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( Région+ (( Salon+ ( Agenda+ ( Fiches espèces+ ( Fiche matériel+ ( Fiche métier+ ( ( LES PRATIQUES DE PDM PRODUITS DE LA MER N°138 AVRIL-MAI 2013 95 CONSOMMATION Côté Textes et photos : Loïc FABRÈGUES 10,7 % le poids du sud-ouest, dont l’Aquitaine est une figure de proue, dans la consommation des produits de la mer frais en 2011. Un chiffre qui montre qu’à l’instar de bien des régions côtières, les habitants consomment plus de produits de la mer frais que la moyenne française. Et les céphalopodes et les coquillages y sont, espèces locales obligent, bien plus prisés que les crustacés. L’intérêt des produits de la mer des habitants du sud-ouest est légèrement supérieur à la moyenne française, y compris lorsqu’ils sont présentés aux rayons traiteur de la mer, saurisserie, surgelé ou conserves. Cela dit, la consommation de produits de la mer ou, plus généralement, de produits aquatiques diffèrent dans les départements de l’Aquitaine. Plus ancrés dans les terres, la Dordogne et le Lot-et-Garonne favoriseront davantage les truites fumées que les céphalopodes. Sommaire ^ Bonne dynamique pour la pêche Naissance des Pêcheurs d’Aquitaine ^ Aquaculture en stand-by Zoom sur la ferme du Ciron et le Moulin de la Cassadotte ^ Les ambitions de Mariteam en Aquitaine et en France Zoom sur Reynaud Aquitaine et Sobomar Atlantique ^ La tentation des circuits courts Zoom sur Eat sushi et son premier drive AQUITAINE LE BROUILLARD SE DISSIPE Source : FranceAgriMer / KantarWorldPanel – bilan consommation juin 2012 Source : Insee 6 428 tonnes de produits de pêches maritimes ont été vendues en 2011, selon l’Insee, en Aquitaine pour une valeur de 30,1 M. Les poissons y contribuent à hauteur de 20 Mpour 3 854 tonnes, les céphalopodes pour 4,1 M(798 tonnes) et les algues pour 5,95 M(1 776 tonnes). Des chiffres à mettre en rapport avec l’aquaculture et la pisciculture (voir p. 99) 1 867 marins pêcheurs ont travaillé en 2011 dont 375 pour la petite pêche, 161 pour la pêche côtière et 745 pour la pêche au large. 254 navires de pêche ont été recensés en 2011. PRODUCTION Côté Le revenu disponible brut par habitant était de 19 296 par an en 2009. millions d’habitants ont été recensés au 1 er janvier 2011. 3,26

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PRODUITS DE LA MER N°138 AVRIL-MAI 2013 ❘ 95 ❘

CONSOMMATIONCôté

Textes et photos : Loïc FABRÈGUES

10,7 % le poids du sud-ouest, dont l’Aquitaine est une figure de proue, dans la consommation des produits de la mer frais en 2011. Un chiffre qui montre qu’à l’instar de bien des régions côtières, les habitants consomment plus de produits de la mer frais que la moyenne française. Et les céphalopodes et les coquillages y sont, espèces locales obligent, bien plus prisés que les crustacés.

L’intérêt des produits de la mer des habitants du sud-ouest est légèrement supérieur à la moyenne française, y compris lorsqu’ils sont présentés aux rayons traiteur de la mer, saurisserie, surgelé ou conserves.

Cela dit, la consommation de produits de la mer ou, plus généralement, de produits aquatiques diffèrent dans les départements de l’Aquitaine. Plus ancrés dans les terres, la Dordogneet le Lot-et-Garonne favoriseront davantage les truites fumées que les céphalopodes.

Sommaire ^ Bonne dynamique pour la pêche

Naissance des Pêcheurs d’Aquitaine

^ Aquaculture en stand-byZoom sur la ferme du Ciron et le Moulin de la Cassadotte

^ Les ambitions de Mariteam en Aquitaine et en FranceZoom sur Reynaud Aquitaine et Sobomar Atlantique

^ La tentation des circuits courtsZoom sur Eat sushi et son premier drive

AQUITAINE LE BROUILLARD SE DISSIPE

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6 428 tonnes de produits de pêches maritimes ont été vendues en 2011, selon l’Insee, en Aquitaine pour une valeur de 30,1 M€. Les poissons y contribuent à hauteur de 20 M€ pour 3 854 tonnes, les céphalopodes pour 4,1 M€ (798 tonnes) et les algues pour 5,95 M€ (1 776 tonnes). Des chiffres à mettre en rapport avec l’aquaculture et la pisciculture (voir p. 99)

1 867 marins pêcheurs ont travaillé en 2011 dont 375 pour la petite pêche, 161 pour la pêche côtière et 745 pour la pêche au large.

