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AÏKIDO FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES magazine PHILIPPE LÉON J’essaie de diversifier mon enseignement au travers des techniques de projection et de contrôleKINOMICHI LA BEAUTÉ INTÉRIEURE DU GESTE NISHIO SHOJI UN GRAND MAÎTRE NOUS A QUITTÉS JUIN 2005 AIKIMAG JUIN 2005 26/05/05 9:37 Page 1

Aikido Mag 2005/06

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de juin 2005.

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AÏKIDOF É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

mmaaggaazziinnee

PHILIPPE LÉON“J’essaie de diversifier mon enseignement au travers des techniques de projection et de contrôle”

KINOMICHILA BEAUTÉ

INTÉRIEURE DU GESTE

NISHIO SHOJI UN GRAND MAÎTRE

NOUS A QUITTÉSJUIN

2005

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L’entente

À la base de l’Aïkido, il y a ce qui pourrait apparaître comme une contradiction, c’est un artmartial mais qui ne prétend pouvoir fonctionner que grâce à une nécessaire entente.Avec le partenaire sur le tapis, l’entente doit être continue, il faut bien qu’il attaque et soutiennejusqu’au bout la logique de celle-ci pour qu’il soit intéressant de lui répondre.De part et d’autre, il y faut du sens car une répétition mécanique réduirait la pratique à unegesticulation sans art ni martialité.Il nous est souvent dit que nous pratiquons une philosophie, mais cela n’est pas réducteur, etpour reprendre les termes d’un philosophe connu dans le monde des arts martiaux : « Travaillerà acquérir le « geste pur », c’est reconnaître, de façon permanente –pour y renoncer – les pré-jugés, les schémas, les « positions définitives » à travers lesquelles nous escamotons les véritésde la vie. » (Pratique de la voie intérieure, page 65, K. G. Durkheïm).Nous ressentons tous que cette entente, autant avec nous-mêmes qu’avec les autres ou avectout ce qui vient vers nous, n’est simplement pas possible si nous ne cultivons pas un espritbienfaisant.Il me sera dit que cela est déjà bien difficile sur le tapis et l’est souvent encore plus dans la viesociale, voire celle des Aïkidoka entre eux avec notamment leurs différentes Fédérations, écoleset autres spécificités.Peu importe la difficulté, il faut l’oublier, penser que c’est toujours le mouvement qui nous libère et qui nous permet d’ouvrir le nombre des possibilités à vivre.Certains, préoccupés de petites choses, peuvent se raidir et chuter trop tôt, laissons-les à leursregrets, pour lesquels dans un art martial il y a peu de temps, et ressourçons-nous dans la dyna-mique originelle de la vie pour ne rien gâcher de ce que peuvent nous apporter ceux qui veulent participer.

En commençant l’Aïkido nous nous sommes engagés dans lavoie selon laquelle il n’y a pas de conflit qui vaille, alors il fautjuste poursuivre l’exercice de notre méthode, et votre Fédérationa pour seule ambition de vous le permettre.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

P.S. : Toutes nos félicitations à notre Président honoraire Claude Jalbert poursa promotion, par décret du 13 mai 2005 (J.O. du 15 mai 2005), au rangd’Officier dans l’Ordre National du Mérite.

AÏKIDO MAGAZINE juin 2005 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche. Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

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INFOS - STAGES

STAGES FÉDÉRAUX

✵ STAGE ENSEIGNANTSET FUTURS ENSEIGNANTSdu 22 au 26 août 2005 à Dinard avecFranck Noel 7e dan et Bernard Palmier6e dan. Renseignements et inscriptionsuniquement par courrier au secrétariatde la FFAAA.

✵ STAGE ENSEIGNANTSENSEIGNANTS SECTIONS JEUNESstage National formation du 18 au 20 juillet 2005 à Sorle-le-Château (Nord).Animé par Arnaud Waltz, 6e dan.Renseignements et inscriptions uniquementpar courrier au secrétariat de la FFAAA.

STAGES DES TECHNICIENS

✵ PRAGUEstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, du27 juin au 3 juillet Renseignements au0241487566.

✵ ANDERNOS-LES-BAINSstage dirigé par Philippe Léon, 6e dan,du 9 au 14 juillet. Dojo Diapason.Rens.: 0556368641 et 0611149091.

✵ ST RAPHAEL-BOULOURISstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 4 au 10 juillet.Rens.: 0388840134-0686570166.

✵ LAMPAUL PLOUARZELstage dirigé par Jean Luc Subileau 6e dan, du 11 au 17 juillet 2005.Renseignements au 0549096074.

✵ ISLE SUR LA SORGUEstage dirigé par Roberto Arnulfo, 6e dan,du 9 au 13 juillet et du 13 au 18 août.Rens. au : 0490202740- 0615858047.

✵ HENDAYEstage Aïkido et arts martiaux internesanimé par Philippe Grangé, 5e dan, du10 au 15 juillet 2005. Rens : au 0556808658-0668444140

✵ GUJAN-MESTRASstage dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du 10 au 15 juillet.Renseignements au 0546963161.

✵ MONTREVEL-EN-BRESSEstage dirigé par Patrick Bénézi,6e dan, du 10 au 15 juillet et du 17 au 22 juillet.Rens. : 0148086442- 0611401931 Email: [email protected]

✵ NIORTstage d’été animé par Jean-Luc Subileau6e dan du 11 au 17 juillet. Rens.: 0549096074

✵ ILE DE NOIRMOUTIERstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, du11 au 17 juillet 2005. Renseignements au 0241487566.

✵ BERLINstage dirigé par Michel Erb, 4e dan, du15 au 18 juillet 2004. Renseignementsau 0688679702.

✵ SORLES-LE-CHATEAUstage dirigé par Arnault Waltz, 6e dan, du 16 au 22 juillet.Rens.: 0327621495.

✵ ST-PIERRE D’OLÉRONstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du18 au 30 juillet. Rens.: au 0561261031-0563335170.

✵ CREST stage dirigé par Alain Guerrrier, 6e dan, du 17 au 20 juillet 2005.Rens.: 0663061400.

✵ PORTO-VECCHIO stage dirigé par Christian Mouza, 5e dan, du 18 au 23 juillet 2005.Rens.: 0608162488.

✵ ROQUEBRUNE-SUR-ARGENSstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 24 au 29 juillet et du 31 juillet au 5 août 2005. Rens. au 0143282990 et 0603247649.

✵ AUTRANSstage dirigé par Bernard Palmier,6e dan, du 23 au 30 juillet.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0476953055.

✵ BERCK-SUR-MERstage dirigé par Bruno Zanotti, 5e dan, du 30 juillet au 7 août 2005.Rens.: 0608169572-0608215226.

✵ BISCAROSSEstage d’été dirigé par Alain Verdier, 6e dan, du 30 juillet au 4 août.Prévoir tanto, jo et bokken.Renseignements au 0556120794 ou0556070737 et 0558787121.

✵ LE TEMPLE-SUR-LOTstage adultes et enfants dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du 8 au 13 août.Renseignements au 0553405050 et Fax: 0553405051.

✵ ESTAVARstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du 6 au 13 août 2005. Rens. : au 0468731334.

✵ WÉGIMONT - BELGIQUEstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 13 au 20 août.Rens. au 32-2-5374762Email: [email protected]

✵ LONS-LE-SAUNIERstage dirigé par Michel Erb, 4e dan, du 19 au 21 août 2005. Renseignements au 0688679702.

✵ BOULOURIS stage sous la direction de Shoji Seki shihan 7e dan, du 20 au 27 août. Rens. au tél/fax : 0493988313.

✵ LE VIGANstage d’été animé par Saotome Mitsugishihan du 20 au 28 août. Rens.: 0299688248-0687428828.

✵ WATTENS EN AUTRICHEstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 22 au 28 août.Rens.: [email protected]

LIVRES

LÉGENDES de MAÎTRES d’ARTS MARTIAUXSusan Lynn Peterson

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ENTRETIEN AVEC PHILIPPE LÉON

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chuter n’est pas jouerDélégué Technique de la Région Aquitaine, Philippe Léon 6e danpourrait bien avoir débuté l’Aïkido dès le bac à sable tant sa maîtrise de l’espace et son sens de l’équilibre force l’admirationde ses pairs. Formé auprès de sensei prestigieux, il n’en reste pasmoins modeste dans la transmission de son art.

VVOUS SEMBLE-T-IL SUFFISANT DE NE PARLER DEMORIHEI UESHIBA QU’AU TRAVERS DE LA PHILO-SOPHIE DE L’ART QU’IL A CRÉÉ ?La première image que l’on a de MoriheiUeshiba reste la démonstration de sa pratiquede l’Aïkido. Il a d’abord développé cet art, etseulement après est apparu le côté philoso-phique.Dans la pratique de l’Aïkido, avant de parlerde philosophie, il est nécessaire de passer parune pratique physique de la discipline ainsiqu’une éducation du corps pour enfin essayerd’approcher son côté philosophique.

QU’ELLE EST LA SIGNIFICATION DES ARMES ENAÏKIDO ?Pour moi, l’Aïkido se suffit à lui-même, mais letravail des armes reste toutefois complémen-taire. Dans ma pratique et dans mon ensei-gnement, je n’ai pas de cours spécifiques avecarmes (bien que je les enseigne ponctuelle-ment) car en Aïkido, comme tous les ensei-gnants doivent le savoir ou s’en sont aperçus,il est difficile de programmer un cours à l’avan-ce. En effet, l’enseignement s’adapte à la dis-ponibilité des élèves et à la sienne propre. C’estdans cet esprit là que je n’ai pas de cours spé-

cifiques d’armes. On ne peut tout de mêmepas concevoir le travail des armes seulementau moment de la préparation des grades. Dansle monde de l’Aïkido, certains enseignants fontréférence aux armes. Cela dépend de l’ensei-gnant et de ce qu’il désire faire passer à tra-vers les armes et la pratique à mains nues.Dans mon esprit, la pratique de l’Aïkido com-mence par un travail à mains nues. Certainspensent que le travail des armes développe lavigilance. Pour moi, la vigilance se développeavant la pratique des armes qui ne sont qu’uncomplément à celle-ci.

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QUELS SONT LES FONDEMENTS PRINCIPAUX DEVOTRE ENSEIGNEMENT ? PRIVILÉGIEZ-VOUS CER-TAINES TECHNIQUES ?Dans mon enseignement de l’Aïkido, j’essaied’utiliser tout le patrimoine technique quel’Aïkido offre, sous différentes formes de tra-vail, sans toutefois en privilégier une par rap-port aux autres, car pour moi toutes les tech-niques méritent d’être enseignées et pratiquées. Ce que je privilégie davantage, c’est l’adapta-tion de tori par rapport à uke.J’essaie de diversifier mon enseignement autravers des techniques de projection et decontrôle.

QUELLE SIGNIFICATION A POUR VOUS LE TAI SABAKI, EN QUOI EST-CE FONDAMENTALPOUR L’AÏKIDO ?Dans la pratique de l’Aïkido, on ne peut igno-rer le taï sabaki. Ce déplacement est fondamental pour l’Aïkido.Son utilisation, soit dans son intégralité, soitpartiellement, selon le choix de la technique(omoté ou ura), permet de s’adapter à la situa-tion choisie et surtout donne une significationparticulière dans l’utilisation des hanches enAïkido. Le taï sabaki est l’élément moteur dela mobilité dans l’Aïkido.

