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ACTES DU COLLOQUE - handiplanet-echanges.info · Georges GAASCH, Ligue HMC (Luxembourg) - Partenaire du projet ... Au nom de l’URIOPSS Île-de-France, je souhaite la bienvenue à

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  • ACTES DU COLLOQUE

    Le partage dexpriences

    permet la mise en valeur du

    travail des acteurs de terrain,

    lenrichissement mutuel et le

    dveloppement dactions

    innovantes au sein dun mme

    secteur.

    Pourquoi soutenir des

    dynamiques de partage

    dexpriences ?

    Comment valuer leur impact

    sur les pratiques quotidiennes ?

    Comment optimiser

    lorganisation de rseaux de

    partage dexpriences pour

    dvelopper leur utilit

    professionnelle, citoyenne et

    solidaire linternational ?

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    Cette Journe du partage dexpriences a t loccasion de rflchir sur cette culture de valorisation et dinnovation, grce des intervenants du secteur de la sant et de lconomie sociale et solidaire ayant mis en uvre des rseaux de ce type.

    Un guide mthodologique intitul Rseaux thmatiques de partage dexprience - Collecter, diffuser, animer a t lanc cet vnement (www.handiplanet-echanges.info).

    Sommaire Mot dintroduction Vronique COVIN, Directrice Adjointe URIOPSS le-de-France Regards de la sociologie sur le partage dexpriences Prsentation de Frdric de Coninck, sociologue, Conseil dAdministration, Fondation des Amis de lAtelier

    Rseaux solidaires : processus de cration et de dveloppement Spcificits du partage au niveau institutionnel Sandrine PERROT, Ministre des Affaires Sociales et de la Sant Direction Gnrale de lOffre de Soins, Dpartement Stratgie et Ressources, Mission des Usagers La relation de confiance avec les acteurs de terrains Anne CARPENTIER Appui technique aux programmes sociaux dInter Aide, Animation du Rseau Pratiques La diffusion des expriences et des contenus utiles laction Suzanne HUMBERSET, Charge de mission du rseau Ritimo, Animatrice de dph et de la COREDEM (coredem.info) Handiplanet, la construction dun dveloppement international Viviane SEKERCIOGLU, Assistante la Direction des Programmes Emergents Rseau Handiplanet, Fondation des Amis de lAtelier Les effets de la dynamique de partage dexpriences au sein dATD Quart Monde Genevive DEFRAIGNE-TARDIEU, ATD Quart Monde, Rseaux Wresinski, Universits populaires Quart Monde Des pratiques et des outils partags : exemple dun pouvoir public wallon Simon BAUDE, Directeur du Service Audits et Contrles AWIPH - Agence Wallonne pour lIntgration des Personnes Handicapes Mesures de limpact de diffusion de bonnes pratiques Erwin RICLET, Charg de mission des Agendas 21, Ministre en charge du dveloppement durable, Observatoire National des Agendas 21 locaux Lancement du Guide Mthodologique du rseau de partage dexpriences Georges GAASCH, Ligue HMC (Luxembourg) - Partenaire du projet Remise des prix du Concours Handipartage 2012 - Valoriser les expriences Discours de clture Jean-Pierre BOISSONNAT, Directeur Gnral, Fondation des Amis de lAtelier

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    Denis PELSY, Directeur des programmes mergents, Fondation des Amis de lAtelier Bonjour toutes et tous. Au nom de la Fondation des Amis de lAtelier et de lURIOPSS, partenaire de cette journe, je vous remercie de vous tre dplacs, certains parfois de loin pour participer notre dbat sur le partage dexprience, une culture de valorisation et dinnovation, ainsi qu la remise des prix du concours Handipartage. Cest Mme Vronique Covin, Directrice Adjointe de lURIOPSS le-de-France, que je laisse le soin douvrir nos changes ; vous avez, Madame Covin, travaill lUNAPEI et la FEHAP, investie sur le champ du handicap. A LADAPT, vous avez t directrice du dveloppement et de linnovation. Cest dire si linnovation et la capitalisation des expriences au sein dun rseau sont des thmes qui vous intressent et sur lesquels vous avez t trs investie professionnellement. Je vous laisse la parole. Mot dintroduction Vronique COVIN, Directrice Adjointe URIOPSS le-de-France Au nom de lURIOPSS le-de-France, je souhaite la bienvenue tous les participants qui ont souhait assister cette premire journe du partage dexpriences, pour laquelle nous sommes partenaires de la Fondation des Amis de lAtelier. Ce rapprochement sexplique tout dabord par les liens historiques entre nos deux structures : lURIOPSS a vocation rassembler les organismes sans but lucratif, engags dans la solidarit en matire de sant, daction mdico-sociale et sociale (aujourdhui plus de 650 adhrents, grant prs de 2000 tablissements et services). Lassociation des Amis de lAtelier ne en 1961 et devenue Fondation reconnue dutilit publique en 2011, est membre de lURIOPSS le-de-France depuis de nombreuses annes. Premire organisation rgionale reprsentative du secteur sanitaire et social dans sa rgion par le nombre de ses adhrents, lURIOPSS Ile-de-France est engage dans une dynamique participative et collaborative permettant une reprsentativit fonctionnelle de ses adhrents ; cette dmarche requiert un travail constant de remise en question structure, de rflexion et dchanges sur les pratiques du terrain. Notre Union sinscrit galement dans lesprit dinnovation qui caractrise le partage dexpriences : en 2010 dj, les innovations technologiques des plateformes dchange en web 2.0 ont t mises lhonneur lors de matinales dont la rdition se fait chaque anne, avec lintervention dassociations qui utilisent ces outils. Cest aujourdhui dans un contexte dlicat, o les budgets rservs aux associations sont en recul, que cette journe a pour ambition dapporter une bouffe dair salutaire, permettant de rflchir sur les pratiques et dtudier les moyens dchanger au sein dun mme secteur, en vue de lamlioration des actions quotidiennes ralises sur le terrain. Esprant que les exemples et pistes qui vont vous tre proposs aujourdhui puissent vous apporter des rponses et des ides, nous saluons nouveau la dmarche de Handiplanet, rseau international de partage dexpriences dans le secteur du handicap mental et psychique, ainsi que toutes les initiatives qui sont prsentes ici, et dclarons la premire journe du partage dexpriences ouverte.

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    Regards de la sociologie sur le partage dexpriences Prsentation de Frdric de Coninck, sociologue, Conseil dAdministration, Fondation des Amis de lAtelier Lorsque lon parle de lexprience, tout le monde pense savoir de quoi on parle. Mais si on essaye de rentrer dans plus de dtail, les choses deviennent plus complexes. Jai eu loccasion, il y a quelques annes de cela, dinvestiguer un peu cette question, suite une demande du ministre de lducation nationale qui se demandait comment on pouvait, en cours de formation, faire acqurir de lexprience aux jeunes forms. Lexprience, dans lentreprise, est parfois une manire de parler de la comptition entre jeunes et anciens. A poste gal, les jeunes gnrations sont mieux formes. Cela veut-il dire quelles sont plus efficaces ? Pas forcment. Mais que leur manque-t-il ? Les mots pour en parler font dfaut, ou bien on suppose que lexprience est, par dfinition, quelque chose qui chappe la formalisation, une sorte dart mystrieux dont les ressorts sont cachs au plus profond de ltre humain. Or il y a certes une diffrence entre un savoir thorique et un savoir pratique, mais cela nimplique pas quaucune formalisation, aucun processus construit, ne permet daccder un savoir pratique. Jappelle, pour ma part, exprience tout savoir qui ncessite une mise en action pour se constituer. Mais cette mise en action elle-mme peut parfaitement se formaliser, samliorer, et appeler, aprs coup, un retour dexprience . En fait, il existe un continuum entre savoir thorique et exprience, et travailler sur ce continuum est un des moyens damliorer lacquisition de ladite exprience. Grard Vergnaud, un des fondateurs de la didactique en France, prend lexemple de lapprentissage du saut la perche pour faire comprendre son propos. Il est impossible, dit-il, dapprendre sauter la perche dune manire purement thorique : il faut exprimenter soi-mme le mouvement, mobiliser ses sensations et ses rflexes corporels, pour affiner le geste qui permettra de bien sauter. Mais, une fois que lon a fait quelques sauts, il est extrmement utile de commenter ce que lon a ressenti, dchanger avec un entraneur qui vous apprend lire vos sensations, nommer vos gestes, relever les points o vos gestes ont t dfaillants. Le bon entraneur est capable de formaliser vos gestes afin de vous permettre dacclrer votre apprentissage. Cest l tout lenjeu : construire des formalisations qui permettent de dmler ce que lon a vcu pendant la mise en action. Vygotski, un psychologue russe contemporain de Piaget, a longuement travaill sur les formalisations partielles qui accompagnent laction. Certes, dit-il, ce qui relve du concept pur est souvent loign de laction. Mais, sur le chemin qui va de linformel au concept, il existe toute une gradation dlments qui soutiennent laction, qui permettent de la regarder, de lamliorer et dvoluer avec plus de confort. Un des exemples que prend Vygostki est celui de la grammaire. Si lon parvient expliciter les rgles (jamais compltement rationnelles ni compltes) qui gouvernent lusage dune langue, on ne rend pas capable de parler la langue directement, mais on acclre grandement lapprentissage de ladite langue. Limage est parlante et je pense quil est correct de parler dune grammaire daction. Si on se donne la peine de formaliser au moins partiellement une situation on permet aux autres de se lassimiler beaucoup plus rapidement. Quand on doit passer dune situation connue une situation non matrise, la formalisation (avant et aprs, comme dans le cas du saut la perche) nous fait gagner normment de temps. Tant que lon reste dans une situation stable, cest moins utile. La grammaire ne suffit pas parler une langue couramment. Les changes langagiers reposent sur une poussire dautomatismes incroyablement fournie. Mais lacquisition de ces automatismes est considrablement acclre par une explicitation, au moins partielle, de leur fonctionnement. Il en va de mme dans une situation daction : tout ne sapprend pas en chambre, mais construire des formalisations partielles qui commentent les situations daction, acclre le transfert des savoirs et amliore ces savoirs eux-mmes.

