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Cah. Nutr. Diét., 39, 1, 2004 41 médecine et nutrition médecine et nutrition ACIDES GRAS TRANS ET CANCER J.-M. LECERF, Isabelle CRISTIANI De nombreux travaux indiquent que des facteurs nutritionnels sont impliqués dans la survenue d’un certain nombre de cancers [1]. Parmi ceux-là, on dis- tingue d’une part les facteurs protecteurs, comme les fibres alimentaires et les fruits et légumes, et d’autre part les facteurs favorisants. Le rôle des lipides est encore extrêmement discuté [2, 3]. À côté des aspects lipidiques quantitatifs impliqués notamment dans la survenue de l’obésité (et par ce biais associés à la survenue de certains cancers), les aspects qualitatifs liés à la nature des acides gras (AG) sont importants : on a suggéré, en ce qui concerne les acides gras polyinsaturés (AGPI), un rôle négatif d’une consom- mation excessive d’acide linoléique [4], et celui, sans doute favorable dans le cancer du sein, de l’acide alpha linolénique [5] ; mais qu’en est-il des acides gras trans ? Nature et origine des acides gras trans Les AG trans sont des AG insaturés avec au moins une double liaison dans la configuration trans, c’est-à-dire avec les deux parties de la molécule, de part et d’autre de la dou- ble liaison. La plupart des AG trans sont monoinsaturés (une seule double liaison), mais il existe également des AG à deux doubles liaisons (cis, trans ou trans, cis) et même des AG à trois doubles liaisons, avec une ou plusieurs configu- rations trans [6]. Dans ce cas, les doubles liaisons sont sépa- rées par un groupement CH2, tandis que les « Conjugated linoleic acids » ou CLA contiennent des doubles liaisons cis ou trans contiguës et seront exclus de ce travail. Les sources d’acides gras trans Les acides gras trans peuvent avoir quatre origines dont une naturelle. Celle-ci concerne les graisses laitières et les graisses de certains ruminants : dans le rumen se produit une biohydrogénation partielle des AG cis polyinsaturés alimentaires, donnant naissance à des AG trans (plus par- ticulièrement l’acide transvaccénique : (C18 : 1,11t) que l’on retrouve dans la matière grasse du lait et ses produits dérivés (beurre, fromage) ainsi que dans les graisses de mouton et de bœuf. À côté de cette origine naturelle, plusieurs processus indus- triels conduisent à la formation d’acides gras trans [6-8] : – l’hydrogénation partielle des huiles végétales vise d’une part à modifier le point de fusion des corps gras pour les durcir, et d’autre part à accroître leur stabilité oxydative. Elle conduit à des matières grasses végétales partiellement hydrogénées (MGVPH), sources d’acides gras trans. Ces acides gras trans sont présents dans certains corps gras (shortenings), qui sont largement utilisés dans la fabrica- tion des pâtisseries, viennoiseries, biscuits et pâtes à tarti- ner, alors que les margarines de « marque » n’en contiennent plus dans les produits commercialisés depuis 1996 en France [9]. Ce sont surtout des acides gras monoinsaturés (AGMI) de type acide élaïdique (C18: 1,9t) ; – le chauffage des huiles végétales, notamment lors de la désodorisation des huiles au cours du raffinage, mais éga- lement lors de la cuisson dans des conditions de chauffage extrême : il s’agit plutôt d’acides gras trans issus des aci- des gras polyinsaturés, (C18:2 9c, 12t) (C18:2 9t, 12c) (C18:3 9c, 12c, 15t) (C18:3 9t, 12c, 15c) et (C18:3 9t, 12c, 15t) ; – la cuisson-extrusion. En France [9, 10], la principale source d’acides gras trans est d’origine naturelle, animale, (environ 60 %), alors que dans certains pays comme les États-Unis, l’apport de ces acides gras provient essentiel- lement des huiles végétales partiellement hydrogénées [12, 13]. Institut Pasteur, Service de Nutrition, BP 245, 59019 Lille cedex. Correspondance : J.-M. Lecerf, à l’adresse ci-dessus.

Acides gras trans et cancer

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Cah. Nutr. Diét., 39, 1, 2004 41

médecine et nutrition

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ACIDES GRAS TRANS ET CANCER

J.-M. LECERF, Isabelle CRISTIANI

De nombreux travaux indiquent que des facteurs nutritionnels sont impliquésdans la survenue d’un certain nombre de cancers [1]. Parmi ceux-là, on dis-tingue d’une part les facteurs protecteurs, comme les fibres alimentaires etles fruits et légumes, et d’autre part les facteurs favorisants. Le rôle deslipides est encore extrêmement discuté [2, 3]. À côté des aspects lipidiquesquantitatifs impliqués notamment dans la survenue de l’obésité (et par cebiais associés à la survenue de certains cancers), les aspects qualitatifs liés àla nature des acides gras (AG) sont importants : on a suggéré, en ce quiconcerne les acides gras polyinsaturés (AGPI), un rôle négatif d’une consom-mation excessive d’acide linoléique [4], et celui, sans doute favorable dans lecancer du sein, de l’acide alpha linolénique [5] ; mais qu’en est-il des acidesgras trans ?