254 navires de pêche ont été recensés en 2011.

PRODUCTIONCôté

Le revenu disponible brut par habitant

était de 19 296 € par an en 2009.

millions d’habitants

ont été recensés au 1er janvier 2011.

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Les résultats sont là. Pour la deuxième année consécutive, les ventes des criées d’Arcachon et de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure progressent en 2012, en volumes comme en valeur. En cumulé, les tonnages débarqués dans les deux halles à marée d’Aquitaine font un bond de 36,5 %. Neuf mille tonnes de produits de la mer auront été vendues pour 34,7 mil-lions d’euros, soit 13,5 % de mieux qu’en 2011. « La présence du poisson dans la plu-part des zones de pêche ainsi que des condi-tions météorologiques propices ont permis d’assurer cette progression », explique Magali Lasserre, chargée de mission au comité régio-nal des pêches (CRPMEM) d’Aquitaine.

Même si les apports de soles ont baissé de 7 %, l’espèce, avec 550 tonnes, reste le pilier

de la criée arcachonnaise. Mais, en 2012, les céphalopodes, seiches et calamars, montrent leurs tentacules. Les deux espèces ont cumulé 739 tonnes vendues, soit 45 % de plus qu’en 2011. Signe du retour des volumes, la criée qui, depuis l’an dernier, dispose d’un système d’achats à distance, s’essaye à un 4e jour de vente. Ouverte le lundi, mercredi et jeudi, elle l’est désormais « certains mardis », indique Yves Herzsfeld, son directeur.

Au Pays basque, l’anchois fait un retour remarqué. Avec près de 665 tonnes, ses débarquements y ont été multipliés par 8 en 2012. De quoi apparaître dans le top 5 des espèces de la criée dont la première place, juste devant le germon (989 tonnes), est occu-pée par le merlu (1 082 tonnes). « Une poi-gnée de Franco-Espagnols nous livrent par camion des captures de merlus qui allaient avant en Espagne. Nous enregistrons à la criée les volumes qu’ils commercialisent en gré à gré », explique Péio Bilbao, le directeur de la halle basque. Une criée qui s’est adap-tée à l’augmentation croissante des apports de divers en transformant une zone de stockage de 250 m2, jusqu’alors réservée au congelé, en chambre à froid positif.

Cause ou conséquence de ces bons résul-tats, la flottille de pêche d’Aquitaine enregistre en 2012 « un gain de 17 unités », indique le CRPMEM. Après les coupes sombres provo-quées par le plan de sortie de flotte de 2008, la nouvelle a de quoi redonner le sourire. ■

LA PÊCHE SURFE SUR UNE BONNE DYNAMIQUELa hausse des apports se confi rme en 2012 dans les deux criées d’Aquitaine, qui en profi tent pour apporter de la nouveauté.

NAISSANCE DES PÊCHEURS D’AQUITAINE

9 000 tonnes de poissons ont été débarquées dans les deux criées. Un bond de 36,5 % par rapport à 2011.

Depuis le 1er janvier, Arcacoop, à Arcachon, et Capsud, au Pays basque, sont réunis sous la bannière Pêcheurs

d’Aquitaine, qui conserve la double casquette d’organisation de producteurs (OP) et de coopérative maritime développée par Arcacoop. La position de mareyeur prise par l’OP arcachonnaise a décidé du sens de la fusion. Ainsi, alors que le nombre d’adhérents d’Arcacoop était moitié moindre que celui de son homologue basque lors du rapprochement, c’est elle qui a absorbé l’OP basque. En pratique, la naissance de Pêcheurs d’Aquitaine répond à plusieurs objectifs.

