Aes 382 3 Salome Et La Danse Avec Les Mots

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    Arts et Savoirs3 (2013)L'adaptation comique

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    Adlade Jacquemard-Truc

    Salom et la danse avec les mots

    Les Moralits Lgendaires de Jules Laforgue

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    Rfrence lectroniqueAdlade Jacquemard-Truc, Salom et la danse avec les mots ,Arts et Savoirs[En ligne], 3 | 2013, mis en ligne le

    15 fvrier 2012, consult le 23 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/382

    diteur : LISAA (Littratures Savoirs et Arts)http://aes.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur :http://aes.revues.org/382Document gnr automatiquement le 23 juin 2016.Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

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    Salom et la danse avec les motsLes Moralits Lgendairesde Jules Laforgue

    1 Salom est la premire adaptation comique de Laforgue. Cette nouvelle ouvre une voie

    qui aboutira la publication des Moralits Lgendaires,unesrie de rcritures comiquesde mythes ou duvres littraires bien connues. Pour donner une version contemporaine etquelque peu iconoclaste de chacun des mythes quil reprend, Laforgue fait un choix curieux :il sappuie sur le genre mdival de la moralit, quil affiche et quil dtourne. Les courtespices de thtre vocation difiante deviennent sous sa plume des nouvelles dont certaines,notamment Salom , se terminent effectivement sur une moralit. Si le terme moralitrentreaisment en consonance avec le travail dadaptation dune source biblique, le lecteur est plusdsaronn lorsquil dcouvre le traitement potache rserv lhistoire de la mort de Jean-Baptiste.

    2 La surprise est dautant plus grande que lhistoire de Jean-Baptiste et de Salom est trsfrquemment travaille par les artistes du XIXesicle, au point de constituer une vritable

    vogue. crire une Salom est alors un morceau de bravoure pour toute une cole esthtique(littraire, mais galement picturale et musicale). La vogue des Salom correspond unmoment charnire de lhistoire littraire franaise, la fois en crise et en qute de sourcesnouvelles. Cest sans doute ce qui explique que tant dartistes se tournent vers la figure bibliquede la jeune danseuse galilenne.

    3 Ce phnomne a une consquence directe sur le texte de Laforgue : le processus dadaptationse caractrise par sa complexit, car il joue sur deux niveaux. Dune part, il adapte les textessacrs, et dautre part, il se situe dans cette srie dadaptations contemporaines. Les hypotextesbibliques ne sont ici quune source mineure dinspiration, alors que se lit tout momentlinfluence des nombreuses rcritures issues des mouvements symbolistes et dcadents. Larfrence l Hrodias de Flaubert est omniprsente ; mais sans doute l Hrodiade de

    Mallarm et le passage que Huysmans consacre Salom dansA rebours

    jouent-ils aussi unrle important.4 Loriginalit de Laforgue consiste donner un ton comique une intrigue qui sy prte mal,

    du fait de sa trame et de son origine religieuse. Trait avec dfrence par de nombreux artistes

    au XIXe sicle, le personnage de Salom touche manifestement limaginaire de la fin-de-sicle. La danseuse incarne un type fminin trs prsent dans limaginaire dcadent, celui dela femme castratrice. Elle est galement une figure emblmatique de la cration artistique etplus prcisment de la posie, lpoque de lavnement de la posie moderne. La moralitde Laforgue sinscrit dans la continuit des uvres de ses matres et reprend son comptelesthtique dune poque ; et pourtant, cette somme se dsolidarise en partie de ses devanciers,en dnonant par le rire les obsessions de son temps.

    5 Sil existe lvidence des enjeux littraires propres la rcriture1, le cas de la Salom de Laforgue pose des questions encore plus spcifiques : quels sont les motifs de la rcriturelorsque le nouveau texte sinscrit dans une mode ? On pourrait souponner Laforgue de profiterdune opportunit littraire ; mais la tonalit comique de sa nouvelle vient introduire unedissonance dans la srie des Salom de la fin de sicle. De fait, notre moralit se moque delpoque contemporaine, bien plus quelle ne rcrit lpisode biblique, qui apparat commeun prtexte. Entre pastiche et parodie, Laforgue conduit une rflexion sur la pratique de lalittrature, la suite mais aussi lencontre des auteurs de la deuxime moiti du XIXesicle.

    Hritages et appropriation

    6 Lacte de rcriture constitue, dans une certaine mesure, une limitation de la crativit delauteur ; en choisissant de reprendre un pisode biblique, Laforgue hrite dune intrigue partir de laquelle il propose une variation. Mais la Salom de Laforgue est plus quunercriture dun pisode biblique.

