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7/30/2019 A Propos de Sabazius Et Du Judaisme Franz Cumont 1910
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Publications du MUSÉE BEL&E, Revue de Philologie class
A P R O P O S D E S A B A Z I U S
E T D U J U D A I S M EPAR
FRNZ (JUMONT
LiJU VAIN
t:uIILII! II;IIEIt1ii de Namut, P\1IS
IIe)%4)1LI2 (IItHLI1%Qii Malaquais, 5
191U ii
7/30/2019 A Propos de Sabazius Et Du Judaisme Franz Cumont 1910
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A PROPOS DE SUAZRiS ET DU JUI)AISME
l)aiis le dernier numéro du Musée Belge (t), M. A. .Jaiiiir
soumet ô une discussion détaillée l'étude sur les mystères
de Sabazius et le judaïsme que j'ai communiquée en 190tïà I' Académie des Inscriptions (l. Tout en constatant avecmoi la transformation monothéïste subie par le vieux culte
t)) aco- phrygien et en admettant qu'elle fttt due à Facdon(l'une religion sinitique il refuse d'en regarder les Juifs
comme les auteurs, et soutient qu'elle se produisit sous
l'action du paganisme s y rien. Ce ne serait pas Iahvé niais
plutôt le Jupiter diléliopolis qui aurait accompli une si
remarquable méui morphose.Il n'est pas étonnant que, danS des questions encore si
obscures, des opinions divergentes puissent se manifester, et
je inc félicite de l'accord partiel qui subsiste entre mon cri-
tique et moi plutôt que je ne m'étonne de sa contradiction.
Les cultes d'Anatolie sont encore si nial cOflhluSqu'il et
bien difficile de discerner à j telle tribu sémitique ils ont fait
(les emj)riIii(S, d'autant 1dus ijue la vieille religion des colons
juifs d'Anatolie n'avait pas encore la rigueur de l'orthodoxietalmudique Nous marchons à tôtons dans la pénombred'une liirét vierge, en attendant que les explorateurs y aient
pratiqué des clairières. Epiloguer longuement sur le sensvéritable des quelques documents dent nous disposons,
serait risquer de per(lre son temps en disputes stériles,tandis que nous pouvons espérer à tout instant de décou-
vertes archéologiques une certitude nouvelle. Sans entamer
ici une discussion qui serait probablement sans issue, je
(I) tuse 8e19P, t. XIII 1009), p. 2±7 ss.C. U. .4cad. !nscr., 1906, p. I3 ss.UO»Qyf
Docu rient
f i I I I i I I 1 f I I II I I I I f I I 1 f f
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56 . CtMONT.
'oiidi'ais indiquer 1111e trouvaille qui, depuis la rédaci ion de
ma notice, m'a paru en corroborer les conci usions , en ju'éci -sont la valeur rl ' u n témoignage déjà invoqué. Je ne tiis p
allusion aux passages de l'Apocalypse cités en 1iveur demon Opinion po r M. Fisele dans l'article I rès fouillé qu'ilvient de consacrer Sal)azi ilSet dont \I J arnar a encore
ignoré l'existence, car j'avoue que ces pas'agcs, tout iritérès-
sauts qu'ils soient, sont susceptibles (le plusieurs in teu'préta-
tions (r). Mais mon eontradict'sir me para s'éti'e (léharrassé
ti'op légèrement du texte capi ta! qe j'avais allégué et autourduquel viennent se grouper ceux (les autres éci'ivains : la
J.(llrase de Julius Paris, l'ahréviateur de Valère Maxime, ( j (LI
me semble encore (lécisi ve Idem (Hispaes p?'aeeor) [wlaeos,
qui Sabai Iocis eultu Romanos iur/icere moïes cOmiali e.ut
repetere cionos suas coegit.
Pour M. .Jarnan', l'introduction du nom de Saliazius dans
ce texte est due 'r une erreur, Ce ne sont pas les JuiitOU
du moins certains .Juif's (1uIi ont assimilé volontairement leIoven Sahazium au laliv Sabaoth, c'est Valère Maxime
qui a commis une simple confusion (le mots , ou mi'me
c'est une glose marginale qui s'est introduite dans le texte
de l'épitomé du iv sH'le. Mais il est contraire 'r une saineméthode d'attu'ihuer' une sottise
tn écrivain ou (le SUOSC1'
une Corruption il'uii mari usent quand un renseignement
transmis par l tradition n'est pas manifestement faux. Je
voudrais montrei' ici p)Ui'quoi, en faisant mérne absti'aetion
de tous les témoignages qui viennent le confirmer, il fiu-
drait donnen' ii cette notice d'un compilateur intime sa pleinevaleur.
