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AÏKIDO FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES magazine PASCAL DURCHON Mes responsabilités fédérales me poussent à traduire mon expérience dans un langage accessible au plus grand nombre. Jean-Paul Nicolaï Un artiste peut en cacher un autre DÉCEMBRE 2005 Martine Buhrig Les voies multiples de l’unification du corps et de l’esprit AIKIMAG DEC 2005 28/12/05 15:24 Page 1

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de décembre 2005.

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AÏKIDOF É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

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PASCAL DURCHON“Mes responsabilités fédérales me

poussent à traduire mon expérience dans un langage

accessible au plus grand nombre.“

Jean-Paul NicolaïUn artiste peut en cacher un autre

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Martine BuhrigLes voies multiples del’unification du corpset de l’esprit

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faisons une fête

C’est la France qui accueillera, la dernière semaine de septembre 2006,le prochain Comité Directeur de la Fédération Internationale d’Aïkidoet bien que Paris ne soit pas la France, c’est là que vous pouvez envi-sager de rejoindre la fête.Car même si normalement un Comité Directeur, c’est seulement uneréunion administrative quelquefois couplée avec un stage, nous allonsy rajouter une fête, probablement le 29 septembre, ouverte à tous,retenez déjà la date.L’Aïkido doit exprimer sa joie de vivre, après tout, ne pas s’amuser cene serait pas sérieux, ce ne serait pas martial.Surtout qu’il n’y a pas tant à faire dans une Fédération internationaleoù il n’y a pas de compétition à organiser.Mais sans elle, comment ferions-nous le lien entre tous ceux qui parle monde s’initient à l’originalité de l’Aïkido.Savoir que beaucoup d’autres sont sur le même chemin nous préservede l’immobilisme et du confinement.Cette Fédération internationale dans laquelle nous représentons laFrance, il n’y en qu’une, ce qui est l’expression, par son unicité, del’universalisme de l’Aïkido.Cette union de l’Aïkido mondial, nous l’avons retrouvée en nombre

autour du Doshu, en juillet dernier, lors desjeux mondiaux à Duisburg très agréablementorganisés sous l’œil ô combien vigilant deMaître Asai et où en plus, pour la France,Christian Tissier a fait une démonstration particulièrement remarquée.Oublions par avance le travail que cela vanous, j’ai bien dit nous, demander et ne pen-sons plus qu’au délicat moment de voir desamis se réjouir d’être à nouveau réunis.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

AÏKIDO MAGAZINE décembre 2005 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche. Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

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INFOS

PRESIDENT : Maxime Delhomme Vice-président : Paul LagarriguePrésident d’Honneur : Claude Jalbert

ADMINISTRATIONSecrétaire général : Michel DesmotSecrétaire général adjoint : Robert HannsDirectrice administrative : Sylvette Douche

Responsable des Commissions :Commission médicale : Docteur Annie JarryCommission juridique : Maxime Delhomme, Gilles Etienne, Jean-Marc AubryCommission féminines : Catherine Lagarrigue, Silva TscharnerCommission distinctions : René Carpentier, Michel HamonCommission disciplinaire : Jean Liard, Louis Vizzino

FINANCESTrésorier général : Marcel DromerTrésorier général adjoint : Jean Liard

Commission Financière :Etudes méthodes de gestion : Azzouz Mebarrek, Jean Marc AubryStratégie de développement : Jean-Robert Lefèvre, Michel Coulon,Philippe Mattei

DEPARTEMENT TECHNIQUE Collège Technique :Président : Pascal DurchonBureau : Catherine David, Gilles RettelConseil National : Christian Tissier, Mariano Aristin, Franck Noël,Paul Muller, Alain Guerrier

DEPARTEMENT FORMATIONFormation B.F. – B.E. – V.A.E.Franck Noël, Paul Muller, Bernard Palmier, Gérard Clérin+ département techniqueFormation JeunesCommission jeunes et Formation enseignants jeunes : Silva Tscharner + département technique

DEPARTEMENT COMMUNICATIONCoordination : Maxime DelhommeMagazine : Michel Desmot, Catherine Lagarrigue, Louis Vizzino, (Jean Paoli)Relations Ligues : Daniel Coneggo, Gérard MeresseMédiation : Fernand Azzopardi, Philippe MatteiDOM-TOM : Michel DesmotGrands Evénements : Patrick Bénézi ; Gilles EtienneSite Internet : Paul Lagarrigue, (Gilles Rettel)

DEPARTEMENT RELATIONS EXTERIEURESNational : U.F.A. : Maxime Delhomme, Paul Lagarrigue, Marcel DromerC.T.P. : Bernard Palmier, Mariano Aristin, Paul Muller, Gérard Clérin,Gilles RettelC.D.H.I. : Maxime Delhomme, Paul LagarrigueC.C.A.M. : Maxime Delhomme, Jean LiardInternational : (Aikikai, F.I.A., F.E.A. …)Maxime Delhomme, Christian Tissier, Gilles Etienne

AIKI-BUDODidier FerrierEtienne Bouley

AFFINITAIRESKI NO MICHI : Maxime DelhommeKYUDO : Maxime Delhomme

C.S.D.G.E.Co-Président : Paul LagarrigueMembres : Mariano Aristin, Joseph Argiewicz

Membres représentant les organisations professionnelles et les fédérations multisports :Patrick BénéziMichel PolloniPhilippe Tramon

ORGANIGRAMME de la FFAAA

Le COMITÉ DIRECTEUR de la FFAAA

BUREAU FÉDÉRAL : Maxime Delhomme, Président, Paul Lagarrigue, Vice Président, Michel Desmot, Secrétaire général, Robert Hanns,Secrétaire général adjoint, Marcel Dromer, Trésorier, Jean Liard, Trésorier adjoint.COMITÉ DIRECTEUR : Composé des membres du Bureau Fédéral et de Claude Jalbert, Président d'Honneur (non élu), ainsi que de : JeanMarc Aubry, Fernand Azzopardi, René Carpentier, Gérard Clérin, Daniel Coneggo, Michel Coulon, Michel Desmot, Gilles Etienne, Michel Hamon,Annie Jarry, Catherine Lagarrigue, Jean Robert Lefevre, Philippe Mattéi, Azzouz Mebarek, Gérard Méresse, Silva Tscharner-Piétri, Louis Vizzino,mais également du Président de l'Aikibudo Didier Ferrier et du secrétaire général Etienne Bouley qui sont élus par l'A.G. de la co-discipline.

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validation des acquis de l’expérienceDepuis 2002 un nouvel outil de qualification, la V.A.E., a été mis à la dispositionde celles et ceux qui souhaitent obtenir un brevet, un diplôme ou un titrereconnu, en faisant valoir, entre autre, leur expérience sur le terrain.

Obtenir un diplômesans examen.La loi de modernisation sociale de janvier 2002a établi le droit individuel à la Validation desAcquis de l’Expérience (V.A.E.) pour l’obten-tion d’un diplôme ou d’un titre.Les diplômes et titres ainsi obtenus ont la mêmevaleur et produisent les mêmes effets que lesautres modalités de certification (examen ponc-tuel , contrôle continu).Cette démarche, la VAE, reste encore très sous-utilisée dans le monde des arts martiaux et enparticulier dans notre discipline, l’Aïkido.

MotivationC’est pourtant en Aïkido que la démarche V.A.Edevrait rencontrer le plus de succès. En effet,de nombreux enseignants professent, et sou-vent depuis de longues années, sans aucundiplôme. En cas d’accident grave pour un deses élèves, l’absence de diplôme de l’ensei-gnant (BEES ou BF) peut avoir des conséquencestrès importantes. Sa responsabilité est directe-ment engagée.La présence d’un diplôme inverse le sens de lapreuve et protège ainsi l’enseignant a priori.La situation de ces enseignants, animateurs,assistants non diplômés ne pouvait jusqu’à pré-sent se modifier qu’à condition de se présen-ter à l’un des 2 seuls examens d’enseignantd’Aïkido en France : - le Brevet fédéral UFA, commun aux 2 fédé-rations agréées : la FFAAA et la FFAB, il seraabrégé par BF dans la suite.- Le Brevet d’Etat d’Educateur Sportif 1er degréou 2e degré d’Aïkido, nous l’appellerons BE1ou BE2 pour la suite.Mais si l’enseignant est expérimenté et ne sou-

haite pas se soumettre au stress, à la prépara-tion et aux affres d’un examen ponctuel, la voiede la VAE s’impose.C’est le BE1 ou le BE2 , en totalité : tronc com-mun et partie spécifique, qu’il vous est ainsipossible d’obtenir. Il n’y a pas à ce jour de V.A.Epour le BF.De plus le BE1 ou le BE2 est obligatoire pourqui veut exercer l’enseignement de l’Aïkidocomme une seconde source de revenu (semi-professionnel) ou à temps plein, comme pro-fessionnel .C’est la différence essentielle, pour l’instant,avec le BF qui ne permet pas d’enseigner contrerémunération.

