémet une lumière dont l’intensité et le temps de réémission sont respectivement d’autant plus faibles et d’autant plus longs, que la concentration en oxygène est grande. « Les premiers curieux ont été les laboratoires et instituts de recherche qui ont vou- lu tester l’équipement, explique Olivier Brocan- del, ingénieur Projet chez Néréides. Depuis l’an dernier,ce sont vraiment les exploitants qui s’y intéres- sent ». En fait, de l’autre côté de l’Atlantique, le principe est déjà connu. Dès 1997, Envi- ronmental Instruments développe et brevette la sonde optique Fluoroprobe. La technolo- gie faisant rapidement ses preuves sur le terrain, son intérêt n’échappe pas aux ténors de l’instrumentation. Spécialiste du contrô- le de l’environnement, Hach Lange lance sa sonde LDO, en 2003, en version fixe puis portable. Le spécialiste du contrôle de la qua- lité de l’eau abandonne complètement la commercialisation des électrodes à mem- brane au profit des capteurs optiques. « L’in- térêt est tellement évident en terme de maintenance que l’industriel n’a aucune hésitation. Depuis le début de l’année 2005,nous avons vendu 200 équipements fixes. Pour nous,c’est déjà un succès commercial ». Enfin, en septembre dernier, Endress + Hauser présente son capteur COS61, lui aussi pour le domai- ne de l’environnement. Autre signe : en août de cette année, l’orga- nisme américain ASTM (American Society for Tes- ting and Materials) a standardisé la méthode optique, au même titre que la méthode de titration Winkler (méthode A de laboratoi- re) et la méthode électrochimique (élec- Optode contre électrode? A peine engagé, le combat semble déjà gagné. Pendant des décennies, la méthode électrochimique a monopolisé le terrain, faute d’adver- saire. Aujourd’hui, la mesure optique par fluorescence étale à l’évidence ses atouts : la maintenance, la maintenance et encore la maintenance. Pour la surveillance de l’eau, deux fournisseurs majeurs, Hach Lange et Endress + Hauser, ont déjà fait le pari. L’essentiel La méthode optique pour la mesure d’oxygène dis- sous pourrait prendre le dessus sur la méthode électrochimique 1 er atout : très faible main- tenance (aucun électrolyte ou aucune membrane à changer) 2 ème atout : une méthode sans consommation d’oxy- gène dans le milieu 3 ème atout : peu de facteurs d’influence Application principale : le contrôle des bassins d’aé- ration dans le traitement biologique de l’eau ANALYSE INDUSTRIELLE L’oxygène dissous : la mesure optique, inéluctablement Capteur optique LDO d’Hach Lange : un caps à changer tous les deux ans. Hach Lange Environmental Instruments s’engage avec une garantie de cinq ans.

780 Oxygene Dissous Controle

Embed Size (px)

DESCRIPTION

ogygene dissous

Citation preview

  • 26 MESURES 780 - DECEMBRE 2005 - www.mesures.com

    Solutions

    A ttention, il serait faux de direquune optode plonge dansune eau boueuse nexige aucu-ne maintenance pendant cinqans. Mais par rapport une lectrode deClark, cela na rien voir. Un coup dpon-ge suffit quand, pour une lectrode, il fautrajouter de llectrolyte, dboucher, voirechanger la membrane, rtalonner Etencore cette petite tche mnagre savre

    ncessaire une fois tousles quinze jours, alorsque le vritable contr-le technique de llec-trode doit tre rptquotidiennement. Cest la perce technolo-gique la plus importantepour la surveillance continueet le contrle de loxygnedissous depuis 50 ans ,affirme Patrick Aubin,reprsentant en FrancedEnvironmental Instru-ments, une PME amri-caine qui a dveloppla premire ce type decapteurs.Il faut dire que si lessondes bases sur la

