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A LA RECHERCHE DI INfERLOCUTEURS CHEZ LES DU SUD-ESf OOlEROUN Par t.rmc l'w'DUTûME EKAMBI Jacc;.ueline de sociologie èe l'UniversitG Yaound6. Après l'exposé théorique qui précède - l 'pot de terre contre pot de Fer" de .Jean-Claude B.l\F.BIFB - j'illustrerai certains aspects de ce qui 2. Gté yu en prenant un cas concret celui de la"crise d'autorité" chez les Haka. GU sud.. est du Cameroun, Mes informations ne proviennent pas d. 'me recherche personnelle mais sont empruntées il deux publications de Peter L. GESOEIIEHE, anthropologue hof.Landais, qui a étudié les Maka en ·1971 pu:!; en 1973 au moment de 1 des Zl\PI (1) de l'Est. Les'Iiaka sont installés dans le sud-est du Cameroun.aux confins de la forêt ct de la savane, auteur du cours supérieur du N'long et de la Doumé. C' esc une popùlatdon qui compte au total - y comprâs les citadins qui sont pour la plupart des "Gmiprés tl - à peu près 70.000 personnes, Ils vivaient t.radi.tformel.Iement de la culture '. travail essentiellement ft::minin .'Jet de la chasse et de la pêche pratiquées par les hommes. Par ailleurs ces derniers passaient beaucoup de temps en guerres La colonisation all€m[Lqde, puis française et l'accession à l'indépendance du Cameroun orrt consddêrahlemerrt modifiéS le contexte dans ils vivaient. On constate auj ourd' hui dans la r8Eion lViaka, une carence de leaders émanant des populz- t icns rurales qui puissent servir cl' ânterâocuteurs valables les organismes de dêve'loppement , Précisons que les ZAPI travaillent dans l'optique, assez nouveï.Ie dans cette rôgion ,de 'l'an.im:-'ltion - participa:' tion au développement. Ces organismes cher- chent donc des interlocuteurs appartenant au village et qui soient écoutés dans le village. , ' '""i.,lI"-"' __ ftlI ..... ........ ... _: ........ .... ·"'..".-t.;.oo ..... __ ....... C'Il .. 'l:I_ ........ Zone' . cl 1Aménagement prioritaire Intêgrê ... .. Les ZAPI veulent sioccuper de tout ce qui a trait au dévelClppement c1a:ns ces régions.

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A LA RECHERCHE DI INfERLOCUTEURS CHEZ LES ~W<A DU SUD-ESf OOlEROUN

Par t.rmc l'w'DUTûME EKAMBI Jacc;.uelineDG~artement de sociologie èe l'UniversitG ~o

Yaound6.

Après l'exposé théorique qui précède - l 'pot de terre contre pot de Fer" de

.Jean-Claude B.l\F.BIFB - j'illustrerai certains aspects de ce qui 2. Gté yu en prenant un

cas concret celui de la"crise d'autorité" chez les Haka. GU sud..est du Cameroun, Mes

informations ne proviennent pas d. 'me recherche personnelle mais sont empruntées il

deux publications de Peter L. GESŒIIEHE, anthropologue hof.Landais, qui a étudié les

Maka en ·1971 pu:!; en 1973 au moment de 1 ;:i.mpJ.~.ntation des Zl\PI (1) de l'Est.

Les' Iiaka sont installés dans le sud-est du Cameroun.aux confins de la

forêt ct de la savane, auteur du cours supérieur du N'long et de la Doumé. C'esc une

popùlatdon qui compte au total - y comprâs les citadins qui sont pour la plupart des

"Gmipréstl- à peu près 70.000 personnes, Ils vivaient t.radi.tformel.Iement de la

culture '. travail essentiellement ft::minin .'Jet de la chasse et de la pêche pratiquées

par les hommes. Par ailleurs ces derniers passaient beaucoup de temps en guerres

vilJ.~lf.eoises•

La colonisation all€m[Lqde, puis française et l'accession à l'indépendance

du Cameroun orrt consddêrahlemerrt modifiéS le contexte dans le:~uel ils vivaient. On

constate auj ourd'hui ~ dans la r8Eion lViaka, une carence de leaders émanant des populz­

t icns rurales qui puissent servir cl' ânterâocuteurs valables pc~r les organismes de

dêve'loppement , Précisons que les ZAPI travaillent dans l'optique, assez nouveï.Ie dans

cette rôgion,de 'l'an.im:-'ltion - participa:' tion au développement. Ces organismes cher­

chent donc des interlocuteurs appartenant au village et qui soient écoutés dans le

village., '

_''''~g!I; '""i.,lI"-"'__ ftlI ..... ~"'J.,.. ........ ... _: ........_~....·"'..".-t.;.oo ..... __ ....... C'Il .. 'l:I_ ........

Zone' .cl 1Aménagement prioritaire Intêgrê . . . ..Les ZAPI veulent sioccuper de tout ce qui a trait au dévelClppementc1a:ns ces régions.

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~.~ .

Ce constgt d'une cris'<-) d' E".u.torit:'S chez les Mnka est Gssez ancien et sc, ..

retrouve :1 tous· 'les niveélux. Df:jG 8n 1920~1930~ les rallports c01oni8.ux si$_~alaieni.:'. .

le raMoue (JV autorit6 è.cs chefs; la c'.ifficult6 à trouver è-es chefs des reponômts.:

l\uj ourcP hui, les sous-préfets se tJJ.~....i;:nent Q.U 1 il faut l.Ul contTeIe c·Jnstent l10ur

lutter centre les tend;::ncc'3 à 11 C!12.Tchie; les reprÉsentants d.os orpmlismes de è.Cvc!..(:···

pernent disent que les vieux se pl2..i.;::r:w:mt des jûU!.'1.CS; etc ..•

. .Les ~irif7cmlts des mcuvaments cocp6r.::tifs ont clonc è.e 1:1. peine à trouver

des interlocuteurs dans les vill8.j;oS l'~Rka: ils croient en trC'l..'Vcr nlais il s'avère

que ces' interlocuteurs Ile sont 1)2.5 rGCCTl-llUS S2JlS réticence :,:-ar. les ;.'C·pulations et 5"_;I~';:

donc peu efficaces. Ceci ne peut que 'r-oser de multi;)16s rrc.b1è!nes lorsque les pOllv'Ji:':'

publics veulent e~::~~~r une action (lE; (!(;vGlc:'ïpement), en y assccir...."""lt les ~:opul,'lt:l_c:-!-s,

Peter Geschière Y·;'·;'f·j:d.lun exemple concret et pr6cis peur illustrer son nr(\-::·~.';.

Il cherche ~ expliquer ~ 11 travers l ihistoire d15 M.:'i.ka;. leur exç.f.Tience et leurs cr.Jnst.:"

tions diverses du lcadcrshi~. Il ~~8rche aussi à trouver, d81S le contexte actuel ë~,

la partici~'Je.ticn au d6vcloj!pemer,:;: cruels pouTx::dent être Jes .:Llte-rlocuteuTS val::'..bll.;s,

(1

Cl

& &

Ouel1e est la situation observée ?

Dans un villneo auquel 1 r 2.utcur 'lcnno le nom. fictif d IOJ:?bout ~ village qui ccIilprr::n-..:.

environ 600 personnes dont huit ont émigr8 eJil. ville et sont ccnsid01'ées corrnne

nintellectw=.:J.s1: du fait de leur fonnatior: scclairo et de leu.r tr2.vail en milieu

urbaLI.~ une organisation coo;.Jér::,.tivo cherche 2. Si imclrnter.. g():~ ':;;'ljectif O!?t de tr2ns'"

mettre après quelques c:mnées la e8stion de ls. coorérrltive au.1( vi1l3f00is Gux-Illêmes.

?our décoUVTir ceux 0li :?Curraicnt se voir confier cette tâche la cocp(~:ra··

tive entTerr~'!ld tme expérience pile/te. fl cet effet, eUo prc:ç..o~jatUlT?rêt pour la

construction diune nouvel10 éC810 G)nt l~ vil12f.e av~it besclli et envie pour rernrylac87

sa vieille (:cole en m"lt6riaux trrl.dit:i_onnels •

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. .La proposition fut f~it8 aux villap:ecis pqr l! int,~mPc.iaiT0 du chef (~.c

vill :!.ge~ chef. qui ne relève pas rte 1'".'. tradition m~is a f:t·:<:; nOifiiïi;i FlY les ?utC,iT:lt.....·;-;

a(bninistra~ives.