Nature et origine des acides gras trans

Les AG trans sont des AG insaturés avec au moins unedouble liaison dans la configuration trans, c’est-à-dire avecles deux parties de la molécule, de part et d’autre de la dou-ble liaison. La plupart des AG trans sont monoinsaturés(une seule double liaison), mais il existe également des AGà deux doubles liaisons (cis, trans ou trans, cis) et même desAG à trois doubles liaisons, avec une ou plusieurs configu-rations trans [6]. Dans ce cas, les doubles liaisons sont sépa-rées par un groupement CH2, tandis que les « Conjugatedlinoleic acids » ou CLA contiennent des doubles liaisons cisou trans contiguës et seront exclus de ce travail.

Les sources d’acides gras trans

Les acides gras trans peuvent avoir quatre origines dontune naturelle. Celle-ci concerne les graisses laitières et lesgraisses de certains ruminants : dans le rumen se produitune biohydrogénation partielle des AG cis polyinsaturésalimentaires, donnant naissance à des AG trans (plus par-ticulièrement l’acide transvaccénique : (C18 : 1,11t) quel’on retrouve dans la matière grasse du lait et ses produitsdérivés (beurre, fromage) ainsi que dans les graisses demouton et de bœuf.

À côté de cette origine naturelle, plusieurs processus indus-triels conduisent à la formation d’acides gras trans [6-8] :– l’hydrogénation partielle des huiles végétales vise d’unepart à modifier le point de fusion des corps gras pour lesdurcir, et d’autre part à accroître leur stabilité oxydative.Elle conduit à des matières grasses végétales partiellementhydrogénées (MGVPH), sources d’acides gras trans. Cesacides gras trans sont présents dans certains corps gras(shortenings), qui sont largement utilisés dans la fabrica-tion des pâtisseries, viennoiseries, biscuits et pâtes à tarti-ner, alors que les margarines de « marque » n’encontiennent plus dans les produits commercialisés depuis1996 en France [9]. Ce sont surtout des acides grasmonoinsaturés (AGMI) de type acide élaïdique (C18:1,9t) ;– le chauffage des huiles végétales, notamment lors de ladésodorisation des huiles au cours du raffinage, mais éga-lement lors de la cuisson dans des conditions de chauffageextrême : il s’agit plutôt d’acides gras trans issus des aci-des gras polyinsaturés, (C18:2 9c, 12t) (C18:2 9t, 12c)(C18:3 9c, 12c, 15t) (C18:3 9t, 12c, 15c) et (C18:3 9t,12c, 15t) ;– la cuisson-extrusion. En France [9, 10], la principalesource d’acides gras trans est d’origine naturelle, animale,(environ 60 %), alors que dans certains pays comme lesÉtats-Unis, l’apport de ces acides gras provient essentiel-lement des huiles végétales partiellement hydrogénées[12, 13].

Institut Pasteur, Service de Nutrition, BP 245, 59019 Lille cedex.

Correspondance : J.-M. Lecerf, à l’adresse ci-dessus.

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Données expérimentaleset cancérogenèse

Les études sur les animaux sont complémentaires de cel-les réalisées chez l’homme [14]. Elles permettent parailleurs des manipulations qui seraient impossibles à réali-ser sur l’homme. Le plus couramment, ces études sontréalisées chez le rat ou la souris.

Les tumeurs mammaires

Étude d’Erickson et al. [15]Elle étudie l’influence des AG-trans et cis sur le dévelop-pement de tumeurs mammaires et de métastases expéri-mentales chez des souris femelles (souche BALB/cAnN).Les tumeurs ont ici été induites par transplantation sous-cutanée de cellules cancéreuses : afin d’observer le tempsd’apparition puis le développement des tumeurs locales,et par injection intraveineuse de cellules cancéreuses afind’observer l’influence des AG-cis ou trans sur les métasta-ses. Les auteurs ont comparé l’effet de deux repas conte-nant deux types de graisses différentes, chacuneincorporée à 5 % ou 20 % (du poids du repas) : l’uneriche en AG-cis (58 % d’huile d’olive + 40 % de beurre decacao + 2 % d’huile de noix de coco) et l’autre riche enAG-trans (50 % d’huile de soja + 50 % d’huile de coton).La graisse riche en AG-cis a été préparée de manière àce que sa composition en AG soit similaire à celle de lagraisse riche en AG-trans. La graisse riche en AG-transcontient environ 38 % d’AG-trans, essentiellement sousforme d’AGMI (18:1).Le temps de latence, c’est-à-dire le temps entre la trans-plantation de cellules cancéreuses et l’apparition detumeurs palpables chez au moins 50 % des souris, estsimilaire, excepté pour un groupe de souris : celui nourriavec le régime cis à 5 %, où les tumeurs étaient palpables9 jours après la transplantation, alors que le temps delatence était de 7 jours pour les autres groupes. Concer-nant le volume et la croissance des tumeurs, ces deuxparamètres n’étaient pas significativement différents quelque soit le groupe. De même, il n’y avait pas de différencesignificative au niveau du poids des tumeurs entre lesgroupes, après sacrifice des animaux. En ce qui concernele nombre de cellules cancéreuses métastatiques vivantes,les souris nourries avec les régimes trans (5 % ou 20 %)avaient moins de cellules cancéreuses hépatiques et splé-niques que les souris nourries avec les régimes cis (5 % ou20 %).Les AG-trans monoinsaturés (AGMI-trans) ne sont doncpas associés à un développement plus important destumeurs mammaires que les AG-cis monoinsaturés(AGMI-cis) dans cette expérimentation.