Les conditionsJe vais dans cette première sensibilisation, mefocaliser sur le BEES 1er degré Aïkido, le BE1.Si vous disposez d’une expérience d’enseigne-ment qui s’étend sur plusieurs années : 3 auminimum et que cette expérience correspondà au moins 2400 heures, vous pouvez envisa-ger l’obtention du diplôme BE1, formationcommune et partie spécifique, par V.A.E.Il faut tout de même posséder les pré-requisqui sont aussi nécessaires pour se présenter àl’examen ponctuel de ce diplôme. Ce sont : - être titulaire de l’AFPS : attestation de for-mation aux premiers secours , autrefois le Brevetde secouriste ;- être titulaire du grade de 2° dan d’état oud’un grade plus élevé; grade délivré par l’UFA.

La démarcheElle débute pour le « candidat » au diplômepar V.A.E par une visite à la direction régiona-

le et départementale de la jeunesse et dessports, la DRDJS , ou selon

le cas, à la direc-tiondéparte-mentale dela jeunesse etde sports , la DDJSla plus proche de sonlieu de résidence.Le candidat y retire le dos-sier V.A.E. Il lui est remis avecun guide d’utilisation.

Le dossier est composé de 2 par-ties distinctes :- la 1ère permet à l’administrationd’examiner la recevabilité de lademande ;- la seconde sert à l’analyse descriptive des activités exercées par le candidat.

Le candidat est responsable de son dos-sier de V.A.E. et en adresse la premièrepartie à la DRDJS de son lieu de résidenceen 2 exemplaires pour obtenir un avis derecevabilité.La DRDJS examine cette première partie pourconstater :- l’existence des pré-requis : AFPS et 2e dand’état (UFA) ,- la validité de l’expérience (plus de 2400 heuressur au minimum 3 ans) par le contrôle des attes-tations des présidents de club, responsables deMJC, de salles omnisports, ..... où le candidatsa enseigné ou exercé des activités d’encadre-ment qui entrent dans le champ professionnel

AÏKIDO La V.A.E.

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du diplôme ; Si ces points sont satisfaisants laDRDJS adresse un avis de recevabilité au candidat.Celui-ci termine alors son dossier et adresse ledossier complet, parties 1 et 2, au service orga-nisateur de l’examen du diplôme. Pour un Aïkidoka, c’est actuellement la DRDJSde Paris Ile-de-France, puisque l’examen de BE1et du BE2 d’Aïkido se déroule à Vanves.

ValidationC’est le même jury que celui de l’examen,épreuve ponctuelle, qui examine les demandesd’obtention du BE1 par V.A.E.Pour être plus précis, le président du jury duBE1 et BE2 d’Aïkido, inspecteur de la Jeunesseet des Sports, désigne certains membres dujury de cet examen, 3 à 4 semaines avant l’exa-men proprement dit, pour effectuer la lecturedes dossiers V.A.E qui lui sont parvenus. Double ou triple lecture. Durant le déroulement de l’examen classique

(4 à 5 jours) , les membres de la sous-com-mission V.A.E confrontent leurs

conclusions et formu-lent leurs

propositions.Le rejet de la demande, la validation partielle- certains groupes d’épreuves sont validées - ,ou la validation totale du BE1 ( ou BE2 le caséchéant) s’effectue en jury plénier en fin desession.

Le dossier, partie 1C’est la partie administrative. Elle comporteune dizaine de pages à renseigner par le candidat.Identité, adresse etc.Quelle est la demande ? Quel diplôme est sou-haité ? Tronc commun, partie spécifique , les 2 ?Le parcours scolaire et la formation sont à indi-quer de façon rapide.L’expérience doit ici être décrite de façon résu-mée en se limitant à : de telle date à telle datej’ai enseigné à… à tel rythme pour un totald’heures de… Chaque expérience est ici suivie de l’attestation signée par le présidentou secrétaire du club, par le directeur de laMJC, etc.

Le dossier, partie 2La taille est variable en fonction de la deman-de de 10 à 50 pages ou plus en fonction dudiplôme demandé.Elle comporte encore quelques parties à renseigner :

- rappel de l’identité ;- la motivation,

- les acquis : ceux-ci sont décris som-mairement à l’aide d’une fiche de

description par emploi ou acti-vité bénévole, en relation

avec le diplôme visé.

Puis le candi-dat estinviter àdécrire sesacquis de

façon dé-taillée avec la

mise en lumièrede l’exercice des

compétences viséespar le diplôme.

Dans la description des acquisil s’agit de reprendre de façon

plus précise les différentes

activités exercées pour lesquelles les attesta-tions ont été fournies dans la partie 1.Cette description détaillée implique que pourchaque type de compétence évaluée dans l’exa-men ponctuel, deux exemples de mise en œuvrede ces compétences au travers de l’activitédécrite soient fournis.

Exemple pour un BE1AïkidoVous souhaitez obtenir un BEES 1er degréAïkido complet : tronc commun et partiespécifique.Il faudra rédiger de 1 à 4 pages ou plus (enfonction de la compétence) pour chaque typede compétence qui est évaluée aux épreuvesde l’examen normal (cf. site de la fédération :http://www.aikido-france.com/be/ ).Il y a 5 épreuves au tronc commun du BE1 et5 autres épreuves à la partie spécifique Aïkido.

Compétences pour la partie spécifiquePour la partie spécifique du BE1 ces compé-tences sont évaluées par les épreuves suivantes :

1) Epreuve écrite portant sur les aspects tech-niques, éducatifs, historiques, …de l’Aïkido (cf. texte de définition, arrêté du 13 déc. 94).Deux activités sont à traiter qui peuvent cor-respondre à 2 sujets d’écrit des annales ;

2) Oral général. La compétence évaluée danscette épreuve est relative à la connaissance età la compréhension des règlements qui régis-sent notre discipline. Ici également il suffirait detraiter de 2 questions de l’oral : modalités d’ou-verture d’un club, l’agrément, la délégationde pouvoir, etc. ;

3) Pédagogie. Deux cours pourraient êtredécrits. Chaque description comporterait lecontexte détaillé (club, situation du cours dansune progression annuelle, public prévu). Cette description serait suivi d’un plan de coursdétaillé : thème en relation avec la progressionannuelle, objectif global, sous-objectifs , tech-niques prévues , indicateurs et consignes. Puispourrait suivre la description de l’éventuelleadaptation du cours par rapport au public réel-lement présent. Enfin pourraient figurer deséléments d’évaluation globale par rapport àl’objectif.

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4) Epreuve technique. Par la descriptiondétaillée de 2 ou 3 techniques d’Aïkido , accom-pagnée de photos ou même de documents surCD ROM, vous devez faire apparaître le niveauexigé : celui de 2e DAN confirmé. Attention :la simple production de votre diplôme de 2eDAN d’état ou même de 3e ou 4e DAN n’esten aucun cas suffisante. ( Mais c’est une condi-tion nécessaire).

5) Oral technique. Deux sujets parmi ceux figu-rant dans les annales (cf. site de la FFAAA)seront traités par écrit. Lire remarque 1.

Compétences pour la partie tronc communPour la partie Formation Commune du BE1,aussi appelé « Tronc commun », il est en effetcommun à tous les sports, 5 autres épreuvesévaluent d’autres types de compétences, plusgénérales, plus transversales. A chaque fois 2expériences sont à décrire. Cf. Remarque 1.

1) Epreuve de sciences biologiques. Les com-pétences évaluées concernent des connais-sances en biomécanique, physiologie, préven-tion, hygiène, etc.

2) Sciences humaines. Les compétences évaluées concernent la connaissance et la compréhension des publics, l’animation d’ungroupe, de façon générale l’enseignement desactivité physiques et sportives.

3) Cadre institutionnel, socio-économique etjuridique. Deux expériences à décrire comme pour chaquegroupe d ‘épreuves. Cf. Remarque 1.

4) Gestion, promotion, communication liéesaux champs d’activités des APS.

5) L’esprit sportif, respect d’autrui, nouveauxproblèmes de société. Pour cette épreuve il suf-fit de remplacer « arbitrage » par évaluationdes grades dan et « arbitre » par juge .

C’est d’ailleurs la dénomination actuelle desmembres de jury de passages de grades. Cesont certainement les compétences de cetteépreuve qui sont les plus faciles à illustrer pourun enseignant d’Aïkido.

Remarque 1 : Pour plus de détails consulter le site de la fédé-ration ou suivre le stage national annuel depréparation aux BE1, BE2 et V.A.E. (gratuit )organisé par la FFAAA.