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    7 La source biblique de notre moralit est double : on trouve ce rcit chez Marc (6, 14-29)et Matthieu (14, 1-12). Des hypotextes bibliques, Laforgue conserve quelques grandesstructures : laction se situe dans le palais dun Ttrarque, infime proconsul romain 2, danslequel se trouve emprisonn un prophte, appel alternativement Iaokanann ou Jean-Baptiste transcription du nom hbreu ou son quivalent franais. Au cours dun banquet, le Ttrarquefait sa belle-fille limprudente promesse de lui donner tout ce quelle lui demandera, enguise de remerciement pour avoir su le divertir. Tenu par son serment, le Ttrarque doit

    donc livrer la jeune fille la tte dcolle du prophte. Deux lment essentiels dans lesvangiles disparaissent en revanche de la moralit de Laforgue : le personnage dHrodias, lamre de Salom, est totalement absent, tout comme la danse de la jeune fille. Aux intertextesvangliques, il faut rajouter une dernire source antique : cest Flavius Josphe qui donne lajeune fille le prnom de Salom nom qui lui est rest par la suite, consolid par la fascinationexerce par le personnage au Moyen ge.

    8 Si le rcit de Laforgue hrite dune intrigue biblique, cest l Hrodias de Flaubertquil doit sa trame narrative. Daniel Grojnowski et Henri Scepi ont bien montr, dans leurintroduction auxMoralits Lgendaires3, quel point Laforgue copie la construction du rcitde Flaubert. Il divise Salom en quatre parties, et emprunte tout le droulement destrois premires au rcit de Flaubert. Seule la dernire correspond une invention de sa part.

    La moralit de Laforgue est donc trs largement redevable au texte de Flaubert qui estmanifestement le point de dpart de son projet, comme le montre cette lettre Charles Henry : Tu connais lHrodias de Flaubert ? Je viens de finir une petite Salom de moi 4.

    9 Allons plus loin, et notons que la quatrime partie ajoute par Laforgue, qui narre la mortde Salom, est trs proche de la chute de Salammb le rapprochement des deux hrones

    tant probablement facilit par lhomophonie de leurs noms5. La critique a dj remarqu quela phrase qui conclut notre moralit est une variation de la clausule du roman de Flaubert 6;mais les ressemblances ne sarrtent pas l. La scne finale du roman prsente la princesse penche sur la balustrade de la citadelle, vers laquelle slance, perdu damour, un Mthocorch vif ( Il navait plus, sauf les yeux, dapparence humaine ; ctait une longue formecompltement rouge 7). Ce tableau nest pas sans rappeler notre Salom, accoude au

    parapet de lObservatoire 8

    , sapprtant jeter la mer un objet tout aussi macabre : la ttegrimaante du Baptiste.

    10 Si Flaubert est la source principale de Laforgue, il reste important de situer la moralit dansson contexte littraire, particulirement riche. Laforgue emprunte sans doute des traits de sonhrone au pome de Mallarm, comme la transformation de Salom en oratrice, ainsi quela dimension mtalittraire de son discours nous y reviendrons. Linfluence mallarmenneest galement sensible des rfrences ponctuelles : le rve de kermesse faunesque 9,immdiatement suivi de la mention des cygnes , qui semblent faire allusion respectivementLAprs-midi dun fauneet Hrodiade.

    11 Laforgue, rcrivant lhistoire de Salom, en modifie galement les donnes transgressionncessaire la constitution de son texte comme uvre dart. La moralit de Laforgue nest

    pas un simple exercice de style plus ou moins plagiaire, mais une uvre authentique, capablede transformer la tradition littraire et de la revivifier. Les transformations apportes par notreauteur sont considrables et contrebalancent son utilisation dune trame de seconde main.Salom devient la fille du Ttrarque et non sa belle-fille (Laforgue conserve cependant lafascination du ttrarque pour la princesse ; linterprtation incestueuse, sans tre tout faitexplicite, demeure possible10). Ce changement de statut apparat comme la consquence dela disparition dHrodias. Un tel choix bouleverse le sens originel des rcits bibliques, ensupprimant lambigut du statut de Salom. Selon la tradition vanglique, Hrodias estla vraie responsable de la mise mort du prophte : elle utilise sa fille pour se venger duBaptiste, qui lui reproche publiquement son mariage incestueux avec le Ttrarque. Marcacquitte implicitement Salom, qui nest qu une fillette . Flaubert a conserv dans satrame la machination dHrodias, ce qui justifie quelle soit, plutt que Salom, le personnageponyme. Chez Laforgue, Salom devient la seule responsable de la mort de Iaokanann11: elle

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    accde la parole, et prend seule ses dcisions. Il faut souligner limportance de ce choix :avant la pice dOscar Wilde, Salom devient la femme castratrice quelle est reste danslimaginaire moderne. Ce transfert justifie que Laforgue en fasse le personnage ponyme de lanouvelle mme si son nom, qui signifie paix en hbreu, semble contredire son nouveaustatut dhomicide.

