FÉVRIER 2018

LES LONGUES DISTANCES DOMICILE-TRAVAIL DANS LE VAR

10 minutes sur

31 000 actifs varois parcourent plus de 2 millions de km pour aller travailler

La majorité des kilométres est émise par une minorité d’actifsLes actifs varois résident en moyenne à 12,9 km de leur lieu de travail mais pour une petite part d’entre eux cette distance est beaucoup plus importante et dépasse les 40 km. Ces actifs génèrent ainsi la majorité des kilomètres parcourus.

Les territoires varois sont concernés à des degrés diversPour l’ensemble du Var, l’éloignement s’est accru sur les 15 dernières années. Les stratégies résidentielles des ménages génèrent des flux domicile-travail de plus en plus longs et ce phénomène est accentué sur certains territoires.

Des coûts pour les individus, les ménages et la collectivitéLes impacts de ces déplacements quotidiens sont significatifs. Les coûts sont de plusieurs natures : socio-économiques pour les ménages et écologiques pour l’ensemble de la collectivité.

LES LONGUES DISTANCES DOMICILE-TRAVAIL DANS LE VAR

8% des actifs génèrent près de la moitié des kilomètres parcourus

Peu d’actifs produisent une grande part des distances...

Les flux quotidiens de longue distance - supérieurs à 40 km - ne concernent qu’une part relativement faible des actifs varois (8%) mais ils représentent 43% des distances produites. On peut noter que pour ces actifs l’éloignement entre le domicile et le travail est relativement élevé puisqu’il se situe à près de 68 km en moyenne.

L’éloignement domicile-travail s’est accentué ces 15 dernières années

De manière générale, la distance moyenne augmente

La période 1999 - 2014 est marquée par une augmentation de l’éloignement entre le domicile et le travail des actifs varois. La distance moyenne s’est accrue de 1,4 km en 15 ans pour passer de 11,5 km en 1999 à 12,9 km en 2014 (+12%).

Actifs longue distance = plus de 40 kmDans ce 10 minutes, la distance entre le lieu de domicile et le lieu de travail a été qualifiée de la façon suivante : au dessus de 40 km pour les longues distances, entre 20 et 40 km pour les moyennes distances, et moins de 20 km pour les courtes distances. Par conséquent on parlera dans cette publication «d’actifs longue / moyenne / courte distance».

+52% d’actifs longue distance

Le nombre d’actifs résidant à plus de 40 km de leur lieu de travail est passé de 20 400 à 31 000, soit plus d’une dizaine de milliers de nouveaux «actifs longue distance», ce qui correspond à une augmentation de 52%. Il convient de prendre la bonne mesure de cette augmentation en notant que dans le même temps le nombre total d’actifs résidents n’a augmenté que de 28% sur la même période..

L’éloignement total est passé de 3,4 millions à 4,9 millions de kilomètres

Il s’agit d’une augmentation de 44% alors que le nombre d’actifs n’a augmenté que de 28% sur la période 1999-2014. Ceci est la conséquence statistique du poids des actifs longue distance dans l’éloignement global. On peut distinguer deux périodes : l’augmentation la plus notable s’est réalisée entre 1999 et 2006 (+31%), le nombre de kilomètres a ensuite continué d’augmenter sur la période suivante mais dans une moindre mesure (+16% entre 2006 et 2014).

Davantage d’actifs longue distance, davantage de kilomètres

Cadre supérieur, en CDI, père de famille, ménage multimotorisé et propriétaire d’une maison

Le « profil type » de l’actif longue distance

En comparant la population des actifs longue distance avec le profil moyen des actifs varois, un «profil type» se dessine et permet d’entrevoir les motivations de ceux qui s’éloignent si fortement de leur lieu de travail. Les caractéristiques les plus surreprésentées concernent le type de logement (maison), le sexe (homme), le mode d’occupation du logement (propriétaire), et les caractéristiques de l’emploi (cadre supérieur, en CDI).