    mthode lectrochimique (les plus rpan-dues tant les lectrodes de Clark) ont jus-qu ce jour domin la mesure de loxygnedissous sur site, cest quelles taient prati-quement sans concurrentes.Larrive du capteur optique change la don-ne. Il est prsent pour la premire fois enFrance en 2002 au salon Pollutec en Fran-ce par la socit norvgienne Aanderaa* (dis-tribue par Nrides). Puisque la molculediatomique de loxygne nabsorbe pas eninfrarouge, le principe optique fait appel une molcule fluorescente. Celle-ci, enrobedans une membrane, rmet une lumiredont lintensit et le temps de rmissionsont respectivement dautant plus faibles etdautant plus longs, que la concentrationen oxygne est grande. Les premiers curieux ontt les laboratoires et instituts de recherche qui ont vou-lu tester lquipement, explique Olivier Brocan-del, ingnieur Projet chez Nrides. Depuis landernier,ce sont vraiment les exploitants qui sy intres-sent .En fait, de lautre ct de lAtlantique,le principe est dj connu. Ds 1997, Envi-ronmental Instruments dveloppe et brevette lasonde optique Fluoroprobe. La technolo-gie faisant rapidement ses preuves sur leterrain, son intrt nchappe pas aux tnorsde linstrumentation. Spcialiste du contr-le de lenvironnement, Hach Lange lance sa

    sonde LDO, en 2003, en version fixe puisportable. Le spcialiste du contrle de la qua-lit de leau abandonne compltement lacommercialisation des lectrodes mem-brane au profit des capteurs optiques. Lin-trt est tellement vident en terme de maintenance quelindustriel na aucune hsitation. Depuis le dbut delanne 2005,nous avons vendu 200 quipements fixes.Pour nous,cest dj un succs commercial . Enfin, enseptembre dernier, Endress + Hauser prsenteson capteur COS61, lui aussi pour le domai-ne de lenvironnement.Autre signe : en aot de cette anne, lorga-nisme amricain ASTM (American Society for Tes-ting and Materials) a standardis la mthodeoptique, au mme titre que la mthode detitration Winkler (mthode A de laboratoi-re) et la mthode lectrochimique (lec-

    Optode contre lectrode? A peine engag, le combat semble dj gagn. Pendantdes dcennies, la mthode lectrochimique a monopolis le terrain, faute dadver-saire. Aujourdhui, la mesure optique par fluorescence tale lvidence ses atouts :la maintenance, la maintenance et encore la maintenance. Pour la surveillance de leau, deux fournisseurs majeurs, Hach Lange et Endress + Hauser, ont dj faitle pari.

    Lessentiel

    La mthode optique pourla mesure doxygne dis-sous pourrait prendre ledessus sur la mthodelectrochimique

    1er atout : trs faible main-tenance (aucun lectrolyteou aucune membrane changer)

    2me atout : une mthodesans consommation doxy-gne dans le milieu

    3me atout : peu de facteursdinfluence

    Application principale : lecontrle des bassins da-ration dans le traitementbiologique de leau

    A N A L Y S E I N D U S T R I E L L E

    Loxygne dissous:la mesure optique,inluctablement

    Capteur optiqueLDO dHachLange :un caps changer tousles deux ans.

    Hach Lang

    e

    Environmental Instruments sengage avec une garantie de cinq ans.

    026_028_SOL 7/12/05 11:51 Page 26

  • 27MESURES 780 - DECEMBRE 2005 - www.mesures.com

    Solutions

    trodes membrane, mthode B). Forceest de constater que peu de principes demesure ont bnfici aussi rapidement(moins de dix ans) dune telle recon-naissance.