    12 Si Salom devient la coupable de la mort dIaokanann, cest que, comme Hrodias dansla version originelle du mythe, elle le peroit comme une menace. Mais au diffrend sur

    limmoralit dun mariage succde une simple intrigue amoureuse : Salom sest laissesduire par le prophte et cherche faire disparatre celui qui pourrait la compromettre.

    13 Ce dernier lment ouvre la porte une lecture triviale du personnage de Salom et de lanouvelle qui porte son nom. Le thme de limpudicit reoit chez Laforgue un nouveautraitement, qui indique dores et dj la dominante comique de la nouvelle. un travaildadaptation littraire plusieurs niveaux de rfrence, la virtuosit de Laforgue ajoute unercriture sur le ton parodique et comique.

    Une parodie fin-de-sicle

    14 Laforgue fait de sa Salom une femme la toilette somptueuse. Son raffinement, pouss lextrme, devient un signe de facticit et comme nous le rappelle la chute de la nouvelle,

    cest l son tort. En parfaite cohrence avec le personnage principal, la moralit de Laforgue secaractrise par un style trs travaill. Il sagit dun trait rcurrent dans les diffrentes rcrituresde cet pisode par les auteurs du dix-neuvime sicle. On peut ici parler de pastiche, dans lamesure o les rfrences de Laforgue (comme nous le verrons par la suite) sont trs nettes.Mais lauteur de la moralit, en forant le trait, inverse leffet habituellement recherch dansla prciosit et fait basculer le texte dans la parodie.

    15 Laforgue met en uvre une criture de la surcharge et permet lapparition dun comique ruditqui est la principale caractristique littraire de ce texte. Le lecteur repre demble cettecriture plaisante et ludique. Parfois, le simple pastiche suffit rendre comique un style qui,en dehors de tout effet de rcriture, serait peru comme noble : rcrire revient mettre distance, et le simple fait de dsigner un type dcriture transforme le regard du lecteur.

    Lchelle des valeurs se renverse alors : on ne peut plus adhrer ces formes dart, parcequelles sont de seconde main.

    16 Laforgue dmasque ainsi un rapport de lart lartifice. Le texte est cousu de formules trstravailles, que lon ne peut que remarquer ; mais le narrateur fait en sorte que lon ne puissepas les prendre au srieux. Le lecteur se trouve donc plac dans rapport complexe ce texte la fois potique et ridicule. Par exemple, le narrateur emprunte quelques images la voguede lcriture orientaliste, notamment lorsquil voque le kriss sacr 12du bourreau, ou les

    faces non piles 13des Princes du Nord. Lemploi du nom Iaokanann pour dsigner leprophte est un autre trait de couleur locale, puisque Laforgue remonte la racine hbraque dunom. Mais cet orientalisme, tout juste esquiss, se limite quelques formules sporadiques. Enreprenant quelques traits saillants dune criture de lorient, Laforgue en pingle les clichs et

    la dsigne comme une criture fige. Lui-mme se situe de cette manire dans une dynamiqueambivalente, entre inscription et mise distance.

    17 La multiplication des traits prcieux dans le texte de Laforgue entrane un effet de saturation,qui empche de les prendre au srieux. Longueur des phrases, rythme des propositions,antposition des adjectifs, vocabulaire recherch : toute une panoplie deffets est mobiliseau service de ce ton trop grandiloquent pour prtendre au grand style. Nombreux sont lesparagraphes composs dune seule phrase, et parfois Laforgue semble compliquer leur syntaxe plaisir.

    Et alors, dans cette arienne salle jonche de joncs jaune jonquille, entonnelle tout autourdassourdissantes volires, un jet deau central fusant percer l-haut un bariol vlarium decaoutchouc blanc sur lequel on lentendait retomber ensuite en belle pluie frigide et claquante, afit, le long de tables demi-circulaires, dix rangs de lits pars chacun selon la science du convive et, en face, une scne dAlcazar, merveilleusement profonde, o la fleur des baladins, jongleurs,beauts et virtuoses des Iles devait venir seffeuiller14.

