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ABC-GUIDE Serres d’exposition Document à l’usage des guides bénévoles du Jardin botanique de Montréal 4 e édition – Février 2011 Division des programmes publics en sciences naturelles

ABC-Guide des serres d'exposition - Montreal...1.2 Les visages du JBM 8 1.3 Provenance des plantes 9 1.4 Terminologie et nomenclature 9 2 LES SERRES D’EXPOSITION 13 2.1 Serre Molson

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ABC-GUIDE

Serres d’exposition

Document à l’usage

des guides bénévoles

du Jardin botanique de Montréal

4e édition – Février 2011

Division des programmes publics en sciences naturelles

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TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION ET PRÉSENTATION 5 1 GÉNÉRALITÉS 7

1.1 Historique du Jardin botanique de Montréal 7 1.2 Les visages du JBM 8 1.3 Provenance des plantes 9 1.4 Terminologie et nomenclature 9

2 LES SERRES D’EXPOSITION 13 2.1 Serre Molson 15

2.1.1 Les plantes insectivores 15 2.1.2 Les Monocotylédones 17

2.2 Forêts tropicales humides 19 2.2.1 La strate arborescente 21 2.2.2 La strate herbacée 22

2.3 Plantes tropicales alimentaires 23 2.3.1 Légendes photographiques 23

2.4 Orchidées et Aracées 25 2.4.1 Les orchidées 26 2.4.2 Les Aracées 26

2.5 Fougères 28 2.5.1 Les fougères 28 2.5.2 Autres alliées 30 2.5.3 Art 30

2.6 Bégonias et Gesnériacées 32 2.6.1 Les bégonias 33 2.6.2 Les Gesnériacées 34 2.6.3 Autres plantes intéressantes 36

2.7 Régions arides 37 2.7.1 Adaptations 38 2.7.2 Convergence évolutive 40 2.7.3 Utilisations 41

2.8 L’Hacienda (Serre du soleil) 44 2.8.1 Mammillarias 44 2.8.2 Lithops : étonnantes plantes cailloux 44 2.8.3 Cycadées 45 2.8.4 Plantes caudiciformes ou à caudex 45

2.9 Jardin céleste 46 2.9.1 Généralités sur les arbres miniatures 46 2.9.2 Provenance de notre collection 47 2.9.3 Quelques éléments symboliques 47 2.9.4 Foire aux questions 48

2.10 Grande serre d’exposition 50 2.10.1 Les expositions thématiques 50

BIBLIOGRAPHIE 52

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INTRODUCTION ET PRÉSENTATION

L’ABC-GUIDE se veut un outil de formation et de référence pour les guides bénévoles oeuvrant au Jardin botanique de Montréal (JBM). Il porte essentiellement sur le contenu de la visite des serres d’exposition. L’objectif du document est de vous aider dans le choix de l’information à transmettre aux visiteurs. Nous avons indiqué pour chacune des serres, le message didactique et les points forts qui devraient émerger lors de la visite. La première partie du document porte sur des généralités liées au contenu des serres. Dans la seconde, les informations spécifiques à chacune des serres d’exposition ont été sélectionnées et regroupées par section :

• Objectifs : précise les objectifs visés pour chacune des serres. • Mots clés : peut servir d’aide mémoire. • Incontournables : suggère quelques plantes vedettes ou thèmes à aborder. • Présentation de la serre : est une introduction générale à propos de la serre, du milieu

qu’elle représente et de la collection qu’on y retrouve. • Message : constitue le résumé du contenu scientifique à transmettre. • Contenu : reprend le message, mais fournit plus de détails et des références

complémentaires. • Pour en savoir plus : vous propose des lectures complémentaires (livres et sites Internet).

Bonne lecture!

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6 ABC – GUIDE Les serres d’exposition

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1 GÉNÉRALITÉS

Les jardins botaniques sont des institutions possédant des collections documentées de plantes cultivées pour la recherche scientifique, la conservation, les expositions et l’éducation. 1

Wise Jackson, 1999

1.1 Historique du Jardin botanique de Montréal 1920 Fondation de l’Institut botanique de l’Université de Montréal; 1925 Le frère Marie-Victorin annonce publiquement son intention de créer un jardin

botanique à Montréal; Frère Marie-Victorin (1885-1944) Conrad Kirouac est mieux connu du public sous le nom de Marie-Victorin. Ce frère des Écoles chrétiennes et botaniste passionné fut toute sa vie animé d’une grande passion pour les sciences naturelles, passion qu’il savait communiquer aux gens. Cet enseignant et autodidacte confirmé était aussi un homme de lettres, un administrateur et un grand humaniste. Marie-Victorin participa à de nombreuses expéditions botaniques à différents endroits dans le monde et contribua largement à enrichir les différentes collections du Jardin. Il est aussi l’auteur de la Flore laurentienne, un ouvrage publié en 1935 et considéré comme un important livre de référence sur la flore québécoise encore aujourd’hui. Marie-Victorin demeure l’une des figures marquantes de la science québécoise de la première moitié du XXe siècle. Il est décédé tragiquement dans un accident de voiture en juillet 1944.

1931 Fondation officielle du Jardin botanique de Montréal par le frère Marie-Victorin et le maire de Montréal, Camilien Houde;

1932 Début des travaux : construction de la partie avant du pavillon administratif, d’une serre de service et de la chaufferie. L’architecte Lucien F. Kéroack privilégie le style art déco pour le pavillon;

À la demande du frère Marie-Victorin, Henri Teuscher (1891-1984), horticulteur et architecte paysagiste d’origine allemande travaillant à New York, entreprend de dessiner les plans d’un jardin botanique idéal. Il conçoit ainsi le programme d’aménagement complet du Jardin botanique de Montréal;

1933 Défaite de Camilien Houde aux élections municipales : les travaux du jardin sont suspendus;

1936 Camilien Houde redevient maire en 1935 et le Jardin botanique renaît. Le frère Marie-Victorin est nommé directeur. Henry Teuscher arrive à Montréal et devient l’horticulteur en chef du Jardin;

1937 Construction de l’édifice principal, selon les plans originaux de Lucien F. Kéroack; 1938 Construction des serres de production et de conservation des collections;

1 Source : Agenda International pour la conservation dans les jardins botaniques. Botanic Gardens Conservation International.

Mai 2000. p. 17

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8 ABC – GUIDE Les serres d’exposition

1956 Inauguration des trois premières serres d’exposition; 1975 Fondation de la SAJIB (devenue les Amis du Jardin botanique de Montréal); 1990 Création de l’Institut de Recherche en Biologie Végétale (I.R.B.V.) et ouverture de

l’Insectarium; 1995 Ouverture du Complexe d’accueil et la serre Molson.

Lectures suggérées : Quatre-Temps. Le Jardin botanique fête ses 75 ans, Vol. 30 (2-3), juin 2006. BOUCHARD, André. 1998. Le Jardin botanique de Montréal, esquisse d’une histoire,

Montréal, Fides, 111 p. Document de presse du Jardin botanique de Montréal « Un monde de couleurs et de

parfums ».

Le Jardin botanique de Montréal répond à la définition d’un jardin de de type classique puisqu’on y retrouve des collections, des activités horticoles et éducatives, un herbier ainsi qu’une équipe de chercheurs, et qu’il est géré par l’état. Points forts : la richesse de ses collections, avec 22 000 taxons, et ses programmes éducatifs. Rang à l’échelle mondiale : il existe plus de 1800 jardins botaniques répartis dans 148 pays 2 et il est considéré parmi les cinq plus importants au monde.

1.2 Les visages du JBM Une équipe multidisciplinaire est nécessaire pour opérer le JBM. Autour des botanistes, horticulteurs et jardiniers, se greffent notamment des gestionnaires, préposés à l’entretien ménager, responsables de la phytoprotection, agents de bureau, menuisiers, soudeurs, peintres, mécaniciens, préposés à l’accueil et aux droits d’entrée, agents culturels, régisseurs, chargés de communication, animateurs, etc. Ainsi, le nombre d’employés atteint environ 400 personnes durant l’été et autour de 220 en hiver.

Les horticulteurs Un horticulteur est généralement responsable d’une serre, d’un jardin ou d’une collection. Outre les soins quotidiens (arrosage, taille, remplacement de certaines plantes, détection des ravageurs, rempotage, etc.), il gère son inventaire et étiquette ses végétaux. Il établit, au besoin, des contacts avec les collectionneurs du monde entier afin d’échanger ou d’obtenir de nouveaux spécimens. D’autres horticulteurs sont responsables de la production de végétaux destinés à la grande serre d’exposition et à la vente (serre boutique et Rendez-vous horticole). Des jardiniers se joignent à l’équipe des horticulteurs selon les besoins et les saisons. Voici un aperçu du nombre d’employés au sein de la Division horticulture et collections :

Avril à octobre Octobre à avril Serres 34 31 Jardins extérieurs 80 30

2 Source : Agenda International pour la conservation dans les jardins botaniques. Botanic Gardens Conservation International.

Mai 2000. p. 12

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Les botanistes L’équipe est composée notamment de trois botanistes en charge de la gestion des collections. Ces derniers voient à l’obtention des permis d’importation pour les végétaux, reçoivent ces derniers, les enregistrent dans la banque de données informatisées et fournissent les étiquettes d’identification. Ils doivent ensuite vérifier si l’identification est exacte. En collaboration avec les horticulteurs, ils effectuent le suivi et la mise à jour des inventaires. Ils sont également responsables de la collecte et de l’échange de semences entre jardins botaniques, arboretums et institutions de recherche via l’Index Seminum. Six autres botanistes mènent des travaux de recherche en collaboration avec l’Université de Montréal. Finalement, le site Internet du JBM, de même que la bibliothèque et la médiathèque sont sous la responsabilité d’une botaniste bibliothécaire.

1.3 Provenance des plantes En 2003, le JBM élabore une politique concernant l’acquisition des végétaux. Puisque l’une de ses missions est la conservation et la préservation des espèces, l’accent est mis sur l’acquisition d’espèces naturelles. Nous priorisons davantage les récoltes in situ qui permettent de connaître et de documenter l’habitat naturel des plantes. Les végétaux du JBM proviennent notamment :

• d’excursions effectuées sur le terrain Le frère Marie-Victorin, Henry Teuscher et Marcel Raymond (ancien conservateur) ont contribué, lors de leurs voyages au Québec et à l’étranger, à enrichir les collections.

• d’échanges de semences Grâce à ses nombreux liens avec des botanistes et des horticulteurs du monde entier, le JBM peut obtenir des semences de différentes plantes et maintenir ainsi la diversité de ses collections. Le Jardin offre également aux autres jardins botaniques des graines provenant de la flore locale. La liste des semences offertes figure dans l’Index Seminum qui est publié à tous les deux ans.

• d’achats et de dons Les achats, chez les grainetiers et les pépiniéristes spécialisés, permettent l’acquisition de nouveautés horticoles, de bulbes, d’annuelles, etc. Le JBM a aussi reçu des dons provenant de collectionneurs de divers pays.

1.4 Terminologie et nomenclature Au XVIIIe siècle, alors que les scientifiques européens cherchaient à faire l’inventaire des plantes et des animaux de la planète, Carl Von Linné, célèbre botaniste suédois, eût l’idée de proposer l’utilisation de deux mots latins pour désigner chaque espèce d’organisme vivant ou ayant vécu sur la Terre. Le premier mot réfère au genre de l’espèce et le second en est son épithète spécifique. Plusieurs utilisent à tort le terme « espèce » pour désigner le deuxième mot mais c’est seulement la combinaison du genre avec l’épithète spécifique qui constitue le nom de l’espèce. Les espèces sont à la base d’un système hiérarchique de classification reflétant leur degré d’apparenté. Par exemple, les espèces appartenant au même genre sont plus apparentées entre elles qu’avec des espèces appartenant à d’autres genres. Les genres sont ensuite regroupés à

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l’intérieur de familles, selon leur degré d’apparenté, et ainsi de suite à l’intérieur de la hiérarchie. En résumé, une famille englobe généralement plusieurs genres, et ces derniers, plusieurs espèces. Le système international de nomenclature permet aux scientifiques du monde entier de se comprendre. Par convention, le genre et l’épithète spécifique s’écrivent en italique et la première lettre du genre est une majuscule. Vous trouverez plus de précisions sur la terminologie et la nomenclature en consultant le site Web du JBM :

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/terminologie/nomenclature.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/nomenclature/nomenclature.htm

Lire et comprendre les plaquettes d’exposition Dès leur arrivée, les plantes de collection du JBM sont enregistrées dans la base de données du Jardin et un numéro leur est attribué. Des étiquettes de collections portant le numéro d’enregistrement et le nom latin de la plante sont produites pour identifier les plantes sur le terrain. Ces étiquettes de collections sont en métal pour les jardins extérieurs et en plastique pour les serres. Ainsi, dans l’exemple suivant, le numéro nous informe qu’il s’agit de la 705e plante arrivée au Jardin en 1944 :

705-1944 Cocos nucifera

Précision : seules les plantes de collection sont enregistrées. Les annuelles, la plupart des bulbes ornementaux que l’on retrouve plantés en massif dans les jardins, ainsi que certaines plantations dites « secondaires » répondant à des besoins d’aménagements paysagers spécifiques ne font pas partie des collections. Les plaquettes d’exposition, destinées aux visiteurs, comportent les informations suivantes :

Pimbina

American cranberrybush

_________________________________

Viburnum opulus var. americanum

Caprifoliaceae

Amérique du Nord sept.

