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Beethoven or not Beethoven ? – Dimanche 20 novembre 2016

– Dimanche 20 novembre 2016 Beethoven or not …...5 DIMANCHE 20 NOVEMBRE 2016 – 14H30 SALLE DES CONCERTS - CITÉ DE LA MUSIQUE Beethoven or not Beethoven ? Ludwig van Beethoven

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Orchestres en fête : Ludwig van (2)

Le mythe Beethoven commença d’être élaboré dès avant sa mort. Un enterrement en grande pompe plus tard, les générations à venir pouvaient continuer de bâtir une légende où chacun allait puiser. Ce parcours où s’entrecroisent la musique, la vie et la postérité de Beethoven est au cœur de l’exposition Ludwig van. Le mythe Beethoven, et il trouve son prolon-gement dans deux cycles de concerts.

Après un premier cycle « tout Beethoven » (ou presque), le week-end « Orchestres en fête » est l’occasion de proposer aux auditeurs une nouvelle expérience Beethoven. Cette fois, l’accent est mis sur la descendance musi-cale du compositeur, en une démarche d’aller-retour entre œuvres originales et échos artistiques. On y entend ainsi des symphonies (la Neuvième par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, la Septième par l’Orchestre de Picardie), des concertos (le Triple Concerto par Tugan Sokhiev et l’Orchestre du Capitole de Toulouse, le Concerto pour piano n° 5 par Enrique Mazzola, Louis Lortie et l’Orchestre National d’Île-de-France – un spectacle avec vidéo destiné aux familles – ou par Paul Daniel, Nicholas Angelich et l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine, le Concerto pour piano n° 0 par Alexandre Bloch, Alexei Lubimov et l’Orchestre du Conservatoire de Paris) ou des pièces orchestrales diverses. Contemporains ou successeurs de Beethoven y prennent leur place, tel Brahms dont le XIXe siècle finissant voulut absolument faire l’héritier du compositeur en matière symphonique (Symphonie n° 4 par l’Orchestre du Capitole et Tugan Sokhiev).

Mais ce week-end qui réunit la fine fleur des orchestres français est aussi l’occasion de montrer comment Beethoven nourrit les expériences de la modernité. Le monument des Variations Diabelli continue d’inspirer les musiciens du XXIe siècle : Jean-François Heisser le montre en interprétant les Veränderungen de Philippe Manoury et les 33 Variations sur 33 variations de Hans Zender. Dutilleux, lui, rebondit – après Milan Kundera – sur la fameuse question « Muss es sein? » posée par le Quatuor n° 16 pour une courte pièce orchestrale, tandis que la Symphonie « Eroica », qui « incarne une nouvelle époque de l’esprit du monde » selon Hugues Dufourt, se reflète dans l’Ur-Geräusch du compositeur spectral. Bernard Cavanna, Takashi Niigaki ou Brett Dean complètent le panorama, sans oublier bien sûr Mauricio Kagel et sa « promenade dans la tête de Beethoven » de 1969, Ludwig van.

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LUDWIG VANLE MYTHE BEETHOVEN

sous la direction de Colin Lemoine et Marie-Pauline Martin

L E S É D I T I O N S D E L A P H I L H A R M O N I E

Monstre démiurge pour les uns, figure du héros pour les autres, chantre de la liberté républicaine, modèle de la puissance inspirée, incarnation de la Création enfiévrée ou parangon de la Douleur sublimée, Beethoven a façonné, depuis bientôt deux siècles, un imaginaire littéraire, visuel et musical d’une richesse prodigieuse. De Klimt à Beuys, de Gide à Haneke, de Burne-Jones à Pierre Henry, en passant par Hartung, Basquiat et Kubrick, l’aura beethovénienne hante les artistes et ne manque jamais son objet : celui d’électriser le regard, l’oreille et l’esprit. Beethoven désigne aujourd’hui bien plus qu’un objet d’étude historique ou musicologique ; il tient avant tout d’un imaginaire collectif, à la fois populaire et savant, politique et artistique, dans lequel se mire constamment notre humanité. Telle est l’identité du musicien que cet ouvrage restitue, à travers un riche parcours iconographique, tout en questionnant l’adéquation, ou au contraire la distorsion, entre le Beethoven « historique » et son devenir imaginaire.