Étude de Selenkas et al. [16]Cette étude compare l’effet des AG-trans et cis (essentiel-lement monoinsaturés) entre eux mais également par rap-port aux acides gras polyinsaturés sur le développementde tumeurs mammaires induites par le DMBA sur des ratsfemelles Sprague-Dawley. Les repas expérimentaux utili-sés sont les mêmes que pour l’étude d’Erickson et al. [15].Il s’agit donc de comparer une graisse riche en AG-trans(38 %) à une graisse riche en AG-cis et ayant une compo-sition en AG par ailleurs similaire à celle de la graisse transet à de l’huile de maïs, très riche en AGPI (essentiellementde type 18:2). Les repas ont été donnés trois jours après

l’administration du 7, 12 – dimethylbenz – ( ) anthracène(DMBA) et maintenus jusqu’à ce que l’étude soit terminée,c’est-à-dire 22 semaines plus tard.Les données montrent que l’incidence des tumeurs mam-maires chez les rates nourries étant significativement plusélevée pour l’huile de maïs que pour les graisses cis outrans (respectivement 80 %, 40 % et 32 %) que ce soitavec un régime à 5 % ou 20 % de lipides. Ceci suggèreque l’effet promoteur sur les tumeurs mammaires d’unrepas riche en graisses est plus prononcé pour une graisseriche en AGPI que pour une graisse riche en AG-cis outrans (essentiellement mono-insaturés). De plus, l’inci-dence des tumeurs mammaires n’est pas statistiquementdifférente, selon le type de graisses cis et trans (respecti-vement 40 et 32 %).On peut donc conclure que les graisses riches en AGMI-cis et les graisses riches en AGMI-trans ont les mêmeseffets sur les tumeurs mammaires, et que ces effets sontmoins importants que ceux produits par les graisses richesen AGPI.Les deux études développées ici semblent donc s’accordersur le fait que les AGMI-trans ont les mêmes effet sur lestumeurs mammaires que les AGMI-cis, dans les conditionsexpérimentales décrites.

Le cancer du côlon

Le côlon est l’un des sites privilégiés chez l’homme pourle développement d’un cancer. Les facteurs environne-mentaux, tels que l’alimentation et en particulier le déficiten fibres alimentaires et en végétaux, sont depuis long-temps reconnus comme des facteurs favorisants potentielsdu cancer du côlon. Aux États-Unis, au XXe siècle, l’aug-mentation de la consommation de matières grasses végé-tales partiellement hydrogénées (MGVPH) a été parallèleà l’augmentation de la fréquence du cancer du côlon [17],mais ceci n’a qu’une très faible valeur d’orientation. Or,les MGVPH contiennent une forte proportion d’AG-trans : on peut donc se poser la question de leur rôleéventuel dans le cancer du côlon.

Étude de Hogan et Shamsuddin [18]Cette étude porte sur la carcinogenèse colique chez lasouris (souche F344), induit par l’azoxyméthane (AOM).Les auteurs ont comparé l’effet d’un régime riche en AG-trans (contenant 25 % d’acide élaïdique) et d’un régimeriche en AG-cis (contenant 25 % d’acide oléique), d’unepart sur des rats exposés à l’AOM, d’autre part sur desrats témoins (injection d’une solution saline au lieud’AOM). Les deux régimes alimentaires ont été maintenusau moins 20 semaines après le début d’exposition (ounon) à l’AOM.Deux observations ressortent de cette étude : primo,aucune tumeur macroscopique ni microscopique n’a étéobservée sur les rats témoins. Ceci indique que les AG-trans n’induisent pas, isolément, de cancer du côlon dansces conditions chez le rat. Secundo, chez les rats soumisà l’AOM, 37 % de ceux nourris avec le régime trans ontdéveloppé un cancer du côlon, contre 23 % dans legroupe cis. L’incidence du cancer du côlon dans le groupetrans est ainsi presque le double par rapport au groupe cischez les rats soumis à l’AOM. Ces résultats indiquentqu’un régime riche en AG-trans favorise le développe-ment du cancer du côlon (mais ne l’induit pas seul) dansles conditions expérimentales décrites.