N. North America

Nom français

Nom anglais

Nom scientifique en latin

Nom de la famille en latin

Lieu d’origine en français

Lieu d’origine en anglais

En utilisant cet exemple, voyons la différence entre une variété botanique et une variété cultivée ou « cultivar », source de confusion commune en horticulture. Dans le cas qui nous concerne, le Viburnum opulus est une espèce indigène à l’Eurasie et à l’Amérique du Nord. Cependant, quelques variations mineures existent naturellement entre les populations nord-américaines et eurasiennes qui nous permettent de reconnaître deux variétés

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botaniques : la variété opulus retenue pour les populations eurasiennes et la variété americanum pour les populations nord-américaines. Il est intéressant à noter que la variété americanum était autrefois reconnue au rang d’espèce sous Viburnum trilobum. Cet exemple démontre bien à quel point la différence entre une variété et une espèce peut être difficile à faire. Un autre rang souvent utilisé, et qui est inférieur à l’espèce, est la sous-espèce (ssp.). Comme pour la variété, ce rang est utilisé pour reconnaître des variations mineures qui ne sont pas suffisantes pour être reconnues au rang de l’espèce. L’expression « cultivar » vient de la contraction des termes anglais cultivated variety. Un cultivar est donc le résultat d’une sélection, d’une hybridation ou d’une mutation spontanée résultant en une forme cultivée généralement très spécifique et reconnaissable d’une plante. Les critères de sélection en horticulture ornementale sont souvent le port du plant, la couleur de la fleur, les panachures du feuillage, etc. Par exemple, le cultivar ‘Garry Pink’ est une sélection à fleurs rosées du Viburnum opulus var. americanum. Parfois les cultivars offerts sur le marché sont des sélections complexes d’hybrides impliquant plusieurs espèces différentes. Nous avons alors des noms tels que Rosa ‘Céline Dion’, Tulipa ‘Red Emperor’ etc. Parfois les hybrides sont simples et possèdent des noms botaniques. Ils sont alors reconnaissables par la présence d’un « x » dans le nom. Par exemple, le cultivar ‘Autumn Blaze’ de l’hybride Acer x freemanii est une sélection entre l’érable rouge (Acer rubrum) et l’érable argenté (Acer saccharinum). La majorité des cultivars doivent être reproduits par la multiplication végétative (ou asexuée) afin de conserver leurs caractéristiques. Dans ce cas, le recours aux semences peut entraîner la perte du caractère. Les cultivars s’inscrivent entre guillemets simples et ne sont pas écrits en italique contrairement aux genres et espèces. De plus, puisque ce sont des sélections horticoles effectuées par l’humain, aucune répartition géographique n’est fournie sur la plaquette d’exposition sauf la mention « Hort. » pour horticole.

Cas particulier Il n’est pas rare de voir, dans certains groupes de plantes, des hybrides entre différents genres. La famille des orchidées est particulièrement notoire pour ses hybrides intergénériques. Ces derniers sont identifiés par un « x » devant le nom d’un genre qui est souvent une combinaison des genres impliqués dans l’hybride. Par exemple, x Laeliocattleya est un hybride intergénérique entre un Laelia et un Cattleya et x Sophrolaeliocattleya est un hybride intergénérique entre un Sophronitis, un Laelia et un Cattleya. Sur certaines plaquettes d’exposition, vous retrouverez les lettres UICN qui signifient que la plante est sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

À titre informatif seulement Les codes suivants représentent des prix attribués par l’American Orchid Society (AOS) : AM = Award of Merit CBR = Certificate of Botanical Recognition CCE = Certificate of Cultural Excellence CCM = Certificate of Cultural Merit CHM = Certificate of Horticultural Merit FCC = First Class Certificate HCC = Highly Commended Certificate

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2 LES SERRES D’EXPOSITION

Définition et rôle Une serre est une pièce dont les murs et le plafond sont vitrés pour laisser entrer la lumière. C’est un milieu protégé où l’on peut contrôler certains paramètres comme la température, le taux d’humidité et l’aération. Les serres nous permettent la conservation de plantes d’origine tropicale, subtropicale et désertique. Dans cet abri vitré qui les protège du froid, les plantes convient les visiteurs à un voyage autour du monde. Neuf serres d’exposition sur dix sont ouvertes durant toute l’année. Les plantes y sont regroupées :

• par thème (serre des plantes tropicales alimentaires et serre Molson) • par collection (Jardin céleste) ou par familles ayant sensiblement les

mêmes exigences culturales (ex. : fougères, orchidées et Aracées, Bégoniacées et Gesnériacées)

• ou selon leur provenance géographique (Forêt tropicale humide, Régions arides et Hacienda)

Dans la grande serre d’exposition, on présente des expositions thématiques temporaires. Elle ferme quelques jours durant l’année afin de permettre le montage et le démontage. Derrière les serres d’exposition, se trouvent des serres de production dont la superficie est équivalente à trois fois et demi celles des serres d’exposition. Elles sont un lieu de conservation, de culture et de propagation. On y fait également de la recherche en biologie végétale.

Robe blanche estivale Au printemps, une peinture spéciale à base de chaux est appliquée sur les serres. Elle a pour effet de réfléchir une partie des rayons solaires, ce qui contribue à abaisser la température. À l’automne, le produit est enlevé à l’aide d’un acide doux non dommageable pour l’environnement.

L’éclairage, gracieuseté de la nature Dans les serres d’exposition, l’éclairage est naturel tout au long de l’année. Seules quelques lampes s’allument en fin de journée pour laisser au visiteur le plaisir de découvrir les plantes sous un autre jour.

L’irrigation, une pluie artificielle Dans les serres d’exposition, l’irrigation est généralement manuelle et vise à combler les besoins des différentes plantes. De plus, les horticulteurs tiennent compte de l’orientation de la serre : les sols du côté sud sèchent plus vite que ceux du côté nord et sont donc arrosés plus souvent. La fréquence plus ou moins grande des arrosages permet de maintenir le taux d’humidité désiré. Par exemple, la serre des forêts tropicales humides peut être arrosée jusqu’à trois ou quatre fois dans une même journée. La serre des fougères et la serre Molson sont équipées d’un système d’irrigation automatique.

Le contrôle des indésirables (Cet aspect fera l’objet d’une formation spécifique plus détaillée.) Pour contrôler les ravageurs des végétaux tout en limitant sa trace écologique, le JBM a mis en place un programme de lutte intégrée qui se résume comme suit :

• Prévention (dépistage aux deux semaines, période de quarantaine)

ABC – GUIDE Les serres d’exposition 13

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14 ABC – GUIDE Les serres d’exposition

• Lutte physique (piège, taille, bassinage) • Lutte biologique (utilisation d’auxiliaires3 dont certains sont des prédateurs

et d’autres, des parasitoïdes, de même que des bio-pesticides) • Lutte chimique (en dernier recours, avec des pesticides à faible impact)

La lutte intégrée exige une grande rigueur, des connaissances approfondies et de la persévérance. Les résultats obtenus dans les serres d’expositions sont excellents.

Les serres d’exposition en chiffres (mise à jour : février 2010) • Superficie totale des dix serres d’exposition : 4000 m2 (0,4 hectare); • 1670 taxons (espèces et cultivars) y sont présentés sur 6142;

Sur le site Web du JBM : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin_virtuel/serres/serres.htm

3 Un auxiliaire est un être vivant qui entraîne la destruction ou l’inhibition d’espèces nuisibles à l’agriculture.

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2.1 Serre Molson

Généralités

Objectifs • Présenter les plantes insectivores; • Présenter la collection de palmiers et autres Monocotylédones; • Être en mesure d’expliquer brièvement la nutrition, la reproduction et la protection chez les

végétaux; • Inviter les gens à explorer cette serre par eux-mêmes.

Mots clés Nutrition, reproduction, protection, plantes insectivores, palmiers et Monocotylédones

Les incontournables Plantes insectivores et palmiers

Présentation de la serre Cette serre se prête bien à une visite autonome. Vous pouvez utiliser des éléments visuels comme support à vos explications. Invitez les gens à y revenir à la fin de leur visite. Entièrement rénovée en 1995, elle constitue une zone d’introduction aux merveilles du monde végétal. On y aborde la nutrition, la reproduction et la protection chez les végétaux. Le climat est tropical et on y présente notamment la collection de palmiers (Monocotylédones) et de plantes insectivores.

Le message Les plantes insectivores sont intrigantes et fascinantes. En avez-vous déjà observé en milieu naturel? Qu’est-ce que les palmiers évoquent pour vous? À cause de leur silhouette gracieuse et élégante, Linné disait des palmiers qu’ils étaient les « princes des végétaux ». Ils fournissent une multitude de produits utiles et détiennent à eux seuls plusieurs records.

Contenu de la serre

2.1.1 Les plantes insectivores Le terme insectivore est préféré à carnivore puisque la majorité des proies sont des insectes. Occasionnellement, araignées, petits mollusques et amphibiens peuvent être pris au piège. Dans le terrarium, vous retrouvez plusieurs espèces de plantes insectivores. La majorité vit dans des milieux humides, acides et pauvres en éléments nutritifs (ex. : tourbières ou marais). Elles obtiennent, grâce à leurs proies, le complément alimentaire dont elles ont besoin pour se développer. À la question : « Nourrissez-vous vos plantes insectivores? », la réponse est non. Si le milieu de croissance est suffisamment riche en éléments nutritifs, la plante se passera de son complément vitaminique. Parce qu’elles vivent dans des milieux très humides, elles résistent mal à la culture dans nos maisons. Les plantes insectivores proviennent de sept familles différentes dont trois sont indigènes au Québec : les Sarracéniacées (sarracénie), les Droséracées (droséra) et les Lentibulariacées

ABC – GUIDE Les serres d’exposition 15

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(utriculaire). Leur distribution est mondiale, quoique inégalement répartie. On distingue deux types de pièges : actifs et passifs. a) Les pièges actifs Certaines espèces ont des pièges actifs munis d’organes mobiles pour capturer leur proie. C’est le cas de la dionée et de l’utriculaire.

La dionée (Dionaea muscipula, Droséracées) La dionée, aussi appelée plante gobe-mouches, présente une sorte de piège à loup. Elle est originaire des états de la Caroline. C’est la coqueluche que petits et grands désireront voir d’un peu plus près. L’insecte est attiré par la plate-forme d’atterrissage, endroit rêvé pour butiner. Dès qu’il touche les poils déclencheurs situés sur la face supérieure de la feuille, les deux lobes se rabattent en 1/5e de seconde (environ) sur la victime! Puis, des glandes spéciales sécrètent des acides et des enzymes qui digèrent lentement les parties molles du corps de l’insecte. D’autres glandes absorbent ensuite le produit de la digestion. Une fois l’absorption terminée, soit environ deux semaines plus tard, le piège s’ouvre à nouveau et les parties non digérées sont emportées par le vent ou la pluie. Chaque piège devient inopérant après la digestion de deux ou trois proies. Les utriculaires (Utricularia spp.) Ce sont des plantes aquatiques ou palustres. Leurs feuilles, lorsque présentes, sont difficiles à distinguer des tiges. Il faut examiner attentivement dans le sol pour voir les pièges appelés utricules. De forme ovale et mesurant à peine trois millimètres de diamètre, l’utricule est fermé à l’une de ses extrémités par une trappe unique recouverte de poils déclencheurs. Au moindre contact du petit animal (plancton, larves de moustiques ou petit crustacé), la trappe s’ouvre rapidement et le courant entraîne l’eau et la proie à l’intérieur de l’utricule. La capture ne peut être observée à l’œil nu puisqu’elle s’effectue en 1/460e de seconde! L’eau est expulsée par un système de glandes.

b) Les pièges passifs D’autres espèces sont dotées de pièges passifs. Elles attirent leur proie en diffusant l’odeur de leur nourriture préférée et/ou en se parant de couleurs vives.

Pièges en forme d’urne Dans ce cas, il n’y a aucun mouvement apparent chez la plante au moment de la capture. L’insecte, attiré par le nectar des Nepenthes, des Sarracenia et des Darlingtonia, se pose sur les rebords glissants de l’urne et tombe au fond. Les Nepenthes abondent particulièrement en milieu tropical.

Le saviez-vous? La sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea), qui croît notamment au Québec, est la fleur emblème de Terre-Neuve.

Pièges collants La drosère (Drosera sp.) et la grassette (Pinguicula sp.) sont couvertes de poils gluants qui retiennent l’insecte. La drosère possède des tentacules qui sécrètent des substances paralysantes lorsque l’insecte se débat. Elle est couverte de glandes portant à leur extrémité une goutte de liquide rouge qui ressemble à du nectar. La grassette présente des feuilles dont les bords s’enroulent lentement vers l’intérieur. L’insecte se trouve donc emprisonné avant la digestion. La grassette n’a ni couleur, ni parfum susceptible d’attirer les insectes. Elle réussit malgré cela à capturer des proies de petite taille.

16 ABC – GUIDE Les serres d’exposition

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Le saviez-vous? Le droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) est très répandu dans les tourbières du Québec.