Avec 120 adhérents et presque 12 000 tonnes d’apports annuels

pour un chiffre d’affaires évalué à 50 millions d’euros, l’OP a

un poids qu’elle souhaite voir reconnaître : « Notre

nom souligne qu’il y a de la pêche en Aquitaine. Elle montre aussi que les professionnels se structurent », explique David Milly. Le directeur en charge de la partie OP de la nouvelle entité espère bénéficier d’une plus grande souplesse dans la gestion des quotas. OP majeure sur la sole, le merlu, les thons blancs et rouges, Pêcheurs d’Aquitaine « bénéficie désormais d’une diversité de quotas tant au niveau des espèces que des zones. Cela nous donne un panel de possibilités d’échanges », souligne-t-il.Concernant l’activité commerciale, l’objectif est avant tout « de fournir à tous nos adhérents les mêmes services que l’on offrait seulement à Arcachon », indique Jean-Luc Rivet. Une activité de négoce sur les espèces débarquées au Pays basque par les adhérents de l’OP devrait donc se développer. Ce n’est toutefois pas la seule ambition du directeur commercial. L’idée de lancer une campagne de communication, à destination des GMS, poissonniers et restaurateurs, en s’appuyant sur l’identité régionale de Pêcheurs d’Aquitaine lui trotte aussi dans la tête.

Pêcheurs d’Aquitaine devient une OP majeure sur la

sole, notamment.

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Première région piscicole de France. Le titre séduit l’Aquitaine, forte d’une production aquacole de 11 000 tonnes dont 10 000 de salmonidés. Et pour défendre cette position, elle est aussi la première région à avoir publié son schéma de développement d’aquacul-ture marine. Ratifié en décembre par Michel Delpuech, le préfet de la région, le docu-ment recense les zones propices à l’implan-tation de cette activité dans les trois dépar-tementaux littoraux.

Soumis à la consultation du public, il n’a donné lieu à aucune protestation ni remarque. Sur cette bande côtière où les conflits d’usage sont légion, cela peut sur-prendre. Il est vrai aussi que les 23 000 hec-tares considérés comme favorables à l’aqua-culture marine en Gironde et dans les Landes n’ont pas intéressé grand monde. « Personne ne semble avoir des projets », déplore Olivier Lallemand, en charge d’élaborer le docu-ment à la direction interrégionale de la mer. La ferme de l’Adour à Anglet, qui élève pour Stolt sea farm des soles sénégalaises, risque de rester encore un moment le seul aquacul-teur d’espèces marines de la région.

Une réserve qui touche aussi l’aquacul-ture continentale de la région. « J’ai peur que dans le contexte légal et technique actuel, cela ne bouge pas de sitôt », sou-ligne Arnault Chaperon. Le président de la fédération européenne de l’aquaculture déplore notamment que la réglementation « drastique » de l’Union européenne vis-à-vis de la filière ne s’applique pas dans tous les pays. « Quand on fait 5 % de résultats sur un produit, une différence de 15 à 20 % des coûts de production, c’est beaucoup », poursuit le responsable.

D’autant que les pisciculteurs ont dû com-poser avec l’envolée des prix des aliments pour nourrir leurs poissons. « Ils ont aug-menté de 25 % en 14 mois », chiffre Michel Berthommier, le président du syndicat fran-çais de l’aquaculture marine et gérant de l’Esturgeonnière, au Teich. Une hausse « dif-ficile à répercuter sur nos clients », constate Éric Mezrich, directeur commercial pour le frais chez Aqualande. Avec 5 300 tonnes de truites, dont 3 500 de grands poissons pour la fumaison, la spécialité de la mai-son, l’entreprise landaise reste, cela dit, sur ses volumes habituels de production dans la région.

L’ex-Viviers de France, désormais Norway Seafood, annonce lui aussi une année stable pour l’élevage de truites. « Notre production en Aquitaine est toujours aux alentours des 5 000 tonnes. Le développement de l’entre-prise s’est plutôt fait sur la transformation du poisson blanc », indique Arnault Chaperon, qui a démissionné de son poste de directeur général de la société pour s’occuper unique-ment de la partie élevage. Cette dernière vient juste d’être cédée à Aqualande par le groupe norvégien, qui s’est engagé à acheter les truites produites sur une durée de 5 ans.