I,!:". suite m:mtrera c;.ue cc: fait é'.. Sein iTTI!'ortance (',B.P.S 18. süu:'1ticn pr(;cise

et met bien en lumière les difficulV~s rencontrées oüé!.I1d on cherche lU1 leaGr.:T ")()l'r. n1.· -une activité qui ne relève directement de li administr.?tioTI j ni ~ill 18. vie trr:c.litic:::.11.31

le c1u villaBe.

La proposition ainsi fa.ite f'ut transmise p<.'lr le chef à ses adrrJ.ni:.:tr~s qui

se rétm.irent ;en assemblée pour la discuter. Après de très lon~:c::> r.oncertations ib. . .

2rrivèrent 8 un accord et décicl8r.ent d'~cceuter cc ryrêt ct OB tTav~iller ~e1on 10. ~ ~

progranme suivant : la partie relative li. 1: achat des rnn.ti';riaux ser8.:l-t financf,(~ pr~r la

coop(.rative et remboursable en trois ans à raison cl 'une: cert:0l5_TLe sc-mm::: l',;·a1' pl:~nteur

ct par ru1 :mr:.is le travail de o:mstruction resterait à 12. clr;r;~c c:'es kk'1bit,:m:i:s ,Ju

villgge qui consacreraient tous leurs joudi 8. éd.ifier Il€cclG ô ..,m; le cadre (le

;:1' invostissement humain: 1 •

Lr expérience dGbute r\"J"lS l ç enthousiasme é~rr,~:; une di~ëision: lents i.:' prendrD

IJ1.?is prise aussi (L'ms r enthousir.sme. Les preJ!1iers j euè.i ~ tout rr.a.rche trè;s 1ie:r... l'bis' .'

assez vite en cOi'l1llence à constater (~ue les fidèles sont de roins en moine.; filJ!r1brGux

et que ce sc!nt surtout le chef et r:.uoIques uns d8S nGt~bles êr.f.s de la populati.:m

Qui 7:>::lrtici·:~ent répulièrement 2. la CCil1Structicn. Les !l1.r-;Jk~ces ~ussi tien que les.... ~. ,~ , . ..

conseils du chef aux non participGnts restent iFlpuissmlts à. les faire reveni:t 0 La

direction de la coopGrative siin:.Iuii'Ste de cette situ3.tion et en {r-lit p::!.:rt au chef~

lui !:enr:mclc;nt d1être un peu plus ;~ncrgique. n en l",,':lrle ~ ses 2ihrJ.inistT~s reis celé:

ne p~Jà.uit aucun effet. Il tentè ~10T.s de recourir ~ sen aut0rit~ adrrdnistr~tive et

i::~sse OJ'l1l5 le villaee 9 un jeuè.i, en dressant la J.ist~ de tous 105 é:bserrts. Il n1::5mce0< r.:~t;i:ùrGyor cette liste au_'scuS";;r;5fct ':afin -qUE; ]. r on srrche (pi st 0rIK)Sij B me

institution : 1 r investissement hUli1E'.i:i:. Nais ct:·nmlC il n'envoie, p2.S 12 listb? tcut

retombe très vite chns la illême sitl1.9.t:J::m.

JI ce moment là~ surviennent les 8r~.11d.es vacances scoL\ires et deux des

intellectuels du village vierment y passer leurs congés. Ce son:( c1.eux persnTI...·1.CS qui

ont i~~rd6 l~"1 contact ~ssez i3trc,it avec leur village rJ..1 orip,im;. Elles y ont leur

maison et viennent régulièrement·,.: Tcutes deux sont vivement il"'.tGress(-;es n~l' 13.

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la construction de 1iocale et trGs choqu6es l'ar 18. situation causée par cet ,'!1)sen·,"teisme au travail collectif du jeudi.

Nes deux intellectuels rrcvCXluent donc une .'lssombVe S 12.c:.uelle partici17<mt

tous les membres du vill:::l.p:c ct à 12. suite è-e cette .1.ssemb16e ~ le j eud.i suivant) unG

eranèe partie de la poymlation retoUTIle constr.uife l if;cole. Cepen(lEmt, on n'Jte encore

liabsence d'un grol.lfJe relativeil1Gnt :iI:~ncrVmt de jeunes. L'un. des deux intellectuels

r(..;unit~ cle.lls une assemblée l:L-rd.tte~ ce groupe de jeunes et essaye de com;.>rendre les

r?.isons de leur opposition. En fait ces jeunes [cns se plE!.i?D.ent de ce que les aîn5s

les utilisent uniquement comme r.zin (1.' oel..l."VTl3 ~ s::>.ns j ëmais leur cC';nfior de resDons:~bili,

, 1 l' , 1" -" 1::. .c' 1 ",.... cltés cu eur a1sser une certame l[jert(;~ LU"1 d11 (,:.0 ce:r;II1ille, :LS C:IT1Vent ~ lm <".ecor·

suivent l{;:(luel les jmmcs tnnrailleront à ln constnlcti:'m d(~ l Y{:cclc un ~utre jour

c,.ue lG jE:.'uè-i. Le travail repœen...·~ c'aTlc avec vne ê..5SeZ 13rf.:J1è.e ard.eur aussi bien ID

jeudi que le samedi) jour choisi pr.r les jeuiles p.;ens du viED.i!.e.

Mais la fin Nes vacances c.rrive sans que Ir r:;cole soit é.~chevéG~ les deux

intellectuels sont obliB:f;S de r'.::tcurner en ville et le rythme (li travail rale!!tit de

nouveau considêrablement, sans retr..wber teut è. fait 0 Et ce TI i est qu ~ <lUX V2.C<;l1CCS

suivc:mtes, qu~d les deux intel!.ectueJ.s reviennent G.U villaBe~ c.;ue l'écaie peut être

enfin tenn:ù:l.Ge. .

"'.II

& &

Face ·à cette situaticn~ l'auteur des ·è.eux articles 5; :i.nterroge, :sur les

différênts types de pcuvoir et d' ButOTi·té qui coexist:entau vÜ.lafc.

Pourquoi l'échec du chef èe village qui est charf"é dn .la responsabilité

du chantier par la d:i.rection de ln coopér?tive ?

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'-'Tr.'I'\' i~1 Y .,- "'"t :;; -l'OCCO~S':-Cl" .-1:'1r.1e ..:1(_, cos ,....,·,"'IT.">c·_C v ..,.'.1........ ,-_il...1; '.', . "" .J.u.~ .,. ..'l _ C... _c !~ -.\"0' . J. ,_..:>:

?' {h_"-J~.Po "'.U:--.,l" ..'!": 1<1_ colenI" ~'ltl" -ln.~ - - c;,'v·.... . • ,x. _ '.. ,

cleniC;.:.l6. ctt1.que ~n.trilirnn.~e cc:n5~ituait lm village ot com~:'Teœ.it '~nviror. n~~ ';'enc';\

l",es. [~i le vil1a~e devenait trG:;· ~1llI'?Ortant~ il y aVriit scission et un ?rou;-;e ,q::.:;n:i.t

cr~er un autre vi1laEe .~~~ le voisjJù~~e.

CO!i1r.1ent 5 vexprimait l' ~utCJrité dans ces villé1f.0s et COJ:Jm2:rlt peut··on l(~ t~;j.:üi··

fier ? (In hCl7IDle pouvait exercer ('.em~ sortes d; nutorite;. L' U),).G,· 1. 1 autorit6 de C0JJ!':!?.n·~

èternent, (idjouJ:;a),appartient à tous les chefs de m0I1.11.p:I"-;: et leUT ·c.ennet de dorme:r des

ordres nux ~;leI!lbres de leur :m.:dscn-Y~e. Ce !'Ol...v.:>ir de COrm1<1....TlC'.E:1']lGnt Si (jtend. r2.rement

t:JTS rte la ccnsession. fJ.lSsi,lorsr:.u ~:n est c:.uesticn cl; 2.utorit·~:> s i é~fZit~'i1 de: cell(~

,:ui st exerce au niveau du villaeG : ::. tautorité de prosti.c:c (nrrOt,Fî!.2.). Cette é·.utcrit,~;

de ;Jrestîe6, deva:it être gn.,P.llfe fiar le Ïl"iSrite r-'ersorm.~l et u.r~ chef ne s ~ ii,T:-I05éd:i:

jOJ!lÉ..is r:~e m."'1..uière définitive: c;6tait beaucoup plus au"ccu:! pa:-c coui' t:;.u'il. d;~ten;;~it

ce I~,uv0ir lequel reposait SUT les ~reuves qu'il avait èOnT.kD5 ~e son 6nerfie Gt Gesa valeur.