PRÉCONISEZ-VOUS UN TRAVAIL SPÉCIFIQUE DUKI ?Non, je ne préconise pas de travail spécifique duki. Pour moi, le travail du ki se fait dans la pra-tique de l’Aïkido. Quand sa pratique personnelledevient partie intégrante de soi, on commencealors à parler de ki. C’est pour cette raison qu’ilme semble difficile d’avoir des mouvements spé-cifiques de travail du ki. Je conçois très biencependant que certains enseignants dévelop-pent un enseignement sur cette énergie, pré-sente mais difficile à mettre en évidence.

LA MIXITÉ DANS LA PRATIQUE VOUS PARAÎT-ELLE PROFITABLE À L’AÏKIDO ?Dans ma pratique, c’est une question que jene me suis jamais posé car, dans mon ensei-gnement, j’ai toujours eu des cours mixtes. Mafaçon d’enseigner l’Aïkido reste identique, quece soit pour une femme ou pour un homme.Pour moi il n’y a pas d’enseignement spéci-fique pour les femmes. Certains diront qu’il estplus difficile de travailler avec les femmes, étantdonné leur semblant de fragilité par rapport

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Pour PhilippeLéon, le ki doitse développer

dans une pratique

courante del’Aïkido sans

technique spécifique.

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aux hommes, toutefois cette « faiblesse » n’est,à mon sens, pas réelle car nous trouvons lemême problème chez certains hommes.Lors de mes déplacements à l’étranger, j’ai étésurpris, j’ai constaté qu’il existe des cours spé-cifiques pour les femmes. Pour moi, cela val’encontre de l’égalité entre les sexes. Je penseque la femme a trouvé naturellement sa placedans la pratique de l’Aïkido.

VOTRE EXPÉRIENCE VOUS FAIT-ELLE DÉCOUVRIR TOUJOURS PLUS DE NOUVEAUX ÉLÉ-MENTS DANS L’AÏKIDO ?Oui bien sûr. Ces nouveaux éléments émergentde mon enseignement et de ma pratique. Eneffet, lorsque mes élèves sont confrontés à unproblème, cela me permet d’analyser la tech-nique différemment.

À travers cette réflexion, de nouveaux apportsnourrissent mon enseignement, sans toutefoisinnover dans la création de nouvelles tech-niques car l’Aïkido offre une palette suffisan-te pour évoluer.

AVEZ-VOUS LE SENTIMENT QUE NOUS AVONS ENFRANCE UNE APPROCHE TRADITIONNELLE DE L’AÏKIDO ?Je pense que dans la pratique elle-même etdans l’enseignement de la discipline, nousessayons de conserver cette approche tradi-tionnelle, bien qu’au plan de l’enseignement,

l’esprit cartésien desEuropéens demande unepédagogie beaucoupplus analytique de la tech-nique. Cette forme d’ap-prentissage n’est pas nonplus négative, dans lesens où elle permet au pratiquant d’évoluerplus rapidement. Si, sur le plan technique, nousessayons de conserver une approche tradi-tionnelle de l’Aïkido, il nous faut essayer éga-lement de respecter une certaine étiquette surle tatami pour éviter quelques petites dérives▼L’Aïkido est un

art martial « noble »visant à détruirel’agressivité du partenaire,sanspour autant détruirece partenaire.▲

Le travail auxarmes, une perception

différente et complémentaire

de l’Aïkido.

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qui sont malheureusement constatées. Cesdérives proviennent certainement d’un manqued’information. C’est à ce niveau-là que le rôledes « anciens » est d’intervenir pour informertous les nouveaux aïkidoka des quelques règlesà respecter sur le tatami.

QUELLE PEUT ÊTRE L’UTILITÉ DE L’AÏKIDO DANSLA VIE DE TOUS LES JOURS ?Dans la vie courante, l’apport de l’Aïkido nesera bien sûr pas le même pour tout le monde.Pour certains, l’Aïkido procure une saine dépen-se d’énergie. D’autres y verront un art martialpurement défensif qui les rassure dans leur viequotidienne, et d’autres encore la recherched’un équilibre physique et mental. La pratiquede l’Aïkido, dans un dojo, crée des momentsconviviaux qui permettent de construire avecl’autre des relations qui procurent, à l’extérieurdu dojo, un équilibre personnel.

VOUS AVEZ FAIT DE NOMBREUX SÉJOURS AU JAPON, DE QUELS SENSEI AVEZ-VOUS REÇU L’ENSEIGNEMENT ?Mon premier séjour au Japon date de 1981,suivi de nombreux autres. J’ai eu, effective-ment, l’honneur de travailler avec les grandsmaîtres de l’Aïkikaï (certains ne sont plus de cemonde aujourd’hui). Quelques-uns avaient étédes élèves directs d’O sensei Morihei Ueshiba.Cela m’a permis de rencontrer et de suivre lesnombreux cours de tous ces maîtres, et d’enapprécier leurs pratiques différentes. Autreexpérience d’importance au Japon : j’ai été ushideshi à Iwama au dojo de Saïto Morihiro. J’aipu ainsi découvrir les qualités humaines de

maître Saïto. Le fait de vivredans son dojo toute la jour-née, d’être à la dispositiondu maître tous les matins etde pratiquer régulièrementson Aïkido et son travail aux armes, m’a donnél’occasion d’avoir une perception différente del’Aïkido. Cette expérience au dojo d’Iwama,qui était le lieu de vie du fondateur de l’Aïkido,a été très positive dans mon vécu et pour moncomportement d’aikidoka.

QUELLE EST LA DIFFÉRENCE LA PLUS IMPORTANTEENTRE L’AÏKIDO ET LES AUTRES ARTS MARTIAUX ? COMMENT L’EXPLIQUEZ-VOUS ?L’Aïkido est essentiellement un art martial dedéfense, dépourvu de toute compétition, cequi le rend accessible à tout le monde car il nenécessite pas de grandes qualités physiques

pour sa pratique, tout en proposant une gran-de variété de techniques, autant à mains nuesqu’avec des armes. Cette discipline est égale-ment ouverte à tous les âges de la vie. Maisl’Aïkido reste toutefois une discipline complexedans son apprentissage, celui-ci s’organisantcomme un jeu de rôle entre uke et tori.Dans cette forme de travail où il n’y a ni gagnantni perdant, aucun esprit de compétition ne peutse développer. L’Aïkido est un art martial « noble » visant à détruire l’agressivité du par-tenaire, sans pour autant détruire ce partenaire.Une telle maîtrise nécessitera de très longuesannées de cotisations !!! ●

ENTRETIEN AVEC PHILIPPE LÉON

Hai li - hai lo, on rentre de

l’Aïkido, hai li - hai lo…

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AÏKIDO LIGUE DE CORSE

À QUAND REMONTE LA CRÉATION DU PREMIERCLUB D'AÏKIDO EN CORSE ?L'Aïkido club Bastiais fut le 1er club créé parun judoka en 1975, Joseph Gentilli, qui par lasuite a été le Président de la ligue Corse Judopendant de nombreuses années jusqu'à l'an-née dernière ; il a toujours été un interlocuteurprivilégié pour notre discipline quant auxdémarches pluridisciplinaires.

QUELS SONT LES CLUBS PHARES DE VOTRE LIGUE ?Bastia, Biguglia et Paese Nuovo (jumelé avecSisco). La situation géographique de ces 3 clubsde Haute-Corse met en évidence la carence qu'ily a dans le sud de l'île où seul le club de Porto-Vecchio est dans une politique dynamique.Chaque adhérent des 3 clubs jumelés a la pos-sibilité, avec une seule licence, d’aller s’entraî-ner dans les 2 autres clubs ; ce qui lui permetde pratiquer tous les jours de la semaine.

COMBIEN COMPTEZ-VOUS DE PRATIQUANTS ?110 pratiquants dont un quart de femmes.

QUE FAUDRAIT-IL POUR FAIRE PROGRESSER

SENSIBLEMENT L'AÏKIDO EN CORSE ?Le maître mot est « fédérer », mais la spécificitégéographique est un lourd handicap sur toutel'île. Dans le rural, notre discipline apparaît sou-vent comme marginalisée. Faire progresserl'Aïkido en Corse, passe par la qualité de la for-mation et l'investissement des enseignants. Nous avons d'ailleurs un relais, qui n'est pasdes moindres, Christian Mouza, 5e dan, DTRde Corse, qui répond à notre demande et quinous permet d'être des relais, pour la discipli-ne, à tous les niveaux (techniques, pédago-giques). La mise en place d'une école des cadrespermet d'ailleurs d'avoir une cohérence tech-nique et pédagogique vis-à-vis des actuels etfuturs enseignants qui la suivent. L’école descadres se déroule toute l’année.Pour la saison 2003-2004, des modules tech-niques, pédagogiques, législatifs, ont été misen place et ont été animés lors de week-endsspécifiques. Cette saison, la démarche est dif-férente car ces modules ont lieu lors des week-ends où se déroulent des stages régionaux, ce au vu de nos modestes moyens afin d’opti-miser la présence de Christian Mouza

sur l’île, pour laquelle il s’investit beaucoup.

DANS UN PAYS PLUTÔT TOURNÉ VERS LESSPORTS DE COMPÉTITION COMME LE FOOTBALL,COMMENT L'AÏKIDO EST-IL VÉCU ?Les disciplines de masse, comme le football etle judo sont souveraines sur l'île et posent leproblème des structures sportives. Les struc-tures accueillantes imposent le partage de celles-ci avec d’autres disciplines compétitives souve-raines telles que le Judo et l’exploitation descréneaux restants pose un problème de ges-tion aléatoire pour nos manifestations. En effet,l’Aïkido corse n’ayant pas un dojo régional, jeme retrouve à jongler avec celui du Judo, qui,outre la mise en place tardive d’un calendriersportif, ne respecte pas toujours les accords ini-tiaux d’utilisation des locaux.Notre non compétitivité et le phénomène pré-cédemment décrit, auquel, je suis convaincu,sont confrontées d’autres régions, nécessite-raient, à mon sens, une réflexion et unedémarche nationale, au-delà du simple constat.

COMMENT S'ORGANISE LA VIE DE LA LIGUE ?

corse, île d’amour,terre d’harmonie…La voie de l’harmonie a trouvé en Corse des hommes et des femmes remplisde cette énergie, aussi mystérieuse que leur île, pour se développer dans ununivers où nature et humain se retrouvent, parfois, dans une confrontationextrême. Rencontre avec son Président de Ligue, Philippe Matteï.

Pratique entre Philippe Matteï et Philippe Cimino à mains nues et avec tanto contre le joinsulaire, arme caractéristique de la Corse, taillée dans du bois de bouleau.

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L'INSULARITÉ EST-ELLEHANDICAPANTE ?Comme je l'ai abordé pluthaut, notre spécificitéinsulaire n'est pas com-parable avec les clubscontinentaux qui peuventbénéficier, à moindrecoût, de moyens de trans-port vers d'autres régions,

pour suivre des stages et ce toute l'année. LeBureau de la Ligue Régionale Corse d'Aïkidomet en œuvre toute son énergie à proposer,toute l'année, une palette de manifestationspour que chaque adhérent puisse bénéficier aumieux de l’enseignement de hauts gradés.En ce qui concerne l'information, un site Internet(www.aikido-corse.com) a été créé pour quetout à chacun puisse suivre les orientations etles activités de la discipline sur l'île. De plus,une revue trimestrielle, « La lettre de la ligue »est éditée et envoyée à chaque pratiquant afind'optimiser la communication entre tous.