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    En plaant les adjectifs devant les noms dans des tournures inattendues, ou en jouant de laparonomase, Laforgue cre un effet de raffinement sur lequel la lecture sattarde ; ainsi, leslocutions bariol velarium ou joncs jaune jonquille attirent lattention. Le narrateur faitgalement appel un lexique recherch, par exemple lorsquil dcrit les coruscants brocards

    lams 15des atours des insulaires. Il joue galement des effets dhomophonie, en accumulantles termes proches de lhomoptotes (sotrique, eurythmique, ttrarchique, mystique).

    18 La multiplication des adverbes vient galement enjoliver les descriptions. Ainsi, les multiples

    apparitions de Salom donnent lieu au mme commentaire ; seul ladverbe initial varie. Lenarrateur samuse manifestement dcrire Salom dabord mlodieusement emmousselinedarachnenne jonquille pois noir 16, puis hermtiquement 17, et enfin dcidmentemmousseline 18. La variation des adverbes donne lieu un comique de rptition toutlittraire, puisque cest une tournure qui se rpte, et non une situation , doubl dune allusiongrivoise. En effet, lorsquelle fuit la premire fois, Salom mlodieusement emmousseline

    a t drange pendant son bain, interruption qui donne lieu des salamalecs galants 19.Il est donc surprenant quon la retrouve hermtiquement emmousseline alors quelle a peine eu le temps de fuir. De plus, lexpression relve de loxymore, puisque la mousselineest par dfinition un tissu vaporeux. Cette contradiction dans les termes dment linsistancedu narrateur sur la pudeur du personnage. La rptition attire lattention du lecteur sur le corps

    de Salom, qui se voile et se dvoile tout la fois, et remplace peut-tre sa danse, absente dela nouvelle20. Le dernier adverbe, dcidment , qui sert dabord souligner le comique derptition, semble indiquer galement la dception des intrus, rendue en focalisation internepar le narrateur21.

    19 Dautres adverbes, qui relvent du nologisme, viennent enrichir le texte. Le but est autantde crer un rapport libre et ludique au langage, que dalourdir sciemment la narration,

    pour lui donner une tournure risible. Ainsi, sacerdotalement 22, kilomtriquement 23et sacramentellement24 permettent de crer une distance propice au comique entre le lecteuret sa lecture. Le nologisme sacramentellement est un exemple particulirement parlant duprocessus de rcriture de Laforgue, qui allie dans une construction ludique le sacr (religieuxou littraire) et le populaire. Jouant avec les sonorits de la langue, le narrateur forge volontiers

    dautres types nologismes pour enrichir le rcit : ainsi, comme nous lavons vu, Salom nestpas vtue dune robe de mousseline, mais emmousseline .

    20 travers ces choix stylistiques, Laforgue crit contre de nombreux auteurs du dix-neuvimesicle, et notamment Flaubert, dont il parodie manifestement le style mme sil sagit duncertain Flaubert. Certaines rfrences explicites ne laissent pas de doute : Laforgue tourne endrision les titres que Flaubert donne ses personnages. Il cre son tour des expressionscomposes, mais il les multiplie de manire surcharger le texte et leur donne, de plus,des connotations comiques. Ainsi, lAnnonciateur des Lunes 25ou le Chef-des-odeurs-

    suaves 26deviennent lOrdonnateur-des-mille-riens 27, le Rptiteur des Gynces etSlections 28, ou encore le Conservateur des Symboles 29. Notre moralit se situe en unlieu mal dfini entre la parodie et le pastiche. Elle tient la fois de lexercice de style, car il

    sagit bien dimiter le style dun matre pour se mesurer lui (ce qui donne un rle valorisant lhypotexte), et de caricaturer ses principaux effets stylistiques, caricature qui aboutit letourner en drision.

    21 Le but de Laforgue est-il ici vritablement de faire rire ? Le narrateur tablit une connivencemalicieuse, mais ces lments ne visent sans doute pas dclencher une franche hilarit. Lelecteur, qui est suppos disposer de la culture ncessaire pour dcrypter ce travail de rcritureet de mise distance, samuse sans doute de limpertinence du disciple envers les matres ;mais il ne sagit pour linstant que dun sourire intellectuel. De tels effets de langage relventde lhumour plus que du comique : lusage inappropri du style noble dsamorce lanciennesolennit et fait sourire. Comme dans lAffaire Lemoine de Proust, lcriture comique estune arme en vue dune critique critique dune excessive confiance dans le pouvoir de la

    littrature, sans doute.