On reut classer ces rreuves en. (!ew: ?,rour'cs. i)' 8.bor(1 1;.:;5 r.:retrifeS dClli"")'~es 8

1 , t··· :t ~ "" 1· J 1 1 -'=J •ex en.eUT en cas (.8 nr:~goclRtl0rL5 GJ.vcrS0S GU )ar .c;.i.UOrricrr __0YS (,es c0nr .1tS

fréquen.ts entre villages voisins • .r~ 1. rÔ;r)i~.u.e, en effets les I..-d(;'.. vivaient en {;V~.t d;'l "

guerres perpetuelles et leurs v~!..112.rGs (;tnient fortifü;s et :f;:r:)t;)f~~S contre 3. ~ ÏJ"Jv:~"

sion 8tr~nBère.(L i étr2.l1.ger, en licccu:n:mce; est e.ussi bien un. f:trél.n8:er réel C~'.l Î UJ:.

<:.utrG vil1e.:];c ~a1ca). Ainsi,.... 1'" ~""o "l;merr:ence c un ln._.lVl lU qUl

Gcoutée lors des assemblées.

Le deuxième type de preuves sur lesQ,uelles on. ':"Xiuvait asseoir srXl. ~;:r(-~stiff;

était acr,;,uis. par la parole et c' ét[1j.ént s()uvent les plus â;'..~:s cui' (~éteIl..2.ie!:t l:f.:

pouvoir clu fait qu'ils avaient f?it, leurs pretr."Ves sur dl ~utres terrains (ZUGrrG~

richesse, de nombreuses femmes) et ~u ~ en plus ils connaiss,'!.ierrt ].;}:·.istciro et les

traditions du villaRe; ils 6tniAnt c::,.~?<:\bles dans leurs discours d.e se rCfsrer ?: ,10

nombreux GXG.,tlJ10 ~ ck-pa;rsuadcT teus lQS membres éu ~o~e. S; imi='csiiit clone C:CI;I~'~

leader celui qui arrivait? d€tenriner l'accord dt) tout le ,viL.E:lp:e lors cl 'un~:: ';'T~_:::C

de d0cision) ce qui n'allait pas Sê-ms conflits pr6a1ab1es ~ S~;';'1Cj lcmteurs et S~L<;

l~ifficultés·~

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III moment de la colcnbaticn. on voit ar-paraître une fome de ;'X)uvoir V:.m:

à fait nouvelle et totalement étranp0re à cette soci?té.

Il faut d'abord noter ope la colonis~tion allep.~~~e ne sçest'~as f~it~

" /111Sef:l.ent 11:1115 cette rofp,ion .(1). F:trrt.i les c3.iff2rentes rëison.s dE ces clifficult(s .

deux sont liées directeillent à nDtre tro~IOS. Dt u,'1e )1art~ les }ùler;...'ln6s eurent h~::'.LY::',U '.,

de r:eine à trouver des interlccuteurs valables en pays :::L'kn:c:U9!l:l bien F;€ï'0 Us

trouyaient è.ans lm villa2'e quel~u;ŒI ~'Têt ~ les écouter; cc n":t25_t :J"J'1~is :.;u1ù;r.:. d" .dO "'" 1 . "Il " , c." ". ~ , ,0 " ~r:ersonne o. J.lltlVl U prlvc .. ~ __es aUCT~~S Vl 2.[;eo:ts s em.üyn:wm: en p'';n;';r::..,- ':PIi.~ !',

forêt iri~r!6nétrable qui entourait le vipap8. PersOTu10 en fait; J1. 1 nvait r6elle·"":;)T.ft tr~,:Ïj::

avec eux et OI). retombait <km~ un perpstuel re:cllJ:1!lle!lCE.'71ent. DI ~utre r-art ~ le ;Ti.Jè.~J.e -::1)8

voulait h,!:x,ser la colonisatio::l ne CCi.1venOlit :(./>'.5 du tout :) cr:~t"i:e ~::o};uh~tion. Le tyeG

nouveau de chef qu'on veut lui lliloJOSer Cl en effet un '?G!Nnix (le com!1".?.nr-encnt ~ Ci est

3 dife la :,!ossibilit6 de dOIUler des crdres et d'être ob(;i s :'')ouvo~,-r C?,ui traditio~nnele"

ment ni ét2.it d~tcnu c.:ue par Ui1. c:b.ef de :u5118.r;e. 011 a vu c:~e C'.~ r:en:r8 de pouvoir ne

s'exerçait c;.ue sur la maisoillli';e, j ::,~",:üs lors des aS5e~tlr;es Ô~ vjJJ.~r:e ~ il i:tait r:Qnc

inéfficace hors de 1:1 m..aison .üt ne p}uv~it y êtrE: utilis~. .~\.::n6.émt donc ce !lCUV0.~U

type de c0T.mJalldement attribué il un chef nO:'ï];'lf: Dar les 2utcri'i:i;;:; cGlcn~aJes CŒii'1()

un intennêdiaire èkî1ls ln hiéra.rchie c..ui ètGscen1 (~u ?OUVemeIT'.0Et ju~.v'iU 1 é'..U villar.:c. Au

bas de la hiérarc..11ie, il doit tr2...11s:''l.8ttre (~es orrtrcs A une ~::o:;ulati!)Il et veiller il

leur exécution. Il est aidé cn cela ;-,<3.T la possibilit0 de recourir à une polio.:':: :::t

s'il est o1:>éi, Ci est essentiellement r1u fait (!c la contrainte 0U r il ~cut exercer sur

les viJ.1~oeois. Mais dès qu~ les ::lf:f<?ires li trë.itcr 1.'.u vill~fG scrtent du cr.(!n.~

administratif ~ ce pouvoir de com:n.n:lement n'intervient -;-Üti.s. E il' [!. pli..1.S d. i ixlflUt:?;c~~

dans ce dv'Inaine. Il faùt ajouter c~ue le chef [~ urIe ~::0:::;iti0n :~2.rtieu1ièremm':t

difficile :çarcequ i il est Jl1embr~~ L~e 1; asse~l)lr.:e vill:=t8:eoi5e, 3"t. ~_}17 il 2. UP. rôle ~.'

joueT dans les affaires du villr:,ee Ci":'. il va essayer de f~ire joùi::r son i!Te~.tü~c ~.

Hais plus il aura exercé:.:'UIl, pcuvoir CGntrél:iÈn:~..'!1t èrw..s le cr:!.r:1.re r.e ~8S foncti~ns

administratives, moins il aura è.e ~'restige et ,lus rre:n(~es ser'-:r.t ses (!ifficult(;::J .

..· _-... _r- ,.~ "'~G"O-=O .--=O ...,,_~ __ _·_ ' CII 4~"'''','__ ''''_'·~'''.''.,~ ·,c ••· , , r·,..,.." .

(1) 6 ans de rcsistF.:I1ce à l'OCClll.Jatioil 8.lle~~T1dè~ de '1904 .~ 1910.' lu" cours t.lB C(..'lS6 él..f1S eurent lieu deux ex:ç;6-Iltions '~unitives de ,::nrnd.e env:.rgure.

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Le chef a donc une positicm extrême!:~'Cnt ar'lbifÜe et désasrré8.ble. D'autan.t

plus d6saRT8!!ble que lors de l~ C(Jl()jüsation~ les villages qui ::l.vaient donné tant c1e;.

soucis aID: colonisateurs du fait (I.e leur [~p:!.rpillement dans une forêt très ècnsc)

avaient ~té regroupés en entités plus vnstes s 2 savoir rassemblement de· trois ouquatre liF.Jl9.p;es (environ 500 à '600 r:ersorrn.(~s) d,:\l1s ~Tl l~e vHlape situé le lonr.

dVune route de fuçon il cc quE: l~ cCii;;CilIDicatioE soit un peu plus facile 'et qu'on

puisse atteindre toute la populs.ticn.

