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a ~. I jCu~Ai t, Un ex-mili aire e changement à Clos pro du leuri Le nouveau directeur Damien Dandelot, ancien militaire spécialiste du renseignement passé ensuite chez Deloitte, entrera en fonction le ier septembre au sein de l’institution bulloise. JEAN GODE L PORTRAIT. Non, ce n’est pas parce qu’il rentre d’Afghanistan que Damien Dandelot, ancien militaire de métier de 38 ans, a été choisi pour reprendre le poste de directeur de Clos Fleuri, à Bulle (La Gruyère du 4juillet). Il entrera en fonction le 1er septembre, succédant à Patrice Zurich, lequel a assuré l’intérim depuis la démission, en 2019, de Charles Butty, au terme de deux ans de vives tensions internes. C’est bien pour ses qualités mana gériales que le Genevois, installé depuis plusieurs années à Fribourg, a convaincu le conseil de fondation. Lui y voit aussi l’occasion de poser enfin ses valises. Son C.V. trahit en effet une quinzaine de pays il a séjourné, entre l’Asie, les Etats-Unis et l’Europe. Et puis, marié Bulle, en 2016) à une architecte libanaise, il s’installera définitivement à Pont- la-Ville, ‘le couple attendra la naissance de son premier enfant, d’ici quelques mois. Dans la police militaire C’est d’abord au sein de l’armée que Damien Dandelot suit plusieurs formations. Militaire professionnel durant sept ans dès 2004, il passe notamment par la police militaire il oeuvre comme officier spécia liste du renseignement de retour àl’armée de milice, il est aujourd’hui major. Après avoir obtenu un master en organisation et RH à Neuchâtel (2009), il quitte la grande muette en 2010 et enchaîne les formations à plein temps: doctorat ès sciences de gestion à Paris (2012) et Master in business administration (MBA) à laHult International Business School dont il choisit les antennes de Shan ghai (10 mois), puis de Dubaï (7 mois). En 2013, Damien Dandelot entre chez Deloitte, au Luxembourg, dont il rejoindra la succursale suisse en 2016. Chez le géant mondial de l’au dit et du conseil, il est actif dans la gestion du personnel et organisa tionnelle et se spécialise dans celle du changement. Après cinq ans, il se permet une dernière mission à l’étranger avant de poser enfin ses valises. En juillet 2018, le Département fédéral des Damien Dandelot, le nouveau directeur de Clos Fleuri, dit vouloir placer l’usager de l’institution au centre de ses préoccupations. JEAN BAPTISTE MOREL affaires étrangères lui offre un contrat de deux ans en Afghanistan. «J’étais le chef des finances, du per sonnel et de l’administration de la représentation suisse à Kaboul, res ponsable d’une trentaine d’em ployés locaux. J’en étais aussi le premier secrétaire.» Les conditions de vie sont spar tiates: interdiction de marcher dans la rue, déplacements en véhicule blindé, pas de bars ni de restaurants, vie en milieu clos. «Venant du mili taire, cela ne m’a pas gêné.» Non loin du campement suisse, ça sent parfois la poudre, avec des tirs de roquettes ou des attentats «J’aime sortir de ma zone de confort, comme je le fais en venant à Clos Fleuri.» DAMIEN DANDELOT à la bombe visant les secteurs se concentrent les étrangers ainsi que la zone des ambassades. Les récentes élections présidentielles ont aussi été une période tendue. «Cela m’a permis de servir mon pays à l’extérieur de ses frontières, alors qu’à l’armée je le faisais en Suisse. J’aime sortir de ma zone de confort, comme je le fais en venant à Clos Fleuri.» Pas de processus alibi C’est une connaissance, membre du conseil de fondation de Clos Fleuri, qui l’a contacté. «Je ne vou lais pas d’un processus de postula tion alibi et j’ai demandé que l’ins titution fasse en sorte d’avoir un vrai choix.» Son manque d’expérience dans le social, il estime le compenser par sa large palette de compétences. «Mon métier, c’est d’abord la gestion. Mais chez Deloitte, j’ai touché à de nombreux domaines et acquis assez d’agilité et de flexibilité pour com prendre les gens. Je ne vais pas expli quer leur métier aux professionnels, mais mes compétences pourront aider une institution active dans le social.». «Etre à l’écoute pour avan er ensemble» Le conflit dont sort Clos Fleuri vous a-t-il fait hésiter? Dam ien Dandelot. PatriceZurich a fait un excellent travail durant son intérim à la direction, il a beaucoup apaisé l’insti tution. De l’eau a passé sous les ponts. Pour ma part, j’arrive dans une posture d’écoute, sans volonté de tout révolution ner. Ce n’est pas le mandat que j’ai reçu. Cela dit, il y aura des évolutions, comme dans toute organisation. Mais il s’agira de vivre avec l’institution plutôt que de lui imposer une vision unilatérale. Quelle est-elle, votre vision? Elle s’appuie sur deux piliers. D’abord l’usager, qui est au centre de notre action. Ensuite, son intégration dans la société, mais aussi la nécessité pour la société de l’intégrer. Je comprends cette notion d’intégration dans les deux perspectives. De retour d’Afghanistan, je constate que la Suisse a les moyens d’y parvenir. Avez-vous été choisi pour votre profil de gestionnaire de situations de conflit? Pas directement, non. Mais vous savez, gérer quelque chose qui fonctionne par faitement bien est aussi monotone... Quel mandat avez-vous reçu? Je n’ai pas reçu à proprement parler de mandat. Mais je souhaite poursuivre ce que Patrice Zurich a commencé: être vigilant à ce qui se dit et se fait et recréer la communication au sein de l’institution. La société de coaching Balises poursui vra son accompagnement jusqu’à son terme, ce qui devrait bientôt être le cas, puis je prendrai le relais. L’audit de l’Autorité de surveillance des fondations (La Gruyère du 29août 2019) avait relevé un problème de composi tion du conseil de fondation. en est-on? Il y a eu une prise de conscience de sa part. Il s’est renouvelé et a redéfini tant ses objectifs que la structure de l’équipe de direction. Cela dit, une culture d’entre prise met parfois du temps à changer. Mais il faut savoir tourner la page et avancer. Entre l’époque de la création de Clos Fleuri et l’institution d’aujourd’hui avec ses quelque 200 employés, beau coup a changé. Cela nécessite une cer taine professionnalisation du conseil de fondation. Cela a-t-il été fait? C’est en cours. Des gens vont partir, d’autres sont arrivés, comme Bernard Carrel, ancien directeur des ressources humaines à l’HFR Riaz, puis au CHUV. D’autres viendront encore apporter leur expérience dans la santé ou l’éducation. Quelle culture d’entreprise comptez-vous introduire? Je suis très attaché à l’intelligence collective: le savoir ne repose pas sur une seule personne, il est partagé. Tra vailler ensemble pour trouver une solu tion. Avez-vous déjà identifié des améliora tions possibles? Non, c’est trop tôt. Il y aura d’abor de l’écoute et de la vigilance de ma par pas pour me protéger, mais pour êtn attentif aux signaux, y compris faibles qui m’aideront à comprendre et à fain avancer l’institution. Quelle image aviez-vous de Clos Fleuri? C’est l’une des plus grandes institu tions de prise en charge des personne. en situation de handicap du canton C’est donc un honneur de me voir confie cette institution chère à de nombreu parents et si importante dans le paysag social et sociétal du canton. Cela m touche. ml