QUELS SONT LESÉVÉNEMENTSMAJEURS QUEVOUS PARTAGEZAVEC LES AÏKIDO-KA DE CORSE ?La Ligue Régio-nale Corsed'Aïkido mèneun véritable com-bat avec les dif-férents parte-naires financierspour mettre enplace un stagepar mois enmoyenne.

Christian Tissier et Christian Mouza viennentanimer des stages nationaux et régionaux.Jeunes aïkidoka, Philippe Cimino, Jean-PierreParrocchetti et moi-même, tous les trois 2e dan,nous nous investissons dans le Bureau de laLigue, et sur le tatami en tant qu'enseignantspour insuffler une réelle dynamique construc-tive L'investissement des dirigeants, des ensei-gnants et des animateurs a d'ailleurs été récom-pensé en juin 2004 par l'obtention de quatre

ceintures noires 1er dan et de trois 2e dan. Lesstages amènent toujours une bonne ambian-ce sur le tapis et en dehors.De plus, nous les articulons, depuis cette sai-son, de 9h00 à 13h00 afin qu’à l’issue, touteset tous puissent se retrouver au repas et privi-légier des relations autres que sur le tapis.En ce qui concerne le cadre, il est évident quenous sommes privilégiés, la montagne dans ledos et la mer devant…d’ailleurs, à cette pério-de de l’année, on peut aussi bien aller à la mon-tagne trouver la neige ou bronzer à la plage(les photos en extérieur ci-jointes ont été prisespremière quinzaine de mai).Autre manifestation qui tient au cœur de tousici, le stage d’été du mois de juillet, organisépar Christian Mouza, à Sainte-Lucie de Porto-

Vecchio qui connaît, chaque année, un francsuccès mobilisateur et fédérateur.

LE PRÉSIDENT DE LIGUE QUE VOUS ÊTES NERENTRE-T-IL PAS PARFOIS EN CONFLIT AVEC LEPROFESSEUR QUE VOUS ÊTES ÉGALEMENT ?En tant que Président de Ligue, je suis le repré-sentant de la Fédération (je fais partie depuispeu du Comité Directeur) sur l'île. En qualitéd'enseignant, j'applique la politique nationaleet régionale en m'imposant rigoureusement,ce que je prône à tous les clubs : (9 au total)transparence et recherche de compétence pourle bien de tous les pratiquants. Je ne suis qu'unrelais, représentatif et administratif d'un côté,technique, dans l'échange et l'esprit de notrediscipline, de l'autre.

PEUT-ON PARLER D'UNE APPROCHE CORSE DEL'AÏKIDO ?L'Aïkido est né dans une île et quelques décen-nies plus tard on le retrouve dans une autre île,à l'autre bout du monde, la Corse On peuteffectivement parler d'une approche insulairede la discipline. Le Japon, par son histoire, estinitialement une civilisation guerrière ; notre îleégalement, son histoire le montre bien est pas-

sée elle aussi par des phases de tourment etd'apaisement, forgeant ainsi une identité cul-turelle très forte avec une notion de respect destraditions bien ancrée. Pour ce qui est de lamentalité des Corses, leur aspect fermé, par-fois reproché, est souvent une pudeur quant àla démonstration des sentiments, alors qu'enfait, ils sont très chaleureux, comme la plupartdes méditerranéens, d'ailleurs l'humour Corseest un humour froid, pince sans rire (lamagagne). En ce qui concerne notre discipline,pour l'aspect technique, notamment pour l'Aïki-Jo, les photos ci-jointes montrent une pratiquetypiquement insulaire visant à développer puis-sance de tori et vigilance du uké. ●

Du Japon à laCorse, d’une

insularité à l’autre,

l’Aïkido a trouvéses pratiquants

et ses pratiquantes

également.

▼L’Aïkido est né dans une île et quelquesdécenies plus tard on le retrouve dans uneautre île à l’autre bout du monde,la Corse.▲

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QQUELLE MOTIVATION POUR COMMENCER ?Françoise Paumard : L’occasion m’est donnée ici derendre hommage à maître Noro et à l’Art qu’il pro-pose : le Kinomichi (art résultant d’une rencontreentre Orient et Occident). Commencer la pratiquede cet art a répondu pour moi à un appel, une quêted’unité que je ne trouvais pas dans la danse. Je n’hé-site pas à dire aujourd’hui que ce fût une sorte dere-naissance dans le sens d’ouverture à la vie.Tout d’abord, se mettre en route comme on se metà marcher ; tout le corps s’engage dans la recon-naissance de ses difficultés mais aussi de ses possi-bilités. Il y a dans ce contact avec la qualité du mou-vement, quelque chose où tout l’être se sent concer-né, quelque chose d’autre… et de précieux. Unedes premières questions que maître Noro posaitdans un de ses cours dont je me souviens était : « Qu’est-ce qu’un mouvement sincère ? »Tout homme ou femme à n’importe quel âge deleur vie peuvent décider d’entrer dans une expé-rience de travail, même si la motivation pour com-mencer relève du mystère. On garde au fond de soi

une petite lumière qui nous a mis un jour sur le che-min et l’on y revient lorsque notre quotidien nousremet dans l’obscurité, ou que le doute devientmoteur pour continuer.

COMMENT POURSUIVRE ?Françoise Paumard : L’espace du dojo où l’on entredans un rituel propice à l’écoute, au regard, à l’ou-verture de ce qui est vivant en nous, est un lieu detransformation. Grâce au mouvement, la pratiqueavec nos partenaires devient un temps d’appren-tissage, un révélateur de notre état intérieur ; si notre

énergie est bloquée par des causes physiques, psy-chiques ou émotionnelles, entrer dans la répétitiondes techniques devient libérateur.Le mouvement créé dans le Kinomichi participe de

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KINOMICHI

Fusion de la martialité nippone et de l’esthétique occidentale, le Kinomichi est une discipline vécue, par ses pratiquants, comme une relation d’harmonieparfaite entre partenaires. Rencontre avec un quintette d’expertes.

la beauté intérieure du geste

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l’engagement spontané des deux partenaires à vivrel’aspect réceptif ( yin ) et l’aspect actif ( yang ). Lemouvement que les participants réalisent ensembleest le partage de ces deux énergies complémen-taires. C’est un acte donné, non pris ; tenter ce pro-jet révèle l’aspect dynamique et joyeux du travail.Ainsi, dans la pratique, il est important de se mettredans la situation qui permet à son partenaire de réa-liser son mouvement, en offrant la plus juste résis-tance afin de ne pas être dans la complaisance. C’estpeut-être ça la recherche d’harmonie. Cela nousdemande une présence, une attitude qui nous per-mettent d’affiner sans cesse notre sensibilité.

QUELLE RÉSONANCE POUR CHAQUE LENDEMAIN ?Françoise Paumard : Tout d’abord on s’appuie sur lapatience pour apprivoiser la technique tout en lais-sant en soi un veilleur sur nos illusions, on s’armede courage et on se donne chaque jour l’occasionde préserver la beauté du geste ; on garde dans soncœur la bonté perçue dans le regard de ceux quinous ont aidés sur le chemin et on poursuit afin d’al-ler au plus simple, au plus dépouillé.

SUR QUELS PRINCIPES DE BASE SE DÉVELOPPE LAPRATIQUE DU KINOMICHI ? Catherine Bazin : Quand j'enseigne le Kinomichi, deuxprincipes de base sont présents que je m'adresse auxdébutants ou aux anciens, et ceci quelles que soientles techniques travaillées. Ce sont ces deux principesqui, à mon avis, font que j'enseigne le Kinomichi.D’abord le "contact" : Le Kinomichi se développeavant tout dans une recherche d'harmonisation avecle partenaire. Le contact est donc la première expé-rience que je propose au débutant, celle qui va orien-

ter toute son approche duKinomichi, celle qui va êtrele filtre de toute technique,la première étape d'une ren-contre pacifiée et égalitaireavec l'autre.

Le contact se passe au niveauépidermique : une main quise pose sur une autre mainrévèle notre état psycholo-gique dans la relation àl'autre, notre calme, nosincertitudes, la qualité denotre organisation et denotre technique. C'est laqualité de ce contact quirend le mouvement "un"englobant la totalité desdeux partenaires. Peaufinerce contact est un travail per-manent et fondateur. Et c'est une recherche sans fin: les "gammes" du Kinomichi.Il va permettre aussi de réaliser les techniques sanscrispation dans les mains, crispation qui se propa-gera inévitablement dans tout le corps. J'aime par-ler de la qualité de saisie du bébé qui attrape undoigt, aucune force mais quel contact !Les femmes qui débutent dans le Kinomichi se heur-tent souvent à un écueil, comment englober unemain plus grande que la leur sans crispation ! Si lecontact est trop serré, cramponné, il bloque l'éner-gie qui ne peut plus circuler. À l'opposé, la tenta-tion du contact "évanescent " est un piège; la rela-tion y devient une illusion.Seul un contact de qualité permet une écoute etune prise en compte bienveillante de l'autre, del'énergie qu'il peut donner, de ses capacités phy-siques et techniques. Ainsi, un mouvement pourradémarrer sous les pieds de l'un pour se propagerjusqu'aux pieds de l'autre… avec fluidité, sans vio-lence ni blocage.Ensuite, la "verticalité"étroitement liée à celuid'"espace". L'enseignement du Kinomichi construit

un axe qui crée un lien dynamique depuis la terrevers le ciel. Cet axe charpente le pratiquant et lemouvement. Sans cette ligne de force, l'espace nepeut pas prendre forme ni l'énergie circuler (le tra-vail avec armes est un moyen que j'utilise très tôtavec les débutants pour travailler cette qualité). Dansla dynamique de ses mouvements, le Kinomichi peutêtre comparé à un mouvement planétaire qui s'or-ganise autour de la ligne des pôles et englobe sessatellites C'est un système où les deux partenairesparticipent de la même énergie.La verticalité va être l'ancrage d'un mouvement leplus vaste possible, tout en rondeurs et spirales. Tout problème technique doit, selon moi, passer parle filtre de ces deux qualités, mouvement deKinomichi. Enseigner le Kinomichi c'est aider les pra-tiquants à passer toute technique, sans concession,par ce filtre, techniques qui deviennent alors unmoyen et non une finalité.

Y A T’IL UN LIEN ENTRE TECHNIQUES AVEC ARMESET TECHNIQUES À MAINS NUES ?Martine Pillet : Pour moi, c’est une approche com-

Le travail auxarmes

développe lessensations de

directions avecle boken et de

cercle avec le jo. Martine

et Catherine ci-dessus,FrançoisePaumard ci-contre.

Développer des capacités

d’intériorisation.Geneviève

et Sylvie.

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plémentaire dans la pratique du Kinomichi.Le jo (la canne) m’inspire la sensation de cercle etle boken celle des directions. Le jo c’est aussi unespace rond matérialisé, reliant les deux mains per-mettant de sentir concrètement et simultanémentdirection et spirale dans le mouvement. Le boken, ce sont des sensations de direction, d’ex-pansion, d’équilibre entre vertical et horizontal. C’estsurtout à la fin du mouvement que l’on ressent leglissé du boken dans l’espace, que… « ça continue ».La pratique avec les armes est liée à la recherched’expansion, de souffle, de circulation d’énergie.Travailler dans ce sens, c’est pour moi une aide indé-niable pour rentrer en contact avec un partenaire, sesynchroniser avec son énergie. Car dans la pratique

à mains nues, c’est le partenaire qui prolonge dansl’espace notre mouvement, qui en devient l’expres-sion vivante et nous donne un retour sur sa qualité.