En plus de ces difficult€.s s; ajcute cene rI' être membre d Fllll lignaee et

donc c1' être toujours accusé de priviHS2icT ce lignage nu détrL""!lG!:.t c13S autres .

.AujourdFlmi, ce chef SE: l.:n:tr'1e clms une 'oosition à ':'eine différente bion qu1i:

soit en face rI'un autre type de r.cuvcxnemont. On a 2.urmentG ses ,·:ttributicns J m2.is

fina1<~!i0nt il reste dans cette sitœtion un peu é'J:-,bi~c : aV8C une fonctiGn (lU' il

(1oit exercer et les revendications clesvilla!!cois qui voudr:.:'..ieD.t quFil soit aussi lr.;ur

m....'l1c1':'.taire auprès des <lutorit6s ext0Tieurs. Les villag'eois Scul12.ii:ent que le chef

leur selVe cl Î intermédiaire, 1Pl'.is c Î est un rôle rru g. il est peu :~r{~parÊ à assumer.

habitué qu i il est' ~ recevoir (:05 orrl.n~s et .~ rendro cornI,tc en r0tour'~' En outre le

fait qu'il ait à donner des ordres qui ne sent ["Cl:; toujour.s bien f.1.ccept6s le rend

impopulaire. En fait, on s'aperçoit) 8t notre cas précis le r10ntrl3 fi l'évic1ence~ que

finalement le chef de village TI 7 ~l T.)r:J:tj.'~.uemeni: 2.l1CUTl "f.'Ûuvoir hCn!ds sa fonction

strictement 3d~inistr~tive.

Oui aurait pu, ::llors, 2..voir un certain pouvoir dP.P..s CG village?

c 9e~' ~:ocor~l fi l' histoire qu ~ il faut faire appel pour 19 c1étenniner. L~

sitœ.tion entre la période p:r6-c(jl()ni'1le~ puis la période col:JniaJ_e ct la période

actuelle é'.. changé aussi dans :-:"!es dOJT'.nines ::>.utres flue celui (u ·:~Ju.voir. En parti.culiar ~

on est pélss6 d'un mode de vie qui consistait en crosse et e.:."'l f:uGITû p':Jur les h:-":ii."i18S

et culture de produits vivriers (le cr.Jnsomnation coure..nte Sffi1S recherche· de surpl~. coro.' . ." Dar .

rn.r\rci~lis~l.(:.S~l'ies femmes, .?t ll.TlO 6conomie différente. En pal'ticu~.ier, sous 1:1-

colonisation française iJ a été (i6cidé qu' il fallait promouvoir certaines cultures

d'exportaticon. Pour obliger les vil1~f::eois à e.dopter la culturs de ces produits \.'lt

ù les cOHUllercinliser deux mesures furent prises : instauratioI' d lune: tmœ paynblc~ . d' ....:t ~ ..). • Den argont et cree.t1on un syster'!e r.~e corvÎ.~es sur ues charnvs c.::·mml.maut~].res. 'QI!.S

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11 id6e du colonisateur il y av~dt L~ un mc'yen d10blizer les ::opt.ù2..tions à cultiver

du CEl.cao et (lu café peur les '3À:')CrteT. Perr(1?nt un cert:1irl t0n;?S 185 !~aka manif(;st'~n:r:':

dos rGticences. Cependant aux 2.1entcurs d.es ::rrl."'1ses 1940··1 950 ~ il5 se rendir6iJ.t

C'.Jlllpte (lU' il pouvait être assez intéTessant de produire des surplus commerci~!lis:'.Ll'~s~

mais pas sous ln fonne :i.mpos(;c F".:r 1 ~ :::-·.d!·linistT?-tion coloniale fr&J.çaise ~ 2, savaiT

les J.:tlantatioI15/<all~f~~~vfè1p)jrrri;~H:::.n:n;scollectives ne cornci;~aient pas du tout :],vaç

leur ethi-::;.ue de rGalisation per~cTh'lel1e~ l':mr conception è-e l ~h();':in(; qui acquiert U;-,:,n

certaine PUissëllce nu vil1aec~ le?; püssibiliti ::1.6 convaincT(~ p2.rce~uli1 a fait se:;

y::;reL"Ves ~ nontré qu 1il est caD2.blo ci.f; réél.liser ~.elc;.ue chose. La [Uf:rre :n'étant plus

possible, la réalisation par lé'. réussite &ms l ~entT'3prise (lll)r~e r:lantation d.evenait

tm IDJyen (] ~ acquérir (lU prestige. Un. certain ncru.1rG de !?;]ysens on'!: bien vu 1 vi:2térêt

de' faire frJctifier (les plantations r-crs'Jr.J1811es J dl en tirer (1e5 revenus) /'1! avoir

des r.ichesse5, syrrholes (l.e r(ussite ne.nifeste.

Ici le tablee.u se ccm~-:liqu8 CQr il faut introduire UJl.0 llGtion nouvelle

laiss(:~e de côté jusqu'alors. DaTls 1'1 socié;t6 EakA. ln sorcellerie JOUG un Erp'ïd :rêlr)

aussi bien ;.~our protéger que [-cur e.n0<:'.ntir U.i1 être. Un rrf5cm:i.sme do nivellf:':'1'3D.t intc;r·'

vient toujours qui empêche tL.J. hCT:T!ll0 de pren~jre trc:p de 1}Cuvoir 7 et surtout de

5 v:iJnI:.oser :de Ilk'uüère définitive. Un chef a pu avoir le cCJllJ11,~l1~e!i1ent à tme occasion

pr€cise du fait de ses prouesses ;:'.Jl't6rieurcs lors d ~ tme LTÙ~rre. ~; il prend tra:,:, Ô· t1.u,··

torit(; ~ trop de puiss8..nce) il ri:;r;U0 tcujours (i.e f:üre PflÎtT0 lé. j ,~1;)usie chez

autres et cette jalousie va dorm(-;T ?:r:i.S8 2 J.r.. sorcellerie.Celui· LI.ui cCü-mcnce à~. • ..] .... , . 1...'1 - 1 •emerf!er ('.01.1:: ClOnc tr8s sOl['I1eusem.G1TC ]!iE:surer Jusqu 01.' J. ve. ;::'L.C:-C 5;:1nS Tlsqu6r

subir les effets de nivellement ct ne pas êt~~ la victi~e ~~L~8 waœ/aise sorcellerie.

Hais~ paralrèlement~ celui qui D. 'beê;1.UCCUp réussi est ccnsi(~:·~T8 c:r ,T.iIT!:6 étp.nt très

h2"utement protégé par ln sorciüle:rie .. ,{üors :~·<::urqu0i les :çaysi:1D.!.:: qui ont le r:ieux

réussi n'Gmerr.ent~ils pas COIIlJne J.e2.dc;rs d:~ns 1.:; villp,,!c ? C~e~;-:: 0u'en f:':!it~ à l vhoure

actŒ;llc, tCJut homne cour~feux ,'lU tT2.'rail et RYémt unD E'::rrlille :Jour If.: secondGY 0,

des chal'lccs' é;gales à celles des autTes cl r ac('~u§rir im8; cert::'.i!1i~ :cichesse'~ Lé?

pr:tse.~.:ie::consCienœ '!':te l'intérêt de la cu1turn COTilffi0 ;:qtivi'~i':: :rentable et ~lrc;:'C!trice

de prestire est encore rel~tivcrnent r~cente. Il y 2 encore i'8~Jccun de terre cuü.ti-.,

vable .. mis· à part le cas de q,uelques villng''35 tr2'5s ':;rcchcs les vn~ des autres ..

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pour que c.hacun eit l'esryoir de se rGaliser. •.De ce fait~ même les 'plus uauvros..- ::..

!lvenvisÇ.ITGrrt rns de se louer P.t:!X plus riches ct C~5 riches ne !:"'J<3uvênt p8.S cree::: E~.~~

sorte de clicnt61iSTIlû entre rich'~s et p:'1.uvres. qui .plus est;l(~s ôifférences de

revenus entre riches et pauvres sc,nt p-ncore TeJ.ative::~ent Téô.Iites.