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    Un comique des contrastes

    22 Le comique de Salom ne repose pas exclusivement sur le dtournement dun style noble ;Laforgue utilise galement, la manire dun contrepoint, un registre bas : sa rcriturecomique de lpisode biblique se fonde essentiellement sur une esthtique des contrastes, etbien souvent, le registre noble emprunt aux auteurs contemporains subit une dgradation quitire le texte vers un comique plus lger.

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    Le premier trait de cette dgradation est le ton adopt par le narrateur, qui rappelle celui desbonimenteurs de foire. La prsence dune subjectivit dans la narration est marque demblepar lutilisation de nombreuses exclamatives : ainsi, ds le troisime paragraphe, la descriptiondu palais se transforme en invocations caractre descriptif ce qui suppose la prsence dunlocuteur affect par la vision du palais : Titanique masse funbre veine de blme ! 30, ou

    plus loin Oh, le Ttrarque sur la terrasse, cariatide des dynasties ! 31. Lusage dun styleampoul apparat dautant plus inappropri quil est plac dans la bouche dun narrateur quise prsente comme un badaud naf et fascin par le spectacle du palais. De mme, la premirevritable apparition de Salom donne lieu des exclamations : Oh, le petit Messie matrice !Que sa tte lui tait onreuse ! 32.

    24 laffirmation de la voix du narrateur correspond une intgration du lecteur dans la fiction. La

    situation dnonciation quil cre englobe implicitement le lecteur, par lemploi de la deuximepersonne du pluriel, dans des formules comme : les volires [] se turent regret quandla musique commena vous accompagner le repas 33, ou la voix dure de Salom vous

    le redressa vivement 34. Lajout de ces pronoms expltifs donne un ton oral et populaire aupropos. De mme, leffet dimmdiatet est entretenu par lemploi des infinitifs de narration,qui dynamisent le rcit en lui donnant une tournure souple, proche de la parole orale : Et decirculer alors en plein ciel, par de menues phrases dadmiration suffoque 35. Enfin, le rcitdevient discours, lorsque le narrateur dcrit linstallation de Salom sur la scne de lAlcazar,et commente : Elle va peut-tre raconter des choses, aprs tout ? 36. Le statut de narrateuromniscient disparat alors : tout comme le lecteur, le narrateur attend de dcouvrir la suitede laction. Il devient un spectateur comme les autres, ce qui renforce limpression dun rcit

    conduit par un simple badaud.25 Ce statut original du narrateur permet Laforgue dintroduire des lments comiques quieussent t inimaginables sinon. Il use de multiples procds pour ramener le ton de la moralitvers un registre bas. Le narrateur joue avec les sons autant quavec les mots ; ainsi nous dcrit-il la salle du spectacle jonch[e] de joncs jaune jonquille 37, en forant lallitration jusqula paronomase. Les jeux de mots sont loccasion de mnager des glissements de sens et decrer la surprise. Ainsi, les crabes de lAquarium semptrent en couples avec de petits yeux

    rigoleurs de pince-sans-rire 38. Le soleil est quant lui rebaptis Lampyre de lEmpyre 39,titre majestueux fond sur lhomophonie presque parfaite des deux termes employs. Maissous la pompe apparente se cache une dgradation toute burlesque : mot--mot, lexpressionsignifie vers luisant des plus hautes sphres . Ces exemples forts diffrents rvlent unmme rapport ludique au langage, qui lui aussi favorise le rire.

    26 Une autre ressource importante du comique dans Salom est le mlange des registres, quisopre nouveau dans le sens de la dgradation. Ainsi, il nest pas sans saveur de lire : LeTtrarque biberonnait son houka de midi 40. Larrt de mort de Iaokanann est prononc demanire on ne peut plus triviale : sa tte sera Adjuge ! 41 lencan. Le narrateur manifesteun net refus des effets potiques trop attendus, notamment lorsquil crit : Et devant lui, lamer, la mer, toujours nouvelle et respectable, la Mer puisquil ny a pas dautre nom pour la

    nommer 42. Le narrateur semble ici dplorer labsence de terme potique propre ennoblir laralit dcrite faute de quoi, il la gratifie dune majuscule. Cette panalepse est sans douteune rfrence implicite lAzur mallarmen. Il souligne de ce fait lincontournable trivialitdu monde et du langage, sur laquelle achoppe le travail littraire. Contre une tradition potiquequi cherche enjoliver son objet, le narrateur dmasque la vacuit du langage potique. Mais

    loppos du ton nergique employ par Hugo43, Laforgue choisit la drision.

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    27 Le troisime procd comique employ par Laforgue est le dplacement ; il fait rire son lecteuren donnant lpisode biblique un cadre inattendu, fort diffrent de la Palestine du dbut delre chrtienne. La scne se passe en juillet, un jour de fte nationale 44, allusion peinevoile aux clbrations de la prise de la Bastille. Le narrateur fait rfrence Napolon I er45.

