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  349 „LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L’EUROPE. Troisième édition – 20 à 24 Septembre 2010 TOME IV : La quatrième section. – LATINITÉ ORIENTALE” ÉDITEUR BIBLIOTHÈQUE DE BUCAREST, BUCAREST – 2011 LES SÉLEUCIDES ET LES BALKANS : LES THRACES DANS L’ARMÉE SÉLEUCIDE ADRIAN GEORGE DUMITRU Ecrire l’histoire des soldats d’origine thrace qui ont combattu sous les ordres des rois séleucides est une tâche presque impossible, car des  péripéties d e ces aventuriers il ne nous re ste plus que des bribes de récits, éparpillés dans les sources anciennes. A la différence des soldats thraces qui ont choisi l’Egypte, ceux qui ont préféré les enseignes des successeurs de Séleucos I er  n’ont laissé des traces que lorsqu’ils étaient en campagne avec l’armée royale. En effet, si les papyri que nous a légués le climat chaud de l’Egypte nous font voir la vie des soldats des toutes nations en temps de paix, à travers leurs actes privés, les militaires des armées séleucides ne se laissent connaître que par les batailles qu’il ont gagnées ou perdues, et qui ont dû être suffisamment importantes pour que les historiens de l’antiquité les décrivent dans leurs livres, si tant est que ceux-ci nous soient parvenus…. La tâche d’autant plus ingrate, qu’il faut marcher sur les talons de la monumentale synthèse de Marcel Launey. Et  pourtant, nous allons essayer de reprendre la discussion sur les Thraces dans l’armée séleucide, afin de la remettre sous le jour des recherches plus récentes, et d’examiner ainsi la validité des hypothèses avancées par Marcel Launey et ses successeurs, sans négliger, toutefois, d’ajouter les nôtres. Malgré le fait qu’il y a dû avoir une forme quelconque de domination séleucide dans la Thrace après 281 av. J.C. (avec la défaite de Lysimaque à Kouroupédion et la conquête de son royaume par Séleucos I er ), ce qui est  prouvé par l’existenc e d’un atelier monétaire séleucide à Lysimacheia 1  1  LE RIDER G., « L’atelier séleucide de Lysimachie », Q.T. XVII (1988), pp. 195- 207 ; HOUGHTON A. & LORBER C., Seleucid Coins. A Comprehensive Catalogue,  New York & Lancaster, Part I, Vol. 1-2 : “Seleucus I through Antiochus III”, 2002, vol. I,  pp. 173 sq., 304 sq., 367

Adrian DUMITRU - Les Thraces Dans l'Armee Seleucide - 2011

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LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. LEUROPE. Troisime dition 20 24 Septembre 2010 TOME IV : La quatrime section. LATINIT ORIENTALE DITEUR BIBLIOTHQUE DE BUCAREST, BUCAREST 2011

LES SLEUCIDES ET LES BALKANS : LES THRACES DANS LARME SLEUCIDE ADRIAN GEORGE DUMITRU Ecrire lhistoire des soldats dorigine thrace qui ont combattu sous les ordres des rois sleucides est une tche presque impossible, car des pripties de ces aventuriers il ne nous reste plus que des bribes de rcits, parpills dans les sources anciennes. A la diffrence des soldats thraces qui ont choisi lEgypte, ceux qui ont prfr les enseignes des successeurs de Sleucos Ier nont laiss des traces que lorsquils taient en campagne avec larme royale. En effet, si les papyri que nous a lgus le climat chaud de lEgypte nous font voir la vie des soldats des toutes nations en temps de paix, travers leurs actes privs, les militaires des armes sleucides ne se laissent connatre que par les batailles quil ont gagnes ou perdues, et qui ont d tre suffisamment importantes pour que les historiens de lantiquit les dcrivent dans leurs livres, si tant est que ceux-ci nous soient parvenus. La tche dautant plus ingrate, quil faut marcher sur les talons de la monumentale synthse de Marcel Launey. Et pourtant, nous allons essayer de reprendre la discussion sur les Thraces dans larme sleucide, afin de la remettre sous le jour des recherches plus rcentes, et dexaminer ainsi la validit des hypothses avances par Marcel Launey et ses successeurs, sans ngliger, toutefois, dajouter les ntres. Malgr le fait quil y a d avoir une forme quelconque de domination sleucide dans la Thrace aprs 281 av. J.C. (avec la dfaite de Lysimaque Kouroupdion et la conqute de son royaume par Sleucos Ier), ce qui est prouv par lexistence dun atelier montaire sleucide Lysimacheia1

LE RIDER G., Latelier sleucide de Lysimachie , Q.T. XVII (1988), pp. 195207 ; HOUGHTON A. & LORBER C., Seleucid Coins. A Comprehensive Catalogue, New York & Lancaster, Part I, Vol. 1-2 : Seleucus I through Antiochus III, 2002, vol. I, pp. 173 sq., 304 sq., 367

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(frappant des pices avec les effigies des rois Antiochos Ier, Antiochos II et Antiochos III, sans oublier lusurpateur Antiochos Hirax), nous ignorons tout ce qui est de ladministration royale de ces contres et, par voie de consquence, sil y a eu ou non un recrutement (quil soit soutenu ou sporadique) de Thraces dans larme royale. La premire mention sre de la prsence dun sleucide dans la Thrace est note parmi les ruses de guerre de Polyen :Antiochus attaquait Cypsle, ville de Thrace. Il avait avec lui un grand nombre de Thraciens des meilleures maisons, la tte desquels taient Tyris et Dromichets. Il leur donna tous des colliers d'or et des armes garnies d'argent, et s'avana pour livrer combat. Ceux de Cypsle, voyant des gens de leur pays et de leur langue si richement pars d'or et d'argent, les estimaient heureux de servir sous Antiochus. Ils mirent bas les armes, et 2 se joignant lui, d'ennemis qu'ils taient auparavant, se rendirent ses allis.

Pour ce qui est de la figure historique qui se cache derrire le rcit de Polyen, il faudrait se rsigner: on ne peut savoir sil sagit dAntiochos II ou de son fils, Antiochos Hirax3 et la chronologie de cet pisode restePOLYEN., IV, 16, ,, , . . , , i, tr. fr. dans Polyen. Ruses de guerre , Bibliothque historique et militaire ddie larme et la garde nationale de France publie par MM. Ch. Liskenne et Savan. , Paris, T.III.1840 3 Antiochos II: NIESE B., Geschichte der griechischen und makedonischen Staaten seit der Schlacht bei Chaeroneea, Gotha, t. II, 1899, pp. 137 sq.; BOUCHE-LECLERCQ A., Histoire des Sleucides, Paris, t. I, 1913, pp. 77 sq.; LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, p. 373; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. I, 19792, pp. 247 sqq. ( non sans rserves) et pp. 297 sq. (sans pour autant se dcider pour Antiochos Hirax); YOUROUKOVA J., La prsence des monnaies de bronze des premiers sleucides en Thrace. Leur importance historique , dans SCHEERS S. (d.), Studia Paulo Naster Oblata. I. Numismatica Antiqua, Louvain, 1982, pp. 120 sq. ; SCHETTINO M.T., Introduzione a Polieno, Florence 1998, p. 235 et n. 70; DELEV P., From Corupedion towards Pydna: Thrace in the Third Century, Thracia XV (2003), p. 113 ; AVRAM A., Antiochos II Thos, Ptolme II Philadephe et la Mer Noire , C.R.A.I CXLVII (2003), pp. 1181-1213; GRAINGER J.D., The Syrian Wars, Leiden & Boston, 2010, p. 144 . Cf. BELOCH K.J., Griechische Geschichte, BerlinLeipzig, t. IV 12 1925, p. 672 n. 4 qui suivait une tradition commence par Niebuhr et voyait dans lAntiochos du texte de Polyen la figure dAntiochos Hirax. Il faut aussi noter lopinion singulire de GRIFFITH G.T, The Mercenaries of the Hellenistic World,2