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Page 1: a ~. Un ex-mili aire e pro du changement à Clos

a ~. I jCu~Ai t,

Un ex-mili aire echangement à Clos

pro duleuri

Le nouveau directeur Damien Dandelot, ancien militaire spécialiste du renseignement passé ensuite chez Deloitte,entrera en fonction le ier septembre au sein de l’institution bulloise.

JEAN GODE L

PORTRAIT. Non, ce n’est pas parcequ’il rentre d’Afghanistan queDamien Dandelot, ancien militairede métier de 38 ans, a été choisi pourreprendre le poste de directeur deClos Fleuri, à Bulle (La Gruyère du4juillet). Il entrera en fonction le1er septembre, succédant à PatriceZurich, lequel a assuré l’intérimdepuis la démission, en 2019, deCharles Butty, au terme de deux ansde vives tensions internes.

C’est bien pour ses qualités managériales que le Genevois, installédepuis plusieurs années à Fribourg,a convaincu le conseil de fondation.Lui y voit aussi l’occasion de poserenfin ses valises. Son C.V. trahit eneffet une quinzaine de pays où il aséjourné, entre l’Asie, les Etats-Uniset l’Europe. Et puis, marié (à Bulle,en 2016) à une architecte libanaise,il s’installera définitivement à Pont-la-Ville, où ‘le couple attendra lanaissance de son premier enfant,d’ici quelques mois.

Dans la police militaireC’est d’abord au sein de l’armée

que Damien Dandelot suit plusieursformations. Militaire professionneldurant sept ans dès 2004, il passenotamment par la police militaireoù il oeuvre comme officier spécialiste du renseignement — de retouràl’armée de milice, il est aujourd’huimajor.

Après avoir obtenu un master enorganisation et RH à Neuchâtel(2009), il quitte la grande muette en2010 et enchaîne les formations àplein temps: doctorat ès sciencesde gestion à Paris (2012) et Masterin business administration (MBA) àlaHult International Business Schooldont il choisit les antennes de Shanghai (10 mois), puis de Dubaï (7 mois).

En 2013, Damien Dandelot entrechez Deloitte, au Luxembourg, dontil rejoindra la succursale suisse en2016. Chez le géant mondial de l’audit et du conseil, il est actif dans lagestion du personnel et organisationnelle et se spécialise dans celledu changement.

Après cinq ans, il se permet unedernière mission à l’étranger avantde poser enfin ses valises. En juillet2018, le Département fédéral des

Damien Dandelot, le nouveau directeur de Clos Fleuri, dit vouloir placer l’usager de l’institutionau centre de ses préoccupations. JEAN BAPTISTE MOREL

affaires étrangères lui offre uncontrat de deux ans en Afghanistan.«J’étais le chef des finances, du personnel et de l’administration de lareprésentation suisse à Kaboul, responsable d’une trentaine d’employés locaux. J’en étais aussi lepremier secrétaire.»