LA PRATIQUE AVEC ARMES EST-ELLE PLUS EXIGEANTE PHYSIQUEMENT ?Martine Pillet : Je ne crois pas, mais au début peut-être, les hommes auront moins mal dans les bras etles épaules. Pour persévérer dans la pratique desarmes (surtout avec le boken) les femmes devronttrouver leur « force de terre », synchroniser l’appuides pieds avec les mains non crispées dans la sai-sie. Sinon, tensions et douleurs s’installent très vite.Car la vraie puissance du mouvement, qui n’est pasla force physique, peut s’exprimer par les qualifica-tifs tels qu’expansion, espace, énergie, force decontact, respiration… et bien d’autres. Elle se trou-ve dans l’unité du corps. Un observateur pourra

même y voir de la fluidité, de la souplesse, une mobi-lité harmonieuse du pratiquant.Pour moi, le sens de la pratique avec armes, c’estla possibilité d’un retour immédiat dans le ressenti.Elle nous révèle l’incoordination et les désordres denotre corps, l’illusion n’est plus possible. La pratiqueavec armes est également une aide pour sentir lecontact, la distance, la géo-métrie, la synchronisationavec le partenaire.Lorsque j’enseigne leKinomichi, je fais une largeplace au jo et au boken.Pour les raisons évoquées pré-cédemment chacun peut y

puiser les bases du Kinomichi, les mêmes techniquesse pratiquant avec ou sans armes. En alternant lesdeux approches, de nouvelles sensations se déve-loppent chez les pratiquants. Ils vont d’eux-mêmesaffiner leur mouvement, se libérer de la correctionvenant de l’extérieur (le professeur), ils seront moinsperturbés dans leur recherche. En dehors de cesconsidérations pédagogiques, pratiquer le jo et leboken est un tel plaisir que j’ai envie de le partager.

COMMENT ENVISAGER LA NOTION DE PARTENAIREDANS LA PRATIQUE ?Françoise Weidmann : Nous parlons souvent du par-tenaire à propos de la pratique car il est indisso-ciable de notre expérience. Associés dans un mou-vement, ce n’est qu’ensemble que les partenairesexistent. Le pluriel fait exister le singulier. L’objectifpremier est l’union vers l’harmonie du mouvement.

Le partenaire par définition participe. Ce dont jesuis responsable, c’est la façon dont je m’engagedans la relation à l’autre et à l’espace. En se don-nant, la stimulation est réciproque. L’accès à l’éner-gie naît de cet élan vers l’extérieur, assumé en mêmetemps dans le rapport au sol. C’est souvent au creuxde notre rencontre que l’effort est à envisager ; toutle reste dépend de cette attitude qui contient à lafois l’engagement et l’ouverture bienveillante àl’autre. Il faut se défaire de toute tendance à lasuprématie et au jugement. Si la capacité à accueillirse développe en soi, c’est aussi grâce à l’autre. Laconfiance se construit. Dans ces conditions, toutesnos transformations peuvent se concevoir sousl’angle du partage. Si je m’égare, le partenaire est

aussi un garde-fou puisque nous cherchons ensembleà éviter tout rapport antagoniste.

QUELLE EST LA PLACE DU « CONTACT » DANS LARELATION ?Françoise Weidmann : Au moment du changementde partenaire, des partenaires potentiels se ren-contrent ; ils sont de façon spontanée dans l’im-médiateté du contact. Chacun devient un parte-naire nouveau parce que l’autre est différent ; il doits’accorder, au sens instrumental, et expérimenterautrement. Ce n’est pas renier le travail dans la duréeque de lier le partenaire au temps présent. C’est letemps incarné, le temps pour sentir et ressentir, dontle corps est le lieu.L’expérience du contact et l’expansion du mouve-ment sont la base de la pratique. En osant vivre leprésent de cette aventure sensible, la vitalité se mani-

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S’unir pourl’harmonie du

mouvement.FrançoisePaumard

à gauche,Françoise

Wiedmann ci-dessous.

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feste et la mise en mouvement se fait naturellementet en douceur. C’est littéralement é-mouvant. C’estse délier dans tous les sens du terme. Il faut l’éprou-ver pour comprendre combien le contact est régu-lateur, promoteur de détente, d’unité et par consé-quent d’équilibre, de force et de disponibilité . Il ya réciprocité entre le contact au sol, à l’espace etle contact avec le partenaire. Il est facteur de nosadaptations et de nos émotions. C’est la musicali-té et ce sourire spontané qui éclairent les visageslorsque quelque chose de juste est perçu, quelquechose qui semble devancer le plaisir physique ous’y superpose. Je ne dis pas que c’est facile ; lesembûches sont multiples, il y a aussi des souffrancesqui restreignent le contact et la circulation de l’éner-gie ; elles sont autant d’invitations à accueillir ledoute et à chercher encore l’ouverture dans le renou-vellement de sa pratique. Le contact est aussi répa-rateur, si on peut faire de la place en soi pour l’in-connu, se laisser surprendre par la qualité de l’échan-ge, être perméable. Les techniques prennent placesur ce terreau, par imprégnation et dans la compli-cité. Comment rester fidèles dans le partage de l’ex-périence acquise? On transmet ce qu’on est, bienplus que ce qu’on croit savoir. Habiter vraimentchaque instant, en se respectant chacun et mutuel-lement, c’est peut-être là le défi à se donner, pourconstruire ; a fortiori, quand le souci formel est moinspressant et que le risque de l’habitude du mouve-ment guette… Nous éveillons le savoir être.

COMMENT SE TRAVAILLE LE CONTACT ?Françoise Weidmann : L’ initiation UN développel’aptitude au contact entre partenaires dans l’ex-pansion. La rencontre par le toucher des paumesdes mains sollicite aussitôt l’ouverture du cœur. Par

là on donne et on reçoit ; on apprend à acceptersans prendre ni tirer à soi. L’entrée en matière estdélicate. C’est une recherche continue, à poursuivredans toutes les formes et approches de la pratique,avec les saisies ou à distance. Cette disposition decorps et d’esprit préserve de toute appropriationdes techniques dans une optique de maîtrise del’autre. Développer une générosité sans aliénationni complaisance donne à la pratique ce qu’il y a deplus humain et à la technique un sens fondamen-tal… s’harmoniser avec le partenaire, c’est entrerdans le “souffle”… et c’est joyeux…

DANS LEUR PRATIQUE DU KINOMICHI, LESFEMMES INTRODUISENT-ELLES UN RAPPORT AUMOUVEMENT DIFFÉRENT DE CELUI DES HOMMES ?FAVORISENT-ELLES LE RESSENTI ET LE VÉCU DU MOUVEMENT ?Geneviève Barthélémy et Sylvie Blasco : Est-ce labonne question ? Il est vrai que les hommes et lesfemmes pratiquent généralement de façon distinc-te… Ces différences relèvent-elles de conditionne-ments culturels, de différences de motivations, d’his-toires corporelles, de sexe… ? Les femmes sont-ellestoujours plus proches du vécu du mouvement ?

En tant que pratiquantes et enseignantes,nous avons choisi une approche du kino-michi qui se fasse par le ressenti. C’est-à-dire que nous développons les capacités às’intérioriser, à être présent, à écouter. Cescapacités, nous les mettons ensuite au ser-vice de l’apprentissage des formes duKinomichi. Ainsi nous nous proposons, au-delà de la réalisation d’un geste, et de l’ima-ge que l’on en donne, de vivre le mouve-ment, de nous laisser surprendre et émou-voir par les qualités et nuances inconnuesqu’il porte, et d’y découvrir de nouvellesfacettes de nous-mêmes en relation decontact harmonieux avec différents parte-naires. Dans la pratique, nous nous atta-chons à percevoir les détails d’un geste et

à explorer l’univers sensoriel très riche qui lui estattaché. En mettant l’accent sur la face sensorielle,invisible, secrète du geste, nous entrons peu à peuen contact avec l’animation interne de notre corps. Ces mouvements invisibles préparent le mouvementvisible puis se prolongent en lui pour le faire sedéployer dans l’espace. Il s’agira donc de relier per-ception de ces mouvements internes et genèse desformes en mouvement du Kinomichi afin d’habiterces formes. La relation au partenaire se fait alorsdans la profondeur et tend vers une harmonie demouvement, de ressenti et de plaisir à deux. Ainsideux corps peuvent donner à voir un seul et mêmemouvement, mouvement qui en se dynamisant, laisse sa trace dans l’espace.Dans la méditation, moment d’assise immobile eten silence où l’attention est tournée vers les mou-vements qui animent l’intérieur du corps, le goûtdu mouvement dans le non-mouvement extérieurdéveloppe une présence intense à soi et au monde,de laquelle pourront ensuite émerger les mouve-ments du Kinomichi.Ne pourrions-nous pas conclure ainsi ? Hommes etfemmes, avec leurs différences, peuvent se trouversur un même chemin de transformation, dans l’ex-périence de la pratique du Kinomichi. ●

Pour pratiquer :Catherine Bazin : Dojo Dans la Cour

173, rue du faubourg Saint-Antoine 75011 Parishttp://www.danslacour.fr

Geneviève Barthélémy : Centre Tapovan9, rue Gutemberg 75015. Tél : 01 45 77 90 59

Françoise Paumard : Centre Assise 40, rue Quincampoix 75004 et au Dojo Solara

29, rue du Château d’Eau 75010. Tél : 01 42 23 62 25.Martine Pillet : 01 42 42 55 02 - 06 87 03 90 22.Françoise Weidmann : Dojo Solara-75010 Paris.