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Cependant, les résultats de cette étude ont été fréquem-ment controversés. En effet, selon plusieurs auteurs telsque Ip et Marshall [19], Ip et Sylvester [20] ainsi queRoberts [21], bien que la fréquence du cancer du côlonsoit plus élevée pour les rats nourris avec le régime richeen AG-trans, la différence n’est statistiquement pas signi-ficative. De plus, selon Ip et Marshall [19], l’étude pré-sente de nombreuses limites : les auteurs n’ont pas préciséle nombre de tumeurs par animal, la présence d’un seulAG-trans en quantité excessive n’est pas réaliste, etc. Parconséquent, selon eux, l’étude d’Hogan et Shamsuddin[18] ne permet pas de dire que les AG-trans favorisent ledéveloppement du cancer du côlon.

Étude de Reddy et al. [22]De même que Hogan et Shamsuddin [18], Reddy et al.[22] ont étudié le cancer du côlon chez la souris (soucheF344) induit par l’azoxyméthane. Ici, les auteurs se sontintéressés à l’effet d’une concentration croissante d’AG-trans de type 18:1 sur le cancer du côlon en utilisant troisrégimes contenant tous 23,5 % de graisses totales : unrégime pauvre en AG-trans (5,9 % d’AG-trans + 11,7 %d’oléinate + 5,9 % d’huile de maïs), un régime intermé-diaire (11,7 % d’AG-trans + 5,9 % d’oléinate + 5,9 %d’huile de maïs) et un régime riche en AG-trans (17,6 %d’AG-trans + 5,9 % d’huile de maïs). L’oléinate a étéajouté afin d’ajuster la quantité totale d’AG 18:1 des deuxpremiers régimes à celle présente dans le régime riche enAG-trans. L’incidence des tumeurs du côlon pour les troisrégimes (pauvre, intermédiaire et riche en AG-trans) étaitrespectivement de 63 %, 67 % et 57 %. Ces résultatsmontrent que la variation des apports en AG-transmonoinsaturés n’influe pas sur le développement du can-cer du côlon.

Étude de Watanabe et al. [23]Les auteurs ont ici étudié le cancer du côlon chez le ratmâle, induit par le 1-2 dimethylhydrazine (DMH). Ils ontcomparé une huile de maïs partiellement hydrogénée àune huile d’olive, incorporées chacune au repas à hauteurde 10 %. L’huile de maïs partiellement hydrogénéecontenait 42 % de 18:1 9t (acide élaïdique) et 27,2 % de18:1 9c (acide oléïque) tandis que l’huile d’olive utiliséecontenait 74,1 % de 18:1 9c. L’incidence des cancers ducôlon, c’est-à-dire le nombre de rats présentant unetumeur, s’est avérée identique dans les deux groupes :35,3 % chez les rats nourris avec l’huile de maïs partielle-ment hydrogénée (6 rats sur 17) et 31,3 % pour les ratsnourris avec l’huile d’olive (5 rats sur 16). On peut doncdire que les AGMI-trans n’ont pas d’effet différent de celuides AGMI-cis sur le développement du cancer du côlondans les conditions expérimentales décrites.Les résultats des études sur l’influence des AG-trans sur lecancer du côlon restent donc très controversés. En effet,il existe de nombreuses variations dans les paramètresexpérimentaux. Ces paramètres sont nombreux et peuventpar exemple être : le composé carcinogène utilisé, sonmode d’administration (injection intra-musculaire ou sous-cutanée), les doses administrées, leur fréquence, le laps detemps, la formulation du repas, les souches de rats ou sou-ris utilisées, etc. Du fait de cette grande variabilité, lesrésultats des études ne sont pas réellement comparables.Cependant, l’analyse globale des études ne semble pas enfaveur du rôle des AG-trans dans le développement descancers coliques.

Le cancer du foie

La seule étude sur le cancer du foie a été publiée parBrown en 1981 [24]. Elle a été réalisée en deux temps :sur des souris (souche CD-1 Swiss) mâles et femelles expo-sées au DMH d’une part, d’autre part sur des souris femel-les (souche C3H) n’étant pas exposées à un composécarcinogène, afin d’étudier les cancers spontanés. Chacundes deux groupes a été soumis à deux régimes alimen-taires contenant essentiellement des AGMI-trans (surtoutde l’acide élaïdique) : l’un pauvre en graisses (5 % durégime total) et l’autre riche en graisses (17 % du régimetotal). Pour aucun des deux groupes (cancers induits ouspontanés), l’augmentation de la quantité d’AGMI-transn’a provoqué une augmentation de l’incidence du cancerdu foie.