2.1.2 Les Monocotylédones Les plantes à fleurs (Angiospermes) sont divisées en deux classes : les Dicotylédones et les Monocotylédones. L’aménagement de cette serre met en vedette des représentants des Monocotylédones. Ces dernières sont pour la plupart des plantes herbacées de petite taille mais les palmiers et les bambous font exception avec leur port arborescent. Voici les principales distinctions entre les deux groupes.

TABLEAU COMPARATIF : CARACTÉRISTIQUES DES MONOCOTYLÉDONES ET DES DICOTYLÉDONES

Particularités

Monocotylédones comptent 4 ordres

regroupant 80 familles

Dicotylédones comptent 50 ordres

regroupant 230 familles Plantes herbacées, parfois

arborescentes Plantes herbacées et ligneuses (arbres)

Embryon Un cotylédon (première feuille de l’embryon formée avant la germination de la graine)

Deux cotylédons

Feuilles Feuilles souvent engainantes avec nervures parallèles

Les feuilles peuvent être pétiolées et leurs nervures ramifiées

Tiges Ne produisent jamais de bois Peuvent produire du bois

Nombre de pièces florales

Trois ou multiple de trois Quatre ou cinq (ou multiple de quatre ou cinq)

Grain de pollen Un seul pore germinatif Plus d’un pore germinatif

a) La clé des serres Cet ensemble de panneaux et d’exhibits portant sur la nutrition, la reproduction et la protection chez les végétaux permet de s’initier à la botanique par une présentation dynamique combinant des modules d’exposition et des plantes vivantes. Les visiteurs peuvent explorer la serre par eux-mêmes.

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b) Les palmiers Les palmiers seraient apparus il y a environ 85 millions d’années et ont survécu aux cataclysmes qui ont exterminé les dinosaures. Ce sont des plantes herbacées arborescentes, et non des arbres puisqu’ils sont dépourvus d’un vrai tronc; on parle plutôt d’un stipe. Après quelques années de croissance, le diamètre du stipe ne change plus et la croissance n’a lieu qu’en hauteur. Le palmier est une plante aux milles usages; on l’utilise dans l’alimentation, la construction, la confection de vêtements etc. Le stipe peut aussi servir de combustible. Quelques records parmi les palmiers

Le plus grand : 60 m de hauteur (Ceroxylon sp. en Colombie) Les plus grandes feuilles : 25 m de longueur (genre Raphia) La plus grosse graine : celle du coco-fesse (Lodoïcea maldivica) qui peut peser 20 kg ! Les plus longues tiges : celles du rotin (genre Calamus, palmier lianiforme) des forêts humides de l’Asie du Sud-Est dont les tiges de 20 à 30 mm de diamètre peuvent mesurer jusqu’à 200 m de longueur !

Le saviez-vous? L’ivoire végétal vient d’un palmier (Phytelephas macrocarpa).

c) L’arbre du voyageur Avec sa silhouette en éventail, le Ravenala madagascariensis est très apprécié pour sa valeur ornementale. Chauves-souris et lémuriens assurent la pollinisation des fleurs de cette plante herbacée géante originaire de Madagascar. Son stipe peut être utilisé comme matériau de construction. Dans certains pays, ses longues feuilles font office de toitures, tandis que sa sève cristallisée fournit un sucre comestible. d) L’oiseau de paradis Les feuilles du Strelitzia nicolai ressemblent à celles d’un bananier. Son nom vient de la ressemblance de ses fleurs avec la tête d’un oiseau exotique. Tout comme son cousin à fleurs orangé et bleu bien connu des fleuristes (S. reginea), il est originaire d’Afrique du Sud.

Pour en savoir plus HEYWOOD, V. H. 1993, Flowering Plants of the World. Oxford University Press, 335 p.,

cote B-JBM : 200 H4.1 BRISSON, J. 1985, Les plantes carnivores, Bulletin de la SAJIB, 9 (1) : 26-39 Site Web du Jardin botanique :

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin_virtuel/serres/molson.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/plantes_carnivores/carnivores.htm

Site Web de la Société canadienne des amateurs de plantes insectivores : http://www.scapi-ccps.org/Francais/DescriptionDesPlantes.htm

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2.2 Forêts tropicales humides

Généralités

Objectifs • Connaître les principales caractéristiques du milieu naturel • Être en mesure d’expliquer les adaptations des plantes à leur milieu • Être en mesure d’expliquer ce qu’est une plante épiphyte • Connaître quelques représentants de la famille des Broméliacées • Être en mesure de résumer la photosynthèse • Être en mesure de reconnaître les parties d’une plante (tige, feuille, racine, fleur) Mots clés Plantes épiphytes, adaptations au milieu, chaleur et humidité, racines aériennes, stratification, diversité et luxuriance végétale

Les incontournables Arbres artificiels, Broméliacées et mousse espagnole (Tillandsia usneoides)

Présentation du milieu Les forêts tropicales humides sont parmi les plus anciennes de la planète. Elles se situent au niveau de l’équateur, d’où leur nom de « forêts équatoriales ». Elles forment une ceinture tout autour de la Terre qui s’étend entre le tropique du Cancer au nord et le tropique du Capricorne au sud. Ce ruban vert parcourt ainsi les continents américain, africain, asiatique et australien. Voici un résumé des principales caractéristiques écologiques de ce milieu :

Précipitations Précipitations abondantes et régulières (en moyenne 2000 mm d’eau par an; c’est deux fois plus qu’à Montréal) Brève saison sèche

Sol Pauvre

Ensoleillement Faible au niveau du sol car la frondaison des grands arbres empêche la lumière d’atteindre la strate inférieure Élevé au sommet des grands arbres

Humidité relative Élevée

Température Chaleur constante à l’année, 25 ºC (du fait de la position de la Terre par rapport au soleil) Absence de saisons marquées, donc feuillaison constante

Divers C’est dans la forêt tropicale humide que l’on retrouve le plus grand nombre de plantes au mètre carré La hauteur moyenne des arbres matures est de 30 à 50 mètres Grande variété de plantes épiphytes et de lianes, adaptées aux différentes conditions d’éclairement selon leur situation dans la strate Abondance et diversité des espèces animales et végétales — plusieurs espèces demeurent toujours non recensées, surtout au niveau de la canopée

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Aspect écologique Le sol des forêts tropicales humides est fondamentalement pauvre en éléments nutritifs et l’exploitation abusive des arbres contribue à en diminuer la fertilité. En effet, on voit apparaître des problèmes pour la régénération ultérieure des végétaux et pour le reboisement. Une autre conséquence de la déforestation est la mise à nu du sol. La végétation stabilise le sol grâce à son réseau de racines, l’empêchant ainsi d’être emporté par les pluies. Après l’abattage des forêts, plus rien ne s’oppose à l’érosion des sols par l’eau et le vent. Outre un déséquilibre au sein de l’écosystème, chaque année ce sont des centaines d’espèces animales et végétales potentiellement utiles à l’humanité qui disparaissent. Heureusement, l’attention accordée par les médias à des problèmes tels que la destruction de la forêt tropicale humide ou l’effet de serre a contribué à une prise de conscience du rôle primordial joué par le règne végétal dans le maintien de l’équilibre écologique de la planète. Note : Les grands poumons de la planète sont les océans avec leurs milliards de milliards d’algues vertes microscopiques (appelé phytoplancton). À elles seules, elles rejettent dans l’atmosphère environ 85 % de l’oxygène que nous respirons. Les forêts tropicales contribuent pour environ 10 %.

Présentation de la serre Cette serre vous offre un coup d’œil impossible à retrouver dans un milieu naturel puisque vous apercevez à la fois la canopée — le haut de la forêt — et le sol considérablement garni par rapport à la réalité. L’aménagement de cette serre vise à mettre en valeur la collection de plantes épiphytes.

Le message Cette serre nous transporte à environ 25 mètres au-dessus du sol, dans un milieu où règnent la chaleur et l’humidité; c’est le domaine des plantes épiphytes (Broméliacées, fougères et orchidées). En se fixant sur d’autres plantes, sans leur nuire, elles bénéficient d’un plus grand apport d’eau et de lumière. Cet écosystème présente une diversité végétale phénoménale.

Contenu de la serre Pour reproduire le milieu naturel, la température de la serre oscille entre 18 et 24 ºC et le taux d’humidité, entre 70 et 80 %. En simplifiant, on peut diviser les forêts tropicales humides en trois strates correspondant à trois groupes de plantes :

• La strate arborescente est constituée de grands arbres atteignant parfois jusqu’à 50 mètres de haut. Par comparaison, c’est la hauteur d’un immeuble de 10 à 15 étages. Le système radiculaire de ces arbres est peu développé tandis que les parties aériennes sont luxuriantes et s’étalent horizontalement pour former la canopée.

• La strate arbustive est principalement constituée de plantes grimpantes, de lianes et de plantes épiphytes.

• La strate herbacée, qui reçoit très peu de lumière, constitue le sous-bois. On y retrouve des fougères, des philodendrons (Aracées) et des Marantacées.

La serre présente essentiellement la strate herbacée et une portion de la strate arborescente, donc le sous-bois et une partie de la cime des arbres. Au fur et à mesure que l’on monte dans les strates, l’humidité et la concentration en gaz carbonique diminuent, tandis que la température, l’oxygène et l’ensoleillement augmentent.

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2.2.1 La strate arborescente La taille imposante des arbres des forêts tropicales explique leur absence dans cette serre. Nous avons simplement reproduit la strate supérieure de la canopée composée principalement de plantes épiphytes. Ces dernières se développent sur un autre végétal, sans être parasite. La plante hôte sert uniquement de support et lui permet de bénéficier d’un peu plus de lumière. Les principaux groupes de plantes épiphytes sont les Broméliacées, les orchidées et quelques fougères. Ces plantes ne peuvent puiser l’eau et les éléments minéraux nutritifs nécessaires à leur survie directement dans le sol. Elles ont donc développé des adaptations à leur milieu. a) Les Broméliacées L’ananas4 appartient à cette famille qui compte quelque 2500 espèces réparties à travers le monde. Les Broméliacées sont caractéristiques des forêts tropicales de l’Amérique du Sud. Elles sont majoritairement épiphytes. Les principaux genres de Broméliacées sont : Aechmea, Billbergia, Cryptanthus, Guzmania, Neoregelia, Nidularium, Tillandsia et Vriesea. Grâce aux minuscules écailles (appelées trichomes) qui recouvrent leurs feuilles généralement disposées en rosette, elles absorbent les éléments minéraux contenus dans l’eau de pluie et dans l’humidité de l’air. La présence de trichomes sur les feuilles est l’une des caractéristiques de la famille des Broméliacées. Les racines jouent ici un rôle de support.

L’habit fait le moine L’aspect du feuillage des Broméliacées peut être un bon indicateur des conditions de croissance dans leur milieu naturel. On retrouve habituellement les Broméliacées aux feuilles tendres, souples et dépourvues d’épines sur le bas des troncs et dans les premiers mètres à partir du sol. Elles bénéficient d’un éclairage tamisé et d’un taux d’humidité très élevé. C’est le cas du Vriesea spp. et du Guzmania spp. Celles dont les feuilles sont coriaces et bordées de piquants (ex. : Billbergia spp. et Neoregelia spp.) croissent principalement dans la cime des arbres. Les plantes présentant une coloration gris argenté se retrouvent surtout dans les endroits venteux, où l’air est plus sec et le soleil abondant (ex.: Aechmea spp. et Tillandsia spp.).

À propos de la mousse espagnole (Tillandsia usneoïdes) • Plante aérienne dépourvue de racines; • La coloration grise des feuilles et des tiges est due à la présence de nombreuses écailles

(trichomes) dont les rôles sont l’absorption (de l’eau et des éléments nutritifs) et la protection (contre l’évaporation excessive et les brûlures du soleil);

• Les oiseaux en prélèvent des segments pour la construction de leur nid et contribuent ainsi à sa dissémination;

• Dans certaines régions d’Amérique du Sud, elle est si abondante qu’elle est récoltée et utilisée comme matériel d’emballage.

Les Broméliacées jouent un rôle essentiel dans l’écosystème. Elles agissent comme des « capteurs » en retenant l’eau en leur centre. Ainsi, les insectes et autres petits animaux (grenouilles, salamandres, limaces, etc.) peuvent s’y abreuver. Certaines constituent de véritables piscines servant à la reproduction d’insectes et autres. Par exemple, une petite grenouille appelée dendrobate, pond ses œufs spécifiquement dans les Vriesea spp.

4 Les Broméliacées terrestres (ex.: Dyckia sp. et Ananas sp.) absorbent l’eau et les éléments minéraux à la fois par leurs racines leurs feuilles.

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2.2.2 La strate herbacée L’abondance de la végétation dans les strates supérieures ne laisse filtrer qu’une très faible quantité de lumière jusqu’au sol. Ainsi, les plantes de sous-bois possèdent généralement des feuilles larges leur permettant de capter un maximum d’énergie lumineuse. Ce groupe végétal est fréquemment composé de fougères, d’Aracées et de Marantacées.

Les Marantacées Cette famille de plantes herbacées est principalement issue des forêts tropicales d’Amérique, bien que l’on en retrouve en Afrique et en Asie. La beauté et les coloris de leur feuillage en font des plantes ornementales fort appréciées. On trouve dans la serre plusieurs représentants de cette famille, notamment les genres Calathea et Maranta. Le Maranta est aussi connu sous le nom de plante prieuse à cause de la position des feuilles qui rappelle les mains d’une personne en prière. Des biscuits pour bébés sont fabriqués à partir de la fécule extraite des rhizomes du Maranta arundinaria. En effet, l’« arrow-root » est un amidon qui a la propriété d’être facilement digestible. On croit que le nom commun « arrow-root » vient du fait que l’amidon servait d’antidote au poison dont étaient enduites les flèches des Amérindiens.