Coédition Gallimard184 pages • 21 x 28 cm • 35 €

ISBN 978-2-07-019735-4 • OCTOBRE 2016

LUDWIG VAN

LE MYTHEBEETHOVEN

Gallimard | Cité de la musique - Philharmonie de Paris

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Gallimard

Monstre démiurge pour les uns, figure du héros pour les autres, chantre de la liberté républicaine, modèle de la puissance inspirée, incarnation de la Création enfiévrée ou parangon de la Douleur sublimée, Beethoven a façonné, depuis bientôt deux siècles, un imaginaire littéraire, visuel et musical d’une richesse prodigieuse. De Klimt à Beuys, de Gide à Haneke, de Burne-Jones à Pierre Henry en passant par Hartung, Basquiat et Kubrick, l’aura beethovénienne hante les artistes et ne manque jamais son objet : celui d’électriser le regard, l’oreille et l’esprit. Beethoven désigne aujourd’hui bien plus qu’un objet d’étude histo-rique ou musicologique ; il tient avant tout à d’un imaginaire collectif, à la fois populaire et savant, politique et artistique, dans lequel se mire constamment notre humanité. Telle est l’identité du musicien que cet ouvrage restitue, à travers un riche parcours icono graphique, tout en question-nant l’adéquation, ou au contraire la distorsion, entre le Beethoven « historique » et son devenir imaginaire.

35 € A 1 9 7 3 5

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À l’occasion de l’exposition « Ludwig van. Le mythe Beethoven », la Cité de la musique - Philharmonie de Paris a commandé

au photographe Oliviero Toscani un travail montrant la vigueur, au présent, de l’imaginaire beethovénien.

oliviero toscani (né en 1942)Roll over Beethoven I

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oliviero toscani (né en 1942)Roll over Beethoven II

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DIMANCHE 20 NOVEMBRE 2016 – 14H30

SALLE DES CONCERTS - CITÉ DE LA MUSIQUE

Beethoven or not Beethoven ?

Ludwig van BeethovenConcerto pour piano n° 4 en sol majeur op. 58 (1804) : II. Andante con moto – III. Rondo (vivace)

Friedrich WittSymphonie en ut majeur « Iéna » (1809) : I. Adagio – Allegro vivace

Johann Joseph RoeslerConcerto pour piano en ré majeur op. 15 (1809) : Allegro

Takashi NiigakiNagaruru Suiheki (c. 2010)

Orchestre des Pays de SavoieNicolas Chalvin, directionShani Diluka, pianoBenjamin François, médiation

Ce concert s’inscrit dans le cadre d’Orchestres en fête, une initiative de l’Association Française des Orchestres.

Coproduction Orchestre des Pays de Savoie, Philharmonie de Paris.

FIN DU SPECTACLE (SANS ENTRACTE) VERS 15H30.

A S S O C I AT I O NF R A N Ç A I S E D E SO R C H E S T R E SA FO

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Johann Joseph RoeslerConcerto pour piano en ré majeur op. 15 (1809) : Allegro

PréambuleUn piano avec l’orchestre, un style viennois : on peut s’attendre à un concerto ou une esquisse d’un concerto de Beethoven qui en a écrit cinq ! C’est ce que l’on a longtemps cru avec cet extrait qui fut intégré au catalogue complet de Beethoven en 1890 (par Guido Adler) puis retiré en 1925 (par Hans Hegel). Cet Allegro, premier mouvement du Concerto, fait désormais partie du Anhang de Beethoven, catalogue des œuvres qui lui ont été attribuées par erreur.

L’auteurJohann Joseph Roesler (ou Rösler) est un compositeur originaire de Bohême tout à fait contemporain de Beethoven (1771-1813). Il travaille à Prague pour la comtesse Lobkowitz, se consacre notamment à l’opéra et compose une cantate à la mémoire de Mozart. Il est aussi chef d’orchestre et compose plusieurs œuvres au piano.