Autres cancers

L’étude de Awad [25] s’est intéressée à la tumeur solidede Erlich avec ascite. Avant d’injecter à des souris des cel-lules cancéreuses de Erlich et le composé carcinogènequ’est l’AOM, Awad a nourri pendant quatre semainesdes souris avec un repas basal contenant 2 % d’huile demaïs avec soit 5 % d’acide élaïdique, soit 5 % d’acide oléi-que (huile d’olive). Ce régime a été maintenu après injec-tion des cellules cancéreuses jusqu’à ce que les sourismeurent. Awad a constaté que les souris ayant ingéré lerégime contenant l’acide élaïdique avaient survécu moinslongtemps que celles ayant ingéré le régime contenantl’huile d’olive. Cependant, l’acide élaïdique n’a pas signi-ficativement accru, par rapport à l’acide oléique, le poidsdes tumeurs qui se sont développées à partir des cellulescancéreuses injectées. On ne peut donc pas considérer icique l’acide élaïdique ait favorisé le développement detumeurs solides de Erlich avec ascite.

Limites des études

Quelques modèles animaux peuvent être appropriés pourl’étude de certaines maladies humaines. Cependant,concernant certains cancers tels que le cancer du sein etde la prostate, un modèle animal « parfait » n’a toujourspas été trouvé [26]. En plus de ce problème de transposi-tion des résultats de l’animal à l’homme, d’autres limitesexistent. Par exemple, pour l’étude de Hogan et Sham-suddin [18], les auteurs n’ont pas précisé le nombre detumeurs ; la présence dans le repas d’un seul AG-trans enquantité excessive n’est pas réaliste, etc. De même,comment interpréter l’étude d’Awad [25], qui compare unAG-trans sous forme d’AG libre à un AG-cis sous formede triglycérides. Ces limites expliquent le fait que lesconclusions d’une étude peuvent parfois être très contro-versées (voir le travail de Hogan et Shamsuddin [18]).De plus, de nombreux paramètres varient tellement d’uneétude à l’autre que les résultats sont difficilement compa-rables. Ils peuvent concerner :– les animaux : leur sexe, leur âge, la souche utilisée, maiségalement les variations individuelles, etc. ;– le repas : composition globale, quantité d’AG-trans,composition en AG-trans, état des AG-trans (AG libre outriglycérides), etc.. Il y a un réel besoin de standardiser lesrepas donnés aux animaux afin d’obtenir des résultatsreproductibles et qui puissent être proprement interprétés[26]. Il faut aussi souligner le fait que physiologiquementle régime alimentaire du rongeur a une teneur en lipides

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qui est de l’ordre de 5 %. Or, certaines études ont utilisédes rations apportant plus de 25 % de lipides ;– le protocole expérimental : durée de l’étude, nombred’animaux étudiés, cancer étudié (spontané ou induit),composé carcinogène administré, dose, mode d’adminis-tration, méthode utilisée pour peser ou mesurer lestumeurs, etc.

Études épidémiologiques

Le cancer du sein

Plusieurs études prospectives ont analysé le lien entreapport alimentaire en acides gras trans et cancer du sein.Dans la mesure où les AG trans ne peuvent pas être syn-thétisés par l’homme, on considère que leur origine dansles tissus biologiques est uniquement d’origine alimentaire.La composition en AG-trans du tissu adipeux reflète cellede l’alimentation sur les 2-3 années antérieures [27]. Plu-sieurs études écologiques et cas témoins ont utilisé les AG-trans du tissu adipeux comme biomarqueur.

Études ayant mis en évidence une corrélationentre AG-trans et cancer du seinÉtude de Voorips [28]Cette étude prospective néerlandaise récente [28] a évaluésur 6,3 ans le lien entre les apports d’acides gras et l’inci-dence du cancer du sein post ménopausique. Une relationstatistiquement positive entre apport AG-trans (RR : 1,30(IC 0,93-1,80 p < 0,01)) et risque de cancer du sein a étémise en évidence.Étude EURAMIC [29, 30]Cette étude a été menée dans 5 centres d’études répartissur 5 pays : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Suisse.Une première approche transculturelle a été réalisée chez358 femmes ménopausées âgées de 50 à 74 ans [29].Cette étude a cherché s’il existait ou non une relationentre les AG-trans du tissu adipeux sous-cutané périphé-rique et le risque de cancer du sein. Une analyse plusdétaillée de la composition des AG-trans n’a pas été effec-tuée. Les AG-trans sont donc ici considérés dans leurensemble. Une corrélation positive significative a été miseen évidence, entre la teneur en AG-trans du tissu adipeuxet le risque de développer un cancer du sein.Une deuxième approche auprès de cette population a étéréalisée avec une étude cas-témoin [30] chez 698 femmesménopausées âgées de 50 à 74 ans avec 291 cas, c’est-à-dire 291 femmes chez qui une tumeur mammaire a étérécemment diagnostiquée, sans métastase, et 407 femmestémoins, n’ayant jamais eu de cancer du sein. Les femmesayant un cancer du sein ont 1,46 fois plus d’AG-transdans leur tissu adipeux périphérique que les femmestémoins (p < 0,001), avec une relation d’autant plus signi-ficative qu’il s’agit du sous-groupe ayant le plus faible sta-tut nutritionnel en acide linoléique.