Pour en savoir plus Textes des panneaux d’interprétation de la serre BAENSCH, U. et U. BAENSCH. 1994, Blooming Bromeliads, German Edition, 269 p.,

cote B-JBM : 500 BRO B32.1 CAPON, B. 1994, Plant Survival, Timber Press. 132 p., Cote B-JBM : 221 C3.1 FORGET, S. et D. BARABÉ. 1987, Les Broméliacées du Jardin botanique de Montréal,

Quatre-Temps 11(3) : 2-13 http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/bromeliacees/bromeliacees.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin_virtuel/serres/tropicale_humide.htm http://www.bsi.org/brom_info/what.html

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2.3 Plantes tropicales alimentaires

Généralités

Objectifs • Présenter la thématique de cette serre, de même que quelques plantes qui s’y trouvent • Présenter la diversité des plantes cultivées à des fins alimentaires • Proposer une réflexion sur l’importance du développement durable Mots clés Diversité, plantes tropicales alimentaires, épices, développement durable, commerce équitable, parties consommées (racine, tige, feuilles, écorce, fleur, fruit et graine)

Les incontournables Bananier et biodiversité, épices et autres (cacaoyer, sapotillier, agrumes, cocotier, caféier, canne à sucre, papayer, figuier, dattier, etc.)

Présentation de la serre Nous poursuivons notre voyage sous les Tropiques, mais cette fois, les vedettes sont des plantes qui nous sont familières parce qu’elles se retrouvent… dans nos assiettes ! La serre est aménagée autour de quatre zones thématiques : 1- Leçon de botanique; 2- Bien plus que des aliments; 3- Cap sur la route des épices; et 4- Les visages de l’agriculture.

Le message Il faut souligner l’importance de préserver la diversité des plantes tropicales alimentaires dans le monde végétal et dans nos sociétés. Le bananier est un bel exemple pour l’illustrer.

La biodiversité est la mémoire et l’avenir de la vie. Patrick Blandin, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, 2008

Diversity is indeed the essence of life. Sir Otto Frankel (1900-1998), Geneticist, 1970

Contenu de la serre Cette serre, entièrement réaménagée en 2008, présente environ 80 espèces de plantes. Les textes des panneaux d’interprétation vous fourniront l’essentiel à savoir. Vous recevrez également l’inventaire de la serre ainsi que la localisation des végétaux. La revue Quatre-Temps intitulée Les tropiques à Montréal et publiée en décembre 2008 (Vol. 32 no4) regorge d’informations complémentaires.

2.3.1 Légendes photographiques Pour votre information, voici les légendes des photos présentées dans la serre :

• À droite en entrant : Marché de fruits à Desguaderos au Pérou (Xavier Janssoone)

• À gauche, sous la passerelle : Marché couvert en Guinée (J.-F. Rollinger/ANA)

• À droite, après la table d’interprétation : Marché flottant à Bangkok, Thaïlande (K. Shephard/iStockphoto)

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Les trois grandes toiles murales : • À gauche : Femme cueillant des feuilles de thé au Bengladesh

(G. Hellier/Getty Images) • Au centre : Vue générale d’une rizière en Chine (2007 ChinaFotoPress/Getty

Images) • À droite : Femme et pirogue au Vietnam (R. Etcheverry)

Pour en savoir plus Quatre-Temps, Les tropiques à Montréal, Vol. 32 (4), décembre 2008 Voir les textes des panneaux de la serre et l’inventaire BONNASSIEUX, M.-P. 1998, Tous les fruits comestibles du monde, Éditions Bordas, 208 p.

Cote B-JBM : 310 B62.1 FORTIN, D. 1982, La serre des plantes économiques tropicales, Quatre-Temps 6 (3-4) : 109-

114 FORTIN, J. 1996, Encyclopédie visuelle des aliments, Éditions Québec/Amérique, 688 p.

Cote B-JBM : 310 F6.1 LEWINGTON, A. 1990, Plants for People, Oxford University Press, 232 p. Cote B-JBM :

300 L42.1 Site Web du Jardin :

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin_virtuel/serres/tropicale_alimentaire.htm

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2.4 Orchidées et Aracées

Généralités

Objectifs • Être en mesure d’expliquer les adaptations des plantes pour répondre à leurs besoins en matière

d’eau, de lumière et d’éléments nutritifs • Être en mesure d’expliquer la notion de pollinisation • Être en mesure de présenter quelques adaptations favorisant leur reproduction • Connaître les noms des parties de la fleur (orchidées et Aracées) Mots clés Aracées : inflorescence, spathe, spadice, bractée, adaptation au milieu, racines aériennes Orchidées : labelle, colonne, pseudobulbe, velamen, diversité des genres et des espèces, beauté, stratégies d’adaptation à la pollinisation et importance de la collection

Les incontournables Philodendron, dieffenbachia, Anthurium saliviniae, fleurs d’orchidées et d’Aracées, décor

Présentation de la serre Le décor de cette serre rappelle les ruines d’une ancienne forteresse sud-américaine se laissant lentement envahir par la végétation. De magnifiques spécimens d’Aracées s’agrippent aux pierres vieilles de plus de trois cents ans provenant d’anciens pavés du Vieux-Montréal. La collection des orchidées est l’une des plus importantes au JBM, tant par sa taille que par l’intérêt qu’elle suscite. Elle compte près de 4000 spécimens (1366 espèces et 611 hybrides), représentant seulement 276 des 750 genres connus. Malgré son importance, cette collection ne représente que 4,5 % des espèces connues5. Selon les espèces, la floraison s’étend sur quelques jours, quelques semaines ou même quelques mois. Dans cette serre, on maintient une température de 21 ºC et un taux d’humidité d’environ 60 %.

Le message Les extravagantes orchidées séduisent par leurs formes, leurs coloris et leurs parfums. Elles sont parmi les plus belles fleurs au monde. On note, parmi les adaptations, la présence de pseudobulbes chez un groupe d’orchidées. Ceux-ci permettent à la plante d’affronter des périodes de sécheresse en emmagasinant de l’eau. Les racines aériennes sont munies d’un voile de cellules spongieuses appelé vélamen. Ces couches de cellules arrivent à se gorger d’humidité, ce qui peut être utile lorsque les conditions changent. En contact avec l’écorce des arbres, ces cellules deviennent adhérentes et permettent à l’orchidée de demeurée bien fixée sur son hôte. L’inflorescence des Aracées est pour sa part plus discrète. Remarquez les racines aériennes et le feuillage imposant de certains philodendrons.

5 Présentement dans le monde, on a répertorié quelques 30 000 espèces d’orchidées.

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Contenu de la serre

2.4.1 Les orchidées Référez-vous aux textes des panneaux d’interprétation qui expliquent bien les points importants à retenir dans cette serre. Voyez également les lectures suggérées. Attention ! Ces fleurs sont fragiles et on doit éviter d’y toucher. Un terrarium situé à la sortie de la serre des fougères présente des spécimens d’orchidées de petite dimension.

Le saviez-vous? Le cattleya est la fleur emblème du Costa-Rica et du Brésil. Le fruit d’une orchidée (le vanillier) est utilisé dans la cuisine et dans la parfumerie.

2.4.2 Les Aracées Référez-vous aux textes des panneaux d’interprétation qui expliquent bien les points importants à retenir dans cette serre. Voyez également les lectures suggérées. Les Aracées abondent principalement sous les Tropiques, au niveau des sous-bois, près des marais et des rivages. Plusieurs plantes de cette famille s’accommodent de peu de lumière. Cette particularité jumelée à leur joli feuillage en font d’excellentes plantes d’intérieur. L’anthurium et le dieffenbachia appartiennent à cette grande famille. L’inflorescence (ensemble de plusieurs fleurs portées par un rameau) est composée d’une feuille modifiée appelée la spathe, d’où émerge une partie charnue en forme de doigt, le spadice. L’inflorescence dégage généralement une odeur nauséabonde qui attire les insectes pollinisateurs. a) Les philodendrons Le terme philodendron vient du grec philos qui veut dire « ami » et dendron qui signifie « arbre ». Ces plantes portent bien leur nom car de nombreuses espèces possèdent des racines aériennes leur permettant de s’ancrer sur les troncs d’arbres et au sol. Ce sont des plantes d’intérieur très appréciées qui peuvent prendre des proportions gigantesques. Dans le sous-bois tropical, la pluie et la lumière ont du mal à franchir la frondaison des arbres matures. Les philodendrons ont su s’adapter en se hissant jusqu’au sommet des arbres pour trouver leur place au soleil! C’est d’ailleurs lorsqu’ils atteignent un endroit bien éclairé que leurs fleurs apparaissent. b) Les dieffenbachias Leurs larges feuilles tachetées ne sont pas à mettre entre toutes les mains, ou plutôt sur toutes les langues… En effet, si ces plantes sont reconnues pour la beauté de leur feuillage, elles le sont aussi pour le suc amer et toxique contenu dans leurs feuilles et leurs tiges. Cette substance, l’oxalate de calcium, provoque une paralysie réversible des cordes vocales, rendant ainsi le dégustateur téméraire temporairement aphone. En anglais on les désigne sous le nom « dumb cane » ce qui se traduit par « canne muette ». La présence d’un élément toxique dans des feuilles aussi appétissantes pourrait constituer une adaptation contre les herbivores.

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c) L’Anthurium salviniae Il s’agit de la plus grosse plante épiphyte de nos collections. Elle est toutefois cultivée en plein sol, compte tenu de la dimension de ses feuilles.

Pour en savoir plus Textes des panneaux d’interprétation de la serre BARABÉ, D. 1993, Une famille de plantes peu connue, les Aracées, Quatre-Temps, 17(3) :

53-55 Quatre-Temps 24(4) : Les orchidées, 2000 Quatre-Temps 17(1) : Les orchidées, 1993 WILLIAMS, B. et J. KRAMER, 1983. Les orchidées, Solar, 208 p., cote B-JBM :

500 ORC W5.1 Site Web du Jardin :

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/orchidees/orchidees.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/aracees/aracees.htm

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2.5 Fougères

Généralités

Objectifs • Comprendre et être en mesure d’expliquer le cycle de vie des fougères • Présenter les adaptations à leur milieu • Présenter quelques utilisations des fougères Mots clés Fougères tropicales, absence de fleurs et de graines, alternance de générations, spores, sores, prothalle, humidité et ombre, fronde, reproduction liée à l’eau

Les incontournables Eau, fossiles, fougère nid-d’oiseau (Asplenium nidus), bois-de-cerf (Platycerium spp.), fougères arborescentes (Cibotium spp., Dicksonia spp. et Cyathea spp.) et sélaginelle de Willdenow

Présentation de la serre Cette serre met en vedette une importante collection de fougères et de sélaginelles, toutes d’origine tropicales ou sub-tropicales. La présence de cascades nous rappelle l’importance de l’eau pour la croissance et la reproduction de ces plantes. Les magnifiques fougères arborescentes côtoient les fougères épiphytes qui sont nombreuses sous les tropiques. Sous la cascade, un terrarium présente également de superbes spécimens. Vous pouvez proposer aux visiteurs d’observer attentivement les rochers (artificiels) à la recherche de fossiles…

Le message Entrer dans cette serre, c’est voyager dans le temps. Nous retournons quelques millions d’années en arrière. En effet, nous passons d’une serre où la reproduction est liée à la présence des insectes, à celle des fougères, où le mode de reproduction est primitif et dépendant de l’eau. Les fougères ont traversé les temps; elles côtoyaient les dinosaures, et ce, bien avant que les premières plantes à fleurs ne montrent le bout de leurs étamines. Elles sont apparues il y a 410 millions d’années et ont malgré tout peu évolué. Elles étaient particulièrement abondantes pendant le Carbonifère, période marquée par la formation du charbon, il y a plus de 290 millions d’années. Il régnait alors, sur la planète, un climat essentiellement tropical. Elles sont restées fidèles à leur mode de reproduction très primitif. Vous ne trouverez ni fleurs, ni fruits, ni graines chez-elles. Elles se reproduisent grâce à leurs spores (nom féminin). Leurs qualités esthétiques ne sont pas étrangères à leur succès comme plante d’intérieur.

Contenu de la serre

2.5.1 Les fougères Qu’elles soient herbacées ou arborescentes, les fougères se trouvent sur tous les continents et dans des habitats très diversifiés. Dans les forêts topicales, les fougères épiphytes6 dominent largement. Outre les fougères terrestres, certaines se sont adaptées à la vie dans les crevasses de rochers (fougères rupestres) et même à la vie dans l’eau (fougères aquatiques). Même si

6 À cause des contraintes de la serre, certaines épiphytes sont cultivées comme des terrestres.