Conclusion

EntretienPour une demande du BE1 d’Aïkido complet(TC et PS) par V.A.E., le dossier (2° partie) peutcomporter plus de 50 à 60 pages et deman-der un travail de compilation et de rédactionnon négligeable. Cette quantité de travail estau final certainement comparable à celle néces-saire pour la préparation du BE1 par examenponctuel. Mais sans le stress de ce dernier.Aucune entrevue de contrôle de compétencen’est prévue.Il peut y avoir un entretien du candidat avec lejury de l’examen du BE1, soit à l’initiative dujury pour des explications sur les activités décrites(rare) ou à celle du candidat lui-même, s’il souhaite apporte des éclaircissements sur sonexpérience.L’entretien reste l’exception. La règle pour l’obtention du diplôme par V.A.E.veut que celui-ci soit délivré au seul examendu dossier V.A.E. par le jury de l’examen ponc-tuel du diplôme.

AccompagnementUn accompagnement peut-être demandé à laDRDJS. C’est une aide méthodologique pourpermettre au candidat de mieux analyser, puisdécrire ses expériences en termes de compétences du diplôme. Cet accompagnement « officiel » est souvent payant et rarement

effectué par des accompagnateurs connaissantl’Aïkido .Le stage national annuel de la FFAAA de pré-paration aux BE1, BE2 s’occupe depuis cetteannée de ce travail d’accompagnement pourles BE1 et BE2 en plus de la préparation del’examen ponctuel.Ce stage de 5 jours habituellement program-mé en mai est prévu pour 2006 du 15 au 17avril et du 3 au 5 novembre*. C’est un stage entièrement financé par la fédé-ration donc gratuit. Il est dirigé par Gilles Rettel,Gilbert Maillot, et Paul Muller. Les animateurs,tous BE2, ont une expérience pédagogiqueconséquente et une connaissance directe del’accompagnement de dossiers VAE. Il restechaque année quelques places disponibles.

Paul Muller, 7e dan

*Pour plus de précisions voir rubrique stages sur:www.aikido.com.fr

Acquis del’expériencecommeenseignantd’Aïkido

VAE pourBE1

Compétences actées par les épreuves :

1.Sciences bio

2.Sciences humaines

3.Cadre institut.

4.Gestion, promotion

5..L’esprit sportif

1.Epreuve écrite sur aspects techn. et éduc.

2.Oral général.

3. Pédagogie

4. Epreuve technique,niveau de 2° dan conf.

5. Oral technique

Partie Spécif.

Tronccom.

AÏKIDO La V.A.E.

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INFOS

◆ ALSACE19 et 20 novembre 2005 - Strasbourg - Robert Arnulfo

◆ AQUITAINE15 janvier 2006 - Bordeaux-Cestas - Paul Muller

◆ AUVERGNE20 mai 2006 - Clermont-Ferrand - Christian Tissier

◆ BOURGOGNE5 février 2006 - Dijon - Christian Tissier

◆ BRETAGNE26 février 2006 - Rennes - Christian Tissier

◆ CENTRE28 janvier 2006 - Luisant prés Chartres - Christian Tissier

◆ CHAMPAGNE21 janvier 2006 - Troyes - Christian Tissier

◆ CORSE14 mai 2006 - Corte - Christian Tissier

◆ COTE D’AZUR12 mars 2006 - Puget ou Boulouris - Paul Muller

◆ FRANCHE-COMTE2 avril 2006 - Vesoul - Gérard Chauvineau

◆ GUADELOUPE16 au 20 janvier 2006 - Basse-Terre - Christian Tissier

◆ GUYANE11 au 15 avril 2006 - Cayenne - Pascal Norbelly

vILE-DE-FRANCE4 décembre 2005 - Paris - Christian Tissier12 mars 2006 - Paris - Franck Noël

◆ LANGUEDOC-ROUSSILLON14 janvier 2006 - Montpellier - Christian Tissier

◆ LORRAINE11 mars 2006 - Metz - Christian Tissier

◆ MARTINIQUE 21 au 25 novembre 2005 - Lamentin - Christian Tissier

◆ MIDI-PYRENEES12 février 2006 - Toulouse - Bruno Zanotti

◆ NORD7 janvier 2006 - Pont à Marcq - Christian Tissier

◆ BASSE-NORMANDIE29 janvier 2006 - Caen - Christian Tissier

◆ HAUTE-NORMANDIE22 janvier 2006 - Rouen - Franck Noël

◆ PAYS DE LOIRE18 et 19 mars 2006 - Nantes - Franck Noël

◆ PICARDIE26 mars 2006 - Laon - Christian Tissier

◆ POITOU-CHARENTES2 avril 2006 - Poitiers - Christian Tissier

◆ PROVENCE15 janvier 2006 - Simiane - Christian Tissier

◆ LA REUNION11 au 18 décembre 2005 - St-Denis - Patrick Bénézi

◆ RHONE-ALPES8 janvier 2006 - Lyon - Christian Tissier

◆ STAGE PREPARATION BEdu 15 au 17 avril 2006du 3 au 5 novembre 2006avec Gilbert Maillot et Gilles RettelLieux à déterminer *

◆ STAGE PREPARATION 3e et 4e dan28 et 29 janvier 2006 - Fontenay-aux-Rosesavec Bernard Palmier et Arnaud Waltz3 et 4 juin 2006 - Bordeauxavec Paul Muller et Alain Verdier

◆ STAGE DE PREPARATION JEUNES25 au 28 mai 2006 - Parthenayavec Jean-Michel Mérit

* Voir rubrique stages sur www.aikido.com.fr

CALENDRIER DES MANIFESTATIONS ET DES STAGES NATIONAUX SAISON 2005 / 2006

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STAGE iNTERNATIONAL

✦ BRÉTIGNYstage dirigé par Yasuno sensei, 7e dan,du 18 au 19 février 2006. Rens. au 0143282990 et 0603247649.

STAGES DES TECHNICIENS

✦ LA ROCHELLEstage dirigé par Jean-Luc Subileau, 6e dan,Du 10 au 16 juillet 2006 à Lagord près de La RochelleRenseignements au 05 49 09 60 74.✦ VINCENNESstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du15 au 20 avril 2006. Rens. au 0143282990 et 0603247649.✦ BISCAROSSEstage d’été dirigé par Alain Verdier, 6e dan, du 29 juillet au 3 août 2006 .Renseignements au 0556120794 ou0556070737 et 0558787121.✦ SARREBRUCKstage dirigé par Gilles de Chénerilles, 5e dan, 1er juillet au 6 aout 2006.Infos : [email protected] ou au 0049 17 6102306

✦ ÉVIANStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,du 5 au 11 août 06 2006.Renseignements au 0468620620 et0615200696.✦ MARVEJOLSStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,du 12 au 18 août 06.Renseignements au 0468620620 et0615200696✦ VALLOIREstage dirigé par Christian Mouza, 5e dan,12 au 18 mars 2006.Rens.: 0608162488.Site: www.christianmouza.com✦ PORTO-VECCHIO stage dirigé par Christian Mouza, 5e dan, DTR Corse, du 17 juillet au 22 juillet 2006 Rens.: 0608162488.✦ ESTAVARstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du 5 au 12 août 2006. Rens. : au 0468731334.✦ ST-PIERRE D’OLÉRONstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du17 au 29 juillet 2006. Rens.: au 0561261031-0563335170.✦ BOULOURISstage dirigé par Alain Guerrrier, 7e danAïkikaï, Philippe Grangé 5e dan Aïkikaï.

1 cours sur 2 par P. Grangé sera consa-cré au Taïchi, du 25 au 28 mai 2006.Rens.: 0663061400.✦ ROQUEBRUNE-SUR-ARGENSstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 6 au 11 août 2005. Rens. au 0143282990 et 0603247649.✦ ILE DE NOIRMOUTIERstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, dudu 10 au 16 juillet 2006. Renseignements au 0241487566.✦ WATTENS EN AUTRICHEstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 19 au 25 août 2006.Rens.: [email protected]✦ MONTRÉALstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 20 au 23 juillet 2006.Rens.: 0388840134-0686570166.✦ ST RAPHAEL-BOULOURISstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 26 au 31 août 2006.Rens.: 0388840134-0686570166.✦ LE TEMPLE-SUR-LOTstage adultes et enfants dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du 7 au 12 août 2006 Renseignements au 0553405050. ✦ GUJAN-MESTRASstage dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du

19 au 14 juillet 2006 (Adultes).Renseignements au 0546963161.✦ AUTRANSstage dirigé par Bernard Palmier, 6e dan,22 au 29 juillet 2006.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0609766233.✦ HENDAYEstage Aïkido et arts martiaux internesanimé par Philippe Grangé, 5e dan, du 9 au 15 juillet 2005. Rens : au [email protected]✦ WÉGIMONT - BELGIQUEstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 13 au 20 août 2006.Rens. au [email protected]✦ FOUESNANTstage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan,du 14 au 21 juillet 2006.Rens. : 01408086442-0611401931✦ PRAGUEstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, du 26 juin au 2 juillet 2006.Renseignements au 0241487566.✦ MONTREVEL EN BRESSEstage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan,du 23 au 28 juillet 2006.Rens. : 01408086442-0611401931