Tél : 01 48 57 81 53 - [email protected]

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KINOMICHI

▼Ne pourrions-nous pas conclure ainsi ?Hommes et femmes,avec leurs différences,peuvent se trouver sur un même chemin de transformation,dans l’expérience de la pratique du Kinomichi. ▲

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MMAÎTRE CLAUDE JALBERT, COMMENT AVEZ-VOUS « FRANCHI LE RUBICON » ET DÉMARRÉVOTRE PRATIQUE MARTIALE ? C’est le genre de question que l’on se pose aprèsun long parcours, et je pense qu’à part les quelquescas d’une volonté délibérée du jeune qui, imprégnéde l’exemple des meilleurs, a envie « d’y goûter »,le point de départ est soit le camarade qui prati-quait déjà avant lui, la proximité d’une salle où l’onenseigne « quelque chose » et pour les plus âgésl’accompagnement de leur rejetons à une salle voi-sine, en général, de leur habitation, afin, suivant latrès belle formule qui avait été celle de la FFJDA il ya quelques années : « Confiez-nous votre enfant,nous en ferons un homme… »Ce fut précisément cette dernière raison qui meconduisit un dimanche de 1963 à conduire mon filsqui venait d’avoir 6 ans au cours de Judo proche demon domicile. Le professeur nous accueillant fitmanifestement plus attention à moi qu’à mon fils,me disant que si j’avais pris cette initiative c’est queje cachais peut-être au fond de moi-même uneforme de refoulement, et que ma robuste consti-tution liée à l’apprentissage de techniques de com-bat, pouvait me conduire à des félicités que je nepouvais envisager… Il y avait certainement beau-coup de vrai dans ces propos car il est difficile à unepersonne qui a atteint la quarantaine d’entrer dansun dojo sans avoir la moindre connaissance en artsmartiaux et la crainte du ridicule est certainementce qui gêne le plus ces vocations tardives…Néanmoins et prenant en compte intrinsèquementles propos du professeur, j’expliquai à mon entou-rage la nécessité d’accompagner mon fils pour lefidéliser et se dire puisque son papa y allait, il parais-sait bien normal qu’il y allât également !C’est ainsi que nous avons commencé le Judo lui et

moi et devant les problèmes que je posais à la foisau professeur et aux élèves du cours, il me fut unjour proposé de pratiquer l’Aïkido sous le fallacieuxprétexte que pour un monsieur de mon âge il étaitpeut-être préférable de pratiquer cette disciplineencore relativement peu connue, mais qui s’adap-terait relativement mieux à mon personnage !J’entrais donc vers 1963 en Aïkido…

POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER RAPIDEMENTVOTRE PARCOURS MARTIAL ?Ce serait complètement inutile de dire, si vraimentje ne le pensais pas, que j’ai été effectivement etdès le début très séduit par les techniques quim’étaient enseignées, celles-ci étant essentiellementà cette époque le Chika ma et la rigueur des posi-tions, l’efficacité des dégagements, convenaient trèsbien à mon esprit logique et analytique. Malheureusement, mon professeur devait quitterla région au bout d’un an et demi et c’est ainsi quej’arrivai à la Poterne des Peupliers, pour y rencon-trer celui qui devait devenir plus que mon profes-seur, mais comme le disait le compositeur : « monmaître et mon ami ». Tous ceux qui le connaissent,savent que l’on peut compter sur lui, mais saventégalement que s’il est intransigeant avec lui-même,il l’est également avec ceux qui lui semblent être dela « bonne graine ». J’ai donc franchi les kyu pourarriver le 2 juin 1969 à l’examen de premier dandevant un jury qui était présidé par Alain Roinel…Ayant passé pour ma profession des examens et desconcours souvent difficiles, je dois dire que j’avaisquand même une certaine appréhension que jevivais au même rythme que mes jeunes camaradesd’une vingtaine d’années, avec lesquels je parta-geais les affres… Tous ceux qui ont réussi le passa-ge du premier dan ont certainement ressenti tout

comme moi la très grandesatisfaction de porter cesymbole qu’est la ceinturenoire et le Hakama…Ma progression techniquea été tout à fait normale, présentant mon deuxiè-me dan le 7 juin1970, le Président du jury étantGabriel Michaud, qui était à cette époque un brillantsecond de maître Alain Floquet, mais qui divergeaaprès que son 5e dan lui ait été décerné, pour suivreHiroo Mochizuki, dans la voie du Yoseïkan Budo,créant ainsi une nouvelle discipline dans laquelle ila d’ailleurs laissé son empreinte. C’est le 19 mai1973 que je réussissais mon examen de 3e dan,maître Hiroo Mochizuki étant alors Président du jury.Mon 4e dan date du 7 septembre1978, passé devantMaître Floquet, en même temps que mes vieux amisAlain Roinel pour son cinquième dan, André Tellier,Edmond Royo et Hervé Villiers pour eux aussi leur4e dan. Le 5e dan m’a été décerné le 8 juin 1985 etle 6e dan en juin 1990 sur l’avis favorable et amicalde maître Floquet.Enfin, sur présentation de maître Alain Floquet, laCSGDE m’a décerné au titre de l’Union desFédérations d’Aïkido (U.F.A.), à l’unanimité le haut

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ENTRETIEN CLAUDE JALBERT

Président d’Honneur de la F.F.A.A.A. et du C.E.R.A., Claude Jalbert est de ceuxqui ont contribué à la création de la FFAAA comme cadre de l’Aïkibudo.Président de la Commission des grades puis Co-Président jusqu’en 2001, ilvient d’être promu 7e dan. Il est également, à 82 ans aujourd’hui, le Présidentde l’Union Fraternelle et Sportive de Vaucresson-Marne.

l’honneur d’un homme

Claude Jalbert 7e dan,

Président d’honneur de

la FFAAA.

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grade de 7e dan, à titre honorifique, pour l’ensemblede mon action au service de la cause du mouve-ment « AÏKI », et plus particulièrement pour monengagement administratif et institutionnel, bien plusque pour mes qualités techniques qui sont large-ment supplantées par bien de nos cadres techniques.

VOUS AVEZ SELON VOS PROPRES TERMES UNPARCOURS « ATYPIQUE » DANS L’UNIVERS DESARTS MARTIAUX EN GÉNÉRAL ET CELUI DEL’AÏKIBUDO EN PARTICULIER : POURQUOI ?Puisqu’il s’agit tout particulièrement de mon cas per-sonnel, je dois dire que le premier dan a été vrai-ment le point de départ d’une aventure à laquellerien ne m’avait préparé, mais que j’ai progressive-ment acceptée en totale synergie avec mon maître.J‘ai ainsi développé mon action dans trois directions,ce qui, compte tenu d’une vie professionnelle parti-culièrement chargée et attachante, et d’une vie fami-liale avec trois enfants a nécessité une planificationdu temps non professionnel excessivement rigou-reuse. Ces trois lignes de forces étant d’abord la pour-suite de mes connaissances techniques dans cettediscipline, les responsabilités administratives au seindu groupe que nous formions et l’enseignement auxautres de ce que j’avais appris moi-même.Ce dernier point qui ne faisait absolument pas par-tie, et pour cause, de mes intentions initiales, m’estarrivé un jour comme une évidence dans la mesu-re où le club dans lequel j’avais commencé quelquesannées plus tôt, avait retrouvé un professeur quin’avait fait qu’un passage rapide, laissant une sallevide et une trentaine d’élèves désemparés. Ayantappris la situation, et obtenu l’investiture d’AlainFloquet, je déclarais donc mon intention de prendrele relais pour me trouver jeune premier dan ensei-gnant à l’Union Fraternelle de Vaucresson, club queje ne devais plus quitter, puisque quelques trente-cinq ans après ces évène-ments, je continue à enprésider les destinées, enayant dû suspendre l’en-

seignement de l’Aïkibudo depuis 2001 du fait demes ennuis de santé.

VOUS AVEZ MIS UN POINT D’HONNEUR À VOUSENGAGER DANS LES RESPONSABILITÉS ADMINIS-TRATIVES, ET À ÊTRE UN TRAIT D’UNION ENTRELES DIFFÉRENTS « COURANTS », ACTION QUI AABOUTI AVEC LA CRÉATION DE L’U.F.A. QUELLEEST VOTRE VISION RÉTROSPECTIVE ET PROSPEC-TIVE DE CETTE ACTION ?Les quelques quarante années qui me séparent del’époque où j’ai vraiment pris pied dans « l’admi-nistration » puisque 1er kyu en 1968, je me suis trou-vé un des responsables de l’Aïkido Yoseïkan au seinde la FFJDA situation qui devait « s’améliorer » puisquequelque temps plus tard je devenais le Président dece groupe à la FFJDA. Le point important de cettepériode est qu’il était apparu évident que l’Aïkidoque nous pratiquions était sinon différent, disonsautre chose que celui qui était pratiqué au sein decette même FFJDA par maître Nocquet et ses élèves.Après bien des vicissitudes et des discussions innom-brables, nos deux groupes prirent la décision de seretirer de la FFJDA du fait qu’au sein de cette gran-de fédération l’absence de compétition s’inscrivaitmal dans le cadre de son organisation. Ajouter àcela des relations humaines difficiles entre certainsdirigeants et nous avons opté pour « un grand chezsoi au lieu d’un petit chez les autres. », et ce fut lacréation de la F.F.A.K. J’en devins le Président et c’estelle qui fut la structure dont est née la FFAAA le 1er septembre 1983, après s’être alliée avec celle res-tée à la FFJDA sous la Présidence de Jacques Abel.Ma forme de pensée m’a toujours conduit à recher-cher des dialogues débouchant sur des consensusconduisant vers des regroupements, estimant quela tolérance et l’amitié étaient les retombées posi-tives de la pratique des Arts Martiaux, dispositionsd’esprit que je considère maintenant comme ne pasêtre unanimement sinon harmonieusement distri-buées !Le problème du groupe dont nous assurions maîtreAlain Floquet, Hervé Villiers et moi-même l’exis-tence, était de définir clairement sinon l’originalité,tout au moins et surtout vis à vis des autres ce quifaisait que notre discipline était sinon totalementdifférente mais en tout cas d’une originalité qui nepermettait pas d’assimilation. Les nombreux séjoursqu’a fait maître Alain Floquet au Japon, les longuesséances de travail auxquelles il s’est contraint auprèsde vieux maîtres japonais, dont les pères eux-mêmesont laissé des traces indélébiles dans l’histoire desArts Martiaux Japonais et les encouragements

d’abord, puis les parrainages qu’ils ont bien voulului donner, ont affirmé cette discipline à part entiè-re qu’est devenue l’Aïkibudo. Je pense même quesans son important travail de recherches bien destechniques traditionnelles japonaises auraient étéperdues à jamais ! C’est d’ailleurs en l’accompa-gnant au Japon en 1984 que j’ai eu un choc en fai-sant la connaissance de feues maîtres TakedaTokimune et Sugino Yoshio. Ces deux senseï m’ontlaissé un souvenir impérissable empreint d’une extrê-me gentillesse, d’une rare ouverture d’esprit, etd’une volonté profonde de transmettre leur Art.

EN CONCLUSION ?J’ai longtemps hésité à m’exprimer dans une quel-conque revue du fait de la charge qui m’avait étéconfiée de présider aux destinées de la F.F.A.A.A.J’ai pensé qu’en définitive il était normal que cha-cun sache quel avait été mon parcours et que cha-cun puisse lire tout l’attachement que je porte à lapensée AÏKI indépendamment de toute obédiencede quelque nature que ce soit, croyant bien davan-tage comme je l’ai déjà dit, dans la tolérance et dansl’amitié que dans tout sectarisme qui, par défini-tion, est mièvre et restrictif.C’est ainsi que de toute cette période et comptetenu de tous ceux que j’ai rencontrés, une sérieuseamitié nous lie, et j’espère depuis déjà bien long-temps, que beaucoup ont compris ce que devaitêtre la voie de nos disciplines qui, excluant congé-nitalement la notion de compétition, deviennenttrès vulnérables, à la merci de « bons » apôtres plusavides d’intérêts personnels que respectueux de l’es-prit lui-même que nos disciplines devraient déve-lopper chez ceux qui les pratiquent.Arrivé à un moment de ma vie où on pense plus àétablir des bilans qu’à formuler des projets, je suis unhomme heureux, car j’ai eu la chance de réussir àconcilier une vie professionnelle exaltante et entre-tenir dans finalement toutes ces ramifications un vio-lon d’Ingres qui m’exalte encore malgré toutes lesdifficultés rencontrées, et je suis persuadé que fina-lement ces deux vies parallèles que je poursuis ontété indiscutablement bénéfiques l’une envers l’autres,et c’est le conseil que je me permets de donner àceux qui pratiquent nos disciplines, de conserver dansla vie l’attention, la discipline, la courtoisie et l’effi-cacité, qui sont en définitive les vertus cardinales tantd’une vie professionnelle que d’une vie sportive. ●

Propos recueillis par Jean-Pierre Vallé(Photos : CERA)

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Claude Jalbert etAlain Floquet chez

maître SuginoYoshio en août

1984.