L’événement dans la filière d’élevage d’estur-geons pour le caviar, dont 95 % de la produc-tion est issue du grand sud-ouest, s’avère être l’arrivée de Delpeyrat en 2012. Entrée au capi-tal d’Huso, esturgeonnière située à Neuvic-sur-l’Isle, en Dordogne, la filiale du groupe coopé-ratif Maïsadour en a fait son fournisseur exclusif pour les 10 prochaines années. En attendant sa montée en puissance, la production de caviar reste stable en Aquitaine en 2012.

Reste à savoir qui va désormais poursuivre cette aventure de la pisciculture en Aquitaine. « 60 % des pisciculteurs ont plus de 50 ans. Le problème de leur succession va donc se poser très rapidement », s’inquiète Patrice Astre, ancien président de la fédération fran-çaise d’aquaculture, installé depuis 1987 dans le Lot-et-Garonne. ■

La hausse du prix des aliments freine l’essor de la production piscicole. En aquaculture marine, l’Aquitaine dispose d’un schéma de développement mais attend les porteurs de projets.

L’AQUACULTURE RÉGIONALE EN STAND-BY

L’élevage de truite arc-en-ciel reste la production ultra-majoritaire dans les piscicultures de la région.

L’aquaculture en chiffres

Production

11 000 tonnes dont plus de 10 000 de salmonidés (principalement de la truite arc-en-ciel) ; 85 % des œufs embryonnés de truites produits en France et 50 % de la production européenne.

19,3 tonnes de caviar et 246 tonnes de chair d’esturgeon.

Piscicultures : 120Emplois : entre 1 500 et 2 000Chiffre d’affaires : 130 M€

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Portrait d’entreprise

Le Moulin de la CassadotteSociétés : La Truite argentière pour la pisciculture et Caviar de France pour la commercialisationPdg : Jean-Pascal FeraySiège : BiganosEffectif : 9 salariésChiffre d’affaires 2012 : 1,2 million d’eurosProduction : 1 tonne de caviar en 2012

« On remplace à neuf la moitié des 4 000 m2

de bassins », explique Julien Reginensi. Situé dans la commune de Biganos, à quelques encablures du bassin d’Arcachon, le Moulin de la Cassadotte se rénove. Depuis le rachat de la pisciculture en 2006 par un trio d’investisseurs privés, celle-ci a bien changé. En commençant par la production. « On a arrêté l’élevage de truites pour nous concentrer sur l’esturgeon et la production de caviar », indique le chef d’ex-ploitation. Depuis, le titre de « berceau du caviar français » s’affiche à l’entrée du site.

Sur ses 12 hectares alimentés en eau par un bief qui servait autrefois au moulin, l’Acipen-ser baerii trône en roi. Chaque année, l’entre-prise, qui réalise elle-même la reproduction des individus, y plonge 12 000 alevins qui seront sexés entre 2 et 3 ans. « L’important n’est pas l’âge mais un poids de 2,5 kg », explique Julien Reginensi. Les mâles seront envoyés vivants vers l’Allemagne tandis que les femelles poursuivront leur séjour.

« On en a bien 5 % qui produisent du caviar à partir de 6 ans, mais, en moyenne, il faut 8 ans », indique Julien Reginensi. Un chef d’ex-ploitation dont le credo, assure-t-il, est de ne pas pousser la croissance des individus. « Pas plus que nous ne leur faisons subir de traite-ment, puisque nous n’avons pas de problème de pathologie », poursuit-il.

Cantonnée à une production de 200 kg de caviar lors de la reprise en 2006, l’entreprise

en a produit une tonne en 2012. Son objectif : doubler ce volume d’ici 4 ans sans brader le produit. Les précieux œufs seront vendus aux prix publics de 1 800 € le kilo sous la marque Diva et de 2 400 € sous la marque Ébène. Une question de positionnement : « On ne veut pas trouver notre caviar en GMS », indique Julien Reginensi. Avec les épiceries fines, les parti-culiers et les restaurants comme principaux clients, l’entreprise assure qu’elle ne peut déjà satisfaire à la demande.

LE MOULIN DE LA CASSADOTTE MONTE EN PUISSANCE

Portrait d’entreprise

Perdue au milieu de nulle part, près du village d’Allons, dans le Lot-et-Garonne, la ferme du Ciron est une de ces petites entreprises pis-cicoles familiales qui maillent le territoire de l’Aquitaine. Spécialisé dans les salmonidés, l’établissement a trouvé dans la diversification de ses productions un gage d’équilibre.

