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Qui sommes-nous? 4

Resultats du camp à Rosia Montana

Evaluation des outi l s de RtF 6Reflexion sur le camp a Rosia Montana 1 0

Au printemps, sors tes écouteurs ! 1 6

Suivi des groupes locaux

Le Sabot: special airport rural fight ! 1 8Compte-rendu des 2èmes rencontres francophones 24

Luttes Contre Des Proj ets Stupides

Construction d 'une centrale nucléaire en Biélorussie 28Le programme de barrages hydroélectrique au Portugal 30

Luttes contre les mines de cu ivre et de molybdène en Turqu ie 34

Luttes paysannes au-delà de Rtf

Un mouvement européen pour la Souveraineté Al imentaire 36Deux chansons sur les Diggers 38Sortons de nos jard ins privés 42Luttes écologiques en Turqu ie 46

Si vous vou lez aider à la traduction du bu l letin en anglais dans votrepropre langue, contactez votre groupe local ou l ' équ ipe du bu l letin . Onvous aidera à l ' éd i ter et à le publ ier :bu l letin@l ists.reclaimthefields.org

Pour rejoindre l ' équ ipe de traduction francophone :traduction@l ists.reclaimthefields.org

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Qui sommes-nous?

Nous sommes des jeunes paysan .ne.s,des sans-terre et des paysan .ne.s endeven ir, ainsi que des personnes qu iveu lent retrouver le contrôle de laproduction al imentaire.

Nous appelons «paysan .ne»quelqu ’un qu i produ it de la nourri ture àpeti te échel le, pour sa fami l le ou pour lacommunauté, et qu i éventuel lement envend une partie. Nous incluons égale-ment les travai l l eur.euse.s agricoles.

Notre but est d ’encourager les gensà rester ou à retourner en mi l ieu rural .Nous promouvons la souveraineté al i -mentaire (défin ie dans la Declaration deNyelen i ) et l ’agricu l ture paysanne, par-ticu l ièrement auprès des jeunes et descitad in .e.s, ainsi que des modes de vie al -ternatifs. En Europe, le concept de« Souveraineté al imentaire » n ’est pastrès commun et peut être clarifié par desidées tel les que « l ’autonomie al i -mentaire » et le contrôle des systèmesd’al imentation par les communautés ausens large, et non pas seu lement les na-tions ou états. Nous sommes déterminésà créer des al ternatives au capital isme autravers d ’ in i tiatives et de modes de pro-duction coopératifs, col lectifs, auto-nomes, répondant à nos besoins et àpeti te échel le. Nous mettons nos idées en

pratique et nous associons les actionslocales aux luttes pol i tiques globales.

Pour atteindre nos objectifs, nousmettons en place des actions et desgroupes mi l i tants locaux, et nous col -laborons avec les in i tiatives existantes.C’est la raison pour laquel le nouschoisissons de n’être pas un groupe ho-mogène, mais bien de nous ouvrir à la d i -versi té des acteurs qu i luttent contre lemodèle de production al imentaire capital -iste. Nous mettons en avant les thèmesde l ’accès à la terre, de l ’agricu l ture col -lective et du droit aux semences. Nousrenforçons notre impact en col laborantavec des activistes qu i agissent surd ’autres thèmes mais partagent la mêmevision sociale.

Cependant, notre ouverture a sesl imites. Nous sommes déterminés àreprendre le contrôle de nos vies et refus-ons toute forme d’autori tarisme et deh iérarch ie. Nous nous engageons à re-specter la nature et les êtres vivants, maisnous ne tolérerons jamais aucune formede discrimination , qu ’el le soit basée sur larace, la rel igion , le genre, la national i té,l ’orientation sexuel le ou le statut social .Nous refusons et nous opposons fa-rouchement à toute forme d’exploi tation

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des personnes. Avec la même force, nousagirons avec convivial i té, faisant de lasol idari té une pratique concrète de notrevie quotid ienne.

Nous soutenons les luttes et visions de laVia Campesina, et travai l lons pour lesrenforcer au n iveau des jeunes euro-péens. Nous souhaitons partager les con-naissances et l ’expérience acqu ise au fi ldes années de mi l i tance et de vie pay-sanne, et les enrich ir avec les perspectivesde cel les et ceux d ’entre nous qu i ne sontpas, ou pas encore, paysannes. Noussouffrons tou .te.s des conséquences desmêmes pol i tiques et participons à lamême lutte.

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Evaluation des outils de RtF

– Garder une trace de ce qu’ i l se passedans le réseau où beaucoup de gens vontet viennent– Etre un processus de création col lective– Etre un outi l de communicationinternational pour des actions et débatsd ’ idées (notamment les CR de l 'AGprécédente, des propositions pour lasu ivante)

– En 4 langues (anglais, français,al lemand, espagnol )– Chaque assemblée organ ise lapréparation du su ivant (avant c’étai t lesgens qu i accuei l l aient l ’AG qui géraient laparution , mais trop lourd donc depuisLondres : une équ ipe qu i se consti tue àl ’AG)– L’ impression et la d istributiondépendent de chacun-e : en avoir tou jourssur soi !

Fonctionnement

Bulletin

Internet

– Mise en commun d’ infos.– Diffusions d ’ infos.– Gestion de l istes de d iffusion .

– Quelques personnes en assurent lagestion techn iques.– Le contenu du site est normalementrempl i par tout le monde.

Groupes Locaux

– Liens entre étoi les de la constel lations– Des groupes qu i peuvent se réclamerou non de RTF.

– Comme chacun-e veut…

Objecti fs

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– Bons retours sur l ’ in térêt de ce bu l letin ,Mais ça demande beaucoup d’énergie,notamment la traduction .– Envie de changer la première page

– Prochaine version sera proposéed ’abord en anglais (mais les textespourront être envoyés dans toutes leslangues…) Et les versions tradu itesarriveront ensu ite.– Nouvel les maquettes en préparation .– I dée d ’une thématique commune parbu l letin .

Evaluation Sui te

– Beaucoup d’outi l s ont été crées, maispersonne ne les uti l i se…

– Pas de nouveaux outi l s créés tant queles existants ne sont pas uti l i sés !– Réal isation d ’un guide d ’uti l i sationpour faci l i ter la participation aurempl issage.– Remaniement de la structure pour lerendre plus accessible.

– Francophone– Bretagne– UK

Bulletin

Internet

Groupes Locaux

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Objeti fs Fonctionnement

Assemblées Européennes

– Rencontres sur des questionsd ’organ isation et de débats.

– Tout les 6 mois, accuei l l ie par un l ieud ifférent.

Camp Européen

– Rencontres, échanges, vie du réseau . – Cravirola, France.– Rosia Montana, Roumanie.

– Par l iste de d iffusion (message envoyédans 2 langues) .– N ’est consti tuée que de gens qu i ontparticipé à un rassemblement/rencontre. . .– Sans prise de décision .

– Assure la continu ité du processus entreles assemblées.

Groupe Carrotes

Groupes de Travai l Thématiques

– Réseau de ferme  : réseau deformation .– Accès a la terre  : mutual isation d ’ infossur les moyens d ’accéder à la terre,soutien aux occupations de terre.– Semil las   : mise en place d ’un réseaude conservation , compi lation d ’ infosjurid iques, réal isation d ’un guide sur lamul tipl ication et la conservation dessemences.

– Par l iste de d iffusion .

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Evaluation Sui te

– Barcelone, Basta, Wieserhoisel etLondres.– Le bi lan varie selon chaque assemblée.– Quelques remarques sur le peu degens qu i y assistent (particu l ièrement des« locaux » du « pays hôte ») .– Rappel de la nécessi té de gens surplace pour l ’organ iser et d ’ infrastructuresadaptées pour se réun ir.

– Prochaine Assemblée du 29/02 au02/03 près de Turin Au squat Metzcal .– Arguments : pour la première fois enI tal ie, position centrale, l iens avec Val deSusa et la lutte anti LGV, l iens avec desgroupes locaux et des jard ins col lectifs, . . .

Assemblées Européennes

Camp Européen

– Dans deux ans. . .

– Question des retours de ces groupesde travai l (pas beaucoup jusqu ’à présent)– Et de la transmission des informationset des missions quand des gens partentde ces groupes : s’assurer que lesmissions sont reprises !

– Réseau de fermes  : val idation d 'unecharte en France.– Accès a la terre  : une page web sur lesi te avec tous les appels à occupation(avec un groupe de modération : écri tured 'une charte de modération) .– Semences  : mise en place d ’un si teweb et rassemblement de quelques joursavant l ’AG de Turin pour échanger sur cesquestions et préparer du matériel pourune campagne commune.

Groupe Carrotes

Groupes de Travai l Thématiques

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Qui écri t ce texte ?

J e faisais partie d 'un groupe d 'environ sixpersonnes qu i se sont impl iquées dansl 'organ isation du camp en Roumanie, etaussi dans le travai l sur place à RosiaMontana un mois avant le camp.

Ce récit est personnel et est le reflet demon seu l point de vue sur le camp et leprocessus qu i a mené à son accompl isse-ment. Quand je parle de « nous », du« groupe d 'organ isation », etc. j ' ind iquemon point de vue sur ce qu i s' est passé.

Quelques mots sur qu i je su is, vuque je ne viens pas de Roumanie. J e su issocial isé-homme venant d 'un mi l ieu deblancs de classe moyenne, de ce bout deterre qu 'on appel le Al lemagne. Donc monopin ion sur la société Roumaine et sur lafaçon dont on fait les choses enRoumanie ne peut être que cel le d 'unétranger et je pense que c'est bon d 'avoirça en tête à la lecture de ce texte.

Pourquoi ce texte ?

I l me semble essentiel de réfléch ir sur lafaçon dont on a organ isé le camp, quel lesont été les si tuations, questions, tâchesd iffici les et ce qu 'on pourrai t en reten ir

pour l 'organ isation d 'un prochain camp,qu 'est-ce qu i a ou n 'a pas marché, etc.

J e vais essayer de formuler uneréflexion cri tique sur le camp, en me con-centrant sur les questions qu i ont été im-portantes pour moi , aussi bien sur leprocessus qu i a mené à l ' accompl isse-ment du camp que durant le camp. J e neprétends pas avoir une vision globale detout ce qu i s' est passé avant et pendant lecamp. J e veux également exprimer ma re-connaissance appuyée pour l ' effort, l ' én -ergie et l ' espri t de toutes les personnesqu i ont rendu possible le camp, son con-tenu et son atmosphère incroyable.

Le processus d'organ i sation ducamp

Pour ma part le processus d 'organ isationdu camp a commencé en 201 0 à l ' as-semblée de Wieserhoisl en autriche lorsde d iscussions sur où se tiendrai leprochain camp. Par la su ite, quelques per-sonnes sont al lées à Rosia Montana pourse rendre compte du contexte local et ren-contrer les personnes impl iquées dans lalutte contre la mine. Ce processus a étérapporté lors de l ' assemblée à Londres àGrow Eathrow, et la décision fut prise defaire le camp à Rosia Montana.

Réflexion sur le camp aRosia Montana

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Le groupe qu i a finalement organ isé lecamp était (plus ou moins) composé desix personnes qu i parlaient de l 'organ isa-tion du camp et de ce dont i l y avait en-core besoin de plan ifier et préparer, lorsde conférence mensuel les sur Skype. Cinqde ces personnes sur six sont arrivées enRoumanie un mois à l ' avance pour pré-parer le camp, s'occuper des détai l spratiques et des choses qu ' i l y avait àfaire, et deux semaines avant le campd'autres personnes ont commencé à ar-river et à mettre la main à la pâte de bel lemanière pour constru ire la cu isine et lesautres infrastructures nécessaires aucamp.

Cependant je pense qu ' i l est important derappeler que les cinq-six personnes impl i -quées dans l 'organ isation étaient senséesse charger de la satisfaction de tous lesbesoins de base pour le bon dérou lementdu camp (espace, nourri ture, eau , électri -ci té, etc. ) , du contenu du camp (agendaspour les atel iers, projections de fi lms, lessessions sur le processus RtF, le l ien avecla communauté locale, etc. ) , mais encored 'autres grandes responsabi l i tés tel les larecherche de fonds ou la mobi l isation .

Dans ce groupe trois personnes par-laient roumain , dont deux dont c'est lalangue maternel le. Ces deux personnessont aussi profondément impl iquéesdans la campagne « Sauvons RosiaMontana » et avaient donc plein de con-tacts de personnes ressources pour lematériel dont nous avions besoin pour lecamp, mais el les ont donc fin i avec pleinde responsabi l i tés pour à peu près tout.

Si tuation du camp

Le camp s'est fai t à Rosia Montana, vi l -l age des montagnes Apusen i en Rou-manie.

Le centre de Rosia Montana n 'estdesservi par aucune l igne de bus, les buss'arrêtant à l ' entrée du vi l l age, à 6 km àpieds du centre, consti tuant l ' un iquetransport publ ic d isponible.

Le camp était si tué sur un plateauau-dessus du vi l l age, accessible par via1 ,5 km de peti t chemin en montée. Leplateau est accessible en voiture, mais lesroutes sont en très mauvais état et laroute d 'accès ne passe pas par RosiaMontana mais par un vi l l age voisin .