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    Cest le dernier lment relever : un savoir mieux transmis est galement un savoir plus adquat, qui relve des zones dombre et des incohrences et permet celui qui transmet, lui-mme, dagir dune manire plus adapte. Regards de la sociologie sur le partage dexpriences Questions de la salle Denis Pelsy, animateur de la journe

    Directeur des Programmes Emergents, Rseau Handiplanet, Fondation des Amis de lAtelier

    Nous retenons de nombreuses et prcieuses pistes de rflexion avec votre intervention. Souvent, jai eu loccasion de dire que le contenu que lon voit sur Internet dans le domaine qui est le ntre - le handicap mental est un contenu crit qui vient des chercheurs, des scientifiques, tant mme, et obligs dcrire, car si un chercheur ncrit pas, il nexiste pas . En revanche, lcriture est trs peu souvent un prrequis dans les fonctions des acteurs de terrain. Et donc, il est trs difficile de trouver, et daller chercher des expriences de terrain crites. Marie-Claude Baroche, prsidente dEspoir 54 et de la fdration nationale Agapsy

    Pourquoi est-ce que le partage dexpriences est si difficile entre les universits et les acteurs de terrain ? On voit parfois arriver des tudiants qui ont travaill pendant des annes, sans avoir jamais rencontr de personne correspondant leurs recherches. Je suis toujours tonne, car les accompagnateurs, les associations ont capitalis beaucoup dexpriences, mais tout se passe comme si cette exprience nintressait pas les universitaires. Ce clivage ma toujours surprise. Est-ce que vous pouvez nous donner votre sentiment ce sujet ? Quest-ce qui pourrait nous permettre dtablir des passerelles ? Frdric de Coninck

    Votre exprience mintresse, mais il y a chercheur et chercheur. Certains sont trs sensibles ce genre dexpriences. Aujourdhui, je travaille sur lexprience des usagers de la ville ; effectivement, on peut parfaitement concevoir des amnagements sans tenir compte de toutes ces expriences. Aucune connaissance conceptuelle ne peut nous permettre daccder directement en situation pratique. Et linverse, une situation compltement pratique, un savoir pratique, construit dans la pratique peut tre tout fait adapt. En gnral, il aura plus de difficults voluer, se transmettre une autre personne. Il peut aussi senfermer dans des impasses. Le vritable enjeu est de construire ce niveau intermdiaire. Et dans ce niveau intermdiaire, tout le monde est en train dapprendre. Lorsque je vais voir des acteurs de terrain, jy vais pour apprendre, pas seulement pour dverser mon savoir. Et lacteur de terrain attend aussi quelque chose de moi. On essaie de construire quelque chose ensemble. Sophie *, accompagnant des personnes en situation de handicap souhaitant rejoindre lentreprise

    Lorsque jcoute ce partage, et cet enseignement que vous nous proposez, jai une question : est-ce que finalement, le dbat nest pas aujourdhui de passer de la procdure (ce qui organise, ce qui permet notre intelligence dtre libre), au processus en tant que tel, o chaque maillon du processus, y compris la personne en situation de handicap va pouvoir, en tant elle-mme gnrer autour delle un environnement qui lui crant de lespace, lui offrant sa place dans la structure en entreprise, et ralimenter une rflexion sur des procdures bien tablies qui vont peut-tre tre remises en cause. Cest peut-tre un chantier norme qui affole tout le monde. Mais ce passage dun concept une procdure me semble ncessaire. Frdric de Coninck

    Je ne suis pas sr davoir tout fait compris la question. Ce qui est certain, cest que quand une organisation a dcid dessayer dintgrer une personne en situation de handicap, cest un apprentissage double sens. En fait, comme pour les chercheurs, une personne handicape nous apprend quelque chose. Ce nest pas juste elle qui doit apprendre faire ce quil faut dans la situation. A titre personnel, jai une de mes filles qui est sourde, et je suis frapp de voir quel point les gens sont handicaps dans la communication son gard. Car interagir avec quelquun qui est sourd, a ne veut pas dire forcment tre bloqu par lincomprhension et labsence apparente dun langage

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    commun. Bien sr, en 5 minutes, je ne parle pas de lapprentissage de la langue des signes ; mais il y a des gens qui arrivent trs bien enclencher un processus de communication malgr cette absence, et dautres qui sont handicaps dans la communication. Et au fond, cest un problme du savoir clinique. Un savoir clinique donne beaucoup de repres dans des situations pratiques, mais chaque situation pratique reste un cas singulier, et heureusement.

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    Spcificits du partage au niveau institutionnel Sandrine PERROT, Ministre des Affaires Sociales et de la Sant Direction Gnrale de lOffre de Soins, Dpartement Stratgie et Ressources, Mission des Usagers Denis Pelsy Sandrine Perrot, vous intervenez au nom du ministre de la Sant, dont le site saffiche sur lcran [http://www.sante.gouv.fr/espace-droits-des-usagers/]. Vous tes juriste spcialise en droit de la sant, et vous cherchez apprhender les questions relatives la norme, y compris celles lies lexercice mdical. Vous avez exerc des fonctions en cabinet davocat. Vous occupez un poste au ministre de la sant visant promouvoir les droits des usagers. Je vous laisse la parole pour nous parler des spcificits du partage dexprience au niveau dune administration. Sandrine Perrot Bonjour tous. Pourquoi avons-nous choisi de valoriser les expriences menes sur le terrain ? Notre espace sur le site du ministre des affaires sociales et de la sant sappelle Droit des usagers de la sant . Il y a un dispositif normatif important concernant les droits des usagers de la sant. Mais la loi et les textes, ne sont pas ou peu connus, que ce soit du grand public ou des professionnels concerns. Lide a t de crer un dispositif pour lancer une dynamique dappropriation de la norme, du texte, dans le but damliorer son effectivit. Comment procder ? Le droit devait tre rendu attractif. Nous avons lanc une opration de labellisation. Cest un fil rouge sur une anne, o, partir dun cahier des charges : on propose aux acteurs de terrain de solliciter le label ministriel droits des usagers de la sant . A lissue dune expertise de leurs projets au niveau local, ils obtiennent ou non ce label. En fin danne, nous organisons un concours visant valoriser les projets les plus innovants : chaque rgion fait alors remonter deux des meilleurs projets mens sur son territoire. Un jury se runit, dtermine si les expriences faites sont modlisables et transposables et dtermine les laurats. Cette anne, le jury a retenu 5 laurats. Cest tout un processus de mise en uvre, dappropriation de ce qui relve du normatif. En parallle de cette procdure dappropriation, nous dployons un dispositif de communication plus global. Il sagit de lespace droit des usagers [en ligne]. Nous avons notamment cr une page trs oprationnelle ddie aux projets labelliss, avec une classification par rgion. Il existe galement une liste des adresses utiles pour les rclamations et les plaintes ici, lment sur lequel je ne vais pas insister. Et ici, voici les projets labelliss. Chaque rgion qui a labellis ses projets les voit en ligne sur un site institutionnel. Lide est de montrer aux usagers que, dans leur rgion, des actions spcifiques existent sur lappropriation du droit. Spcificits du partage au niveau institutionnel Questions de la salle Question

    Le conflit autour de la norme est le point de dpart. Et comment arriver crer la fois des convergences, des possibilits de pratiques pluridisciplinaires, sans en parler dans des portails aussi bien faits que celui-ci, de faon en parler de faon neutre, contradictoire, mais faire respirer le dbat, ce qui, dans le social en France et la maladie mentale en particulier est trs difficile ? Sandrine Perrot

    En ralit, cest tout le problme du dbat public et du dbat citoyen. Il y a une instance - parfois surnomme parlement de la sant - la Confrence nationale de la Sant, qui porte la parole des usagers. Mais on se rend compte que cette instance connat des limites dans son fonctionnement, pour la simple

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    et bonne raison que les usagers et leurs reprsentants qui sigent dans cette commission, ou dans les commissions spcialises des droits des usagers en rgion, sont dj quasiment des professionnels de la reprsentation des usagers. Et non lusager lambda ; et cette voix manque. Cest finalement la question de la reprsentativit qui est interroge : il y a un biais, car ces reprsentants des usagers parlent des usagers de manire assez collective, et non dans la problmatique individuelle dun utilisateur. On le voit aussi au sein du ministre. Cette voix de lusager est importante, et on ne lui donne pas sa place, car cela na pas initialement t prvu ainsi, et ce rapport direct lutilisateur nexiste pas. Alors, il pourrait, et doit exister dans les tablissements, via la question de la mdiation ; dans ce cas, on a un rapport direct, sans intermdiaire. Cette question du dbat public, en prise directe avec lusager, notamment en utilisant les rseaux sociaux, est une question en cours de rflexion au ministre. Question

    Plus prcisment, comment est-ce que lon pourrait faire vivre le dialogue, par exemple au sein de votre portail, autour de la prparation du prochain plan autisme, tant entendu que des positions contradictoires devraient sy faire entendre ? Sandrine Perrot

    Lorsque jvoque le dbat citoyen, en ralit la question est : quelle place donne-t-on la parole de lusager, autrement dit, dans linfluence de la dcision politique. Nous sommes davantage positionns sur ce champ. Par exemple, pour les lois sur la biothique, nous avons organis des tats gnraux, men des dbats sur plusieurs mois. Aujourdhui, de ces dbats, quelles sont lessence et les propositions qui ont t retenues dans la loi ? Quelle est la place de la parole dun utilisateur, dun usager, dans linfluence dans la dcision politique in fine dans la loi ? Que va-t-on y retrouver ? Quand les associations de parents veulent modifier le dispositif lgislatif, il est intressant de sinterroger sur le comment, et par quel moyen, ce que fait le ministre. Denis Pelsy

    Donner la parole est un point central ; il est vrai que lon donne la parole dans des sites comme ceux-l. Le dbat est intressant et ouvert.

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    La relation de confiance avec les acteurs de terrains Anne CARPENTIER Appui technique aux programmes sociaux dInter Aide, Animation du Rseau Pratiques Denis Pelsy Anne Carpentier, vous intervenez au nom du rseau de partage dexpriences Pratiques. Cest un rseau qui existe depuis longtemps, et qui se situe du ct de la coopration internationale ; il implique Inter Aide, Essor et Initiative dveloppement. Vous pratiquez par ailleurs la psychothrapie en libral Paris. Je vous laisse la parole pour dix minutes de prsentation au sujet de ce rseau Pratiques que vous animez. Anne Carpentier