Outre la production de truites arc-en-ciel, sur laquelle s’est fondée l’activité historique

de vente en gros depuis 1987, l’entreprise développe pour 20 % de ses tonnages des saumons de fontaine, des truites tigrées, des truites bleues. « J’ai mis au point huit variétés différentes de salmonidés », explique Patrice Astre, cogérant avec son épouse Maryse de la ferme du Ciron. Un plaisir pour les fédéra-tions et autres sociétés de pêche qui s’appro-visionnent auprès de la pisciculture.

Pour dynamiser son chiffre d’affaires, Patrice Astre développe la vente de poissons vivants et d’œufs embryonnés et d’alevins – poissons de 20 g au maximum. Parallèlement, dès 1997, le responsable a investi dans la construction d’un atelier de transformation. Aux normes euro-péennes, le local de près de 200 m2 lui per-met de proposer la truite dans tous ses états. En pavé frais ou en sous-vide, en conserve sous forme de terrine ou de miettes, elle peut aussi être fumée au bois de chêne. « C’est un second métier », souligne Patrice Astre, qui vend envi-ron 20 tonnes de produits transformés par an.

« Trop petite », poursuit-il, pour avoir ses « propres commerciaux », la ferme du Ciron vend sa production sur son site, par le biais d’un réseau de pisciculteurs, et sur inter-net. Deux fois par semaine, ses produits frais sont mis en avant très localement dans une enseigne de la grande distribution, Quant au prix, « même si les clients sont prêts à payer un peu plus cher pour notre production arti-sanale, on sait qu’il faut être raisonnable », indique Patrice Astre.

Patrice Astre vend 20 tonnes par an de produits transformés à base de truite.

La ferme du CironDirigeant : Patrice AstreSiège : AllonsEffectif : 4 personnesChiffre d’affaires 2012 : 650 000 €Production : 3 millions d’œufs embryonnés, 100 tonnes de salmonidés, 20 tonnes de produits transformés à base de truites

DIVERSIFICATION RÉUSSIE POUR LA FERME DU CIRON

Julien Reginensi vise une production de 2 tonnes de caviar dans 4 ans.

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« LE POTENTIEL DE MARITEAM EST GRAND »

Le monde de la marée et du négoce des produits de la mer a-t-il jeté son dévolu sur l’Aquitaine ? En tout cas, la région l’attire. Après l’arrivée de

Reynaud en 2010, c’est autour du groupe Le Saint de racheter deux entreprises locales pour les fusionner en une entité plus importante. Les acteurs locaux ne restent pas non plus les deux pieds dans le même sabot. Pour ne citer qu’eux, Mariteam affiche des ambitions de croissance importante et Méricq parsème le territoire de ses boutiques et autre drive de produits de la mer. La concurrence risque d’être sévère jusqu’en… Midi-Pyrénées où Mariteam et Le Saint viennent aussi d’accroître leur présence.

AQUITAINE, TERRE D’ACCUEIL DES MAREYEURS

PdM : Peut-on dire que depuis votre arrivée à la tête de Mariteam, vous vous êtes employé à remettre le navire à flot ?Yann Lecointre : Il est vrai que le navire tan-guait. Grâce au soutien de Perceva, notre actionnaire, avec Christian Gunsett, le direc-teur des opérations, et Olivier Calvez, le direc-teur financier, nous nous sommes employés à reprendre la barre. Aujourd’hui, le problème général de management est résolu. En paral-lèle, nous avons fait un énorme travail de maî-trise des coûts et des charges. On a réorganisé, fusionné certaines filiales, et tout cela sans réduction d’effectifs, mais avec des réaffecta-tions de moyens, notamment au niveau des dirigeants. Au final, depuis juillet, l’entreprise est redevenue profitable. Plus largement, nous avons fait en sorte que l’ensemble des entités du groupe et des salariés trouve un sens et une fierté à appartenir au groupe Mariteam. Nous avons pour cela défini des valeurs et mis en place une stratégie claire et partagée.