Par conséquent la question du trans-port depuis et vers le camp était unequestion majeure et l ' accès au camp étaitaussi pas mal restreint aux personnescapables de grimper et descendre cettecol l ine tout le temps pour retourner auvi l l age, etc. La question du transport a étérésolue pour les choses les plus néces-saires que nous devions transporter,même si au cours des travaux de prépara-tion sur le plateau i l nous est arrivé de nepas avoir de voiture et le transport étai trude. De même i l n ' y a pas eu grandchose à offrir aux personnes qu i n 'étaientpas trop en jambes pendant le camp.

Infrastructures basiques

Un des gros bou lots avec lequel l ' équ iped 'organ isation a dû composer étai t l ' in -frastructure basique du camp, soit l ' es-pace pour les tentes, les toi lettes, l ' eau , lanourri ture, etc. , de même que les moyensfinanciers pour les obten ir (recherche defonds) .

Le camp était basé sur une proprietéinuti l i sée, appartenant à une fami l le act-ivement impl iquée dans la résistancecontre la mine. Les maisons ainsi que lesprairies qu i les entourent ont servi de ter-rain pour les d ifférentes activi tés ducamp. Les atel iers et assemblées se sontfai tes dans des tentes sur le plateau (qu i

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est une terre de pâturage communautairepour boeufs, chevaux et moutons) .

Une infrastructure de base étai t déjàen place pour le FanFest, un festival demusique organ isé sur le plateau deux ansauparavant pour souten ir la résistancecontre la mine. Le plus gros travai l a étéde constru ire les toi lettes, d ' avoir unecu isin ière opérationnel le pour cu isinerpour peut être deux cent personnes, et, leplus urgent, d ' avoir l ' eau courante pourboire et cu isiner.

Certaines de ces tâches se sont révéléesplus dures que ce que l 'on imaginait etcertaines n 'ont été fin ies que le jourmême de l 'ouverture du camp. Les deuxpersonnes ayant le roumain pour languematernel le étaient constamment submer-gées de mai ls à écrire et d 'appels à fairepour les choses qu i manquaient encore,par exemple en essayant d 'organ iser lestentes pour y ten ir les assemblées, lesgamel les pour la cu isine, et ainsi de su ite.

Mais alors que de plus en plus depersonnes commençaient à arriver lesquestions de survie étaient plus ou moinsrésolues et i l y avait le temps pour setourner vers ce qu i al lai t effectivement ar-river pendant le camp et comment i l al lai têtre structuré.

Contenu

La question de comment structurer lecamp, c'est à d ire de plan ifier les atel iersproposés, col lectés d 'avance par legroupe d 'organ isation , et les sessions surle processus RtF, n 'avait pas vraiment étéabordée par nous, qu i avions passé unmois à essayer de réun ir toute l ' infra-structure basique nécessaire. Ce qu i avaitété fai t étai t de concevoir une propositionpour la structure quotid ienne du camp,des heures de début pour la plén ière du

matin et des moments de repas, ainsi quedes moments pour une manifestationprogrammée et des créneaux pour le pro-cessus RtF, donc en gros juste un emploidu temps approximatif avec beaucoupd'espace vide.

Donc deux jours avant le camp (a peuprès) un groupe de personnes qu ivenaient d 'arriver on commencé à plan ifi -er la première journée du camp, qu i étai tsupposée être un jour pour l ' accuei l , serencontrer les un .e.s les autres, et part-ager sur pourquoi on étai t là. Ça a marchéassez faci lement, et pendant ce temps unautre groupe de personnes avait organ isél ' emploi du temps pour les atel iers, lesd iscussions, les groupes de travai l , l esréun ions, etc. Tout cela a ensu ite été peintsur un mur et chacun.e a pu, de manièreparticipative, afficher son propre contenuquand i l . l e le vou lai t, avec des créneauxréservés pour la manifestation du samediet d 'autres pour le processus RtF.

Cette tentative d 'emploi du temps a étéremise en question le deuxième jourquand à peu près tous les atel iers ont étéannu lés pour parler de la manifestationqu i devait avoir l ieu deux jours plus tard .Ce changement d 'horaires s'est perpetuétout au long du camp, ceci dû au fait queles assemblées du matin prenaient plusde temps que prévu et qu 'une action d ir-ecte été plan ifiée en plus, ce qu i a annu léencore un jour d 'atel iers.

Bien que tout le monde étai t con-scient que ces changements d 'horaireétaient inévitables beaucoup étaient frus-tré.e.s par l ' annu lation d 'atel iers ou parcequ ' i l . l e.s ne pouvaient participer à certainsatel iers vu qu 'on devait en mettre de plusen plus dans chaque créneau pour encaser le plus possible.

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Une autre grosse charge de travai l a étéconsti tuée par les moments consacrés auprocessus RtF qu i devaient être une op-portun ité de réfléch ir sur le processus qu ifai t RtF depuis le dern ier Camp en 2009 àCravirola. Ainsi qu 'une évaluation de si lesouti l s que RtF a créés, tels le bu l letin , lesi te internet ou les assemblées, fonc-tionnent ou pas et de comment RtF veut,devrai t ou pourrai t progresser.

Ces sessions ont été préparées surplace par un troisième groupe de per-sonnes, dont la plupart étaient impl iquéesdans RtF depuis un moment d 'une man-ière ou d 'une autre.

Les actions, atel iers, etc. qu i ont émergéde ce processus spontané (certain .e.sd iraient chaotique) ont été bien reçues etplein de personnes se sont senties cap-ables de s' y joindre, de participer et deprendre des in i tiatives durant le camp.Mais certains atel iers se sont perdus enroute et n 'ont pas été faits, de même quecertaines personnes ont eu la sensationqu ' i l y a eu trop de d iscussions en plén-ière durant des heures à propos des ac-tions alors que ça aurait pu être fait enpeti ts groupes de personnes vou lant faire,plan ifier et coordonner ces actions. Ce qu ia fonctionné de manière très flu ide, etbien , ça a été la coord ination avec la com-munauté locale en résistance, car i l . l e.sétaient tou jours consu l té.e.s au préalableà propos des actions et de si i l . l e.s étaientd 'accord avec de tel les actions ou pas.

Un point qu i avait été mis au programme,et qu i s' est plus ou moins perdu , étai t àpropos des échanges de savoir-faires, desatel iers et des travaux avec la commun-auté locale. Ceci en partie dû au « grouped 'organ isation » qu i n 'a pas pu obten ir dela part de la communauté locale une in -formation claire sur quand et où cela

pourrai t être possible, ainsi qu 'à la sur-charge de travai l que nous essayions degérer.

Personnel lement je pense que c'étai tl ' un des points faibles, car cela a empêchéles personnes du camp et de la commun-auté locale de se mettre en contact par letravai l pratique et l ' in teraction , et de sen-ti r l ' autre. Malgré tout i l y avait une bonnecamaraderie et des interactions avec lacommunauté locale qu i ont connectétoutes cel les et ceux (j ' espère) qu i étaientsur le camp, à la résistance de RosiaMontana et aux personnes en résistance,mais ça aurait pu et aurai t dû être plusmis en avant. De mon point de vue dumoins.

Interprétation

Dès le début du camp l ' anglais a été lalangue la plus parlée. Cela a posé des d if-ficu l tés à certaines personnes, car el lesn 'étaient pas aussi à l ' aise avec cettelangue que d 'autres et avaient par con-séquent des problèmes pour donner leuropin ion en assemblée ou avaient l ' im-pression qu 'el les ralentiraient le proces-sus si tout le monde avaient besoind ' interprétation pour les comprendre.Nous avions, avec l ' aide du col lectifCOATI , mis en place un équ ipement ettrouvé des interprètes volontaires.Comme nous nous attend ions à ce queplus de roumain .e.s viennent, l ' in terpréta-tion étai t plus d irigée vers les personnesparlant roumain que vers les autreslangues. Finalement les interprètes en onteu un peu marre de tradu ire dans unelangue dont très peu de personnesavaient besoin ou parlaient. Et peu depersonnes même prenaient le soin deprendre une rad io au début des as-semblées (dont les personnes avaient be-soin pour entendre l ' in terprétation) , ce

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qui a rendu la chose encore plus d iffici lepour les personnes qu i vou laient parlerdans leur propre langue car el les avaientla sensation qu 'el les gêneraient à obl igertout le monde à prendre une rad io.

Présence et Mobi li sation

Une des choses qu i pose vraiment ques-tion est pourquoi si peu de personnes de« l 'Europe de l 'Est » étaient présentesalors que le but du camp était de sauter lepas entre être une constel lation« d 'Europe de l 'Ouest » et se sonnecter àd 'autres parties plus lointaines del 'Europe, principalement à d 'anciens étatsde l ' ex-Union Soviétique ou commun-istes. De mon point de vue le camp aéchoué sur cet aspect, car même si i l yavait des personnes des « pays de l 'Est »et même des personnes qu i venaient depays lointains comme la Turqu ie, laprésence des roumain .e.s étai t vraimentplus faible que ce qu 'on avait espéré, demême que pour d 'autres pays de la ré-gion .

J e pense qu 'une analyse profonde depourquoi cela est arrivé ne peut être faitepar moi seu l , car je ne su is pas conscientde toutes les impl ications du contextelocal et des si tuations. Une autre chosedont je veux encore parler est que je nesu is pas sûr de si on a bien atteint lesgens ou pas, en les informant du camp,et cela reste pour moi une questionouverte actuel lement, et ce dont j ' ai per-sonnel lement pris conscience, c' est qu ' i lpouvait être d iffici le pour certaines per-sonnes de prendre des vacances pourven ir en Roumanie pour un camp de dixjours, vu que la structure sociale des an-ciens pays communistes semble êtreassez d ifférente de cel le des pays du bloccapital iste d 'après guerre froide. Cepend-

ant je pense qu 'on a essayé et que leschoses ont changé. Comme le prouve cebu l letin , des personnes ne provenant pasde « l 'Europe de l 'Ouest » y ont contribuéet de ce point de vue nous avons réussi ànous étendre d 'une certaine manière.

Questions ouvertes

I l y a quelques points que je n 'ai pas en-core abordés, dont pour certains je su isconscient et concerné, et certains sontdes taches d 'ombre dans ma mémoire.Un point dont je veux encore parler est laquestion du genre, la façon dont c'étai tvécu , perçu et pratiqué durant le camp.Mais je me sens incapable de le faire suff-isamment dans ce texte, étant donné quela question ne se résume pas au camp età ce qu i s' y est passé. Donc ma proposi -tion est d 'avoir une session à Turin sur legenre et sur le rôle qu ' i l joue dans lastructure et les activi tés de RtF, de sa partdans nos activi tés en tant que constel la-tion transnationale et de comment fairede la confrontation à cette question unmouvement continu dans les activi tés deRtF.

Conclusion

L'un dans l ' autre le camp a été une ex-périence incroyable qu i , pour moi , a étévraiment chouette et très dynamisante.D'avoir tant de personnes venant deluttes et mi l ieu d ifférents et une atmo-sphère si sympath ique et acceu i l l anteplanant sur le camp a largement com-pensé ce que j ' ai pu cri tiquer dans cetexte.

Et pu is ce mois passé en Roumanieà travai l l er sans relâche sur le camp avecquatre personnes fabu leuses m'a rendutrès heureux; même si le processus nousa donné du fi l à retordre et qu ' i l y a eu de

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nombreuses si tuations stressantes ça aété un moment et une opportun ité in -comparables de vous connaître tou .te.sles quatre, merci beaucoup !

Comme l ' idée de ce texte étai t de réfléch irsur le camp et peut-être de faire quelquessuggestions sur ce qu i pourrai t êtreamél ioré pour l 'organ isation du prochaincamp, voici quelques points que j ' ai entête.

– A l 'heure de choisir le l ieu du campprendre en compte s' i l est d iffici le ou nonà atteindre, et quel les inclusions et exclu -sions cela crée.– Voir combien de personnes souhait-

ent réel lement aider dans le processusd 'organ isation du camp.– S'assurer que vous avez une ou deux

personnes qu i parlent couramment lalangue du l ieu (et encore mieux s' i l y en aplus que de personnes qu i ne parlent pas)– Essayer de juger de la quanti té de

travai l nécessaire à la construction des in -frastructures sur le si te du camp et voir siça en vaut la peine ou si ça prend tropd 'énergie.– S'assurer que vous êtes assez pour

porter et l 'organ isation des infrastruc-tures, et le plann ing minutieux des con-tenus, de même que les questionsd 'organ isation des emplois du temps, etde travai l l er avec des ajournements et deschangements dans les horaires.– S'assurer que les points importants

de l ' agenda sont préparés longtemps àl ' avance.– Passer un moment fantastique en-

semble, ça ne devrai t pas être du travai l ,mais du plaisir !– Commencer à impl iquer la com-

munauté locale tôt dans le processus del 'organ isation et rester en contact avec el -leux.