On doit considérer le passage dans son ensemble. J ulius
1 Eiseie dans Roc.her, I,',r:korj der Myhi1,, , e. 'abiiio . , ci.U.i Dir
ils sisfuhrun CUIfli)riL', die ich nich mil dw I1inejs aut' die .•lpmrzt, Ioh, e, , 9
(Sut na TIÏJV k€'t'ôvrwv Iouu[iiuç EIVU( UUrOÇ KcLj Où(( EOiVt (YuVa'çW'jTOC IOTCLVdJ tnid e. 3, 9 Phiiadsipmi'a, ebenso mit dent 'Iusi&, O\X IIJEÛbOVT(1(uEterstutzsnJiLÔCIILe, ei'cll'I , tr,utz i1t' M(iicItltej t ci use Beaustarmi JngvOn Idnei-heitin. , . cïfleIJ 1beJ'zeiigeudei Eiublick in bishit' niciit g'a hute, noch wei 1ers Au tria'urig 'srsree.hende rshgionsgescul j ciiulii'hc Z saiuinsnhmingc, j
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SÀBAZIt]S ET LE JUDAÏSME.7Paris, lui résuma, vers l'an -100, le recueil de"aits et (lits
mémorables (le Valère Maxime, nous a conservé cetextrait d'une partie du pi'eniier livre aujourd'hui perdue
(I ,3, ) :Cn. Cornetius Hispalus praeioï peregïinus
M'. Pompilio Laenate, L. Calpurnio consulibus - en 139
av. J -C. (ï) - ediL'lo Ch'ldaeos citra decimum dieni abire
ex urbe alque ex houa iussit, lecibus et ineptis ingeniis
folio ci sideru m in terpreta houe qu aest uosam menda e us suis
caligine.n inicien tes. Telem. Tudaeos', qui Sabazi loris cuit n
I?omanos inficere mores conali eïa n!, repetere domos suas
coegit.
L'autre ahi'éviateur de Valère Maxime, Népotianus, qui
vivait un siècle plus tard et qui est généralement moins fidèle
et plus bref, dit simplement ceci
Chaldaeos Cornelius Ilispalus urbe expulit et infra deL'em
(lies Italia abire jussit, ne peregrinam scientiam vendila-
rent. Iudaeos quoque, qui Romanis tradere sacra sua conatiei'ant, idem HisJ)alus urbe exterminavit ; aras que priecitas
e publicis loris abiecit.
11 n' y a évidemment aucune contradiction entre les deux
rédactions, mais Julius Paris conserve mieux la rhétorique
de l'original ; il conserve aussi le nom de Sabazius, qui auI V e iècle lui était encore familier. Népotianus, écrivant ii
l'époque chrétienne, la supprimé, sans doute (lns la crainte
qu'il ne l(it plus compris. Mais je pense qu'aucun philologuene sera tenté d'admettre qu'il ne figurait pas dans la source
commune de ces epitomatores, parce que le plus mauvais et
le plus sec des deux l'a omis.Mais oit Valère Maxime lui-méme a t-il puisé ces données
sur la pt'éture d'liispalus? Nous pouvons. grâce à une décou-
verte récente, l'établit' avec certitude, Les nouvelles Perio-
choc de 'I'ite Live, trouvées â Oxvrhynchus, rappoi'tent dans
(I) sur les noms des cousu s, qui varient dans les sources, cf. MoIMSF:N. (iL, t,
Fasd coss,dares, p. 148 n.:; tFMAiN, Liviuscpd., p. :l. - Laiune de la iw-
turc de Cii. Corneli us Scipio liispaliis (ou Ilispanus) est certaine ; e F. l'AI L - \Vissiiw.
Realene., t. IV. CI)!. 1493, n" 347.