Quelles sont-elles ?Les valeurs sont écrites : « Face à l’océan, nous sommes humbles, pugnaces, travailleurs, exi-geants et respectueux. » Pour la stratégie, je n’aime pas le mot leader. Nous préférons le concept de référent. Le référent n’est ni tout seul ni numéro 1, 2 ou 3. Il est une entreprise sérieuse, organisée, reconnue, profession-nelle qui fait que lorsque l’on pense marée on pense à elle. C’est la stratégie de Mariteam, avec comme objectif d’arriver à 150 millions

d’euros de chiffre d’affaires en 2015, contre 83 aujourd’hui.

Quels seront les leviers de croissance ?En premier lieu, pour être toujours plus près des artisans pêcheurs, nous allons continuer à nous implanter dans les criées où nous ne sommes pas présents. D’abord en Manche et mer du Nord avec, in fine, l’objectif d’être présent en Méditerranée. Le deuxième axe de travail concerne la centrale d’achat qui doit monter en puissance et se rapprocher des fournisseurs. Enfin, nous souhaitons nous rap-procher des consommateurs. Comment ? Le rachat de Deladoire à Rungis est une réponse. L’acquisition nous permet de toucher 10 mil-lions de consommateurs.

Nous allons accroître notre présence en Midi-Pyrénées, où nous avons transféré en février notre plateforme de gros au Min de Toulouse. Nous espérons aussi nous rappro-cher du sud-est de la France soit en créant un dépôt soit par des acquisitions. Cela dit, nous misons beaucoup sur la croissance organique de l’entreprise pour réaliser nos ambitions.

Avec quels moyens ?En travaillant sur les fondamentaux de l’entreprise, sur ses valeurs pour dynami-ser les équipes, nous nous sommes rendu compte du potentiel encore non exploité. À Bordeaux par exemple, nous livrons insuffi-samment en ville. Aujourd’hui, nous recru-tons des commerciaux et réorientons la force de vente pour reconquérir les positions histo-riques de Mariteam. L’entreprise a laissé un peu trop de place à ses concurrents ! Mais la reconquête ne se fera pas bêtement. Il ne s’agit pas de casser le marché, mais de créer de la valeur par notre savoir-faire profession-nel, la qualité de nos produits, de notre service et nos valeurs. ■

Mariteam affi che ses ambitions. Après le rachat en février de Deladoire à Rungis, l’entreprise bordelaise compte doubler son chiffre d’affaires d’ici 2015. Président du groupe depuis un an, Yann Lecointre en dévoile la stratégie et les nouvelles valeurs.

« Depuis juillet, l’entreprise est redevenue profitable. »Yann Lecointre, président de Mariteam.

Le siège de Mariteam est basé à Lormont. La société emploie 220 personnes et commercialise 18 000 tonnes de produits de la mer, dont 40 % de mareyage et 60 % de négoce.

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PRODUITS DE LA MER N°138 AVRIL-MAI 2013❘ 104 ❘

Portrait d’entreprise

Reynaud AquitaineDirecteur d’exploitation : Jean-François JacquesSiège : Pavillon des mareyeurs / BordeauxEffectif : 10 salariésChiffre d’affaires 2012 : 3,2 millions d’eurosVolume commercialisé 2012 : 430 tonnesActivité : grossiste en produits de la mer

Portrait d’entreprise

DÉVELOPPEMENT CONTINU POUR REYNAUD AQUITAINE

Nouvel acteur de la marée en Aquitaine, Sobomar Atlantique n’est pas si nouveau. Il est né, cet été, de la fusion des activités de Smith marée et de la Société bordelaise de marée, après leur rachat par l’entreprise bretonne Le Saint. À la tête de l’entreprise, Sophie Méric, qui présidait jusqu’alors à la destinée de la Société bordelaise de marée, nourrit de grandes ambitions. « Nous avons tout pour réussir, à commencer par notre équipe », assure-t-elle, complice, à son tout nouveau directeur commercial, Olivier Chateignat.

Située dans un bâtiment à côté du pavillon des mareyeurs, à Bordeaux, l’entreprise a aussi vu les choses en grand du côté des installa-tions. Avec 800 m2 de chambres froides, elle a de l’espace pour se développer. Divisés en compartiments pour la préparation des com-mandes et la découpe des poissons, les locaux frigorifiques doivent, du reste, accueillir, après aménagements, une zone de picking.