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donc impossible dterminer. Il y a pourtant une forte probabilit quil sagisse du roi Antiochos II. Ensuite, on a contest la vracit de cette anecdote ; au moins pour ce qui est des topoi qui sy dgagent premire vue4. Limportant est que nous pouvons apercevoir pour un instant leCambridge 1934, p. 166, qui rattache au texte de Polyen le roi Antiochos III : We hear of his employing Thracian mercenaries in one of his Thracians campaigns (196-194 B.C.), this being the only certain instance of his recruiting European Thracians (Polyaen. IV, 16), ce qui est trs tentant, mais impossible, car le roi du texte de Polyen est un Antiochos, fils dAntiochos, tandis quAntiochos III est le fils cadet de Sleucos II. 4 AVRAM A., Antiochos II Thos, Ptolme II Philadephe et la Mer Noire , C.R.A.I CXLVII (2003), pp. 1201 sq. : Et puis, les alliances avec les roitelets thraces, dont Polyen na retenu que les anecdotes, ne cacheraient-elles pas les jalons de la mme politique ? Les princes thraces cuirasses et armes en or et argent ntaient srement pas Trs et Dromichaits ; ce nest que Polyen qui, sans trop se soucier du contexte, aura donn aux allis dAntiochos II des noms de Thraces censs tre clbres. Nempche que la tradition utilise par Polyen et fait tat de subsides et dautres privilges accords aux princes locaux, afin que ceux-ci se rangent du ct dAntiochos . Le fait que des princes thraces aient pu porter des noms clbres, comme Trs ou Dromichaits, ne saurait pas tre un argument qui devait annuler leur existence historique ou celle de leurs noms. Raisonner de cette manire signifierait contester lexistence historique de Louis XVIII car il portait un nom rendu clbre par des anctres comme Saint Louis, Louis XI ou Louis XIV, ou des rois sleucides moins connus (comme Antiochos XIII) pour avoir port un nom qui a appartenu jadis des grands rois, comme Antiochos I Soter, Antiochos III le Grand, Antiochos IV Epiphans et Antiochos VII Sidts et ainsi de suite. Sans contester linventivit de Polyen, jusqu la preuve du contraire (qui pourrait nous tre apporte par la dcouverte dune nouvelle inscription ou dun texte littraire, cette dernire ventualit tant moins probable), nous ne voyons pas de bonnes raisons pour douter de lexistence historique des ces principicules thraces ayant port des noms clbres. Dailleurs, dans le cas de prince Dromichaits , on nest qu une distance de 50 -80 ans du rgne du vainqueur de Lysimaque qui a inspir tant de topoi aux historiens anciens. Sans aller si loin pour conjecturer quil aurait pu sagir ici dun des ses descendants (ce qui ou John D. Grainger nest pas une conjecture impossible, bien quils ne sappuie que sur la similitude des noms. Voir GRAINGER J.D., The Syrian Wars, Leiden & Boston, 2010, p. 144 : one of its commanders was a man called Dromichaites, which is the name also of the Getic chieftain who once captured Lysimachos it is assumed they are grandfather and grandson. Pour Ivan Venedikov il ny a aucun doute et aucun argument : en 270 avant notre re nous voyons Dromichaites descendre vers le sud avec un des hritiers de Seuths probablement le second des fils de Brnic Ters, vers Cypsle laide dAntiochos II . Voir VENEDIKOV I., Les migrations en Thrace , Pulpudeva, II (1976), pp. 176 sq.), on peut toutefois accepter que ctait un nom qui avait pu gagner beaucoup de succs auprs des Thraces et des Gtes aprs la Gesta de Dromichaits, le vainqueur de Lysimaque. Dailleurs, on peut reconnatre ce nom la l. 42 dun Catalogus Militum Mercenariorum (I.G. II2 1956), trouv dans lErechte, Athnes,

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mcanisme de fonctionnement du recrutement des Thraces dans larme royale, qui nest pas, premire vue, trs diffrent de la faon dont les Diadoques entendaient se faire la guerre, en persuadant leurs ennemis de se joindre eux. Ctait, en effet, une sorte de circulum viciosus, car on gagnait les batailles pour enrler dans son arme les soldats de lennemi, mais aussi on faisait tout pour attirer chez soi les soldats de lennemi afin de gagner les batailles5. Ainsi, en appliquant une ruse de guerre qui suggrait

qui date du dbut denviron 300 av. J.C., Dromicaivth~, (HABICHT Chr., Athen. Die Geschichte der Stadt in hellenistischer Zeit, Munich 1995, p. 92 ; ROSIVACH V., The Thracians of the IG II2 1956, Klio, LXXXII (2000), pp. 379-381, qui fait lintressante observation que si un tiers des noms qui apparaissent dans ce catalogue sont thraces, les deux autres tiers sont grecs, notamment des noms employs pour les esclaves, et, vu quil sagit de mercenaires, il pense que ce catalogue serait une des exceptions qui certifierait le recrutement des mercenaires parmi les esclaves fugitifs ou librs dorigine Thrace). Pour ce qui est du nom de Trs, il a t port par plusieurs personnages, dont lexistence est certifie par des papyri premire vue, on retrouve au moins deux en Egypte, un Thvre~ Thvrou~ (dans la garnison dHrmopolis) et, vers lpoque de Ptolme III Evergte, en Arsinote, un cavalier , , (P. Petrie, II, 35 (a), I, l. 10), voir LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I-II, 1949-1950, pp. 375, 387, 1200. Il ne faut pas oublier, non plus, un Trs plus aristocratique et plus proche de lpoque qui nous concerne - le fils de Seuthes et de Bernik, cit la l. 8 de la grande inscription de Seuthopolis, publie partiellement par G. Mikhailov en I.G.B.R. III2, 1964, pp. 147 sq., no. 1731 ; ELVERS K.-L., Der Eid der Berenike und ihrer Shne, Chiron XXIV (1994), p. 244 sq. (texte grec intgral pour une version prliminaire de ldition de cette pierre). Dailleurs, il y a des voix qui identifient ce prince au personnage de la stratagme de Polyen: VENEDIKOV I., Les migrations en Thrace , Pulpudeva, II (1976), pp. 176 sq. ; DELEV P., From Corupedion towards Pydna: Thrace in the Third Century, Thracia XV (2003), p. 113. Pour les autres occurrences de ces anthroponymes, jusqu lpoque romaine, voir DETSCHEW D., Die Thrakischen Sprachreste, Vienne 19762, pp. 158 sq. (Dromichaits) et 500-502 (Trs). 5 Parmi plusieurs exemples qui nous ont t fournis par les Anciens, nous allons nous contenter de trois. Ainsi, en combattant Cratre en 321 (ou en 320 av. J.C), Eumne de Cardia prendra toute les prcautions afin que ses soldats ignorent jusqu la fin le nom

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aux Thraces qui sopposaient lui que le roi Antiochos savait rcompenser ceux qui combattaient pour lui, le Sleucide put largir son arme (et il faut noter, en passant, que larme sleucide qui oprait en ce moment ne devait pas tre trop nombreuse, et quelle comprenait beaucoup de soldats recruts sur le champ). Cest ainsi que les possessions sleucides en Thrace purent se maintenir pour la moiti dun sicle, et il faudrait voir ici la cause de la frappe presque rgulire (quoique peu soutenue - pour un laps de temps de 50 ans) des ttradrachmes dargent par latelier de Lysimachia6. La sociologie de ces relations tait base sur un rapport trs simple: le Roi offrait son or et son argent, les Thraces offraient leurs bras et leurs talents guerriers. Etait-ce du mercenariat au sens propre du terme ? - il nous est impossible de trancher. Pour certains savants, il sagit dun appui militaire entran par le jeu des alliances, sans doute consolides par des donations et des cadeaux7. De toute faon, le texte de Polyen nous fait voir que lessentiel tait le mtal prcieux, et donc, sil sagissait dune alliance, alors ctait une alliance bien rmunre. Cest lor que les dfenseurs de Kypsla ont vu en premier lieu, et pas le trait dalliance8.du gnral ennemi, pour ne pas se laisser sduire par la charisme de celui-ci (PLUT., V. Eumen., 6-7 ; DIOD. XVIII, 31-32 ; NEPOS, Eum. 4, 3). A la fin de la bataille, aprs la mort de Cratre et de Noptolme, un hraut dEumne offrira la phalange ennemie non pas de se rendre, mais de rejoindre ses rangs, proposition qui sera vite accepte (DIOD. XVIII, 32, 2). La dernire bataille livre par Eumne, celle de Gabine (316 av. J.C.) fut perdue cause de la dsertion de sa phalange (et notamment des Argyraspides), dont les bagages (et les familles) furent enlevs par Antigone le Borgne (PLUT., V. Eumen., 17, 1, 3 ; DIOD. XIX, 43, 8-9 ; POLYEN., IV, 6, 13 ; JUSTIN. XIV, 4, 1) Les ngociations menes par les phalangites avec Antigone auront comme rsultat le fait quEumne fut captur et que son arme fut intgre dans larme du vainqueur. Voir aussi, plus rcemment, ANSON E.M., Eumenes of Cardia, A Greek among Macedonians, Boston & Leiden 2004, pp. 107-110., 187-189. Avant mme que la bataille dIpsos (301 av. J.C.) fut perdue par Antigone le Borgne, une bonne partie de sa phalange, dpourvue de lappui de la cavalerie, fut encercle et passa dans les rangs de larme de Sleucos Ier (PLUT., V. Dem.. 29, 5-6 ; BILLOWS R.A., Antigonos the One-Eyed and the Creation of a Hellenistic Kingdom, Berkeley, 1997, pp. 184 sq.). 6 En nous guidant selon le catalogue le plus rcent, celui de HOUGHTON A. & LORBER C., Seleucid Coins. A Comprehensive Catalogue, New York & Lancaster, Part I, Vol. 1-2 : Seleucus I through Antiochus III, 2002, vol. I, pp. 173 sq., 304 sq., 367: 3 types montaires attribus Antiochos II (avec 14 variations, signales par des combinaisons des marques de contrle), 3 autres Antiochos Hirax et encore 1 Antiochos III. Pour ce qui est des monnaies bronzes, voir YOUROUKOVA J., La prsence des monnaies de bronze des premiers sleucides en Thrace. Leur importance historique , dans SCHEERS S. (d.), Studia Paulo Naster Oblata. I. Numismatica Antiqua, Louvain, 1982, pp. 115-127 et pl. XVII. 7 Ainsi, LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, p. 373: les Thraces qui aidrent Antiochos II au sige de Kypsla, mais qui, sous la conduite de roitelets indignes, taient des allis beaucoup plutt que des mercenaires . 8 Pace Jordanka Yourokova, qui explique la stratagme de Polyen dans ces termes: les habitants de Cypsela se sont rendus de bons gr aux troupes dAntiochos ayant remarqu dans leurs formations des Thraces , YOUROUKOVA J., La prsence des monnaies de bronze des premiers sleucides en Thrace. Leur importance historique , dans

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Les grandes campagnes des Sleucides de la fin du IIIe et du dbut du II s. av. J.C. sont mieux connues, grce aux rcits de Polybe,nd

qui nous fournissent un regard mieux document sur la prsence des Thraces dans larme sleucide. Ainsi, nous savons quun corps thrace a t prsent Raphia9, puisquon le retrouve dans la description de larme sleucide avant la bataille :Ensuite venaient deux mille Agrianes et Perses, archers et frondeurs ; avec eux mille Thraces, commands par Mndmos dAlabanda A lextrmit de son aile gauche [] la suite, les soldats lgers de 10 Mndmos, au nombre de trois mille environ [ ]