    Les Princes du Nord devisent quant eux de lautorit arme 46(nous sommes en pleinecrise du boulangisme), de la religion et de la concurrence internationale 47. Mais lonse rend compte que le dplacement nest pas seulement spatio-temporel : Laforgue transpose

    lunivers biblique dans le monde du thtre. Il y a bien sr la troisime partie, situe dans unesalle de spectacle et sur la scne de lAlcazar. Mais le chteau du Ttrarque voque lui-mmeun dcor de thtre, car il a sa face cache. Salom senfuit une premire fois en se laissant glisser, par un jeu de poulies, dans le vide, vers dautres tages 48: cet quipement rappelleles moyens techniques mis en uvre au thtre. Le narrateur nous dcrit galement le phare dupalais comme un phare dopra-comique 49. Le palais est donc lui aussi un monde factice,destin donner lillusion du vrai.

    28 Ces procds comiques, au-del de leurs effets propres, ont une seconde vertu : par contraste,ils rendent plus sensible la tonalit comique de la moralit, et clarifient son statut de parodie-pastiche. Il est impossible, dans ce contexte, de prendre au srieux le recours au style noble.

    Mise en crise du langage littraire29 Le choix que fait Laforgue de remplacer la danse de Salom, lment crucial de lpisode

    biblique, par un monologue dplace lintrt de lintrigue. Le trait fondamental de la moralitdevient la mise en abyme : le rapport au langage est mis en fiction, mis en mots.

    30 Chez Laforgue, la danse est reprsente par dautres personnages que Salom. Le motifnest donc pas cart, mais volontairement dplac, alors que le personnage principal gagneun nouvel attribut : elle possde une lyre autre lment emprunt Flaubert dont ellesaccompagne pendant son vocro(la critique a rebaptis ce passage en empruntant le termequi dsigne un chant funbre corse). La rcitante casse son instrument une fois le numro fini :on peut lire dans ce geste une rfrence plus prcise au lyrisme, dont li mpossibilit seraitsignale. Salom devient donc une figure du pote, et sans doute plus prcisment du potelyrique. Cette piste est dautant plus signifiante que dautres indices viennent la conforter : latte dcolle dIaokanann est compare celle dOrphe50. De mme, ds la premire partie

    de la nouvelle, apparat limage du soleil Ade 51Pourtant, notre potesse pose problme.Le symbole de la lyre entre en contradiction avec le morceau dclame par lhrone, que

    le narrateur qualifie de garulement 52 le morceau voque donc le cri du geai. Laforgueconstruit donc une reprsentation complexe du pote ; tous ces indices nous mettent sur lapiste dune lecture mtatextuelle de la nouvelle.

    31 La rflexion sur la nature de lart sous-tend toute la nouvelle. Cette rflexion permet de mieuxcomprendre le rapport complexe que Laforgue entretient avec lcriture quil parodie : silraille les excs dornements dans le style de Flaubert et des auteurs du XIXe sicle, il yvoit aussi un signe dexcellence artistique. On trouve la trace de cette ambivalence dans letexte, lorsque les Princes du nord hsitent offrir au Ttrarque leur collier de la toison dor : La nullit artistique de ce collier, sautait, surtout ici, aux yeux 53. Le raffinement, pouss lextrme, est une ralit ambigu, qui fascine mme si elle confine au ridicule. Serait-il excessif de voir dans le Ttrarque une image de Flaubert dans son palais dorientalisme(Salammb, Hrodias ), visit par un barbare curieux venu dun pays bien moins raffin,Laforgue, hsitant lui remettre le pitre hommage de sa toisondor ?

    32 Le vocro de Salom est sans doute la clef qui dtermine la lecture de la moralit.En effet, la rcriture de Laforgue est construite autour dune dception : le lecteur attendle passage de la danse de Salom, escamot au profit de ce que le narrateur nomme un garulement mystique . La dception est dautant plus grande que le propos de Salomsavre incomprhensible, au moins premire lecture alors mme que Salom parle, dans

    une expression provocatrice, du Nant limpide comme tout 54. Ici aussi, Laforgue sembleviser une tendance de son poque, qui a donn lieu des controverses entre crivains :