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SSon parcoursNishio sensei est né à Aomori , dans le Norddu Japon le 5 décembre 1927. Ses débuts ausein des Arts martiaux dès l’âge de 18 ans sesont focalisés sur le judo et le karaté. En judo il fréquente le Kodokan et en Karatéil fait ses débuts dans le dojo de Konishi YasuhiroSensei . Mais étudiant à Tokyo il pratique plu-sieurs styles : la capitale en reconstruction n’of-frait pas un choix immense de dojos.C’est au printemps 1951 (il avait alors 24 ans),qu’il frappe à la porte de l’Aïkikaï et devientélève de O sensei Morihei Ueshiba.Il fréquente alors tous les hommes qui inscri-virent leurs noms dans le who’s who de notrediscipline : Tohei sensei, Saito sensei avec lequelil conserva de solides liens d’amitié, Osawa sen-sei , Arikawa sensei, et bien d’autres. C’est avecNakazono sensei et Yamaguchi sensei qu’il m’adit avoir ouvert un certain nombre de dojosdans tout le Japon. C’est avec Tada sensei qu’ilrentre le soir après l’entraînement vers la sta-tion Okubo. Il retrouve également Tomiki sen-sei qu’il avait connu au Kodokan. Il partaged’ailleurs un court moment la vision compéti-tive de l’Aïkido de Tomiki sensei mais unique-ment pour la formation de jeunes pratiquantsdans les lycées.Il voit aussi de temps à autre Shioda sensei quine vient plus qu’aux grandes occasions. Il n’estpas uchi deshi . Ce sont SunadomarI et Arikawaqui sont dans cette position à cette époque.

Il se retrouve cependantinstructeur à l’Aïkikaï dèsles années 60. (Cf. levolume 2 du livre de Saitosenseï)C’est en 1955 qu’il semet à pratiquer le Iaïdoet le Jodo. Il s’est mis àces deux disciplines pourmieux comprendre etdévelopper son Aïkidodans la direction indiquéepar O sensei, qui insistaitsur la filiation de son artà mains nues avec la pra-tique et la voie du sabre.Compte- tenu de cette motivation initiale, ils’est ainsi astreint à pratiquer de nombreuxstyles.Il a eu la chance de pouvoir suivre l’enseigne-ment de quelques grands sensei 9e ou 10e dan,tel que Shigenori Sano sensei. En Jo do il a suivi l’enseignement de ShimizuTakaji dans le Shindo muso ryu dojo.Concernant l’Aïkido, après la mort d’O sen-seï, il décide d’arrêter son enseignement àl’AÏKIKAÏ, mais en conservant de bonnes rela-tions avec la maison mère et des liens étroitsavec le second Doshu , Kishomaru Ueshiba.Il fait partie du comité des hauts gradés del’Aïkikaï et continue à siéger dans ce comitéde 8 Shihan parmi les plus anciens et les plus

respectés de l’Aïkido.Il n’exerce pas son ensei-gnement en Aïkido etIaïdo dans un dojounique, mais il donne descours réguliers dans 4dojos du Nord de Tokyoet à Yokohama. Il dirigedes stages dans de nom-breuses villes du Japonmais aussi en Europe, aux

USA et au Mexique. En fait à la lecture de sonCV, on pourrait en déduire qu’il était profes-sionnel en arts martiaux.Il n’en était rien. Il avait une position de fonc-tionnaire au ministère des finances, dans un

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HOMMAGENISHIO SHOJI

un grand expertnous a quittésNishio sensei est décédé à Tokyo le 15 mars 2005 à l’âge de 77 ans .C’est un très grand expert qui quitte ainsi le monde des Arts Martiaux. Il excellait non seulement en Aïkido, mais aussi en sabre, donc en Iaïdo, discipline dans laquelle il avait été autorisé par la fédération japonaise deIaïdo à créer son style : l’Aïkido Toho Iaï. Il était depuis de longues années 8e dan en Aïkido et 8e dan en Iaïdo, mais aussi 7e dan de Karaté et 5e dan enJudo. Il nous a laissés également de splendides calligraphies.

Nishio Shoji sensei, un des

plus grandsexperts formés

par O senseiMorihei Ueshiba

dont les stagesen France

étaient particulièrement

attendus.

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secteur en relation avec l’imprimerie des billets.Mais dès sa première visite en France , accom-pagné de Shigeru Suzuki (6e dan), celui-ci nousa fait savoir, que compte-tenu de sa notoriétéen Aïkido et en Iaïdo, il n’était pas astreint àune régularité de présence à son travail offi-ciel. Il avait en fait une grande liberté de sontemps tout en conservant sa position de fonc-tionnaire… « détaché » aux Arts Martiaux enquelque sorte.

Ma rencontre avec Nishio senseï.Le contexte.Avec la scission de l’Aïkido français en 1982où Tamura Sensei , sous l’influence de PierreChassang quitta l’UNA (composante de laFFJDA), un certain nombre de hauts gradés,parmi les plus anciens, décidèrent de ne pasle suivre dans les conditions alors proposées.Je faisais partie de ce groupe.Un an après, en 1983, les 50 à 60% d’aïki-doka qui étaient restés au sein de l’UNA-FFJDAtrouvaient également leur autonomie en quit-tant la FFJDA mais cette fois en plein accordavec elle. C’était la naissance de la FFAAA.Elle avait une caractéristique qui n’avait qua-siment jamais existé en France : il n’y avait pasd’expert japonais présent sur le territoire, nimême ailleurs –au tout début - qui lui soit atta-ché. Nous, les anciens élèves des trois expertsqui ont séjourné en France : Noro sensei,Nakazono sensei et Tamura sensei, nous retrou-vions pour la première fois dans une structuresans sensei japonais. Il faut ajouter l’absenced’un autre expert important dans ma forma-tion : Chiba sensei. Celui-ci était intervenu enFrance à la demande de Tamura sensei aprèsle départ de Nakazono, de 1973 à 1978. Aubout d’à peine une année, nos camarades (éga-lement anciens élèves de ces trois sensei rési-dant en France ) mais qui avaient fait une par-

tie de leur carrière au Japon, proposèrent lavenue de plusieurs experts de l’Aïkikaï :Yamaguchi sensei, puis Saotome sensei etd’autres.Ceux qui, comme Roberto Arnulfo, MaxMechard et moi-même, avaient fait toute notreformation avec les trois sensei japonais rési-dant en France (Nakazono a quitté la Francepour les USA en 1972) ne trouvèrent pas tou-jours leur compte dans la pratique proposéepar ces experts venus du Japon ou des USA.En particulier le rejet (initial) du travail auxarmes en Aïkido et l’extrême participationdemandée à Uké dans l’exécution des mou-vements, ne nous convenaient pas. Nous étions

en recherche ; était-il possible de trouver desexperts pratiquants dans le même esprit queceux que nous avions perdus dans les aléasdes jeux politiques ?

Le déclic.En 1985 Stanley Pranin, rédacteur en chef et créa-teur de la revue Aïki news, me fit parvenir, pourme remercier d’un service rendu, une cassette vidéode la All Aikido Japan Demontration de 1983.Il y avait sur cette cassette les démonstrationsde sensei tels que Sunadomari , Arikawa etKuroïwa ( initialement boxeur et spécialise du

bâton court). J’avais déjà eu l’occasion de voirces personnalités sur des films en 8mm lors dessoirées des stages d’Annecy (stage de 4 semaines en juillet et août de 1963 à1972).Mais c’est sur le film vidéo de Stan que j’aidécouvert cet homme extraordinaire, fulguranten démonstration, très spectaculaire par savitesse et sa précision : Nishio sensei.De plus il joignait au travail à mains nues, un tra-vail d’armes très complet : les mouvements dansles 5 formes précédemment cités. Et la démons-tration se terminait par des katas de IAÏ . Cette similitude de style, avec la vitesse, le brio,l’extrême pureté des mouvements, jointe autravail intensif des armes, me rappelait certains

de mes sensei. C’est là l’expert que je cher-chais, que nous cherchions. C’est en 1986, lorsde mon premier séjour au Japon, que j’ai puentrer en contact avec lui. C’était encore grâceà Stanley Pranin. Il n’était pas possible en effet de se présenterimmédiatement dans un de ses dojos. Rendez-vous fut pris par Stan dans le local d’Aïki newsà Tokyo avec un de ses assistant 6e dan. Et lesprésentations faites, un rendez-vous fut fixépour un cours dans le grand dojo d’état deYokohama où Nishio sensei enseignait une foispar semaine.

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▼C’est en 1955 qu’il se met à pratiquer le Iaïdo et le Jodo.Il s’est mis à cesdeux disciplines pour mieux comprendre etdévelopper son Aïkido dans la directionindiquée par O sensei. ▲

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Le premiercoursNishio sensei nous fit unaccueil très chaleureux.Le dojo était immense :700 ou 800m2 ou plus,avec comme Kamisa un

énorme drapeau japonais.Quelle révélation pour mon complice dans cepériple : Max Mechard et moi-même. Nous étions tous deux 5e dan à cette époqueavec 22 ans de pratique et loin d’être inexpé-rimentés. Mais les formes de travail proposéesapparaissaient toutes nouvelles et pourtant lesmouvements étaient des classiques. Je me souviens de ce cours et de cette soiréecomme si c’était hier ! Le premier mouvementtravaillé fut Ai Hanmi Katatedori Ude KimeNage : chaque avancée du bras de mon « par-tenaire » pour l’attaque du coude était un appelà la vigilance car la main s’avançait vers la gorgeaprès le passage sous le bras.Puis ce fut Shiho Nage puis Nikkyo.En fin de cours , ensemble au restaurant, nous

nous sommes lancéspour lui demander s’ilaccepterait éventuel-lement de venir enFrance à l’invitation denotre fédération, laFFAAA . La réponsepositive ne tardaguère , il ne deman-dait qu’une seulechose : pouvoiremmener au moinsun assistant.C’était largement jus-tifié par la complexi-té de son travail auxarmes : nous avonsmis deux ans pour luiservir de partenairedans ce domaine.Ce n’est qu’au prin-temps 1989 que j’aipu faire venir Nishiopour la première foisen France. Compte-tenu de la notoriétéet du rayonnement dece sensei, il m’avaitsemblé plus logique

de le faire inviter par ma fédération plutôt quede le faire venir en stage privé. Cela d’autantplus qu’il faisait partie du comité des hauts gra-dés de l’Aïkikaï. Ce ne fut pas chose facile etil m’a fallu vaincre pas mal de résistances.

Ses stages en FranceNishio sensei a dirigé douze stages en Francedu printemps 1989 à l’automne 2000 . Il étaitchaque fois accompagné d’un assistant. Ce fut très souvent Shigeru Suzuki san , maisaussi Mitsuru Wakabayashi san , Tanaka san,Shokoo Watanabee san et par deux fois (1991et 2000) Kooji Yoshida san.Tous ses assistants avaient le même profil : 5e ou 6e dan en Aïkido et le même niveau enIaido toho et en Karate.Dès la troisième année , nous étions assez fami-liarisés avec les mouvements aux armes pourqu’il choisisse ses Ukés parmi les français oud’autres Européens présents.Dès 1996 je repris mes visites régulières auJapon pour suivre à la fois les cours à l’Aïkikaïhombu dojo durant la journée et les cours de

Nishio sensei les trois ou quatre soirs par semai-ne où il n’enseignait pas trop loin.C’est ainsi qu’en 2004 j’ai pu suivre ses coursau printemps, puis en été. Mais au moment demon troisième séjour, en automne pour lecongrès de la FIA, je n’ai pas pu le revoir ; ilvenait d’entrer à l’hôpital.Il se battait depuis trois ou quatre ans contrela maladie et malgré cela il continuait à ensei-gner régulièrement dans ses dojos au Japon. Ilavait simplement renoncé à se déplacer enEurope et aux USA pour ses grands stages.Dans tous les pays qu’il a régulièrement visi-tés, un de ses assistants poursuit actuellementson œuvre.En Allemagne c’est Shisiya sensei 6e dan ; enFrance c’est Yoshida sensei 6e dan, toujoursinvité par notre fédération la FFAAA ; auDanemark c’est Arisoe sensei 7e dan, etc.