– Essayer d 'avoir des accords fixes surquand et comment i l . l e.s aimeraient s' im-pl iquer, si c' est souhaité.– Si le camp se tient dans une com-

munauté en lutte, être attentif aux réac-tions de la pol ice aux d ifférents typesd 'actions, quel les actions seront raison-nables dans le contexte local et réfléch ir àvotre positionnement par rapport à l ' ac-tion d irecte pol i tique et si el le pourrai têtre inappropriée au contexte local .– Vous partez, la communauté locale

reste !

J ' espère avoir mis quelques d iscussionsen mouvement et avoir mis en avant cer-taines questions à considérer à l ' heure depréparer un prochain camp. Faites atten-tion , c' est une activi té dynamisante, fun etagréable, qu i est hautement add ictive.

Si vous avez un commentaire ou vou lezme contacter écrivez moi .

[email protected]

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Au cours du dern ier camp Reclaim theFields à Rosia Montana, on a pu bénéfici -er d 'une interprétation simul tanée. Le col -lectif COATI s'est proposé de mettre enplace l ' équ ipement adéquat pour couvrirdeux des tentes et d 'autres peti tsgroupes. Deux techn icien .ne.s étaientprésent.e.s, un grand nombre de per-sonnes venues pour le camp se sont of-fertes pour tradu ire, et finalement, sixinterprètes professionnel les sont venues,bénévolement, de roumanie. Malgré toutcela, au cours des réun ions, atel iers etprésentations, la grande partie des inter-ventions étaient en anglais. Très peu degens ont parlé d 'autres langues, et cen 'est que rarement qu 'on a pu entendre lepoint de vue de personnes qu i ne pouv-aient pas bien s'exprimer en anglais.

J e me demandais pourquoi on entendaitsi peu de langues à part l ' anglais.Plusieurs possibi l i tés se sont offertes àma réflexion . La première chose qu i m'estvenue à l ' espri t est que peut être tout lemonde à Rosia Montana parlai t bienanglais; ce que j ' ai d irectement rejeté :moi même je parle un anglais plutôtaléatoire, et en en parlant avec d 'autresj ' ai réal isé que je n 'étais pas la seu le. En-su ite j ' ai pensé que peut être certaines

Au printemps, sors tesécouteurs !

personnes ne parlaient pas parce qu 'el lesn 'avient rien à d ire; je me su is demandéesi on n 'avait rien à d ire simplement parceque nous ne savions pas parler anglais.J ' ai rejeté cette hypothèse parce qu 'el len 'a pas de sens, et qu 'el le me rendfurieuse. J ' en su is arrivé à une troisièmeoption ; peut-être que cel leux qu i ne par-laient pas anglais ne vou laient pass'exprimer. J e n 'ai pas trouvé cette hypo-thèse super convaincante sûrement parceque je savais, de par ma propre expéri -ence, que ça n 'étai t pas vrai . Mais ça m'aamené à une nouvel le option . J e me su isd i t que peut être que cel leux qu i ne par-laient pas anglais ne se sentaient pas àl ' aise de parler dans d 'autres languesmême s' i l y avait de l ' in terprétation sim-u l tanée. Et je me su is auto-convaincueque c'est ce qu ' i l m'arrivai t même si jem'étais efforcée de parler ma proprelangue plusieurs fois lors des réun ions.

J ' ai réfléch i à l ' hypothèse de ne pasme sentir à l ' aise même pour parler malangue maternel le. J ' ai partagé cela avecd 'autres, et au final je pense que c'estpour cela que si peu de personnes parlentleur propre langue. Dans un contexte oùl ' anglais submerge toutes les autreslangues, on a honte de parler une autrelangue devant cent cinquante, vingt ou

Cet article vous invite à réfléchir à l 'uti l isation de l 'anglais comme langue de travai lau cours des assemblées européennes de Reclaim the Fields.

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rigée par l ' assemblée, travai l l ant de man-ière horizontale. On a choisi d 'uti l i ser l ' in -terprétation simul tanée pour quechacun.e pu isse participer et comprendre.Mais pour moi , ça ne veut pas seu lementd ire avoir l ' opportun ité de le faire, maisinclue aussi de se sentir à l ' aise pour lefaire. Et même si ça suppose de rédu irel ' u ti l i sation de l ' anglais en tant que languede travai l pour normal iser l ' u ti l i sationd 'autres langues et l ' in terprétation simul -tanée, je pense qu 'on devrai t le faire.

Pour moi la gêne est min ime : letemps supplémentaire indu it par la tra-duction , le bourdonnement dans les or-ei l l es, devoir mettre des écouteurs. Et lesavantages valent vraiment la peine : sinous pouvons parler notre propre languenous gagnons en acu ité d 'expression ,profondeur de réflexion , flu id i té, on défieles h iérarch ies, et la d iversi té favorise laparticipation de tou .te.s.

Au cours du camp, certain .e.s onttenté une stratégie pour encourager lespersonnes à parler leur propre langue enparlant d 'abord un anglais correct, pu isleur propre langue, forçant par con-séquent chacun.e à mettre ses écouteurs,et à écouter la traduction . C'étai t bienmais pas assez pour inverser la tendance.

J ' invi te donc chacun.e à parler danssa langue favori te, de façon à normal iserle fai t d 'avoir des réun ions multi l ingues.Cel leux qu i n i parlent pas anglais pour-raient ainsi sentir que cette interprétationn 'est pas là seu lement pour el leux, maisque l 'on choisi col lectivement de rendrepossible le fai t de parler dans une langueavec laquel le on se sent bien , et qu ' i l . l e.sne sont pas des cas spéciaux pour qu i uneffort spécial doit être fai t.

Parler dans ta langue préférée favorise laparticipation de tou.te.s, car le langageest pouvoir!

quarante personnes, car ça sign ifie claire-ment qu 'on n 'est pas capable de le faireen anglais. Et par dessus le marché, pourque les autre pu issent écouter ce qu 'ond it, i l . l e.s doivent al lumer leur rad io, semettre sur la bonne fréquence, ou se leverpour prendre une rad io car pour el leux çaal lai t de soi que la réun ion al lai t être en-tièrement en anglais. L' intention de cetexte n 'est pas d 'expl iquer en détai l spourquoi une personne pouvait se sentirmal à l ' aise de ne pas parler anglais. Lesraisons pouvaient être multiples : parmid 'autres : visibi l i ser sa classe sociale, sonn iveau d 'éducation , ses origines, le fai tqu 'el le n 'aie jamais voyagé en dehors deson pays auparavant, etc.

Faire de l ' in terprétation simul tanée, etavoir des réun ions en plusieurs langues,même si cela aurai t pu être possible tech-n iquement, n 'a pu être fait car nous noussommes l imité.e.s à faci l i ter la commu-n ication avec cel leux qu i ne parlaient pasanglais. Et pour cette simple raison , nousavons dû insister pour d ire que c'étai t okd ' instal ler l ' équ ipement et mettre les in -terprètes à contribution même pourqu 'une seu le personne puisse parler enconfiance.

J e pense que nous avons besoin deréfléch ir personnel lement et col lective-ment sur l ' u ti l i sation de l ' anglais dansnotre constel lation car, pour moi , ça joueun rôle important de défin i tion de qu iparticipe à nos assemblées européenneset à notre réseau . Qui peut bien parleranglais? Nous l imitons nous à des per-sonnes de classe moyenne ayant reçu unebonne éducation , descendantes del ' europe de l 'Ouest? J e crois que ça serai tune honte de se l imiter à ce type de per-sonnes et d 'exclure les autres.

Nous laissons le travai l à moitié fai t.RtF cherche à être une organ isation d i -

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Le Sabot:Special Airport Rural Fight !

Ce texte est l 'occasion de donner desnouvel les de notre activi té maraichère, etde partager nos réflexions autour de l 'oc-cupation comme moyen de lutte contreles projets stupides.

Contexte h i storique

C'est dans les années soixante que leshabitant·e·s de Notre Dame des landes etdes bourgs alentours entendent pour lapremière fois parler d 'un projet d 'amén-agement à grande échel le qu i viendrai tdétru ire leur terre de bocage. I l s ' agi t deconstru ire un aéroport international pourfaire décol ler le concorde, tout jeune fleur-on superson ique de l ' industrie francaise,depu is Notre Dame des Landes pour per-mettre à celu i -ci de franch ir le mur du sonen arrivant au dessus de l ' atlantique.Dans une perspective de développement,un aéroport sur cette zone géograh iquedonnerait à la région une ouverture d ir-ecte sur le monde, avec à la clé des re-tombées économiques d irectes.

Pour se faire i l faudra bétonner près dedeux mi l le hectares de terres agricoles,si tuées en zone humide. Dans un con-texte de luttes locales paysannes fortes(luttes contre l ' agrand issement des ex-

ploi tations, l iens avec les ouvrier·e·s engrève, création des Paysans en Lutte…) ,une association d 'exploi tant·e·s agricolesconcerné-e-s par l ' aéroport (l 'ADECA) estcréée, dans le but de défendre leur outi lde production . El le se battra pour contin -uer à instal ler des agricu l teur·trice·s :pendant plusieurs années, ce terri toiresera une des zones où i l y a le plus forttaux d ' instal lation de France.

Une vingtaine d 'année plus tard , leprojet bat de l ' ai le_: le Concorde ne sevend pas si bien que prévu et la criseéconomique (encore et tou jours el le. . . )pointe le bout de son nez au mi l ieu desannées soixante-d ix. L'aéroport est misaux oubl iettes, au grand dam des béton-neur·euse·s de tout poi l , et on croit alorsle bocage sauvé.

Le projet ressurgit au début des années2000, avec le gouvernement social iste del ' époque. I l s ' agi t cette fois de créer unnouvel aéroport à d imension interna-tionale afin , d i t-on , de sou lager les aéro-ports de Paris et évi ter le survol deNantes pour des raisons de sécuri té,bien-sûr.

La logique des décideur-euse-s estsimple : s' inscrire dans une tel le dy-namique d 'extention urbaine permettrai t

Voici plus de six mois que nous, col lectif du Sabot, avons rejoint la dynamiqued'occupation contre le projet d'aéroport à Notre Dame Des Landes.

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d'augmenter l ' attractivi té terri toriale de lavi l l e de Nantes et de sa région , de créerdes pôles de compéti tivi té, générer del ' innovation , ind ispensables pour atti rerles investisseurs… Pour cela, i l fautdévelopper l 'offre de transports, créer deszones industiel les et commerciales et lesemplois qu i vont avec, accroître la popu-lation et, au final , envisager une métro-pole d 'une centaine de ki lomètres qu irel ierai t Nantes à Saint Nazaire, à grandrenfort d 'autoroutes, de périphériques, deTGV… Dans une tel le logique de dévelop-pement urbain , l ' aéroport est un des élé-ments permettant à la région de deven irun l ieu de transi t incontournable, tantpour les marchand ises et les capitaux quepour les voyageur·euse·s.

Pour rendre acceptable ce projet de de-struction écologique massive le pro-moteur du projet, le groupe Vinci , atrouvé une parade d igne de figurer dansle bétisier du développement durable :l ' aéroport sera à « Haute Qual i té En-vironnementale ». Les lois sur les mesur-es écologiques compensatoires serontrespectées, mais ce n 'est pas tout : l ' aéro-port aura aussi son AMAP, i l y aura despanneaux solaires sur les toits des bâti -ments, et probablement même desplantes vertes dans le hal l d ' accuei l despassagers. . .

Pourtant face à cette logique capital iste,des voix se lèvent. Le projet à peineressorti des tiroirs, l 'ADECA se remobi l -ise, de nouvel les associations sont crééestel que l 'ACIPA réun issant des citoyen-ne-s opposé-e-s au projet, les « citoyensvigi lants », le col lectif des « habitants qu irésistent » ou encore la Coord ination desopposants à l ' aéroport qu i fédère unequarantaine d 'associations et col lectifs ded ivers horizons. . .

Occupation de la ZAD

En 2007, à l 'occasion d 'un pique-n iqueentre opposant·e·s à ce projet, l ' idée ap-paraît de mêler lutte contre l ' aéroport etlutte pour l ' accès au logement. Le Consei lGénéral a en effet racheté plusieurs ter-rains et maisons en vue de la construc-tion du futur aéroport, et les a laissés àl ' abandon depuis. Une première maisonest ainsi occupée.

Deux ans plus tard une Semaine dela Résistance ainsi qu 'un Camp ActionCl imat sur cette Zone d 'AménagementDifféré (ZAD) , devenue depuis « Zone ADéfendre », sont organ isés et accuei l l entplusieurs centaines de personnes. Unappel à occuper les terrains et maisonsvides est alors lancé et relayé dans cer-tains mi l ieux mi l i tants. L' idée est, entreautres, de réinvestir cette zone qu ' i l l esveu lent vider afin de faci lement l ' engloutirsous le béton , d 'être sur le terrain pourmener des actions, pouvoir réagir lors detravaux. L'occupation i l l égale des l ieux estainsi considérée comme un outi l de lutte,d ' action d irecte, qu i complète l ' action decel leux qu i optent pour d 'autres formesde luttes sur les terrains jurid ique, admin-istratif ou encore médiatique.