LES LONGUES DISTANCES DOMICILE-TRAVAIL DANS LE VAR

31 000 varois travaillent à plus de 40 km de chez eux

Deux territoires émetteurs majeurs

Avec plus de 7 500 actifs longues distances, Provence Verte est le premier foyer émetteur devant Toulon Provence Méditerranée. Ces deux territoires hébergent près de la motié des actifs varois longues distances.

Les Bouches-du-Rhône pour 1ère destination

Les Bouches-du-Rhône compte pour près de la moitié des destinations, soit 15 000 actifs. Viennent ensuite les territoires du Var avec 10 000 actifs, dont 3 800 actifs vers Toulon Provence Méditerranée, puis le département des Alpes Maritimes avec près de 5 500 actifs.

...et d’autres territoires moins concernés

C’est le cas soit en raison de leur relative autonomie en matière de flux professionnels (Golfe de Saint-Tropez et Médittérranée Porte des Maures), de leur faible poids démographique (Lacs et Gorges du Verdon) ou de la forte proximité géograhique avec un pôle d’emplois majeur (Vallée du Gapeau avec Toulon Provence Méditerranée).

Des territoires émetteurs secondaires mais néanmoins exposés...

L’autre moitié réside dans les quatres autres territoires frontaliers (Provence Verson et Sud Sainte Baume à l’ouest, Pays de Fayence et Var Estérel Méditerranée à l’Est) ainsi que dans la Dracénie et Coeur du Var. Ce sont des territoires à plus forte dominance résidentielle qui comptent dans leur population une part importante d’actifs navetteurs de longues distances.

Aide à la lecture :

« Parmi les résidents de Provence Verdon, 2 000 actifs travaillent à plus de 40 km de chez eux. Cela représente 25 % des actifs résidents en Provence Verdon et 67 % des distances domicile-travail de ce territoire, soit 144 200 km. »

Lieu de résidence, destination et impact kilométrique des actifs longue distance : les territoires varois sont différemments concernés

LES LONGUES DISTANCES DOMICILE-TRAVAIL DANS LE VAR

Temps perdu, dépenses excessives et pollution

...un «deuxième loyer» pour les ménages...

C’est plus de 500 euros qui peuvent être mensuellement consacrés aux trajets domicile-travail. sans tenir compte des frais supplémentaires liés au stationnement, aux péages autoroutiers et des intérêts annuels afférents à l’achat du véhicule. Anuellement cela peut représenter plus de 6 300 €, soit un quart des revenus moyens d’un ménage varois...

...des coûts environnementaux pour le territoire et ses habitants

À ces coûts matériels s’ajoutent les impacts sur l’environnement, et plus particulièrement sur les émissions de gaz à effet de serre et la qualité de l’air (polluants atmosphériques : oxydes d’azotes, particules fines...). Ces impacts sont d’autant plus importants que les motorisations diesel ont habituellement été privilégiées chez les grands rouleurs.

Du temps perdu pour les individus...

Au delà d’être une source de stress au quotidien, les longs trajets domicile-travail représentent également du temps perdu qui équivaut à presque 14 journées pleines, pour un trajet domicile-travail de 45 min, soit presque 2 semaines entières coincé jour et nuit dans sa voiture...Cette estimation ne tient pas compte des temps de congestion et/ou de recherche de stationnement qui peuvent encore augmenter ce temps perdu.

Un relatif succés des transports collectifs...

...chez ceux qui parcourent de longues distances

Bien que l’automobile demeure le choix largement prédominant sur l’ensemble des flux quotidiens domicile-travail, c’est sur les longues distances que les transports en commun sont les plus utilisés, et représentent 10% des flux. Les coûts de ces flux évoqués ci-dessus pèsent probablement dans les motivations de report modal.

Exemple des coûts annuels générés par un actif qui se rend sur son lieu de travail en voiture, seul, et à 40 km de chez lui.

Quels leviers pour agir sur les trajets de longue distance des actifs varois ?

La mobilité collaborative : le covoiturage pour diviser les coûts

Dans les territoires peu denses, la mutualisation de la voiture personnelle sur les longs trajets quotidiens permet de compléter l’offre en transports publics et de réduire significativement les coûts. Les aires de stationnement dédiées forment des points de rendez-vous, et les plateformes d’annonces élargissent les possibilités des covoitureurs au-delà du périmètre de l’entreprise.