    Bonjour, merci de mavoir invite ; je vais vous prsenter mon exprience danimatrice de rseau. Le rseau Pratiques est un rseau lanc par 3 ONG franaises Inter Aide, Essor et Initiative dveloppement. Entrepreneurs du Monde et Pro-Action Dveloppement ont ensuite rejoint le rseau. Notre domaine dintervention est le dveloppement : nous travaillons dans les domaines de leau, lagriculture, la sant, lducation, laccompagnement social et la micro-finance dans les pays en dveloppement. Nos pays dintervention sont nombreux. Je vous laisse les lire sur le diaporama [Bangladesh, Bnin, Birmanie, Brsil, Burkina Faso Burundi, Cambodge, Cap Vert, Chine, Comores, Ethiopie, Ghana, Guine Bissau, Hati, Inde, Madagascar, Malawi, Mozambique, Philippines, Sierra Leone, Tchad, Vietnam]. Depuis son lancement, le rseau a diffus plus de 1 000 documents, 300 fiches pratiques et documents de capitalisation et plus de 700 outils (qui sont des modules de formation, des bases de donnes, des guides de procdures). Pratiques anime aussi des ateliers dchanges dexprience, et participe aux ateliers organiss par les membres du rseau. Toute la production du rseau est en accs libre sur un site Internet [http://www.interaide.org/pratiques] qui existe depuis lan 2000. Depuis 2012, un des membres du rseau, Entrepreneurs du monde, a repris lanimation des changes dans le domaine de la micro-finance : cest un succs, signe dappropriation et dinternalisation du rseau. Pratiques est un rseau de praticiens qui crivent sur leurs expriences, cest un change de pratiques. Pour collecter et partager linformation, chaque membre a mis en place des procds proches ou diffrents. Je fais un entretien annuel avec chaque responsable de terrain pour faire le point sur leurs outils, faire le point sur les mthodes et pour collecter les expriences en direct. Cela consiste faire des projets de fiches, quand japprends par exemple quil y a une nouvelle action pilote et que a peut intresser quelquun dautre ; alors, le responsable de programme pourra crire une fiche sur ce projet. Essor organise une runion annuelle avec ses responsables de programme, et je participe aux journes dchanges et de prsentation des programmes. Chaque anne, Entrepreneurs du Monde organise des ateliers sur la micro-finance, un en Asie, un en Afrique. A travers tous ces ateliers et entretiens, cest loccasion de connatre chaque personne, ses actions, sil a besoin doutils mthodologiques, de bibliographie. Cela permet la fois de partager des pratiques et de collecter les expriences du terrain pour les transmettre avec dautres. La diffusion des expriences se fait donc sur les sites internet. Cest un moyen de valoriser les actions, mais aussi les personnes et quipes qui les mettent en uvre. Cette reconnaissance nourrit aussi la motivation. Cest aussi une manire de contribuer des actions efficaces pour un monde plus solidaire. Merci.

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    Denis Pelsy

    Merci de nous avoir parl de cette collecte dexpriences, qui se fait dans une relation de confiance et par des tiers. Au dpart du rseau Handiplanet que je coordonne au nom de la Fondation des Amis de lAtelier, javais cette utopie de crer un contenant qui allait amener le contenu dabondance du cur, ce qui nest pas toujours le cas dans la pratique. Bien sr, Madame Carpentier sera encore l sur le temps de la pause et midi si vous souhaitez changer avec elle au sujet des avances remarquables du rseau Pratiques.

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    La diffusion des expriences et des contenus utiles laction Suzanne HUMBERSET, Charge de mission du rseau Ritimo, Animatrice de dph et de la Coredem (coredem.info) Denis Pelsy

    Suzanne Humberset, vous tes charge de mission lassociation Ritimo, qui est un rseau d'information et de documentation pour le dveloppement durable et la solidarit internationale. Vous tes responsable du projet dph, base de donnes d'expriences et d'analyses cre depuis 1986 avec la Fondation Charles Lopold Mayer pour le progrs de l'Homme. a a t pour moi un choc quand jai rencontr ce rseau : ce que javais un peu rv de faire existait. Ce projet a galement fait natre la Coredem, qui mutualise les donnes dune vingtaine de sites. Suzanne Humberset

    Ritimo est un rseau qui existe depuis une trentaine dannes ; au dpart, nous tions des centres de documentations et dinformations, donc tout fait associatif, un mtier de documentaliste. Ritimo est un rseau, et non pas une association, cest un rseau dassociations. Nous avons fait un travail pour partager nos donnes, avant mme linformatisation. Nous nous sommes vite informatiss et avons appris ces techniques de diffusion de linformation. Puis Internet est devenu incontournable. Suivre les volutions techniques dInternet nest pas facile pour les moins jeunes. Nous animons un projet intitul Echanges ; les enjeux de ce projet sont de tester les outils libres dInternet - car cela fait partie du partage et de la mutualisation -, de former les acteurs associatifs pour transmettre les connaissances, et de favoriser le dbat public pour garder la mmoire des avances et des ides de chacun des acteurs. Sur lhistoire de lchange dexprience, ds 1988, nous avons cr une base de donnes informatise, et nous avons rencontr la Fondation Charles Lopold Mayer pour le progrs de l'Homme. Puis, nous avons cr la dph : cest une banque dexpriences et non une base de donnes bibliographiques. Cest aujourdhui un site Internet, d-p-h.info [http://www.d-p-h.info/index_fr.html]. Au dmarrage, la technique ne suivait pas car les logiciels ntaient pas conviviaux. On changeait des disquettes et on pouvait la fois interroger et amliorer la base de donnes la condition d'avoir t form ! Au dmarrage, ce rseau tait bas sur le troc : ceux qui participaient en profitaient. Mais trs vite, cest devenu trs restrictif et nous voulions partager plus largement. Ce qui nous renvoie aujourdhui ce quon appelle les Creative Commons, qui sont le fait de librer les informations, le droit de reproduire gratuitement les informations. Il y a plusieurs Creative Commons, cette ide vient dailleurs des logiciels libres qui libraient les sources pour que dautres dveloppeurs puissent dvelopper autre chose. Nous avons choisi celle [parmi les licences Creative Commons] qui stipule que la reproduction est possible en citant les sources. Cest un projet de banque de donnes, qui rassemble des expriences utiles laction, et un rseau dexpriences linternational. Au dpart, le lien tait plutt sur les modes dchanges et outils que sur les thmatiques, qui taient trs diffrentes. Il y avait lapproche des langues, lapproche culturelle, et comment organiser un change dexprience entre des organisations internationales, des universitaires, etc. Le fait de rassembler ces rsultats dans une banque dexprience a permis de dcloisonner les angles de vue et les thmatiques. A lchelle dun rseau lui-mme, pour nous, ce qui est essentiel, cest de dfinir le cadre de lchange. Quels sont les objectifs de cet change et comment lorganise-t-on ? Au dbut, dph sest pos la question : si nous avons une centaine de fiches sur le nord de la France, serait-ce reproductible en Allemagne, ou ailleurs dans le monde ? Est-ce que la prcarit dans le nord de la France tait la mme que dans le sud du monde ? Que pouvait-on en tirer comme lignes de force ? Tout cela nous a amen la constitution de dossiers. Une exprience toute seule est intressante, mais quamne-t-elle dautres ?

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    Une autre question est celle de la mdiation, de la formation pour la ralisation dune fiche pour quelle soit crite dans un langage qui puisse parler plusieurs publics, qui ne soient pas spcialiss ; lon sinterroge sur comment apprendre un praticien qui na pas toujours le temps et la comptence, dcrire pour transformer sa pratique en exprience collective. Tout ceci na pas t simple, mais nous en avons tir des lignes de force que lon peut rsumer ainsi : il fallait contextualiser les expriences. Aprs lchange dexpriences, il y a bien sr la capitalisation. Lchange dexpriences est organis lintrieur dun rseau, et la capitalisation, cest pour un public plus large, cest la mise en forme des rsultats. La capitalisation exige une distance, une faon de tirer les leons pour que les personnes extrieures au groupe puissent en profiter. Cest la question de la communication et de la diffusion la plus large possible. Enfin, il faut diffuser, rendre disponibles ces rcits, ces informations utiles, pour partager les innovations. Internet est un outil formidable, mais il y a trop dinformations sur Internet, donc il sagit l aussi dun apprentissage collectif pour savoir comment toucher notre public, avec les outils, lettres lectroniques, rseaux sociaux, comment profiter du moteur Google qui ramne 80 % des internautes. Toute cette rflexion est au cur de nos pratiques. Le dcloisonnement dans Internet passe aussi par la recherche travers les moteurs de recherche. Nous avons cr une communaut de sites de ressources, notre Google nous, qui sappelle la Coredem, et on peut largir la recherche une trentaine de rseaux. Et Handiplanet va sy trouver aussi ! Merci. Denis Pelsy

    Merci davoir parl de ces questions de collecte, mais aussi sur la manire de rassembler et de rediffuser. Cela nous a permis didentifier les enjeux suivants : avoir le souci de savoir qui on destine ce contenu, dcloisonner les acteurs, les angles de vues. Comment part-on du partage dexpriences pour arriver une capitalisation dexpriences ? En ce qui concerne Handiplanet, nous nous sommes arrts au partage dexpriences. Y a-t-il des questions pour Suzanne Humberset avant la pause ? Elle reste votre disposition pendant la pause.

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    Handiplanet, la construction dun dveloppement international Viviane SEKERCIOGLU, Assistante la Direction des Programmes Emergents Rseau Handiplanet, Fondation des Amis de lAtelier Le rseau Handiplanet a t cr en 2006 par la Fondation des Amis de lAtelier. Cest une dmarche qui sappuie sur deux socles : permettre des changes, des rencontres et colloques, de professionnels mais aussi de personnes en situation de handicap ; et partager des expriences sur le plan national et international par le biais dun site Internet. Aujourdhui, ma prsentation thmatique portera sur le dveloppement international construit par le rseau. Dans un rseau de partage dexpriences, on cherche rapprocher des acteurs. Quelle que soit la distance physique, le manque de connaissance et de pratiques reste souvent le mme, que lon soit linternational ou lchelle locale. Handiplanet souhaite donc se dvelopper tant lchelle internationale qu lchelle locale pour enrichir les changes et leur donner une dimension largie. Dans ces changes internationaux, il y a un postulat duquel nous sommes partis : celui de lchange Nord-Sud avec de la rciprocit. On ntablit pas de hirarchie entre les expriences. Lorsquil y a des changes Nord-Sud dvelopps, il y a aussi des changes Nord-Nord et Sud-Sud. Nous utilisons deux outils principaux : lchange dexpriences et de tmoignages travers le site Internet et puis le partenariat. Le premier, le partage dexpriences, la collecte dexpriences : les partenaires sont sollicits pour partager leurs expriences de terrain, et cela passe par des fiches, issues dinterviews orales ou crites. Aujourdhui, le rseau compte 900 utilisateurs provenant de 335 organisations membres du rseau. Ces expriences sont diffuses via la newsletter toutes les semaines. Nous avons plus de 7000 destinataires de plus de 171 pays. Il sagit de 5000 destinataires en franais, 2000 en anglais et 130 en espagnol. Nous avons un outil qui nous montre que le nombre de visite de la plate-forme Internet. Si lon voit quHandiplanet a encore des efforts faire, lvolution est positive : 65 % des visiteurs sont franais et 35% dautres pays. 15 % des visiteurs sont francophones et 20 % sont anglophones et hispanophones. Le second outil, ce sont les partenariats, soit des liens renforcs entre des tablissements de la Fondation des Amis de lAtelier, et des organisations dans dautres pays. Ce partenariat se concrtise avec le voyage dun membre du rseau Handiplanet qui va sur place pour partager les expriences ; ceci est un voyage dchanges pour un professionnel de ltablissement. En retour, cest laccueil dune personne du pays partenaire dans ltablissement de la Fondation. Il y a une rdaction du partage dexpriences, en moyenne 3 par structure, ce qui fait six fiches par partenariat. Ces partenariats peuvent aboutir des voyages pour les usagers des tablissements, comme a t le cas en Egypte. Ensuite, le partenariat permet le renforcement de la connaissance dautres organisations dans le pays du partenariat et favorise des rencontres directes. Le partenaire devient tte de rseau dans son pays et la rgion de son pays. Le partenariat peut tre optimis dans le cadre de projets communs mens, avec le projet europen sur le-learning par exemple [projet eLeSI : www.handiplanet-echanges.info/le-reseau/projet-elesi]. Je vais vous prsenter les ingrdients quil est essentiel didentifier pour dvelopper le rseau linternational, le premier ingrdient tant : appuyer le rseau sur un texte, des principes. Dans le secteur du handicap mental et psychique, lobjectif est de contribuer un meilleur exercice des droits des personnes ayant un handicap mental ou psychique, sur la base de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapes de lONU du 6 dcembre 2006. Ensuite, le second ingrdient serait valable autant lchelle locale qu linternational ; il sagit de la recherche active de structure dans les pays, par Internet, par le dveloppement des contacts, et par des newsletters, la participation des congrs, etc.

