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A Coluche, à Pierre Desproges, à Frédéric Dard, à … · percepteur, à mon éditeur, à ma femme, à mes enfants ... C’était un tort car Atanasie était une vraie salope

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A Coluche, à Pierre Desproges, à Frédéric Dard, à

Michel Audiard, à Raymond Devos, à l’humour, à mes amours, à mon professeur d’histoire (pas celui-là, celui de la classe d’après), à mon épicier, à mon percepteur, à mon éditeur, à ma femme, à mes enfants, à ma sœur, à mon masseur, à tante Ursule, à la France, à mon humble avis, amen.

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Le rire est le propre de l’homme, le pire celui de la femme

Fred Caplan. (C’est moi).

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SAISON DU DEBUT

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Lundimanche, vingt cinq heures soixante et onze

Atanasie Bourboule se trémoussait, entièrement nue, dans son lit généreusement deux places.

L’objet oblong à usage pluriannuel entrait et sortait, substitut sans sang d’un gland bandant.

Mais comme dit tante Ursule, mieux vaut un preux pieu au pieu qu’un vieux nœud trop pieux.

Faussement moche, Atanasie n’était certes pas du genre à séduire un homme par goût du risque ou de la provocation. Son profil picassien lui obérait toute chance de se faire fertiliser un jour ou d’obtenir un titre de miss, fut-ce chez le boucher du coin, tant sa peau décharnée, sa tignasse livide, ses yeux de bovidé épanoui refrénaient ses confrères à la trousser ou seulement imaginant l’embrasser, les priapiques y compris.

C’était un tort car Atanasie était une vraie salope la nuit, et chacun de ces cons, frères de blouse, en serait resté bouche bée des yeux en contemplant son corps de liane avide de se faire foutre. Corse d’origine, elle aurait vendu son âne pour ça. Pour autant, au lever du jour, elle redevenait une savante qui éructait sa science médicale comme d’autres dégobillent un repas trop arrosé, non par prétention mais par trop

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plein. Ses connaissances, pas les cons sus cités mais les théories médicales et autres spéculations de la matière humaine, auraient d’ailleurs du lui mettre la tique à l’oreille : lorsqu’elle avait découvert, le matin même, dans le miroir de la petite salle d’eau maculée d’un carrelage mauve délavé garni du rideau de douche bleu fané, à la lumière de l’ampoule pendue ni haut ni court, sous son sein gauche arrogant et gorgé de l’envie de baiser, une boule noirâtre, grosse comme un grain de raisin de Corinthe, voire de Smyrne ou de Malaga, probablement apparue dans la nuit, elle aurait mieux fait d’imiter l’éclairage ambiant en passant à son cou de Massaï la corde à linge supportant ses culottes coquines, encore qu’une culotte reste une culotte, seule est éventuellement coquine la nana qui se glisse dedans, qui suintaient sur la dite corde dans le bac à douche.

Mais non. La gourmande gourde préféra s’auto-diagnostiquer, s’inventant quelque pathologie hasardeuse, inconnue du Vidal, (qui rappelons-le ne traite pas des maladies mais des médicaments), et forcément risible pour tout psychiatre qui se respecte, et donc se branle de la main gauche s’il est droitier, question d’imagination.

Voilà donc notre Atanasie Bourboule en pleine cogitation médicalistique, toute honteuse de ce que peut-être son intimité des nuits passées avec son homme de latex et ces violents malaxages de nichons dont elle raffolait tant seraient la cause de cette subite et étrange grosseur.

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Vingt cinq heures soixante douze

Atanasie gisait, le gode planté dans l’oignon après un ultime orgasme mêlé du râle, dépouille que la chaleur de la vie abandonnait sans regret.

Le lendemain matin, personne n’aurait remarqué son absence s’il n’avait été un chef de service plus con que les autres pour demander pourquoi le « porte-manteau frigide » n’avait pas porté les cafés.

Deux jours plus tard, les clébards du quartier donnaient l’alerte et Atanasie était découverte, au pied de son lit, le fion encore béant de son dernier ébat, par les limiers de la « B.A.C », la fameuse brigade anti criminalité, autrement appelée par les flics eux-mêmes la bande des alcoolos confits.

Les blaireaux rendaient compte et, sous une pluie d’Iguazu, le lieutenant de la « crim », un sérieux celui-là, arrivait à midi moins un repas.