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    lopacit. Les auteurs parodis sont ici les potes de la fin-de-sicle, essentiellement dessymbolistes ; on pense notamment Mallarm, auquel le texte fait allusion. La Salom hermtiquement emmousseline de notre moralit est peut-tre une image mtaphorique dela posie dite, prcisment, hermtique. Certains thmes de prdilections de ces auteurs sontrepris et rsums dans des adjectifs repris mal propos, comme dans les expressions les IlesBlanches sotriques 55, tirelire mystique 56. Mais, malgr cette parodie, Laforgue sinscritdans la ligne du symbolisme en faisant de sa moralit le lieu dune recherche sur ce quest

    linconscient. Ainsi les personnages incarns par les clowns sappellent lIde, la Volont,lInconscient 57, selon les concepts philosophiques chers Hartmann et Schopenhauer. Le

    vocro sen prend aux sectaires de la conscience 58, et affirme que tout stire horsdu Moi 59. Il ne peut qutre obscur, parce que le langage clair de la raison est par natureincompatible avec lexploration des formes spcifiques de linconscient. La seule diffrenceavec les dclarations sur linconscient dun Maeterlinck consiste dans le refus obstin dusrieux, rappel par un petit rire toussotant de Salom, pour faire assavoir que surtout

    fallait pas croire quelle se prenait au srieux 60. Salom est ici manifestement une image deLaforgue, qui joue des contradictions de son temps sans prtendre les dpasser.

    33 Le langage, dans cette moralit, est un vritable objet de dsir, comme le montre la ractiondu Ttrarque. Lenjeu de la rcriture de Salom est de conqurir une lgitimit littraire

    et de sgaler dimposants modles. Et pourtant, l o on attendrait un morceau de bravoure,Salom ne prononce quun garulement . Pour Laforgue, criture comique et dceptionsemblent aller de pair. Mettant au centre de sa nouvelle un discours obscur et sans fondements,notre auteur semble renoncer dfinitivement aux sommets de la littrature, dont il ne peutproposer quune version drisoire. Ainsi, la disparition de la danse de Salom peut sinterprtercomme un aveu dchec. Le monde littraire semble se refermer sur lui-mme : ne parvenantplus dpasser ses propres contours, il perd prise avec le rel. Dcrire une chorgraphie aumoyen de mots est assurment une gageure ; Laforgue esquive cette difficult en se rabattantsur de la parodie. Le comique permet Laforgue de continuer une tradition littraire endsamorant toute rivalit avec ses prdcesseurs puisque le texte comique affirme demblequil ne se prend pas au srieux.

    34 Sans doute cette Salom potesse est-elle galement lemblme dune poque o la littraturese cherche. Soulignons dailleurs quavant Laforgue, Mallarm avait dj fait dHrodiade aumiroir le symbole de la rflexivit de lcriture littraire. Ainsi, on peut comprendre la ractiondu Ttrarque face au vocrocomme une nouvelle mise-en-abyme : celle des contemporainsde Laforgue face une littrature bavarde et complaisante. Pour Laforgue, Hrodias apparat comme un point de non-retour : cest un sommet que lon ne peut dpasser (ni mmereproduire) sans verser dans le ridicule. Ladaptation comique de Salom traduit chez notreauteur une vritable crise de prose , comparable au tournant que Mallarm diagnostiquedans la posie post-hugolienne.

    35 Salom est donc un texte qui prsente les difficults de lentre dans une nouvelle relittraire, qui se caractrise comme un aprs , marque par dimposants chefs-duvre. Dans

    cette moralit, Laforgue mne une rflexion sur le langage, ce qui fait de lui un continuateurde Mallarm et de sonHrodiade. Ce texte apparat comme une critique de la littrature de sontemps, mais est aussi une critique de soi-mme ; et en ce sens, son statut est problmatique. Lelecteur aboutit une sorte dimpasse : si lon ne peut plus se permettre le beau style, comme lelaisse entendre notre auteur par sa parodie, la littrature ne peut que dchoir. Les critures dupass sont devenues risibles, et on ne voit pas, dans cette moralit, par quels moyens nouveauxla littrature pourrait se dvelopper. La critique de Laforgue ne dbouche sur rien, sinon surun moment de rflexion ludique. Mais crire en montrant les limites de la littrature, cestencore crire et cest encore de la littrature. Salom est une mditation sur limpuissancede lcriture, dans laquelle le comique semble avoir pour rle de redonner sens une uvreen qute de lgitimit, de redonner forme une impossibilit dcrire. La parodie sert detransition. Charnire entre deux sicles, cette criture comique est sans doute vcue commeun espace gagn sur le silence dans lattente dun renouveau plus profond.

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    Arts et Savoirs, 3 | 2013

    Notes

    1 Cf. G. Genette,Palimpseste, Seuil, Paris, 1982, p. 446 sq.

    2 J. Laforgue, Moralits Lgendaires, prsentation par Daniel Grojnowski et Henri Scepi, Garnier-Flammarion, Paris, 2000, p. 133.