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    Nous avons galement lenjeu du multilinguisme, qui fonctionne pour notre rseau avec la traduction automatique des contenus sur la plate-forme, traduction et contenus qui peuvent tre retouchs manuellement et enregistrs. Le quatrime ingrdient, cest le fait de mettre en confiance les contributeurs. Ceci est valable aux niveaux local et international. Pour linternational, il est important dappuyer le contact direct, via Skype par exemple, et il sagit davoir des instruments de prsentation claire pour garantir la qualit du rseau. Cinquime ingrdient, cest le fait de valoriser et multiplier limplication des contributeurs internationaux dans le rseau, de la mme faon que lon multiplie la visibilit des contributeurs locaux, franais. Cette multiplication de limplication des contributeurs passe par des relances, une fois que la personne a partag son exprience : on lui propose de continuer partager au fur et mesure. On procde une mise en valeur maximale de leur travail, notamment avec les newsletters. Pour conclure, comme pour le dveloppement lchelle nationale, la construction dun dveloppement international se fait en cercles concentriques. Plus les efforts se concentrent sur une rgion, plus le rseau se dveloppera. Merci. Denis Pelsy

    Nous voyons ici que la confiance des contributeurs doit tre gagne, et ce nest pas vident. Cest plus facile aujourdhui pour nous quil y a cinq ou six ans quand le rseau en tait son commencement. Les partenariats nous permettent davoir des changes interpersonnels, et cest quelque chose dinestimable dans le rseau. Le projet europen Handiplanet Europe Francophone a permis aussi dapprofondir la question de comment rendre active la contribution internationale avec les pays partenaires. Dans le cadre de la Francophonie ou dautres ensembles internationaux, les rseaux de partage dexpriences disposent dune sorte dexpertise grce aux liens quils crent avec des organisations de multiples pays. Y a-t-il des questions de la salle sur cette intervention ? Je propose donc dinviter ATD Quart Monde la table.

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    Les effets de la dynamique de partage dexpriences au sein dATD Quart Monde Genevive DEFRAIGNE-TARDIEU, ATD Quart Monde, Rseaux Wresinski, Universits populaires Quart Monde Denis Pelsy

    Genevive Defraigne-Tardieu, vous tes enseignante de formation. Vous avez travaill ATD Quart Monde animer les bibliothques de rue. Vous vous tes consacre la lutte contre la pauvret en France et aux tats-Unis, et vous avez anim luniversit Quart-Monde, et le rseau Wresinski. Genevive Defraigne-Tardieu Je vais vous parler dun rseau qui existe au sein du mouvement ATD Quart Monde. Cest important de pouvoir parler dexpriences, dans ce mouvement un peu particulier par rapport dautres mouvements de lutte contre la pauvret. Le mouvement est une ONG internationale fonde en 1957, et qui existe dans 30 pays du monde. Le fondateur a vcu et partag la vie des personnes en grande pauvret. Cest ce que nous cherchons faire nous aussi, volontaires permanents et allis. Le fondateur a montr que la grande pauvret est un dni de laccs aux droits, par exemple la sant, le logement, le mtier etc. Donc lutter contre la grande pauvret, ce nest pas uniquement la responsabilit des personnes pauvres, mais de tout le monde. Le mouvement est dirig dans 3 directions : la premire, vers les personnes en grande pauvret ; la seconde est lorientation vers la socit civile - comment faire pour faire connatre les phnomnes de grande pauvret - ; et la troisime, bien entendu, vers les responsables politiques. Je vais vous parler de deux rseaux dexpertise. Le premier est celui des Universits populaires Quart Monde. Les personnes vivant dans la grande pauvret y sont invites rflchir sur leur exprience. Accder sa propre exprience, cest dj tout un travail. Une ralit de vie nest pas une exprience en soi. Il y a tout un travail de formalisation faire, de rflexion, de mise en mots, et qui se fait dans un dialogue. Cest ce qui se joue au sein des Universits populaires. Le deuxime rseau, est un rseau de professionnels, de personnes engages dans la socit. Quelle est leur exprience ? Quest-ce que a veut dire quand on est mdecin de se trouver face une personne, un enfant dfavoris, quelles sont les difficults ? Quest-ce quon aimerait faire changer ? Voil deux rseaux dont je vais vous parler, en prcisant leur origine, leur fonctionnement et leur organisation. Il est important de parler de lexprience propos dATD Quart Monde, car notre fondateur [Joseph Wresinski] nous a donn comme repre : Tout est n dune vie partage, jamais dune thorie . Le mouvement est n dans le bidonville de Noisy-le-Grand, qui tait alors un chaos total. Partager lexprience, ctait une faon de comprendre les aspirations profondes de ces personnes [en grande pauvret]. Quelles taient les aspirations sur lesquelles on pouvait sappuyer, afin que la vie change ? Par exemple, tenir absolument garder ses enfants, sassurer quils ne soient pas placs, les lever dignement. Wresinski a montr un autre point trs important : les savoirs dexpriences issus de la grande pauvret sont indispensables pour la comprhension du monde. On ne peut pas avoir une bonne comprhension du monde si on na pas accs la comprhension du monde des personnes dfavorises, handicapes, etc. Wresinski a donn une force ces savoirs dexprience en montrant qu'ils sont indispensables. Tout lheure, lon parlait de luniversit, et des difficults des universits reconnatre les savoirs dexprience ; en effet, cest un travail que lon doit mener.

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    Ds les dbuts du mouvement Joseph [Wresinski] a essay de donner la parole aux personnes les plus dmunies, dcouter ce quelles avaient dire. Il a aussi organis des confrences publiques o des experts venaient parler de la pauvret. Il a trs vite renvers la manuvre, et les confrences se sont transformes en Universits populaires, car ctaient les personnes vivant dans la pauvret qui taient devenues sources de savoir. On devait apprendre delles, et non plus des confrenciers. Luniversit populaire Quart Monde fonctionne dans des conditions trs spcifiques. Les personnes en prsence ne sont pas uniquement des personnes pauvres, mais des personnes engages dans la socit la lutte contre la pauvret. LUniversit populaire ncessite une grande proximit avec les personnes pauvres, il est indispensable davoir leur confiance, de les engager la parole. Il faut leur permettre de formaliser leur exprience : arriver passer de sa ralit de vie une exprience en mettant des mots dessus, et en la partageant, en en prenant conscience. LUniversit populaire Quart Monde consiste donc des changes avec des citoyens de tout milieu, et galement avec un invit spcialiste du thme dbattu. La pense de chacun est exprime, elle est confronte celle des autres. Des savoirs sont crs manant de multiples sources, dans un croisement. Une comprhension du monde trs riche est cre. Ce travail se produit au cours de rencontres mensuelles qui regroupent en rgion une centaine de personnes. Ces rencontres ont lieu rgulirement dans neuf rgions en France, et on arrive avoir un recueil systmatique de savoirs. En plus de cette production de savoirs, ne de lexprience, il y a de nombreuses transformations. La rflexion sur l'exprience est extrmement efficace aussi, dans la mesure o elle produit du sens. Comprendre sa vie est extrmement important. La personne qui rflchit sur son exprience se transforme, son identit volue, elle devient elle-mme, cest trs important. Par le rseau des Universits populaires, une vritable expertise se construit, il y a une capitalisation de savoir. Les rseaux Wresinski sont dirigs vers la socit ; lapproche du mouvement nest ni caritative, ni humanitaire, mais socitale ; elle vise une transformation de la socit. Le mouvement avait toujours rv de faire une loi dorientation contre les exclusions pour arriver amliorer le dispositif lgislatif concernant la pauvret. En 1998, le mouvement a russi faire voter cette loi dorientation. Il a fallu que des professionnels dans le domaine de tous les droits concerns travaillent ensemble pour arriver faire des propositions valables dans tous les domaines de la lutte contre la pauvret et la prcarit sociale. Pour cela, des professionnels sensibiliss l'approche d'ATD Quart Monde se sont retrouvs, ont partag leurs expriences quand ils sont confronts des personnes en grande pauvret. Leurs rflexions ont t la base de la loi. Cest ce qui a lanc les rseaux Wresinski. Aujourdhui, chaque rseau est anim par un secrtariat. Il y a deux trois rencontres annuelles, et des liens constants par mails. Les domaines des rseaux Wresinski sont tous les domaines de laccs aux droits : Culture, cole, Emploi formation, Famille Petite enfance, Habitat ville, Sant, Vacances familiales, Vie locale citoyenne, Participation Croisement des Savoirs, Relations avec le parlement. Ces rseaux collectent, diffusent les infos, partagent la connaissance, et lengagement des professionnels. Pour conclure, voici un exemple de ralisation de ces rseaux : ce qui se joue aujourdhui mme au Conseil conomique Social et Environnemental, cest la contribution la Confrence nationale contre la pauvret et pour linclusion sociale, qui est le lieu o ont pu voir le jour les propositions que nos professionnels dans les rseaux ont pu esprer, souhaiter mettre jour et suggrer au gouvernement. On ne sait pas quelles vont tre les conclusions, mais voil un exemple de travail du rseau. Les Universits populaires Quart Monde et les rseaux Wresinski sont donc deux rseaux dexpertise qui se compltent efficacement.