Au jourd 'hu i on dénombre sur la ZAD en-viron 25 l ieux occupés : maisons, cabanesdans les prés ou dans les arbres, camionset autres instal lations, et ce n 'est pas fin i !Des gens rejoignent cette lutte où se ret-rouvent et peuvent se concrétiser denombreux combats contre le monde qu icrée ce type de projets absurdes : contrele capital isme et son extention , contrel ' urban isation , contre l ' autori tarisme deces décisions, contre le réchauffement cl i -matique, contre les inégal i tés sociales,contre toutes les formes de pouvoir,contre la d ispari tion d 'espèces et d 'es-

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paces, contre l ' aménagement de nosvi l l es et le contrôle nos vies, etc. C'estaussi un moyen de mettre en pratique desidées, de nourrir des réflexions, et de lefaire en l ien avec des gens qu i vivent etluttent ici depu is de nombreuses années,avec qu i on ne partage pas tou jours lesmêmes analyses pol i tiques ou les straté-gies, mais avec qu i on voit de l ' in térêt àagir ensemble.

Cette zone d 'occupation est aussinaturel lement un l ieu de passage, de ren-contres de camarades qu i portentd 'autres luttes ai l l eurs, avec qu i créer desl iens. On y croise ainsi régu l ièrement desmi l i tant·e·s de Val de Suza qu i luttentcontre la l igne TGV Lyon–Turin , desami ·e·s parti ·e·s à la rencontre de mouve-ments de paysan ·ne·s sans terre enAmérique du Sud, des jard in ier·e·surbain ·e·s en lutte contre des projets debétonnage de terres agricoles urbaines ouencore des camarades qu i viennent don-ner des nouvel les de leur squat en vi l l e.

La ferme du Sabot

Octobre 201 0 : Les premières rencontresfrancophones du réseau RtF ont l ieu àDi jon , à l ' espace autogéré des Tanneries.Plusieurs occupant·e·s de la ZAD sont aurendez-vous et présentent leur lutte, leprojet d 'aéroport, leur vie sur place. Auterme de ces d iscussions l ' idée estavancée que cel leux qu i le souhaitent pas-sent voir d 'el leux-mêmes ce qu i se passesur cette zone. Ce sera chose faite en fév-rier, où des mi l i tant·e·s de RtF se ret-rouvent sur la ZAD autour desproblématiques de l ' accès à la terre et afinde réfléch ir à une manière de souten ir lalutte contre l ' aéroport et l ' urban isationgalopante, voire de la rejoindre. Un col lec-tif se consti tue avec l ' idée de reprendreune friche pour y faire du maraîchage.

C'est ainsi que naît l ' idée de la « manif du7 mai » : i l s ' agi t là, par une manifestation« fourche en main », de se réappropriercol lectivement une parcel le appartenantau Consei l Général afin de permettre l ' in -stal lation du Sabot.

Pour une h istoire plus détai l l ée de lamanifestation , consu l ter le bu l letin nº4.

Un des objectifs majeurs de cette mani -festation est de faire de cette réappropri -ation de terre — intrinséquementi l l égale — une action de masse, qu i soitcol lective et fédératrice, où chaque com-posante de la lutte pu isse se retrouver etagir ensemble : les mi l i tant·e·s écologistesrad icaux·ales avec les paysan-ne-s ducoin , les squateur·euse·s néo-rurales·auxavec les fami l les des bourgs environ-nants… Bien-sûr, le côté symbol ique deprendre des terres et leur donner unusage agricole plutôt qu 'aéroportuairepour s'opposer aux appéti ts voraces ducapital isme, a aussi son importance.

Pour la première fois sur cette zone,une occupation s'est fai te de manière vis-ible, annoncée, et en nombre. Cette invi t-ation à défricher a dévoi lé une possibi l i té :cel le de pouvoir réun ir au cours d 'une ac-tion les forces d 'oppositions d iverses endehors des cadres prévus par la loi . Et onsent que les personnes qu i ont participé àcette ouverture vont avoir à coeur de lasouten ir, et de la défendre si besoin : unbon moyen d ' impl iquer et de partager laresponsabi l i té de l ' aven ir de ce l ieu . L'en-thousiasme général laisse augurer denouvel les actions de ce type…

Depuis le 7 mai , le col lectif du Sabot trav-ai l l e cette terre, avec l ' appui précieux denombreuses personnes du coin : unvoisin a creusé un forage pour permettrel ' approvisionnement en eau , un autre

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prête son tracteur et sa motopompe, unpaysan a aidé à préparer la terre… Beauc-oup de débrou i l l es également pour con-crétiser cette aventure : instal lation depanneaux solaires, récupération dematériel (serre, goutte-à-goutte, tunnelsnantais…) . Et pu is les semis qu i avaientété préparés en prévision de cette instal l -ation ont été repiqués et, peti t à peti t,après de longues semaines de patience etd 'acharnement, tomates, courgettes,salades, fenoui l s, bettes, pastèques etautres carottes ont pointé le bout de leursnez.

Là où i l y a de la lutte, i l y a deslégumes ! (et réciproquement ?)

Si le Sabot participe, de fait, à une relativeautonomie al imentaire des occupant·e·set s' est consti tué aussi pour permettreaux personnes du col lectif de s'auto-former sur le tas, i l se veut d 'abord unouti l de lutte. L'étal de légumes est ainsiconçu comme support pour d iscuter :deux soirs par semaines sur place et tousles d imanches sur la place du vi l l age, leSabot propose ses légumes aux habit-ant·e·s des environs, aux gens de passageet essaye d 'en profiter pour parler du pro-jet d 'aéroport, de ce qu ' i l se passe sur laZAD, de la lutte et de ses en jeux pol i -tiques, voire d ' y impl iquer du monde. Lespermanences sur place sont aussi unmoyen de faci l i ter les l iens entre squat-teur·euse·s et habitant·e·s qu i ont ainsiune occasion de passer sur les l ieux ven irchercher des légumes, tout comme i l lespeuvent à quelques pas de là chercher dupain , pétri t et cu it par le bou langer squat-teur des « 1 00 chênes ». Ces l ieuxouverts au passage rendent visibles lesoccupations et leurs sign ifications. Enfin ,parler récol tes et météo peut aussi être unmoyen de faire un pont entre le monde

rural et les occupant·e·s en lutte contrel ' aéroport, même si les relations avec lespaysan ·ne·s et les organ isationspaysannes restent encore à développer.

Une autre manière de « nourrir la lutte »est de fourn ir d ifférentes cu isines desl ieux occupés de la ZAD, et d 'essayer defourn ir des légumes pour d 'autres,comme ça a été le cas pour des ren-contres avec d ifférents col lectifs, pourravitai l l er la cu isine du camp anti -G8/G20de cet été ou encore le récent camp anti -nucléaire de Valognes. A l ' aven ir nous es-pèrons renforcer encore ce l ien avec lesautres luttes.

Parce que se nourrir doit être accessible àtou ·te·s, et que le Sabot ne souhaite pasêtre dans des logiques marchandes, i l aété décidé de proposer ces légumes à prixl ibre : l ' argent ainsi col lecté est uti l i sépour souten ir le projet et lu i permettre dedurer : achats de semences, de matériel ,etc.

Ce système n'est pas sans poserquestion . Par exemple, i l ne permet pasforcément aux occupant·e·s de la ZAD dese sentir à l ' aise avec l ' idée de prendreparfois des légumes au Sabot sanscontrepartie (ce qu i est pourtant un desprincipes de base du prix l ibre) et lespratiques de récup' de légumes de super-marché ne d iminuent que partiel lement.De même, cette pratique du prix l ibren 'évoque pas grand chose aux habit-ant·e·s des environs, qu i préfèrent qu 'onleur donne un prix fixe à payer, mêmes' i l l es en ignorent la sign ification : on adéjà du mal à justifier le prix de carottespar rapport au temps de travai l qu ' y passeun·e maraicher·e « classique » et ausalaire qu ' i l l e gagne, alors, quel est le prixjuste d 'un ki logramme de carottes pour

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qui n 'entre pas dans une logique demarché, un mode de production qu is' évalue en terme de pertes et profitssonnants et trébuchants ?

Aujourd 'hu i , après une saison demaraîchage, le Sabot est à l ' heure dubi lan , tout en préparant la prochaine sais-on .

Ce terrain consti tue un l ieu particu l i -er, porteur d 'un projet col lectif spécifique :i l considère d 'abord la production agricolecomme un outi l de lutte, au sein d 'un en-semble plus vaste de l ieux occupés etd 'un col lectif de luttes plus grand.

Cela pose donc la question de saplace dans la lutte :– Cet outi l est-i l pertinent au regard du

temps qu 'on lu i consacre ?– Ou cel le du risque de reprodu ire des

logiques de spécial isation sur la ZAD ?Faut-i l que des gens passent toutes leursjournées à semer des navets pendant qued 'autres réun ionnent ? Comment per-mettre à chacun·e de prendre le tempsd 'avoir d 'autres activi tés ?)– Comment se servir efficacement de

la spécifici té agricole pour avoir un im-pact dans cette lutte ?

D'autres questions se posent sur la visib-i l i té effective de ce l ieu (quel rapport auxmédias, quel impact ?…) ou encore surl ' image de « bons squatteur·euse·s trav-ai l l eur·euse·s et méritant·e·s » quepeuvent véh icu ler les saboteur·euse·s àleurs corps défendants. I l faut doncsouvent lutter contre les a priori dontpeuvent être victimes d 'autres occu-pant·e·s non-agricoles : passer des nu itsblanches pour fin ir un tract, faire desréun ions — parfois interminables — pourpréparer une action , prendre le temps decomprendre dans quel monde on vit ouencore participer à un chantier col lectif

sont des actions souvent moins visiblesque de cu l tiver un jard in d 'un hectare…

Et puis aussi la question de la viabi l -i té d 'un tel projet sans al locations so-ciales (chômage, RSA…) ou encore cel lede la mise en place d 'outi l s organ isa-tionels plus efficaces…

Enfin , arriver à conci l ier une activi téde maraîchage (qu i demande à priori uneplan ification à moyen terme) avec la pré-cari té de la si tuation d 'occupation resteun des défis à relever de cette instal lationagricole un peu « rock'n ' rol l »…

Finalement, cette mise en pratiquesd ' idées nous a permis de nous montrerqu 'une instal lation agricole rapide, dansun contexte de lutte et avec peu de moy-ens est possible, si tôt que du l ien est crééen amont, qu 'on cherche à rassemblerplutôt qu 'à d iviser, que sa réal isation estpensée avec les ind ividus et col lectifs déjàprésents sur place, avec un peu d 'espoiret une bonne dose de sol idari té. Même siel le n 'est pas reproductible tel le quel le, etqu 'el le continue à nous poser de nom-breuses questions, l ' occupation agricolepeut etre un outi l in téressant à envisagerdans la résistance contre l ' artificial isationdes terres et l ' urban isation .

Pour plus d' infos

http://zad.nadir.org/, l e si te des occu-pant·e·s de la ZAD.

http://acipa.free.fr/, l e si te de l ' associ -ation citoyenne intercommunale des pop-u lations concernéees par le projetd 'aéroport.

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Un tour de présentation a montré qu 'uncertain nombre venait pour découvrir RtFet ce qu ' i l y a derrière et d 'autres pourcontinuer à avancer sur des projets déjàengagés, que certain -e-s avaient déjà desactivi tés agricoles col lectives, d 'autres desprojets qu i font rêver, que les jard in ier-e-sdes vi l l es étaient présent-e-s aussi , ainsique les squatteur-euse-s de terrain de fac,et les partageur-euse-s de rûchers, qu ' i l yavait aussi des wwoofeu-se-s, des com-pagnon-ne-s du réseau REPAS (Réseaud 'Echanges et de Pratiques Al ternatives etSol idaires) , des constructeurs terre-pai l l e,des producteurs de cidre, et même desjournal istes de CQFD… Et que les at-tentes par rapport à ces rencontresétaient aussi d iverses que les gens qu i s' ytrouvaient avec entre autre, les questionsdes instal lations col lectives, des luttesfoncières et contre la spécu lation , desl iens à faire avec d 'autres luttes, avec les« quartiers », de la destruction du capital -isme, des rapports de genre, des autresaspects de la production agricole : vête-ments, matériaux de construction , etc.

Le réseau RtF a été présenté comme une« voix » des agricu l tures vivrières, col lect-ives, non-marchandes, et pour l ' accès à laterre, comme un espace pour les « agri -

colo-al terno-autonomes ». Personne nesait exactement ce que sont ou doiventêtre les groupes locaux, i l y aurai t plutôtdes dynamiques locales, sur des événe-ments, des l ieux.

Quelques étoi les de la constel lationRtF se sont présentées ou ont donné deleurs nouvel les : une ancienne colon ie devacances rachetée col lectivement pourdes projets d ivers et variés (dont deschantiers non-mixtes de construction , dela menuiserie, un l ieu d 'accuei l de réseauxmi l i tants, de vacances autogérées, etc. ) ,des projets col lectifs en construction au-tour d 'activi tés agricoles, de mi l i tantismeet d 'accuei l , une ferme col lective à statutassociatif, les jard ins occupés de Di jon etGenève. . .