    3Ibid., p. 25-26.

    4 J. Laforgue, uvres Compltes., t. II, Lge dhomme, Lausanne, 1986, p. 767.

    5 Mireille Dottin-Orsini montre, dans Laforgue fumiste : Salom Floupette , que Laforgue joue, dansses Fleurs de bonne volont( Dimanches ), sur cette proximit pour confondre les deux hrones.

    Raison, drision, Laforgue,Romantisme, 1989, n 64.,p. 20.

    6 Voir M. Dottin-Orsini., Laforgue fumiste : Salom Floupette , ibid., p. 21.

    7 G. Flaubert, Salammb, Folio classiques, Paris, 1970, p. 467.

    8 J. Laforgue,Moralits Lgendaires, op. cit., p. 151.

    9Ibid, p. 139.

    10 Puis il souriait tous, en pre heureux, lair de dire : vous allez voir ce que vous allez voir , mettantles princes ses htes au courant, de faon fort dcousue, o ceux-ci comprirent que, pour faire un sort la petite personne en question, la Lune stait saigne aux quatre veines, et quon la tenait dailleursgnralement (il y avait eu une Concile l-dessus) pour la sur de lait de la Voie Lacte (tout pourelle !). Ibid., p. 147. Voir galement : Oh ! Continue, continue, dis tout ce que tu sais ! geignaitEmeraude-Archetypas, battant des mains comme un enfant .Ibid., p. 149.

    11 Encore quelle na gure de mal convaincre son pre de lui donner satisfaction.

    12 J. Laforgue,Moralits Lgendaires, op. cit., p. 135.

    13Ibid.

    14Ibid., p. 144.

    15Ibid., p. 138.

    16Ibid., p. 138.

    17Ibid., p. 139. La mme phrase se retrouve p. 146.

    18Ibid., p. 143.

    19Ibid., p. 138.

    20 Sans faire de ce passage la source ncessaire de la danse de sept voiles , il est frappant de remarquerque le Laforgue et Wilde associent tous les deux Salom au motif du voile.

    21 Ce regard curieux est ensuite relay par le narrateur lui-mme, qui dcrit une mousseline qui,sagrafant et l de fibules diverses, laissant les bras leur anglique nudit, formait entre les deuxsoupons de seins auxamandes piques dun illet, une charpe brode de ses dix-huit ans . Ibid.,p. 146-147.

    22Ibid., p. 138.

    23Ibid., p. 139.

    24Ibid, p. 144.

    25 G. Flaubert, op. cit., p. 185.

    26 J. Laforgue,Moralits Lgendaires, op. cit., p. 225.

    27Ibid., p. 137.

    28Ibid.

    29Ibid.

    30Ibid., p. 133.

    31Ibid., p. 134.

    32Ibid., p. 147.

    33Ibid., p. 144.

    34Ibid., p. 150.

    35Ibid., p. 138.

    36Ibid., p. 147.

    37Ibid., p. 144.

    38Ibid., p. 140.

    39Ibid., p. 134.40Ibid., p. 135.

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    Arts et Savoirs, 3 | 2013

    41Ibid., p. 151.

    42Ibid., p. 134.

    43 V. Hugo,Les Contemplations, Garnier, Paris, 1969, Livre I, Rponse un acte daccusation , p. 23 : Jai dit la narine : eh mais ! tu nes quun nez .

    44 J. Laforgue,Moralits Lgendaires, op. cit., p. 135.

    45Ibid., p. 142.

    46Ibid., p. 145.

    47Ibid., p. 145-146.48Ibid., p. 138.

    49Ibid., p. 133.

    50Ibid., p. 152 : la tte de Jean (comme jadis celle dOrphe) .

    51Ibid., p. 134.

    52Ibid., p. 149.

    53Ibid., p. 144.

    54Ibid., p. 148.

    55Ibid., p. 133.

    56Ibid., p. 136.

    57Ibid., p. 145.

    58Ibid., p. 150.

    59Ibid.

    60Ibid., p. 147-148.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Adlade Jacquemard-Truc, Salom et la danse avec les mots ,Arts et Savoirs[En ligne], 3 | 2013,mis en ligne le 15 fvrier 2012, consult le 23 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/382

    propos de lauteur

    Adlade Jacquemard-Truc

    Universit Paris-Est Marne-la-Valle

    Droits dauteur

    Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

    Entres dindex

    Mots-cls :comique, Laforgue (Jules), rcriture, parodie