L’erreurCe sont des recherches du musicologue Guido Adler qui créent l’erreur lorsqu’il retrouve la copie manuscrite du mouvement initial (Allegro), qu’il attribue à Beethoven.

Les liens à BeethovenS’il n’est pas à son compte comme Beethoven (Roesler est maître de cha-pelle), il est musicien et chef d’orchestre. Il s’intéresse donc à ce nouvel instrument auquel Beethoven donnera ses lettres de noblesses à travers le concerto et la symphonie.Prague et la famille Lobkowitz ont une place importante dans la vie de Beethoven : le prince Joseph Franz sera le mécène de trois des plus célèbres symphonies de Beethoven (n° 3, n° 5 et n° 6) ainsi que du Triple concerto.Il est donc plus que probable que Roesler et Beethoven se soient croisés…

L’indiceL’erreur est réparée car Roesler avait édité sous son nom son concerto (en entier) en 1809 et c’est la redécouverte de cette édition en 1925 qui dissipe les doutes. Le fait qu’elle ait perduré trente-cinq ans montre que bien qu’édité, Roesler n’avait pas connu un grand succès de son temps…

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Friedrich WittSymphonie en ut majeur « Iéna » (1809) : I. Adagio – Allegro vivace

PréambuleBeethoven est l’auteur de neuf symphonies, un ensemble qui constitue un sommet de la musique. La tentation d’en retrouver une dixième a motivé de nombreux chercheurs…

L’auteurFriedrich Witt est un autre compositeur viennois et violoncelliste contem-porain de Beethoven (1770-1836). Il fut maître de chapelle à Würzburg.

L’erreurEn 1909, le manuscrit d’une symphonie entière est découvert à Iéna. La symphonie n’est pas signée mais le nom de Beethoven apparaît deux fois dans les archives et le style prend pour modèle Haydn, inspiration de jeunesse de Beethoven. L’attribution semble suffisamment convaincante pour l’éditeur Breitkopf qui publie la symphonie « redécouverte » en 1911 sous le nom de Beethoven.

Pourquoi il reste un petit doute ?L’œuvre en ut majeur fait clairement référence à la Symphonie n° 97 de Haydn qui a également influencé Beethoven. Or Friedrich Witt a laissé une douzaine d’autres symphonies mais celle-ci tranche par son équilibre et sa clarté de construction. Dans quelle mesure Witt, qui était interprète et possédait des partitions qu’il jouait, était-il complètement l’auteur de la musique qu’il a laissée ? Comme il n’existe pas de partition originale mais des copies, difficile de trouver des indices ou des traces d’emprunts…

L’indiceEn 1957, une autre copie est retrouvée, celle-ci signée de Friedrich Witt. L’énigme est résolue et l’œuvre est désattribuée et versée au cata-logue Anhang.

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Takashi NiigakiNagaruru Suiheki (c. 2010)

PréambuleMalgré son apparence néoclassique, la musique a des audaces qui n’appar-tiennent pas à l’époque de Beethoven. De quoi s’interroger sur le lien au compositeur.

L’auteurCette œuvre implique en réalité deux personnes : à l’origine, le compositeur japonais reconnu pour cette musique est Mamoru Samuragoshi qui, entre 1997 et 2014, connaît un grand succès au Japon pour des musiques de film, de jeux vidéo mais aussi de grandes symphonies dédiées à Hiroshima ou Fukushima. En 2014, il se trouve au cœur d’un scandale qui est celui dit du « Beethoven Japonais ».

L’erreurLe 5 février 2014, Mamoru Samuragoshi avoue qu’il n’est pas l’auteur de la musique signée sous son nom depuis 1996 et que les pièces sont en fait l’œuvre de Takashi Niigaki, un professeur d’université. Les révélations prennent la forme d’une confession en direct à la télévision suite à une accusation de Takashi Niigaki.