Les études n’ayant trouvé aucune corrélationentre AG-trans et cancer du seinÉtudes prospectivesL’étude des Adventistes du 7e jour n’a pas trouvé de rela-tion entre apport alimentaire estimé en AG-trans et risquede cancer du sein [31], tandis que l’étude des infirmièresaméricaines a montré une relation inverse [32].

Études cas témoinsLa première étude [33] a été menée chez 279 femmesaméricaines, dont 154 femmes atteintes de cancer du seinet 125 femmes témoins. L’analyse des acides gras du tissuadipeux mammaire n’a pas permis de mettre en évidenceune relation entre AG-trans et cancer du sein.La seconde étude [34], réalisée sur des femmes améri-caines ménopausées, a analysé les relations entre AG-trans (essentiellement de type 18:2) et cancer du sein maiségalement entre AG-trans et tumeurs bénignes, qui peu-vent par la suite être à l’origine d’un cancer du sein. Ontété étudiées 380 femmes ayant un cancer du sein, 176ayant des tumeurs bénignes et 397 femmes témoins. Lacomposition en acides gras du tissu adipeux sous-cutanépériphérique n’a montré aucune relation entre AG-transet cancer du sein.Limites des études utilisant un biomarqueur et conclusionconcernant le cancer du seinL’hypothèse a été avancée que la proportion d’AG-transdu tissu adipeux reflétait la proportion d’AG-trans durepas. Bien que cela ait effectivement été établi pour lesAG-trans de type C18 [35], on ne sait pas réellement sicela s’applique également aux AG-trans de type C20 etC22. Cela dit, les études développées ici s’intéressaientsurtout aux AG-trans de type C18. L’hypothèse est doncvalable. Les données épidémiologiques concernant le can-cer du sein apparaissent contradictoires : ceci doit inciterà la prudence sur le rôle et donc les apports en acides grastrans.

Le cancer de la prostate

La littérature concernant le cancer de la prostate et lesAG-trans est beaucoup plus limitée que celle du cancer dusein. Certaines études ont fortement suggéré que les lipi-des apportés par l’alimentation pouvaient intervenir parmiles facteurs favorisant le cancer de la prostate. Mais qu’enest-il des AG-trans ?L’étude de cohorte de Schuurman et al. [36] a porté sur2 167 hommes âgés de 55 à 69 ans, qui ont été suivispendant 6,3 années afin d’étudier les relations entre lesAG-trans et les carcinomes de la prostate. Les apportsd’AG-trans ont été évalués grâce à un questionnaire ali-mentaire que les sujets ont rempli. Six cent quarante-deuxhommes ont présenté un carcinome prostatique mais lesrésultats de cette étude ont montré qu’il n’y avait pas derelation entre les apports d’AG-trans et le cancer de laprostate.

Le cancer côlo-rectal

Parmi les facteurs alimentaires mis en cause dans l’étiolo-gie du cancer côlo-rectal, certains ont été identifiéscomme facteurs de risque (viande rouge, alcool) alors qued’autres interviendraient comme agents protecteurs, fibresalimentaires (légumes et végétaux). Concernant les AG-trans, très peu d’études ont été réalisées.Une étude récente a été réalisée par McKelvey et al. [37].Cette étude cas-témoins n’a pas porté sur le cancer ducôlon à proprement parler, mais sur une tumeur bénigne :l’adénome (tumeur bénigne qui se développe à partir d’untissu glandulaire). On sait que le cancer du côlon débutesouvent par des adénomes côlo-rectaux. McKelvey et al.ont ici cherché à étudier les relations entre les adénomescôlo-rectaux et la consommation d’aliments contenant desMGVPH, sources d’AG-trans. En effet, selon eux, il est