INFOS

WORLD GAMES à DuisburgDu 22 au 24juillet 2005, sesont tenus àDuisburg, enAllemagne, lesWorld Games(Jeux Mondiaux)qui sont l’équiva-

lent des Jeux Olympiques pour les sports qui n’y ont pas accès. L’Aikido, disci-pline non compétitive y est invité en tant que discipline de démonstration. L’Aïkikaïet la Fédération Internationale (FIA) sont parties prenantes de cette manifesta-tion et en ont confié l’organisation au shihan résidant en Allemagne, maîtreKatsuaki Asai qui célébrait par la même occasion ses 40 ans de présence dansce pays, organisant, en marge des démonstrations, un stage international.Les deux manifestations jumelées sous sa responsabilité ont attiré un grandnombre de pratiquants du monde entier (2000) et plusieurs milliers de specta-teurs pour les démonstrations. L’ensemble, très largement relayé par les médias,a permis de présenter notre discipline à un public nombreux et divers. Sous la

conduite du Doshu Moriteru Ueshiba, une délégation japonaise très impor-tante a fait le déplacement : les maîtres Kobayashi 8e dan, Fujita 8e dan, Asai7e dan, Miyamoto 7e dan, Katayama 7e dan, Kanazano 6e dan, Sazuki 6e dan.Pour encadrer le stage lui-même, l’Aikikaï et maître Asai ont sollicité le Doshubien sûr, ainsi que maître Asai 8e dan, maître Kobayashi 8e dan, maître Miyamoto7e dan, maître Fujimoto 7e dan, représentant de l’Aïkikaï pour l’Italie, et ChristianTissier 7e dan. Tous ces Shihans ont effectué chacun 3 cours par atelier de 400à 500 personnes, ce qui n’était pas vraiment idéal pour la pratique mais trèsamical pour l’ambiance. Les mêmes senseï ont effectué les démonstrationsmagistrales auxquelles sont venues se joindre différentes délégations présentesdont celle du Japon emmenée par Fujita sensei ainsi que la Belgique, la Hollande,la Bulgarie, le Chili, la Grèce, la Suède etc. En conclusion, une manifestationchaleureuse de très haut niveau, tant sur le plan de l’organisation que sur l’ima-ge qu’elle laissera aux prati-quants ainsi qu’aux non initiésqui se sont déplacés pour prati-quer et découvrir.

Les ateliers de Christian Tissier ont fait

le plein lors des World Games.

La délégation de l’Aïkikaï accompagnant le Doshu alargement contribué au succès des Jeux Mondiaux

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LIRE-VOIR-ÉCOUTER

COMPRENDRE LA RÉGLEMENTATION DE L’AÏKIDO EN FRANCEPar Stéphane AdamCet ouvrage est destiné à tous ceux qui désirent ensavoir plus sur les structures générales (relations avec le MJS, BEES, AS déclaré, etc.) et techniques (fédération, ligues, CTP, CSDGE, etc.)de l’Aïkido hexagonal. Cet livre vous concerne tous,l’enseignant qui prépare des examens, mais également le pratiquant qui souhaite connaître ses droits et obligations.120 pages, 25 €.À commander au : 0241479223 ou par mail: [email protected]

AIKIDOPRINCIPES ET APPLICATIONSIMMOBILISATIONS ET PROJECTIONSPar Christian Tissier 7e shihanDans ce coffret 2 DVDChristian Tissier, l’incontour-nable référence de l’Aïkidoauthentique en Europe pro-pose, sous une forme simpleet précise, la découverte des principes fondamen-taux de l’Aïkido à travers toutes les techniques d’im-mobilisations et de projections sur les diverses formesd’attaques classiques. En bonus, vous pourrez revivre la saga des 3 Doshude l’Aïkikaï ainsi que les démonstrations de ChristianTissier shihan à Bercy. Durée 2h 50.Coffret 2DVD au prix unitaire de 65€

A commander à : Cercle Tissierpar courrier : Cercle Tissier108, rue de Fontenay - 94300 VincennesPour tous renseignements : 06 03 24 76 49

LA RÉFÉRENCE DES MOUVEMENTS DE BASEDémonstrations à Tokyo par 0 sensei Morihei Ueshiba et ses disciples directs

Dans ce film, AlainGuerrier, 7e dan, a inclusdes prises de vue réaliséespar lui-même lorsqu’il résidait au Japon, concernant les maîtres : Kishomaru Ueshiba,Yamaguchi, Osawa, maisaussi, pour la transmissionen France : Tadashi Abe,Mutsuro Nakazono,Masamichi Noro. Après l’historique en image,

nous verrons O’Sensei Morihei Ueshiba dans l’ancien Aïkikaï démontrant son art, puis les coursd’aujourd’hui dans les dojos de Tanabe, Shirataki,Shingu, Iwama, l’Aïkikaï.Également des démonstrations de KishomaruUeshiba au Budokan, mais aussi le Kagami-biraki àl’Aïkikaï de Tokyo.Durée : 44mn - DVD : 39€ - VHS : 35€.A commander auprès de l’auteur : Tel / Fax : A. Guerrier 0494531400

LA LEçON DE ZENFACE À MON INCOMMENSURABLE STUPIDITÉ

Soko MorinagaVoici le récit émouvant d’un homme qui nous ressemble. Sans rien cacher de sesdoutes et de ses erreurs, Soko Morinaga nous fait partager son parcours. Sur le

ton de la confidence, il retrace avec lucidité et humour, les étapes qui l’ont menéd’un état de désespéré à celui de maître éveillé avec pour principal souci celui de

nous faire retrouver «l’état naturel et lumineux du cœur avec lequel noussommes venus au monde». Dans ce livre rafraîchissant, pétillant d’humour et de

sagesse où le jargon bouddhiste est pour ainsi dire absent, ce maître contemporain restitue son aspect naturel et vivant.

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HARACentre vital de l’homme

Karlfried Graf DürckheimLe Hara n’est pas seulement unethéorie doctrinale. C’est l’ensei-gnement d’une pratique au ser-vice de l’essentiel. Le retour enson centre originel de l’homme

a toujours joué un rôle décisifdans l’engagement sur la voie.Lapratique du Hara aide à prendre

conscience de ce processus.254 pages,18€

Le Courrier du Livre

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Jean-Paul Nicolaï, 5e dan, a découvertl’Aïkido chezNakazono senseï auxcôtés de ChristianTissier et de Franck Nœl.Comédien dethéâtre hors dutatami, il enseignedans son dojo deLa Celle-St-Cloud un Aïkido très inspiré par sonexpérience d’artiste.Rencontre avec un esthètepassionné.

ÀÀ quels sensei vous réferez voustechniquement Pour moi un maître n’est pas qu’une simpleréférence technique. À l’intérieur du choix destechniques qu’il enseigne et la façon dont il lesexécute, il transmet sa propre vision de l’Aïkido. L’élève a intérêt à choisir le maître qui cor-respond à ses propres motivations, à son expé-rience, à sa sensibilité et à sa compréhensiondu moment.Dès le début de ma pratique, j’ai été prochede Christian Tissier. Après avoir pratiqué assi-dûment avec Tamura sensei et Chiba sensei, jel’ai retrouvé, dès son retour du Japon, et main-tenant encore je m’entraîne régulièrement àVincennes. C’est lui qui m’a ouvert les portes.Alors que j’avais déjà fait un grand parcoursavec lui, il m’a présenté à Yamaguchi sensei

lors de ses premiers stages à Paris et quelquesmois après, je partais pendant huit mois à Tokyopour pratiquer exclusivement l’aikido, à raisonde quatre heures par jour. J’ai pu profiter alorsde l’enseignement de Yamaguchi sensei quim’avait invité, dès mon arrivée à l’Aïkikai, à sondojo privé de Shibuya.Cette rencontre se situait au moment où j’avaisdécidé de changer radicalement de vie et la

vision de l’Aïkido de Yamaguchi sensei corres-pondait exactement à mon aspiration. Depuisje continue inlassablement ma recherche danscette direction.

Sur quels principes fondez- vousvotre enseignement ?J’enseigne depuis trente ans. Ma démarchepédagogique n’est surtout pas dogmatique.