Sur la provenance de ce corps, il y a plusieurs opinions (auxquelles il faudrait ajouter celles de ceux qui refusent de se dcider11) : a. les Thraces taient des mercenaires et ont t recruts en Europe12 b. les Thraces ont pu tre les descendants des colons militaires tablis en Asie Mineure par Alexandre ou par les Sleucides eux-mmes, une poque inconnue13

SCHEERS S. (d.), Studia Paulo Naster Oblata. I. Numismatica Antiqua, Louvain, 1982, p. 121 9 La bibliographie de cette bataille tant assez large, on pourrait se contenter des pages de BOUCHE-LECLERCQ A., Histoire des Sleucides, Paris, t. I, 1913, pp. 150153; BEVAN E, The House of Seleucus, t. I, Londres 1902, pp. 317-320; GRIFFITH G.T, The Mercenaries of the Hellenistic World, Cambridge 1934, pp. 143 sq.; LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, pp. 378 sq.; WALBANK F. W., A Historical Commentary on Polybius, Oxford , t. I 1957, p. 667 sqq.; BAR-KOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge 1979, pp. 50 sq., 128-141; GALILI E., Raphia 217 B.C.E. Revisited, Scripta Classica Israelica, III (1967-1975), pp. 52-156; GRAINGER J.D., The Syrian Wars, Leiden & Boston, 2010, pp. 213 sqq. 10 POL., V, 79, 6 , . , . [ ] et 82, 11 [] , , tr. fr. par PEDECH P.., en Polybe. Livre V , Paris, Les Belles Lettres, 1977 11 WALBANK F. W., A Historical Commentary on Polybius, Oxford , t. I 1957, p. 668 (ad loc.): whether mercenaries recruited in Thrace (so Griffith) or the descendants of Thracians established in Asia Minor by Alexander or the Seleucids (cf. Launey), is uncertain. Menedemus commanded the Agrianians and Persians as well as the Thracians 12 GRIFFITH G.T, The Mercenaries of the Hellenistic World, Cambridge 1934, pp. 143 sq.: The certain mercenaries are Thracians and the 5000 Greeks, and perhaps the Cretans, too. 13 LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, pp. 378 sq.: mais les Sleucides ont pu tablir en Asie-Mineure et en Syrie des colonies thraces la fin du IVe sicle et au IIIe sicle; il ne faut pas oublier non plus les descendants des colons dAlexandre

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c. les Thraces sont associs aux Agrianes et aux Perses sous un commandement unique, justement parce quil sagissait dun corps dinfanterie lgre (surtout des archers) recrut parmi les colons militaires de Perse (dont on discutera infra)14. Nous ne voyons pas comment on pourrait se dcider entre toutes ces conjectures, car, malheureusement, Polybe ne donne aucun indice qui pourrait nous tre utile. La dernire hypothse est, certes, trs tentante (et elle est conforte par lide quavant la bataille de Raphia le roi Antiochos III avait fait campagne contre Molon, en Msopotamie : il a pu donc disposer des troupes de Satrapies Suprieures) mais elle na aucun fondement srieux, comme les deux autres - et surtout la premire, car on voit mal comment Antiochos III aurait pu faire venir des mercenaires de la Thrace (toujours contrle par son rival, Ptolme IV) ou travers une Asie Mineure sous lautorit de lusurpateur Achaios. La reconqute de la Thrace sleucide aussi phmre quelle fut par Antiochos III ne semble pas avoir fait accrotre les effectifs des Thraces dans son arme. Cest dans le camp oppos que nous trouvons aussitt des soldats thraces : 2000 Macdoniens et Thraces volontaires, auxquels fut commise la garde du camp pendant la bataille de Magnsie 15. Cela est vrai, mais Marcel Launey perd de vue que, malgr la mobilisation de toute larme royale (qui est alle jusqu laisser presque toutes les garnisons sans effectifs, comme en Pamphylie, lors de la campagne de Manlius Vulso), il y a eu un corps de larme sleucide qui ntait pas porte de main du roi au moment de la bataille, car il sagissait des garnisons quil avait laisses en Thrace, justement, dfendre des places fortes comme Ainos et Marone. Larme romaine, dans sa marche vers lAsie Mineure, avait ignor les garnisons sleucides de la Thrace, qui ne se sont rendus quaprs la dfaite de Magnsie, dans les mains du prteur Q. Fabius Labeo, venu pour exiger la capitulation avec trois navires16. Quelles taient les troupes laisses en Thrace par Antiochos et pour

BAR-KOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge 1979, pp. 50 sq: The Persians-Agrianians and the 1000 Thracians shared a common commander, which suggests that the Thracians were recruited from the same area, and should therefore be identified with the Thracian military settlers in Persis. If this is true, the Agrianians may also have been settlers of Thracian-Agrianian descent rather than Persians. The alternative of regarding the Thracians and the Agrianians as mercenaries from Thrace and the Persians as a pseudo-national contingent of mercenaries is less likely. The absence of Thracians mercenaries could be easily explained by the political condition in Thrace and Asia Minor [] 15 LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, p. 382 16 T.L. XXXVII, 33, 1; 60, 7.

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quelles raisons, on lignore. Mais on pourrait se demander sil ne sagissait pas justement dunits composes des Thraces (car un recrutement sur place a d avoir lieu, vu que la nouvelle satrapie de la Thrace avec sa capitale, Lysimacheia, tait cense devenir le centre dune nouvelle viceroyaut, que le roi voulait confier a son fils, Sleucos17). Le roi Antiochos a men trois longues campagnes dans la rgion, entre 197 et 19518. Son monnayage Lysimacheia nest pas trs important, on la vu19, ce qui implique quil na pas d avoir un contingent trop important avec lui, et nous pouvons conjecturer en toute scurit quil a eu tout intrt faire grossir les effectifs de son arme avec des Thraces. Sest-il souvenu du stratagme dont son grand-pre avait d se servir jadis ? On lignore. Ses campagnes dans la Thrace ont certainement eu comme adversaires des tribus thraces et (peut-tre) des Celtes, donc des bonnes opportunits de recruter des mercenaires. Le seul indice (trs maigre, il est vrai) dont nous disposons pour dduire que quelques tribus thraces ont pu tre amies avec le roi sleucide est donn par la msaventure du proconsul Manlius Vulso et de son arme, lors du retour de lAsie Mineure, aprs les victoires remportes contre les Galates. Chargs de butin, les Romains ont t attaqus par les Thraces qui sont parvenus leur en enlever une partie. Mais, cest peut-tre davantage cause de lappt du butin que par amiti avec le Roi Antiochos III que les Thraces ont attaqu les troupes de Manlius Vulso. Une autre manire de voir les choses serait de considrer que les Thraces nont pas voulu de lamiti et de lalliance (mme si elle tait bien rmunre) du roi Antiochos quils ont combattu pour ne pas renoncer de bon gr combler le vide de puissance laiss par les disparitions successives des puissances de Celtes, des Lagides et des Antigonides dans la rgion de la Thrace et des Dtroits. Les Thraces font donc trangement figure dabsents la bataille de Magnsie, et il est difficile de dterminer sil y a eu des recrutements des mercenaires pour larme sleucide ou si les Thraces se sont opposs farouchement la pression dAntiochos III (et ensuite, au passage de larme romaine par leur territoire). La dfaite dAntiochos III la bataille de Magnsie et le trait dePOL. XVIII 50, 8; T.L. XXXIII 40, 6; APP. Syr. 1; 3; GRAINGER J.D., A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leiden New York Kln, 1997, p. 747, s.v. Lysimacheia 18 GRAINGER J.D., Antiochus III in Thrace, Historia XLV (1996), pp. 336-340; GRAINGER J.D., The Roman War of Antiochos the Great, Leiden & Boston, 2002, pp. 67-71, 81-3. 19 Voir supra, n. 6.17

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paix dApame-Kibtos de 188 av. J.C. ont apport un changement considrable pour larme sleucide, car une des conditions du trait de paix tait de renoncer tout recrutement au-del du mont Taurus (lEurope y comprise)20 - Griffith rsume assez bien la nouvelle situation :By the treaty of Apameia the kings of Syria had been forbidden to recruit mercenaries from the Roman sphere of influence, or even to receive them if they came to them of their own accord. They were thus cut off from all supplies of soldiers from Greece, from the Thracians and Gauls of Europe, from Crete, and from the Greeks or natives of much Asia Minor. It is interesting to notice the effects of the interdict upon the personnel of the army. [] The Gauls and the Thracians here are probably recruited from the Asiatic stocks. The Mysians too are something of a surprise,