Compte-rendu des commissions

Au cours du week-end , i l y a eu laprésentation des commissions existanteset de cel les qu i vou laient se créer, pu isdes d iscussions au sein de chacune deces commissions, et un retour en grandgroupe. L'accès à la terre, les semences,le réseau de fermes de formation ont étéévoqués, et les projets avancent ou ten-tent d 'avancer.

Compte-rendu des 2emesrencontres francophones

Presque 70 personnes se sont réunies à Kraken début novembre pour les 2èmerencontres francophones de RtF.

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Une partie du week-end a été consacrée àla réflexion autour de nos moyens decommunication , externe (I nternet, bu l let-ins et création d 'un bu l letin francophone,création d 'un tract, etc. ) et interne (l istede d iffusion) .

Une réflexion col lective a aussi été menéesur nos modes de communicationpendant des assemblées de ce type, not-amment après un tour de parole fasti -d ieux sur les envies des un-e-s et desautres vis à vis des commissions pro-posées et de thématiques à d iscuter.Quelques idées d 'outi l s existants ont étérappelés pour les prochaines fois, pourpermettre des d iscussions constructiveset pas trop lourdes à supporter quand onest nombreu-ses-x. Tout en reconnaissantqu ' i l y a tou jours des en jeux de pouvoirdans les débats et la prise de parole, et enrestant humble quand à nos capacités àles dépasser seu lement parce qu ’on en aconscience, i l apparaît comme évident depenser la forme des échanges en amontde la d iscussion , et de les proposer endébut de rencontres, pour permettre deles d iscuter et questionner avant de lesuti l i ser. L'attention à la mixi té dans lesrôles (d 'an imation par exemple) , dans lesd iscussions, l ' u ti l i sation de moyens d 'ex-pression non-verbaux (tableau d 'expres-sion , boite à idées, etc. ) , des temps ded iscussion de ressentis ont par exempleété évoqués.

Questions de genre en m ili eu agri -coles

Lundi matin a eu l ieu un atel ier d iscus-sion autour des questions de genre dansle mi l ieu agricole. I l y avait une peti tevingtaine de participant-e-s dont la moitiéde personnes social isées hommes. Aprèsune d iscussion sur le terme « genre » où

on s’est mis-es d ’accord sur une défin i -tion , des événements ou anecdotes vécusayant trai t à un comportement sexiste ouune situation de domination genrée ontservi à al imenter une réflexion col lectivesur ‘pourquoi ça s’est passé comme ça’ et‘comment les choses auraient pu sepasser d ifféremment’ .

Plusieurs pistes de réflexions ont étésou levées, par exemple autour del ' écoute :– Comment accompagner les per-

sonnes victimes d ’agression , Commentfaire se positionner un mi l ieu ou unréseau donné par rapport à des si tuationproblématiques (violences) ?– Et plus généralement, comment en-

courager l ' écoute et l imiter l ’affrontementdans les d iscussions et prises de parole ?– Comment encourager la confiance

en soi , la bienvei l l ance et l ’attention àl ’autre, sans tomber dans une "domina-tion" de la bienvei l l ance qu i pourrai t para-lyser les débats en vou lant à tout prixévi ter les confl i ts ?

I l a été question de reconnaissancedes ressentis, d ' empath ie et de vigi lancecomme de propositions plus concrètescomme la possibi l i té de dortoirs non-mixtes, des temps de d iscussion en non-mixi té, l ' attention à la réparti tion des rôlespendant des rencontres, l ' importanced 'avoir une position col lective ferme surl ’écoute et la reconnaissance des res-sentis et témoignages de personnes ayantvécu des agressions sexistes.

Un autre axe de d iscussion sur la ques-tion de genre en mi l ieu agricole a été lerapport aux techn iques, aux machines,etc. et les questions de transmission desavoirs de manière constructive, d 'ap-proche basée non sur la performance et laproductivi té, mais l ' expérimentation et

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l ' apprentissage de chacun-e.Pour conclure, on a rappelé l ' import-

ance de porter cette question au sein deRtF, mais aussi d 'avoir une position clairevers l ' extérieur contre ces formes dedomination (écri ture de textes, autoform-ation par des lectures, etc. )

Souveraineté alimentaire

Une discussion en grand groupe a eu l ieuautour d 'un texte proposé su ite au forumsur la souveraineté al imentaire, qu i ques-tionne entre autre l ' idée de peuple, desouveraineté, de démocratie.

Rappel du contexte

Le Forum Européen sur la SouverainetéAl imentaire qu i a eu l ieu en Autriche cetété, étai t organ isé par Via Campesina etATTAC Europe ; plus de 350 organ isationsde 35 pays (organ isations paysannes,AMAPS, mouvements activistes, associ -ations environnemental istes, etc. ) y sontvenues.

Le forum était intéressant par la d i -versi té des organ isations présentes, parles l iens Est/Ouest qu i ont pu s' y créer, etpar la réflexion sur la méthodologie uti l -isée (portée par les nouveaux "an imateur-trice-s" de ces réseaux) même si la forme"forum" très cadrée ne permet pas desortir avec des perspectives concrètes.

A partir d 'un travai l autour de ce quesign ifie souveraineté al imentaire, des re-tours en groupes, d 'une synthèse desidées puis d 'une red iscussion de ces ter-mes par "origines géographiques" (pourune compréhension et une val idation parrapport à des contextes d ifférents, notam-ment pol i tiques) , un texte commun a étéélaboré. Les d iscussions étaient intéress-antes même si le document final estassez consensuel , et qu ' i l n ' y a pas eu

véri tablement de réflexions sur l ' usage dece texte: à qu i i l s ' adresse, quel les su iteslu i donner, etc.

La souveraineté al imentaire est unterme uti l isé en réponse au terme de sé-curi té al imentaire, uti l i sé par les associ -ations développementistes, et même siel le pose de nombreuses questions (voirplus loin ) , i l semblai t assez importantqu ' i l y ai t des gens du réseau à ces ren-contres. RtF n 'étai t pas signataire del ' appel , n i du texte final , mais unetrentaine de personnes (dont des gensqu i participaient à l 'organ isation et l ' in -tendance) y étaient. Cela peut poserquelques questions sur le fai t d 'êtreprésent sans être représenté (ou re-présentatif) , et sur une tendance de RtF àvou loir rester en dehors tout le temps, ouà trouver que ce n 'est pas assez "pur"?

Réflexions en vrac

– Nourrir le peuple ? Quel peuple ? Estce qu 'on peut parler de souveraineté al i -mentaire, quand la production al imentairedépend de 2-3 % de la population ?– La question du comment on produit

(bio, local , etc. ) ne suffi t pas pourréfléch ir le monde : i l faut s' interroger surpour qu i on produit ? Qu'est ce que çacautionne, si les modes de vie, les pol i -tiques sont en désaccord avec ce qu 'onveut ? Bosser pour nourrir des bobos ?Approvisionner des luttes sociales plutôtque tout le monde ? On est dans unmonde de production choisie, alors pour-quoi pas aussi de d istribution choisie ?– Quel le est la sign ification du prix de

l ' al imentation : par rapport au travai l de-mandé, par rapport à l ' accessibi l i té, etc.Quel rapport à la vente ? Ne pas forcé-ment vou loir tout sortir des rapportsmarchands, parce que ce n 'est pas pos-sible dans ce monde là, mais que au

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moins la question se pose, qu 'el le existedans les expériences de production qu 'onfait (sans être dans une recherche de pur-isme) , arriver à dépasser les l imites con-sommation/production . . .

Pistes et suites

Le débat sur la position de RtF par rap-port à cette notion de souveraineté al i -mentaire pose la question des l iens qu 'onveut avoir avec les organ isations qu i par-ticipent à ces rencontres, même si ça nesemble pas évident d 'être clair dessustant qu 'on n 'est pas clair-e-s entre nous. I lsemble plus faci le de faire des chosesavec d 'autres sur des thématiques, desactions concrètes, des atti rances "ponc-tuel les" que sur de grands principes.Mais cette question de la SouverainetéAl imentaire peut quand même être unmoyen d 'approfondir les réflexions com-munes de RtF, de développer un imagin-aire commun, de développer desréflexions spécifiques (par exemple sur lerapport aux normes, à la traçabi l i té, àl ' agricu l ture non-marchande, etc. ) . Letexte apparaît plus comme un prétexte àaffiner des réflexions et des positions : i l aété proposé qu ' i l soi t red iscuté par ungroupe ensu ite, pour en faire un texteplus précis que la présentation du "RtFqu i sommes nous" , ou pour être un "qu isommes-nous francophone " .

Se défin ir, préciser ses positions nedoit pas entrainer une fermeture (ne pasêtre excluant ou moral isateur) mais es-sayer d 'enrich ir les débats par une nou-vel le compréhension , de peaufiner lesd irections dans lesquel les on veut se pro-jeter. Quel le est la consistance pol i tiquede ce qu 'on brasse ? Est ce qu 'on seréun it autour de mots ouverts, larges,consensuels, ou est ce qu 'on a une l ignepol i tique claire ? Est ce que l ' in térêt du

réseau RtF ne réside pas plus dans cesrencontres et forums que dans l ' idéed 'avoir des positions et des avancéescommunes ?

Bilan du week-end

Plein de nouvel les-eaux intéressé-e-s parles questions sou levées par RtF, ça c'estchouette !

Par contre, ça demande de réfléch irsérieusement à comment se structurentdes rencontres de ce type, entre temps de"découverte" du réseau et temps d 'organ-isation . Ce n 'est pas possible de de-mander à des personnes qu i viennenttout juste de rencontrer le réseau leursavis sur des commissions ou des fonc-tionnements en cours, et en mêmetemps, ces rencontres étaient pour la plu -part des commissions l 'occasion de seretrouver pour faire avancer des choses cequ i a engendré quelques frustrations depart et d 'autres.

Pour répondre à ça, quelques pistesont été évoquées : augmenter la duréedes rencontres (faire un « camp franco-phone » ?) , d istinguer les thématiques deréflexion , "évolutives" (par exemple, lapropriété, la traçabi l i té, les semences,etc. ) et les temps d 'organ isation , prévoirdes temps d 'accuei l , et d ' infos sur lesd ifférents groupes consti tués, des tempsde réflexion sur l ' identi té du réseau , etc.

A essayer aux prochaines ren-contres ! (encore non défin ies)

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La républ ique de Biélorussie est l ' endroitqu i a le plus été affecté par la catastrophede Tchernobyl i l y a de cela vingt cinq ans.Une grande partie des personnessouffrent tou jours de problèmes de santé,beaucoup de personnes sont mortesprématurément et chaque année i l y a desmanifestations pour se remémorer lacatastrophe. Cependant, le président"élu" Lakushenko, qu i est au pouvoirdepuis la chute de l 'Un ion Soviétique, etson gouvernement font de plus en plusde prisonn ier.e.s pol i tiques depuisqu ' i l . l e.s ont décidé i l y a quelques annéesde constru ire la première centralenucléaire biélorusse, pour des raisonséconomiques.

Sa construction a débuté fin 201 1avec le soutien financier de l ' économie

russe et n 'a rencontré qu 'une faibleopposition . D'un côté on a les promesseshabituel les de "nouveaux emplois" pourlutter contre la pauvreté, de l ' autrepersonne n 'ose s'opposer en publ ic àquelque projet émanant du régime que cesoit. Et comme cela s'est vu en décembre201 0 pour les dern ières élections lechemin vers la prison est court et d irectpour cel les et ceux sur qu i i l y a lemoindre doute quand à leur la loyautépol i tique au gang de tête. Malgré tout despersonnes parlent contre l ' in justice etessayent d ' informer les autres sur lesmanières de changer la société. Le casn 'est pas très connu du publ ic et on abesoin de sol idari té et de personnes anti -autori taires en Biélorussie.

Contact

– http://abc-belarus.org/?lang=en– http://belarusantiatom.info/

Plus d' info

– http://charter97.org/en/news/atom (en anglais)– http://a3yo.noblogs.org/post/201 1 /04/24/antiatom-widerstand-in -belarus-

flyer-an lassl ich-25-jahre-tschernobyl/ (en al lemand)

Construction d'une centralenucléaire en Biélorussie

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Le programme de barrageshydroélectriques au Portugal

L' impulsion pour électrifier le Portugal estvenue dans les années 60 et 70 lorsque lerégime fasciste a mis en place undéveloppement industriel qu i a imposéune réorgan isation sociale et terri torialede l ' usage de la terre, cel le-ci déstabi l isantles identi tés rurales avec une violencesans précédent.

Les productions d 'énergie localesont été national isées via EDP (Electrici tédu Portugal ) qu i a acqu is le monopole dela production , du transport et de la d istri -bution de l ' énergie et a commencé àdévelopper l ' infrastructure hydroélec-trique, constru isant plus de 1 50 barragesjusque dans les campagnes les plus rec-u lées. L'entrée du Portugal dans la CEEen 1 986 a laché la bride à un très import-ant processus de développementéconomique, avec une modern isationrapide, une expansion industriel le et uneproductivi té accrue en agricu l ture, tand isque ces changements dans l ' usage de laterre ont conduit à un exode rural crois-sant et prononcé. Dans les années 90i l . l e.s ont commencé à privatiser la com-pagnie au profit d 'une pléiade d ' investis-seur.euse.s et la privatisation totale estarrivée en janvier dern ier - le plus gros ac-tionnaire de EDP étant dorénavant l ' en-treprise ch inoise à l 'origine du barrage

des Trois Gorges. Les plus gros barragessont si tués dans les parties les pluspauvres du pays, très peu ont engendréun développement sign ificatif, et certainsont rencontré une grande résistance.