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    Denis Pelsy

    Merci. On observe ici aussi le parallle entre parler dexprience, de son exprience de vie, et parler dune exprience professionnelle. Il sagit de la construction du partage dexprience au niveau professionnel, mais galement la construction dune identit personnelle au travers de ce que peut reprsenter la rflexion sur son exprience de vie, et l o elle a pu aboutir. Toutes ces collaborations de recherche, toutes ces universits et cette identit de ce Quart Monde ont produit aujourdhui un grand ensemble, sur lequel les chercheurs ont dsormais matire se pencher, car il y a eu cette tape de thorisation avec votre ouvrage L'Universit populaire Quart Monde, la construction du savoir mancipatoire. Les effets de la dynamique de partage dexpriences au sein dATD Quart Monde Questions de la salle Question

    Je vous remercie pour votre expos qui tait trs vivant. Je me demandais pourquoi je ne connaissais pas ces initiatives. Et je voulais vous demander sil y avait des publications pour le public relatant ces savoirs ? Genevive Defraigne-Tardieu Les publications sont nombreuses. Elles peuvent se retrouver partir du site du mouvement [www.atd-quartmonde.fr]. Le mouvement a sa propre maison ddition, ditions Quart monde, qui propose des publications tous azimuts : spcialises, universitaires, enfants, jeunes, romans, etc., dont beaucoup issues de la formalisation dexpriences dailleurs [www.editionsquartmonde.org]. Question

    Bonjour, je fais partie de la Fdration internationale de lArche. La question de la retranscription par crit est-elle obligatoire ? Comment intgrer de plus en plus la collecte de ces expriences par vidos ? Est-ce que vous vous en servez, ou est-ce que lcrit reste obligatoire ? Genevive Defraigne-Tardieu : luniversit populaire, tout est oral. On peut tre totalement illettr et participer, en bnficier entirement. Il y a aussi des personnes qui savent lire mais ne voient pas bien. On utilise aussi beaucoup la vido. Il y en a sur le site Internet. Il y a eu une trs belle vido sur les universits populaires, qui retrace toute la dmarche de construction du savoir dans les groupes de prparation ; une petite universit commence toujours par des groupes locaux de prparation, o les personnes rflchissent entre elles dans un climat intime, avec un animateur de groupe qui va aider lmergence des ides. On voit cela trs bien dans ce film [ Citoyens L'universit populaire Quart Monde par Delphine Duquesne, disponible aux ditions Quart Monde]. Question

    Je connais ATD Quart Monde, je trouve ces actions importantes ; dans notre commune, il y a toutes les deux semaines des permanences, pour des personnes qui ont des problmes, ils peuvent demander des conseils, et il y a des conseillers juridiques pour cela. Ce nest pas collectif, cest personnel aussi. Mais ceux qui donnent des conseils juridiques font bien leur travail. Denis Pelsy

    Merci pour ce dernier tmoignage, nous venant dun participant de Belgique.

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    Des pratiques et des outils partags : exemple dun pouvoir public wallon Simon BAUDE, Directeur du Service Audits et Contrles AWIPH - Agence Wallonne pour lIntgration des Personnes Handicapes (Belgique) Denis Pelsy

    Simon Baude, vous tes directeur des services audit et contrle lAWIPH, lAgence Wallonne pour lIntgration des Personnes Handicapes. Vous avez une longue exprience de laudit, et vous avez particip la rdaction de la plupart des rglementations rgissant lagrment pour les tablissements accueillant des personnes en situation de handicap. Vous nous parlez de pratiques partages sous limpulsion dun pouvoir public. Simon Baude Bonjour tous. Jai entendu plusieurs intervenants qui voquaient leurs expriences et spcificits axes sur le partage dexprience. Je dirais titre dintroduction que le partage dexpriences nest pas le cur de mtier de lAWIPH, organisme public dont je souhaite tout dabord voquer laction en interne, la vision ainsi que les valeurs, que nous portons. Ceci me permettra daborder ensuite de quelle manire nous avons mis en avant cette stratgie de partage dinformations et dexpriences. LAWIPH est issue du dcret du 6 avril 1995. Un Dcret chez nous quivaut une loi pour la France. Cest une loi qui a une porte gnrale et dresse les grands principes de la politique dintgration des personnes handicapes. Pour tout ce qui concerne les interventions en matire de soin, et les interventions financires verses aux personnes handicapes, celles-ci dpendent du pouvoir fdral. En parallle, tout ce qui relve de lenseignement relve des Communauts qui, ct des Rgions, constituent une autorit administrative dcentralise. Pour la partie sud du pays, la Rgion est comptente pour tout ce qui relve de la formation et lemploi, et lensemble des dispositifs favorisant linsertion des personnes handicapes. Tous les dispositifs mis en place au niveau de lagence peuvent se retrouver ici : cela concerne les aides lemploi, dans le secteur priv, public et le secteur protg, comme les ESAT en France. Lagence finance galement des services daide domicile auprs des parents de personnes handicapes, auprs des personnes handicapes elles-mmes vivant en autonomie, idem pour les logements spcialiss, des services dintgration qui aident les mineurs dans leur scolarit, des cellules de placement familial, etc. Lagence wallonne peut tre compare un ministre. Nous subventionnons environ 700 tablissements ; ils reoivent des moyens allant, en moyenne, de 50 000 2,5 millions deuros. Nous distribuons au total environ 400 millions deuros. On peut comparer laction de lAWIPH laction dune rgion en France. Lagence procde galement lvaluation des prestations fournies dans tous ces tablissements rservs aux personnes handicapes. Il est important de comprendre que les missions sont ralises pour lessentiel par des structures prives. Elles sont tenues responsables de la qualit du personnel quelles emploient, ainsi que de la qualit des offres aux personnes handicapes. Il y a une srie de normes imposes nos tablissements. Lagence possde un outil de contrle de la conformit ces normes. Il y a un service daudit que je dirige, qui soccupe la fois du contrle des normes sur le plan qualitatif et financier. Et nous avons un dispositif de sanctions, prvu sur le plan lgal. Lensemble de ce dispositif tend rpondre 3 proccupations : comment faire en sorte que les tablissements respectent ces conditions ? Et se pose assez rapidement un obstacle : ds quune srie dobligations et de normes atteindre est propose, on se rend compte que la norme elle-mme devient lobjectif, et que lon tend oublier qui se situe souvent en perspective par rapport ces normes : on fait souvent lexprience dtablissements

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    qui sont en totale conformit, mais qui ne sont pas pour autant convaincants au niveau de la qualit des prestations fournies. Cela nous a amens se poser la question de lobjectif de la qualit. Cest un dbat partag. Mais cest bien la question principale pour un service comme le ntre. Est-ce que les moyens parviennent rencontrer lobjectif final qui est de fournir aux personnes des prestations de qualit, une qualit de vie et de bien-tre pour ces personnes ? On est amen galement se confronter des interrogations, car la qualit relve surtout dun ressenti des personnes elles-mmes. Dans quelle mesure les consulter, dans quelle mesure ont-elles droit la parole ? Cela renvoie des principes plutt moraux que de conformit des rgles. Lon se rend rapidement compte que la qualit des prestations, cest une affaire de professionnels de terrain avant tout. Et lessentiel est que ces professionnels sapproprient les processus de qualit, plutt que de voir dbarquer un fonctionnaire venant signaler si le service est de qualit ou non. Pour ces raisons, historiquement, quand on fait le parallle entre ce qui se passait avant, et maintenant, nous sommes partis dune approche lgaliste et normative, et lon soriente vers une approche beaucoup plus axe sur la promotion de la qualit. On nabandonne pas une approche pour une autre, car nous avons une mission qui nous impose de sassurer de la conformit aux normes, cela reste fondamental, cela justifie le fait que nous allions dans les services pour voir les prestations rendues aux personnes. Mais lon a voulu amliorer notre approche en amenant un dbat sur des questions de qualit, et non plus seulement de conformit la norme. Nous avons amlior notre approche en allant rechercher les valeurs inscrites dans la convention de lONU, pour identifier une srie de bonnes pratiques dites par diffrentes autorits internationales telles que le Conseil de lEurope, la Health Information Authority en Irlande ou lAnesm en France, de manire raliser ensuite un travail daudit sur le terrain, en se basant sur des recommandations nonces par des organismes internationaux de rfrence. La plateforme qualit sur le site Web awiph.be [http://www.awiph.be/]permettra de mettre dispositions des outils concrets. Il y a des gens qui travaillent mettre en vidence tous les avantages et inconvnients de tel ou tel outil, avec ventuellement des valuations sur le cot dacquisition. Voil, merci pour votre attention. Denis Pelsy

    Merci beaucoup, je suis galement ravi dentendre votre riche intervention sur le fonctionnement de lagence en Belgique, ce qui fait aussi cho nos propres recherches dexpriences sur le pays. Jai not les ateliers dchanges que vous organisiez, sur lesquels lon souhaiterait en savoir plus, dans la mesure o les acteurs de terrain sont associs, ainsi que peut-tre les usagers. Dans ces ateliers dchanges, comment est rcupre la parole qui circule ? Est-ce quelle reste au niveau de parole, ou est-elle transcrite sous une forme ? Simon Baude

    Ces ateliers sont une initiative assez rcente. Ils seront mis en uvre partir de janvier. Ce qui est prvu, cest de mettre en prsence des professionnels pour linstant. Il est vrai que lon na pas encore envisag dassocier des bnficiaires eux-mmes. Mais pourquoi pas, la dmarche se veut tout fait ouverte. Quant la constitution dune bonne pratique, comment va-t-elle se produire ? Depuis deux ans dj, lon rpertorie les techniques intressantes. La plate-forme servira aussi de relais, de caisse de rsonance pour ces outils. Toute personne qui interviendra sur le site de lagence pourra aussi poser des questions. Des pratiques et des outils partags : exemple dun pouvoir public wallon Questions de la salle

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    Question

    A propos de ces pratiques, sur quels critres valuez-vous les diffrents organismes ? Est-ce que vous avez prvu de comparer leurs actions ? Simon Baude

    Cest une question trs dlicate. Pour les critres, pour des raisons purement juridiques, on ne peut valuer que sur la base de la conformit aux normes. La difficult est donc de combiner la mise en valeur des bonnes pratiques, et la fois le rle dun inspecteur, quon appelle auditeur maintenant ; le rle est parfois ambigu, et parfois peru difficilement par les tablissements. Pour le reste, on souhaite ouvrir le dbat. Il y a une rubrique dans les rapports daudit qui sintitule les recommandations. Lon prcise bien que ces recommandations nont aucun impact sur lagrment. Les rfrences servent de support pour que les auditeurs aient un rfrentiel commun servant dbattre de la question de la qualit, mais cela ne servira pas fournir une valuation du service. Cela nempche pas lauditeur de faire un commentaire subjectif, mais cela na aucun impact en matire dagrment. Question

    Et vous ne sortirez pas non plus le classement des meilleurs ? Simon Baude

    Non, ce nest pas toujours bien peru du ct priv. Ce nest peut-tre pas la bonne stratgie, si on veut quils sapproprient la question de la qualit, que de venir les classer. Le dbat nest pas simple.