Le lien à BeethovenMamoru Samuragoshi s’était construit un personnage depuis 1996, notam-ment dans le but d’esquiver les médias. Ainsi, il prétextait une surdité relative pour éviter les questions des journalistes. Son surnom de « Beethoven japo-nais», compositeur sourd, date donc d’avant les révélations. La supercherie prend encore plus de relief lorsque le public s’aperçoit que non seulement Mamoru Samuragoshi sait à peine lire la musique, mais qu’il n’est pas sourd.Le scandale est retentissant et intéresse bien entendu les studios d’Hollywood qui projettent d’en faire un film. En attendant, le véritable auteur, pris dans un casse-tête de droit d’auteur, peut enfin, progressivement, être joué sous son vrai nom et accéder à une célébrité à laquelle il était peu préparé.

L’indiceNagaruru Suiheki est une œuvre de Takashi Niigaki qui n’est pas concernée par les questions complexes de droit soulevées par le scandale. Son titre, apaisé, est celui d’une couleur : « d’un vert éternel suspendu ».

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Ludwig van Beethoven (1770-1827)Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur op. 58

I. Allegro moderato

II. Andante con moto

III. Rondo vivace

Composition : 1805-1806.

Création privée en mars 1807, et publique le 22 décembre 1808, à Vienne, par

le compositeur.

Durée : environ 32 minutes.

Des cinq concertos pour piano de Beethoven, celui-ci est le plus original et même le plus déroutant quant à l’architecture de ses mouvements. Il n’a aucune raison d’être mal aimé pour autant, tant il déborde d’astuce et de vie.

Le premier mouvement mélange charme et profondeur. Les pistes sont brouillées à dessein ; les « ficelles » du métier s’estompent. D’abord le piano présente seul le thème sur quelques mesures nonchalantes, où figure un motif de croches conjointes qui reviendra à peu près constamment. Tout comme Mozart l’avait exceptionnellement fait dans son Neuvième Concerto, ce piano va ensuite être voué au silence pour laisser l’orchestre assurer une exposition de trois minutes. Les deux expositions, celle de l’orchestre d’abord, celle avec le soliste ensuite, n’adoptent pas les proportions internes habituelles : un faux deuxième thème, en réalité un pont long et enchanteur, qui glisse en modulant sur un rythme pointé, mène à un deuxième thème court, petite arche enthousiaste. Ce qui compte, bien plus que la structure, c’est le plaisir qui sait se faire attendre, c’est l’ambiance nuancée, les timbres moelleux des cordes et des bois, et la virtuosité d’un clavier qui s’exerce bien plus en agrément qu’en force ; c’est d’ailleurs le piano qui confirme le deuxième thème dans une délicate expansion, comme un jaillissement irisé de bulles.

Dans le développement, le piano détient largement la parole, il s’approprie le motif initial pour le varier ensuite dans sa langue à lui. Encadrée par deux rêveries, surgit la seule exaspération de ce morceau, où le clavier argumente avec quelques éclats tranchants. La réexposition, sans surprises, permet au

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pianiste de fêter tous les thèmes l’un après l’autre avec des trésors d’orne-mentation spirituelle et tendre.

La réputation d’antagonisme entre piano et orchestre qui s’attache aux concertos de Beethoven, un peu surfaite, trouve cependant son illustration emblématique dans le deuxième mouvement, très libre de forme. D’un côté, un orchestre arrogant, bourru ; de l’autre, un piano plaintif, qui chante comme une victime aussi gracieuse que sans défense : telles sont les don-nées de départ, et au fil de ce bref morceau le rapport de pouvoir va s’in-verser. « Une lutte entre deux personnages de caractère différent », notait Vincent d’Indy. À l’orchestre revient un langage sommaire, confiné dans la couleur volontairement terne des cordes, les registres graves, l’unisson, les silences ; au piano les supplications sont plus élaborées, harmonisées et fleuries de quelques ornements. Un peu interdit, cet orchestre qui au début coupait la parole à son partenaire baisse progressivement pavillon, diminuendo. Le piano en profite pour s’exprimer plus longuement, avec des ressources d’amplitude et de poésie que son interlocuteur n’a pas ; il achève son plaidoyer sur une tension de trilles et de mouvements pendu-laires. Alors l’orchestre, soudain enrichi de quelques accords, acquiesce et s’éloigne, radouci. Rarement une telle dramaturgie aura été atteinte par le simple moyen des notes.