Le cas de Vi larinho da Furna

La première batai l l e emblématique a étéperdue en 1 972 quand un peti t vi l l age dela Serra do Gerês, une magnifique régionsauvage de parcs naturels, a été déplacéet submergé. Ce vi l l age a été inscri t dansles l ivres d 'h istoire après qu 'une équ iped 'ethnographes l ' ai t considéré comme letémoignage exemplaire d 'un mode de viecommunautaire presque oubl ié sur cesterres, consistant en un ancien systèmeorgan isationnel où la propriété privéeexistai t mais étai t complémentée d 'unaccès égal aux terres communes, où l 'or-gan isation sociale et économique étaientl iées dans le partage de la force de travai let des ressources, et où les personneschoisissaient et changeaient leurs re-présentant.e.s parmi el les. I l étai t une ex-pression première de démocratiepopu laire, complètement autonome desautori tés officiel les.

Quand la décision central isée est ar-rivée et a inondé la val lée, 57 fami l les ont

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été forcées à se relocal iser, recevant àpeine 5 escudos par mètre carré de terreperdue, maisons incluses. I l . l e.s ont em-mené juqu 'au tu i les de leur toit, l aissantseu lement des murs nus pour faire face àla montée des eaux. Le vi l l age se vanteau jourd 'hu i d 'être le premier musée sous-marin d 'europe.

La batai lle de Foz Coa

Lorsque les chantiers préparatoires de cebarrage ont commencé on a trouvé touteune col lection de peintures rupestres duPaléol i th ique, et les propositions du genredéplacer les rochers pour les mettre dansun musée se sont frottées à une résist-ance pern icieuse de la part des archéo-logues. La campagne "Les peinturesrupestres ne savent pas nager" a com-mencé par un camp de protestation fortde 600 personnes sur place, s' est tenuesous les auspices de la campagne élector-ale social iste. Une fois élu .e.s, i l . l e.s ontmis un terme au barrage.

Deux parad igmes de développementopposés se rencontrent ici ; une stratégieindustrial iste dépendant de l ' effet du bar-rage en tant que métabol ismeéconomique, et une basée sur l ' implé-mentation d 'activi tés cu l turel les et localesqu i valorise le patrimoine et les atouts.

Foz Coa étai t une victoire em-blématique car i l a été reconnu publ ique-ment que la science et la cu l ture ont uneimportance égale pour la croissance et lecapital , ce qu i étai t sans précédent et s'estrarement reprodu it dans le domaine pub-l ic depuis. Le musée et le Centre des Vis-i teurs ont reçu 35000 visi teur.euse.s l ' andern ier et est en passe d 'être le mei l leurmusée d 'europe en 201 2.

Le Programme National de BarragesHydroélectriques

La situation actuel le avec le changementcl imatique et la montée des prix dupétrole a mené à des pol i tiques favorisantla production à partir d 'énergies renou-velables. Le Programme National de Bar-rages Hydroélectriques approuvé en 2007a acqu is le statut de " travai l d ' intérêtpubl ic" car i l étai t vendu comme répond-ant à ces problématiques, comme énergierenouvelable, solution à la pol lution ,dépendance externe et stock d 'énergie.

Mettons fin à l ' i l l usion ; première-ment, nous importons du pétrole pour letransport, non pour l ' énergie; deuxièm-ement, l ' expérience internationale montreque l ' efficience énergétique est de loin lemei l leur investissement à faire dans l ' in -dustrie de l ' énergie; troisièmement, barrerun cours d 'eau est une violente al térationde l 'ordre naturel , provoquant de grandesperte dans la qual i té de l ' environnementet l ' héri tage cu l turel et ne consti tue pasune forme renouvelable d 'énergie.

Le programme de barrages est aussi enconfl i t avec le plan d 'efficience éner-gétique national (PNAEE) approuvé en2008 qui fai t le voeu de rédu ire lesdépenses de 1 0% en 7 ans (voeu pieu vuque le Portugal est tel lement gourmanden énergie qu 'en 201 0 et en dépit de lacrise économique la consommation aaugmenté de 4,7%) . I l y a aussi le fai tqu ' i l empiète sur la législationeuropéenne, plus précisément sur la Dir-ective sur l 'Habitat et la Directive Cadresur l 'Eau , pour produ ire 0,5% de con-sommation d 'énergie brute et 3% de de-mande d 'électrici té. Des investissementséconomiques intéressants dans l ' effi -cience énergétique pourraient apporterune économie de 25% voire plus sur la

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consommation actuel le avec des coûtsd ivisés par 1 0. Constru ire de nouveauxbarrages est incompatible avec une effi -cience énergétique car i l s entrent en com-péti tion avec les fonds d ' investissement,les primes du budget d 'état, les effortsfinanciers des consommateurs et le trav-ai l qual ifié. Constru ire un nouveau bar-rage coûte 6 fois plus cher que d 'enoptimiser un ancien .

Le PNBPH a été vendu comme uninvestissement privé alors qu ' i l estsoutenu par un subside de l ' état "énergiegarantie" atteignant les 49 mi l l ionsd 'euros par an ; les coûts de ce pro-gramme pour les ci toyen .ne.s sera d 'en-viron 1 6000 mi l l ion d 'euros, 2000 eurospar personne. Tout le monde paiera parl ' in termédiaire des taxes et d 'un projetd 'augmentation des factures énergétiquesde 1 0%.

La si tuation actuelle

Une coal i tion d 'ONG environnementalesa fait campagne au niveau national eteuropéen depuis que le PNBPH a été an-noncé en 2007. Le barrage de Foz Tua estdevenu une cible importante de la luttecar le barrage va inonder la val lée de larivière Tua qu i est classée Site d 'Héri tageMondial au regard de la géomorphologiede la région , la production agricole (not-amment les vignobles mondialementconnus) , et une l igne de chemin de ferdatant du début du siècle.

La coal i tion a demandé un rapportindépendant de l ' I COMOS/UNESCOpour évaluer les plans du gouvernementqu i d isai t ouvertement non seu lementque ce barrage al lai t en lever tout caractèreà la région et lu i faire perdre son statut debien un iversel exceptionnel , mais encore,plus important, que les mesures com-pensatoires étaient moins importantes

que de considérer si ou i ou non le barragedevait être constru i t. Les mesures com-pensatoires proposées incluent de mettreà contribution un arch itecte primé pourcontribuer à min imiser son impact visuel .Les barrages ont été un prétexte idéolo-gique pour une construction à grandeéchel le, un symbole de l ' ineptie dudéveloppement économique mené ausiècle dern ier, cause d 'un exode ruralcompulsif, d ' abandon de terre et de perted 'habitats durables.

C'est à nous d 'exposer la nature ob-solete de ces idées. I l n ' y a pas pluséloigné de la réponse aux problèmeséconomiques et sociaux de notre tempsqu 'un grand mur de ciment. Nous devonsleur faire comprendre que leurs intérêtsvont à l ' encontre de nos valeurs.

I l existe une campagne persistantemenée par des groupes formels et in -formels de résidents locaux, des citoyensconservateurs et outragés, pour restaurerla véri té en la matière au sein de l 'opin ionpubl ique, et pour travai l l er à un futurd ifférent pour la région de Tràs-os-Montes. Parmi les actions proposéespour l ' année à ven ir, continuer les mani -festations à Lisbonne et préparer unecaravane de la sol idari té qu passera parles vi l l ages de la val lée et qu i cu lmineraen un camp, pour célébrer la région , sonpeuple, la rivière sauvage.

Plus d' info / S' impliquer

[email protected]

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Luttes contre les mines de cuivreet de molybdène en Turquie

« Les élèves de l ' école élémentaire de Te-peoba se sont rendu.e.s à la premièremine en Turqu ie dotée de la technologiede trai tement du molybdène. Les 40élèves de Tepeoba, vi l l age de 500 habit-ants, ont planté avec leurs enseignant.e.set l ' équ ipe techn ique de la mine 500plantes pour couvrir le sol et 1 50 arbresfru itiers. Le d irecteur de l ' école trouve trèsintéressantes les actions de ce type carel les développent la conscience écolo-gique des enfants et leur permettent debien mieux percevoir et comprendre lanature. Le dîner qu i a su ivi à la cantineavec l ' équ ipe techn ique, et les peti ts ca-deaux devraient graver dans les mémoiresce jour inoubl iable »" , d ixi t le quotid ienlocal du 8 avri l 201 1 sous le ti tre " Encour-agement de la conscience écologique :nos élèves ont planté des arbres pour lapremière fois "

Les usines où le cu ivre et le molybdènesont extrai ts et trai tés et dont je parle icisont officiel lement si tuées dans le nord-ouest de la Turqu ie, approximativement à1 0km au nord de Havran , dans laprovince de Bal ikesir (dans cette région i la eu à peu près 1 00 permis en tout al -loués pour l ' exploi tation de minerai ) . Uneinqu iétude générale ici est qu ' i l n ' y ai t

également en sous-main de l ' extractiond 'or. Le si te d 'exploi tation acheté à l ' étatest consti tué de forêts et s'étend sur1 ,7 km². La plus grande partie de la forêtde pins noirs étai t une réserve ancienneet des ol iveraies sont si tuées à moins de1 000m de là. Cela a été rad icalement dé-foresté.

Selon la loi sur l 'ol ive §4086/5 del ' année 1 995 i l est interd i t de constru iretout type d 'usine dans les ol iveraies etleur voisinage immédiat sur un rayon de3 km, exceptées cel les pour le trai tementdes ol ives. Cette loi n 'a malheureusementpas été su ivie. I l est donc évident quel ' évaluation de l ' impact environnementala été d irigé en faveur de l ' entreprise deproduction de minerai Özdogu I nsatTic.Ltd .Sti .

Des réactions sont venues de plusieurscôtés. Le 1 0 avri l 201 1 , peu de tempsaprès que les bâtiments de béton aientfai t leur appari tion un peu partout sur lesi te, i l y a eu une première manifestation .750 environnemental istes ont marchéavec tambours et bann ières, exigeantl ' annu lation des permis. I l . l e.s ontprotesté contre le gouvernement qu i a al -loué 4.000 permis depuis 2004, dont àpeu près 30% d' investissements

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étrangers. En comparaison entre les an-nées 1 932 et 2004 seu ls 1 500 permis ontété al loués. Après une conférence depresse, une tribune d 'expression l ibre aété montée pour que chacun.e pu isseexprimer son opin ion . On a égalementservi du jus de raisin et du bou lgour. Lesenfants ont dansé des danses trad ition-nel les. Des représentant.e.s de tous lespartis, excepté du parti au pouvoir AKP,étaient présent.e.s.

Des archéologistes ont exprimé leureffroi face à la destruction possible desrestes de l ' ancienne cité de Thèbes vieuxde 4000 ans présents sur le si te.

Un journal de renom a publ ié de bonnesnouvel les le 1 er août 201 1 : une mine aTepeoba sera fermée et des fou i l l es surles restes de Thèbes ont commencé. Maisaucune action n 'a été engagée venant desquartiers officiels. Cela n 'a pas été scienti -fiquement documenté, et les fou i l l esn 'ont pas encore commencé.

Les paysan .ne.s qu i cu l tivent l 'ol ive,qu i sont les plus touché.e.s, ont réagi lesdern ièr.e.s. Ce n 'est qu 'après que beauc-oup d 'ol iviers (plus que ce qu i avait étéconvenu) soient abattus et que leschamps soient détru i ts pour la mise enplace de pylônes électriques et la con-struction de routes supplémentaires,qu ' i l . l e.s ont intenté un procès aux autor-i tés locales. Sans succès.

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Un mouvement européen pour lasouveraineté alimentaire

Un bol de terre, une cruche d 'eau et unepoignée de semences ont été donnéessymbol iquement par I brah ima Coul ibalydu Mal i aux participant.e.s pour l 'ouver-ture du Forum Européen de Nyélén i . El leest le symbole vivant de Nyélén i , unefemme mal ienne légendaire, paysanne etfémin iste. Le premier Forum mondial deNyélén i pour la Souveraineté Al imentaireavait eu l ieu quatre ans auparavant, fondéavec l ' aide d ' I brah ima Coul ibaly.

La déclaration de Nyélén i de 2007statue que "nous espérons, que beaucoupde forums locaux, nationaux, régionaux etmondiaux auront l ieu dans le futur" .Krems a eu l ' honneur de recevoir lesecond forum de Nyélén i , cette fois focal -isé sur la région de l 'Europe. " I l est im-portant, qu 'un mouvement fort se crée enEurope, ceci dû aux conséquences dram-atiques qu 'a le marché agricole européenactuel sur les paysan .ne.s et les autresmarchés de par le monde" . Cette déclara-tion a été faite par I brah ima.