Les transports collectifs interurbains «express» pour diminuer les temps de parcours

Le relatif succès des transports en commun sur les longues distances témoigne du potentiel des lignes interurbaines qui peuvent se révéler compétitives en termes de temps de parcours et de coûts, en particulier lorsqu’elles bénéficient d’un nombre limité d’arrêts, du site propre ferroviaire ou de la priorité sur les portions routières sujettes à congestion.

L’articulation des réseaux pour additionner les offres

Connecter efficacement les différents modes passe aussi par l’aménagement des pôles de correspondance, une bonne adéquation des horaires de passages et des possibilités de stationnement pour pouvoir utiliser le vélo sur le «1er» ou «dernier km».

Les calculateurs d’itinéraires multimodaux pour proposer des parcours de «porte à porte»

Le développement des possibilités informatiques de centralisation, d’exploitation et de diffusion des données à travers le Big Data permet aujourd’hui d’offrir à l’usager une vision complète des possibilités de transports en temps réel, et en combinant plusieurs modes.

Travailler à domicile...ou presque : les tiers-lieux de travail

Les études* montrent qu’en diminuant le temps perdu dans les déplacements - et le stress qui va avec - le télétravail permet d’augmenter la productivité. Les employeurs peuvent y avoir recours ponctuellement lorsque des impondérables l’exigent, ou plus régulièrement. C’est le plus souvent à domicile qu’il se fait mais il est aussi possible d’utiliser des locaux dédiés ou bien de recourir à des plateformes de coworking.

* Sondage RH Kronos réalisé en 2016

La combinaison tarifaire et la billétique unifiée

Pour diminuer le coût final pour l’usager et faciliter l’accès aux réseaux de transports, la combinaison tarifaire permet de ne pas cumuler plusieurs abonnements (TER, réseaux urbains) parfois coûteux. La billétique unifiée permet d’utiliser un même titre de transport sur plusieurs réseaux.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : DANIEL DROZ-VINCENT

RÉDACTEUR : MELVIN LO DESTRO

IMPRIMÉ PAR :

« Itinirer’air » : l’outil pour évaluer l’impact atmosphérique de nos déplacements en PACA

Sources et méthodes

La localisation des actifs à la commune de résidence et à la commune du lieu de travail est issue des données du recensement 2014 de l’INSEE, dernier millésime disponible.

Les distances domicile-travail sont calculées grace au distancier Metric produit par l’INSEE. Il permet de calculer les distances intercommunales - de chef lieu à chef lieu - par le réseau routier et d’avoir ainsi une idée plus juste de la réalité des flux de déplacements. Une distance de 2 km est affectée pour les flux intra-communaux et les flux supérieurs à 150 km sont exclus à en raison de la probabilité des doubles-résidences.

Le revenu moyen des ménages varois donné à titre indicatif est calculé avec les données diffusées par le Bureau des études statistiques de la Direction Générale des Finances Publiques. Il correspond au revenu fiscal de référence moyen des foyers fiscaux varois.

Les coûts économiques et environnementaux annuels des trajets de longue distance ont calculés grâce à l’outil Itiner’Air développé par l’ASPA et adapté par AirPACA.

Itiner’Air a été développé par l’Association pour la Surveillance et l’Étude de la Pollution Atmosphérique en Alsace (ASPA) puis adapté par Air PACA afin d’estimer l’impact de vos déplacements domicile-travail en région Provence-Alpes-Côte d’Azur en termes de pollution atmosphérique (aussi bien pour la pollution ambiante que pour les gaz à effet de serre). Les émissions atmosphériques des principaux polluants caractéristiques du trafic routier

sont calculées : le principal gaz à effet de serre (dioxyde de carbone - CO2) et les polluants toxiques urbains (oxydes d’azote – NOx, monoxyde de carbone – CO, particules inférieures à 10 μm – PM10 et benzène– C6H6). Un comparatif est également proposé entre les différents modes de déplacements, en termes de pollution et de coût.

� http://itinerair.airpaca.org