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    Mesures de limpact de diffusion de bonnes pratiques Erwin RICLET, Charg de mission des Agendas 21, Ministre en charge du dveloppement durable, Observatoire National des Agendas 21 locaux Denis Pelsy

    Erwin Riclet, vous intervenez au nom des Agendas 21 ; vous tes urbaniste amnageur de formation, aujourdhui charg de mission outils et mthode pour les Agendas 21 locaux au sein du bureau des territoires du commissariat gnral au titre du dveloppement durable. Vous avez t animateur de plusieurs rseaux professionnels ou de mtiers : Club National coQuartiers, rseau des correspondants villes durables , et co-pilotez lobservatoire rgional des agendas locaux. Erwin Riclet Tout dabord merci de mavoir invit. Je suis trs impressionn, car il y a eu beaucoup dexposs de grande qualit, de rseaux trs structurs. LObservatoire [National des Agendas 21 locaux] na que 6 ans, et il est largement encore en phase de construction. Pour tre bref, je ne vais pas faire une prsentation dans le dtail de lObservatoire, mais vais plutt vous proposer de vous prsenter notre point de dpart, do est venue lide dvaluer la premire version de lObservatoire, et comment nous avons abouti une nouvelle stratgie. Les fondements sont partis de Rio 1992 [Confrence des Nations Unies sur l'environnement et le dveloppement, intitule Sommet Plante Terre et ayant abouti la Dclaration de Rio sur lenvironnement et le dveloppement], et de lambition de traduction de Rio en Europe occidentale. Beaucoup de personnes avaient entrevu les 3 piliers du dveloppement durable, mais beaucoup moins de monde avait pu voir le dveloppement durable . Donc se posait toujours la question : quest-ce que le dveloppement durable ? En 2002-2003 commencent des travaux qui vont aboutir au cadre de rfrence des Agendas 21 locaux, qui est la traduction franaise du dveloppement durable. A cette occasion, samorcent des discussions informelles entre lassociation 4D et le ministre lpoque en charge du dveloppement durable. Car finalement il nexistait pas de vision globale. Jajoute cela la SNDD [Stratgie Nationale de Dveloppement durable, dfinie et mise en uvre partir de 2003 et actualise en 2010] qui fixe un agenda ambitieux. Si lon pousse les collectivits se lancer dans de telles dmarches, il va falloir mettre leur disposition des outils pour se lancer. Do est ne lide de structurer un rseau que lon a appel Observatoire, mais qui est finalement davantage un rseau dacteurs, de collectivits locales qui se mettent en rseau pour partager leur exprience. Ctait lide premire. Une volont remarquable et un background fourni existaient sur cette ide davoir un recensement et mettre les gens en rseau. Quant au pilotage du rseau, il sagit dun pilotage avec quatre acteurs : le ministre de lcologie, du dveloppement durable et de lnergie ; lassociation 4D, qui est une sorte de passerelle dinformation citoyenne sur le dveloppement durable ; le Comit 21, rseau dacteurs du dveloppement durable ; et lAssociation des Maires de France - car lobjectif du rseau tant de fdrer les collectivits, il tait normal que la principale association de collectivits locales pilote galement le rseau. LObservatoire - le rseau - est cr en fvrier 2006. Est signe une charte de fonctionnement avec les quatre co-pilotes. Ce sont eux qui dfinissent la stratgie et lanimation du rseau. Un comit de ressources rassemble tout ce qui fait sens en matire de dveloppement durable ; ce comit est l surtout pour aiguiller le rseau, et bien sr, les collectivits. Les outils lpoque de la cration taient : une plate-forme Web qui tait plus une base dentre pour les collectivits afin de remplir directement en ligne des fiches dexpriences. Ds 2006, sont mis en place des ateliers annuels, lors desquels lon rassemble les collectivits, et lon travaille sur un sujet.

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    Do vient lvaluation ? En 2009-2010, lObservatoire voit apparatre une maturation des collectivits sur ces questions. Notamment, de plus en plus de collectivits se lancent dans ces dmarches. Le nombre de 1000 Agendas 21 est pratiquement atteint aujourdhui. Beaucoup de collectivits sarment en matire dingnierie, recrutent de nombreux chargs de mission sur ces questions. La question sest donc pose de la plus value que peut apporter lObservatoire. En parallle, est vote la loi Grenelle [Grenelle I en 2009, avant Grenelle II la compltant en 2010]. Il a t dcid de remettre les cartes plat et de faire un audit de lObservatoire. La premire chose qui avait t faite est un systme dvaluation en ligne sur la plate-forme Web qui sest sold par un brillant chec. Il ny a eu que trois ou quatre retours de collectivits. Il a donc t dcid de procder autrement ; lassociation 4D a fait un audit interne et a dress outil par outil, finalit par finalit, objectif par objectif un certain nombre dhypothses et a appel les collectivits. Cela a fait lobjet dun rapport assez classique, comportant les atouts, faiblesses, potentialits, risques etc. Le bilan indiquait les lments suivants : - le recensement est extrmement chronophage : cela prenait beaucoup de temps de collecter tout ce qui remontait, faire la cartographie, etc., pour des chiffres qui voluent constamment. - les donnes quantifies napportaient pas grand-chose. - et, enfin, dans sa premire version, lObservatoire traitait de beaucoup de sujets gnralistes, mais ntait spcialiste en rien. Cest de ce point quest ne lide davoir une meilleure stratgie, avec un listage denjeux : amliorer la lisibilit et la notorit, amliorer laspect qualitatif des outils mis en place, et des publications, et se recentrer sur lanimation du rseau. Comment on a procd ? En fait, lObservatoire a dress quatre scnarios de dveloppement :

    - Soit se concentrer sur lanimation la production, - Soit faire du recensement ou de la production doutils, - Soit un recensement exhaustif de ce qui se passe, - Soit, quatrime scnario, un recensement exhaustif, avec en plus lutilisation de la base de

    donnes. Finalement, le comit de pilotage a dcid de se recentrer sur le premier scnario, avec une petite variante qui consistait continuer faire un recensement, mais minima, la demande de lAMF. Le site Internet a t entirement refondu, avec une volont davoir une relle actualit et une mise jour du site rcente et rgulire, car cest ce qui attire les gens. Lobservatoire se concentre tous les ans sur un seul sujet, et non deux. Et il exploite rellement ce sujet de manire approfondie. Un recensement est ralis auprs des collectivits membres de lObservatoire pour connatre leurs besoins, puis leurs sont proposs des lments en rponse pendant un an, axes sur lesquels lObservatoire se spcialise. Les fiches de bonnes pratiques publies depuis ne sont plus gnralistes, mais sur des collectivits en pointe, ou qui se posent des questions sur le sujet. Sur la question des indicateurs, comment mesurer actuellement la satisfaction des membres du rseau de lObservatoire pour voir si celui-ci va dans la bonne direction ? Dabord, le point dentre est le site. Cela nous permet de nous aiguiller, de voir les besoins des collectivits et dans quelle direction aller. Nous valuons aussi dans nos ateliers. Lobservatoire reoit une fois par an les membres du rseau. Une fiche dvaluation leur est transmise, dans laquelle il leur est demand si ce que nous proposons rpond leurs attentes, etc. Nous employons aussi un autre indicateur : le nombre dexemple de cahiers couls. En termes de rsultats, lon observe que nous attirons beaucoup de chargs de mission et peu dlus ; quelques lus participent, mais cest peu au regard du nombre de chargs de mission. Cette anne en 2013, nous organisons un atelier sur le financement et le dveloppement durable. Si vous tes intresss, nhsitez pas, vous y tes les bienvenus. Pour les perspectives dvolution, la question de lconomie nous intresse beaucoup, ainsi que celle dune ouverture l'Europe. LObservatoire voudrait largir et voir ce qui se fait en Europe, en

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    particulier en Europe du nord, rgion qui tait un moteur et qui semble commencer sessouffler ; le retour dexprience de leur part pourrait tre trs intressant. Denis Pelsy

    Nous avons entendu comment vous tes pass du partage dexpriences aux bonnes pratiques. Est-ce que vous mettez de ct des pratiques quon vous remonte comme tant des non-bonnes pratiques ? Erwin Riclet

    Lobjet mme dAgenda 21 dpend tellement du contexte de la collectivit locale, que des choses relevant de la bonne pratique un endroit peuvent tre compltement basiques et sans intrt ailleurs. Donc cest trs difficile de rpondre de manire gnrique. a dpend vraiment. Une rponse de normand. Mesures de limpact de diffusion de bonnes pratiques Questions de la salle Question

    Quelle est la place du regard des citoyens dans cette mise en uvre des Agendas 21 ? Il y a quand mme la dmocratie participative, et si cest une mise en uvre de la socit vers le dveloppement durable, il y doit avoir aussi la place du regard des citoyens, et pas seulement lautosatisfaction des municipalits parfois sur leurs bonnes pratiques. Erwin Riclet

    Justement, le dernier atelier a port sur cette question de la participation. Le cahier vient juste de paratre, donc si ce sujet vous intresse, je me ferai un plaisir de vous lenvoyer [lien vers le document en ligne : http://www.observatoire-territoires-durables.org/IMG/pdf/participation_et_agenda_21-observatoire_national_des_agendas_21_locaux-nov_2011.pdf]. Pour revenir sur votre question de manire plus globale, vous savez que les Agendas 21 doivent tre conus pour et par la socit civile : les habitants, les ONG, les associations, les entreprises, etc. Des choses formidables sont ralises. Nous avons connu le cas notamment dun Agenda 21 qui avait merg de la population : ctait un rseau de citoyens qui a pouss la collectivit se lancer dans cette dmarche ; la collectivit a une dmarche assez en retrait, alors que cest elle qui est reconnue pour son projet de territoire. La collectivit parle bien de lAgenda 21 du territoire. Denis Pelsy

    Merci Monsieur Riclet. Nous pouvons laffirmer avec certitude : les contacts ne sarrtent pas aujourdhui.