Le but du forum

Et fructueux, le forum l 'a été, grâce àl ' aide de nombreux.ses participant.e.s.Plus de 400 paysan .ne.s, jard in ier.e.s,producteur.euse.s, environnemental istes,

représentant.e.s d 'ONG et d ' in i tiatives,activistes et scientifiques venant de 34pays européens, 9 délégué.e.s des paysdu Sud du globe, et plus de 1 50 per-sonnes pour aider, interpréter, et cu isineront rendu possible ce forum.

Le processus de construction d 'unmouvement pour la Souveraineté Al i -mentaire en Europe avait déjà commencédepuis des années. Même si beaucoupd'organ isations avaient travai l l é sur dessu jets simi laires, le forum visai t à générerune énergie et un mouvement, à créer unsystème fonctionnel de coord ination et àapporter le concept de Souveraineté Al i -mentaire dans d ifférents cercles.

Les groupes d 'organ isation étaientprincipalement l 'ECVC (Coord inationEuropéenne Via Campesina) et leur or-gan isation autrich ienne ÖBV, de mêmeque Les Amis de la Terre Europe, Attac etle FIAN (FoodFirst I nformation and Ac-tion Network) . Leur but étai t d ' intégrer aumouvement de nouvel les régions et denouveau secteurs. Surtout les pays du(Sud) -Est européen et les pays duCaucase qu i ont fi lement pu participeréactivement, ce qu i a renforcé les réseauxet la coord ination des actions dans la ré-gion et en l 'Europe.

Le Forum Européen de Nyéléni pour la Souveraineté Al imentaire a eu l ieu en 201 1 àKrems, en Autriche, du 1 6 au 21 août et s'est avéré être un événement clé dans lemouvement européen pour la Souveraineté Al imentaire.

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Un programme intense et coloré

Le programme a consisté en de multiplessessions plén ières, ainsi qu 'en réun ionsthématiques et régionales sur certainspoints. Les personnes déléguées pouv-aient échanger entre el les leurs expéri -ences et compréhensions de laSouveraineté Al imentaire, d iscutant desobstacles et des défis, ainsi que leursstratégies pour créer un nouveau systèmeeuropéen démocratique sur l ' al imentationet l ' agricu l ture. "Nous sommes convain -cu .e.s que le changement dans notre sys-tème al imentaire et agricole sera lepremier pas en d irection d 'un vastechangement dans la société" étai t la con-clusion de la déclaration .

La Souveraineté Al imentaire n 'exigepas seu lement un contrôle démocratiquede la production , de l ' al location et del ' accès à l ' al imentation , mais el le exigeégalement l ' érad ication de toutes lesformes de violence, qu 'el le soit sexiste,raciste ou de classe. Une réun ion desfemmes étai t organ isée le premier jour duforum et a permis aux déléguées de d is-cuter à propos de la perpétuel le positiondésavantageuse des femmes dans l ' agri -cu l ture, ainsi que de sou l igner l ' import-ance de la lutte contre le patriarcat.

D'autres activi tés ont aussi été or-gan isées, comme par exemple les "mist-icas" générées par la communauté dupeti t matin , un jour de balade à traverschamps avec escalade et visi te à des fer-mes locales, une procession bruyante àtravers la vi l l e, ainsi qu 'un marché auxidées, sur la place du marché de Krems,où des in i tiatives autrich iennes eteuropéennes ainsi que leurs idées se sontprésentées au publ ic. Entre un échangede semences et une montagne de nour-ri ture récupérée dans les poubel les d 'unsupermarché local , ou encore une scène

bigarrée avec théâtre et musique, le foruma offert une grande d iversi té d ' idées et depossibles mises en oeuvre de laSouveraineté Al imentaire pour les per-sonnes de la région de Krems.

Les repas partagés formaient aussiune part importante du forum, où ungroupe de cu isine populaire a magni -fiquement cu isiné des menus régionaux,bios et végétariens en très grosse quanti téet au final , l es participant.e.s ont pu ap-précier un super programme de soirées.Ce moment laissai t place à des échangeset créations de l iens informels, ce qu in 'étai t pas possible la plupart du tempsdans les réun ions officiel les.

En plus de la mise en réseau , un desrésu l tats du forum a été la déclaration , oùdes problèmes concrets concernantl 'Europe ont été sou levés et où des straté-gies ont été développées pour un nou-veau système d'accès à l ' al imentation ,agricole et social qu i pourrai t être partagédans d ifférents cercles pol i tiques, organ-isations et insti tutions. Les d ifférentes ré-gions ont également présenté leur pland 'action concret. Pour l 'Europe deux joursont été arrêtés pour l ' activisme : le jourmondial de l ' al imentation le 1 6 octobre etle jour des luttes paysannes le 1 7 avri l .

Pour que les col laborations et stratégiescréées au forum de Nyélén i soientfructueuses et pour l ' émergence d 'unmouvement fort, un travai l continu estnécessaire, surtout après le forum. Pourcertain .e.s le forum de Nyélén i s' est avéréêtre un événement clé dans lemouvement européen pour laSouveraineté Al imentaire. La question desavoir comment ce mouvement va af-fecter le monde à ven ir est exci tante, etreste sans réponse.

http://www.nyelen ieurope.net/

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Deux chansons sur les Diggers

Les Diggers étaient un groupe de protestants agraires communistes anglais, fondépar Gerrard Winstanley en 1 649. I l . le.s ont tenté de réformer l 'ordre social existantavec un mode de vie agraire basé sur leurs idées de création de petitescommunautés égal itaires.

The Diggers' Song, XVI I e Si ècle

Dm A7 DmYou noble d iggers al l stand up now, stand up nowYou noble d iggers al l stand up now

FThe wasteland to maintain

CSin caval iers by name

DmYour d igging does maintain

A7And persons al l defame

Dm A7 DmStand up now, stand up now

Your houses they tear down stand up now, stand up nowYour houses they tear down, stand up nowYour houses they tear downTo fright your men in townBut the gentry must come downAnd the poor shal l wear the crownStand up now diggers al l

With spades and hoes and plows stand up now, stand up nowWith spades and hoes and plows, stand up nowYour freedom to upholdSin caval iers are boldTo ki l l you if they cou ldAnd rights from you to holdStand up now diggers al l

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Une version enregistrée par Chumbawamba est d isponible sur YouTube:

https://youtu.be/OA4FTIz2Zrw

The gentry are al l round stand up now, stand up nowThe gentry are al l round stand up nowThe gentry are al l roundOn each side they are foundTheir vision so profoundTo cheat us of our groundStand up now stand up now

The clergy they come in stand up now, stand up nowThe clergy they come in stand up nowThe clergy they come inAnd say it is a sinThat we shou ld now beginOur freedom's for to winStand up now diggers al l

The lawyers they con join stand up now, stand up nowThe lawyers they con join stand up nowTo arrest us they advise,Such fury they devise,The devi l in them l iesAnd hath bl inded both their eyesStand up now, stand up now

'Gainst lawyers and 'gainst priests stand up now, stand up now'Gainst lawyers and 'gainst priests stand up nowFor tyrants they are both ,Even flat against their oathTo grant us they are loatheOur meat and drink and clothStand up now diggers al l

Stand up now diggers al l !

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The World Turned Upside Down , Leon Rosselson , 1 975

J ouer avec le capo sur la deuxième case pour que le mi soit un mi d ièse.

EI n 1 649

BTo St. George’s H i l l ,

AA ragged band they cal led the Diggers

E BCame to show the people’s wi l l

EThey defied the land lords

BThey defied the laws

AThey were the d ispossessedB EReclaiming what was theirs

We come in peace they saidTo dig and sowWe come to work the lands in commonAnd to make the waste ground growThis earth d ividedWe wi l l make wholeSo it wi l l beA common treasury for al l

The sin of propertyWe do disdainNo one has any right to buy and sel lThe earth for private gainBy theft and murderThey took the landNow everywhere the wal l sSpring up at their command

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They make the lawsTo chain us wel lThe clergy dazzle us with heavenOr they damn us into hel lWe wi l l not worsh ipThe God they serveThe God of greed who feed the richWhi le poor folk starve

We work we eat togetherWe need no swordsWe wi l l not bow to the mastersOr pay rent to the lordsSti l l we are freeThough we are poorYou Diggers al l stand up for gloryStand up now

Une version chantée par Bi l l y Bragg est d isponible sur YouTube:

https://youtu.be/lxW5yvpeHg4

From the men of propertyThe orders cameThey sent the h ired men and troopersTo wipe out the Diggers’ claimTear down their cottagesDestroy their cornThey were d ispersedBut sti l l the vision l ingers on

You poor take courageYou rich take careThis earth was made a common treasuryFor everyone to shareAl l th ings in commonAl l people oneWe come in peace they saidThe orders came to cut them down

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Sortons de nos jardins privés

Beyond Our Backyards (BoB, Au-delà denos jard ins privés) est un projet européenvisant à favoriser la capacité des actriceset acteurs d ' in i tiatives locales en agroéco-logie (permacu l ture, agricu l ture com-munautaire, in i tiatives de transi tion ,agricu l ture urbaine entre autres) à étud ieret s' engager dans des questions pol i -tiques et des processus à grande échel lequ i ont un impact sur les in i tiativesagroécologiques locales (i .e. pol i tiquessur les semences, pol i tiques agricolescommunes, lois relatives à la propriété) ,et dans des pratiques qu i affectent cesquestions pol i tiques majeures (i .e.échanges de semences, pratiques de cu l -tures, réseaux de sol idari té, mobi l isationspol i tiques) . A cet effet le projet rassembledes actrices et acteurs provenant de troissphères d 'action d istinctes : insti tution-nel . l e.s, activistes pol i tiques et personnesdéveloppant des in i tiatives agroécolo-giques locales.

Des in i tiatives ayant une " identi té agroé-cologique" s'étendent en Europe et dansle monde entier. Parmi ces in i tiatives ontrouve des terres mises en commun, desprojets de permacu l ture, des jard insurbains ou même des in i tiatives de trans-i tion . En grande partie, ces in i tiatives

partagent les valeurs et même les lan-gages des mouvements écologiques etagraires du sud du globe et des mouve-ments sociaux anticapital istes. Cepend-ant, la plupart d 'entre el les sont focal iséessur le travai l très local isé et pratique deleur projet, ceci dû aux conditions danslesquel les el les essayent de survivre. Celamène (a) à min imiser le contexte pol i -tique dans lequel el les opèrent (comme lecomplexe agro-industriel , ses insti tutionsde sauvegarde et son lobbyisme; ou en-core le capital isme de marché lu i -même)et (b) à un mépris du contexte h istoriquedes luttes sociales et des modes al tern-atifs d 'organ isation , et de l ' h istoire de lapensée scientifique et pol i tique.

L' idée du projet Beyond our Backyards estpartie de l 'observation d 'un manque d 'en-gagement dans ces in i tiatives agroécolo-giques locales qu i s' étendent rapidement,dans les mouvements pol i tiques et lescampagnes qu i trai tent de su jets qu i lesaffectent d irectement. Cela rend plus d iffi -ci le d ' interconnecter et de développerl ' action col lective pour s'attaquer auxproblèmes communément rencontrés parces in i tiatives, ce qu i mène non seu le-ment à une fragi l isation grand issante,mais aussi à un manque de mouvement

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social réel , capable d 'affronter l ' agrobusi -ness industriel et de changer le fonction-nement du système al imentaire mondial .Pour dépasser ce problème, le projet viseà créer un mouvement social basé surune identi té agroécologique, en rassemb-lant les actrices et acteurs venant des in i -tiatives locales qu i se développent et lesinsti tutions, mouvements pol i tiques, etcampagnes, y compris plusieurs in i tiat-ives qu i s' inscrivent dans la constel lationReclaim the Fields (i .e. reclaim the seeds,access to land) . De plus, nous espéronsaussi pouvoir développer des stratégiespol i tiques communes et des synergiesavec les mouvement du Sud qui part-agent le langage de l ' agroécologie (tel lesVia Campesina ou Navdanya) .

La première réun ion internationale deBoB a eu l ieu dans la communauté deGastwerke, en Escherode (près de Kassel ,

Al lemagne) vers la fin octobre 201 1 .Pendant cette réun ion , 30 personnes— et quelques autres "on l ine" — ont prispart à un espace ouvert où i l étai t pos-sible d 'approcher les d ifférents mi l ieux, setrouver des points et intérêts communs,et les faire converger en des fins com-munes. De cette réun ion sont néesplusieurs in i tiatives qu i sont en plan ifica-tion et développement (voir encart) . Parconséquent, si de nouvel les personnesveu lent participer et contribuer à ces in i ti -atives, el les seront accuei l l ies à brasouverts.