Dn..TlS cette situation, qui .'1 03.101'5 les D.cilleures c!1.':'J."1ces ? Il 5; avère Q.1.18

cc sCint les intellectuels. En mêEe te:rr::-s oue les Mak~l Cint TJ:ris conscience de 11 Ü:Ü>':-0tL , _

':".lu vil y ?.vait à cultiver du CE"~f,-~ et Ôl Cé1C2.0 "Cour en tirer eles su.r:~·'l1us cOJTIrùercir· J.iS~;J.f;~

C:D. mèDe teI~,'J5 J s'est r:.ip:'1nduc 1; 6c1uc~tion sç:olaire. Pourtant,. Z.ll d:':but _ la r0sist~ZJ.c(~

1 ',r 1r '- l'''' ~ t' l' -'~.' .c h •• . ..lI t ..'Ccs J;,fl_Z a ec..uca lon sco~a1re e. (;O~ .\.arGUC-tl"; ct ~ comme c:r.~;.s li)_en u au n'35 r::';!1:i.c::s:,

les Darents se sont opoosés ~l ce eue leurs enfa.nts iJé'.rtent ftudieT dans les (cales.... ,0oןס._ ~ .'!o

rGf,ionales : les 6coles ût~ient er.core peu n~Jbreuses) ~t il f~ll~it donc ~uitt8r

le villaEe ..}our aller vivre c1r~'1.S ries crondHions très dures lC'b. dG la !,JTotGctic!l (:l.f.:

!::6S ·:?;:rents. Qùi a donc ~tnc1i(~ ? ~f3nf)rJ.lemeD.t les enfrmts (~,"mt les p.."l.rents~. pOUT ~\~.s

r8.is()D.~; diverses~.soit parcequ vils ècwüent se faire soi~er i~-Ell1S les H~prC'seTiGs;_

soit parcp-qu'ils étaient ~lrtis travailler Qilleurs; se,trouv.~ient ~ux abords ~e~

mission::;. SlT.C huit des cas d'inteEcctucls cit~~s &'l1'!.s Ie ca~3 :,-.r::cis du vill:!.f,e

è'Ogboux, seut ont 6tudi6 dans des fcolesde la missiün.

C'est donc vers les ~nll~1es 1940 que les enfants ont CŒir!1encé~ en très p'.;ti'i.:

nOJ!l.bre ~ à aller à l: école. Il faut ur! certaiil. tl;lr;r}s. peur ;'faire liil. intellectuel i'. !.,(;

nivœ..u requis à cette période nOUT être un intellectuGl etait le CEPE. l'::.'1is très 'rit~

Qvec l'extention de la scolarisation, le ['lus gré'.nd. nombre d'oü-verture (Y{kolos; J..:'l

prise de conscience de l'intérêt C:U0 '_rGsente la situation d v:intellectuel ~ on ::'.:"sis'::e

il une dévaluation des diplônes et il devient plus difficile et pC.r cGns6querit r.:lus

lonE;- ,de è~venir un intellectllel. Il Il'yen a flanc 7)2.5 encc're l)enucoup chez 105

Maka.

cm. compte à Ogbout 8 intellectuels $ dont deux sont fjJ:~èles au vil1arc , .y

ont leur w.ison et y passent Ieursvac!1nccs; trois ont complèt:3;:nent disp3.ru et les

trois autres occupent ~ quant· à 18'.17: relR.ticn 8,VAC le villé!20 ~ une position inter.~'~".

<liaire : ils y viel*nent dJ tC:r;iPS en t8i:lpS l:l~is leurs .liens ~VG~ le v:ill: 1.ge son:!:

aSS8Z lâches.

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D'cù vient le presti20 d8S intellc'Ctucüs ? Cor'E'1ent se f[!it ... i1 qu t 8.Trbr;,:-,--:

en plein l/pr;Jjetll ~ nI2.}'~..nt pas partici:D0 Fi ]. 1<:.ccordJl la ~Jrise o.~ d0cisbr.. }Jréli.!L;.'

11::dre ~ ils soient im.édiatement c.b(ds ?

Ces intellectuels jcuissent-de prest1SG iJOUr èes TèisOTIS diverses.

Ils ont fnit leurs :~~!'eUlJr:)':, 2 11 extC;rieur. C~ est un fé.1.ctGU"i.'. très ll1Fcrrt:-l.!:..t

de ;:-restige. Les guerres sont ~1lE",inten2,:nt interC}ites mais le mondc.; à l' ext6rieur (\.~

villaee ~ .la ville en p2.rticulier ~ si ~lle attire, reste hustile. Les i.TJ.tellectuels

yeuvent denc 1du fait de leur bO!'I.œ. inserti·-:m r'zns CG :milieu ,r2.5ser pour des SubstitHts

des héros .r:uerriers ç 1autrofois. Es j ~jui.sscnt donc tout n,":turel1era.ent de cette;; t1v:Sr.··

rit": do :c?restige du f[!.it qu' E est r:?:rii:f.~3t0·(W1 ils sont h-'1utelT:-eni: protGr.:6s rlÜS({u: E!;

cnt ~-mssi; montré: qu'ils 6tei€:~Ti: c27,8.bles (le se rCalis0Y.

li. cette roussite à l: ext~;riuur .. en ville '0 s' 2.in12te 1?1. richesse B8.t·jYÜ'.ll.:.:1 ° Il 1 ' 1 / so i t . 1 . ...., ,J.es l.!."1.te _ectue. s WC... 7' t;J:uç . ~x1.r e:1.11eurs _eur s1tuat2on rceUe cans le crmtexte

urbain~ ont des moyens c;u"' G.ucun. vill·-1.;~eois cu):tivateur;, mêFJB cl<'-sSG ~u village '1'x'!.r.rü

les r5_ches 9 ne J...."'eut éf:':cl.er puis(:ue le s(":l!1i:re ::J'.nuel dl un intellectuel d~'rc:.sS9 :!.2.T.:'.>

ment dix fois celui du p.lus riche vJ.o-mtea:t.

J., cette richesse r.1!:ltl~r:i_elle s'::'.j Cll"i:\.~ celle ~. plus tI'ulitionnelle ~ que

constitlf,,;.. ln polYi?amie et

autre G:!.ement du F.restige

à juste titre~ 0coutGe.

à. Cf; titre C;)DCOre ]..)5 ilitellectuels ~('nt r.iches. Cl est

chez les ~. nlc.?_ èt la T{~role d.es intel!.ectu.els est (icue ~

Ils bûnéficient en outTe) é:.cJiS le ccntexte moderne, ~:e cette qualit6 tr~"s

recheTch~e des villageois : ils pctX'lent servir " cl l'intenœdiaires ~ de répondam:s

des villêgeois lorsque ces derniers ont des affaires à traiter en ville °

~evenons à l'hostilité; Gu milieu ext6rieuT. La ville fait peur, le villa­

~eois ùÈJm s'y sent étranp,er~ neœcé. Or l'intellectuel Y vit '3t n'n pas reur. nbénéficie èonc de cette double çualitÉ d'être "fils du vill"'.7f/';. clone quelqu'urt Cf!.

qui on peut avoir confiancû~ un ~:;;.rE;nt~ UilC relation privi16si6e et en ].lême te:::i'::::; t:~_

citad:in ~ quelqu'~ qui connait la ville; qui sait comment on reut s'y débrouille!',

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rr";

0::1 lui confère donc 7 peut~être ~'-Vcc iJJ1 peu 'j:TÔIJ d; illusions, UT! i-.ct...TVoir et une

emprise illimit€.es, Sllr tout' ce qui (-;st difficile è. a.border en. ville, tout ce 01_1.~\.

fait r:.8Ur.) tout ce qU€ les vil1:J..c~eljis se sent.:.mt irrrJuissmrts 2. !"i'li"1îtriscr mais c!unt ils

ont ::é?rfois besoin. LI intellectu8J. ~,o3sède 12 fl.i"lCOre un fact·:my o.e ~;Testirçe qui f.:üt

qu' cn ,lI Gcoute.·

Enfin l!un des 01~ments cui C0:!COUTimt à nssureT J.e ;:restige des btc:lJ,()ct1,;els

t ' 1· nf" .t . .. - " . ," . ..... i .... + 1 1 ~ d t 1"e a ln. co -erer L'"1e POSl lOI.'. !.';r:CV11C$?F;)e C' est. Q,U r;té-1k '. a p uparl: .li em..,?s Oll'!.

du vinage) 'i,ls sent [lu~dessus d3S !}8.Ttis ct clos petites c.ucrelles intestin3solls

n I y :;,articipent pas et ne ~cUlJent f!.()llC pas être accusés (k~ p~rti~!~'Tis pour Il un ou

pour l'autre des ::,rotlpt'::s en coriflits. Ensuite~ ils sont, du. :E~it Hâinû de leur r6si-·

c1ence habituelle en ville~ loi!! C\:~S !:..:ratic;,ues de sorcellerie ~"',Ui pcrraient faire jC1.l>~;T

des effets de 'nivellement. L'intellectuel '-iui 5' in~~lliC;U8 tTC.::? d,::ms le5 histoires (~U

village risque toujours de tOi"rrbE-T sous le CCŒ) de ces m(:O'J'liSSès d0 nivellement.