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    Lancement du Guide Mthodologique du rseau de partage dexpriences Georges GAASCH, Ligue HMC (Luxembourg) - Partenaire du projet Denis Pelsy

    Cette journe du partage dexprience est galement consacre au lancement du guide mthodologique de cration dveloppement dun rseau dexprience - qui est anim avec notre partenaire du Luxembourg. Il sagit de cet ouvrage, que nous vous avons distribu lentre : [disponible en pdf sur le site : http://www.handiplanet-echanges.info/le-reseau/foire-aux-questions et en version imprime gratuite sur demande, dans la limite du nombre dexemplaires]. Je vais simplement donner la parole Jean-Pierre Boissonnat, directeur gnral de la Fondation des Amis de lAtelier, qui va nous rappeler brivement le contexte et les conditions dans lesquelles la Fondation a pu raliser cette volont dlaborer ce guide. Jean-Pierre Boissonnat Bonjour. La fondation des Amis de lAtelier a toujours cherch avoir une ouverture sur lextrieur. Et le fait dtre devenu une fondation il y a un peu plus dun an na fait que renforcer cette volont dtre visible, mais aussi de travailler en partenariat avec dautres que nous-mmes, forts de cette ide que le partage de connaissance est une source de progrs. Un des territoires sur lesquels nous souhaitons dvelopper ces partenariats est l'Europe. Cest dans ce sens quest n un projet transnational en Europe, avec deux partenaires europens : un partenaire luxembourgeois la Ligue HMC [http://www.ligue-hmc.lu/], et un partenaire belge lInstitut du Bon Pasteur [http://www.bonpasteur.be/]. Ce sont donc 3 partenaires europens qui ont particip ensemble un travail sur ce projet commun Handiplanet Europe Francophone . Lide de dpart tait tout fait en phase avec tout ce qui a t chang ce matin : cest le constat que de nombreuses initiatives, pratiques, existent, marchent, mais ne sont pas partages, car elles ne sont pas crites, elles ne sont pas transmissibles par des moyens de lcrit, en y incluant les moyens modernes de communication. Lide de ce travail tait de chercher mettre en valeur cette culture du partage de lexprience que Handiplanet connat maintenant depuis quelques annes, et de thoriser sur la faon de permettre des personnes de se mettre en rseau. Dans cette ligne, et en parallle avec les recommandations europennes, les partenaires ont cr un outil qui sappelle Rseau thmatique de partage dexprience. Ce guide mthodologique, je cite, souhaite vous donner envie de vous investir dans le partage dexprience, ainsi que dans la cration dun rseau dans votre secteur. , car ce guide peut avoir un usage qui va bien au-del du domaine qui est le ntre. Cela concerne tout ce que lon encadre sous le vocable dconomie sociale et solidaire. Denis Pelsy

    Merci Jean-Pierre ; nous passons la parole Georges Gaasch, directeur administratif et financier de la ligue HMC (Ligue Luxembourgeoise pour le Secours aux Enfants, aux Adolescents et aux Adultes mentalement ou crbralement handicaps). Je me souviens de la rponse positive de Georges Gaasch lorsque nous lui avons propos ce travail en partenariat ; vous lancer dans cette aventure simplement parce que quelquun dune Fondation en France vous la demand, je vous en flicite. Georges Gaasch Ctait une trs bonne exprience pour la ligue HMC et pour moi-mme. Dans la mise en place dun rseau de partage dexprience, il y a 6 tapes. Et vous les retrouvez dans le guide mthodologique. Tout dabord, avant de commencer, il faut connatre, et tudier le contexte. Dans notre contexte, comme dans tous les secteurs de lconomie sociale et solidaire, loral prime sur lcrit. Il faut passer dune tradition orale vers une transcription crite pour atteindre un nombre beaucoup plus lev dauditeurs et de rcepteurs. Il y a dj une transmission dexprience, mais dans un cadre trs restreint, dans le face face. Et le rseau de partage veut justement atteindre un nombre beaucoup plus lev de participants.

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    Le guide mthodologique ne concerne pas uniquement le handicap mental et psychique : il est transfrable dautres domaines de lconomie sociale et solidaire. Il tablit un lexique commun pour les principaux thmes du guide et du rseau, comme exprience partageable, partage dexprience, capitalisation des bonnes pratiques , etc. Pour crer un rseau, il faut connatre le contexte. Ensuite, il faut faire vivre le rseau, cest--dire assurer des liens avec un maximum dautres acteurs du secteur en soignant les changes interpersonnels. Cela peut se faire dans de petits groupes, mais il faut arriver une certaine standardisation de ces changes. Il faut non seulement faire participer les individus, mais aussi les organisations quils composent. Et il faut aussi faire contribuer le public vis. Il doit sagir dun rseau bien dfini. Cest--dire quil faut tablir au dpart une charte dfinissant les objectifs, les principes, les valeurs, le cadre technique et organisationnel du rseau. La troisime tape consiste dans le choix dune plate-forme dchange qui aujourdhui comprend forcment lInternet. Il faut voir et analyser les forces et faiblesses du projet. Handiplanet a identifi comme force quil y a dj une certaine rciprocit, il y a un contact entre les acteurs. Il y a aussi un recul sur les expriences faites et une analyse. Et les gens se parlent et montrent ce quils ont fait. Parmi les faiblesses, on a surtout identifi quil y a une certaine tendance garder pour soi ses informations, ses expriences, car celles-ci ne concerneraient pas tout le monde, ou lon pense que ce nest pas intressant pour autrui. Certains pensent aussi quil y a trop de travail pour mettre tout cela par crit, le mettre sous une forme qui puisse atteindre des tiers. Certains aussi valuent les gains quils peuvent obtenir de ces partages. Les moyens : il faut dfinir les fonctionnalits dsires et se doter des outils appropris. Mais si on parle dInternet, il faut aussi parler de la protection du site contre les attaques par les utilisateurs qui veulent nuire aux rseaux. Et il faut avoir une perspective de long terme pour la maintenance du site. Si aprs deux ans, on na plus dargent pour maintenir le site, ctait une mauvaise dcision au dpart. Il faut aussi avoir une certaine architecture ouverte qui lie le rseau dautres structures, dautres technologies. Ensuite il est important de continuer les changes interpersonnels, crer des liens, faire des changes tlphoniques ou par mail. Il faut toujours rester lcoute et organiser des vnements de rencontre, comme celui-ci. Et je crois que les Amis de lAtelier ont lobjectif de faire une runion tous les ans. Car le contact direct entre les interlocuteurs est quand mme trs important mme sil nest plus aussi ncessaire avec les moyens et nouvelles technologies dont on dispose aujourdhui. La quatrime tape concerne la collecte dexpriences. Il faut inciter les porteurs dexprience la participation. Et il faut aussi attirer des preneurs dexprience [ceux qui prennent connaissance des expriences partages et en bnficient]. Car si un porteur dexprience fait un effort pour crire son exprience, la mettre sur les rseaux, et sil ne reoit pas un feedback positif, il ne va plus partager ses expriences. Il faut aussi convaincre ces porteurs dexprience passer de loral vers lcrit. Lanimateur du rseau de partage doit tre en permanence la recherche dacteurs de terrain et les amener croire en la valeur de leurs expriences. Car beaucoup pensent que ce quils ont fait est banal et nintresse personne. Le plus souvent, ce nest pas vrai. Et surtout, il faut amener ces acteurs de terrain accepter lcrit. Ensuite il faut avoir une fiche dexprience, un format de fiche standardise. Cette fiche doit renseigner sur un crit synthtique, a ne doit pas tre trop long, sinon personne ne va le lire, mais cela doit quand mme tre trs explicatif. Pour attirer les lecteurs, il est trs important dutiliser des images, photos, dessins. La cinquime tape est de faire connatre le rseau. La communication avec les contributeurs, les professionnels du secteur, les plateformes ou les gens impliqus est trs importante. On peut utiliser

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    toute sorte de mdias pour joindre ces acteurs. Soit des messages lectroniques, soit on peut joindre les rseaux sociaux, professionnels, comme Facebook, Twitter, etc. Et trs souvent, cela fait aussi sens de faire suivre ces contacts plus standardiss par une relance tlphonique cible qui montre lacteur potentiel quil est bien vis personnellement, et que ce nest pas un flyer lanc 10 000 personnes. On peut galement utiliser toute sorte de support visuel et informatif, papier, Internet, messages. Avec les moteurs de recherche comme Google et autres, les lments de rfrencement sont trs importants. Cest--dire que si vous tapez un mot-cl, les mots principaux doivent toujours envoyer vers le rseau. Si on veut avoir du succs, il faut que le nom de notre site soit montr par le moteur de recherche. Finalement, on peut aussi utiliser la presse cible ou des magazines lectroniques. Il faut des sollicitations cibles rgulires o lon invite les porteurs dexpriences, les utilisateurs, les membres. La dernire tape, une fois que le rseau est bien tabli et que les fiches dexpriences sont sur le rseau, il faut alors valuer la qualit, et du rseau et des contributions ; cela signifie faire le point sur la qualit des contenus du rseau et sur le nombre de personnes que ce dernier touche. Cest un exercice faire rgulirement pour voir si le rseau continue crotre. Ensuite, il est conseill dvaluer la qualit, cest--dire valuer les retours des personnes membres ou simples lecteurs. Ce sont gnralement des critiques positives ou ngatives sur la facilit daccs du rseau, mais aussi de temps en temps sur le contenu des fiches dexpriences. Et cest une valuation trs importante pour le contributeur lui-mme qui veut entendre que sa fiche intresse des lecteurs, ce qui le motive continuer. Les outils : on peut analyser lenvoi des newsletters, est-ce quil y a des gens qui se dsinscrivent ? Est-ce quil y a de nouvelles inscriptions, de nouvelles adresses ? Est-ce que, sur le site Internet, il y a un outil de mesure de frquentation du site ? On peut analyser le nombre de membres, on peut mesurer le temps pass sur le site, le nombre dinterventions ou de clics. Et on peut galement faire des statistiques sur la provenance gographique. Denis Pelsy

    Merci Georges Gaasch, nous avons eu des runions rgulires, nous avons fait des interviews ensemble, avec des camras vidos, nous avons dcortiqu tout cela pour essayer de confronter nos intuitions. Cela a t un travail tout fait passionnant, avant de retenir certaines ides. Je me souviens de confrontations de perspectives, tout comme de nouvelles pistes ouvertes. A votre suite, Suzanne Humberset intervient aujourdhui au nom de Monsieur Pierre Calame, qui a ralis la prface de ce guide mthodologique, et qui est un peu notre pre spirituel, car cela fait trs longtemps quil a commenc sur cette ide de partage. Suzanne Humberset

    Pour remercier Monsieur Calame, je ne rsumerai pas sa prface, car cest un ingnieur, et je suis plutt dans la pratique. Je vous laisse la lire. Mais effectivement, il a dabord travaill dans une grande entreprise, puis dans le service public, et cest ds ce moment-l quil a eu cette ide, cette obsession de lchange dexpriences. Et pour rappeler brivement ses ides, il dteste le terme de bonnes pratiques, car il pense que dans les bonnes pratiques, il ny a jamais les checs et difficults, et surtout, il ny a pas le processus amenant la transfrabilit de lexprience. Je tenais redire cela. Je pense quil va tre trs content de ce guide qui sera utile pour de nombreux rseaux de thmatiques trs diffrentes, et qui participera donc montrer que la parole peut tre prise par des gens qui ne lont pas dhabitude, que participer lchange dexpriences, cest devenir des organisations apprenantes, crer de lintelligence collective, partager des savoirs, diffuser de la connaissance, exiger des scientifiques quils nous rendent les rsultats de leurs recherches, quils les donnent la socit, dcloisonner les points de vue. Merci de ce guide. Enfin, de toute cette aventure de dph partie de Monsieur Calame, nous en sommes arrivs cette plate-forme - la Coredem [http://www.coredem.info/] - qui a des rseaux dans le monde entier sur de nombreuses thmatiques. Denis Pelsy

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    Merci Madame Humberset. Nous voici au moment du lancement. Jean-Pierre Boissonnat Nous dclarons officiel le lancement du guide mthodologique de Rseaux thmatiques de partage dexpriences. Denis Pelsy

    Merci de saluer galement le travail de Sophie Colesse et Viviane Sekercioglu qui ont t les rdactrices et plumes de ce guide. Merci de nouveau nos deux partenaires europens, la Ligue HMC [http://www.ligue-hmc.lu/] et lInstitut du Bon Pasteur [http://www.bonpasteur.be/]. Merci pour ce lancement du guide qui sera diffus 1 000 exemplaires. Nous avons actuellement 500 adresses cibles dans lconomie solidaire, et cest loccasion pour moi de rappeler que cette journe se fait sous le patronat sous le patronat du ministre de lconomie sociale et solidaire.