    Peu de maintenance, peu de comptenceLe premier avantage, on la dj dit, estla maintenance. Aucun consommable,aucune pice remplacer. Ceci partici-pe une rduction des heures perduesen maintenance et limine les cots lisau changement de pices dtaches. Peu de maintenance signifie aussi moins debesoins en comptences, souligne CdricFagot, chef produit chez Endress + Hau-ser. On souvre ainsi le march des petites exploi-tations gnralement sous-instrumentes faute depersonnels Une autre caractristique trs importanteest que le capteur fluorescence neconsomme pas loxygne et ne ncessiteaucun dbit pour son fonctionnement.Cest encore un avantage par rapport auxsondes lectrochimiques qui consommentloxygne de leau. Pour renouveler cedernier proximit de la sonde, il fautalors quil y ait un dbit deau. Si celui-cinexiste pas, il faut en crer un (par unsystme dagitation). De plus, les microor-ganismes vivant dans leau, qui consom-ment eux aussi de loxygne, recouvrent

    progressivement la membrane et provo-quent lpuisement rapide de loxygnederrire la membrane. Loptode elle aussi peuse recouvrir de biomasse,prcise M.Aubin, maiselle ncessite simplement un nettoyage et retrouve sonfonctionnement sans avoir besoin dtalonnage .Pour Olivier Brocandel, (Nrides), le troi-sime atout du capteur optique rside dansle fait quil sagit dune mesure absolue.Elle est indpendante des facteurs ext-rieurs. Elle permet par exemple de raliser des pro-fils de taux doxygne dans leau de mer, alors que lapression, la temprature ou la salinit varient forte-ment en fonction de la profondeur. Ces facteurs din-fluence rendent impossible une telletude avec des lectrodes de Clark .

    Surveillance de leauLapplication de choix est lecontrle de la qualit de leau,tout particulirement auniveau du traitement biolo-gique dans les bassins dara-tion. Cest l lessentiel du mar-ch de la mesure doxygne dissous ,prcise M. Molinier (Hach Lan-ge). Il y a aussi le domaine dela surveillance des eaux derivire.Toujours, dans le trai-tement de leau, loptode per-met galement de rpondre des applications sur lesquelsles capteurs lectrochimiquesrestaient inoprants. Cest lecas par exemple du traitement desgraisses, poursuit M. Molinier; lo un capteur membrane se bouche enquelques heures, un capteur optique garde toute sa fia-bilit avec un simple nettoyage hebdomadaire .Endress + Hauser propose son capteur optiquepour les applications environnementales. Ilconserve (du moins pour linstant) sa tech-

    nique ampromtrique pour les autres sec-teurs comme lagroalimentaire. Notre cap-teur membrane conserve une avance en terme de prci-sion mais surtout il rpond aux normes en vigueur pourla scurit alimentaire , souligne M. Fagot.

    Ampromtrique Optique

    Prcision Eleve Moyenne

    Rptabilit Eleve Moyenne

    Temps de rponse Lente moyenne Rapide

    Mesures de traces Oui Non (< 10 ppb)

    Plage de mesures Jusqu 60 mg/l < 20 mg/l

    Influences extrieures Eleve Faible

    (pression, dbit, salinit)

    Influence H2S, NH3 Eleve Faible

    Maintenance Lourde LgreSource Endress + Hauser

    Comparatif des mthodes

    Le tout dernier : le COS61 dEndress + Hauser.

    Aqualyse a intgr un capteur optique dO2 dans une sonde multi-paramtre qui mesure aussi la temprature, la conductivit, le pH,le redox, le niveau, la salinit, la turbidit, lammonium, lesnitrates, les chlorures Il peut tre immerg jusqu 250 mtresde profondeur.

    AqualyseEndress + Hauser.

    Endress + Hauser.

    Le capteurdAanderaa :mesure insitu dansune rivire.

    Optode

    Diode mettriceDiode rceptrice

    Couche sensible

    Process contenant de loxygne

    Construction du capteur

    Loxygne dissous dans leaumigre vers le capteur. Il sasso-cie un compos fluorescentprsent dans la couche sensibleet provoque par fluorescenceune mission rouge quand il eststimul par une diode laserbleue.Le compos fluorescentnest pas consomm dans leprocess.De mme loxygnenest ni consomm ni chimi-quement altr.Le changementde couleur est dtect derrire lecapteur au ct oppos leau.La partie optique est isoledu process.

