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Trésors de vieux papiers N° 9 Odile BERGET

9- Trésors de vieux papiers - Numéro 9

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A partir d'un patchwork publié en 1931 dans un magazine français, recherches sur la participation américaine à l'Exposition Coloniale + modèle du quilt

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Trésors de vieux papiersN° 9

Odile BERGET

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Janvier 2011

Licence Creative Commons : Cette publication création est mise à disposition selon le Contrat Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France disponible en ligne

Adresse courriel : [email protected] : http://www.berget.fr

http://www.lamachineacoudre.netBlog : http://larbracigogne.blogspot.com/

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Remerciements à :

Nicole T : sans sa générosité, cette recherche historique n'aurait pas eu lieu.Jennifer Van Horn, Melissa Wood et Fabien T qui ont répondu si cordialement à mes demandes de renseignements.

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SommaireIntroduction..........................................................................................................................................5Un magazine de 1931...........................................................................................................................6Un couvre-lit original à faire soi-même...............................................................................................7D'Issoire (Puy de Dôme) à Mount Vernon (Virginie – USA)...............................................................9Le bloc panier.....................................................................................................................................12Annexe 1.............................................................................................................................................14

Un couvre-lit original pour une chambre rustique ...................................................................14Annexe 2 ............................................................................................................................................15Annexe 3.............................................................................................................................................16

Les sections étrangères par Raymond Lécuyer.........................................................................16La section américaine...........................................................................................................16

Promenade à travers les cinq continents par Paul-Emile Cadilhac ..........................................16La participation des États-Unis à l'exposition coloniale par Pierre Deloncle...........................17

La maison de Washington à Mount Vernon..........................................................................17

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IntroductionLa plupart des textes qui se consacrent à l'étude du patchwork en France, et

y compris certaines recherches universitaires récentes: « L’ambassade américaine s’est employée à faire connaître cette pratique [le patchwork – Note de l'auteur] florissante aux États-Unis encore peu connue en France, à travers une exposition itinérante intitulée "Un patchwork de cultures". Après avoir passé deux mois au Musée de la Toile de Jouy (sept-oct 2008), cette exposition a été montrée à la mairie du Vème arrondissement de Paris, avant de partir... » semblent exprimer que cet art est d'introduction récente dans notre pays.

Au mieux, on trouve les références de la fameuse exposition de 1972 sur le patchwork américain au musée des Arts décoratifs de Paris. Il s'agissait alors d'une exposition qui avait eu lieu en 1971 au Whitney Museum of American Art de New York et intitulée «Abstract Design in American Quilts ».

Dans le n°92 des Nouvelles du Patchwork et de le Création textile, j'avais déjà montré des exemples datant de 1957 et tirés du magazine Mon ouvrage.

Ma conclusion était : « Cet article... nous permet de penser qu'entre les travaux d'aiguilles fort anciens comme ceux recensés par Janine Jannière lors de l'exposition de Martinville et les soi-disant débuts de 1972, il n'y a pas vraiment eu d'oubli du patchwork en France, mais seulement des hauts et des bas comme dans toutes les modes en décoration. »

En fouillant les magazines tout au long du XXème siècle, on retrouve en effet, de temps en temps des références à ce qui s'est longtemps appelé mosaïque d'étoffe car il semblait que le mot anglais n'était pas connu et qu'on rapportait plus ces techniques à une simple récupération qu'à un décor.

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Un magazine de 1931Lors d'une réunion amicale de brodeuse, l'une d'entre nous avait apporté quelques magazines anciens. Quelle ne fut pas ma surprise d'un découvrir, en couleur, la reproduction d'une superbe bloc « type panier » sur une pleine page .Mon amie m'ayant généreusement fait cadeau de cette revue, je pouvais commencer les recherches et de « fil en aiguille » récupérer assez de documentation pour vous les faire partager.Le magazine « Mode Pratique » est une publication de la Librairie Hachette. En 1931, ce numéro 40 daté du 3 octobre comporte 24 pages soit en N&B soit en couleur. Il mesure 25cm par 33cm et les pages ne sont pas agrafées. En fait, ce magazine, comme beaucoup d'autres de cette époque était destiné à être relié en fin d'année en un livre complet.Il comporte aussi une planche de 55cm par 76cm pliée en 8 avec des patrons de couture.