RENCONTRE Jean Paul NICOLAÏ

d’un art l’autre

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Je me remets en question en permanence. Un club d’Aïkido est avant tout une rencontred’êtres humains et je cherche à chaque fois àfaire un cours adapté au moment. Il y a lesprincipes d’Aïkido connus par tous. Et puis il ya la façon de pratiquer qui est propre à l’en-seignement du professeur mais aussi à la per-sonnalité de l’élèveDeux choses m’ont marqué au cours de mesannées de pratique. La première c’est laconsigne que m’a donnée Yamaguchi senseià mon arrivée à Tokyo : « Décontractez les braset les épaules ; le reste suivra ». La deuxièmec’est la correction que m’a infligée Myamotosensei, à l’époque uchideshi à l’Aïkikai. J’aiattendu quinze jours avant de le réinviter :j’avais pris le temps de la réflexion. Lorsque jesuis retourné au « combat », je n’étais plus àsa merci et j’ai pu pratiquer dans un autre esprit.J’avais compris concrètement ce que voulaitdire « avancer avec son centre sur celui dupartenaire ». Facile à dire mais il faut beaucoupde temps pour préparer et conserver son corpsà cette aptitude. Ce sont ces deux clés quim’ont donné les éléments de ma proprerecherche et de mon enseignementJ’insiste donc sur la décontraction, la sensa-tion et le principe d’irimi dans l’exécution dyna-

mique des techniques.

À quoi faudrait-ilattacher le plus d’importance dans la

pratique de l’aikido ?De ce que j’ai pu remar-quer dans l’enseignementdes maîtres sur le longterme, c’est que le nombrede techniques qu’ils ensei-gnent est très limité et lesmaîtres font étudier inlas-sablement ces techniquesà longueur de cours : l’ob-jectif est de faire expéri-menter la sensation del’élève pour s’approprierla technique et l’exécuteravec des partenaires àchaque fois différents.Cela veut dire unerecherche à partir de lasensation, à l’écoute desréactions de l’autre.La technique n’est pas unefinalité mais un outil pourdévelopper son corps,pour exécuter cette tech-nique en harmonie avecles réactions de son par-tenaire et se libérer ( devenir libre). À partir de mêmes techniques, chaque maître a sonpropre style.Dans sa technique, il nous propose sa proprevision de l’Aïkido car celui-ci est extrêmementriche et permet un approfondissement dansdes directions apparemment très différentes.Quand j’enseigne et quand je pratique, je conti-nue inlassablement cette recherche qui néces-site un doute permanent, qui oblige à accep-ter qu’une technique ne se réalise jamais de lamême manière, qui refuse les certitudes défi-nitives Pour moi, ce merveilleux instrumentqu’est l’Aïkido est un outil de recherche per-manente de découverte, de prise de conscien-ce de son corps et d’échange avec le parte-naire. Cette recherche est illimitée et nécessi-te un travail permanent. Et c’est dans ce sens-làqu’elle est inépuisable et enthousiasmante.Quand je participe à un cours ou un stage avecun maître, je cherche à sentir, à expérimenter,au-delà du détail, sa vision de l’Aïkido. Et c’estde cette façon que je travaille avec mes élèves.Je cherche très vite à les rendre autonomes età développer leurs facultés à reconnaître si leurtechnique est juste. Et il n’y a qu’un passagepossible…

Mais dans cette démarche, on va vers l’inver-se de la simplification ; on accepte la com-plexité de la vie et on creuse toujours. Les résis-tances qui se présentent les premières sontcelles de notre corps, et si nous sommes inté-ressés à pousser plus loin, nous nous aperce-vons qu‘elles correspondent aussi à celles denotre mental.

Faut-il pratiquer les armes pourbien comprendre l’aikido ?Pendant longtemps, j’ai pratiqué les armescomme tous les aïkidoka mais sans en déga-ger d’intérêt particulier ; j’avais déjà suffisam-ment de choses à approfondir avec l’Aïkido.Aujourd’hui je considère le jo comme un outilpédagogique intéressant pour compléter l’ac-cent mis sur les postures et développer les sen-sations en situation de combat.Ces derniers temps, je me passionne pour leKen-jutsu que je trouve totalement complé-mentaire du style d’Aïkido que j’ai choisi. Dansla pratique du Ken-jutsu, on est dans un étatde vigilance permanent, nécessaire au jaillis-sement d’une coupe ou d’une pique fulgu-rante, à tout moment, dès qu’il y a une faille.Et pour moi cet état est absolument nécessaire

L’union de l’esthétique

dans l’efficaciténe pose plus de

problème àJean-Paul

Nicolaï… sur letatami commesur une scène

de théâtre.

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quand on pratique un Aïkido fluide et harmo-nieux avec le partenaire.. Il rend la présencedangereuse et oblige le partenaire à suivre etgarder le contact (eau ,feu).L’approfondissement de l’étude des coupesdéveloppe également la puissance et permetd’approfondir les appuis et la liberté deshanches.

Pour vous, l’Aïkido, est-ce vraiment « 10 000 techniques… un seul esprit » ?Je ne savais pas qu’il y avait 10 000 techniques.Je pense qu’il y en a beaucoup moins d’homo-loguées, mais si on veut considérer les variationsde chacune, leur nombre est illimité et impos-sible à recenser. Chaque maître a naturellementchoisi son cadre (en l’occurrence un nombre limi-té d’exécution de techniques et une tendancedans la manière de les exécuter) qui, pour lui,lui permet d’approfondir encore sa recherchedans une direction précise et pour son disciplereprésente une série de pointillés qui le condui-ra à découvrir le sens que le maître lui transmet.J’ai pratiqué plusieurs arts martiaux et pour moi,ma préoccupation constante, dans ma pratiqueet dans mon enseignement, est l’efficacité dansle cadre du Budo. Je considère l’Aïkido comme

un merveilleux système d’éducation préparantà l’attitude idéale dans le combat. La techniqueest avant tout un outil et non une finalité direc-te. L’étude est complexe car on a en face de soiun partenaire et non un adversaire. Et s’il y amalentendu dans la compréhension des rôles,la pratique peut s’avérer inadaptée. Pour moi,uké doit réagir constamment à l’action de tori.Et c’est parce que le partenaire est sophistiquéque la technique peut être complexe et permetd’approfondir l’expérience du contrôle de l’autre.Mais si les réactions sont conventionnelles, onn’a pas la présence des surprises constantes dela vie qui permettent de garder constammentnotre vigilance en éveil. Je refuse l’Aïkido conve-nu entre aïkidoka… C’est pour cela que j’at-tache une grande importance au rôle d’uké dansmes cours. Dans l’exécution d’une technique,dès qu’il y a perte de contact, il y a sanctionpotentielle et cette vigilance devrait obliger àbouger les corps. Dans cette préoccupation del’efficacité, j’ai pu remarquer que physiquementou mentalement, dès qu’on évoque le combat,les poings se serrent, les épaules se raidissent etles gens se transforment en statue. C’est contrecette réaction instinctive qu’il faut constammentœuvrer et c’est cet esprit paradoxal d’accueil etde détente devant l’agression qui est primordial

▼ Un maître n’estpas qu’une simple référence technique.À l’intérieur du choixdes techniques qu’ilenseigne et la façondont il les exécute,il transmet sa proprevision de l’Aïkido.L’élève a intérêt àchoisir le maître quicorrespond à sespropres motivations,à son expérience,àsa sensibilité et à sacompréhension dumoment.▲

L’étude du ken, en favorisant le travail du positionnementpermet de dévellopper de l’état de vigilance.

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dans l’exécution des tech-niques et la recherche dusens. Cela ne peut se faireque progressivement. Si ondécontracte les bras et lesépaules, on ne peut pasfaire une techniqued’Aïkido en statique et sansbouger le reste du corps. Ilfaut donc entrer dans unsystème de recherche quireproduit au ralenti ce quise ferait à vitesse normale.Le travail sur le contact per-met de sentir commentl’énergie doit circuler dansson propre corps et conti-nuer dans le corps del’autre et ainsi, vérifier les

endroits où l’énergie ne passe pas, empêchéepar la raideur d’une articulation. Cette rechercheest illimitée ; elle se continue au-delà du tatamiet nous permet de comprendre pourquoi desmilliers d’aïkidoka continuent à pratiquer touteleur vie alors qu’il n’y a pas de compétition pourmettre en valeur leur ego.

Hors du dojo vous êtes comédien,

alors, monter sur le tatami,est-ce comparable à l’entréesur la scène d’un théâtre ?Oui. J’ai travaillé dans des compagnies où lascène était considérée comme un lieu sacré etentrer dans un personnage en présence dupublic, c’était entrer dans une autre dimension.Pour l’Aïkido, c’est peut-être plus simplementl’occasion de quitter le quotidien et s’évaderdans un autre univers où chacun se retrouvelibre, face à lui-même et à sa propre respon-sabilité. Et si le pratiquant peut prendreconscience de cette situation possible, cela peutêtre pour lui la possibilité de se libérer descontraintes quotidiennes pendant un momentet de s’exprimer pleinement.

