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04/05/14 06:04 A Roanne, le rideau tombe sur Abdel Sefsaf Página 1 de 4 http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2014/05/03/theatre-de-roanne-abdel-sefsaf-vire-par-yves-nicolin_4410865_3246.html  A Roanne, le rideau tombe sur Abdel Sefsaf LE MONDE | 03.05.2014 à 14h02 • Mis à jour le 04.05.2014 à 10h10 | Par Laurent Carpentier  (/journaliste/laurent-carpentier/) Le 14 avril en soirée, le directeur du Théâtre de Roanne (http://www.theatrederoanne.fr/) , Abdelwaheb Sefsaf, a vu deux policiers municipaux sonner à sa porte. Ils ne venaient pas pour arrêter ce quasi- fugitif (c'était la quatrième fois qu'ils passaient, ne l'ayant pas trouvé  jusque-là) mais pour lui porter une lettre de la part du nouveau maire. Une lettre de renvoi. Drôle de méthode et branle-bas de combat dans la petite sous-préfecture de la Loire, où, rue Molière, le théâtre – 1,4 million de budget, 19 000 spectateurs par an – est une institution. Les esprits chagrins auront tort d'y subodorer un délit de faciès (l'homme est un étranger – il vient de Saint-Etienne !). Ils se tromperont aussi s'ils y voient la tentative de mise au pas d'une structure déficitaire puisque, tous en conviennent, le bilan d'Abdel Sefsaf, en place depuis novembre 2012, est positif : fréquentation, abonnements et subvention en hausse, doublement du nombre de scolaires…  Abdelwaheb Sefsaf, au Théâtre de Roanne, le 2 mai. | BRUNO  AMSELLEM/SIGNATURES POUR « LE MONDE ».

A Roanne, Le Rideau Tombe Sur Abdel Sefsaf

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    A Roanne, le rideau tombe sur AbdelSefsafLE MONDE | 03.05.2014 14h02 Mis jour le 04.05.2014 10h10 |

    Par Laurent Carpentier (/journaliste/laurent-carpentier/)

    Le 14 avril en soire, le directeur du Thtre de Roanne(http://www.theatrederoanne.fr/) , Abdelwaheb Sefsaf, a vu deux policiers

    municipaux sonner sa porte. Ils ne venaient pas pour arrter ce quasi-fugitif (c'tait la quatrime fois qu'ils passaient, ne l'ayant pas trouvjusque-l) mais pour lui porter une lettre de la part du nouveau maire.Une lettre de renvoi.

    Drle de mthode et branle-bas de combat dans la petite sous-prfecturede la Loire, o, rue Molire, le thtre 1,4 million de budget, 19 000spectateurs par an est une institution. Les esprits chagrins auront tortd'y subodorer un dlit de facis (l'homme est un tranger il vient deSaint-Etienne !). Ils se tromperont aussi s'ils y voient la tentative de miseau pas d'une structure dficitaire puisque, tous en conviennent, le biland'Abdel Sefsaf, en place depuis novembre 2012, est positif : frquentation,abonnements et subvention en hausse, doublement du nombre descolaires

    Abdelwaheb Sefsaf, au Thtre de Roanne, le 2 mai. | BRUNO

    AMSELLEM/SIGNATURES POUR LE MONDE .

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    Pas plus ne pouvait-il s'agir, en envoyant la marchausse municipale, decrever un abcs subversif : Honntement, je n'ai pas fait la rvolutionJe n'ai mme rien fait de merveilleux, j'ai juste remis les choses au niveauo elles devaient tre , s'tonne le comdien. Alors quoi ?

    SON RECRUTEMENT A T JUG ILLGAL

    Comme dans d'autres communes (lire lien ), la vague bleue desmunicipales a fait rompre quelques digues. Le champ artistique est devenupour certains un champ de bataille politique. Yves Nicolin, le dput UMPqui a repris aux socialistes la mairie qu'il avait perdue en 2008, balaie laquestion : Un non-sujet.

    Je ne vais pas passer mon temps discuter d'une histoire sur laquelleje suis clair, dit-il. Il y aura un jury pour recruter le successeur de M.Sefsaf en septembre. Il pourra candidater comme n'importe quel autrecandidat. La programmation n'est pas remise en cause mais sonrecrutement a t jug illgal. La faute au sous-prfet Jrme Decours,explique-t-il prcisant nomm par la gauche , qui a constatl'illgalit de la nomination du directeur du thtre. Une histoire designature de contrat ultrieure la prise de fonctions, sur laquelle les deuxparties se battent aujourd'hui.