Mais l’activité principale de Sobomar Atlantique reste le mareyage où son savoir-faire n’est plus à démontrer. Et si l’entreprise achète dans les criées depuis La Cotinière jusqu’à Saint-Jean-de-Luz et Port-en-Bessin, elle peut désormais profiter en plus des implantations du groupe à La Turballe, avec Nantes marée Atlantique, ou en Bretagne avec Top Atlantique, pour s’approvisionner. « Cela nous permettra de conforter notre activité de négoce », souligne Sophie Méric.

Bien implantée en restauration collective, la directrice du site souhaite désormais voir la part de la grande distribution et des artisans pois-sonniers grandir dans son chiffre d’affaires. Enfin, vue comme un fournisseur naturel pour Garonne marée – ex-société Francescon rache-tée en 2012 par Le Saint pour alimenter en produits de la mer la région Midi Pyrénées, – Sobomar Atlantique devrait se développer. « Il va nous falloir une équipe pour faire de l’expé-dition vers nos cousins », sourit Sophie Méric.

Sophie Méric et Olivier Chateignat misent sur un chiffre d’affaires de 8 M€ pour la première année d’exercice.

Sobomar AtlantiqueDate de création : 1er juillet 2012Siège : BordeauxDirectrice du site : Sophie MéricEffectif : 18Activité : mareyage et négoce

SOBOMAR ATLANTIQUE ENTRE DANS L’ARÈNE

« On travaille avec les plus beaux restaurants gastronomiques de la région », se plaît à raconter Jean-François Jacques.

Depuis son implantation en juillet 2010, à Bordeaux, Reynaud Aquitaine suit son petit bonhomme de chemin. « Nous avons démarré en douceur, sans vouloir tout révolution-ner », indique Jean-François Jacques, le direc-teur d’exploitation du site. Bien que l’entre-prise fasse partie du groupe R & O Seafood gastronomy, figure emblématique du monde de la marée et du négoce des produits de la mer, à Rungis notamment, il lui a fallu se faire un nom. « Mis à part des grands chefs,

Reynaud n’était pas for-cément connu », sou-ligne Brigitte Rincon, responsable com-merciale.

Avec 150 à 200 clients revendiqués par l’entreprise, sa notoriété est désormais un peu plus grande. Aux côtés de quelques hyper et supermarchés, de contrats avec la restauration collective, poissonniers et res-taurateurs forment le gros des troupes. Des clients auxquels « on fait profiter de la force du groupe en termes de qualité et de prix », poursuit Jean-François Jacques. La largeur de son assortiment est un atout qui « permet de répondre à toutes les exigences ».

L’activité de Reynaud Aquitaine ne se résume pas, cela dit, à fournir depuis Paris les clients de la région. Sur son carreau du pavillon des mareyeurs, l’entreprise propose 5 jours sur 7, de minuit à 8 heures, ses produits à la vente.

Sa flotte de véhicules lui permet de livrer rapi-dement ses clients. « Nous sommes capables de livrer 95 % de la gamme en A pour B », souligne Jean-François Jacques. Du service que l’ouverture d’un atelier de filetage renforce.

La formule semble séduire. Après un premier exercice clôturé à 2,5 M€ de chiffre d’affaires, le second a terminé à 3,2. L’objectif annoncé pour 2013 est de 3,5 M€ avec, au menu, la pros-pection de nouveaux secteurs géographiques, notamment vers le Libournais. Moins de trois ans après son ouverture, Reynaud Aquitaine est encore en phase de développement.

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LES PRATIQUES DE PDM

PRODUITS DE LA MER N°138 AVRIL-MAI 2013 ❘ 107 ❘

La décision est prise. Le 24 janvier, le conseil d’administration du port d’Arcachon a interdit la vente de la godaille, qui, selon le sous-préfet d’Arcachon, alimentait un véritable « marché au poisson ». Pour le représentant de l’État, il était logique d’y mettre fin, car la godaille, part de pêche donnée aux marins, ne doit pas être revendue.

Or, depuis la fin de l’année 2007, de plus en plus de pêcheurs en Aquitaine, à la recherche d’une meilleure valorisation, vendent tout ou partie de leurs captures, en direct ou par l’in-termédiaire de circuits courts. Vente à la table, dans les cabanes, par le biais des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), les pratiques sont diverses.