La pratique avec partenaire enaikido vous aide-t-elle dans larelation comédien-spectateur ?Beaucoup de comédiens pratiquent l’Aïkido,qui est d’ailleurs enseigné dans plusieurs écolesde théâtre. La formation physique du comé-dien l’aide à comprendre le fonctionnementcorporel également dans la pratique de l’ex-pression corporelle, du mime, de la danse, del’acrobatie et des méthodes telles que Mézières,Feldenkreis, Alexander, etc.Le comédien a besoin d’une grande disponi-

bilité corporelle, d’une écoutedes partenaires et de l’espaceenvironnant.L’Aïkido, pratiqué dans un espritde découverte de soi, de déve-loppement de ses capacités etd’harmonie avec l’autre, va dansle sens de ses besoins. Il est évi-demment aussi très utile pourdes scènes d’action.

Le travail sur l’ego en Aikido ne s’oppo-se-t-il pas avec l’exposition naturelledu comédien ?Il y a deux catégories d’acteurs( selon Louis Jouvet ) :- l’acteur doué d’une forte per-sonnalité qui choisit de tirer lerôle à lui ;- le comédien, généralementplus effacé, qui travaille à entrerdans le personnage.

Le grand public connaît surtout les stars, quiappartiennent généralement à la première catégorie.Les comédiens (deuxième catégorie) font géné-ralement du théâtre et ont besoin de travaillerprofondément car « entrer dans un personna-ge » représente beaucoup de recherche. ArianeMnouchkine dit qu’il faut d’abord chercher « la page vierge » pour pouvoir entreprendrela création d’un personnage.Cela demande un grand travail physique où lecorps doit oublier toutes les habitudes et rede-venir disponible. Le comédien doit être constam-ment en observation des postures physiqueset des effets de chacune sur son intériorité men-tale et affective. Inversement, pour construireson rôle, il se met à la découverte d’une situa-tion qu’il n’a peut-être jamais vécue et soncorps se construit à partir de ce travail de l’ima-gination. La partie la plus difficile de cette créa-tion est d’effacer son ego pour entreprendre cettemétamorphose. Pour le comédien, la représen-tation n’est pas une exposition mégalomane delui-même mais la présentation au public de sacréation artistique La création peut être pré-sente dans l’art dramatique comme dans l’artmartial mais cela implique l’investissement detout l’être profond.

Votre pratique se retrouve-t-elle dans l’adage « connais toitoi-même » ?Je crois que c’est cet adage qui m’a amené àchanger de vie , à exercer le métier de comé-dien et, en même temps, à être un pratiquantpassionné d’Aïkido. Car, pour moi, se connaîtresoi-même, c’est :- identifier ses propres obstacles qui empêchentle naturel ;- les rechercher chez et avec l’autre qui fait offi-ce de miroir.« L’ennemi, c’est soi-même »Dans la recherche de la « page vierge », j’aitoujours pratiqué les assouplissements et étéattentif au déroulement naturel du mouvementle long des articulations et, quand on avanceen âge, le corps a la gentillesse de sanctionnernos erreurs par la douleur.- Ca va mieux ! Merci. ●

Pour contacter Jean-Paul Nicolaï :www.aikido-nicolai.com

RENCONTRE Jean Paul NICOLAÏ

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L

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Les dessins du maître Sengaï ne trahissent jamaisune quelconque mauvaise humeur mais sont l’ex-pression d’un humour d’une grande lucidité. Pasde trace d’ironie ou de sarcasme, plutôt une cha-leureuse compassion et de la bienveillance àl’égard de ses contemporains, comme pour lemonde qui l’entoure.Beaucoup de mystère, et un sens inné du magiquetrempé dans l’encre de chine font de Sengaï lemaître zen du Myô.Sengaï calligraphe et peintre n’était ni un artisteprofessionnel, ni un moraliste voué à une critiquesatirique ou humoristique de la condition humai-ne de son temps. Il était avant tout un moine zenpénétré d’amour pour l’humanité. Son souhaitle plus profond était de répandre la paix et l’har-monie dans l’univers, comme le désirait forte-ment le fondateur de l’Aïkido Morihei Ueshibadans la pratique martiale de son art.Sengaï était le troisième fils d’une famille de pay-sans de la province de Minô dans le centre duJapon. À 11 ans, âge habituel de l’initiation à sonépoque, il fut tonsuré et reçu l’habit monastique.À 19 ans il débute son Angya, pèlerinage quiconsiste à rendre visite à des maîtres les uns aprèsles autres. Quand le jeune moine pense avoir trou-ver le maître qui lui convient, il reste auprès delui quelques années pour approfondir son étudedu zen. Sengaï décida de suivre l’enseignementde Gessen Zenji, un grand maître demeurant àNagata et ce jusqu’à la mort de ce dernier.C’est en s’ouvrant au sens d’un koan du maîtrechinois Kyôgen que Sengaï connut l’éveil dans lavoie du zen :Voici un homme suspendu par les dents à labranche d’un arbre, quand survient un moine quilui pose la question fondamentale concernant legrand principe du bouddhisme. Si l’homme nerépond pas à la question du moine, il manque àson devoir de piété. S’il ouvre la bouche pourrépondre, il tombe. Quelle solution proposez-vousdans cette situation critique ? Parlez ! Parlez !

le sourire du zenMaître dans l’art du pinceau, le maître de zen Sengaï (1750-1837), a donné à lacalligraphie des accents modernes et à ses dessins, humour et vivacité quisemblent annoncer labande dessinée actuelle.

L’UNIVERSLe carré -triangle-cercle est pour Sengaï la représentation de l’Univers.Le cercle représente l’infini qui est à l’origine de tous les êtres. Le triangle est le commencement de toutes les formes. De lui naît le carré, un double triangle…Ce processus de doublement se poursuit et produit la multitude des phénomènes.

UN HOMME TRAVERSE LE PONT DE LOGTremblant et frissonant,Un homme traverse le pont.Comment se fait-il que le pont coule Et que l’eau ne coule pas ?

BU JILe véritable aristocrate est un homme Bu Ji, libre d’anxièté.Rinzaï

ART ZEN

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À la mort de son maître, après treize annéespassées auprès de lui, Sengaï entreprit sondeuxième pèlerinage en s’arrêtant dans diversmonastères du centre et du nord du Japon. Unde ses camarades, qui avait étudié avec luiauprès de Gessen Zenji, l’invita à séjourner auShôfukuji, un temple de Hakata dans la pro-vince de Kyûshû.Quelques années plus tard, à l’âge de 40 ans,il fut nommé supérieur du Temple. Le Shôfukuji,fondé en 1191 par Eisaï est le premier monas-tère zen du Japon. Sengaï s’y installa en tantque 123e Supérieur, jusqu’à l’âge de 61 anspuis passa ses 24 dernières années libéré et reti-ré des affaires de ce monde.Bien que n’ayant pas reçu de formation en cal-ligraphie ni en technique de l’art de l’encre, nimême en peinture, ses dispositions naturellesd’artiste de la vie et de la nature humaine étaientparticulièrement riches. C’est surtout pendantcette période qu’il se lia d’amitié avec son voi-sinage et, en exprimant avec esprit et humoursa profonde compréhension du zen, il révélal’originalité de ses talents.De nombreuses légendes circulent à son sujet.L’une d’elle, particulièrement populaire, racon-te comment il vint un jour en aide à un desmembres de son monastère :Sengaï avait entendu dire que la nuit tombée,un de ses disciples avait l’habitude de quitterclandestinement l’enceinte monastique et ren-trait sans bruit à l’aube. Un matin où pour enjam-

ber la clôture du monastère, le délinquant posaitle pied de l’autre côté et tatônait pour trouverla pierre qui lui servait d’appui, il sentit quel-quechose de mou et de tiède. Parvenu de l’autrecôté sans incident il reconnu le visage de sonmaître, qui accroupi, faisait de son mieux pourlui assurer la sécurité de son passage.Le moine se sentit couvert de honte. Sengaï luiconseilla de retourner tranquillement dans sesquartiers sans un mot de plus sur le sujet.

Sengaï*, dont le nom est parfois abrégé enGaï, est le azana ou surnom sous lequel il estle plus connu. Mais souvent, selon sa fantai-sie, il signait ses calligraphies, ses peintures àl’encre ou céramiques des noms différents :Hyaku dô (Cent huttes), Kyo haku (Vide blanc),Mu hô sai (Sans lois), Amaku oshô (PrêtreAmahâ), entre autres. Sa vie, riche et heureuse, s’acheva l’année de ses 88 ans. ●

*Sengaï,D.T. Suzuki - Le Courrier du Livre

BODHIDHARMA DARUMACes honorables professeurs de bouddhisme, qui révèrent le Bouddha, quittent l’Est pour se rendre à l’Ouest, c’est-à-dire l’Inde. Monsieur Daruma qui n’aime pas le Bouddha, quitte l’Ouest pour se rendre l’Est.Je croyais qu’ils allaient se rencontrer à l’auberge de l’éveil. Pauvre de moi ! C’était un rêve !