Le rondo-sonate du finale comporte lui aussi des irrégularités dans son plan. Beethoven y poursuit sa tactique de l’imprévu, et les commentateurs pro-posent diverses solutions pour faire rentrer ce mouvement dans un moule connu, ce qui n’est peut-être pas indispensable. La gaîté, la joyeuse com-plicité entre l’orchestre et le piano s’y déroulent dans un rebondissement constant, très léger, à la fois familier et qui touche à peine terre. L’orchestre propose le premier refrain, pianissimo, en un pointillé des cordes : c’est l’esprit de la danse qui suggère au soliste de se lancer, ce qu’il accomplit volontiers, avec quelques pirouettes. Le deuxième thème, dans l’aigu du clavier, plane avec un lyrisme émerveillé ; un seul violoncelle l’accompagne, sur une note tenue. Entre les six énoncés du refrain et les trois retours du deuxième thème, les développements, qui surviennent à chaque virage du morceau, ne sont jamais combatifs ni tragiques, tout au plus affirment-ils leur vitalité au bénéfice d’un clavier très généreux, au geste large ; ingé-nieuse aussi est la présence de nombreux tremplins, longs « suspenses » brillamment battus. Après la cadence, qui est en fait le plus audacieux des

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développements, la coda embrasse, en raccourci, un crescendo malicieux. L’on peut s’étonner que l’indication giocoso (ludique) ne figure nulle part dans ce mouvement ; en fait elle aurait pu se glisser du début à la fin.

Isabelle Werck

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Benjamin FrançoisOrganiste et chanteur de formation, Benjamin François est producteur à France Musique (Sacrées Musiques, le dimanche matin de 7h à 9h), drama-turge à l’Opéra-Orchestre National de Montpellier et critique musical aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Germaniste et historien, il enseigne la dic tion lyrique allemande au Conservatoire de Paris (CNSMDP).

Shani DilukaRemarquée à l’âge de 6 ans par le pro-gramme établi par la Princesse Grace de Monaco, Shani Diluka est sélectionnée pour participer à un programme de l’Académie Prince Rainier III dans la Principauté. Cet évènement est le point de départ de ses premiers engage-ments, et elle est aussi remarquée par le chef d’orchestre Lawrence Foster qui l’encourage à poursuivre ses études à un haut niveau. Après avoir reçu un premier prix en piano au Conservatoire de Paris (CNSMDP), la pianiste rencontre Leon Fleisher, qui oriente sa carrière. Au cours de son cycle de perfectionnement au CNSMDP, elle fait la connaissance de Maria João Pires, Menahem Pressler et Murray Perahia, qui l’invitent à travailler avec eux. D’autres rencontres suivent lorsqu’elle intègre en 2005, aux côtés de cinq autres pianistes, l’Académie de Piano du Lac de Côme présidée par Martha Argerich. Invitée des grandes salles, Shani Diluka se produit régulière-ment au Concertgebouw d’Amsterdam,