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moins pertinent d’étudier les AG-trans séparément, car onne peut jamais être certain que la relation trouvée estimputable aux seuls AG-trans ou aux autres nutrimentssimultanément présents dans l’aliment. De plus, onconsomme les aliments dans leur intégralité et non passous forme de nutriments isolés. Cette étude a porté sur234 cas (présentant au moins un adénome) diagnostiquéslors d’une coloscopie et 407 témoins, hommes et femmesaméricains âgés de 30 à 89 ans. Les apports alimentairesdurant l’année précédant la coloscopie ont été estimésgrâce à un questionnaire alimentaire. Les MGVPH sont laprincipale source d’AG-trans dans l’alimentation améri-caine. Les aliments étudiés étaient : frites et chips, pâtis-series (cookies, gâteaux, etc.), barres chocolatées et huileset condiments (margarines, sauce salade, mayonnaise,etc.). Chacun de ces aliments contient des MGVPHcomme source principale de graisses. Les résultats mon-trent que les sujets ayant consommé 200 kcal ou plus parjour de pâtisseries ont 1,9 fois plus de risque de dévelop-per un adénome côlo-rectal que les personnes ayantconsommé moins de 100 kcal par jour de pâtisseries.Concernant les huiles et condiments, les personnes enayant consommé 200 kcal ou plus par jour ont 2,4 foisplus de risque de développer un adénome côlo-rectal queles personnes en ayant consommé moins de 100 kcal parjour. Une association inverse a été trouvée pour les barreschocolatées : les personnes en ayant consommé 50 kcalet plus par jour ont moitié moins de risque de développerun adénome côlo-rectal que les personnes n’en ayant pasconsommé. Aucune association positive ni négative n’aété établie pour les frites et chips.En conclusion, les arguments en faveur d’un rôle éventueldes AG-trans dans l’étiologie du cancer côlo-rectal restentencore très faibles.

Limites des études

Les études épidémiologiques réalisées chez l’homme nesont pas concluantes quant à l’intervention des AG-transdans l’étiologie des cancers. De nombreux arguments ontété évoqués afin d’expliquer les contradictions. Un nombreinsuffisant de sujets participants, des populations homo-gènes, des erreurs de mémorisation et de sélection destémoins représentent les arguments les plus souvent cités[2]. De plus, des méthodes fiables de mesure des apportsen AG-trans sont nécessaires, de même que des tables decomposition en AG-trans des aliments complètes [38]. Eneffet, la composition en AG et plus particulièrement enAG-trans fluctue avec les process et les innovations, ce quinécessite une actualisation permanente des tables decomposition. Par ailleurs, certaines études ne tiennent pascompte de certains autres facteurs de risque associés aucancer étudié.Les études cas-témoins sont basées sur l’étude des diffé-rences d’apports alimentaires entre sujets sains et malades.Or, les enquêtes alimentaires concernent fréquemmentl’année précédant le diagnostic du cancer. Très peud’études ont essayé d’évaluer les apports alimentaires surune période plus longue [38] de façon prospective.Les études de cohorte (prospectives) ont donc un grosavantage sur les études cas-témoins, car l’évaluation desapports alimentaires est réalisée avant que le cancer nesoit diagnostiqué. Ceci évite ainsi de biaiser l’évaluation.Cependant, les études de cohorte ont également leurslimites : étant donné le nombre élevé de personnes suivieslors de ces études, les apports alimentaires sont souvent

évalués par les sujets eux-mêmes. Cette méthode estmoins détaillée et moins précise que lors des enquêtes ali-mentaires faites par des professionnels, qui sont donc plusstructurées. De plus, les études de cohorte sont très oné-reuses [38].Il se dégage de toutes ces remarques un besoin de stan-dardisation dans les études concernant les AG-trans et lacancérogenèse.