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la serre n’est pas aménagée comme une forêt tropicale, on y retrouve tous les types d’habitats des fougères. Par exemple, les fougères en panier suspendus ainsi que la majorité de celles qui sont dans les cuvettes, sont épiphytes. Le terme fronde est utilisé pour désigner les feuilles des fougères. Observez les différents niveaux de découpage des frondes. L’absence de fleurs attrayantes n’a pas empêché les fougères de conquérir notre planète. Il en existe présentement près de 12 000 espèces. Contrairement aux plantes à fleurs où toutes les phases, de la floraison au développement du fruit, se déroulent sur un même individu, le cycle des fougères se complète sur deux organismes indépendants : le sporophyte et le gamétophyte. La reproduction Pour la reproduction, référez-vous aux panneaux d’interprétation et à la revue Quatre-Temps (34)2, 2010, p. 21-24. a) Phase asexuée Sur les fougères — les sporophytes — on note la présence de masses brunâtres, plus ou moins apparentes, appelées sores. Leur emplacement, de même que leur forme, varient selon les genres et les espèces. Les sores renferment des petits sacs (les sporanges). Lorsque les sporanges sont matures, ils éclatent (à la manière du maïs soufflé) et expulsent une fine poussière brune : les spores. Dans des conditions d’humidité et de luminosité satisfaisantes, une spore met de un à dix jours pour germer. Après quelques mois, elle forme un prothalle (le gamétophyte). Ce dernier ne mesure que quelques millimètres et ressemble à une fine lame verte en forme de coeur. Il se fixe au sol par des rhizoïdes (fausses racines).

Le saviez-vous? La période de viabilité des spores peut être très longue. En 1989, des chercheurs de l’Université Cambridge ont réussi à faire germer une spore provenant d’un spécimen d’herbier récolté 50 ans auparavant.

b) Phase sexuée Quelques mois après la fixation du prothalle dans le sol, les organes sexuels apparaissent. Les organes sexuels mâles se nomment anthéridies et produisent des gamètes mâles : les anthérozoïdes. Ces derniers doivent nager jusqu’aux organes sexuels femelles (les archégones) pour féconder les ovules végétaux appelées oosphères. La rencontre entre les gamètes mâles et femelles peut avoir lieu sur le même prothalle ou sur différents prothalles. À la suite à la fécondation, un jeune plant apparaît : c’est le sporophyte. Ce dernier se développera pendant plusieurs mois sur le prothalle, jusqu’à l’apparition d’une vraie racine. Au fur et à mesure que la nouvelle plante se développe, le prothalle se dessèche. Le sporophyte mettra souvent quelques années avant de produire des spores. c) Quelques spécimens à voir

Bois-de-cerf (Platycerium spp., Polypodiacées) Cette fougère épiphyte est principalement originaire d’Afrique et d’Australie. On la reconnaît par la forme de ses frondes. Outre leur ressemblance avec les bois du cerf, les frondes du Platycerium présentent une autre particularité : celles d’être stériles ou fertiles. Les frondes fertiles, vertes, portent des sporanges qui sont regroupés en de grandes

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masses brunes sur leur face inférieure. Plus petites, vertes ou brunes, les frondes stériles agissent comme un support, permettant ainsi à la plante de se fixer sur son hôte. En plus de retenir l’humidité, elles accumulent les débris organiques qui lui fournissent des éléments nutritifs. Cette différence fonctionnelle entre les deux types de frondes est appelée dimorphisme. Fougère nid-d’oiseau (Asplenium nidus, Aspléniacées) Elle doit son nom au fait que ses frondes se développent à partir d’une souche formant un entonnoir. Elle se distingue par son feuillage vert tendre, brillant, lisse et uniforme. Sous ses frondes, les sporanges ont l’aspect de fines lignes rappelant un peigne. Fougères arborescentes Elles abondaient à l’ère du Carbonifère. Durant cette période, la chaleur et l’humidité favorisaient le développement de luxuriantes forêts de fougères sur une grande surface du globe. De nos jours, le climat global est moins chaud et les fougères arborescentes (c’est à dire, qui ont preque la forme, le caractère d’un arbre) se limitent exclusivement au niveau des tropiques. Les spécimens présents dans la serre, bien que déjà impressionnants, sont petits par rapport à certaines espèces qui peuvent atteindre une quinzaine de mètres de hauteur dans leur habitat naturel. Les fougères arborescentes sont des espèces protégées et risquent de devenir une rareté mondiale si la déforestation s’accroît dans les forêts tropicales.

2.5.2 Autres alliées Psilotum (Psilotum nudum, Psilotacées) Cette espèce rare est presque exclusive aux régions tropicales. Elle nous donne une bonne idée du portrait des premiers végétaux qui ont colonisé la Terre. Cette plante vasculaire est dépourvue de racines et de feuilles. Les sporanges se développent sur les tiges photosynthétiques et ont l’aspect de petites boules composées de trois lobes. Sélaginelle de Willdenow (Selaginella willdenowii, Sélaginellacées) Il s’agit d’une plante originaire des forêts humides de l’Asie tropicale, au feuillage bleu iridescent remarquable. Elle est naturalisée en Floride. Elle est cultivée au JBM depuis 2008.

2.5.3 Art Le couple d’aigrettes en acier est l’œuvre de l’artiste forgeron Patrice Génier, de Joliette. (www.pgforgeron.com)

Le saviez-vous? Les Grecs de l’ancienne province d’Ionie s’inspiraient de la forme de crosse des jeunes fougères pour décorer certains bâtiments. Ces spirales, souvent rencontrées dans la nature, apportent élégance et mouvement. Pour les Anciens, la fougère était une plante céleste; c’est pourquoi ils la reproduisaient dans la pierre de certains édifices religieux. Les têtes de violons sont les jeunes frondes enroulées de la fougère à l’autruche (Matteucia struthiopteris). Cette dernière est indigène du Québec. Attention! C’est la seule fougère comestible; une erreur d’identification peut provoquer une sérieuse intoxication.

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Pour en savoir plus Quatre-Temps 34(2) : Frondeuses fougères, 2010. Quatre-Temps 18(2) : Les fougères, toutes les formes, tous les verts, 1994. http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/fougeres/fougeres.htm

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2.6 Bégonias et Gesnériacées

Généralités

Objectifs • Reconnaître et présenter les principales caractéristiques des deux familles vedettes • Présenter quelques exemples d’adaptations de ces plantes à leur milieu • Comprendre et pouvoir expliquer la différence entre une espèce et un cultivar • Souligner l’importance de la collection de bégonias du JBM au niveau mondial • Rappeler la fragilité de certains écosystèmes Mots clés Bégonias : collection unique en Amérique, feuilles asymétriques d’aspects variés, ports variés, plantes monoïques, travaux de recherche, nombreux cultivars issus de croisements Gesnériacées : plantes de sous-bois, beauté, feuilles et fleurs colorées, hybridation, colibris

Les incontournables Bégonias : Bégonias à feuilles tachetées Bégonias parfumés (Begonia odorata) Bégonias Rex-culturum Gesnériacées : Saintpaulia spp. (violette africaine) Streptocarpus spp. Aeschynanthus spp. Nematanthus spp. Chirita spp.

Autres : Médinilla Clusier rose Chêne liège

Présentation de la serre Les deux familles en vedette ici sont tropicales et appréciées pour leur valeur ornementale. Elles ont besoin d’humidité et d’une bonne luminosité. Leurs feuilles tendres doivent toutefois être préservées des rayons directs du soleil. Chez les bégonias, vous observerez une grande diversité au niveau de la forme des feuilles, de leur texture et de leurs couleurs. Vous retrouverez également dans cette serre, un certain nombre de végétaux appartenant à d’autres familles. Ils sont principalement utilisés pour créer des contrastes et mettre en valeur les plantes de collection.

Le message Les bégonias : La famille des Bégoniacées compte deux genres : Hillebrandia7 et, le plus connu, Begonia. Ce dernier comprend à lui seul la presque totalité des espèces de la famille, soit environ 1500. Les bégonias présentent une grande diversité de ports, de formes, de textures et de couleurs, tant au niveau du feuillage que des fleurs. Une particularité de ce groupe : la majorité des bégonias ont des feuilles asymétriques. La collection du JBM est la plus importante en Amérique. Les Gesnériacées : Parmi les représentants les plus connus de cette famille se trouvent le saintpaulia, le gloxinia et le streptocarpus. Les membres de cette famille ont des ports variés allant d’arbustif à retombant. Certains sont mêmes épiphytes. Cette diversité de formes et de

7 Dans la collection de Bégoniacées du JBM, se trouve un Hillebrandia sandwicensis. Il est rarement présenté dans la serre d’exposition. Il croît naturellement dans les ravins de la forêt tropicale de certaines îles de l’archipel d’Hawaï. Ce qui le distingue du genre Begonia, c’est essentiellement la position de l’ovaire chez la fleur femelle.

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modes de croissance ajoutée à la floraison éclatante et à l’aspect velouté de leurs feuilles en font des plantes très ornementales.

Contenu de la serre

2.6.1 Les bégonias Les bégonias sont originaires des régions tropicales et subtropicales de tous les continents, sauf du continent australien où aucune espèce sauvage n’a été trouvée à ce jour. Ces plantes herbacées peuvent avoir des dimensions variables. Par exemple, le Begonia valida qui se trouve dans la serre, atteint environ deux mètres de haut. On note une grande variabilité au niveau de l’aspect (texture, dimension et couleur) du feuillage des bégonias. Toutefois, chez la majorité d’entre eux, les feuilles sont asymétriques. En mars et avril, les floraisons abondent. Les fleurs sont unisexuées et, dans la majorité des cas, portées sur un même plant (plante monoïque). On reconnaît les fleurs femelles par leur ovaire ailé qui forme un renflement sous les pétales. Alors que les fleurs femelles peuvent durer quelques semaines, les fleurs mâles sont en général de courte durée (deux à trois jours seulement). À lire : la rubrique du site Web du JBM intitulée La pollinisation : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/begonia/botanique.htm a) Utilisations des bégonias

Horticulture De nombreux cultivars de bégonias (près de 15 000) ont été créés et commercialisés au fil des ans afin de répondre à l’intérêt grandissant pour ces plantes. Certains sont cultivés pour leurs fleurs, d’autres, pour leur feuillage coloré et texturé.

Alimentation et médecine Les populations locales d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique utilisent les bégonias comme plantes alimentaires et médicinales. Leur saveur acidulée rappelle l’épinard, la rhubarbe ou l’oseille. À cause de la présence d’oxalate de calcium, il vaut mieux cuire les bégonias avant de les consommer. Les feuilles de certaines espèces sont cuites et utilisées comme légumes. À ce sujet, consultez la page : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/begonia/utilis.htm Les feuilles de B. picta peuvent être consommées cuites ou crues. Leur goût est acidulé. Les pétioles sont utilisés pour confectionner des pickles (condiments confits dans du vinaigre aromatisé). Certaines fleurs sont confites et mangées telles quelles. Source : http://www.begonia.rochefort.fr/default.htm

b) Importance de la collection La collection de bégonias du JBM est la plus importante en Amérique. Elle est devenue une collection de référence car de nombreux spécimens ont été récoltés dans la nature et identifiés par des spécialistes dont M. Edgar Irmscher. Elle compte présentement 200 espèces et 100 cultivars pour un total de 300 taxons. Le nombre élevé d’espèces naturelles et les travaux de recherche portant sur la structure et l’évolution de la fleur et de la feuille ont contribué à sa renommée.

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c) Quelques plantes à voir dans la serre : • Bégonia feuillu (Begonia foliosa) : feuillage délicatement découpé

rappellant celui d’une fougère • Bégonia à feuilles roses (Begonia brevirimosa) • Bégonia à feuilles rondes (Begonia rotundifolia) • Begonia valida atteignant 2 m de haut • Bégonia croix-de-fer (Begonia masoniana) : feuilles vertes et velues,

présentant une surface ondulée et marbrée de traits acajou formant une croix

• Begonias à fleurs parfumées • Plusieurs bégonias à feuilles tachetées • Les bégonias hybrides du groupe Rex-cultorum sont le fruit de nombreuses

années de croisements entre Begonia rex et d'autres espèces. Ces hybrides sont souvent simplement regroupés sous le nom de bégonia Rex (N.B. ne pas confondre avec l'espèce Begonia rex). Ces hybrides sont appréciés pour leurs feuillages colorés très décoratifs.

Le saviez-vous? Les premiers bégonias sont arrivés au JBM en 1937. Grâce aux efforts de M. Teuscher, la collection a acquis une réputation internationale. Le nom Begonia fut donné par Charles Plumier (1646-1704), au XVIIe siècle, en l’honneur de Michel Bégon, alors gouverneur de Saint-Domingue.

2.6.2 Les Gesnériacées Cette famille, originaire des régions tropicales et sub-tropicales, fut nommée par Linné en hommage à Konrad Gesner (1516-1565), un naturaliste suisse. Elle comporte 146 genres et 2400 espèces et de nombreux cultivars. La collection du JBM compte 27 genres, 141 espèces et 24 cultivars. Les Gesnériacées sont en général bien adaptées à l’alternance de saisons sèches et humides (feuilles succulentes, organes de réserve, etc.). En milieu naturel, elles croissent dans les sols forestiers, dans les crevasses de rochers ou en épiphytes sur les branches d’arbres. Cette famille est remarquable par la diversité des formes, des dimensions, des fleurs et des couleurs. À partir de semences de la taille du point à la fin de cette phrase, naîtront des plantes dont les dimensions atteindront de 3 cm de haut à maturité (Sinningia pusilla) jusqu’à 15 m (Coronanthera grandis). D’autres Gesnériacées, comme le Streptocarpus wendlandii ne développera qu’une seule feuille au cours de sa vie. La beauté du feuillage et des fleurs contribue à leur popularité comme plante d’intérieur. Leur floraison colorée peut durer plusieurs mois. Les fleurs bisexuées (les deux sexes sur la même fleur) portent des étamines dont les anthères (partie terminale contenant le pollen) sont soudées deux à deux. Les pétales peuvent être soudés à la base, ce qui donne une corolle tubulaire. Les étamines sont unies aux pétales. Pour éviter l’autofécondation, les anthères arrivent à maturité avant le stigmate. Les fleurs de Gesnériacées sont considérées comme évoluées, car leur forme et leur couleur constituent une adaptation très poussée aux agents pollinisateurs. Dans cette famille, la pollinisation se fait par les insectes, les oiseaux ou les chauves-souris. À chaque agent pollinisateur correspond un type de fleur.