* * *

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Jean Bons-du-Bas-d’Yonne était un bon flic. Il avait toujours eu à prendre sur la vie cette

revanche, ses parents l’ayant puni, à sa naissance non désirée, en choisissant un prénom que nul, dans la noble lignée qui s’accrochait à l’arbre de Saint Louis, n’avait osé apposer sur un état civil depuis Henri Basmati.

Allègrement moyen de taille, plus gras qu’un cochon de laie (lait, laid, led et par extension Jean Bon-du-Bas) mais moins que Tante Ursule, le cheveu brillantiné, des dents de faussaire qui détonaient d’avec son physique basique, la cravate de travers et le menton pas frais, il se voyait comme tout-un-chacun beaucoup plus beau qu’il ne l’était en réalité, mais tout en étant lucide sur ses chances de devenir un esthète.

– Au moins que j’aie un nom regardable ! Avait-il dit lorsqu’il avait fait modifier son identité.

Il était désormais connu dans tous les commissariats du coin – ou plutôt tous les recoins de son commissariat – sous le nom de Bondubath. James Bondubath.

Alors qu’il arrivait dans la chambre de l’ex-Atanasie Bourboule, James sortait de la poche de son veston une tige de réglisse type n° 3, tout en interrogeant le légiste Lescalp, avide de sa future dissection.

– Et elle morte de quoi ? Lescalp : – D’un arrêt du cœur voyons, James. – Ah ?

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J’aurais cru que c’était d’une arête dans l’cul moi ! Non sérieusement, vous n’avez rien constaté de particulier, de paranormal, d’extraordinable ?

Lescalp, songeur : – Non… A part peut-être cette petite boule que

j’avais prise tout à l’heure pour un grain de beauté.

– Une boule ? Où ça ? – Regardez, sous le sein gauche. Oh !!! – Qu’y-a-t-il docteur ?

Lescalp terrorisé : – Elle a pratiquement disparu ! C’est impossible !

C’est chouette une autopsie !

On emmenait Atanasie Bourboule et son planté du bâton à la morgue où, allongée sur l’étal en inox véritable, elle était dépecée par Lescalp.

Les crevées tout d’abord, sortes de grosses entailles faites sur tout le corps pour faire apparaître d’éventuels hématomes sous cutanés, lui donnaient cet air con qu’ont seules les momies déballées.

Puis on attaquait l’intéressant : l’ouverture du bide ; du menton à la moule, l’ouverture éclair laissait retomber les nibards sur les côtés, la graisse jaune comme un bon magret apparaissant sous la peau de cet abdomen pourtant plat, en couche épaisse d’au moins deux centimètres.

Lescalp découpait le sternum comme une branche de rosier, tenait à deux mains le sécateur faisant craquer les os, dégageait les poumons, sortait le cœur, devant un James toujours aussi fasciné, malgré son

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expérience des autopsies, par le rangement qu’il y avait là-dedans.

Le légiste plantait le scalpel dont pourtant il n’avait pas les droits d’auteur, dans le pubis qui semblait toujours affamé de queue :

– Aucune anomalie de ce côté ci. Je vous garde les abats pour ce soir ?

– Non merci. Je ne dînerai probablement pas avant l’heure du souper. Et puis moi la viande de vache maigre…

On attaquait ensuite la tête. Il fallait d’abord dégager la chevelure, d’une oreille à l’autre, puis en tirant comme pour un lapin. Du moment que le scalp inversé (et non le légiste inverti bien qu’il le fut aussi) recouvrait les yeux, Atanasie perdait toute apparence humaine, si tant était qu’elle en eut une de son vivant.

La disqueuse entrait en action. L’appariteur découpait le crâne, dans un bruit de fraise du dentiste croisée avec une scierie jurassienne, et une odeur d’os chaud, genre plastique fondu quoi ; le cerveau était prélevé, pesé.

Lescalp : – Que dale ! Niente. Cette nana avait encore de

beaux coups de bite devant elle. Je ne comprends pas de quoi elle est clapsée.

– Dites, vous avez pensé à prélever ce qui restait de cette fameuse boule ?

– Oui, mais je sais pas si ça va suffire pour l’anapat.