Pour Pierre Labbé, le président de l’Union nationale de la poissonnerie française (UNPF),

il serait même nécessaire d’y mettre de l’ordre. « Quand les ventes directes sont réglemen-tées, l’UNPF n’est pas contre. Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est lorsque les ven-deurs font n’importe quoi au mépris des règles sanitaires et surtout fiscales. On demande donc que les marins-pêcheurs qui vendent leurs poissons soient déclarés comme com-merçants », précise le responsable.

S’il admet « des dérives », Jean-Michel Labrousse, le président du comité départe-mental des pêches de Gironde, n’entend pas qu’elles soient prétextes à remettre en cause les ventes directes. « Elles sont autorisées et mêmes préconisées par l’Europe qui porte leur développement par le biais de l’axe 4 du Fonds européen pour la pêche », indique-t-il.

D’abord réfractaire, la criée de Saint-Jean-de-Luz a fait le choix d’organiser une vente directe. Avec l’appui de la CCI Bayonne-Pays basque, concessionnaire du port, et des col-lectivités territoriales, elle a investi dans un bâtiment en dur et aux normes pour que les pêcheurs y vendent leurs produits. Bien qu’il n’en soit pas un défenseur, Péio Bilbao, le directeur de la criée, n’y trouve rien à redire. « Du moment que cela apporte un plus aux pêcheurs, c’est une bonne chose », souligne-t-il. Il est vrai qu’avec une quin-zaine de tonnes vendues par an, pour 4 à 5 bateaux, il n’y a pas non plus matière à déstabiliser le marché. ■

En investissant dans une halle de vente directe, la criée de Saint-Jean-de-Luz / Ciboure souhaite éviter les dérives.

En Aquitaine, la vente directe a le vent en poupe mais provoque quelques dérives.

LA TENTATION DES CIRCUITS COURTS

« On s’est calqué sur un modèle McDo. » Mourad Benamer, le président d’Eat sushi, la 3e enseigne française de restauration rapide japonaise, avec 38 points de vente dont 31 franchisés, n’en fait pas un mystère. Le pre-mier drive dédié au sushi en Europe reprend les ingrédients de la recette qui ont fait le succès des fast-foods de l’enseigne américaine. Dans la banlieue bordelaise, au Haillan, le Eat sushi drive, ouvert par l’entreprise fin 2012, com-prend donc un restaurant, une terrasse et une piste de drive. Voilà pour le décor. Pour le fonc-tionnement, les commandes peuvent s’effec-tuer au comptoir pour emporter ou consom-mer sur place comme à la borne du drive.

Au drive, le temps maximal d’attente entre le passage de la commande et sa réception n’excède pas « 4 minutes », assure l’entre-prise. « Nous avons développé un logiciel intuitif qui permet de guider nos clients. On affine leurs choix par des questions et, au fur

et à mesure, les menus qui correspondent s’af-fichent, devant eux, sur un écran », explique Mourad Benamer.

Pour le responsable, le pari d’un drive à sushi n’est pas très audacieux : non seulement le marché du drive est en pleine croissance mais « le concept est à l’origine de 60 % du chiffre d’affaires des grandes chaînes de res-tauration rapide ».

Le drive correspond aux modes de consom-mation de la clientèle de l’enseigne qui mange peu sur place. « On réalise 60 à 70 % de notre chiffre d’affaires en livraison », chiffre Mourad Benamer. Les premiers résultats sont, du reste, plutôt encourageants. « En les lissant, on fait 120 000 euros par mois, soit le double des objectifs de départ. »

Si l’investissement pour un drive est de l’ordre de 800 000 euros contre 450 000 pour un restaurant basique, « le ticket moyen y est plus élevé. Le drive attire les familles et les

couples ». Le concept permet aussi d’écono-miser sur les coûts structurels de la livraison par mobylette. Trois nouveaux drives devraient donc voir le jour en 2013.

« Un vendredi nous avons eu 99 voitures dans la journée. C’est comme servir 200 clients en restaurant traditionnel », souligne Mourad Benamer.

EAT SUSHI OUVRE LE PREMIER DRIVE… À SUSHI

Portrait d’entreprise

Eat sushi driveDirigeants : M. et Mme Benamer et deux associésLocalisation : Le Haillan - près de BordeauxEffectif : 16 salariésChiffre d’affaires 2013 : 1,5 M€ (prévisionnel)

DR