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Un couvre-lit original à faire soi-mêmeC'est ce titre imprimé en couleur sur la couverture qui avait attiré notre

attention et dans les pages intérieures, on le rappelle : « Un couvre-lit original pour une chambre rustique ». Ceci montre bien que cette technique, si différente de la décoration « art déco » de l'époque, ne s'envisage que pour la « maison de campagne » des lectrices visiblement fortunées de ce magazine.

Le texte accompagnant les illustrations n'est pas long et j'ai pensé qu'une reproduction in extenso vous permettrait de mieux comprendre pourquoi j'ai voulu poursuivre les recherches vers la partie historique. Vous le trouverez à l 'annexe 1 de ce document.

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Cette image dont la légende précise qu'elle montre le couvre-lit plié en quatre nous permettra par la suite de prévoir le montage du quilt d'origine.

Planche accompagnant le magazine

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D'Issoire (Puy de Dôme) à Mount Vernon (Virginie – USA)Comme l'article faisait référence à l'Exposition Coloniale de 1931, ma première

recherche fut sur cet événement parisien qui reste fort heureusement très bien documenté.Cette exposition, inaugurée en mai1931 par le président G.Doumergue et dont le commissaire général était le maréchal Lyautey a duré plus de 8 mois.Elle était installée à la limite de Paris et de Vincennes au niveau de la Porte Dorée. Le principal document qui m'a permis d'avancer dans les recherches a été la seconde édition de l'album hors série de l'Illustration publié à l'automne 1931.

Bien que ce ne soit pas exactement sur le sujet du patchwork, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer quelques documents :

Le plan de l'exposition sur lequel j'ai entouré la position du pavillon américain.

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Et une vue en perspective où j'ai indiqué l'emplacement du pavillon des États-Unis.Vous trouverez dans l'annexe 3 les textes originaux qui expliquent pourquoi l'on

trouve une représentation américaine parmi les pavillons coloniaux. J'y ai joint d'autres articles qui se réfèrent aussi à cette participation.Les États-Unis avaient donc reconstitué la maison de Washington de Mount-Vernon. Et c'est dans cette superbe demeure que l'on trouvait une pièce dite « chambre de La Fayette ».

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Dans ce numéro spécial, j'ai eu la chance de trouver plusieurs photos de ce pavillon et de la chambre.

Là, surprise, le lit à baldaquin tout habillé de blanc, montre un splendide quilt plié mais il ne s'agit pas de notre quilt « panier ». Il est vrai que ces pièces ont été ouvertes à plus de huit millions de visiteurs. On peut donc penser qu'un minimum de nettoyage fut nécessaire et que plusieurs quilts ont été utilisés.

J'ai pris contact avec le musée Washington de Mount-Vernon. Leur accueil a été extrêmement sympathique et les responsables ont pris la peine de rechercher dans leur collection si l’un ou l'autre de ces quilts étaient encore en leu possession. Hélas, aucune trace n'a pu être retrouvée mais il est vrai qu'ils ignoraient aussi quasiment tout de la participation américaine de 1931.

Pour celles que cela intéresse, faute d'un voyage aux USA, vous pouvez visiter la maison en version 3D sur ce site : http://www.mountvernon.org/

Encore plus étonnant, j'ai appris que le maison de l'exposition avait été démontée après la fin de l'événement et qu'elle fut remontée sur un terrain particulier à Vaucresson, en limite de la forêt. Il s'agit maintenant d'une propriété totalement privée dont l'intérieur n'a plus rien à voir avec l'original.En voici une photo:

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Le bloc panierComme vous pouvez le lire dans l'annexe 1, le magazine explique brièvement

comment faire et une grande feuille de patron avec le dessin d’un morceau du dessus de lit est jointe. Le dessin (pièce et matelassage) est, on ne peut plus rustique, et loin d’être exact. Je ne sais pas si les couturières de l’époque se sont lancées dans cet immense travail puisque le quilt complet demandait 36 blocs panier, 20 blocs unis, 4 coins et 20 ½ blocs plus les bandes.