AnecdotesLe premier stage.Dès le premier stage en France en avril 1989avec Shigeru Suzuki et Mitsuru Wakabayashicomme assistants, ses démonstrations firentsensation. Trois stages étaient programmés : 7 jours àStrasbourg, 2 à Mulhouse et 2 jours à Paris. Certains pratiquants, malheureusement, sedécouragèrent devant la complexité apparen-te ( ou les remises en cause déchirantes ?) desmouvements aux armes. Ces stages étaient trèsinterfédéraux : l’UFA fonctionnant avant l’heu-re. Il y avait en effet beaucoup de pratiquantsde la FFAB qui se passionnèrent pour son ensei-gnement et qui l’ont définitivement adopté. Une des premières questions que nous posa,à Robert Hanns et à moi-même, Suzuki, c’étaitle pourquoi de la durée qui s’était écoulée entremon passage au Japon en été 86 et la mise enplace de ce premier stage. Et il nous apprit àcette occasion que Nishio sensei avait souhai-té prendre des renseignements supplémentai-re me concernant. Pour ce faire il a profité deson stage annuel à Los Angeles pour donnerrendez-vous à… mon premier sensei : Nakazonoà San Diego. Bien sûr Nakazono lui confirmaque si le délai apparaissait étrangement longce n’était sûrement pas dû à l’initiateur. ●

Paul Muller

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HOMMAGE NISHIO SHOJI

Grand pédagogueNishio Shoji

sensei aimaitvenir à la

rencontre de sesélèves français.

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LLe Japon doit avoir à l’égard de la Chine unedette difficile à évaluer et qui ne concerne passeulement sa culture ou ses habitudes de vie.Des siècles durant, la Chine a représenté, pourle Japon, la frontière la plus éloignée et un som-met de raffinement en matière de civilisation.Au même titre que l’arc et le sabre, on peutvoir dans la voie du thé, une transposition sym-bolique d’harmonie universelle. Or, l’arc, lesabre et le thé sont, non seulement d’inspira-tion, mais de création chinoise.Après cette petite mise au point, de nos jours,la question se pose avec toute sa gravité. Eneffet, c’est dans la tradition et dans les anciennesécoles que se trouve l’essentiel de l’essence desdisciplines nobles des samouraï et, plus parti-culièrement au Japon où on la retrouve tou-jours vivante. Cependant, le monde tel qu’ilest à l’heure actuelle, semble ne pas vouloirfavoriser cette continuité ; ce qui serait, pourcelui qui connaît toute la valeur contenue dansles secrets des écoles traditionnelles depuis dessiècles, quelque chose de dramatique que dene pouvoir profiter de la haute valeur du passé,protégée avec une immense rigueur par desgénérations de maîtres.

La transmissionLes vieux sensei, les vieux maîtres, savent quelest le poids de la tradition. Ce n’est,en tout cas, pas ce que certains euro-péens qui ont une folle imagination,pensent en ne voyant que le côtésuperficiel, spectaculaire à base defilms et jeux vidéo pour enfants. En

réalité, ce n’est ni une philosophie contrai-gnante ou un cérémonial paralysant, unebéquille miraculeuse, une ascèse à l’orientale,enfin, encore moins quelque chose de facile àdécouvrir.Le respect profond de l’aîné, du maître quoiquecelui-ci dise, fasse ou décide, sera donc la pre-mière règle. Les manières vis-à-vis du futur dis-ciple qui se serait présenté, sont souvent trèsdures et incompréhensibles pour un simple élèveeuropéen qui a tendance à faire un amalgameavec sa manière de voir et la réalité de la voie.Si le sensei accepte, par amabilité, ce futur can-didat, dans la majorité des cas, après un tempsinsuffisant, celui-ci ne comprendra pas la néces-sité de changer son comportement, il sombreraà court terme et disparaîtra après avoir récu-péré quelques miettes qu’il prendra pour lascience infuse.

Le chemin de KyotoEn un mot, y a-t-il une possible transmissibilitéen dehors du Japon ? La chance est si faiblequ’elle est pratiquement nulle. Alors, que faire ?Et bien, rien qu’avoir une invraisemblable patien-ce, ce qui n’est pas une vertu occidentale.Le grand philosophe Shinran (1173-1263) vivaitdans un temple à flanc de montagne, passantle plus clair de son temps à observer les cycles

de la nature qu’il transposait en destextes où fleurissaient l’allégorie etla métaphore. Les moines qui l’en-touraient, le considéraient commeun être pur, animé seulement parl’esprit de Dieu. Quand il ne se consa-

crait pas à son entourage, il se livrait à l’étudeou à la méditation et aux enseignements quimènent à la sagesse. Mais Shinran avaitconscience que d’autres, en dehors du temple,menaient une existence plus exposée que lasienne. C’est pourquoi, il décida d’aller voirdans la vallée ce qu’était devenu le fils de l’hom-me.Et il prit le chemin qui mène à Kyoto…C’est là que Shinran devait découvrir que lecombat ne se situait pas dans son temple maisaussi parmi les hommes. Il n’avait connu, jusquelà, ni haine ni souffrance véritable. Il lui fallutapprocher la misère pour comprendre combiences racines là étouffaient le cœur de l’homme.Et Shinran se dit qu’il allait mettre en pratiqueune philosophie qui pourrait s’inscrire dans leurvie quotidienne. On lui a attribué le « Tanni Sho »,ce livre sur le regret de l’altération de la vraiecroyance, cette immense interrogation sur lescodes auxquels obéissent nos actes, ce domai-ne de l’obscur, rivé dans les plus intimes pro-fondeurs de l’être.Celui qui peut localiser, en lui-même, la raisonqui le rend malheureux, a le pouvoir d’anes-thésier le mal, de s’en écarter et de regarder lacicatrice s’estomper. Dès lors, il ne peut pluss’en prendre à une raison extérieure provoquéepar une réaction humaine ; le coupable, cen’est plus l’autre, c’est lui-même.Il se confond davantage avec le karma - touteintention est inscrite dans le cours de la vie –il se dirige comme s’il était à l’intérieur de sesactes et il atténue les imprévisibles ricochetsdes causes à effets.Quand la lame du katana fait éclater le four-reau, quand la flèche se brise sur une pierre,l’effet provient du plus profond de lui-même.Personne d’autre que lui n’est responsable dusens qu’il imprime à ses gestes, à ses pensées.Personne, donc, mieux que lui, ne peut orien-ter sa destinée. ●

Jacques NormandSOSM : 01 69 40 91 41

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KYUDO

la tradition japonaiseest-elle transmissible hors du japon ?Tradition, essence fondamentale de la discipline, etc., ces valeurs qui semblentfragilisées aujourd’hui sont-elles condamnées à disparaître ?

Remise traditionnelle

des flèches. Jacques

Normand entenue d’apparat

pour un tir decérémonie.

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AÏKIBUDO

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La mise en œuvre de toute technique en Aïkibudo présuppose le recours systématique à deux composantes élémentaires et fondamentales de notreArt : la maîtrise d’une part de l’ensemble des déplacements (Shin taï) et d’autrepart des différentes esquives du corps (Taï sabaki). La combinaison de ces deuxéléments fondamentaux associée à la maîtrise complémentaire de la coordina-tion motrice, représente un point de passage obligé pour toute technique enAïkibudo. Shin taï (déplacements de corps) et Taï sabaki (esquives) sont deuxcomposantes fondamentales au cœur de chaque technique Aïkibudo.Répondre à la question posée par une attaque d’un adversaire nécessite unecoordination motrice qui intègre et marie en premier Shin taï et Taï sabaki.

le grand art de l’esquive et passe

�1°/ La notion de Shin taï : DéplacementsLa première difficulté que rencontre un prati-quant consiste à mobiliser son énergie et saconcentration pour se déplacer à partir de dif-férentes positions, et répondre de manièreappropriée (en harmonie avec les élémentsextérieurs) à une attaque de son partenaire.Même la « simple marche » semble poser desdifficultés au débutant, tant les exigencesrequises paraissent nouvelles et difficiles, alorsqu’elles ne sont qu’applications de principesnaturels et simples de déplacements du corps.Les diverses formes de déplacement sontregroupées sous le terme générique de Shintaï : il regroupe les différentes formes de dépla-cement de pieds, dans quelques directions quece soient, et cela en employant les deux typesdifférents de marche suivants :

- Ayumi ashi qui consiste à se déplacer en avantet en arrière, en marche normale (un pieddépassant l’autre), le corps étant en positionnaturelle, les jambes légèrement écartées.- Tsugi ashi qui consiste à se déplacer danstoutes les directions, les pieds se rapprochantl’un de l’autre, tout en gardant la positionnaturelle c'est-à-dire en évitant de les joindre.Ces différentes marches doivent s’effectuer enSuri ashi (marche en glissant) c’est-à-dire que

les pieds glissent sur le tapis, les talons restantlibres et le poids du corps étant réparti sur lesdeux pieds. Il faut toutefois préciser que cetteforme de déplacement « glissé » n’est adap-tée que sur des sols égalisés, propres, lisses etparfaitement entretenus (type tatami). Il enserait tout autrement dans des conditions plus« rustiques » en terrain extérieur (type pleinenature) et qui, nous rapprocherait de condi-tions plus réalistes de combat à l’instar de celles

ayant conduites à la création des techniquesde combat dans le Japon médiéval.

2°/ La notion de Taï sabaki : Esquive-Canalisationde corpsPour maître Floquet il n'y a pas d'esquive dansson art, mais des mouvements de corps (voirede main ou de bassin) canalisant, d'où la notion

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"d'esquive canalisation". Le terme Taï sabakiest donc conservé mais se traduira en Aïkibudopar d'esquive canalisation. Le Taï sabaki est undéplacement du corps, ou d’une partie ducorps, qui permet par la non-opposition unecanalisation puis un contrôle d’une attaque oud’une saisie.Cela nécessite le respect d’une posture, carac-térisée par la verticalité de la colonne verté-brale, l’existence d’un point fixe pour le dépla-cement, et une disponibilité de l’esprit.Un Taï sabaki conjugue un travail des hanchesqui provoque un déplacement des jambes encoordination avec en général un contrôle avecles bras. L’ensemble du programme Aïkibudo compor-te notamment les formes de Taï sabaki quenous décrirons successivement : (par commo-dité, toutes les descriptions se feront à partirde la position de garde gauche Hidari kamae(pied gauche en avant ) ;

- Le déplacement Irimi consiste à avancer laté-ralement sur l’avant gauche (pied avant), puisà retirer le pied arrière dans l'axe du corps ;les bras accompagnent le déplacement en cana-lisant l'attaque. L’avancée privilégie la sortieextérieure afin de se mettre hors de portée del’adversaire tout en s’assurant une positionfavorable. Il peut toutefois être utilisé sur l’in-térieur dans certaines opportunités spécifiques.Le déplacement Irimi représente l’idéal del’Aïkibudo, et synthétise la quintessence de

l’Art. Il s’utilise principalement en distance Maou To ma, et permet la mise en œuvre de tech-niques anticipées (Sen no ,sen) ou simultanées(Taï no sen ou Matchi no sen) à l’attaque. Ilest particulièrement intéressant dans le travailaux armes notamment en Buki dori pour com-penser la distance induite par l’arme utilisée.