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Pour en apprendre davantage sur l’appareil reproducteur des Gesnériacées, consultez le site du JBM : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/gesneriacees/repro.htm#repro La multiplication végétative des Gesnériacées s’effectue principalement à partir de boutures de feuilles ou de tiges. Les espèces peuvent aussi être multipliées par semences (reproduction sexuée).

Saintpaulia spp. ou violette africaine Saintpaulia est le nom donné par le découvreur de ce genre, le baron Walter von Saint Paul-Illaire (1860-1910). Pourquoi l’avoir appelée violette africaine ? C’est à cause de son origine africaine et de la ressemblance de ses fleurs avec les véritables violettes (Viola spp.). Les étamines jaunes contrastent avec la couleur rose, bleue ou violette des pétales. Le JBM conserve essentiellement des espèces naturelles. Streptocarpus spp. et cvs Généralement, ses feuilles sont disposées en rosette et ses fleurs tubulaires sont de couleur rose, mauve ou bleu pastel. Quelques espèces annuelles ne produisent qu’une ou deux feuilles. C’est le cas de Streptocarpus rimicola et S. grandis. Durant l’été, l’inflorescence apparaît sur la nervure médiane de la feuille. Aeschynanthus spp. Toutes les espèces sont retombantes et portent des feuilles charnues. Les fleurs, formées d’une corolle tubulaire flamboyante, attirent les colibris. Leur bec est suffisamment long pour atteindre le nectar au fond de la fleur. La corolle laisse paraître les étamines et le style du pistil. Nematanthus spp. ou poisson rouge (Voir : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jeunes/courrier/nematanthus.htm) Chiritas spp. Par leurs feuilles disposées en rosettes, ces plantes rappellent les violettes africaines. Admirez les couleurs « métalliques » et les motifs apparaissant sur le feuillage.

Le saviez-vous? Le Sinningia pusilla peut être cultivé dans un dé à coudre pendant plusieurs année tellement il est petit. Ses fleurs mesurent à peine 5 mm. Cette plante est conservée dans la serre de collection.

Lectures suggérées : Quatre-Temps 30(4) : Les Gesnériacées : bien plus que des violettes africaines, 2006. http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/gesneriacees/gesneriacees.htm http://www.gesneriads.ca/aboutges.htm

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2.6.3 Autres plantes intéressantes

Médinilla (Medinilla cumingii, Mélastomatacées) Plante intéressante pour sa floraison automnale rose, suivie d’une fructification violette. Clusier rose (Clusia rosea, Clusiacées) Origine : Amérique tropicale Utilisation : Principalement cultivé comme arbre ornemental pour la beauté de ses

feuilles, sa floraison estivale rose et blanche et sa résistance à la pollution, au sel et à la sécheresse

Anecdote : À maturité, les fruits s’ouvrent, exposant des graines rouge écarlate entourées d’une résine noire. Cette dernière était jadis utilisée pour calfeutrer (étanchéifier) les joints des bateaux (d’où le nom anglais Pitch apple). Dans son habitat naturel, le clusier se comporte initialement comme une plante épiphyte. Il germe et pousse sur un arbre qui lui sert de support. Puis, la jeune plantule développe des racines aériennes qui descendent jusqu’au sol. Le clusier est donc un hémiépiphyte.

Chêne liège (Quercus suber, Fagacées) Origine : Europe et Afrique du Nord Utilisation : Son bois dense est utilisé en menuiserie et comme combustible. Il est

principalement exploité pour le liège, qui en plus de résister à l’eau est un excellent isolant thermique et acoustique. On en fait des bouchons, panneaux isolants, planchers, flotteurs pour les filets de pêche, semelles de chaussures, tableaux d’affichage, etc.

Commentaire : Quand l’arbre atteint 30 cm de circonférence, l’écorce originale, crevassée et inutilisable, est retirée (opération démasclage). Il faut attendre de 7 à 10 ans avant que le nouveau liège formé n’atteigne l’épaisseur désirée pour la récolte, soit de 2 à 3 centimètres d’épaisseur. Un arbre produira une dizaine de récoltes durant sa vie.

Pour en savoir plus BARABÉ, D. 1982, Les Bégonias, Quatre-Temps 6 (3-4) : 96-101 JOHNSON, P. 1982, Les Gesnériacées, Quatre-Temps 6 (3-4) : 102-104 THOMPSON, M.L. et E. THOMPSON. 1981, The Complete Reference Guide. Times Books,

356 p. Cote B-JBM : 500 BEG T48.1 http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/begonia/begonia.htm

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2.7 Régions arides

Généralités

Objectifs • Connaître les caractéristiques des milieux arides • Faire découvrir aux visiteurs les adaptations des plantes des milieux arides • Faire ressortir la diversité des familles botaniques • Être en mesure de distinguer les cactus, les euphorbes, les aloès et les agaves • Être en mesure de présenter quelques utilisations des plantes succulentes • Connaître leurs modes de reproduction Mots clés Adaptations au milieu, plantes succulentes, convergence évolutive, diversité des familles botaniques, utilisations et importance de la collection

Les incontournables Euphorbes, cactus, aloès et agaves

Présentation du milieu Les régions arides se situent principalement au niveau subtropical, c’est-à-dire de part et d’autre de la bande verte formée par les forêts tropicales. Elles couvrent environ 1/7 de la surface de la Terre. Les déserts prennent des aspects extrêmement diversifés. Il existe des déserts froids et des déserts chauds. Or, la majorité des déserts, à l’exception des plus arides, présentent une flore adaptée à la rareté de l’eau et à la chaleur du jour. Voici un résumé des principales caractéristiques des déserts chauds :

Précipitations Faible pluviosité annuelle – environ 250 mm d’eau/an ou moins – souvent limitée à une saison des pluies (En comparaison, Montréal en reçoit quatre fois plus – environ 1036 mm d’eau/an)

Sol Pauvre en humus, ne retenant pas l’eau et devenant très chaud (80 ºC) Ensoleillement Élevé, peu d’ombre parce que peu de plantes Vent Peu de protection contre le vent desséchant Humidité relative Faible Température Écarts importants selon les saisons ou entre le jour (environ 40 ºC) et

la nuit (environ 0 ºC)

Présentation de la serre Que remarquez-vous en entrant dans cette serre? Que ressentez-vous? L’air est sec, la luminosité est grande et les plantes sont plus espacées que dans les serres vues précédemment. L’été, la chaleur règne tandis que l’hiver, la fraîcheur nous surprend. Cette serre présente les plantes succulentes typiques des régions arides et semi-arides arides des continents africain et américain. La paroi rocheuse située au centre de la serre sépare les deux continents. Notez qu’une serre est un milieu protégé et contrôlé par l’humain; même si les végétaux sont plus espacés que dans les serres précédentes, leur densité demeure plus élevée ici qu’en milieu naturel.

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Le message Les stratégies déployées par les plantes pour survivre dans les milieux arides sont ingénieuses et étonnantes. Soumises à des conditions écologiques et climatiques similaires, des plantes de familles botaniques différentes ont développé les mêmes adaptations pour survivre. C’est un exemple de convergence évolutive. L’adaptation la plus remarquable des végétaux de milieux secs pour conserver l’eau est la succulence. Les plantes de cette serre sont toutes des espèces naturelles et la majorité sont protégées, rares ou menacées. La collection compte 1500 taxons appartenant à 270 genres.

Contenu de la serre L’univers des plantes succulentes est à la fois étrange, par sa diversité de formes et de couleurs, et fascinant, par ses modes de vie et ses adaptations aux conditions extrêmes.

2.7.1 Adaptations Voici les principales adaptations développées par les plantes des milieux arides : a) Succulence La succulence (du latin succus qui signifie jus) caractérise les plantes capables d’emmagasiner plusieurs fois leur poids en eau. La « réserve » peut être au niveau des tiges, des feuilles ou des racines, selon le groupe de plantes. Cette eau est accumulée lors des rares pluies, précieusement gardée dans des cellules spéciales et utilisée « au compte-gouttes » pendant les périodes de sécheresse. Tous les cactus sont des plantes succulentes, mais les plantes succulentes ne sont pas toutes des cactus. b) Photosynthèse Règle générale, chez les plantes, la photosynthèse se déroule au niveau des feuilles. Or dans le cas où les feuilles sont réduites ou absentes, la tige est photosynthétique. Pour économiser l’eau, les stomates s’ouvrent la nuit. Cela a un effet sur le déroulement de la photosynthèse. Ainsi, les plantes succulentes ont un métabolisme adapté aux conditions extrêmes. Il s’agit d’une photosynthèse de type CAM, pour « Crassulacean Acid Metabolism » (métabolisme acide des Crassulacées). c) Poils La présence de feutre formé par les poils de couleur claire, réfléchit la lumière, crée une zone de résistance à l’évaporation de l’eau, abaisse la température interne et protège du gel. d) Feuilles

• Elles sont charnues, réduites à des aiguillons ou absentes. • Les épines permettent de condenser l’humidité de l’air durant la nuit. Elles

offrent également une certaine protection contre les herbivores. • Certaines plantes entrent en dormance durant la saison sèche et perdent

leurs feuilles, par exemple les plantes à caudex. • Les feuilles des aloès et des agaves sont disposées en rosette. Elles se

procurent ainsi mutuellement de l’ombre. e) Racines

• L’eau de pluie s’évapore très vite sur le sol brûlant et n’a pas le temps de pénétrer profondément. C’est pourquoi de nombreuses plantes possèdent un réseau de racines superficiel et étendu.

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• D’autres au contraire développent une racine principale qui s’enfonce dans le sol à la recherche des nappes d’eau souterraines. Cette racine peut aller jusqu’à 30 m de profondeur.

f) Tiges • La majorité des tiges sont succulentes, vertes et photosynthétiques. • La cuticule cireuse rend l’épiderme quasi imperméable à toute évaporation

d’eau lorsque les stomates sont fermés. La cuticule des cactus (3 à 40 µm) est de 3 à 5 fois plus épaisse que celle des arbres à feuilles caduques (1 à 6 µm).

• Chez les opuntias, les tiges poussent dans des orientations différentes, ce qui permet de faire de l’ombre et de réduire la surface exposée au soleil.

• Les plis parallèles (côtes), qui fournissent une ombre partielle à la tige, permettent à la plante de prendre de l’expansion durant la saison des pluies. Ils augmentent également la surface de la tige capable d’effectuer la photosynthèse.

• Le nombre de stomates par unité de surface peut être jusqu’à quatre fois inférieur à celui que l’on retrouve chez d’autres plantes.

g) Reproduction • La floraison et la production de graines ont lieu sur une courte période,

généralement liée à la présence d’eau. • Les graines germent seulement lorsque les conditions favorables sont

réunies. Certaines sont vulnérables à la chaleur intense du sol. Plusieurs jeunes saguaros (prononcez « sawaro »), par exemple, débutent leur croissance à l’ombre d’une autre plante appelée le paloverde (Cercidium spp.). Cette association permet d’abaisser la température du sol et de réduire les pertes d’eau par évaporation.

• Les plantes annuelles, abondantes dans les régions désertiques mais absentes dans la serre, complètent leur cycle de vie (germination, croissance, floraison et production de semences) en un temps très court variant de six semaines à quatre mois. Elles passent donc la majeure partie de la saison sèche sous forme de graines. Elles peuvent rester ainsi pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les conditions d’humidité soient favorables à leur germination. Protégées par leur tégument, elles peuvent survivre sur un sol où la température atteint parfois jusqu’à 80 oC.

Remarques • La croissance des plantes succulentes est lente et se fait principalement

durant les périodes fraîches et humides. • Leur taille est réduite (exemple : les cactus poussant en haute altitude ont

la forme d’un coussin). • La forme, de même que la grosseur des agaves et des cactus, influencent la

tolérance à la sécheresse. Certaines formes sont plus avantageuses car elles permettent d’emmagasiner un plus grand volume d’eau (ex.: cactus tonneau).

• En général, les plants sont espacés les uns des autres. Seuls les plus petits vivent parfois en colonie pour se protéger mutuellement.