Les conditions de vie sont spartiates: interdiction de marcher dansla rue, déplacements en véhiculeblindé, pas de bars ni de restaurants,vie en milieu clos. «Venant du militaire, cela ne m’a pas gêné.»

Non loin du campement suisse,ça sent parfois la poudre, avec destirs de roquettes ou des attentats

«J’aime sortir de mazone de confort, commeje le fais en venantà Clos Fleuri.»

DAMIEN DANDELOT

à la bombe visant les secteurs oùse concentrent les étrangers ainsique la zone des ambassades. Lesrécentes élections présidentiellesont aussi été une période tendue.«Cela m’a permis de servir monpays à l’extérieur de ses frontières,alors qu’à l’armée je le faisais enSuisse. J’aime sortir de ma zone deconfort, comme je le fais en venantà Clos Fleuri.»

Pas de processus alibiC’est une connaissance, membre

du conseil de fondation de ClosFleuri, qui l’a contacté. «Je ne voulais pas d’un processus de postulation alibi et j’ai demandé que l’institution fasse en sorte d’avoir unvrai choix.»

Son manque d’expérience dansle social, il estime le compenser parsa large palette de compétences.«Mon métier, c’est d’abord la gestion.Mais chez Deloitte, j’ai touché à denombreux domaines et acquis assezd’agilité et de flexibilité pour comprendre les gens. Je ne vais pas expliquer leur métier aux professionnels,mais mes compétences pourrontaider une institution active dans lesocial.».

«Etre à l’écoute pour avan er ensemble»Le conflit dont sort Clos Fleuri vous a-t-ilfait hésiter?

Damien Dandelot. PatriceZurich a faitun excellent travail durant son intérim àla direction, il a beaucoup apaisé l’institution. De l’eau a passé sous les ponts.Pour ma part, j’arrive dans une postured’écoute, sans volonté de tout révolutionner. Ce n’est pas le mandat que j’ai reçu.Cela dit, il y aura des évolutions, commedans toute organisation. Mais il s’agirade vivre avec l’institution plutôt que delui imposer une vision unilatérale.

Quelle est-elle, votre vision?Elle s’appuie sur deux piliers. D’abord

l’usager, qui est au centre de notre action.Ensuite, son intégration dans la société,mais aussi la nécessité pour la sociétéde l’intégrer. Je comprends cette notiond’intégration dans les deux perspectives.De retour d’Afghanistan, je constate quela Suisse a les moyens d’y parvenir.

Avez-vous été choisi pour votre profil degestionnaire de situations de conflit?

Pas directement, non. Mais vous savez,gérer quelque chose qui fonctionne parfaitement bien est aussi monotone...

Quel mandat avez-vous reçu?Je n’ai pas reçu à proprement parler

de mandat. Mais je souhaite poursuivrece que Patrice Zurich a commencé: êtrevigilant à ce qui se dit et se fait et recréerla communication au sein de l’institution.La société de coaching Balises poursuivra son accompagnement jusqu’à sonterme, ce qui devrait bientôt être le cas,puis je prendrai le relais.

L’audit de l’Autorité de surveillancedes fondations (La Gruyère du 29août2019) avait relevé un problème de composition du conseil de fondation. Où en est-on?

Il y a eu une prise de conscience de sapart. Il s’est renouvelé et a redéfini tant

ses objectifs que la structure de l’équipede direction. Cela dit, une culture d’entreprise met parfois du temps à changer.Mais il faut savoir tourner la page etavancer. Entre l’époque de la création deClos Fleuri et l’institution d’aujourd’huiavec ses quelque 200 employés, beaucoup a changé. Cela nécessite une certaine professionnalisation du conseil defondation.

Cela a-t-il été fait?C’est en cours. Des gens vont partir,

d’autres sont arrivés, comme BernardCarrel, ancien directeur des ressourceshumaines à l’HFR Riaz, puis au CHUV.D’autres viendront encore apporter leurexpérience dans la santé ou l’éducation.

Quelle culture d’entreprise comptez-vousintroduire?

Je suis très attaché à l’intelligencecollective: le savoir ne repose pas sur

une seule personne, il est partagé. Travailler ensemble pour trouver une solution.

Avez-vous déjà identifié des améliorations possibles?

Non, c’est trop tôt. Il y aura d’abor• de l’écoute et de la vigilance de ma par

— pas pour me protéger, mais pour êtnattentif aux signaux, y compris faiblesqui m’aideront à comprendre et à fainavancer l’institution.

Quelle image aviez-vous de Clos Fleuri?C’est l’une des plus grandes institu

tions de prise en charge des personne.en situation de handicap du cantonC’est donc un honneur de me voir confiecette institution chère à de nombreuparents et si importante dans le paysagsocial et sociétal du canton. Cela mtouche.

ml