Pour se faire une image de la vaste littrature ddie la paix dApame (et surtout sa clause territoriale), voir: POL. XXI, 24; T.L. XXXVIII, 38; APP., Syr. XXXIX (200-204); MOMMSEN Th., Der Friede mit Antiochus und die Kriegzge des Cn. Manlius Vulso, Rmische Forschungen, II, Berlin, 1879, pp. 511-545; VIERECK P., Die Festsetzung der Grenze im Frieden des Antiochus, Klio IX (1909), pp. 371-375; CARDINALI G., Ancora i confini nella pace di Antioco, Klio X (1910), pp. 249-251; DE SANCTIS G., Storia dei Romani, Florence, 1913, t. IV 1, pp. 206-209; BOUCHELECLERCQ A., Histoire des Sleucides, Paris, tt. I-I, 1913-1914, pp. 216, 576; KAHRSTEDT U., Zwei Urkunden aus Polybios. I Die Westgrenze des Seleukidischenreiches seit 188, Gtt. Nachr. 1923, pp. 93 sqq. ; PAlS E., Histoire Romaine. I. Des Origines l achvement de la conqute (133 av.J.-C.), Paris 1926., pp. 534 sq.; RUGE W., R.E., II 2, coll. 2169 sqq., s.v. Tanais; HOLLEAUX M., C.A.H., pp. 229 sq. = Etudes dpigraphie et dHistoire Grecque, vol. V, 1957, pp. 420 sq.; La clause territoriale du trait dApame , R.E.G. (1932), pp. 304-319 = Etudes..., pp. 208243: MAGIE D.D., Roman Rule in Asia Minor, Princeton 1950, pp. 19, 758-764; McSHANE R.B., The Foreign Policy of the Attalids of Pergamum, Urbana 1964, pp. 149164; McDONALD A.H., The Treaty of Apamea (188 B.C.), J.R.S., LVII (1967), pp. 18; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. II, 1982, pp. 221-238; McDONALD A.H. & WALBANK F.W., The Treaty of Apamea: The Naval Clauses, J.R.S., LIX (1969), pp. 30-39; LIEBMANN-FRANCFORT Th., La frontire orientale dans la politique extrieure de la rpublique romaine, Bruxelles 1969, pp. 48-64; WALBANK F.W., A Historical Commentary on Polybius, t. III, Oxford 1979, pp. 157162; ADAM R., Tite Live. Histoire Romaine. Introduction, Paris, Belles Lettres, 1982, pp. L-LVII; PALTIEL E., The Treaty of Apamea and the Later Seleucids, Antichton XIII (1979), pp. 30-42 ; GIOVANINI A., La clause territoriale de la paix dApame , Athenaeum LX (1982), pp. 224-236 ; GRUEN E.S., The Hellenistic World and the Coming of Rome, Berkeley 1984, pp. 640-643; LE RIDER G., Les clauses financires des traits de 189 et 188 , B.C.H. 1992, pp. 267-277 ; DUMITRU A., Considrations sur la politique romaine envers lOrient hellenistique. La paix dApame, Erasmus IX-X (1999), pp. 25-34; DMITRIEV S., Livys Evidence for the Apamean Settlement (188 B.C), American Journal of Ancient History II1 (2003), pp. 39-63

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for one would have thought that they came from the Roman sphere of influence, being adjacent to, if not within, the boundaries of Pergamum. Apparently, the independent north of Asia Minor was regarded as a no-mans land, and Syrian recruiting officers were allowed to work among the Mysians as well as among the 21 Thracians and Gauls

Il est difficile de savoir si le trafic des mercenaires destins au royaume sleucide a cess ou non aprs la paix dApame. Tout ce que lon peut esprer, cest une nouvelle (ou de nouvelles) inscription(s) qui puisse nous clairer ce sujet. On peut cependant se tourner vers Polybe pour trouver des informations sur les Thraces, que lon peut voir en effet la parade de Daphn, organise par Antiochos IV en 166 av. J.C. pour rivaliser avec la clbration de la victoire romaine sur Perse et la Macdoine. Larme sleucide rentrait chez elle aprs des longues campagnes en Egypte et se prparait pour une nouvelle expdition militaire, lAnabase dAntiochos IV vers les Satrapies Suprieures22. Parmi la phalange et la cavalerie royale (aux quelles on avait ajout le nouveau corps de 5000 soldats quips la romaine), le public de Daphn a pu admirer encore comment:trois mille Thraces et cinq mille Galates marchaient derrire eux [sc - les Mysiens et les Ciliciens] prcdant ainsi vingt mille Macdoniens et cinq 23 mille fantassins arms de boucliers dairain []

La premire chose que lon peut observer, cest que ces hommes sont des fantassins, comme ceux de Raphia, portant, trs probablement, des

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GRIFFITH G.T, The Mercenaries of the Hellenistic World, Cambridge 1934, pp.

146 sq.

POL. XXX, 16 = ATHEN. V, 194 c, X, 439 b; DIOD. XXXI, 16. La littrature ddie la parade de Daphn est elle aussi, vaste, on se contentera de quelques titres: TARN W.W., The Greeks in Bactria and India, Cambridge 1938, pp. 193 sq.; LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I 1949, pp. 99, 319; DOWNEY G., A History of Antioch in Syria from Seleucus to the Arab Conquest, Princeton 1961, pp. 117 sq.; MORKHOLM O., Antiochus IV of Syria, Copenhague 1966, pp. 97-101; BUNGE J.G., Die Feiern Antiochos IV in Daphne im Herbst 166, Chiron, VI (1976), pp. 53-71; GRUEN E.S., The Hellenistic World and the Coming of Rome, Berkeley 1984, pp. 661-3; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. II 1982, pp. 344-348; BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, pp. 30-40; SEKUNDA N., Hellenistic Infantry Reform in the 160s B.C., Gdansk 2006, pp. 84-98 23 POL. XXX, 25, 3-11, . , tr. fr. par BUCHON J.A.C., en Ouvrages Historiques de Polybe, Hrodien et Zozime, avec une notice biographique , Paris, Auguste Desrez impr., 1838

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armes lgres. Mais do venaient-ils ? Pour rpondre ce problme, deux grandes hypothses ont t esquisses : a. ctaient des colons militaires provenant de la Syrie ou des soldats qui taient arms la manire des Thraces 24 b. ils taient , quand mme, des mercenaires25. Dhabitude, on la vu, les auteurs modernes ont des grands scrupules quand ils essaient de comprendre la provenance des units de larme sleucide la parade de Daphn, en se figurant que les rois sleucides ont vraiment d observer les conditions du trait dApame. Mais ces scrupules ntaient pas partags par les rois sleucides eux-mmes. Eliezer Paltiel a remis en discussion la question de la manire dont le trait dApame tait cens tre observ26, et ses conclusions vont contre la logique habituelle des historiens modernes qui, eux, sont plus enclins se souvenir du principe pacta sunt seruanda que les chefs dEtat de jadis. Ainsi; remarque-t-il le fait que les Sleucides, lpoque dAntiochos IV, avaient une flotte qui a d excder les limitations dApame et violer la limite de navigation qui devait tre le Cap de Sarpdon, car elle a d manuvrer sur les ctes du Chypre afin dy transporter larme royale, en 168 av. J.C.27. Qui plus est, il avait reconstitu un corps dlphants (ces btes tant, ellesaussi, interdites par les clauses du trait de 188 av. J.C., pour des raisons videntes), dont il avait offert une partie aux Romains, eux-mmes, lors de leur campagne contre Perse28. La parade de Daphn, elle aussi, a vu dfiler 36 lphants.LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I 1949; p. 384: Les stipulations du trait dApame faisant loi aux Sleucides de ne point recruter de mercenaires dans la zone dintrt des Romains, tout comme en Asie Cistaurique. Nanmoins, dans la grande revue passe en 165 Daphn par Antiochos IV, dfilrent devant le roi 3000 fantassins thraces. Ce ne peuvent gure tre des hommes venus de la Thrace mme. On pourra donc songer, soit une troupe recrute dans des colonies militaires installes prcdemment en Syrie par les Sleucides, soit un corps arm la thrace, dont les composants navaient de thrace que la tenue et lquipement : le prince aux gots ostentatoires et vains qutait Antiochos IV faisait bien ouvrir le dfil par 5000 hommes arms en lgionnaires romains ! Il est assez difficile de dmler ici ce qui est institution militaire de ce qui nest que parade thtrale de figurants costums ; WALBANK F. W., A Historical Commentary on Polybius, Oxford t. III, 1979, p. 450 (ad loc.) 25 SEKUNDA N., Seleucid and Ptolemaic reformed armies 168-145 B.C. Volume I. The Seleucid Army under Antiochus IV Epiphanes, Stockport 1994, pp. 17 sq.: like the Mysians and Cyprians, the Thracians could have been a regiment of mercenaries, crit-il, aprs avoir prsent les hypothses de Launey (v. supra) 26 PALTIEL E., The Treaty of Apamea and the Later Seleucids, Antichton XIII (1979), pp. 30-42 27 T.L. XLV, 11 sq. 28 POLYEN. IV, 21 nous raconte le stratagme de Prse qui, sans pouvoir disposer de vrais lphants afin dhabituer ses hommes et ses chevaux leur prsence, fit faire par des ouvriers des figures de bois, auxquelles on donna la forme et la couleur des lphants . La ruse tait ncessaire car il tait inform que les Romains amenaient des lphants, les uns venus de Lybie, les autres qui taient des Indes, que leur avait envoys24