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2.7.2 Convergence évolutive Cette serre nous présente des plantes des milieux arides. Elle est divisée en deux parties : la première regroupe des végétaux originaires du continent africain et de l’autre, du continent américain. Étonnamment, les plantes présentées ici appartiennent à une quarantaine de familles botaniques différentes; celle du concombre, du géranium, de la marguerite, des broméliacées, du poinsettia, du lis, du figuier, etc. Vous avez de la difficulté à voir la différence? C’est normal, car soumises à des conditions écologiques et climatiques semblables, des plantes appartenant à des familles différentes ont développé les mêmes adaptations pour survivre au milieu. C’est ce que l’on appelle la convergence évolutive. Le même phénomène existe aussi dans le règne animal. Prenons l’exemple des pingouins et des manchots. Les pingouins, de la famille des Alcidés, vivent uniquement près du Pôle Nord tandis que les manchots, de la famille des Sphéniscidés, habitent le Pôle Sud. Malgré leurs ressemblances, ils n’ont aucun lien de parenté. Il en est de même pour les cactus (plantes épineuses de la famille des Cactacées) et les euphorbes. Malgré les apparences, ces plantes appartiennent à des familles différentes. Voici quelques caractéristiques qui vous aideront à les distinguer :

TABLEAU COMPARATIF DES CACTUS ET EUPHORBES

CACTUS EUPHORBE Origine Amérique Afrique, Amérique, Europe Famille Cactacées Euphorbiacées Floraison Spectaculaire, de taille variable et

très colorée Habituellement les fleurs sont petites, jaunâtres et peu spectaculaires.

Sève Aqueuse et non-toxique Latex blanc irritant pour la peau Origine des épines

Feuilles modifiées croissant sur les aréoles (sorte de bourgeon duveteux au niveau duquel ont lieu la croissance et la floraison*) Les épines s’arrachent facilement, sans générer de blessures à la plante et sont groupés par trois ou plus. .

Stipules (petits appendices situés à la base du pétiole de certaines feuilles) croissant à même les tissus de la plante - absence d’aréoles Les épines cassées provoquent une blessure, car elles font partie de l’épiderme. Du latex s’écoule de la plaie. Elles peuvent être groupées par deux.

* Il y a des exceptions (ex. : Mamillarias spp.).

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On peut faire le même exercice avec les aloès et les agaves. TABLEAU COMPARATIF DES ALOÈS ET AGAVES

ALOÈS AGAVE Origine Afrique Amérique Famille Liliacées Agavacées Floraison Colorée et proportionnelle à la

dimension du plant Impressionnante par sa taille Plante monocarpique, c’est-à-dire qui ne fleurit qu’une seule fois dans sa vie

Feuilles Le bout de la feuille est pointu, sans excroissance dure

La feuille se termine par une excroissance épineuse très rigide

2.7.3 Utilisations Le tableau suivant présente quelques utilisations des plantes succulentes :

TABLEAU DES UTILISATION DES PLANTES SUCCULENTES

PLANTES UTILISATIONS Agaves spp. Alcool (téquila et mezcal)

Cordes Feuilles grillées mangées comme des artichauts Aiguilles

Aloes vera Industrie pharmaceutique Carnegia gigantea (Saguaro) Fleurs et fruits comestibles

Vin élaboré à partir des fruits Echinocactus sp. Hameçons (épines)

Confiseries Récipients pour la nourriture Bourgeons floraux et fruits comestibles

Opuntia spp. Fleurs et fruits comestibles (frais, confiture, vin) Tiges cuites Clôtures naturelles pour les animaux Bois de chauffage Fourrage

Pilosocereus sp. Soies résistantes utilisées pour la confection de vêtements et de coussins

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Le saviez-vous? Les euphorbes et les cactus peuvent être plantés de manière à créer des clôtures végétales. Les populations du Mexique consomment et utilisent cactus et agaves depuis environ 9000 ans. Le cactus de Noël et le cactus orchidée sont des Cactacées tropicales épiphytes. Les plantes succulentes sont très appréciées comme plantes d’intérieur.

Autres plantes remarquables de cette serre (Voir les textes des panneaux espèces) • Pereskia sp. (famille des Cactacées, cactus à feuilles) • Xerosicyos danguyi (famille des Cucurbitacées) • Encephalartos sp. (famille des Cycadacées, cônes femelles colorés) • Greigia sp. et Hechtia sp. (famille des Broméliacées) • Carnegia gigantea (le célèbre saguaro — il faut prononcer « sawaro » — du

Sud-Ouest américain) Ce cactus, abondamment illustré dans les aventures de Lucky Luke, fait également partie du décor de nombreux films westerns. Après une trentaine d’années, il mesure environ un mètre. Ses premiers bras apparaissent généralement lorsqu’il atteint 3 m de haut : il est alors âgé entre 75 et 100 ans. À maturité, il peut atteindre de 15 à 20 mètres de hauteur et peser jusqu’à dix tonnes lorsqu’il est gorgé d’eau. Sa floraison printanière est nocturne. Les chauves-souris sont ses principaux agents pollinisateurs.

La reproduction des plantes succulentes La plupart des plantes des régions arides se reproduisent de manière sexuée, via leurs fleurs. Dans leur milieu naturel, elles peuvent aussi se reproduire végétativement c’est-à-dire par bouturage, marcottage ou en formant des rejets. Par exemple, un segment de tige peut se détacher, tomber au sol et développer des racines. Des tiges rampantes peuvent aussi, lorsqu’elles sont en contact avec le sol, émettre des racines et devenir des plants « autonomes ». Foire aux questions a) Quelle est la fréquence des arrosages dans cette serre? Des arrosages en profondeur sont effectués en moyenne de trois à quatre fois par année, selon le climat. Seuls les couvre-sols bénéficient d’apports d’eau plus fréquents. b) Quels sont les soins apportés au sol? À chaque année, on effectue un terreautage, c’est-à-dire qu’on ajoute une mince couche de terreau mélangé à du compost. Ensuite, on fertilise avec un engrais à libération lente (120 jours). La profondeur du sol ici est d’environ un mètre.

Pour en savoir plus Quatre-Temps 20(3) : Cactus et autres plantes grasses, 1996. CAPON, B. 1994, Plant Survival. Timber Press, 132 p. Cote B-JBM : 221 C3.1 DAWSON J. & R. LUCAS. 2005, The Nature of Plants, Timber Press, 314 p. Cote B-JBM

0221 D3.1 FRÖHRING, Pierre-Louis, 1998, Guide de l’amateur de cactus, Belin, Paris, 287 p. Cote B-

JBM : 0500 CAC F7.1

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NOBEL, Park S., 1994, Remarkable agaves and cacti, Oxford University Press, New York, 166 p. Cote B-JBM : 0500 CAC.1 N6.1

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/terminologie/succulence.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/succulentes/succulentes.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jeunes/naturaliste/apprenti_jardinier/cactus/

cactus.htm#savoir

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2.8 L’Hacienda (Serre du soleil)

Généralités

Objectif Mettre en valeur les qualités ornementales des plantes succulentes

Mots clés Valeur ornementale des plantes succulentes, adaptation, lithops, cultivars

Les incontournables Lithops spp., Cycadées (genres Zamia, Cycas, Dioon et Encephalartos)

Présentation de la serre S’inspirant de l’architecture particulière des régions du Sud, le décor de cette serre du soleil veut mettre en valeur l’aspect ornemental des plantes succulentes. Les murets entourant chacune des cours intérieures créent un sentier tortueux qui nous laisse découvrir petit à petit les trésors de la serre.

Le message Dans ce décor d’inspiration hispanique, nous avons voulu mettre en valeur les qualités ornementales des plantes succulentes et présenter quelques cultivars. On retrouve également des Cycadées qui sont de véritables fossiles vivants. Prenez le temps d’admirer les spécimens derrière les vitrines. On y retrouve de magnifiques représentants des Cactacées, Euphorbiacées et Liliacées. Notez les noms anglais qui peuvent être très évocateurs de l’aspect de la plante. Observez des plantes aux formes étonnantes et parfois étranges.

Contenu de la serre

2.8.1 Mammillarias Les cactus du genre Mammillaria comprennent plus de 200 espèces originaires principalement du Mexique et du Sud-Ouest des États-Unis. Au moment de la floraison, certains d’entre eux ressemblent à de petites têtes couronnées de fleurs aux couleurs variées. Il est à noter que les fleurs prennent naissance à la base des mamelons et non à partir des aréoles comme chez la majorité des cactus. Les espèces vivant dans les montagnes, jusqu’à 3000 mètres d’altitude, sont particulièrement bien adaptées à leur environnement. Leur taille réduite fait qu’elles se dissimulent entre les pierres tandis que les poils soyeux qui les recouvrent, les protègent du froid et du vent. Les espèces vivant dans les déserts chauds sont également de petite taille afin de minimiser l’exposition au soleil. Elles sont couvertes d’épines qui réfléchissent une partie des rayons solaires.

2.8.2 Lithops : étonnantes plantes cailloux Originaires d’Afrique du Sud, ces étranges plantes succulentes de la famille des Aizoacées ressemblent à des cailloux. D’ailleurs, leur nom latin (du grec lithos) signifie pierre. Les lipthops sont constitués d’une paire de feuilles charnues attachées à une courte tige enfoncée dans le sol. En septembre, une fleur ressemblant à une pâquerette émerge furtivement de la fissure. Un phénomène curieux se produit puisque plants fleurissent

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simultanément en septembre, qu’ils soient cultivés dans l’hémisphère Nord ou dans l’hémisphère Sud. Cela serait dû à une mémoire végétative que conservent les semences. Par temps chaud et sec, les lithops entrent en dormance. Ils s’enfoncent dans le sol en raccourcissant leur racine principale, ne laissant paraître que la surface des deux feuilles. Ainsi, leur petite taille offre une surface minimale d’exposition au soleil et au vent. Durant cette période de dormance, qui peut aller jusqu’à six mois, ils n’ont pas besoin d’eau. Plusieurs espèces aux couleurs claires croissent parmi les roches calcaires et le quartz, tandis que celles aux couleurs foncées se retrouvent dans des milieux où le sol est foncé. Ainsi parés de leur habit de camouflage, les lithops échappent à l’appétit des herbivores.

2.8.3 Cycadées L’ordre des Cycadales (on peut aussi dire Cycadées) regroupe trois familles : Cycadacées, Zamiacées et Stangériacées. Il y a environ 150 millions d’années, les Cycadées formaient un groupe abondant et largement réparti sur toute la planète. Aujourd’hui, plusieurs espèces sont menacées de disparaître. Les plantes des genres Cycas, Dioon, Zamia et Encephalartos sont dioïques. Leurs feuilles rappellent celles des palmiers, à la différence qu’elles sont très rigides et coriaces. Il pourrait s’agir d’une adaptation pour se protéger des dinosaures herbivores. Le pollen des cônes mâles dégage une forte odeur qui attire les pollinisateurs. Certaines Cycadées, comme le cycas du Japon (Cycas revoluta), renferment dans leur moelle une fécule jaunâtre, appelée sagou, utilisée comme farine alimentaire.

2.8.4 Plantes caudiciformes ou à caudex Ces plantes fascinantes possèdent un organe de réserve renflé et vivace, appelé caudex, qui leur permet de résister aux périodes de sécheresse. Cet organe, situé à la base de la plante, n’est pas photosynthétique. Il peut être constitué par le système radiculaire, par la tige ou par les deux. Sa forme et son aspect varient. En période de repos (saison sèche), seul le caudex est visible. Quand les conditions de croissance redeviennent favorables, des tiges, des feuilles et des fleurs émergent du caudex.

Pour en savoir plus FRÖHRING, Pierre-Louis. 1998, Guide de l’amateur de cactus, Éditions Belin. 287 p.

Cote B-JBM : 500 CAC F7.1 GENTRY, H. S. 1982, Agaves of Continental North America, The University of Arizona

Press, 670 p. Cote B-JBM : 500 AGA G4.1 INNES, C. ET C. GLASS. 1992, L’encyclopédie illustrée des cactus, Bordas, Paris, 320 p.

Cote B-JBM : 0500 CAC I5.1. LAMB, B.M. 1993, Guide des cactus du monde, Delachaux et Niestlé, 215 p. Cote B-JBM :

0500 CAC L34.1. ROWLEY, Gordon D. 198,. Caudiciform and Pachycaul Succulents, Strawberry Press, 282 p.

Cote B-JBM : 500 CAC.1 R6.2 http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/cycadees/cycadees.htm http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/succulentes/caudiciformes.htm

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2.9 Jardin céleste

Généralités

Objectifs • Être en mesure d’expliquer ce qu’est un penjing (versus un bonsaï) • Être en mesure d’expliquer comment les arbres sont maintenus petits • Être en mesure de présenter quelques éléments symboliques de la serre • Inviter les gens à contempler cette magnifique collection Mots clés Penjing, art, symbolique orientale, beauté, sérénité, calme, réalisme

Les incontournables Arbres miniatures, lions en pierre, porte en forme de lune

Présentation de la serre Cette serre présente deux des cinq collections d’arbres miniatures du JBM. Dans ce décor sobre, inspiré d’un jardin asiatique, les penjings suscitent la curiosité et l’admiration. Invitez les gens à prendre quelques minutes pour les contempler. Laissez-vous imprégner par le calme de cet environnement unique. D’autres plantes ornent également la serre dont un chimonanthe précoce et des osmanthes au parfum divin, des bambous, des camélias, etc. Pour plus de précisions sur l’ensemble de la collection, rendez-vous sur le site Web du JBM : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/vedettes/bonsai/bonsai.htm

Le message Les penjings sont des représentations miniatures et artistiques de l’arbre tel qu’on peut l’observer dans la nature. Ils combinent ingénieusement l’art de la culture en pot avec l’art traditionnel des jardins chinois. Les penjings sont des œuvres invitant à la contemplation et au voyage imaginaire. Le terme chinois penjing signifie « paysage en pot » tandis que bonsaï, en japonais, signifie « culture d’arbres ou d’arbustes en pot ». Notez également la présence d’éléments symboliques dans la serre tels la porte en forme de lune, les lions, l’eau, le pont en zig-zag, etc.