- Le déplacement O Irimi consiste à ramener lepied arrière le long de la jambe gauche jusquedevant le pied gauche, puis à pivoter les hanchesautour de la jambe droite dans le sens inversedes aiguilles d'une montre, et ramener le piedgauche le long de la jambe droite jusqu’à laposition de garde droite (Migi kamae) ; les brasaccompagnent le mouvement d'esquive encanalisant opportunément l'attaque. L’entréeextérieure est également privilégiée, bien quenon exclusive. Ce déplacement représente lecomplément du précédent, dans l’hypothèsed’une garde initiale inverse de celle du parte-naire. Il s’utilise principalement en distance Maou To ma, et permet la mise en œuvre de tech-niques anticipées (Sen no sen) ou simultanées(Tai no sen ou Matchi no sen) à l’attaque. Ilest particulièrement intéressant dans ,le travailaux armes notamment en Buki dori pour com-penser la distance induite par l’arme utilisée.

- Le déplacement Nagashi (pied avant) consis-te en un pivot des hanches sur le pied avant,dans le sens des aiguilles d'une montre (Omote),puis à ramener le pied droit en translation le

long de la jambe gauche, jusqu’à retrouver laposition de garde initiale.Les bras accompagnent le changement degarde. Ce déplacement s’utilise principalementen distance Chika ma, lorsque Tori réagit enmême temps que l’attaque (Taï no sen) ou esten retard sur l’attaque (Go no sen). Il permetpar décalage instantanée des hanches de semettre hors de portée de l’attaque et de s’ins-crire au plus près du mouvement de Seme.

- Le déplacement Nagashi (pied arrière) consis-te en un retrait du corps sur la jambe arrière,puis en un pivot des hanches sur celui-ci dansle sens inverse des aiguilles d'une montre (Ura),avant de ramener le pied gauche en transla-tion le long de la jambe droite, jusqu’à retrou-ver la position de garde initiale. Les bras accom-pagnent le changement de garde. Il s’utiliseprincipalement en distance Chika ma pour rat-traper un retard de réaction sur l’attaque (Gono en). Ce déplacement est particulièrementdifficile à maîtriser compte tenu de la doubledifficulté tant de réalisation technique que d’ap-préhension du temps d’action spécifique.

- Le déplacement Henka consiste en un pivotsur place sans déplacement des pieds, pour seretrouver en position inverse. Les bras accom-pagnent le changement de garde.

- Le déplacement Hiraki (Pied avant) consisteen un déplacement du pied avant sur l'exté-

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O IRIMI.

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rieur en ouvrant la garde des bras, puis, aumoment de l'attaque de Seme, en une rota-tion des hanches autour de la jambe avant,dans le sens des aiguilles d'une montre en rame-nant la jambe arrière dans l'axe du corps (Seikatandem) ; les bras accompagnent le mouve-ment d'esquive en canalisant l'attaque. Il s'agitd'un déplacement initié par Tori pour provo-quer une attaque spécifique de Seme. L'initiativede l'action revient à Tori qui tend un piège àSeme. Ce déplacement s’utilise principalementen distance Ma ou Chika ma, et permet la miseen œuvre de techniques anticipées (Sen no sen)ou simultanées (Tai no sen ou Matchi no sen)à l’attaque. Il est particulièrement intéressantdans ,le travail aux armes notamment en Bukidori dans le travail de sortie d’axe tout en res-tant particulièrement proche de Seme et per-mettre ainsi un travail technique immédiat.

- Le déplacement Hiraki (Pied arrière) consiste

en un déplacement du pied arrière sur l'exté-rieur en ouvrant la garde des bras, puis, aumoment de l'attaque de Seme, en une rota-tion des hanches autour de la jambe arrière,dans le sens inverse des aiguilles d'une montreen ramenant la jambe avant dans l'axe du corps(Seika tandem) ; les bras accompagnent le mou-vement d'esquive en canalisant l'attaque. Ils'agit d'un déplacement initié par Tori pour pro-voquer une attaque spécifique de SEME.L'initiative de l'action revient à Tori qui tend unpiège à Seme. Ce déplacement s’utilise princi-palement en distance Ma ou Chika ma, et per-met la mise en œuvre de techniques anticipées(Sen no sen) ou simultanées (Tai no sen ouMatchi no sen) à l’attaque. Il est particulière-ment intéressant dans le travail aux armesnotamment en Buki dori dans le travail de sor-tie d’axe tout en restant particulièrementproche de Seme et permettre ainsi un travailtechnique immédiat.

- Le déplacement Hiki consiste à reculer le hautdu corps en arrière pour profiter de l'onde pro-voquée pour retirer en vague le bas du corps,sans changer de garde ; les bras accompagnentle mouvement ondulatoire en canalisant l'at-taque (changement inversé des bras). Il s’agitlà encore d’un déplacement à l’initiative deTori pour tendre un piège à Seme et initier uneattaque spécifique. Ce déplacement s’utiliseprincipalement en distance Ma ou To ma, dansle cadre de réponses simultanées (Tai ou Matchino sen) ou anticipées (Sen no sen) sur l’attaquede référence en Mae komi tsuki (type plaqua-ge avant de rugby).

3°/ L’organisation de latechnique aïkibudo :La stratégie mise en œuvre par l’Aïkibudo repo-se sur le respect d’une logique profonde inhé-rente à cet Art Martial de défense : le prati-quant d’Aïkibudo n’est jamais à l’initiative de

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HIKI.

NAGASHI.

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l’attaque mais seulement en situation de défen-se devant une attaque par nature injustifiée !La problématique repose donc sur la réponseadéquate à donner à une attaque directe, qu’el-le se développe à mains nues ou à l’aide d’unearme quelle qu’elle soit. Cette démarche pro-tectrice repose sur une aptitude à déceler lesprémices de l’attaque et à répondre, le plusefficacement possible à celle-ci, tout en res-pectant l’intégrité physique de l’agresseur,puisque notre réponse, tout du moins dansnotre monde occidental moderne, devra indui-re le minimum de dégâts pour l’agresseur (appli-

cation de la notion juridique humaniste de « Légitime défense » au sens du droit pénalfrançais).La maîtrise conjointe du Shin taï et des TaïsabakiI conditionne la réalisation de toute tech-nique : premièrement, elle conditionne avanttoute chose la possibilité d'attaque du parte-naire qui doit par définition se déplacer pourfranchir la distance qui sépare les deux prota-gonistes (Ma aï). Deuxièmement, elle condi-tionne la possibilité de réaction devant l'agres-sion, selon les préceptes chers aux pratiquantsd'Aïkibudo : esquive, canalisation, Kuzushi,Tsukuri et Kake.Toute technique Aïkibudo repose sur l’utilisa-tion conjointe des notions développées ci-des-sus de Shin taï et de Taï sabaki : elle s’organi-se autour de la combinaison subtile de ces deuxnotions pour permettre successivement l’es-quive et la canalisation de l’attaque, puis autravers de l’exploitation efficace de la force ini-tiée par le partenaire de provoquer une miseen déséquilibre (Kuzushi) afin de préparer idéa-lement (Tsukuri) la projection envisagée (Kake). La succession des trois actions – KuzushI –Tsukuri – Kake permet, par la combinaison des

déplacements (Shin taï) et des esquives de corps(Taï sabaki), de veiller à l’utilisation optimale dela force du partenaire, à sa mise en déséqui-libre tout en gardant son propre équilibre et àla réalisation effective de la technique.

1- Le Kuzushi (la mise en déséquilibre)Le Kuzushi est la partie du Tsukuri qui a traitparticulièrement à l’exploitation des forces issuesde l’attaque de Seme, à leur canalisation et àla mise en œuvre d’un déséquilibre de Semesusceptible d’être exploité par Tori pour une

technique. Il y a deux possibilités pour créer leKuzushi : premièrement, Tori se déplace et pro-fite de ce déplacement pour placer l’adversai-re en déséquilibre, deuxièmement, Tori profi-te des déplacements, des actions et des réac-tions de l’adversaire. Il y a huit directionsprincipales pour le Kuzushi : déséquilibre avantou arrière, latéral droit ou gauche, latéral avantdroit ou gauche et latéral arrière droit ougauche.

2- Le Tsukuri (la préparation)Le Tsukuri consiste à placer Uke dans la posi-tion la plus appropriée à l’exécution d’une pro-jection et dans des conditions telles qu’il nepuisse se défendre. En même temps, Tori seplace également dans la position la plus favo-rable lui permettant la mise en œuvre de latechnique choisie, sans que Seme n’ait lamoindre possibilité de contre.Il y a le Tsukuri de Uke et celui de Tori.

3- Le Kake (la projection)Le Kake est la continuation du Tsukuri. Pourobtenir un bon Kake, il est très important derechercher l’unité dans l’action de tout le corps

et de l’esprit. Tsukuri et Kake doivent être com-binés, pour ne former qu’une seule et mêmeaction. (cf. Sutemi waza).

La maîtrise conjointe du Shin taï et des Taï saba-ki permet au pratiquant d'appréhender le tra-vail avec un partenaire (au dojo) ou avec un"adversaire" (en situation d'agression réelle)avec calme, confiance et détermination. Cettemaîtrise procure une aisance dans la gestiondes paramètres de l'attaque, une fluidité dansles mouvements qui concourent à la réalisa-tion efficiente de la technique qui sera pour lesdébutants voulue et imposée à l'agresseur(parfois sans logique motrice et énergétique)et pour les plus avancés dans la Voie, adap-tée naturellement à l'opportunité offerte parSeme (dans la logique motrice et énergétique).

L’Aïkibudo est bien plus qu’une riche pano-plie de techniques efficaces et compliquées.Au-delà de l’apprentissage de ce cataloguede réponses astucieuses et appropriés à toutesattaques, après (et grâce à) un travail régu-lier, honnête et exigeant, naît le mouvement.La technique est complexe, le mouvement est

simple, naturel, et efficace. Dans le mouve-ment, il n’y a plus rien à enlever. Taï sabaki(corps diriger) prend alors tous son sens et sadimension.

En collaboration, Paul-Patrick Harmant, Jean Cavarelli et

Jean-Pierre Vallé - Ph. : CERA

Séminaire Monitorat Fédéral et Brevet d’État Aïkibudo sous la

direction de Paul-Patrick Harmant. Conférencier réglementation :

Gérard Clérin. Dojo d’EUROCOPTER,

du 5 au 8 mai 2005, Bouches-du-Rhône (13)

Inscriptions et renseignements : 03 90 23 16 17 (pro.)

03 88 72 36 89 (dom.)

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AÏKIBUDO

▼ En Aïkibudo l’on ne se heurte pas à l’action adverse mais on s’inscrit dansle mouvement qu'elle produit et,de cetteposition,on la conduit.C'est tout l'art du Taï Sabaki.* ▲

* in Pensées en mouvement de maître Alain Floquet.

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