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S366 JDP 2014 Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.316 Génétique P117 Acanthosis nigricans et hypochondroplasie : mutation du gène FGFR3. À propos de deux cas L. Muguet Guenot 1,, H. Aubert 1 , B. Isidor 2 , C. Durant 3 , I. Guemas 4 , S. Barbarot 1 1 Dermatologie, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France 2 Génetique, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France 3 Médecine interne, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France 4 Pédiatrie, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France Auteur correspondant. Introduction Les mutations du gène fibroblast growth recep- tor 3 (FGFR3) sont responsables d’hypochondroplasie (HCH) ou d’achondroplasie (ACH) en fonction du type de mutation. Certaines mutations peuvent être associées à un acanthosis nigricans (AN). Nous présentons 2 cas d’AN associés à une HCH en rapport avec une mutation du gène FGFR3 (K650Q). Observations Cas n o 1 — un enfant de 12 ans était adressé pour AN étendu et précoce (depuis l’âge de 6 ans) du cou, axillaire, péri ombilical et latéro-thoracique, associé à un retard de crois- sance à -2DS et une macrocéphalie à +3DS. La biopsie retrouvait un aspect d’AN. Les radiographies montraient des anomalies osseuses en faveur d’une HCH. Il n’y avait pas d’insulinorésistance. Le reste de l’examen cutané montrait 6 taches café au lait. L’analyse géné- tique retrouvait une mutation K650Q du gène FGFR3. Cas n o 2 une femme de 34 ans était adressée pour un tableau de petite taille familiale, d’obésité mixte avec IMC = 35, d’insulinorésitance sans diabète (HGPO normale, HbA1c 5,4 %), et d’HTA essentielle résistante. Elle était aussi suivie pour des nodules thyroïdiens. Elle présentait un AN depuis l’enfance, du cou, médio- et latéro-thoracique, péri mammaire. Sa mère, son frère, sa sœur et son fils de 7 ans étaient de petite taille et atteints d’AN précoce. Le séquenc ¸age du gène FGFR3 a retrouvé la mutation K650Q à l’état hétérozygote. Discussion Les mutations activatrices du gène FGFR3 — de transmission autosomique dominante — peuvent conduire à des phé- notypes variables selon le type de mutation. Certaines mutations du gène FGFR3 sont connues pour donner des anomalies squelettiques telles que l’ACH ou l’HCH, la dysplasie thanatophorique, le syndrome de Muenke. D’autres mutations asso- cient AN et anomalies squelettiques, telles que l’AC sévère avec retard de développement et AN (SADDAN), le syndrome de Crouzon avec AN. Quand l’AN est associé à une HCH, il faut rechercher la mutation K650Q de FGFR3, qui est décrite chez des patients ayant un phénotype modéré regroupant AN précoce et HCH. Nos deux patients présentaient cette mutation spécifique. L’AN lié à la mutation FGFR3 correspond à l’activation d’un récepteur transmembranaire de tyrosine kinase, entraînant la pro- lifération des fibroblastes et kératinocytes. Des cas de mutations de FGFR3 post-zygotiques en mosaïque ont été décrits sous le terme de « nevoid acanthosis nigricans ». La mutation est aussi retrouvée dans certaines kératoses séborrhéiques. Conclusion Devant un AN d’apparition précoce, et/ou familial, il existe d’autres étiologies à évoquer que l’hyperinsulinisme. L’examen clinique doit rechercher attentivement une petite taille en faveur d’une hypochondroplasie. L’association AN et HCH doit faire orienter les patients en consultation de génétique afin de rechercher la mutation K650Q du gène FGFR3. Mots clés Acanthosis nigricans ; Hypochondroplasie ; Mutation FGFR3 Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.317 P118 Acanthosis nigricans nævoïde ou « RAVEN » : trois cas M. Fondain 1,, D. Bessis 1 , E. Bieth 2 , C. Girard 1 1 Dermatologie, université Montpellier 1, CHU Saint-Eloi, Montpellier, France 2 Génétique médicale, hôpital Purpan, Toulouse, France Auteur correspondant. Introduction L’acanthosis nigricans nævoïde ou « RAVEN » est une entité exceptionnelle. Nous en rapportons 3 nouveaux cas avec étude du gène FGFR3 dans 1 cas. Observations Cas 1 : un homme de 27 ans était vu pour des plaques hyperchromiques ovoïdes, à contours polycycliques du tronc et de la racine des membres évoluant depuis 1 an. Ses antécédents étaient marqués par un acanthosis nigricans (AN) bilatéral des grands plis. Il existait un antécédent familial d’AN chez sa mère et deux de ses sœurs. La biopsie d’une lésion thoracique mettait en évidence un épiderme acanthosique avec allongement des crêtes épidermiques, une hyperkératose orthokératosique et une hyper- pigmentation de la membrane basale compatible avec le diagnostic d’AN. La recherche des mutations du gène FGFR3 (p.Arg248Cys et p.Lys650Thr) à partir du sang, de la peau lésée et de la salive était négative. Le patient était perdu de vue. Cas 2 : un homme de 18 ans consultait pour une plaque pigmentée asymptomatique latéro-thoracique droite apparue spontanément 1 an plus tôt. Il s’agissait d’une plaque brune, en forme de médaillon, à bords bien délimités, légèrement en relief, à surface veloutée et papillomateuse. La biopsie cutanée était en faveur d’un AN. Un traitement par trétinoïne topique en application quotidienne permettait une régression partielle de la lésion 1 mois plus tard. Cas 3 : Une femme de 25 ans, enceinte de 7 mois, était vue pour une plaque pigmentée asymptomatique axillaire droite augmentant de taille depuis 2 mois. Celle-ci était apparue 2 ans auparavant au cours d’une première grossesse. Ses antécédents étaient marqués par une thyroïdite d’Hashimoto. L’examen attestait d’une plaque brune en relief, veloutée, linéaire et polycyclique. La biopsie cutanée était en faveur d’un AN. Une abstention thérapeutique était décidée. Discussion Nous rapportons 3 observations d’AN nævoïde ou Round And Velvety Epidermal Nevus (RAVEN). Il s’agit d’une der- matose mêlant les caractères cliniques et histologiques d’un AN à l’aspect d’ensemble d’un hamartome épidermique. Aucune associa- tion pathologique significative n’a été décrite parmi la quinzaine de cas précédemment rapportée. Deux patients avaient un AN classique associé, comme dans notre 1 re observation. La physio- pathologie du RAVEN semble liée à un mosaïcisme génétique de type 2 par perte d’hétérozygotie d’un gène non encore identifié. Le gène FGRF3, codant pour un récepteur de tyrosine kinase, a été suspecté en raison de son implication dans la physiopathologie de certains hamartomes épidermiques, de kératoses séborrhéiques et