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    Remise des prix du Concours Handipartage 2012 - Valoriser les expriences Nous allons passer maintenant la remise des prix Handipartage, concours orient vers les contributeurs de l'Europe francophone : Belgique, Luxembourg et France. Dans le partage dexpriences, il est vrai que lon peut se poser la question du gain. Quest-ce que je gagne prendre ce temps pour transmettre mon exprience ? On sait que le partage dexpriences permet de mettre en mots, et donc de passer autre chose, que cela contribue linnovation. Tout cela nest pas trs clair pour celui qui a sa feuille blanche devant lui. Lide avec ce concours tait celle daugmenter lattractivit de la transmission dexpriences en crant un concours. Comme entendu ce matin dans lintervention de Mme Perrot du Ministre de la Sant, nous avons cr un concours ; et il ny a rien de tel pour donner une attractivit la contribution . Nous avons donc mis en place ce concours, avec Sophie Colesse qui a t animatrice principale. Nous avons pu rcolter 111 fiches dexpriences, de natures totalement diffrentes, diverses. Le concours se centrait principalement sur linsertion sociale et professionnelle, partant du principe que linsertion sociale tait un prrequis pour linsertion professionnelle. De ces 111 fiches, le concours ayant t clos le 20 septembre [2012], un comit de slection a eu pour tche de sortir dix fiches. Le comit comprenait un membre junior, un membre senior, deux membres de la Direction des programmes mergents ainsi que Thibault Delafon, charg de mission au dveloppement la Fondation. Parmi les dix fiches prslectionnes, le jury a eu le souci davoir une pour une thmatique particulire de lgalit homme/femme, car cette thmatique est applique sur lensemble des programmes europens actuellement. A partir du 20 novembre [2012], le jury a pris le relais du comit de slection, pour choisir, parmi les 10 fiches prslectionnes, 6 fiches nomines et attribuer les prix. Faisaient partie de ce jury les 3 partenaires, Georges Gaasch de la Ligue HMC, Jean-Philippe Mattez, Directeur adjoint de linstitut du Bon Pasteur qui aujourdhui accueille 110 personnes avec dficience intellectuelle. Et sest adjointe galement Madame Agns Marie-Egyptienne, secrtaire gnrale du comit ministriel des personnes handicapes. Cet ancien comit a t maintenant rattach auprs du Premier ministre. Madame Jocelyne Mongellaz, dlgue rgionale pour lle-de-France au Droit des Femmes et lEgalit, a galement contribu lattribution du prix spcial Egalit Homme-Femme. Nous allons maintenant remettre les prix, avec Sophie Colesse. Sophie Colesse

    Charge de mission projet europen la Direction des Programmes Emergents

    Rseau Handiplanet, Fondation des Amis de lAtelier

    Le vainqueur du Prix Spcial Egalit Homme Femme est : Anne-Marie de Vleeschouwer, du SISAHM, pour sa fiche La participation active d'auto-reprsentant pour rendre accessible la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapes [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/annemarie--devleeschouwer_505/la-participation-active-dauto-repra-c-sentants-fr] La Convention des NU pour les Droits de personnes handicapes souhaite effacer les distinctions entre hommes et femmes et fait mention de lgalit homme-femme. Traduire la CDPH en langage simplifi cest dj faire leffort de la non-sgrgation, do la remise de ce prix. Nous appelons Madame de Vleeschouwer et Serge Manneback se prsenter sur la scne pour recevoir leur prix, [un iPad]. Anne-Marie de Vleeschouwer

    Juste un mot pour complter ce qui a t dit. Nous sommes trs contents davoir reu ce prix. SISAHM est un service daccompagnement bruxellois ; nous avons traduit la convention qui tait

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    rdige dans un langage juridique complexe, et nous lavons adapte dans un langage facile comprendre et largement illustr. Car une convention relative aux droits des personnes handicapes qui ne leur serait pas accessible naurait aucun sens. Nous allons dans les diffrents services pour prsenter cette convention aux professionnels et personnes en situation de handicap. Serge Manneback

    Je voudrais dire merci Handiplanet, car cest important pour la reconnaissance que nous ayons reu un prix. C'est important pour le SISAHM, et pour moi. Je vous remercie. Denis Pelsy

    Hier encore, une runion de lAIRHM impliquant la francophonie et les acteurs du handicap mental, les participants invoquaient la ncessit de traduire cette convention en langage adapt. Merci de votre travail. Le vainqueur du Prix n5 est : Sylvie Monteiro, de lorganisation ATP [au Luxembourg], pour sa fiche Accompagnement individualis dune personne vers lemploi . [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/sylvie--monteiro_881/accompagnement-individualisa-c-dune-personne-vers-fr] Cette fiche met laccent sur lintgration des personnes avec des troubles psychiques en entreprise, ce qui est encore trop rare. Cette fiche prsente galement un aspect innovant, le parrainage qui permet de crer du lien dans les entreprises et dimpliquer tous les salaris et pas seulement les responsables hirarchiques. Madame Monteiro ntant pas dans la salle et lATP nayant pu tre reprsente aujourdhui, nous remettons le prix, [un iPad], Monsieur George Gaasch qui le rapportera au Luxembourg. Le vainqueur du Prix n4 est : Pauline Simon, de lorganisation Espoir 54, pour sa fiche Bnvoles Intrim . [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/pauline--simon_927/le-service-ba-c-na-c-voles-inta-c-rim-fr] Cette fiche met en avant le bnvolat des personnes en situation de handicap psychique et ce bnvolat, au-del de linsertion socioprofessionnelle, constitue une relation sociale. Ce projet novateur permet aux personnes de retrouver une utilit et un statut social, un premier pas vers linclusion. Madame Simon nayant pu venir aujourdhui, nous appelons Madame Marie-Claude Barroche, prsidente et reprsentante dEspoir 54 aujourdhui se prsenter sur la scne pour recevoir ce prix, [un iPad]. Marie-Claude Barroche

    Je suis vraiment trs heureuse et mue. Cette initiative est partie dune rflexion collective. Les personnes en situation de handicap dorigine psychique ont envie davoir une utilit sociale, mais ce nest pas toujours facile. Certaines voudraient travailler, mais cest difficile, et dans notre association nous sommes rellement trs attentifs ces personnes. Nous avons essay de leur donner toutes sortes doccasions pour se sentir utiles. Le problme est que certains jours, ces personnes vont bien, et dautres jours moins, donc assumer un bnvolat en permanence au sein dune association, cest parfois trop lourd. Lide est venue de constituer un petit groupe et de rpondre aux demandes. Ceux qui sont l, ceux qui le peuvent le font. Les services rendus peuvent tre des installations de stands, des accueils du public, des dmnagements, etc. Nous travaillons beaucoup avec les collectivits publiques, avec la ville, le conseil gnral. Ce sont des aides trs ponctuelles qui valorisent ces personnes. Voil lesprit de cette initiative.

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    Denis Pelsy

    Jai dautant plus de plaisir pour ce prix que Espoir 54 a fait une autre fiche dexprience galement trs intressante : La Bibliothque des Livres Vivants [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/pauline--simon_927/la-bibliothaque-des-livres-vivants-fr]. Le vainqueur du Prix n3 est : Eric Leblond, de lADAPEI du Loiret, Directeur de lESAT Les Rteliers, pour sa fiche Les Petits Camions Blancs [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/e--leblond_1/les-petits-camions-blancs-fr] Cette fiche porte sur la formation la conduite et lutilisation de vhicules sans permis pour les travailleurs de lESAT. Lutilisation de vhicule permet une mise en confiance des travailleurs et favorise un processus dautonomie au sein de lESAT dans le cadre du travail mais aussi en dehors. Nous appelons Eric Leblond ainsi que le prsident du Conseil de la Vie Sociale de lESAT des Rteliers et conducteur dun petit camion blanc se prsenter sur la scne pour recevoir ce prix, [un iPad]. Eric Leblond

    Ce qui est important surtout, cest que ce projet est parti dun petit rien , et nous en sommes arrivs ici aujourdhui : passant dun seul camion sans permis 3 camions, nous en envisageons un quatrime ; et douze personnes qui lutilisent soit pour travailler, soit pour amliorer leurs performances de conduite et acheter un vhicule personnel. Reprsentant du CVS de lESAT les Rteliers

    Merci beaucoup, lattribution de ce prix nous a beaucoup touchs. Denis Pelsy

    Peut-on vous demander ce qui vous a amen rpondre ce concours ? Comment lavez-vous connu ? Eric Leblond

    En fait, jai t sollicit, je ne connaissais pas ce concours. Et nous avions particip il y a quelques temps un concours organis par lUNAPEI : les victoires de l'accessibilit. Et Sophie Colesse ma contact pour nous demander si a nous intresserait de participer. Avant de dire oui, je suis all sur le site, jai vu lobjectif de ce partage, de proposer quelque chose qui pourrait tre mis, ou essay dans dautres lieux, jai trouv a intressant. Et je nai pas oubli non plus daller piocher quelques ides sur dautres fiches, sur la faon de partager son exprience. Ce matin, le premier intervenant disait : pourquoi perdre de lnergie crer quelque chose alors quon va trouver ces choses dj penses et quasiment ralises ailleurs. Denis Pelsy

    Nous arrivons maintenant au deuxime prix. Et l, il tait annonc dans le concours, cest un voyage pour le Maroc, pour deux personnes, vol et sjour de six jours compris, dont la visite de deux centres [accueillant des personnes ayant un handicap] : un centre de lassociation Hadaf [http://www.handiplanet-echanges.info/organisations/hadaf-fr] qui est un de nos partenaires au Maroc, et un deuxime, le centre Mohammed IV pour les personnes handicapes. Le vainqueur du Deuxime Prix est : Emeline Rol, de lorganisation Les Editions Remue-Mninges, pour sa fiche Des ouvrages de formation professionnelle et de valorisation des comptences en ESAT et EA . Vous pouvez consulter 2 de ces ouvrages sur le stand Handiplanet. [http://www.handiplanet-echanges.info/Members/emelinerol_481/aditions-remue-maninges-des-ouvrages-de-f