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Le recrutement de mercenaires dans les les grecques, quoique dfendu par le trait dApame, a galement d continuer, car larme de Lysias, qui oprait en Jude contre les rebelles, disposait des telles troupes29. Pour ce qui est des mercenaires thraces, il faudrait encore ajouter un autre argument : Antiochos IV tait arriv au pouvoir avec lappui du roi de Pergame, Eumne II, en gardant ensuite de relations amicales avec ce roi30. Ctait justement le royaume de Pergame qui contrlait la rgion de la Thrace hellespontique ce moment, ce qui aurait pu faciliter lactivit des agents recruteurs des Sleucides. Pour conclure sur ce sujet, exclure lhypothse du recrutement des mercenaires thraces pour la raison rigide que la paix dApame aurait d linterdire serait ngliger tout un chapitre des activits des rois sleucides et appliquer un chablon trs troit sur une ralit qui savre bien plus complexe quon ne le croyait. On ne saurait pas cependant carter lhypothse de la colonisation des Thraces dans diverses rgions de lempire sleucide, surtout prs des places fortifies qui devaient exiger la prsence permanente des soldats royaux. On na, il est vrai, aucune preuve que cette colonisation a effectivement exist, mais on sait que ctait une des pratiques des Sleucides, dont lexemple le plus connu serait la lettre dAntiochos III au vice-roi de lAsie Mineure, Zeuxis, pour arranger la colonisation des Juifs en Asie Mineure, qui nous a t transmise par Flavius Josphe31. O et comment des Thraces ont pu tre installs comme colons militaires, on lignore, pour linstant. La dernire mention sre des Thraces dans larme royale sleucide est trs proche de la parade de Daphn. Pendant la bataille de Marissa (163 av. J.C.)32, entre le gnral sleucide Gorgias et les forces des rebelles juifs.Antiochus, roi de Syrie . Tite Live, XLV, 13, 3 nous dit cependant que le roi Antiochos IV navait contribu en rien la troisime guerre de Macdoine 29 I Mac. 6, 29, mais aussi chez JOS., Ant. Jud. XII, 7,2. 30 O.G.I.S. 248; POL. XXX, 30, 4-7; APP. Syr. 45; GRUEN E.S., The Hellenistic World and the Coming of Rome, Berkeley1984, pp. 417 n. 106, 556 31 JOS., Ant. Jud. XII, 147-152. Pour la littrature secondaire, voir, par exemple COHEN G.M., The Seleucid Colonies. Studies in Founding; Administration and Organization, Wiesbaden 1978, pp. 5-8. 32 BEVENOT H., Die Beiden Makkaberbcher, Bonn 1931, pp. 231 sq.; BUNGE J.G., Untersuchungen zum zweiten Makkaberbuch. Quellenkritische, literarische, chronologische und historische Untersuchungen zum zweiten Makkaberbuch als Quelle syrisch-palstinensischer Geschichte im 2. Jh. v. Chr., Bonn 1971, pp. 246-252; BARKOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns,

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Marissa tait une bataille dimportance secondaire (car le gros des forces juives tait concentr ailleurs), et lauteur du IIe Livre des Maccabes nous donne ce rcit, dun bel exploit chevaleresque :le dnomm Dosithe, cavalier du corps des Toubiens, homme vaillant, se rendt matre de la personne de Gorgias et, layant saisi par la chlamyde, il lentranait de force en vue de capturer vivant ce maudit, mais un cavalier thrace 33 se jetant sur Dosithe, lui trancha lpaule, et Gorgias senfuit Marissa

Jusqu prsent on na eu affaire qu des fantassins cest la premire fois quon rencontre un Thrace cheval dans larme sleucide. Cette fois-ci nous ignorons si le cavalier thrace qui sauva la vie de son gnral tait un mercenaire perdu dans une unit composite, forme de gens avec des origines ethniques diverses, ou sil faisait partie dune unit de cavalerie forme exclusivement de Thraces34. Les plus rcents desvtravaux des modernes penchent pour cette deuxime variante, qui nest pas exclure, et que nous allons discuter un peu plus loin, car les occurrences sres des Thraces dans larme sleucide sont puises.

Cambridge 1979, pp. 186, 194 sq.; BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, pp. 69 sqq.; 33 II Macc., 12, 35 : , , , . , tr. fr. sous la direction de lEcole Biblique de Jrusalem, Paris, 1998 (il y a des manuscrits qui donnent tw`n tou` Bakhvnoro~ pour tw`n toubihvnwn. Voir lanalyse la plus rcente de la lection dans BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, p. 70 n. 3) 34 BAR-KOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge 1979, p. 222 n. 84: the Thracian cavalry probably garrisoned the citadel [sc.- de Iamnia, en Palestine]; BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, pp. 69 sqq., 111 sq., 133 sq., 260; SEKUNDA N., Seleucid and Ptolemaic reformed armies 168-145 B.C. Volume I. The Seleucid Army under Antiochus IV Epiphanes, Stockport 1994, pp. 17 sq.

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Dubia I. Seron et les Thraces de Jude Dans le premier livre des Maccabes, nous rencontrons un certain Seron, 35, vaincu par Judas Maccabe Beth-Horon en 165 av. J.C. Or, Bezalel Bar Kochva observait que :the name Seron itself appears only once in the Greco-Macedonian onomasticon. If we take into account certain possibilities of error arising from the Hebrew pronunciation and transliteration from the Hebrew original, the name is 36 reminiscent of a number of Thracian names .

Cela se peut, car des variations de ce nom sont rencontrer dans le monde thrace, ainsi ,,37,,Serrus,

I Mac. 3, 13-24; JOS., Ant, Jud. XII, 288-292; GRAINGER J.D., A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leiden New York Kln, 1997, p. 116 36 BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, p. 133 37 I.G.B.R. nos. 203, 507, 844, 1690, 2149, 2274, 2291, 2314, 2330, 2337, 2338 ces inscriptions sont cites par Bar Kochva pour argumenter sa position, Dans un cas, au moins, cependant, il se trompe. Linscription I.G.B.R. IV (1966), no. 2314, trouve Piperica et conserve au muse de Sofia (no. inv. 5709) donne, la l. 2, . Cest une pierre funraire dpoque romaine, et notre Soura a toute vraisemblance dtre une femme dorigine syrienne et trs probablement servile, et non un vaillant cavalier thrace.

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ou des toponymes comme,,,Serrium 38. Le vainqueur de Dosithe appartenait-il une unit des cavaliers thraces cantonne en Jude ? Cest une hypothse assez rcente, labore par Bezalel Bar Kochva39 qui donnait comme garnison de cette unit la ville de Iamnia, en sappuyant sur deux rfrences : I Mac. 5, 58-59 et II Mac. 12, 35. Cela ne va pas sans poser problme, car nous connaissons la deuxime rfrence dj cest lpisode de Dosithe et du cavalier thrace de la bataille de Marissa. Quant la premire, elle ne nous dit rien de spcifique, sauf que Gorgias voulait dfendre la ville dIamnia avec ses troupes. Cest donc trs peu pour conclure en faveur dune unit de Thraces stationne Iamnia. Une inscription, peut-tre un serment, qui implique un Ars Aults (quon a lu dabord Athltes)40, sest vue donner linterprtation suivante :As to the origin of oath-takers, the description of Ares as a flute player () may suggest that they were Thracian, for that epithet is not found among the many attached to Ares in the Greek and Hellenistic culture, all of which stress his warlike attributes, cruelty, lack of restraint etc. The epithet can be explained however, by the connection between Ares Dionysus in the Thracian culture. Described as a flute player, Dionysus was known in Thrace as a god of war, and Ares, who like Dionysus originated in Thrace, is a nickname for the latter or his stand-in, or even his twin et donc le serment may be attributed to the garrison in the city citadel at the time of the Revolt et seems to contain some indication of the Thracian descent of at least some of the soldiers. These Thracians were indigenous, probably equipped as semi-heavies in the Thracian style which was 41 somewhat lighter than the other semi-heavies of the period .

Comme on peut le voir, cest une conjecture qui sappuie sur largument que le serment est prt Ares Aults. Les soldats qui adoraient ce dieu ne pouvaient tre que des Thraces, car cette variante dpithte cultuel est par ailleurs inconnue dans le monde grec. Si un

DETSCHEW D., Die Thrakischen Sprachreste2, Vienne 1976, p. 433 BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, pp. 69 sqq., 118 sq., 133 sq.; SEKUNDA N., Seleucid and Ptolemaic reformed armies 168-145 B.C. Volume I. The Seleucid Army under Antiochus IV Epiphanes, Stockport 1994, p. 18 40 S.E.G. XXX (1980), pp. 483 sq. (lemma par PLEKET H.W.)= C.I.J.P. I1, no. 1, pp. 39 sq. (lemma par Eran LUPU) 41 BAR KOCHVA B., Judas Maccabaeus, Cambridge 1989, pp. 119 sq.39

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groupe de Thraces se trouvait dans lAcra de Jrusalem, cela doit sexpliquer par ce quune unit des Thraces y tait dtache. Cest une belle et tentante hypothse, mais un examen plus attentif de la pierre a apport des nouvelles prcisions, et une nouvelle lecture (reconsidrant le caractre divin du porteur du nom dAres, dsormais vu comme un tre humain et non comme un dieu), en commenant avec la remarque :the provenance is very doubtful; the inscription may not be from Jerusalem at all. Ricl suggests that the document could have been a confession inscription, perhaps one of several inscribed on that same stone, with the opening words serving as a heading for this particular texts as in the Epidaurian iamata. The story recorded here would involve one Ares, a flute player who led some soldiers to a sanctuary to participate in an oath taking ceremony. Ares tries to abuse the priests physically and was subsequently punished by the Gods. [] Ricl identification of the document as a confession inscription is attractive. As such, the very personal nature of the text alongside its very miserable state of preservation seem to preclude a 42 definitive restoration of the narrative it contains .