Dumlt aux jeunes~ COmrt18ilt S8 fait··il qu1ils se sci~;ï).t eux aussi plus Farti··

culi2rement ralliis aux intel1ü~tu~15 ? Df lJDB ~anière ~0n6rgle~ c?est pour les rrE~8s

raisons à quelques nU8L~ces près. Ils Qttcndent beaucollp plus C~~OTe que les autros

villélr,ecis (~es intellect.uels et 0sp0Y.'ont Clu 1 ils vont les aide:r ~: trouver des situ,?···

tiens en villes. Beaucoup de j m;mes no tienn(~f.l.t pas à rester 3.11 vHl.:lge S·?Ji.S ce7jeI1~1a:·,-.

le quitter tout il fait. Ils voudraient y créer une pl{l,Ttt:ltion, y laisser leurs

femmes y.:-our la cultiver et avcir aiD~i lL1G S0UTce d(; revonus as::;urée tout en "

ne tr:.lvaill~ît pas eux mêmes' au ViJJ_8.p8. LI ir.·,tel1ecturü est ccl'.1~. sur lequel ils COTIr;)-'

tent peur leur servir de trerrc']j,!J.~. !'(.':xr .~cc(x:'.er ?i cr:tt~ sitU2.tiJn en ville ~u; ils

souhaitent.

& ~!

D' .. , 1 '" ," - Â. .... -.UllO li'....'lD.1.cre p __us f::m~:;TnlG; on const2.te que uaIlS notTe cas prec15 .. (~es

interlocuteurs possibles existent:> en Ilcccurence, nos deux intollectuels. I\his on

peut se poser ün. certa.in nombre d(~ c..uestions sur ce type cl 7 interlocuteurs p~rce

qu i Oil fait il Si agit Cl. 1une pTt."!7'ir:Te zénGr~ticn de citadins.

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Quels sont actuellement les inteJrêts de l! intellectuel à aider le vHla''''~ ';.

Pourquoi d~s notre exemple ~ ces deux intellectuels ontnils fait quelque c.'lcs0 ?

Fils· Clu village~ ils sent encore très <J.ttachés ~ ces liens de parent(; 3.',~{.x: :; ().

villagE.ois. 118- !ia:.Bentent. clit:·r'ct.cr C-.0schicre·-une sortû dG' _dett.e_' ,!Id 1 hOi.1n(;1.7é·:~

à l' éearè. ées villageois.. et au fOT!.Q; J.l;:ur intEOrvention est ti'r.B rr,,'1nière de payer C(;~.:V;~

dette. CepGndant~ leur sit'fu1tiorL~ leur ~venir, ils l'envisagent en ville. Ils ont

certes. èes ulnntations au villœ~e dent ils tirent un r.evenu.. ii1c'"l.is ce revenu G5t

seccnrlaire par rap[,crt à la source de revenu nr:L."1cip~l1e que constitue leur sal:lite ,~:;,'se--·ur~

ville .. le village ne peut pas lier.. }?lus leur être cl 'un gr211ri ' '~-',: , ~Sl ils ont de::

ê1tllbitions politiques. Qu' advien';;'r-? .. il qU'1Iïd ils estirneror:.t J.2. dette éteinte ? ?~,!:.

ailleurs 'les en.fants des' cit2,Ciins auront··ils encore cc-;tte position ? Est~ce QU' Ü S. • LE: sentiment d'. - ,

ressentlront eux aussi/a.voir une dette:: d 'hormeur à 1 i é9;anl GU l1:Ulllee de leur rx.·r.l~

qu'ils ccnnaissent plus ou moins peur y avoir passé quelques l1accmces ? f,e sent:ï.rr:-:lt

ils t;fils du vil1a~e" ? C?est l rune {les questions inrpcrtantcs c:,UG soulève finaJ.e~;::;},t

cette" étude 'et 'que 'l'auteur J!1.6!ltimme ~ la fin de sont E:.'xt.8. A s'J..F.J!?Cser que oui s't:

snch,1,ntque le nombre d'intellectuels :;[F.k3. est appe18 à ~:mBm€nter, on peut encore

s'interroeer sur ce qui se paSSeT<l s'ils Si intéressent nombreux au devenir (~': l~;ur

villaee d'origine. Est-ce qu'ils rest0ront tL~is entre eux cu'bi~n naîtra-t~il desconflits dt i.Tltérêt ou de prestiJ?8 qm.. viendront encore complic;u~r ce problème de

leadership'?

Revenons à notre cas ~r8cis. Lors d0 la construction de la nc~-velle ~cGle

cl'Ogbout ... exemple rami d 9 autres .. :1..1 s'est trouvé qu; ont éhk".lrgé des leaders. T':;:-'.ü::

la tâche à êccornplir avait un Cé'!.T?,ctère te~r2.i re cl' une pari::, et d. 1aJitre part il sc

trouve que les iiî.tellectuels " enseipnants ',- avaient des lxrioC'.es do uacances rclé"~'

tive~ent nombreuses à passer au village. Tous les intellectuels n'ont pas cetter n 'b '1" . /'.' t ., 1 1 "1 "eT'" e t 'h'l "" ra' S ' prt'">bl<;'~"Oal~1)() LJ. :.t rœ ec en ou rc ~ on J'::ï:ar:1.I1e ma qu 1 s Vl .2 n c',!.<,..;.c;u., T. l qu un 'J •••d.

sc !Ilc/se. D2-7lS ces conditions ÜS !l3 l:f~uvent (~onc p2.5 être des ::-,';:'!:,orY'J3Ilts penr.2,.nents

et v8.1atles' peur les autcrit6s de 1::1, cooT}Grative ou de tout autre projet (k~ (li':velC'"'j·

pement c[ui il ipar e::œzp1e, :pour but (~G tré'l_TlSfitGttre la p;estion cle la coorerative m!X

villa.eeois.

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E::,· fill de compte 3. 1 i "lte:r:mS.'J.ti:.I0.. èŒ:1eUYo: qui peut être r6x>nàr'IDt dans

1 1 9.venir ? fj1'1ns J1.~(re OlS uni3 sClluticn e ~~u être finalement ti~c'L1V(e, mais ln fr:,rr"1J~ .:

~eut-elle être €nvisaGGerCUT Il:~T0niT ? C61~ r.~ra2t très nettement contestable.

Ji0SpJ:r~ avoir Il:Jntré :·/'.T ce comnte renè.u des tré'.vaux de Peter Geschüy':c

quels ['6uve:nt ëtro les pYoblGiTi.(~s r!8 le~d.ership qui se posent à-'ID.5 des sociétBS

e.cGph.ales cGnfronti.~es avec Ui.'l outre système que le leur et aY&"lt une tti:ci'"E) partj r, {' i: ..

à r8s'Judreo

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R E FER E i,I CES ::5 l B LlO G R Pt P ;::;

=: ...=...:=.~:':: ..-,=._=-;:

l GUE S'.

tU!-,.ls_ J-eHl:8rschip 9Jl~0iJ:'~~f2: ]]1 tj~:~'..~~~~"1:'yj.lJ.~-_t~:

( ::~'.)uth Ë:~st C~~erGOn.-l

ir: Krcni /1<. V~I. Africrl ~ :n° 2.;,

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Débat après l'exposé de J. EKAMBI sur les Maka de l'Est

du Cameroun.

-. ,....-..

Cosme DIKOmm . . ...'''''\.

\jCe problème des élites se retrouve dans toutes nos sociétés.