    026_028_SOL 7/12/05 11:51 Page 27

  • Dune manire gnrale, sil y a une limitationde la mthode optique elle se situe dans lamesure des faibles traces. En dessous des 10 ppb,la mesure devient trop imprcise ,souligne M.Aubin.Mais cette restriction ne concerne pas le

    domaine de leau o le taux doxygne mesu-r se situe plutt au niveau de la saturation( 25 C, le taux de saturation de loxygnedans leau correspond 8,3 mg/litre).Avecquelques variantes selon les constructeurs, la

    plage de mesure dun capteur optique se situeentre 0,16 et 16 mg/l. Quant aux prcisionsannonces, de lordre de 1 2 %, elles aussirestent suffisantes pour les applications envi-ronnementales.

    Des diffrences entre fournisseursIl existe certainement quelques diffrencesentre les optodes du march. Sans quonpuisse en savoir beaucoup plus. Au moinspour des raisons de brevet, il est probableque chacun y va de sa molcule fluorescen-te. Les fournisseurs interrogs prconisent lechangement de lextrmit de la sonde quicontient la membrane imprgne de cettemolcule, Hach Lange lappelle caps. Endress+ Hauser a fait leffort de la traduction et par-le de capuchon. Au lancement du produit,nousprconisions un changement annuel du caps, indiqueM.Molinier (Hach Lange).Aujourdhui, avec le retourdexprience, une fois tous les deux ans nous parat lar-gement suffisant .Seule la sonde dEnvironmentalInstruments est prsente sans la ncessit dechanger rgulirement la membrane. Lasocit amricaine,qui a la plus longue exprience de cet-te technologie, est la seule sengager sur une garantiede cinq ans, sans changement daucune pice , prci-se M.Aubin.Dautres diffrences portent sur la construc-tion du capteur, sur la taille, sur son adapta-tion des applications spcifiques et surle cot.En thorie, une sonde optique lachat estplus onreuse quune lectrode membra-ne : quelques milliers deuros. Il faut cepen-dant nuancer : Il existe des lectrodes membrane de haute prcision tout aussichres. Ensuite, les fournisseurs dinstru-mentation comme Hach Lange ou Endress+ Hauser peuvent se permettre de fairequelques sacrifices sur les marges. On restedans le mme ordre de prix quune lectrode , sou-ligne M. Fagot. Hach Lange associe la sonde un nouveau transmetteur numrique mul-tiparamtre : Le client est mme gagnant puisquilachte un seul transmetteur pour plusieurs sondes demesure , prcise M. Molinier. Propos entre2500 et 4000 euros (selon le type de sortie analo-gique ou numrique), loptode dAanderaa constitue uninvestissement important, reconnat M. Brocan-del, mais sa conception lui permet de rpondre desapplications plus difficiles notamment sur les eaux derivires ou dans les ocans . Si des divergencesentre fournisseurs existent pour le prix lachat, ces derniers restent unanimes surun point : les gains de maintenance raliss lexploitation.

    Marie-Pierre Vivarat-Perrin

    *Le produit a t Laurat du Palmars Technologique dela revue Mesures

    28 MESURES 780 - DECEMBRE 2005 - www.mesures.com

    Solutions

    Principe de la fluorescence Une molcule ou atome est excite un niveau lev en nergie par absorp-tion dnergie. Ensuite, la molcule libre cette nergie tout en mettant uneradiation lectromagntique Lintensit de la lumire mise est directement proportionnelle lintensitde la lumire excitante et la concentration en oxygne

    une molcule spcifique est enrobe dans une membrane permable aux gazet donc loxygne. Cette molcule agit comme un luminophore. Excite parla prsence dune lumire bleue/verte, la molcule renvoie une lumire rouge.

    Influence de loxygne

    La mesure du temps de rponsepermet de dterminer la concentration en oxygneLa mesure de lamplitude de la rponsequalifie la dure de vie de la membrane et le fonctionnement du capteur

    lumire dexcitation

    lumiredmission

    En prsence doxygne, une partie de lnergie est absorbe par les molcules,ce qui entrane une fluorescence plus faible en intensit. La lumire est misegalement avec un certain retard.

    026_028_SOL 7/12/05 11:51 Page 28