Pour ma part, je n’ai réalisé en modèle qu’un modeste coussin mais en essayant de coller au plus près des couleurs originales en utilisant des tissus copies d’anciens.

Dans les pages suivantes vous trouverez un schéma général du bloc panier dont vous pourrez dessiner les gabarits à la dimension que vous souhaitez.

Schéma général à mettre à vos dimensions A voir à l'annexe 2

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L’unité de base pour dessiner vos gabarits sera le côté A du petit triangle.A partir de 1,5cm si vous voulez travailler en miniature jusqu’à 5 cm ce qui donnerait un coussin de 56cm.Pour celui de l’exemple, le côté mesure 1" soit 2,54cm et le coussin mesure 28cm

Note de l'auteur: la référence à Issoire vient de cette réunion si amicale où nous avons partagé notre amour des textiles.

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Annexe 1

Un couvre-lit original pour une chambre rustique Nous avons à l’heure actuelle et de plus en plus, le souci de notre

installation ; nous la voulons parfaite dans les moindres détails, et des idées neuves qui concourent à lui donner un cachet bien personnel nous enchantent. Votre journal vous offre aujourd’hui, Mesdames, un modèle de couvre lit très amusant, peu coûteux, facile à faire, ne demandant que du goût et de la patience.

Celles d’entre-vous qui ont vu la maison de Washington à l’Exposition Coloniale reconnaîtront dans la gravure de cette page dont le détail en couleur occupe la page ci-contre, le travail de « Patches » qui orne le lit de la chambre de La Fayette, à Mount-Vernon. Celui que nous donnons ici est fait de losanges en grosse toile blanche alternant avec des losanges en toile vert d’eau ; une bande blanche et une bande verte l’encadrent, dans les losanges blancs, un curieux travail de petits triangles multicolores composent un bouquet sortant d’un vase vert d’eau, le tout très stylisé.

Si vous y regardez de près, vous verrez que les triangles du bouquet sont faits de fragments d’indienne imprimée des très petits motifs ; ils sont cousus les uns aux autres comme des pièces ordinaires, mais on ne fait que la première couture sans rabattre, et on coupe le tissu en dessous en laissant un demi centimètre de chaque étoffe; quand le dessus du couvre-lit est ainsi entièrement fait, vous le doublez d’une grosse toile blanche unie, en ayant soin de glisser entre les deux étoffes une légère ouatine ; un matelassage de piqûres fixe la ouatine et donne au couvre-lit beaucoup de chic ; nos maisons provençales en ont souvent du même genre mais l’idée du décor de « Patches » des couvertures anglaises et américaines est inédite en France, c’est vous qui en lancerez la mode. De plus cette garniture a l’avantage d’être d’un prix de revient inexistant, puisque nous utilisons pour l’exécuter, des fragments d’étoffes trop petits pour un autre usage.

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Annexe 2

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Annexe 3Extraits de l'Illustration

Les sections étrangères par Raymond Lécuyer…

Sept nations étrangère ont décidé de collaborer avec nous. La Belgique, le Brésil, le Danemark, les États-unis, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal ont édifié d'importantes constructions. Les pavillons élevés par eux embellissent la rive est et la rive nord du lac Daumesnil dont les bords sinueux et les eaux claires contribuent beaucoup au pittoresque général de l'Exposition.…

La section américaine

Nos amis des États-Unis, admirateurs de la politique civilisatrice du Maréchal Lyautey, devaient être présents à Vincennes. Par une délicate attention, ils ont désiré que le plus important de leurs pavillons fût une reproduction rigoureusement fidèle du cottage de Georges Washington en Virginie, à Mount Vernon. C'est dans cette maison, en effet, que le héros eut pour hôte La Fayette.