En fin des comptes, on pourrait considrer Seron comme ayant une origine thrace, et nous savons quau moins un soldat (un cavalier) thrace se trouvait dans la Jude lpoque de la rvolte des Maccabes. Il est tout fait possible den conclure quil y avait une unit des Thraces cette foisci- des cavaliers. Pour ce qui est des autres conjectures ( savoir, sil y avait aussi une unit des fantassins, des semi-heavies ou si ces units taient cantonne Iamnia ou dans lAcra de Jrusalem, ou sil sagissait des descendants des colons militaires thraces, peut-tre des mercenaires lorigine, ou sil sagissait des mercenaires quon avait fait venir dEurope etc.), il faudrait adopter la bonne devise des sceptiques et suspendre l notre jugement. II. Une colonie de soldats thraces en Perse Un stratagme de Polyen nous prsente une histoire qui se passe en Perse, lpoque sleucide mais une date qui reste dterminer43 :

LUPU E., lemma pour C.I.J.P. I1, no. 1, p. 40. Voir aussi RICL M., A confession inscription from Jerusalem, Studia Classica Israelica, XXV (2006), pp. 51-57. 43 GUTSCHMID A. von, Geschichte Irans und seiner Nachbarlnder von Alexander der Grosse bis zum Untergang der Arsaciden, Berlin 1888, pp. 27 sq.; NIESE B., Geschichte der griechischen und makedonischen Staaten seit der Schlacht bei Chaeroneea, Gotha, t. II, 1899, p. 163; LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, p. 374; BAR-KOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge 1979, pp. 33 sq. 50 sq.; SEKUNDA N., Seleucid and Ptolemaic reformed armies 168-145 B.C. Volume I. The Seleucid Army under Antiochus IV Epiphanes, Stockport 1994, pp. 17 sq.; GRAINGER J.D., A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leiden New York Kln, 1997, p. 116.

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Seils ayant dessein de faire mourir trois mille Perses qui voulaient se soulever, feignit que Sleuchus lui avait crit des lettres menaantes, mais qu'il voulait se servir de leur secours pour le prvenir. Pour prendre conseil avec eux l-dessus, il leur donna rendez-vous au village de Randa. Ils le crurent, et vinrent l'y trouver. Il y avait tout auprs un lieu creux et marcageux, o Seils fit mettre en embuscade trois cents cavaliers macdoniens et thraces, et trois mille fantassins arms de toutes pices, avec ordre, quand ils verraient lever un cu d'airain, de fondre sur ceux qu'ils trouveraient assembls, et de les mettre mort. L'cu fut lev, et 44 l'embuscade donnant sur les trois mille Perses, les extermina tous.

En partant dun passage de Diodore45 qui nous dcrit laile gauche de larme dEumne de Cardia la bataille de Gabine (316 av. J.C.), et o lon retrouve des Thraces (selon toute apparence, des cavaliers), installs comme colons en Iran un moment entre le rgne dAlexandre le Grand et 316 av. J.C., Bezalel Bar Kochva46 dduit que dans le texte de Polyen il sagit de soldats provenant dune colonie militaire des Thraces, en Perse, dont les descendants seraient retrouver la bataille de Raphia.

POLYEN. VII, 39, . , . ,,, , , , . , . , tr. fr. dans Polyen. Ruses de guerre , Bibliothque historique et militaire ddie larme et la garde nationale de France publie par MM. Ch. Liskenne et Savan. , Paris, t. III, 1840, p. 795 45 DIOD. XIX, 27, 5 : , venaient ensuite cinq cent hommes du pays de Paropanisades, ainsi quun nombre gal de Thraces, venus des colonies des rgions suprieures etc tr. fr. par BIZIERE Fr., dans Diodore de Sicile. Bibliothque Historique. Livre XIX , Paris, Les Belles Lettres , 1975. 46 BAR-KOCHVA B., The Seleucid Army. Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge 1979, pp. 50 sq

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Bar Kochva semble avoir mal compris le sens du texte de Polyen. Il sagit en effet de Thraces, mais de cavaliers, et non darchers (comme ceux de Raphia), et le stratagme nous les prsente en tant que soldats de larme dun roi Sleucos en service en Perse, et non comme de colons militaires. Dailleurs, les Thraces de Polyen sont retrouver quelque part en Perside, dans le voisinage du village de Rhanda, tandis que les katoikoi de Diodore sont venus des Satrapies Suprieures, donc pas ncessairement de Perside, mais bien au contraire, il sagit de gens qui semblent tre venus des rgions voisines la Paropanisade, donc de lautre ct de lIran. Pour ce qui est de la date de lincident, il y a trois hypothses : a. lpoque de Sleucos Ier 47 b. le rgne de Sleucos II48, de toute faon, au IIIe sicle49 c. le rgne de Sleucos IV50 Il faut tout de mme noter quil est trs difficile de connecter Polyen VII, 39 avec Polyen VII, 40, quoique la plupart des modernes laient fait, considrant que la suite de lhistoire de lembuscade de Seils ait d tre la stratagme suivante, celle qui dcrit comment trois milles hommes de ceux qui taient venus de Perse se font massacrer par un certain Oborzos51 - mais on ignore en effet sil sagit des ceux qui ont mont lembuscade dcrite par Polyen dans le stratagme prcdent.

LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, p. 374: La date dune tentative de rvolte de 3000 Perses Rhanda, sous le rgne dun Sleucos, rvolte dont la rpression provoqua entre autres lintervention de 3000 cavaliers thraces et macdoniens, est impossible fixer. Je la croirais volontiers assez haute, peut-tre du rgne Sleucos Ier 48 NEWELL E.T., E.S.M., pp. 160sq; EDDY S.K., The King is Dead. Studies in Near Eastern Resistance to Hellenism 334-31 B.C., Lincoln, Nebraska 1961, pp. 75 sqq. 49 BEVAN E, The House of Seleucus, Londres 1902, vol. I, p. 291: Siles, the officer representing the Macedonian king (whether it was the first Seleucus or the second there is no indication, and does not much matter) [] surrounded them with Macedonian and Thracian troops and made away with them all 50 WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. I- 1979, p. 280 : une interprtation que nous envisagerons infra, t. II, tendant voir Sleucos IV dans le Sleucos de Polyen et t. II, 1982, p. 350 : Peut-on rabaisser jusquau lendemain de la mort dAntiochos II lmancipation de la Perside sous les fratadara ? [] Les circonstances de la mort dAntiochos III auraient provoqu le soulvement non seulement de lElymade, mais encore de la Perside. Cest alors, sous Sleucos IV (plutt que sous Sleucos II ou que sous Sleucos Ier) quil faudrait situer les anecdotes de Polyen VII, 3940 et le massacre des katoikoi macdoniens par Oborzos-Vahuberz . 51 POLYEN. VII, 40, , tr. fr. dans Polyen. Ruses de guerre , Bibliothque historique et militaire ddie larme et la garde nationale de France publie par MM. Ch. Liskenne et Savan. , Paris, T.III, 1840, p. 795

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Ce dtail est important, car on a tendance lier lembuscade de Seils avec les monnaies frappe en Perside par les fratadara, notamment par Vahuberz52 (notre Oborzos, de Polyen VII, 40), et ensuite den tirer des conclusions et dtablir une chronologie. Les deux stratagmes nont en commun que le lieu de laction (la Perside), ce qui est trs peu pour conclure sil y a ou non une solution de continuit entre les deux. Il y a eu une colonie militaire de Thraces dans les Satrapies Suprieures, peut-tre mme dans la satrapie de la Perside, mais il est trs difficile de lier entre eux les trois passages de Diodore et de Polyen, et force est de se rsigner tout ignorer sur les sort des cavaliers Thraces que le destin a jet sur les contres de lAsie centrale. Il est trs probable que les Sleucides ont essay de maintenir la katoikia thrace implante jadis par Alexandre mais si cela sest vraiment pass, on lignore, pour linstant.

II. La stle de Mnas

Pour le monnayage de Vahuberz/Oborozos, voir: HILL G.F., A Catalogue of the Greek Coins in the British Museum: Arabia, Mesopotamia and Persia, London 1922, pp. CLXVII sq, 197, nos.1 3, pl. XXVIII, nos. 10-12 ; SELLWOOD D, Minor States in Southern Iran, dans YARSHATER E. (d.), Cambridge History of Iran, t. III1, Cambridge 1983, pp. 299-321 (esp. 301 sq.)

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Une stle de Nikaia53 raconte le rcit des exploits et de la mort dun cavalier bithynien, dans un beau pome funraire :Fantassin, au premier rang, jai soutenu le choc de la cavalerie quand nous combattmes dans la plaine du Kouros ; aprs avoir abattu un Thrace en armes, puis un Mysien, je tombai valeureusement. Aussi peut-on louer lagile fils de Bioris, le Bithynien Mnas, cet officier dlite [ ] Mais moi, qui prs du courant du Phrygios, combattais pour ma patrie et mes illustres parents, la terre 54 me reut, glorieux []

MENDEL G., Inscriptions de Bithynie , B.C.H., XXIV (1900), p. 380 sq. ; KEIL B., , Rev. Philol., XXVI (1902), pp. 257-262 ; BOUCHELECLERCQ A., Histoire des Sleucides, Paris, vol. II, 1914, pp. 533 sq.; HILLER VON GAERTRINGEN F., Historische griechische Epigramme, Bonn, 1926, no. 91; PFUHL E., Zwei Kriegerabmler, A.A. (1932), pp.2-7 (avec photo); PFUHL E., Zum Grabstein des Bithyners Menas A.A. (1933), pp. 751-4; ROBERT L., Notes dpigraphie hellnistique , B.C.H. LVII (1933), p. 490 n. 3 (remarquant la similarit de la graphie dun A barre brise avec celle des autres inscriptions contemporaines la fin du rgne de Lysimaque ); LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. II, 1950, pp. 370, 434, 438, 448, 791, 806-7, 1211; PEEK W., Griechische Versinschriften, Berlin 1955, no. 1965; SEIBERT J., Das Zeitalter der Diadochen, Darmstadt, 1983, p. 166; SAHIN S., Katalog der antiken Inschriften des Museums von Iznik, tt. I- II, (IK 9-10), Bonn 1979- 1987, no. 751 ; CORSTEN Th., Die Inschriften von Kios, (IK 29), Bonn 1985, no. 98; HAMMOND N.G.L. & WALBANK F.W., A History of Macedonia, t.III, Oxford 1988, p 241; LUND H.S., Lysimachus.A study in early hellenistic kingship, Londres & New York, 1992, pp. 206, 259; HANNESTAD L., This contributes in no small way to ones Reputation. The Bithynian Kings and Greek Culture dans BILDE P. & alii (ds.), Aspects of Hellenistic Kingship, Aarhus, 1996, pp. 71 sq.; CARSANA C., Le Dirigenze citadine nello stato seleucidico, Como 1996, p. 141, n. D2; MERKELBACH Rh. & STAUBER J., Steinepigramme aus dem griechischen Osten. Bd. II. Die NordKste Kleinasiens (Marmarameer und Pontos), Mnchen, 2001, pp. 170 sq.; COUILLOUD-LEDINAHET M.-Th., Les rituels funraires en Asie Mineure et Syrie lpoque hellnistique (jusquau milieu du Ier sicle av. J.-C.) , dans PROST F. (d.), LOrient mditerranen de la mort dAlexandre aux campagnes de Pompe. Cits et royaumes lpoque hellnistique. Actes du colloque international de la SOPHAU, Rennes, 4-6 avril 2003, Rennes, 2003, p. 76 ; AVRAM A., Prosopographia Ponti Euxini Externa, paratre, no. 540. 54 La prsente version franaise est reprise de LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. II, 1950, p. 807. Loriginal grec donne : . [] [], ,. [],,