à la Cité de la musique à Paris, au Théâtre de La Fenice de Venise, au Festival de La Roque-d’Anthéron, à l’Arsenal de Metz, au Festival international de Menton, à l’Opéra de Dijon, à Tokyo où elle fait l’ouverture de la Folle journée, entre autres. Elle collabore également avec de nombreux orchestres, tels l’Or-chestre Philharmonique de Radio France, le Sinfonia Varsovia ou l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, sous la baguette de chefs comme Lawrence Foster, Vladimir Fedosseïev, Ludovic Morlot, Eivind Gullberg Jensen, Kwamé Ryan ou Gábor Takács. Shani Diluka col-labore également avec des ensembles de musique de chambre comme les qua-tuors Ébène, Ysaÿe, Pražák, Modigliani ou Belcea, et des solistes comme Teresa Berganza ou Natalie Dessay. Intéressée par la musique de son temps, elle parti-cipe à des projets de plusieurs compo-siteurs contemporains : György Kurtág, Wolfgang Rihm ou Bruno Montovani, dont elle a créé Cinq Pièces pour Paul Klee. Soucieuse du jeune public, elle a sorti un livre-disque Chopin et L’Histoire de Babar avec Natalie Dessay, tous deux récompensés par un Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros. Ses enregistrements solo de Beethoven, Mendelssohn, Grieg et Schubert recueillent plusieurs récompenses, et ses prestations sont régulièrement dif-fusées sur les radios internationales ou à la télévision. Par ailleurs, Shani Diluka a réalisé plusieurs projets en collaboration avec de grands noms du

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cinéma tels que Sophie Marceau, Gérard Depardieu et Charles Berling. Durant la saison 2015-2016, elle a joué l’intégrale des sonates pour piano et violoncelle de Beethoven avec Valentin Erben, violoncelliste du quatuor Alban Berg, au Théâtre des Champs-Élysées, au Konzerthaus de Vienne, à la Mehli Mehta Music Foundation et à la Philharmonie de Cologne.

Nicolas ChalvinLa carrière de Nicolas Chalvin com-mence au sein de grandes formations symphoniques, notamment à l’Orchestre National de Lyon et à l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg. Riche de son expérience de musicien d’or-chestre, sa rencontre avec Armin Jordan marque un tournant décisif dans son parcours musical et on le retrouve très vite à la direction musicale de produc-tions lyriques et chorégraphiques au Grand Théâtre de Genève, à l’Opéra de Lausanne ou encore à l’Opernhaus de Zurich. Il collabore également avec de grands orchestres français et étrangers (Orchestre Philharmonique de Radio France, Orchestre du Théâtre national São Carlos de Lisbonne, Orchestre National d’Île-de-France, Orchestre National de Lyon, entre autres). Directeur musical de l’Orchestre des Pays de Savoie depuis 2009, Nicolas Chalvin parcourt avec aisance le répertoire pour orchestre, des premiers classiques aux œuvres les plus récentes, chérissant particulièrement la musique française.

Menant l’Orchestre des Pays de Savoie sur les grandes scènes musicales, sa curiosité et sa créativité permettent à la formation d’explorer toute la diversité du répertoire et de s’investir dans des projets musicaux d’envergure (Festival Berlioz à La Côte-Saint-André, Musique à la Grange au Lac à Évian…). Son goût pour la recherche de répertoires oubliés l’a amené à graver plusieurs titres pour le label Timpani dont Reynaldo Hahn (2015), Aucassin et Nicolette de Paul Le Flem (2011) ou encore Sophie Arnould de Gabriel Pierné, opéra salué par la critique et nominé aux BBC Awards en 2008. En 2015, Nicolas Chalvin est promu chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Orchestre des Pays de SavoieDepuis sa fondation en 1984, l’Orchestre des Pays de Savoie a pour vocation de se produire sur l’ensemble des scènes de la région Auvergne Rhône-Alpes, ainsi que dans les salles de concert les plus prestigieuses. De Boëge à l’Audi-torium de Lyon, de Lanslebourg à la Salle Gaveau à Paris, de la Grange au Lac à Évian au Victoria Hall de Genève ou à la Salle Tchaïkovski à Moscou, ce sont ainsi plus de 80 concerts qui sont donnés chaque année. Sous l’impul-sion de Nicolas Chalvin depuis 2009, l’orchestre aborde un répertoire varié, de Bach aux créations contemporaines. Il joue avec la complicité de solistes et chanteurs internationaux (François-Frédéric Guy, Renaud Capuçon, Tedi

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Papavrami, Anne Gastinel, ou encore avec Sophie Karthäuser, Karine Deshayes ou Marianna Pizzolato), collaborant également avec d’autres ensembles tels l’Orchestre de Chambre de Genève, l’Orchestre Symphonique de Mulhouse ou les Chœurs et Solistes de Lyon. Tous animés par le désir de transmettre leur passion musicale, les 23 musiciens per-manents (19 cordes, 2 hautbois, 2 cors) s’investissent également dans leur mis-sion pédagogique lors de multiples concerts et actions de sensibilisation, que ce soit dans les écoles de musique, les maisons de retraite, en milieu sco-laire, carcéral ou hospitalier.