Une société privée est propriétaire de cette demeure historique qu'elle entretient avec piété.C'est une construction d'aimable apparence, simple et coquette, raffinée et rurale, dont plus d'un détail d'ornementation offre déjà le caractère de ce style de la fin du dix-huitième siècle que très arbitrairement les antiquaires qualifient de « directoire ».

Avec la plus émouvante conscience, on a fait en sorte que le cottage de Vincennes fût la réplique parfaite du cottage de Mount Vernon. Mêmes cheminées délicatement ciselées, mêmes escaliers, mêmes plafonds, mêmes stucs, mêmes volets égayant les fenêtres.

Au second étage, la « chambre de La Fayette », semblable en tous points à celle où séjourna, en 1793, le général français devenu chef d'état-major du généralissime américain; sous la coupole, la « colombe de la paix » — un cadeau de Washington à son hôte; sous une gaine de bronze, une clef de la Bastille — un cadeau de La Fayette à Washington; et, sur le plancher du salon, une reproduction d'un tapis tissé par ordre de Louis XVI et donné par le roi de France au fondateur de la république d'outre-mer.

Les ailes du cottage et des pavillons, dont l'aspect s'harmonise avec la reconstitution de Mount Vernon, contiennent des documents rétrospectifs ou actuels sur l'Alaska, Panama, les Philippines, Samoa, les Iles Vierges, les îles Hawaï et Porto-Rico: il est a remarqué qu'ainsi le passé et le présent de pays qui jusqu'à présent n'avaient jamais figuré directement dans une exposition sont confrontés à Paris.

Promenade à travers les cinq continents par Paul-Emile Cadilhac …

Je conseille aux voyageurs qui redoutent les traversées de parcourir la planète en passant par l'exposition. Là, ni roulis, ni tangage; le mal de mer y est inconnu; et l'on va par rail ou par autocar de Madagascar à l'Océanie et de la Martinique aux Indes néerlandaises. Les distances sont abolies, les océans supprimés,, et ce n'est pas le moindre des miracles réalisés par le Maréchal Lyautey.…Quant aux autocars électriques, parqués dans une contre-allée, ils relèvent d'une autre esthétique. Leur tablier aplatis les rattachent aux autos qui parurent dans les années 1895, et, pour y grimper, il faut se livrer à une sérieuse gymnastique. …Le pavillon des Beaux-Arts passa inaperçu; mais la section des États-Unis faillit amener un incident.— Ici, psalmodiait le guide, mâchant ses mots, on a reconstitué la maison de Washington.Et la dame forte, se réveillant soudain, de glousser à l'oreille de son mari: « Tu entends, la maison où est né Valentino! »Sans doute rêvait-elle de Rudolph Valentino. On la détrompa: « Mais non, c'est la demeure de Washington! ».— Ah! Fit-elle alors simplement avec un air de parfaite indifférence.…

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La participation des États-Unis à l'exposition coloniale par Pierre Deloncle

La maison de Washington à Mount Vernon

La maison de Washington à Mount Vernon (Virginie) est l'un des lieux saints des États-Unis. A toute époque de l'année, de pieux pèlerins s'y rendent des diverses parties de l'Union dans la demeure et devant la tombe de celui qu'Henri Lee a appelé « le premier dans la guerre, le premier dans la paix, le premier dans le cœur de ses concitoyens ».

Il n'est pas un visiteur de marque venu du reste du monde qui ne tienne à honneur d'aller porter l'hommage de son propre pays à la terre sacrée où vécu,où repose le héros de l'Indépendance, qui sut, avec une telle grandeur, rester si simple dans sa gloire. Le Maréchal Joffre ne manqua pas à ce pieux devoir, et, par une heureuse fortune, lorsque fut célébré à Paris, le 22 février dernier, l'anniversaire de la naissance de George Washington, il se trouva dans notre gouvernement un jeune ministre des colonies qui fut capable de venir évoquer, dans le pavillon qui s'achevait à Vincennes, la haute impression de sérénité qu'il avait conservée de son propre pèlerinage à Mount Vernon.