Acanthosis nigricans et hypochondroplasie : mutation du gène FGFR3. À propos de deux cas

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S366 JDP 2014

Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.316

Génétique

P117Acanthosis nigricans ethypochondroplasie : mutation du gèneFGFR3. À propos de deux cas�

L. Muguet Guenot 1,∗, H. Aubert 1, B. Isidor 2, C. Durant 3,I. Guemas 4, S. Barbarot 1

1 Dermatologie, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France2 Génetique, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France3 Médecine interne, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France4 Pédiatrie, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les mutations du gène fibroblast growth recep-tor 3 (FGFR3) sont responsables d’hypochondroplasie (HCH) oud’achondroplasie (ACH) en fonction du type de mutation. Certainesmutations peuvent être associées à un acanthosis nigricans (AN).Nous présentons 2 cas d’AN associés à une HCH en rapport avec unemutation du gène FGFR3 (K650Q).Observations Cas no 1 — un enfant de 12 ans était adressé pourAN étendu et précoce (depuis l’âge de 6 ans) du cou, axillaire,péri ombilical et latéro-thoracique, associé à un retard de crois-sance à -2DS et une macrocéphalie à +3DS. La biopsie retrouvait unaspect d’AN. Les radiographies montraient des anomalies osseusesen faveur d’une HCH. Il n’y avait pas d’insulinorésistance. Le restede l’examen cutané montrait 6 taches café au lait. L’analyse géné-tique retrouvait une mutation K650Q du gène FGFR3.Cas no 2 — une femme de 34 ans était adressée pour untableau de petite taille familiale, d’obésité mixte avec IMC = 35,d’insulinorésitance sans diabète (HGPO normale, HbA1c 5,4 %), etd’HTA essentielle résistante. Elle était aussi suivie pour des nodulesthyroïdiens. Elle présentait un AN depuis l’enfance, du cou, médio-et latéro-thoracique, péri mammaire. Sa mère, son frère, sa sœuret son fils de 7 ans étaient de petite taille et atteints d’AN précoce.Le séquencage du gène FGFR3 a retrouvé la mutation K650Q à l’étathétérozygote.Discussion Les mutations activatrices du gène FGFR3 — detransmission autosomique dominante — peuvent conduire à des phé-notypes variables selon le type de mutation.Certaines mutations du gène FGFR3 sont connues pour donner desanomalies squelettiques telles que l’ACH ou l’HCH, la dysplasiethanatophorique, le syndrome de Muenke. D’autres mutations asso-cient AN et anomalies squelettiques, telles que l’AC sévère avecretard de développement et AN (SADDAN), le syndrome de Crouzonavec AN. Quand l’AN est associé à une HCH, il faut rechercher lamutation K650Q de FGFR3, qui est décrite chez des patients ayantun phénotype modéré regroupant AN précoce et HCH. Nos deuxpatients présentaient cette mutation spécifique.L’AN lié à la mutation FGFR3 correspond à l’activation d’unrécepteur transmembranaire de tyrosine kinase, entraînant la pro-lifération des fibroblastes et kératinocytes.Des cas de mutations de FGFR3 post-zygotiques en mosaïque ont étédécrits sous le terme de « nevoid acanthosis nigricans ». La mutationest aussi retrouvée dans certaines kératoses séborrhéiques.