L’Orchestre des Pays de Savoie est soutenu par le Conseil Savoie Mont Blanc, le ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Auvergne Rhône-Alpes), la Région Auvergne Rhône-Alpes et son club d’entreprises mécènes Amadeus.

Avec le soutien de Musique Nouvelle en Liberté.L’Orchestre des Pays de Savoie remer-cie son club d’entreprises mécènes Amadeus pour son soutien sur la série de concerts « Beethoven or not Beethoven ».

Violons INathalie Geoffray-Canavesio, solisteMarie-Noëlle AninatLaurent PellegrinoClaire-Hélène Schirrer-GaryMehdi Al-Tinaoui

Frédéric PiatNina MilletStéphanie Padel

Violons IIMadoka Sakitsu, solisteNadège Gruffat-PoulainMarie-Édith RenaudBrigitte OgnibeneAnne BertrandPierre-Paul Mounie

AltosMarco NirtaFrançois JeandetVanessa BorghiJean-Philippe Morel

VioloncellesNoé NatorpJean Sébastien BarbeyNicolas FritotRafaël Cumont-Vioque

ContrebassesPhilippe GuingouainBarbara Degrima

FlûteJulien Vern

HautboisGuy LarocheHugues Lachaize

ClarinettesRichard MalblancPierre Dubier

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BassonsLouis Hervé MatonFanny Monjanel

CorsMaxime TombaRichard Oyarzun

TrompettesArnaud SchotteDaniel Diez Ruiz

TimbalesBenoit Cambreling

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— LES MEMBRES DU CERCLE D’ENTREPRISES —PRIMA LA MUSICA

Intel Corporation, Rise Conseil, RenaultGecina, IMCD

Angeris, À Table, Batyom, Dron Location, Groupe Balas, Groupe Imestia, Linkbynet, UTB Et les réseaux partenaires : le Medef de Paris et le Medef de l’Est parisien

— LES MÉCÈNES DE L’ACQUISITION DE

« SAINTE CÉCILE JOUANT DU VIOLON »

DE W. P. CRABETH —Paris Aéroport

Angeris, Batyom, Groupe Balas, Groupe Imestia

— LE CERCLE DES GRANDS DONATEURS —Patricia Barbizet, Éric Coutts, Jean Bouquot,

Xavier Marin, Xavier Moreno et Marie-Joséphine de Bodinat-Moreno, Jay Nirsimloo,Raoul Salomon, Philippe Stroobant, François-Xavier Villemin

— LA FONDATION PHILHARMONIE DE PARIS —

— LES AMIS DE LA PHILHARMONIE DE PARIS —

LA CITÉ DE LA MUSIQUE - PHILHARMONIE DE PARIS REMERCIE

— SON GRAND MÉCÈNE —

— LES MÉCÈNES ET PARTENAIRES DE LA PROGRAMMATION

ET DES ACTIVITÉS ÉDUCATIVES —

V :

V

LOGO AIRFRANCE Partenaire Officiel

Nº dossier : 2009065E

Date : 12/03/09

alidation DA/DC

alidation Client

P296C

P032C

Champagne Deutz, Fondation PSA Peugeot Citroën, Fondation KMPGFarrow & Ball, Fonds Handicap et Société, Demory, Agence nationale pour la Cohésion Sociale et l’Égalité des chances

Philippe Stroobant, les Amis de la Philharmonie de Paris, Cabinet Otto et Associés, AfricinvestLes 1095 donateurs de la campagne « Donnons pour Démos »

Remerciements donateurs_ 2016.indd 1 20/07/2016 17:41