LA LOUCHE ET LE PILONQuand la belle-mère use de la louche trop sévèrement, les jambes de la bru se durcissent comme deux pilons.

PORTIQUE SHINTÔLes Sept dieux du bonheur.

MONT FUJIQuand il léve la tête,

jusqu’au confins de l’horizon,il voit le déploiement des Cieux.

Quand il la baisse il voit l’étendu de la terre.Au-delà, brille une perle blanche,

unique, il n’y en a pas deux.

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QQUELLE EST LA FINALITÉ DU COLLÈGE DES TECHNICIENS ?Le Collège Technique propose et met en œuvre lesformations et les actions pédagogiques en lien avecla discipline, ainsi que la formation et les actionsdestinées à faire évoluer les pratiques pédagogiques.Les membres du Collège animent des stages tech-niques fédéraux.Ils participent aux divers jurys de passages de grades.Ils participent aux divers jurys d’examens du BrevetFédéral UFA, du Brevet d’Etat.Au regard du caractère unique de la discipline, lecollège technique est le lieu où se manifeste unepluralité d’expression à travers des pratiquants, ensei-gnants de haut niveau.

QUELS SONT LES DIFFÉRENTS DOSSIERS SUR LESQUELS VOUS TRAVAILLEZ ?Dans le cadre des activités interfédérales, en lienavec la Commission Technique Paritaire :- constitution et formation du corps des juges

fédéraux à l’échelle nationale et régionale ;- refonte du Brevet Fédéral UFA ;- obtention du diplôme d’Etat par Validation d’Acquisd’Expérience.En interne :- Politique fédérale, communication et partenariatentre le collège technique et le comité directeur.- Dans le cadre du séminaire technique national, quirassemble les techniciens de la FFAAA, nous avonsabordé des questions de fond sur la discipline à par-tir de nos expériences de terrain. Séminaire que j’aieu la charge d’organiseret d’animer ces deux der-nières années, relayé parle secrétariat fédéral.Comment chaque prati-quant devient-il, par soninvestissement, un vec-teur de la dynamiquefédérale ?Comment la formation

pour les passages de grades peut-elle permettre àl’individu de se bonifier à travers le temps ?Comment conjuguer la « quantité » de pratique etla « qualité » de laconscience accom-pagnant cette pra-tique ?Comment conjuguerdiscipline et relâche-ment ?Comment la pratique

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En juin 2004 Pascal Durchon, 5e dan, a accepté la présidence du Collège desTechniciens, relevant ainsi le défi de mener à bien une mission exigeante dansla voie tracée par ses prédécesseurs.

le défi del’harmonie

ENTRETIEN AVEC Pascal DURCHON

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évolue-t-elle avec l’âge ? Comment utiliser les situations de rivalité / coopé-ration comme outil d’accomplissement de soi ?À partir de l’expérience de quelques individualitésde haut niveau, comment structurer une pratiquede haut niveau à l’échelle fédérale ?

Y-A-T-IL UN PRINCIPE DE PROGRESSION AUQUELVOUS ÊTES PERSONNELLEMENT ATTACHÉ ?La formation, comme formalisation d’une expé-rience, me semble le principal vecteur de progres-sion. De façon concrète, je me suis appuyé sur lestage de préparation 3 / 4e dan dont j’étais à l’ini-tiative il y a 5 ans.Cette expérience a pris une nouvelle dimension ausein de l’équipe technique d’Ile de France, avecBernard Palmier (DTR), Arnaud Waltz, Pascal Norbellyet moi-même.La conception, l’organisation et l’animation durantdeux années de ce stage ont permis de donner unebase concrète à ces questions et d’ouvrir des champsd’investissement et de réflexion.Ce stage s’est révélé un lieu d’expression, de miseen perspective de diverses sensibilités, d’approchesdifférentes dans une volonté de cohérence et decomplémentarité, ce qui me semble être une bonneutilisation du cadre fédéral.Au-delà de l’évaluation des candidats, cette expé-rience a permis aux stagiaires de poser les basesd’une réflexion sur leur pratique afin que chaquepratiquant se sente acteur et devienne auteur de saformation. La préparation au passage de grade per-

met de prendre consciencede la nécessité d’une for-mation continue.L’ensemble de l’expériencea permis de poser les basesd’une perspective d’évolu-tion personnelle vers la pra-tique de haut niveau.

Le propos est d'utiliserl'Aïkido comme outil d'ac-complissement de soi. Afinde se sentir au cœur dumeilleur de soi-même.Faire le deuil du potentielphysique va nous permettrede découvrir d'autres poten-tiels. C’est tout d’abord ledeuil en terme d’illusion etplus tard en terme de réel.L’accomplissement de soi,se conjugue avec l’ouvertu-re à de nouveaux potentiels,avec la capacité de mettre entre parenthèses cer-taines illusions.La technique et le relâchement vont permettre dedévelopper une certaine maturité. La découverte denouveaux potentiels va permettre, chez certains,d'exprimer une fraîcheur, une joie dans la pratique.A mon sens, le sentiment de bonification résidedans la conscience d’être vivant au cœur de sonexpérience, tout au long de sa vie. Les pratiquants de haut niveau incarnent, chacun àleur manière, cette forme de bonification liée à lapratique régulière de l'Aïkido.

SUR QUELS PROJETS TRAVAILLEZ-VOUS ACTUELLEMENT ?D’une part, Pascal Norbelly, en contact avec des cadresde la fédération polonaise a été sollicité pour organi-ser une formation. Depuis 15 ans j’anime des stagesen Pologne avec d’autres enseignants formés parChristian Tissier. Nous avons le projet de former sur leterrain pendant deux ans des enseignants capables, àterme, d’animer une formation 3/4ème dan.Cette initiative sera relayée par mon ami AndrzejBazylko, élève de Christian Tissier, professeur à Varsovie,qui a participé à l’encadrement des deux stages de préparation 3 / 4e dan proposés en France.

Chez PascalDurchon la voie

de l’Aïki doitégalement être

ouverte aux plusfragiles comme

ici avecSébastien ,

jeune pratiquanttrisomique mais

sincèrementpassionné.

Une pratique de qualité passe

par un relachement que seul un

travail intensedans la durée

peut procurer.

▼ Le Collège Technique propose et met en œuvre les formations et les

actions pédagogiques en lien avec la discipline,ainsi que la formation et les

actions destinées à faire évoluer les pratiques pédagogiques… ▲

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D’autre Part, je participe à une réflexion sur laValidation d’Acquis d’Expérience (VAE), qui repré-sente un levier important de qualification à partir d’unprocessus de reconnaissance de compétences.De mes années passées à l’Université, j’ai retenu que« qualification ne rimait pas nécessairement avec compétence ».La France reste fascinée par les titres, héritage de l’an-cien régime, alors que les Anglo-saxons sont pluspragmatiques en la matière...La VAE me semble un outil fédéral et républicain dechoix permettant aux personnes de terrain de fairevaloir leur expérience.

VOS RESPONSABILITÉS FÉDÉRALES INFLUENCENT-ELLES VOTRE ENSEIGNEMENT ?Mes responsabilités fédérales me poussent, demanière relative, à traduire mon expérience en unlangage accessible à un plus grand nombre au-delàdu cercle de mes élèves.Ces responsabilités me permettent également derencontrer d’autres pratiques, d’autres représenta-tions et de me préserver d’une tentation sectaire. Par ailleurs, l’investissement et la confrontation, dansle cadre fédéral sont, à titre personnel, des exer-cices de base en termes «d’hygiène mentale » afinde se protéger des dérives de type « paranoïaques »ou à l’inverse « mégalomaniaques ».