Effectivement, l’anatomopathologie – pour ceux qui n’ont pas vu les séries américaines, cela consiste à

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analyser les morceaux du cadavre en laboratoire – n’allait pas permettre d’identifier cette substance, trop petite pour avouer aux experts le pourquoi du comment du décès.

Deuxième cadavre, déjà ?

Bondubath n’aimait pas rester sur sa faim.

Il reprenait un troisième croissant avec son couscous, dégrafait discrètement sa ceinture en véritable imitation de croco, remontait son Smith et Wesson affalé sur sa hanche et quittait le resto. Dans sa petite berline chinoise, province de Taiwan, plastiques intérieurs et extérieurs d’origine, il lâchait un rot à faire trembler les murs de Jéricho.

– Ramd’ullah ! Il faut que je retourne voir cette Bourboule au frigo.

Son cellulaire vibromassait, dans son pantalon sans slip, contre son gland rabougri. Il profita de l’extase quelques secondes avant de décrocher. A l’autre bout du fil, comme dirait la mercière, le commissaire Paluche.

Stella Paluche aurait revigoré un spéléologue, resté coincé dans une grotte du Larzac durant plusieurs semaines, sans boire ni manger, ni rasoir jetable, pieds dans l’eau et obscurité totale avec juste quelques barres vitaminées et une ration d’eau potable, car celle dans laquelle il prenait son bain de pieds ne l’était forcément pas, faut se l’imaginer surtout quand on est claustro, en moins de temps qu’il n’en fallut pour l’écrire. Blonde, pulpeuse comme un Orangina même pas light, une paire de lolos à la bridgida, la bouche irradiant des dents de requine

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suivie en orthodontie durant toute son adolescence, un cul de fille du nord de la Norvège, ou du sud du Brésil même, bref, elle portait aussi bien son patronyme que les strings se glissent entre les plis.

– JB ? Commissaire à l’appareil.

James : – Oh non, des comme vous, il n’y en a pas de

pareille ! – Très drôle. Quand vous aurez fini de faire croire

que vous faites de l’esprit, rendez-vous… – Votre heure sera la mienne. Cravate,

décontracté ? – Fini oui ?! Vous vous rendez…

James hilare : – Oui, madame le commissaire, je me rends, non

pas le fouet et les menottes, non !!

Stella, au bout du rouleau, comme un peintre : – Vous allez ! Ça va ça, vous allez ? Donc vous

allez rue du bac, on a un cadavre.

Bondubath redevenait concentré instantanément comme un beagle qui vient de dénicher une grive :

– Homme ? Femme ? What else ?

La rue du bac longeait un terrain un peu vague, ancienne carrière de schiste ou autre minerai ennuyeux.

Se faisant guider par le planton assurant une imperméabilité de la scène de crime presque aussi sure que celle de son cerveau devant l’intelligence, James retrouvait ses collègues en fin de carrière, là où le mort était en période décès. Le flic mâchouillait

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son réglisse et s’accroupissait devant la dépouille, alors qu’autour de lui l’agitation rappelait qu’il y a une vie après la mort.

– Rien d’anormal ?

Le sous-brigadier, dont la seule médaille plastronnée trahissait le mérite d’avoir récemment ingurgité un sandwich mayo, répondait par la négative.

– Un gars de cinquante sept ans, obèse, qui faisait un jogging.

James : – Balaise ! Serait-il tombé de la proche falaise

après un malaise ? Se prénommait-il Blaise ?

Lescalp arrivait, posait sa trousse à pharmacie post-mortem et rétorquait :

– Allons James, on se plaisante jamais pendant le sévice. Pas de nuque brisée a priori, aucun trou de balle…

James : – Aucun trou de balle ? Ça fait chier ! Et puis j’en ai marre moi de me coltiner les

découvertes de cadavres qui n’en sont pas, enfin je veux dire qui ne sont pas victimes de crimes quoi. Bon enfin, on vous l’envoie à la boucherie pour que vous puissiez lire dans ses entrailles. Nom ? Profession ?

Le Brigadier : – Brigadier Sampouls mon lieutenant ! – Mais non lui, le gros tas là !

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– Ah !?… Identité : Oscar Oualid, ressortissant anglo-arabe.

– Oscar Oualid ? Bizarre… – Il était marin pêcheur, né à Ouessant. – Ah, la mer était sa terre natale ! Allez les gars, on

lève l’en-barre-gros.