Contenu de la serre

2.9.1 Généralités sur les arbres miniatures Origine Les textes anciens et les peintures ont permis d’établir que la culture en pot d’arbres miniatures a débuté en Chine, il y a environ 1700 ans. Initialement appelé penzai (qui signifie « cultivé en pot »), l’art a évolué pour devenir penjing (signifiant « paysage dans un pot »). Ainsi, ce dernier peut représenter un arbre, une forêt ou un paysage en pot. L’art du penjing est une forme d’expression artistique inspirée de la nature et des paysages chinois, au même titre que la peinture ou la sculpture. Très tôt, les Japonais se sont intéressés aux penjings. Ils ont repris cet art et l’ont développé. Ils ont conservé le mot « penzai » qui se prononce bonsaï. En 1878, lors de l’Exposition universelle de Paris, les Japonais révèlent leurs oeuvres au monde occidental pour la première

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fois. Depuis, l’intérêt pour la culture en pot d’arbres miniatures s’est répandu à travers le monde et c’est pourquoi le mot bonsaï se trouve dans le dictionnaire, plutôt que penjing. Bonsaï ou penjing ? Il est de mise, dans le cadre d’une visite, d’apporter quelques précisions sur les différences entre un bonsaï et un penjing. La majorité des gens ont déjà entendu parler de bonsaïs, mais peu connaissent le terme penjing. Soyez sans crainte, même pour les spécialistes, la distinction entre les deux est parfois difficile à faire. Voici un tableau résumant les principales caractéristiques de chacun :

TABLEAU COMPARATIF : PENJING ET BONSAÏ

PENJING BONSAÏ Origine Chine Japon Philosophie Nature réaliste Nature idéalisée Forme prédominante Triangle irrégulier Triangle équilatéral Signification du mot Paysage en pot Arbre en pot Accessoires Présents ou non Généralement absents

2.9.2 Provenance de notre collection La collection de penjings comprend de magnifiques arbres présentés lors des Floralies internationales de 1980 et offerts par le Jardin botanique de Shanghai. Ils illustrent l’école de cette ville du Nord de la Chine. En 1984 et 1988, M. Wu Yee-Sun, un banquier de Hong Kong, a fait don d’une partie de sa collection personnelle. Ses arbres sont créés selon les techniques de l’école Lingnan du Sud-Est de la Chine. Parmi les spécimens intéressants de la serre, on retrouve :

Orme chinois (Ulmus parvifolia) À l’état naturel, il atteint jusqu’à 25 mètres de hauteur ; il pousse principalement dans le Nord de la Chine. L’orme peut paraître vieux très rapidement et cette caractéristique en fait un arbre de prédilection pour l’art du penjing. Sérisse (Serissa foetida) « Nuit étoilée » et « Neige en juin » sont les noms vernaculaires de cet arbuste ornemental dont la floraison est à la fois délicate et spectaculaire.

2.9.3 Quelques éléments symboliques On entre dans la serre par la porte en forme de lune qui symbolise la perfection et l’abondance. À l’entrée, deux lions de pierre, gardiens de la serre, nous accueillent. À gauche, la femelle protège son petit sous sa patte; elle symbolise la force protectrice de la vie, le yin. À droite, le mâle tient sous sa patte la Terre; il symbolise la protection, le yang. Les ponts et les sentiers sinueux ralentissent le marcheur, lui offrant ainsi à chaque pas de nouvelles perspectives.

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L’asymétrie de l’aménagement stimule l’imagination et incite à la rêverie. L’eau, présente sous la forme d’un ruisseau et d’une cascade, représente la vie, la pensée humaine toujours en mouvement et le renouvellement; c’est l’élément yin (féminin). Les pierres représentent les montagnes et la pensée de la nature. Les montagnes et les rochers sont respectés et vénérés, car ils symbolisent l’éternité et la puissance. On croit que l’énergie de l’univers y est concentrée. Dans les paysages miniatures, les figurines viennent enrichir la composition et mettre la plante en valeur. « L’arbre, c’est l’âme, le pot, c’est l’habit, la table constitue le soulier. » Comme le dit si bien M. Wu, le pot et le socle font partie intégrante du penjing. L’ensemble formé par l’arbre, son pot et sa table doit constituer une unité harmonieuse. Les pots sont en céramique, en grès ou en porcelaine et les socles en bois plus ou moins précieux.

2.9.4 Foire aux questions a) Pourquoi les arbres restent-ils petits ? Les penjings et les bonsaïs ne sont pas des plantes génétiquement de petite taille. Il s’agit d’arbres maintenus petits par des techniques horticoles répétées telles la taille des tiges et des racines et le rempotage. b) Quels soins nécessitent ces arbres en pot? Un arbre miniature constitue une œuvre d’art en constante évolution nécessitant des soins quotidiens :

• Arrosage : selon les besoins. En hiver, ce peut être une fois par semaine, tandis qu’en été, ça peut aller d’une à trois fois par jour.

• Surveillance afin de détecter la présence de ravageurs ou de maladies • Émondage et pinçage • Taille des racines et rempotage une fois par année pour les essences à

croissance rapide • Fertilisation modérée, sinon croissance rapide impliquant taille

c) Combien valent ces arbres? Chaque création est une œuvre personnelle, tout comme une peinture ou une sculpture. Elle reflète le style du créateur et son interprétation de la nature. Il est difficile d’évaluer la valeur monétaire d’un spécimen puisqu’elle dépend de plusieurs facteurs. Parmi eux, mentionnons :

• L’essence de l’arbre (il existe des genres et des espèces qui sont plus difficiles à «miniaturiser» que d’autres);

• Les racines apparentes; • Le pot; • L’expérience de l’artiste qui a réalisé l’œuvre.

Les Chinois apprécient les arbres à petites feuilles car ils permettent le respect des proportions. Note : L’âge du sujet est un critère secondaire. d) Quelles sont les qualités recherchées chez un penjing?

• Il y a une règle assez générale selon laquelle le devant de l’arbre doit être «ouvert» afin de permettre de voir la forme du tronc et des branches.

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• La qualité de la composition d’ensemble doit refléter l’équilibre et l’harmonie afin de laisser à l’observateur une impression de tranquillité et de sérénité.

• Le tronc doit être attrayant par sa forme, sa texture et la couleur de son écorce.

• Le feuillage doit se répartir de façon harmonieuse autour des branches et du tronc.

• Le respect des proportions est essentiel car c’est ce qui donne l’impression de contempler un véritable paysage.

Le saviez-vous? En 2006, la collection de bonsaïs et de penjings du Jardin botanique compte environ 400 spécimens. Dans la nature, il existe des conifères de petite taille, façonnés par les conditions du milieu. On les appelle krummholz (mot allemand signifiant bois tordu). Le vent, le froid, l’altitude, l’exposition au soleil et l’espace restreint entre les rochers ralentissent leur développement.

Pour en savoir plus DONOVAN, D.A., LORD, M. et D. EASTERBROOK. 1985, Bonsaï Penjing, Jardin

botanique de Montréal, Éditions Marcel-Broquet, 143 p. Cote B-JBM : 827 D 6.1 GIRARD, S. 1996, L’histoire des arbres en pots : bonsaïs et penjings, Quatre-Temps 20(4) :

37-40 Société du Jardin de Chine de Montréal. 1994, Le Jardin de Chine de Montréal, Éditions

Fides, p.110-113 http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/info_verte/feuillet_bonsai/feuillet_bonsai.htm

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2.10 Grande serre d’exposition

Généralités

Objectif Permettre aux visiteurs d’admirer les végétaux, le décor et l’aménagement

Mots clés Expositions thématiques et plantes saisonnières

Présentation de la serre D’une superficie d’environ 700 m2, la grande serre est construite sur une seule portée8. Elle comprend deux étages et une mezzanine à partir de laquelle on peut avoir une vue d’ensemble de la serre. Elle est agrémentée d’une cascade et d’un bassin. Au fil des saisons, diverses expositions thématiques s’y succèdent.

Le message La superficie et l’aménagement de cette serre permettent la mise en valeur de plantes ornementales, ainsi que de certains spécimens de collection.

Contenu de la serre

2.10.1 Les expositions thématiques a) Papillons en liberté Dès février, des centaines de papillons multicolores viennent animer la grande serre pour le plaisir des petits et des grands. En plus du bonheur qu’elle procure, cette visite offre plusieurs occasions d’apprendre. En fournissant un cadre d’observation optimal avec des animateurs spécialement formés, ce populaire événement de l’Insectarium permet de découvrir et de sensibiliser les visiteurs à l’importance et à la protection de ces magnifiques insectes. L’éducation et la conservation sont au cœur de la mission de l’Insectarium. Aussi, toutes les fermes d’élevage d’où proviennent les chrysalides et les cocons respectent un code de déontologie rigoureux. Cette pratique permet d’assurer le développement durable des communautés humaines qui élèvent des populations de papillons tropicaux et des forêts où ils se développent. Dans ces conditions, une simple visite, aussi divertissante soit-elle, peut contribuer à renforcer le sentiment de vouloir protéger les papillons et la nature qui nous entourent.

8Ne possède pas de pilier en son centre

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PAPILLONS EN LIBERTÉ EN CHIFFRES – 10E ÉDITION (2007)

Papillons relâchés durant l’événement + de 15 000 Papillons présents dans la grande serre en même temps ± 1500 – 2000 Papillons relâchés quotidiennement Les relâches sont effectuées devant public (horaire variable).

± 100 – 400

Nombre total d’espèces présentées au cours de l’événement Variable selon les arrivages de chrysalides et la longévité des papillons. Le visiteur peut s’attendre à observer une cinquantaine d’espèces différentes lors d’une visite.

± 80 – 100

Provenance des papillons : Australie, Bélize, Chine, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Équateur, Indonésie, Madagascar, Malaisie, Philippines, Surinam et Thaïlande.

+ de 12 pays

b) Exposition estivale Durant l’été, la serre présente une exposition thématique pour le plaisir de tous. Contes, botanique et utilisation des plantes sont autant de thèmes traités dans un décor fleuri et coloré. c) L’Halloween et le Grand bal des citrouilles C’est l’un des événements les plus courus de l’année. Pour l’occasion, Esméralda la sorcière établit ses quartiers ici et nous raconte ses aventures fabuleuses. L’événement attire des milliers de visiteurs de tous âges. En moyenne, nous recevons chaque année environ 800 citrouilles décorées. Les visiteurs peuvent également admirer les chrysanthèmes d’automne qui servent de toile de fond aux citrouilles. Chrysanthème est un mot qui vient du grec anthemon « fleur », et khrusos « or ». C’est aussi le symbole de la beauté et de l’âge mûr. Origine de l’Halloween : Il y a plus de 2000 ans, le premier jour du calendrier des peuples celtes (Bretagne, Irlande, Pays de Galles) était le 1er novembre. À cette époque, les Celtes croyaient que les âmes des morts revenaient sur terre pendant la nuit du 31 octobre au 1er

novembre. Pour se protéger des mauvais esprits, les druides (anciens prêtres celtes) allumaient de grands feux sur les collines et les gens sortaient munis d’un navet évidé à l’intérieur duquel ils plaçaient une chandelle. À partir de l’an 900, le premier novembre fut associé à une nouvelle fête religieuse, celle qui honore tous les saints : la Toussaint. En anglais, cela se dit « All Hallow’s Day » (to hallow signifie « rendre saint ») et la veille de la Toussaint se dit « All Hallow’s Eve » qui deviendra plus tard Halloween. Les siècles ont passé et les Nord-Américains ont substitué la citrouille au traditionnel navet. d) Noël Pour la période des Fêtes, la serre se pare de rose, de rouge, de jaune pâle et même parfois de bleu avec l’arrivée du poinsettia (Euphorbia pulcherrima). Ce dernier est originaire du Mexique. C’est incontestablement la plante vedette de la saison. Sa floraison est caractérisée par de minuscules fleurs jaunes entourées de bractées (feuilles modifiées) colorées. La floraison peut durer plus de quatre mois.

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BIBLIOGRAPHIE

ATTENBOROUGH, D. 1995, The Private Life of Plants, Princeton University Press, 320 p. Cote B-JBM : 200 A8.1

BAUMANN, H., 1984, Le bouquet d’Athéna, les plantes dans la mythologie et l’art grecs, Flammarion, 250 p. Cote B-JBM : 0300.4 B3.1

BOULLARD, B. 1997, Dictionnaire plantes et champignons, Éditions Estem, 875 p. Cote B-JBM : 010 B6.2

BOURNÉRIAS, M. 1992. Le génie végétal, Nathan, 231 p. Cote B-JBM : 200 B62.1 CAPON, B. 1994. Plant Survival, Timber Press, 132 p. Cote B-JBM : 221 C3.1 JARDIN BOTANIQUE DE MONTRÉAL. 1995, Le Botanophile GÉNIN, A., 1981, La botanique appliquée à l’horticulture, Éditions J.B. Baillière,

Cote B-JBM : 200 G4.1 Hommes et plantes. Vol. 29, Printemps 1999, revue du CCVS

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