Conclusion Devant un AN d’apparition précoce, et/ou familial,il existe d’autres étiologies à évoquer que l’hyperinsulinisme.L’examen clinique doit rechercher attentivement une petite tailleen faveur d’une hypochondroplasie. L’association AN et HCH doitfaire orienter les patients en consultation de génétique afin derechercher la mutation K650Q du gène FGFR3.Mots clés Acanthosis nigricans ; Hypochondroplasie ; MutationFGFR3Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.317

P118Acanthosis nigricans nævoïde ou« RAVEN » : trois cas�

M. Fondain 1,∗, D. Bessis 1, E. Bieth 2, C. Girard 1

1 Dermatologie, université Montpellier 1, CHU Saint-Eloi,Montpellier, France2 Génétique médicale, hôpital Purpan, Toulouse, France∗ Auteur correspondant.

Introduction L’acanthosis nigricans nævoïde ou « RAVEN » est uneentité exceptionnelle. Nous en rapportons 3 nouveaux cas avecétude du gène FGFR3 dans 1 cas.Observations Cas 1 : un homme de 27 ans était vu pour desplaques hyperchromiques ovoïdes, à contours polycycliques du troncet de la racine des membres évoluant depuis 1 an. Ses antécédentsétaient marqués par un acanthosis nigricans (AN) bilatéral desgrands plis. Il existait un antécédent familial d’AN chez sa mèreet deux de ses sœurs. La biopsie d’une lésion thoracique mettait enévidence un épiderme acanthosique avec allongement des crêtesépidermiques, une hyperkératose orthokératosique et une hyper-pigmentation de la membrane basale compatible avec le diagnosticd’AN. La recherche des mutations du gène FGFR3 (p.Arg248Cys etp.Lys650Thr) à partir du sang, de la peau lésée et de la salive étaitnégative. Le patient était perdu de vue.Cas 2 : un homme de 18 ans consultait pour une plaque pigmentéeasymptomatique latéro-thoracique droite apparue spontanément1 an plus tôt. Il s’agissait d’une plaque brune, en forme demédaillon, à bords bien délimités, légèrement en relief, à surfaceveloutée et papillomateuse. La biopsie cutanée était en faveur d’unAN. Un traitement par trétinoïne topique en application quotidiennepermettait une régression partielle de la lésion 1 mois plus tard.Cas 3 : Une femme de 25 ans, enceinte de 7 mois, était vue pour uneplaque pigmentée asymptomatique axillaire droite augmentant detaille depuis 2 mois. Celle-ci était apparue 2 ans auparavant au coursd’une première grossesse. Ses antécédents étaient marqués par unethyroïdite d’Hashimoto. L’examen attestait d’une plaque brune enrelief, veloutée, linéaire et polycyclique. La biopsie cutanée étaiten faveur d’un AN. Une abstention thérapeutique était décidée.Discussion Nous rapportons 3 observations d’AN nævoïde ouRound And Velvety Epidermal Nevus (RAVEN). Il s’agit d’une der-matose mêlant les caractères cliniques et histologiques d’un AN àl’aspect d’ensemble d’un hamartome épidermique. Aucune associa-tion pathologique significative n’a été décrite parmi la quinzainede cas précédemment rapportée. Deux patients avaient un ANclassique associé, comme dans notre 1re observation. La physio-pathologie du RAVEN semble liée à un mosaïcisme génétique detype 2 par perte d’hétérozygotie d’un gène non encore identifié.Le gène FGRF3, codant pour un récepteur de tyrosine kinase, a étésuspecté en raison de son implication dans la physiopathologie decertains hamartomes épidermiques, de kératoses séborrhéiques et