Il existe de nOl,~breux exer.lples de réorganisation spontanée de ces'

élites lorsqu'elles reprennent contact avec' leur groüpe d'origine.

C' est le cas ~ par exemple ~ des Akurn qui ont sû instituer des liens

formels entre l7élite résident en ville et la population du villaGe.

A f"iouanko où 5i ai eu 1 t occasion dé séj ourner a~sez longtemps, j' 8.i

observé le même phênomène, ,mais sous une forme individtielle et

d&sordonnée. Pour galvaniser toutes ces énergi~s disponibles, j'ai'

cr~6 un comité de développement (CODEBAS) (1) en m9~ppuyant sur

l'élite ext§rieure et celle de llintérieur afin de lancer des pro­jets de développement à la base 1••

C. Dikoumé souligne ensuite le risqu~ qu'u~e tel~e relation

,.èoroporte,) qvi SEt de crf~er df;S rapports de clientélisme €':r:ltre les

élites citadi:sas ·et les é lites villa.r.eoises. La déI:end'a:Q,ce de cesderni~res ~is-~-vis des citadins n'est pas alors favorable ~ llf~e~~'

gence de véritables lead~rs looaux.----_~_~_~_~__ ~ . ._~ __ ~~ ..~._~_~_. ~_.~ __ ~w._._~ ~~

(1) CODEBi'"S = Comité de D~~veloppem.ent d.e la Basse··Sanaga.

. . : ' .

. . .

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Mme Jacqueline EKAMBr

!lL'auteur de l'étude que .Jl'"; ',;Î(;ns c1r:: prG8{-;Y"lter, le confirr.:e.

Il y a dtune paFt l'échec des paysans l~.. plRS riches mais qui n'ont

pas encore les moyens ni les possibilités de créer un lien de dé­

pendance entre eux et d'autres villageoü.. ;) et dl autre part la

réussite des intellectuels qui ont 5a créer bel et bien une forme

observable de clü:mtélisme dans la mesure où les jeunes vont tra­

vailler gratuitement dans leurs plantations J ceci dans l'espoir

qu'ils iront un jour en vil12 Îi•

Bernard DELPECH

iiJe voudrais souligner la fon-e·ti~~ de valorisation du

détour par la ville telle que jÇai pa ll observer en pays éton. Le

séjour' en ville valorise effectivement l'ancien migrant revenu au

village. Lorsqu8 ce dernier prend une initiative,' celle-ci a pluG

de chande de succ~s car) on le laisse faire, on le laisse essayer

quelque. chose; il n'est pas suspect a priori, et la jalousie ne se

Ganifeste 'pas i~nédiatement. Le viilageois resté au village ne

t0néficie pas de ee préjugé favorable: on dit tout de 'suite qu'il

ne va pas réussir et que CG n'est pas la peine qu'on le laissefairè! l' :

Samuel NDOUMBE-MANGA

I1L'exposé qui vient d'être fait contribue à la réflexion

que nous voudrions poursuivre sur les relati0hs entre les sociétés

dites ac'éphales 'et les stri.fctures modernes de l'Etéit au niveau admi­

nistratif ~ économique et politique. L' exempl'e des ]\laka est un cas

parmi Qien d'autres et dans d'? autres aoci6tés pourront' se produire

des réactions très différentes 6.UX ni-ê!~es y:.§ali tés.

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LJ§merGence de leaders est parfois difficile~ toujoursest-il que 11interventinn de personnes Moins engagées et A un

certain degré extérieures aux préoccupations journalières de la

population est un apport positif. QueJ.qu8s ir,dividusne pourront

cependant pas réussir â galvanis2r les populations, â les regrouper

autour d'eux. Pour que ces actions d'intellectuels prennent de

l'ampleur ne faudrait-il pas qu'elles soient organisées tant au

niveau des villages que des villes où ces intelectuGls· vÏ'l:ent? ".

Georges CO"CHADE

1; Au Cameroun anglophone,; on ~bserve de nombreuses expériences

de participation à dèS opérations de développement menées à la

base et qui sont~ pour la plupart~ appuyées par les intellectuels.

Le plus souvent~ ce sont cependant des fils de notables qui inter­

viennent. C"'est ~e cas, par Gxemple, de la Bakweri Cooperative où

. la famille Endellé s'est illustrées ou à KUQb2 pour la famille

Tchipunkete, ou encore en pays bakwéri.

Dans d'autres régions par contre 3 les intellectuels n'ont

pas touj ours joué· ce .rôle; peut··être parce qu'ils n ~ ont pas été

appelés par les strates sociales supériEures des sociétés concerr-ées.

Il serait assurém~nt intéressant d 1 étudier le degré de

réussite d2 ce phér:omène 17economy development" selon diverses

régions et en fonction du type de relation entre intellectuels etélite 10cale 1

'.

Pierre TITI

ilJe regrette qUE; P. Geschiere niai tpas suffisartrrr.ent déve­

loppé le problème politique que pose la nomination des·chefs. Les

chefs sont nommés selon une. certé'.îne procédul"e . Souvent ils ne sont·

pas acceptêe par une.partie de la population qui considère qu'ils

ont êtf imposés par l'administration ou l~ parti.

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Si les int~llactuels sont respect~s3 je ne pense pas que

ce soit uniquement parce qu'ils ont fait un d€tour en ville. Je pon­

se que leur autoritê vient de leur propre travail, dG leur propr8

réussi te: ils n 1 ont r:ullement été imrosé s par une autorité extéricur8

au villagè .

. C'est là ~n problème 'qui~ s'il n'est pas général, n'en est

pas moins ccmmu':1 à de nombreuses régions du Cameroun i1•

Cosme DIKOGi',m

"Des textes allemands end'orE. disponibles évcquent la révoltl':

des r·:iElka~ entre 1903 ct 1910. Comment les 1V!a.ka auraient-ils purésister, pendant 6 ans, s'ils n~avaient pas eu de leaders"?

Mme J~cqueline EKAMBI

;;Lorsque les Alleraands ·traitaient avec un r·laka ~ ce n ' était

jamais qu\avec un seul individu. Les autres villageois disparais­

sétient, "prenaient' le rr;aquis fl. Aussi fallai t- il porpétuellement

recomf'lencer, Finalel~E:nt ce ne ',fut que progressivement que les

Allemands purent pénétrer dans cette région à la forêt très dense,

et qu; ils yuri?nt contraindre les populations à l'obéissance".

Jean ]V,'F.'")ULOU

Il Chez les Bl:.:1.ü du Sud du Cameroun, on ne parle pas seulement

de résistance~ mais d'une vérit:')'!>1'2 guerre;, d'une opposition armée

aux Lllemands qui a duré plusieurs années".

'Jean Mfoulou revient ensuite au premier d&bat sur le rôle

des intellectuels. Il précise quien pays bul~, leur autorité n'est

pas, acceptée'au point d'en faire des' interlocuteurs valables: 'est­

ce que le Bulu est beaucoup plus individualiste? .. y a-t-il trop

d'intellectuels et donc diinterlocuteurs potentiels? Toujours

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est-il que lorsque des projets sont réalisés dans le village par

des .citadins s les villageois se refusent à devenir leurs clients .

.]' ai le sentiment que chacun 58 dit: l'j e suis maître sur la terre

de mes ancêtres llj et ceci mëme si ces terres se réduisent à un

demi hectare! Il préfère, comme on dit en pays bulu, mourir de

pauvreté et de misères mais fier de demeurer sur la terre de ses

ancêtres~ que de devenir le dépendant de quelqu'un".

Jacques LOMBARD

HI=!- existe en effet un rapport entre nos études anthropo­

logiques et certains types de. comportement des popl ... ::"ations vis-à-vis

de la colonisation puis qes pratiques actu~lles de développement.

Sans toutefois chercher à dégager une éventuelle personnalité cul­

turelle, il est cependant troublant de constater que ce sont sou­

vent des sociétés acéphales qui se sont montrées les plus contes"

tataires vis-·à-vis du pouvoir colonial. Je l'ai moi-même constaté

dans men étude sur les ch~fferies en Afrique Noire (1). En Afrique

Occidentale, aux environs de la première guerre mondiale, la plu­

part des révoltes provenaient de sociétés acéphales qui; plus que

d'autres, savent manifester un vif sentim~nt égaJitaire: révoltes

des Kisi ~ des Somba et des 01i:;· au Dahomey; révoltE:s des Lobi en

Guinée; révoltes au Cameroun dës Maka et des Bulu que vous avez

8voquées. Ceci semble indiquer que la colonisation ét8it ressentie

durement par ces sociétés. Par contre, les sociétés "iné2:2.1itairesl1

se sont montrées plus perméables à la colonisation, Peut-être

parce qu'elles ont mieux admis la colonisation àont on peut dire

qu'elle est l'essence même de l'inégalité.