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On voit bien que notre Mnas a pris part la bataille de Kouroupdion55, dont la date a fait natre un long dbat parmi les savants. La plupart des Modernes avait opt pour une des trois conjectures suivantes: juillet-aot 28256, avril-mai 28157 et juillet-aot 28158. Lenjeu ntait point la victoire dans une dispute acadmique strile, mais tout lchafaudage de la chronologie hellnistique, vu que la mort de Sleucos Nicator survient sept mois aprs la bataille de Kouroupdion, selon les dires de Justin59, et que la mort de ce roi est un repre pour dfinir linvasion des Celtes en Europe. Heureusement, la publication dune tablette cuniforme (BM 35603)60 a fourni une rponse situant la mort de Sleucos Ier entre le 25 aot et le 24 septembre 281, ce qui place trs convenablement la bataille de Kouroupdion en fvrier-mars 281. Force est toutefois de constater, que linscription ne nous offre aucun lment de datation, et que la bataille de Kouroupdion dont il est question sur la pierre peut tre nimporte quelle autre bataille que nous ignorons et qui a pu avoir lieu dans cette plaine. La suggestion selon laquelle la

Date et localisation: EUSEB., Chron., I, pp. 233-4 (d. Schoene); APP., Syr., LXII, 329 (qui; malgr une opinion assez rpandue parmi les savants e.g. Brchner, R.E., X, s.v. , col. 1440-, ne nomme pas Kouroupdion en tant que tel, mais se contente de dire que la bataille a eu lieu /). Voir aussi BELOCH K.J., Griechische Geschichte, Strassbourg, t: III 2, 1904, pp. 384-8, t. IV 12, Berlin-Leipzig 1927, pp. 458-61 ; BOUCHE-LECLERCQ A., Histoire des Sleucides, Paris, tt. I II, 1913 1914, pp. 48, 532 sqq.; MAGIE D.D., Roman Rule in Asia Minor to the End of the Third Century after Christ, t. II, Princeton 1950, p. 727, n. 5; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, pp. 17 sq.; HEINEN H., Untersuchungen zur hellenistischen geschichte des 3. Jh. zur Geschichte der Zeit des Ptolemaios Keraunos und zum Chremonideischen Krieg, Stuttgart, 1972, pp. 20-36 ; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique, Nancy, t. I, 1979, pp. 100 sqq. ; SEIBERT J., Das Zeitalter der Diadochen, Darmstadt, 1983, pp. 165-7 (avec un trs utile status quaestionis); MEHL A., Seleukos Nikator und sein Reich, Louvain, 1986, p. 296-298; LUND H.S., Lysimachus.A study in early hellenistic kingship, Londres & New York, 1992, pp. 205 sq., 259; GRAINGER J.D., A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leiden New York Kln, 1997, p. 739 56 CORRADI G., La fine del regno di Seleuco Nicatore, RivFil XLIV (1916), pp. 297 sqq., 409 sqq. = Studi ellenistici, Turin 1929, pp. 64 sqq. 57 DROYSEN J.G., Geschichte des hellenismus; Gotha, t. III,1843, d. fr. Paris, 1885, pp. 630-633. 58 BELOCH K.J., Griechische Geschichte, Strassbourg, t: III 2, 1904, pp. 384-8 = 2 t. IV 2, 1927, pp. 107 sqq. 59 JUST., XVII, 2, 4: post menses admodum septem. 60 SACHS A.J. & WISEMAN D.J., Iraq XVI (1954), pp. 202 sq.

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bataille dont il serait question dans linscription de Mnas serait celle de Magnsie61 (donc cent ans plus tard), est, certes, trs intressante, mais entirement absurde, la lumire de nos informations, car on aurait du mal voir un officier bithynien combattant pour sa patrie la bataille de Magnsie en 188 av. J.C.. Il est bien connu en effet que le royaume de Bithynie est rest neutre durant la guerre antiochique, malgr la dmarche du roi Antiochos III pour persuader Prusias Ier de se joindre lui cause surtout aux dires de Polybe et de Tite Live dune belle lettre crite par Scipion (appuye par une ambassade de C. Livius Salinator), et qui expliquait au roi de Bithynie que Rome ntait point lennemie des rois, mais tout au contraire62. Ctait une neutralit qui sest avre coteuse, car le trait dApame obligeait Prusias cder la Phrygie Epictte mais ctait une neutralit, quand mme. A moins quon ne fasse de ce texte la seule preuve de la participation du royaume de Bithynie la guerre antiochique, il vaut mieux abandonner cette hypothse. Notre Mnas est mort, trs probablement, pendant une guerre dfensive et il est vrai que, ainsi que la plupart des cits grecques du monde anatolien, la Bithynie elle-aussi avait tout intrt voir bris, une fois pour toutes, le pouvoir de Lysimaque, car les relations entre les deux royaumes nont point t amicales63. Mais on voit mal comment un corps bithynienHANNESTAD L., This contributes in no small way to ones Reputation. The Bithynian Kings and Greek Culture dans BILDE P. & alii (ds.), Aspects of Hellenistic Kingship, Aarhus, 1996, p. 72; MERKELBACH Rh. & STAUBER J., Steinepigramme aus dem griechischen Osten. Bd. II. Die NordKste Kleinasiens (Marmarameer und Pontos), Mnchen, 2001, p. 170: Mglich ist auch, dass von der Schlacht bei Magnesia die Rede ist (190 v. Chr.), in welcher die Rmer Antiochos III entscheidend geschlagen haben; in der Inschrift I.Pergamon 64,7-8=Sylloge3 606 wird von dieser Schlacht als der gesprochen, und in Vers 12 unseres Gedicht ist vom Phrygios die Rede. Auch Livius 37, 37/8 nennt diesen Fluss; COUILLOUD-LE-DINAHET M.Th., Les rituels funraires en Asie Mineure et Syrie lpoque hellnistique (jusquau milieu du Ier sicle av ; J.C.) , dans PROST F. (d.), LOrient mditerranen de la mort dAlexandre aux campagnes de Pompe. Cits et royaumes lpoque hellnistique. Actes du colloque international de la SOPHAU, Rennes, 4-6 avril 2003, Rennes, 2003, p. 76 62 POL. XXI, 11; T.L. XXXVII, 35, 4-15; HANSEN E.V., The Attalids of Pergamon, Ithaca N.Y., 1947, pp. 92 sq.; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, pp. 54 sq.; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. II, 1982, pp. 212, 228 (un peu contradictoire, car dabord il range Prusias Ier de Bithynie dans le camp anti-sleucide pour parler ensuite de sa neutralit ) ; GRUEN E.S., The Hellenistic World and the Coming of Rome, Berkeley 1984, pp. 86, 151, 225, 239, 550, 638 63 MEMNON XX, 3 = F.H.G. III, p. 536; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, pp.16 sqq. Le roi de Bithynie, Zipotes, lavait maintes fois emport contre les stratges de Lysimaque, et, une fois, contre Lysimaque lui-mme.61

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aurait pu participer la bataille de Kouroupdion de 281 av. J.C. aux cts de Sleucos Ier (comment aurait-il pu autrement tuer un Thrace et un Mysien ? Il a d, le pense-t-on dhabitude, combattre contre les soldats de Lysimaque). Il faudrait ainsi supposer lexistence dun trait dalliance (ou au moins dune Entente informelle)64 entre Prusias Ier et Sleucos Ier, afin de justifier la mort de Mnas en dfendant sa patrie. Mais, dans ce cas, on comprend mal pourquoi Lysimaque ait pu permettre tout contingent bithynien que ce soit de traverser une bonne partie de son royaume asiatique pour se joindre au Sleucide afin daugmenter larme de son rival, lorsquil avait eu tout le temps et tous les moyens de lempcher (si on garde lesprit la position gographique de la Bithynie). Mnas ntait pas un mercenaire, car il combattait pour sa patrie et ses illustres parents , et donc lunit dinfanterie lgre quil commandait a d participer a une bataille qui aurait pu dcider du sort de la Bithynie. Voil une bonne raison de partager lavis de Giovanni Vitucci non affato escluso che ivi possa trattarsi di una lotta sostenuta posteriomente dai Bitini contro i Pergamo 65. La solution du problme tient donc deux variables, que seules des dcouvertes venir pourraient clairer : 1. la bataille de Kouroupdion de notre inscription pourrait tre celle de 281 av. J.C. (chose suggre par la palographie de linscription, selon Louis Robert). Dans ce cas, il serait plus naturel de penser que la Bithynie a d se retrouver dans les rangs des allis de Lysimaque (car il arrive souvent que les puissances mineures parviennent trouver un moyen de sentendre avec leurs voisins plus grands quelles ont vaincu sur les champs de batailles. Aprs plusieurs expditions, il est probable que Lysimaque ait pu