En édifiant la réplique exacte d'un tel monument, les États-Unis ont fait envers la France un geste que nous devons profondément apprécier: ils nous ont offert le plus précieux, le plus intime, le plus cher de leurs souvenirs de famille. Si les ombrages de Vincennes encadrent exactement, comme en Virginie, la pelouse et la façade de Mount Vernon, nous n'avons pu malheureusement offrir à une tel édifice le large décor, si noble lui aussi, où la vallée du Potomac s'infléchit, sinueuse, avec tant de grâce, parmi les grands arbres.

Cette demeure fut construite en 1743 par Laurence Washington qui l'appela Mount Vernon en souvenir de l'amiral britannique sous les ordres duquel il avait servi. A sa mort, en 1752, elle passa aux mains de son demi-frère George Washington qui avait alors à peine vingt ans. C'est là qu'il épousa le 6 janvier 1759 la charmante Martha Dandridge. C'est là qu'il mourut le 14 décembre 1799.

On a répété souvent un peu à la légère que Washington reçut La Fayette à Mount Vernon. Ce n'est pas tout à fait exact. Si La Fayette vint à deux reprises dans cette maison, il n'y fut pas accueilli par le fondateur de l'Indépendance américaine. En effet, lors de la première visite, au printemps de cette glorieuse année 1781 qui devait voir la chute de Yorktown, Washington était en campagne, comme le prouve cette lettre que lui écrivit son ami le 8 avril 1781: « J'avoue que je ne pus résister à l'ardent désir que j'avais depuis longtemps de voir vos parents et par-dessus tout votre mère, à Frederiksburg; je me détournai donc de quelques miles, et, pour concilier mon bonheur personnel avec mes devoirs publics, je regagnai, en passant la nuit à cheval, ce peu d'heures que j'avais consacrées à mon plaisir. J'ai eu aussi la satisfaction de voir Mount Vernon … ».

Lors de l'inauguration du pavillon de Vincennes, le maréchal Lyautey n'a pas manqué de souligner la délicatesse avec laquelle La Fayette avait pris part à ce tendre respect que les Américains professent pour leur mère et qui demeure une des plus belles forces morales de ce grand pays.

Il ne devait revenir à Mount Vernon qu'à l'automne de 1824, le 17 octobre, mais, hélas! à cette date, il y trouva une tombe fermée depuis près de vingt-cinq ans. Un parent de la fidèle compagne du général (disparue elle aussi le 22 mai 1802), M.Custis, présenta au glorieux chef français un anneau d'or contenant un cheveu de Washington et portant ces simples mots: Pater patriae. Mount Vernon. La Fayette le prit en pleurant et s'inclina en silence sur la tombe de celui qu'il appela « le plus grand et le meilleur des hommes, son paternel ami ». Les grands chênes de Virginie, revêtus de pourpre par l' « été indien », entouraient cette scène émouvante d'une silencieuses et somptueuse garde d'honneur.

Depuis 1856, le domaine de Mount Vernon a été acquis et reste entretenu par l'Association des dames de Mount Vernon qui appartiennent à tous les États de l'Union. Chaque État a la charge d'une pièce spéciale, et c'est ainsi qu'une élite de femmes généreuses préserve des injures du temps cette demeure où furent tendrement aimées une mère et une épouse.

La restitution exécutée sous les ordres de Mr. Bascom Slemp, commissaire des États-Unis, est absolument parfaite. On peut lire dans le vestibule une lettre signée de Louis XVI et contresignée de Vergennes où le roi de France nomme M. Gérard ministre plénipotentiaire auprès de « nos très chers grands amis et alliés américains ». Puisse cette formule rester toujours vivante au cœur des deux nations!