Pour plus d ' information sur le projet BoB,veu i l l ez écrire à info@agroecol .eu . Plusd ' information et de mises à jours serontd isponibles sur le si te I nternet du projet.

http://agroecol .eu/

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In i ti ati ves Beyond our Backyards en cours

Sém inaire Valeur de l'Alimentation

Durant ce séminaire on parlera de la valeur de l ' al imentation et de sonévolution au cours des siècles dern iers dans nos propres sociétés ainsique de la valeur donnée à l ' al imentation dans d 'autres sociétés. Nousanalyserons le l ien entre valeur et prix d 'un point de vue phi losophiqueet les manières d 'évi ter les exclusions dues à la future hausse des coûtsde production al imentaire. Pour ce faire nous regarderons des expéri -ences pratiques de projets d 'agricu l ture communautaire, des coopérat-ives al imentaires et des in i tiatives de jard inage urbain . Le séminaire seraouvert aux personnes venant de partout en Europe. A l ' exception dedeux réun ions "en vrai" , (ju in/décembre 201 2) le séminaire se fera enl igne. Pour le remboursement des frais de transports vers les deuxréun ions des fonds, l imités, seront d isponibles. Les réun ions aurontprobablement l ieu en France et en Espagne. Le contenu concret duséminaire est encore ouvert et les suggestions sont très appréciées.

Plateforme de recherche BoB

Plusieurs personnes se sont impl iquées dans le développement d 'uneplateforme de recherche focal isée sur la recherche d 'action , avec les ob-jectifs su ivants : rassembler de l ' information sur la recherche sur lessu jets l iés à BoB et former des groupes de personnes intéressées pourles explorer; inspirer des recherches communes; échanger des connais-sances et des expériences d 'action ou de recherche activiste.

Manuel de Coopératives Alimentaires

201 2 est l 'Année I nternationale des Coopératives des Nations Unies. Entant que participant, le PNUD (Programme des Nations Unies pour leDéveloppement) a apporté son soutien à des coopératives al imentaireslocales en Pologne pour développer des outi l s. Une part de ces dévelop-pements sera intégrée, développée et international isée au sein du projetBoB. La première étape pour le manuel sera une conférence/assembléesur les coopératives al imentaires et l ' agricu l ture communautaire les 1 4-1 5 avri l à Varsovie. Les outi l s et le savoir rassemblés lors de la conférenceseront rapportés dans la publ ication .

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Semences

Un des su jets sur lesquels les pol i tiques nationales ou internationales af-fectent ou menacent le plus visiblement les pratiques agroécologiqueslocales est celu i relatif aux semences. Au sein de BoB, nous cherchons àrel ier le contenu de la campagne Reclaim the Seeds aux autres groupescomme les projets d 'agricu l ture commune, de permacu l ture ou derecherches, pour amél iorer le potentiel de ces projets grâce à l ' apprentis-sage pol i tique et la recherche scientifique, et à la fois rendre les per-sonnes qu i y participent conscientes des menaces que consti tuent leslois actuel les et à ven ir sur les semences. Des développements poten-tiels incluent: développement de documentation sur la préservation ,l ' u ti l i sation et les pol i tiques des semences; l ' in tégration de questionspol i tiques et de recherches actuel les sur la question des semences; l ' or-gan isation de séminaires, formations ou réun ions.

Plateforme e-learn ing

Pour souten ir le processus d 'apprentissage des d ifférentes personnesparticipant au réseau , nous projetons de développer une plateforme dee-learn ing, qu i pourrai t s' in tégrer à un réseau social pour l ' échange d 'ex-périences et de contacts en agroécologie. I l y a déjà certains partenairesintéressés, dont la Foundació Ent (Espagne) , qu i fai t la promotion decours qu i trai tent par exemple de souveraineté al imentaire et la Bewe-gungsakademie (Al lemagne) , organ isatrice de cours sur l ' engagementpol i tique dans les questions environnementales. En outre, i l soutiendrai tégalement toute in i tiative d 'apprentissage organ isée par les parti -cipant.e.s de BoB et permettrai t un échange dynamique d 'expériences etd 'appels à la coopération .

La prochaine réun ion internationale aidera à créer un centrede recherche-action et décroi ssance

La prochaine réun ion internationale BoB est prévue pour ju in -ju i l l et 201 2à Cerbère, dans la Catalogne française. El le impl iquerai t une composantepratique pour établ i r des relations avec la communauté locale basées surl ' al imentation , ainsi qu 'un soutien à la mise en place d 'un nouveaucentre de recherche-action et décroissance économique: the CanDecreix. La participation sera ouverte, avec la possibi l i té de demanderun remboursement des frais de transport.

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Luttes écologiques en Turquie

Fondée en 2007, l 'Association Col lectived 'Ecologie (EKD) , entreprend un combatéco-social iste contre les pol i tiques anti -écologistes en Turqu ie. En luttant maindans la main avec les victimes, pour don-ner vie à un nouveau sens et au change-ment, c' est une responsabi l i té ind ividuel leet sociale que prend ce col lectif écolo-giste.

I l s ’oppose fermement à tous les types detendances national istes, mi l i taristes, sex-istes et proh ibi tives afin de l ibérer à la foisl ' eau , l ' ai r, l a terre et le travai l , et pourpermettre à tou .te.s de vivre en paix. Parcette position , i l se retrouve avec d 'autresorgan isations sur le terrain et dans les ac-tions, en développant des méthodes delutte par l 'organ isation d 'atel ier particip-atif, forums, lecture et journées cinéma.Au niveau théorique, i l constru i t des con-naissances grâce à ses propres publ ica-tions, les poursu ites en justice qu i ont étémenées, et tente de deven ir une forced 'opposition légale à toute personne, in -sti tution ou entreprise qu i se trouve êtrecontre la nature et la main-d ’œuvre.

La Plateforme Anti -Organ ismes Généti -quement Modifiés (GDOHP) a été crééeen 2004 après la publ ication du texte « La

vie ne peut pas être brevetée » sur lasphère électron ique. L'Association Col -lective d ’Écologie fai t partie de cette plate-forme qui compte plus de soixantemembres. El le lutte contre les monopolessemenciers internationaux et tente d ' in -former les gens à propos des plantesgénétiquement modifiées, qu i sonttrafiquées en laboratoire et lancées dansla nature par les firmes biotechnolo-giques. El le dél ivre également des inform-ations sur les effets négatifs del ' al imentation humaine et an imaleprodu ite à partir de ces plantes, tant surla santé que sur l ' écologie et la biod-iversi té. Dans le cadre de ce combat,GDOHP s'est rendu dans d ifférentesvi l l es avec des bal lons Monstre Maïs etMonstre Tomate à la main pour ren-contrer les popu lations, en expl iquant leseffets nocifs des OGM à des personnesde tous les segments de la société. Avecses pol i tiques et ses actions, cela a portéla question des OGM sur l ' agenda turc eta élevé la conscience de la popu lation .

Une des questions rattachée auxOGM qui requ iert une attention sign ificat-ive est cel le de la biod iversi té en Turqu ie.Malgré toutes les pertes et les mauvaistrai tements, la Turqu ie est tou jours unpays riche en terme de biod iversi té et

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nombre d 'espèces. En Turqu ie, environdeux mi l le espèces de plantes sur un totalde onze mi l le sont des espèces en-démiques que l 'on ne retrouve pas ai l -l eurs.

En Turqu ie, l ' importance accordée à l ' ag-ricu l ture et l ' élevage a d iminué, surtoutdurant le processus de l ibéral isation aprèsles années 1 980, dans le cadre des pol i -tiques imposées par l 'UE. Le processusde destruction des vi l l ages et des zonesrurales conduit à un accroissement exces-sif de la popu lation , spécialement dansles grandes vi l l es, et accélère la d ispari -tion des valeurs des zones rurales.Pousser les jeunes populations rurales àmigrer vers les vi l l es pour du travai l oudes études et forcer cel les et ceux qu irestent dans les campagnes à vendreleurs terres sont des problèmes récentsen Turqu ie. Dès lors que les populationsrurales produ isent grâce à leurs propresmoyens de production cela devient unproblème pour les processus capital istes,qu i visent les ressources rurales avec desmoyens bon marché, menant à des pol i -tiques qu i obl igent les ruraux à migrer.Les populations rurales encouragées àmigrer vendent leurs terres à bas prix, etdeviennent, cas emblématique des dy-namiques capital istes, de la main-d ’œuvre bon marché dans les vi l l es. Acôté de cela, les travai l l eur.euse.s saison-n ier.e.s qu i se déplacent selon les emploisà travers la la Turqu ie sont transporté.e.set travai l l ent dans de mauvaises condi -tions. Ces travai l l eur.euse.s, surtout desfemmes, qu i tentent de satisfaire leursnécessi tés de base dans des conditionsmalsaines, contractent de sérieuses mal -ad ies à cause de l ' environnement auqueli l . l es sont confrontées, pour tenter de sur-vivre, et certain .e.s perdent parfois la vie.

Vi l l es et campagnes se complètent l ' unel ' autre et ne peuvent être séparées. La l i -qu idation des zones rurales sous prétexted 'harmonisation européenne, de dévelop-pement, d ' industrial isation ou de démo-cratisation cause des problèmesingérables, des pertes massives et degrosses destructions en termes social etécologique.

Récemment la Turqu ie, avec sa structuresous-développée et sa mauvaisegouvernance, a été témoin de construc-tions accélérées d 'usines et barrages hy-droélectriques, de centrales thermiques etnucléaires et de prospections min ières.Pour ces projets, les popu lations localessont expropriées de leurs maisons et deleurs vi l l ages ; i l l eur est expl ici tementsoutenu qu ' i l est impossible de vivre del ' agricu l ture ou des méthodes de produc-tion trad itionnel les. On leur demande detravai l l er dans de mauvaises conditions, àla construction et au fonctionnement deces usines et d ' intégrer les rouages ducapital isme. Cel les et ceux qu i travai l l entdans ces instal lations sont caché.e.s dupubl ic. De plus, les compagnies qu i ex-ploi tent les mines d 'or au cyanure et lesusines de ciment accroissent l ' exploi ta-tion de la nature et du travai l .

Après avoir légalement permis laconstruction d 'usines hydroélectriques,particu l ièrement dans la région orientalede la Mer noire, les écosystèmes sontdétru i ts par le changement des courantsnaturels des cours d 'eau , les arbres sontcoupés et la vie de tous les organ ismesde ces écosystèmes sont mis en danger.

Malgré toutes les réactions des locauxcontre ces usines hydroélectriques, plusde deux mi l le de ces projets attendentd 'être réal isés, les compagnies tentent des'atti rer les faveurs de la popu lation en

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organ isant des meetings d ' information .En plus de la destruction des écosys-tèmes forestiers par les usines hydroélec-triques, cel le-ci est prolongée par la loirelative à la vente de terres qu i ne sontplus des forêts, d i tes 2B. Malgré les con-séquences dou loureuses du désastrenucléaire de Fukush ima, le gouvernementturc ne faibl i t pas dans son amour pour lenucléaire. La destruction de la nature parl 'AKP[1 ] est dénoncée publ iquementcomme « projet stupide », qu i inclut unevi l l e nouvel le dans I stanbu l , avec un nou-veau détroit et un nouveau pont.

Écologie Col lective, conscient de toutcela, est un mouvement pol i tique et uneorgan isation qu i se concentre tou jourssur la lutte organ isée, croyant en la néces-si té d 'élever nos voix ensemble. El le or-gan ise des actions, des festivals, descongrès ; essaye de faire entendre sa voixavec des méthodes de mi l i tantisme ori -ginales, et le plus important, tente dedévelopper des schémas de pensée al -ternatifs. Pour un monde sans exploi ta-tion , dans lequel nous vivronsfraternel lement, avec toute sa beauté, sesorgan ismes et ses valeurs ; longue vie ànos combats éco-social istes.

Deniz Zengin — Col lectif Ecologieekoloj [email protected]

1 Le Parti pour la justice et le développement ou AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi ) est unparti de centre-droit, au pouvoir en Turqu ie depuis 2002. NDT

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Pour plus d ' info sur le réseau , regarde nos dern ières nouvel les ou rejoins-nous dans lalutte, tu as plusieurs possibi l i tés.

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Reclaim the Fi elds est une constel lation de jeunes paysan .ne.s, dessans-terre et des paysan .ne.s en deven ir, ainsi que de personnes qu iveu lent retrouver le contrôle de la production al imentaire.

Notre but est d ’encourager les gens à rester ou à retourner en mi l ieurural . Nous promouvons la Souveraineté Al imentaire (défin ie dans laDéclaration de Nyelen i ) et l ’agricu l ture paysanne — particu l ièrementauprès des jeunes et des citad in .e.s, ainsi que des modes de vieal ternatifs. En Europe, le concept de « Souveraineté Al imentaire » n ’estpas très commun et peut être clarifié par des idées tel les que« l ’autonomie al imentaire » et le contrôle des systèmes d’al imentationpar les communautés au sens large, et non pas seu lement les nationsou états. Nous sommes déterminé.e.s à créer des al ternatives aucapital isme au travers d ’ in i tiatives et de modes de productioncoopératifs, col lectifs, autonomes, répondant à nos besoins et à peti teéchel le. Nous mettons nos idées en pratique et nous associons lesactions locales aux luttes pol i tiques globales.

Les bu l letins sont là pour faci l i ter la transmission d ' information entreles étoi les de la constel lation , pour partager les dern ières nouvel les etl ' état du processus au sein des ind ividu .e.s ou col lectifs impl iqué.e.s etpour permettre à de nouvel les personnes de nous su ivre et nousrejoindre, ayant à d isposition les textes de base nécessaires et uneh istoire des débats.