Cette hypothse semble tre agre par plusieurs modernes, comme: LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. II, 1950, pp. 434, 438: Les deux pigrammes [] vantent son courage, sans dire dans quelle arme il combattait. On admet que ctait celle de Sleukos, sans que lon puisse dcider si ce souverain avait conclu une alliance avec les Bithyniens ou avait enrl des mercenaires [] Il est gnralement admis que le Thrace et le Mysien servaient dans larme de Lysimaque, le Bithynien dans larme de Sleucos - mais il est trs peu probable que Mnas fut un mercenaire, voir infra; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, p. 18: resta pienamente verosimile che Zipoites se alleasse con gli avversari di Lisimaco e collaborasse fattivamente alla vittoria de Seleuco; STROBEL K., Die Galater : Geschichte und Eigenart der Keltischen Staatenbildung auf den Boden des hellenistischen Kleinasien, T. I, Berlin 1996, p. 201: Zipoites von Bithynien mu 282 unverzglich auf der Seite des Seleukos in den Krieg eingetreten sein, da ein bithynisches Korps an der Schlacht von Kouroupedion teilnahm 65 VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, p. 18.

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arriver la conclusion quil vaut mieux avoir lalliance de Prusias que le dtruire. Ce serait, dailleurs, la rptition du mme scnario de lhistoire de Dromichaits et de Lysimaque). Comme larme de Sleucos Ier a pu comprendre dans ses rangs des Thraces (les colons militaires des satrapies suprieures, si jamais cela a t le cas), il ny a rien qui sopposerait ce que Mnas ait fait ses deux victimes parmi les soldats de Sleucos (et non de Lysimaque), et dans ce cas, la stle de Nikaia dont il est question serait une preuve supplmentaire que les Thraces ont pu tre prsents dans larme sleucide ds le dbut du IIIe sicle av. J.-C. 2. la bataille de Kouroupdion nest pas celle de 281, mais une autre, toujours au IIIe sicle, qui implique la Bithynie et une puissance trangre inconnue, qui employait des Thraces et des Mysiens. Or, parmi les puissances qui ont menac le royaume de Bithynie et qui ont pu bnficier de lapport militaire des Thraces, les Sleucides sont des bons candidats. On pourrait penser, par exemple, la dfaite du gnral sleucide Hrmognes dAspendos, en 280 av. J.C. devant les forces de Zipoits, le roi de Bithynie66. Et cela sans rien dire dAntiochos Hirax ou dAchaios, vice-rois sleucides lorigine, devenus ensuite des usurpateurs (dailleurs, Achaios a t un pas dentrer en conflit avec la Bithynie, lors de la guerre des dtroits de 220 av. J.C., quand il avait promis son appui aux Byzantins, alors en guerre avec Prusias et Rhodes67), qui ont pu se heurter leur voisin du Nord Ouest de lAnatolie.

III. Kendebaios

MEMN. XV = F.H.G. III, pp. 534 sq.; BENGTSON H., Die Strategie in die hellenistischen Zeit. Ein Beitrag zum antiken Staatsrecht, Mnchen, t. III, 1952, p. 200; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, p. 20; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. I, 1979, p. 142. 67 POL. IV, 47, 8, 47-52; VITUCCI G., Il Regno di Bitinia, Rome, 1953, p. 41; WILL Ed., Histoire politique du monde hellnistique2, Nancy, t. II, 1982, pp. 46 sq.

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Sous Antiochos VII Sidts, un stratge sleucide, dans la lutte contre Simon, porte le nom thrace ( ?) de Kendebaios 68. Cette phrase de Marcel Launey pose (ou perptue) un faux problme, c'est--dire lorigine thrace de Kendebaios. Il est vrai que le radical , centhus, centus, , centius, etc., soit comme suffixe, soit comme prfixe, participe la formation des beaucoup de noms thraces69, et donc il serait extrmement tentant de rapprocher le nom du stratge sleucide de lonomastique thrace. Et pourtant, les savants qui ont comment les inscriptions de Lycie (comme, e.g., Adolph Wilhelm70 ou Louis Robert71) ont rencontr plusieurs occurrences de diverses variantes de ce nom, telles , , , qui taient trs proches de ceux recenss par Sundwall dans son catalogue des noms Lyciens : , , , , et le toponyme 72. Notre Kendebaios a donc toutes les chances dtre un Pisidien ou , mieux encore, un Lycien (ce qui conviendrait trs bien pour un stratge royal sleucide de lpoque dAntiochos Sidts, qui concide avec le moment de la main mise des Romains sur Pergame et les dpendances de ce royaume dans la rgion des dtroits). Il aurait t trop beau davoir un Thrace comme stratge ayant

LAUNEY M., Recherches sur les armes hellnistiques, Paris, t. I, 1949, pp. 389, 621; I Mac., 15, 36 sqq.; JOS., Ant. Jud. XIII, 225. Sur Kendebaios, voir: GRAINGER J.D., A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leiden New York Kln, 1997, p. 99; SAVALLI-LESTRADE I., Les Philoi Royaux dans lAsie hellnistique, Genve 1998, p. 84, no. 85 69 DETSCHEW D., Die Thrakischen Sprachreste2, Vienne 1976, pp. 239 sq.; STURTEVANT E.H., Centaurs and Macedonian Kings, Cl. Philol. XXI 1926, pp. 235249. 70 WILHELM A., Griechische Inschrift aus Kleinasien, SB Berlin 1932, p. 858= Akademieschriften zur griechischen Inschriftenkunde (1895-1951), Leipzig, t. II, 1974, p. 402: Ich kann nicht umhin, mit diesen Namen den des IG XII 8, 159 zusammenzubringen; C. Fredrich bemerkt eundem esse atque Kendebaion Antiochi Sidetae ducem editores suspicantur. At nomina at stirpe Kend derivata in Thracia saepius inveniuntur 71 ROBERT L. Etudes pigraphiques et philologiques, Paris 1938, p. 280 : Cf. le nom pisidien et lycien , , , (Ad. Wilhelm, Sitzungsber. Ak. Berlin. 1932, 1858, rtablissant [] dans un pitaphe dArykanda maltraite par B. Pace) . Notons en passant lerreur de la rfrence de Louis Robert, qui passe telle quelle chez Ivana Savalli-Lestrade. 72 SUNDWALL J., Die einheimischen Namen der Lykier nebst einem Verzeichnisse kleinasiatischer Namenstmme, Leipzig 1913, pp. 92, 101

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limportance du rang de Kendebaios, mais cela reste attendre des dcouvertes futures.

En guise de conclusion Arrivs la fin de notre dmarche, force est de constater quon ignore plus quon ne connat du destin des Thraces dans les rangs de larme sleucide. On na qu envier les historiens de lEgypte lagide qui sont en mesure dentreprendre des tudes sociologiques dune arme quils peuvent envisager bien en temps de guerre quen temps de paix. Il reste beaucoup attendre des futures recherches archologiques, les seules en tat de nous apporter davantage dinformations. Dans ltat actuel de nos connaissances, fondes sur des informations parpilles a et l, qui nous portent partout travers lEmpire sleucide, de Thrace jusquaux Satrapies suprieures de lIran et de la Bactriane jusquaux villes de Jude, et ne pouvant tudier que larme sleucide en temps de guerre, sans rien dire de ce qui se passe dans les garnisons en temps de paix, tout ce que nous pouvons faire est dexaminer avec soin toutes les informations disponibles et de garder que celles vraiment sres. Ainsi, conjecturer sur larmement et lquipement des units thraces dans larme sleucide est une entreprise risque, car on a vu quon peut facilement commencer la recherche dune unit des cavaliers pour aboutir une unit darchers. Avec ce quon connat dj, tout ce que nous pouvons dire est que les Sleucides ont employ des Thraces dans les troupes cheval ainsi que dans les dtachements de linfanterie. Larme royale sleucide rassemble en vue dune campagne ne semble pas avoir compt des cavaliers Thraces, mais seulement des fantassins (trs probablement, des fantassins lgers). Les units sleucides dtaches dans le provinces, faisant le service de contrle et de rpression des ventuelles rvoltes, ont compris aussi des units de cavalerie thraces (cest le cas de ces Thraces que Polyen nous montre en Perside et de ceux quon peut deviner en Jude, travers les livres des Maccabes). Le peu de choses quon puisse dire sur la mthode de recrutement nous les montre surtout attirs par des beaux objets en mtal prcieux (comme ceux qui ont essay de dfendre Kypsla) ce qui pourrait nous expliquer limportance rduite de la frappe de monnaie dans latelier de Lysimacheia. Mais il ne faudrait pas pour autant exagrer limportance du stratagme dAntiochos II Polyen la garde parmi les ruses recommander justement parce que ctait une situation qui narrivait pas trop souvent dans la guerre. Ltude des trsors (des objets en mtaux

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prcieux ainsi que des monnaies) est la seule en mesure de nous promettre des bons rsultats afin de pouvoir mieux clairer les problmes poss par le mercenariat thrace lpoque hellnistique, et dans lOrient. Ainsi que les inscriptions nouvelles de lAsie Mineure, de la Syrie, de la Palestine et de lIran, qui se font toujours attendre. Mais pas pour longtemps, on lespre. Drd. Adrian George DUMITRU Assistant de recherche, Bibliothque Mtropolitaine Bucarest

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