Il est également intéressant d'anêlyser le comportement

des sociétés acéphales face aux opérations de développement et aux

possibilités dG promotion économique. Ne font-elles pas preuve,

----------~----------------~--~-~~---------~----------~------_._--~-

(1) J. LOMBARD - 1967 - Autorjtés traditionnelles 8t pouvoirs euro­péens en Afrique Noire. Paris, ed7" Jlrmp..no. Colin~, coll. Il CahiE:rsde la Fondatlon Nationa12s des Sciences Politiques".

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parfois; de plus d!initiatives que les sociétés inégalitaires où

la différenciction sociale très marquee peut freiner l'innovation.

Je pense au cas du Nigéri~ où les Ibo qui sont traditionnellement

d'esprit égalitaire J SI; sont avérés ëtre d1excellents innovateurs

dans les transactions cOIT'lli'lerciales où ils ré\;.ssis sent) et au niveau

politique où leur destin a été tragique. En face d'eux~ la société

haoussa du nord du Nigéria apparait comme alourdie et paralysée par

ses hiérarchies traditionnelles.

Il Y aurait ~ voir~ d'un p0int de vue anthrpologique, sices sociétés égalitaires ne sont pas des sociétés o~ des initiativ8s

peuv~nt être prises plus librement que dans 108 sociétés où les

nouvelles r~sponsabilités échoient obligatoirement à ceux qui

jouissent déjà de l'autorité traditionnelle. C'est une questionque je pos,;;;.

Suivent certaines interventions qui,pour des raisons

techniqu~s (transcription,des bandes) n'ont pu être,

reproduites. Nous demandons aux intervenants, co~~e

au lecteur de nous en excuser.

, '

, ",

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Cosme DIKOUl\1E

1; Certaines catégories sociales ~ à l ~ intsrieur des sociét€"s

acéphales, ont considéré le colonis2teur comme un libérateur. En

Bassa-Sanaga, par exemple, les premiers à embrasser le christia­

nisme et à aller à l:école furent d'abord des fils ou petits-fils

d 1 esclaves qui n'avaient pas encore atteint le statut d'hommes

libres. Les premiers intellectuels formés à Buéa furent pour les

3/4 de cette caté~orie.

Samuel NDOur~ïBE-!\'lA!TGA

"Dans la province du Nord-Ouest, les gens sont habitu6s ~

tra~ail1er pour le chef et ils slorganisent en conséquence. Ils

le font bien malgr6 eui et le chef le sait. Or lorsqu'il existe

un projet de dfveloppement lancé 'par le8 pouvoirs pùblics, le ch~~

n'en est pas le seul bénéficiaire ~t il est lui mème dépendant des

responsables qui mènent cette opération. D'autre part~ les gens

qui acceptaient dE travailler pour le chef, dans ses plantations

personnellés~ ne le font plus lorsqu'il s'agit de travailler pour

le chef mais hors des structures traditionnelles, si bien que le

chef se trouve. court-circuité.. Lorsque, malgré tout, il cherche

à utiliser les gens de sa chefferie peur son propre compte, il ne

pe~t que renforc8r leur opposition à participer a l'op~ration de

développement qui procure au chef le motif de commettre de telsabus Il •

Georges GODRADE ~'i

ilje reviens au cas des IbO" pour me demander si leur ten­

dance à li innovation est due au caractère acéphale de leur société~,

ou à leur densité démographique, ou enoore à des conditions géogra­

phiques particulières ? On peut par exemple comparer le dynamisme

économique des BanilGké et celui des Ibo, or les Bamiléké n'ont pas

form& de sociétés acéphales selon la définition qui en a été donnée?

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Jean Clêude BARRIER

"DaDs les société,; (::l tes acépr-,ales ~ la situation des le2.de .. ·,:::

dans leur société d; orie;ineÇlcurrai t ~-:.tre rerr€'sentt>~ fi partir d' Ul1L .

série' ~e ~ercles juxtapos€s ~Ul se touchent. A l'intérieur de cha­

qu~ c~~cle s'ins~rit ~:a~torité do~estiqu~ 8t c'est aux points decontact entre les cercles que se localise le politique. C\est pr§­

cisément à 'l'o,:;célsion des relations avec les autr2~ groupes qu'.sn­

paraissent l~s ainés de lignar,e et les leaders temporaires. Ils

reprGsentent leur propre rroupe on face d'autres croupes, et cette

affirmation du groupe peut même aller jus~ulau conflit.

Aujourd'hui) la sociét& rnaka, comme toutes les autres so­

ciétés du Ca~eroun, t conscience de ne plus vivre les temps anciens.

Cet ensemble de cercles qui représente les li~nabes de la société

maka, s'inscrit 'désormais dans un contexte plus large. Il se trouve

lui-même en contact avec d'autres f onsl'.:1T!,bles: les ethnies voisines

et lE.;S immigrés iJétrangers" résida.nts au niveau d~s chefs lieux

adminis'.:;ratifs. Le tout eBt englohé cï2ns un r::2.cro c8rcle qui 1"'0­

pré8~nt~ l'appareil étatique.

Autant de nouveaux cercles q~i créent de ncuveaux points

de contact et qui invitent donc à l'aonarition de nous leaders...... - .

Jacqueline Ekambi a sûrappeler fort il propos que danscette situation) il valait mieux'ne pas 'rester a~ centre du ~er~le

afin de ne pas être trop impliqué dans les intrigues quotidiennes

et que la meilleure place était à la périphérie j au point de cOI!"

tact avec la ville.

L~s nouveau~ leaders vont,donc assumer un r6le 3 les indivi-'

dus vont bien sûr changer, mais" le rôle lui est permanent.

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Les analyses de Peter Gesc~iere qué Jacqueline Ekambi viEnt

de neus rappeler avec précision et :cl~r~é, n'ont fait penser aux

multiples associations de ressortissant8 des chefferies bamiléké.

Chaque chefferie banilékf possède une périphérie, mais non une

périphérie amorphe et dominée au sens où l'entend Samir Amin

lorsqu'il parle de la périphérie du capitalism8. Il s'agit là d'une

périphérie éminemment dynamiqus, d'une périphérie en contact avec

les autres groupes. Les groupes des res~Qrt±ssants d'une chefferie

bamiléké~ dissiminés dans les di~~rses ~illes du Cameroun, sont

autant de piliers pour leur communauté rUrale ,d'origine.' Ils cons­tituent à proprement parler, un véritable grau'i:;e" dê''''~ression au

service des intérêts 'du village. Ils font que la chefferie dure,

malgré la teml)ête upéciste des années 60.

Je proposerâi 00nc volontiérs ct'inscriro la société maka

dans une série de cercles afiù"Qé si tuer ses leaders, déj à 'r'évél.€:s.". ..

ou potentiels aux points diint~rf€rence. Un t~l schéma pourrait à·

la fois r8ndr'= compt2 du passé et du pré Sdlt!l .

(Voir schém~ au verso)

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milicu>~

ui'ininu

LE~DER6 EN PAYS MAKA

18ad8r tGmporoireainé t.lc:.: lignagt.:cbQf admini~tratif dav1~lagG ou ûU can~on

.A.), "'" "intBllectuGls,-,.'cos non !:'ituuiJ

EnsGmble national

SCHEMA PROPOSE PAR J.C. BAR8IER

DIAPRES LES ANALYSES DEP.GESCHIERE 1975

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Moutomé-Ekambi J. (1978)

A la recherche d'interlocuteurs chez les MAKA du Sud-Est

Cameroun

Yaoundé : ONAREST ; ISH, (23), 63-86. (Travaux et Documents

de l'ISH ; 23). Nature et Formes de Pouvoir dans les Sociétés

dites Acéphales

Compte Rendu de la Journée Scientifique, Yaoundé (CMR),

1978