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SABAZIUS ET LE JUDAÏSME.précher la foi en le l)ieti d'lsra}l, on eut pris contre eux
cette mesure rigoureuse ? Les Romains de la République
n'ont jamais poursuivi les cultes étrangers pour des rnotifthéologiques: leur police ne s'est mise en mouvement que
pour des raisons politiques ou sociales. Ils n'eussent certai-
nement pas inquiété des J uifs j)0Ur' avoir seulement répandu
la dévotion fi leuui' Tahvé ruutional. et ils auraient cnisidér
sans doute celui-ci, ainsi que le faisait encore Van-on (1).
comme un équivalent étranger du Jupiter latin. Mais le
crime qu'on imputefi
ces J uifs est très précis : « ils cor-rompent les moeurs romaines . Ce reproche ne sapj)lique
pas au judaïsme orthodoxe, il s'aclressefi des conveuticules
judéo-païens de Sabaziastes, analogues t cette « synagogue
de Mvsie 1 ui, sous une dédicace ii YtpfOTW, faisait repré-
senter un esclave puisant du vin pour les rnystes festoyant,
tandis que devant ceux-ci un homme et une femme nuis
dansent au son de la tlùte (2). Ce fut CI) petit, fi un demi-
siècle de distance, une nouvelle affaire des l3acchar ales.On notera aussi la différence du traitement réservé aux
C/raldaei et aux Iudaei. Les premiers, devins errants débar-
qués de lointains pays étrangers, sont brutalement expulsés
clans les dix ,jours les seconds sont seulement forcés deregagner leurs demeures. L'expression semble indiquer que
ces Sabaziastes venaient d'une contrée où s'étendait la domi-
nation de Rome et où leur retour pouvait étre surveillé. Or
précisément, peu d'années avant la préture d'Hispalus, en146, la Macédoine avait été annexée définitivement. Il est
probable que c'est de cette région des Balkans, premièrepatrie du culte de Sabazius, qu'étaient sortis ces ruystes dont
la propagande attira sur eux les rigueurs de l'autorité (:).
j ) Aics'. i)c ions. i-i., I,0 ariu deuin Iudaeoruui loren putar-i(,
iji,1 tnleresse ce sens quo nouine uuncujuu'elur, divii cadem res in(ellegalur...
Cf. ('ir. Dci. IV, 9, 3 et At;.uuu, Varronis Anliqu. rer. divin., Leipzig, 1898, p. 1(13.
p- 19.() Su celte GuVcvçw'fi1 d'adorateurs du Zeus HypsisloS, Cf. PERIIRIZET. Boit. eorr.
heU., XXIII, 1899, I . 39 s.
(3) Je ne crois pas quorI puisse mettre la notice de Vakre Maxime n apport asoc
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r
60 . CUMONT.
Si mou interprétation est exacte, Népotianus, (tout laphrase succincte nous donne la substance d'une narration
développée de Tite Live, iburnit la preuve certaine que laconfusion voulue du Jupiter Sabazitis et du ,Jahvé Sabaot.h
remonte â l'époque hellénistique. Et en etlt n'a t-elle pas
(lû se produire quand les colonies juives, transportées vers
l'an 200 en Phrvgie et eu Ly die par Antiochus, entrèrent en
contact avec la population indigène Les monuments de cette
synagogue nmysienne dont nous parlions plus haut, (latent
do la li n du u i' siècle avant notre ère (i). t ue le unonothéïsine
d'israil ait ùiit subiu' son ascendant aux croyances idolâtres,
on n'en saurait douter : ii s'agit seulement de déterminer
dans quelle mesure et sous quelle lbrme. Cette action, tic laDiaspora, dont nous apercevons à la â)iSles causes et l'oc-
casion, continue, en dépit des observations de M. Jamar, àme paraître beaucoup plus vraisemblable que celle (les cultes
païens sémitiques et en particulier de celui (le Baalhek. Car
on n'aperçoit ni où, ni comment, ni pourquoi l'influence deceux-ci se serait exercée sur les mystères thraco-phrygiens.
La puissance du Jupi ter 1-léliopolitanus, en deliot's (le la Syrie
date (lu temps où lléliopolis était une colonie romaine, et elle
semble étre restée toujours à p rès nulle en Anatolie et) fl rfhrace
Mais c'est assez longuement discuter (les probabilités his-
toriques. Je souhaite - et M. Jamar se , joindra sans doute à
moi pour exprimer ce Voeu - que des découvertes flOtiSap-
po('tent bientôt d'Orient une lumière nouvelle : elles éclair-
ciraient une question qui intéresse â la fois le paganisme, le
judaïsme et le christianisme.
h tait ju'en 140-139 Simon Macchabée envoya uine une mission diploumtiqu
Gcsch. des Jid. Vo!kea, llF, p. 8), car celle-ci ut un rsul ta t (Es ta o -
rable et. aboutit u la Con1uSIon d'un 1rain.
(1) PEliiIULET, 1. r., p. tS}7.