    ABSURDIT DU PROPOS

    Une simple question administrative ? Quid alors de la campagne lectoraledu candidat UMP qui prenait le thtre pour cible ? Et de son entretienavec Abdel Sefsaf le 10 avril, o il lui explique que son statut d'artiste estincompatible avec celui de directeur du thtre, avant de changer troisjours plus tard de stratgie devant l'absurdit du propos ? La situation esten effet rpandue et accepte partout en France, commencer par lepropre directeur du Festival d'Avignon Quid enfin de cette mise en scneinsense o des policiers dbarquent quatre reprises pour notifier lachose l'intress ? C'est plus simple qu'une lettre recommande ,justifie benotement l'dile.

    Dfenseur des orphelins (il en a adopt trois, a fond l'association SOSOrphelinats du monde, et publi un livre d'entretiens), engag volontaire,statut qu'il porte comme un tendard, l'avocat reste droit dans ses bottes : J'ai t le premier maire de France interdire un spectacle deDieudonn.

    Le camp d'en face dnonce, lui, une droite dcomplexe et unedcision lectorale clientliste. Nomm il y a un peu plus d'un an, aprsappel candidatures et jury regroupant, comme le veut la loi, desreprsentants de la ville, de la rgion et de l'Etat, Abdel Sefsaf ne s'est pasfait que des amis. Le comdien, qui a tourn un peu partout en France,

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    notamment avec Jacques Nichet (qui fit partie de la bande initiale de laCartoucherie en 1972), et a obtenu en 2004 le prix Charles-Cros avecDezoriental, le groupe de musique qu'il a fond, est arriv Roanne avecun cahier des charges prcis.

    Jusqu'ici, en effet, une vingtaine d'associations avaient la libert deprogrammer chacune, sans supervision, un certain nombre de spectacles. Or un audit avait montr que la gestion prcdente ne remplissait pasles missions d'une scne rgionale : pas assez de crations, decoproductions, pas assez de rsidences d'artistes et d'actions culturellesdans la vie sociale. Et au final, une programmation pas ou peu assumepar la directrice. Il y avait un norme travail de rformes faire. C'estvrai que pour cela le calendrier, un an des lections, tait mal choisi.

    LE THTRE PERDAIT SON PUBLIC

    Anne-Marie Barret avait t nomme par la mairie socialiste dans lacontinuit du prcdent directeur dont elle tait la collaboratrice. Cettenomination n'avait pas t faite dans les rgles, puisque sans appel candidats ni jury. C'tait une hmorragie, le thtre perdait son public, affirme un soutien local d'Abdel Sefsaf. Quand elle a t vire, on n'apas fait la moiti du foin que l'on fait aujourd'hui , s'insurge unassociatif.

    Placardise la mairie, cette fonctionnaire ronge depuis son frein dansune mission sur l'vnementiel et ne cracherait pas sur le fait de retrouverson poste, quand son mari, lui, prside l'une des quatre associations malmenes qui ont dterr la hache de guerre contre Abdel Sefsaf.Clochemerle : du pain bnit pour Yves Nicolin.

    Il a donc lanc sa croisade contre Sefsaf cet hiver, lorsque Le Paysrouennais, un hebdomadaire local, reprend les propos de trois personness'indignant de la programmation au thtre d'une pice de l'auteurpalestinien Mahmoud Darwich, Quand m'embrasseras-tu ?, mise en scnepar Claude Brozzoni. Abdel Sefsaf a pourtant eu la prudence de faireentendre dans la mme soire des mlodies yiddish avec le groupe LesYeux noirs, peu importe. Circonstance aggravante, le directeur joue dansla pice : Comment peut-on tre juge et partie, il y a l conflit d'intrts, clamera Yves Nicolin.

    UNE PTITION A RUNI PLUS DE MILLE SIGNATURES

    C'est un trs bon spectacle, qui a t jou Paris, Marseille, partout, s'indigne Anne Meillon, dlgue pour la rgion du Syndeac, le syndicatdes entreprises artistiques et culturelles, et directrice adjointe du Thtrede la Croix-Rousse Lyon (qui l'a programm). Depuis le 14 avril, uncomit de soutien s'est constitu autour d'Abdel Sefsaf. Une ptition a

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    runi plus de mille signatures ; le Syndeac et le Groupe des 20, qui runittoutes les grandes scnes de Rhne-Alpes, se sont mobiliss ; Jean-JackQueyranne, le prsident socialiste de la rgion, a dit qu'il supprimerait lelabel scne rgionale et sa subvention si le directeur tait remerci

    Au fond, toute l'affaire ouvre un dbat plus grand sur le rle desthtres municipaux, trop souvent considrs comme des joujoux, observeAbdel Sefsaf. Depuis quelques jours, la mairie est silencieuse. Je croisqu'ils sont en train de prendre conscience de la porte relle de cet acte-l. Pas sr.

    Lire l'enqute La vague bleue des municipales inquite(/culture/article/2014/05/03/la-vague-bleue-des-municipales-

    inquiete_4411182_3246.html) par Clarisse Fabre

    (/journaliste/laurent-carpentier/) Laurent Carpentier (/journaliste/laurent-

    carpentier/)

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