Interprétation et discussion

Cette revue de la littérature permet de constater que lesrésultats concernant le rôle des AG-trans sur la cancéro-genèse sont très controversés. Concernant les études chezles animaux, il semble que les AG-trans n’aient pas de rôledans la survenue des tumeurs mammaires et du cancer dufoie. Les résultats concernant le cancer du côlon restenttrès controversés. Cependant, l’analyse globale des étudesne semble pas en faveur du rôle des AG-trans dans ledéveloppement des cancers coliques.Les résultats des études réalisées chez l’homme sont égale-ment contrastés, surtout pour le cancer du sein et le cancercôlo-rectal. Concernant le cancer de la prostate, peu dedonnées sont disponibles, mais il semble qu’il n’y ait pas derelation entre les AG-trans et la cancérogenèse [36, 39].On peut donc dire qu’actuellement, que ce soit chez l’ani-mal ou chez l’homme, il n’y a pas de preuves réelles indi-quant qu’il y ait une relation entre les apports d’AG-transet un risque accru de cancer [20, 21, 39].Si un rôle cancérogène des AG-trans était clairementdémontré, il faudrait cependant ne pas considérer tous lesAG-trans de façon univoque. L’expression générique« acides gras trans » est utilisée commodément en opposi-tion à leurs isomères géométriques cis, généralement qua-lifiés de naturels. D’après Wolff [11], « cette appellation nerecouvre aucune réalité métabolique, mais permet de reje-ter sur l’ensemble des membres du groupe les inconvé-nients de l’un d’entre eux ». En effet, tous les isomèresgéométriques d’un acide gras n’ont pas les mêmes pro-priétés physicochimiques, ni biochimiques, ni biologiques.Par exemple, l’acide élaïdique 18:1 9t a des effets délétè-res sur le plan cardiovasculaire [40], alors que son isomèrede position, l’acide transvaccénique 18:1 11t, ne semblepas en avoir. En ce qui concerne la cancérogenèse, desmécanismes susceptibles d’expliquer des effets potentiel-lement négatifs ont été évoqués : s’intégrant dans lamembrane cellulaire au niveau des phospholipides, ilsdiminueraient la fluidité membranaire [41] et altèreraientcertaines réactions enzymatiques au niveau mitochondrial[42], ce qui pourrait affecter l’intégrité de la membrane[37] et altérer la perméabilité membranaire aux carcinogè-nes. Mais les données épidémiologiques et expérimentalesne confirment pas clairement la réalité de ces hypothèses.Enfin, il est de ce fait unanimement admis [10, 18, 21]que de nouvelles études sont nécessaires afin de clarifierla situation concernant le rôle des AG-trans dans la can-cérogenèse. En outre, les protocoles d’étude ont vivementbesoin d’être standardisés, afin d’obtenir des résultatsreproductibles et comparables.L’estimation des apports en AG-trans est rendueaujourd’hui plus aisée par l’existence d’une table decomposition [43] utilisée dans l’étude TRANSFAIR [44,45]. Celle-ci a d’ailleurs permis de confirmer que lesapports observés en France sont beaucoup plus bas

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qu’aux États-Unis (8,1 à 12,8 g/j) et ont diminué depuisquelques années, passant de 4 à 8 g/j dans les années1990-95 à moins de 3 g/j actuellement. L’étude TRANS-FAIR [44] a montré des apports moyens en Europe allantde 1,2 à 6,7 g/j (0,5 à 2,1 % des apports énergétiquestotaux (AET)) chez les hommes et de 1,7 à 4,1 g/j (0,8 à1,9 % de l’AET) chez les femmes. En France, l’apportmoyen est de 2,7 ± 1,2 g/j (1,1 ± 0,4 % de l’AET) chezles hommes et de 2,1 ± 0,8 g/j (1,2 ± 0,5 % de l’AET)chez les femmes.L’impact potentiellement négatif d’un excès d’AG-transissus des MGVPH sur le plan cardiovasculaire (quoiquenon confirmé pour des niveaux d’apport faibles dansl’étude TRANSFAIR [45]), a conduit à une volonté d’enréduire la teneur dans les aliments : l’industrie agroalimen-taire a ainsi, depuis 1996, réduit leur présence en modi-fiant les process de fabrication des corps gras solides parplusieurs voies, telles l’interestérification ou le fractionne-ment associé à des mélanges de fractions solides etd’huile, afin d’obtenir des points de fusion compatiblesavec les objectifs technologiques et organoleptiques [46].Ceci peut cependant aboutir à un accroissement relatifmodéré des acides gras saturés.

Résumé

Cet article présente une revue de la littérature concernantles acides gras trans et la controverse qu’ils font naîtreautour d’eux lorsque l’on considère leurs éventuels effetscancérogènes. Les études expérimentales chez les ani-maux ont porté sur les tumeurs mammaires et les cancersdu côlon et du foie : il semble ne pas y avoir de relationentre les apports en acides gras trans et la survenue detumeurs mammaires, ou la cancérogenèse hépatique ;cependant, les résultats des études concernant l’influencedes acides gras trans sur le cancer du côlon restent quantà eux très controversés. Chez l’homme, les études portentsur le cancer du sein, de la prostate et le cancer côlo-rec-tal : les résultats des études concernant l’influence des aci-des gras trans sur le cancer du sein et le cancer côlo-rectalrestent très nuancés ; en revanche, il semblerait qu’il n’yait pas de relation entre les acides gras trans et le cancerde la prostate. Une analyse critique des données dispo-nibles est réalisée.

Mots-clés : Acides gras – Acides gras trans – Cancer –Homme – Animal.

Abstract

The present article reviews the literature about transfatty acids and the controversy about their effects oncarcinogenesis. Experimental studies on animals arerelated to mammary tumors, colon tumors and livertumors: it seems that there is no relation beetweentrans fatty acids and mammary tumors, as well as livertumors ; however, results about trans fatty acids andcolon tumors are much debated. Studies on humansare related to breast cancer, prostate cancer and colontumor: results about trans fatty acids, breast cancerand colon tumor are much debated ; yet, it seems therewould be no relation beetween trans fatty acids and

prostate cancer. A critical analysis about available datais proposed.

Key-words: Fatty acids – Trans fatty acids – Cancer –Human – Animal.

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