QUELLE DOIT ÊTRE LA PREMIÈRE PRÉOCCUPA-TION DE L’AÏKIDOKA AU REGARD DES FINALITÉSDU CONTEXTE MARTIAL DE LA DISCIPLINE ?En 1999, Christian Tissier me remettait le 5e danAikikaï au Cercle à Vincennes. Les mots qui l’accompagnaient m’ont semblé une prescription :

« …5e dan, grade de matu-rité que je remets à unjeune… », j’avais 35 ans, cegrade venait récompenserl’investissement de plusieursannées ouvrant un nouveauchamp d’investissementAdulte.La maturité, en terme deprocessus me semble consti-

tuer une préoccupation essentielle, afin de gagneren lucidité, de cultiver une bienveillance face à l’étrange, voire l’étranger, tout en gardant une formede naïveté fondamentale. Art martial de paix, la finalité du contexte martialnous invite à ce processus de maturation.En japonais, comme le définit Claude Durix dansson ouvrage Le sabre et la vie, Budô signifie « lavoie du combat ». Le caractère qui signifie « com-bat » représente une lance et signifie par extension« les armes ». L’autre élément a le sens « d’arrêter,stopper, retenir »…Notre combat doit finalement aboutir à l’arrêt desarmes…L’Aïkido se définit par une recherche de pureté parle geste à travers des contraintes techniques. La pra-tique régulière va permettre de dépasser cescontraintes et tendre vers cet accomplissement.Ce chemin peut se décliner en trois grandes étapesque décrit Suzuki Shunryu dans son ouvrage Espritzen, Esprit neuf, que j’interprète dans le cadre demon expérience en Aïkido :- La pratique juste : La confrontation aux contraintesbiomécaniques qui régissent le corps, le nôtre, celuidu partenaire, par une discipline propre à notre pra-tique, va permettre de découvrir, d’expérimenter,

de gérer ces règles afin de s’en libérer.- L’attitude juste : Le sentiment de contrainte lié auxrègles biomécaniques étant tombé, le pratiquant seconfronte à la dimension psychoaffective. De nou-velles contraintes apparaissent qui demandent ledéveloppement de la détermination dans l’actionainsi qu’une certaine forme de détachement. L’attitudejuste, c’est celle de l’équilibriste sur son fil…- La compréhension juste : L’être est en échangepermanent avec les environnements dans lesquelsil évolue. La rencontre avec le monde, avec les autres,se vit intensément. Cette rencontre permet la com-préhension dans sa capacité à vivre « ici et main-tenant ». Forte de sa singularité, la personne esttraversée par un sentiment d’universalité.Ce que traduit Christian Tissier, à mon sens dansson enseignement par : « L’attitude juste au momentjuste ».

QUELS SONT LES OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE LAPRATIQUE DE L’AÏKIDO ?Je m’appuierai pour répondre sur un travail de for-malisation que j’ai fait l’an dernier pour préparerune intervention dans le cadre d’un master spécia-lisé en intelligence économique à l’ÉcoleInternationale des Sciences et du Traitement del’Information (EISTI).À l’issue d’une présentation des objectifs générauxde notre discipline, le projet était de proposer dessituations concrètes de prise de décision dans lecadre de la pratique de l’Aïkido à des étudiants de3e cycle. Ces objectifs :- Favoriser une attitude davantage tournée vers lemonde extérieur, manifester plus d'assurance engroupe ;- Ne pas avoir peur de son agressivité, se donner lesmoyens de l'exprimer, de la canaliser, et de l'épuiser ;- Favoriser une certaine stabilité émotionnelle, dimi-nuer les variations dans le niveau d'énergie, de sesintérêts, de ses humeurs ;- Travailler la détermination, se confronter à seslimites, avoir le goût du dépassement de soi ;- S'interroger sur son comportement, progresserdans son contrôle. Dans la pratique, la rencontre est l’objectif sur l’ins-tant. Sur le long terme, la pratique développe laqualité de cette rencontre. L’Aïkido permet une mise en interaction des quali-tés d’action et de conception par l’apprentissageafin de jeter les bases d’une attitude réflexive.1. L ’action :La pratique de l’Aïkido pourra favoriser les modifi-

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Travail avec ousans armes, l’esprit et la

philosophie del’Aïkido sont au

cœur de la pratique, comme

la conçoit Pascal Durchon.

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cations adaptatives du comportement au coursd'exercices, de tâches répétées, afin de développer,d'enrichir un ensemble de processus associés à l'exer-cice ou à l'expérience conduisant à des modifica-tions relativement permanentes du comportement. 2. La conception :La pratique régulière de l’Aïkido favorise :- La perception ;- La capacité de décision ;- La capacité d'organisation.3. Attitude réflexive :- Que dois-je observer ?- Que dois-je faire ?- Comment dois-je m'y prendre ?Il s’agira de favoriser les qualités d'attention, de vigi-lance, de concentration, de mémoire. Le jeu de sélec-tion de l'information permet de découvrir les notionsd'anticipation, de prise de décision jetant les basesd'un outil permettant la confrontation, la "gestion"de l'incertitude et la mise en place de stratégies faceà l'incertitude.La « pratique juste » représente la réconciliation dequalités apparemment contradictoires : anticipa-tion, écoute, vigilance, détermination, capacitéd’adaptation. Anticiper, mais rester capable des’adapter. Rester déterminé mais savoir écouter etêtre capable de changer…La pratique de l’Aïkido dans le dojo nous permetde créer un cadre à la fois épuré et sécurisé pour lapratique de cette réconciliation.Le dojo est un véritable lieu de « coaching », d’ac-compagnement des personnes ou d’équipes pourle développement de leur potentiel et de leurs savoir-

faire comme le définit mon ami MarcBabic, consultant dans l’industrie, dansson cours de master en management àl’Université de Limoges.

L’AÏKIDO DU XXIe SIÈCLE VA-T-ILS’ÉLOIGNER DE LA VISION QU’EN AVAITLE FONDATEUR ?Comme tout phénomène culturel, pourrester vivant, la question est de rendre dyna-mique, deux réalités antagonistes : Traditionet modernité évoquées par Franck Noëldans son ouvrage Aikido. Fragment de dia-logues à deux inconnues.La perspective d’inscription du stage 3 / 4edan de janvier 2005 autour d’une réflexionet d’une pratique sur le thème du princi-pe de Shoshin (Esprit débutant), a permisd’envisager la modernité des enseigne-ments des maîtres du Budo, car ce princi-pe s’enracine dans la tradition et se nour-rit des expériences renouvelées au coursde la pratique contemporaine de l’Aïkido.Dans une autre perspective, Daniel Lance,docteur en philosophie et enseignant à l’Universitéde Nice, m’a fait l’amitié d’exposer, dans le cadredu séminaire de juin 2005, une partie de sesrecherches sur les théories de René Girard, nouvel-lement élu à l’Académie française. Ses réflexionssur les thèmes de la violence et du sacré dans lecadre de cette intervention-débat mettent en évi-dence une pensée contemporaine. La vision girar-dienne me semble donner un support rationnel etdes outils conceptuels à la lecture du travail deMorihei Ueshiba.

CONSEILLEZ-VOUS DE FAIRE LE VOYAGE AUJAPON POUR MIEUX APPRÉHENDER L’ESPRITJAPONAIS ?

La rencontre avec des hommes d’exception ayantconjugué chacun à leur façon une vie de rigueur etde simplicité enseigne l’humilité.Mon troisième séjour au Japon était motivé par la célé-bration du 70e anniversaire de Yamaguchi sensei,légende vivante à l’époque. Ainsi, la rencontre et lapratique avec un homme d’exception en France et enEurope, dans le panthéon qui a bercé ma formationinitiale auprès de Christian Tissier a pris une touteautre dimension. Il me semble que le fait de se rendreau Japon permet en effet d’appréhender cette dimen-sion traditionnelle liée aux arts martiaux, au cœur dela civilisation japonaise.Plusieurs années après, en mai dernier, il m’était donnéde rencontrer, par l’intermédiaire de Jersy Pomianowski,ex-ambassadeur de Pologne au Japon, Inaba sensei,professeur de Kenjutsu de Christian Tissier de l’écoleKashima Shin Ryu. Avec cette autre icône, la notionde « trésor culturel vivant » prend sens.À mon sens l’enseignement direct du maître à l’élè-ve crée un pont symbolique entre le réel de l’expé-rience d’une vie et le souffle du rêve, force imagi-naire, moteur de cette pratique.Je conclurais mon propos, en pieds de nez à la matu-rité, avec une formule que mes élèves connaissentbien : le but de la pratique n’est pas de devenir unhomme extraordinaire, mais plutôt un homme àl’ordinaire extra… ●

ENTRETIEN AVEC Pascal DURCHON

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Dans sa quête d’absolu et d’harmonie, Martine Buhrig a trouvé sa voie en empruntant différents sentiers, qui se rejoignent, pour unir «corps et esprit»dans un engagement humanitaire fondamental.

les voies multiplesde l’unification

QQuel est le fondement de votre pratique ?L’amitié a toujours accompagné la recherche spi-rituelle et énergétique qui est au cœur de ma pra-tique dans l’Aïkido. Cela reste vrai depuis 36 ans.Bien sûr, la découverte du ki et des gestes por-teurs qui nous permettent de le laisser passer necesse de m’étonner, comme aux premiers jours.Mais le fondement de l’Aïkido est ailleurs : il estdans une construction de l’être. On peut parler de l’unification de corps et de l’es-prit, avec tous ses aspects de bien (ou mieux) êtreet de santé. Mais ce n’est pas suffisant. On peutaussi mettre en avant cette incroyable transfor-mation de la violence de l’attaquant en non vio-lence, de par les mouvements d’absorption quenous pratiquons. Mais c’est encore l’écorce de l’artd’éveil dans lequel nous nous sommes engagés. Au cœur, il y a l’amour – au sens d’agapé pourles chrétiens, de i shin den shin pour les boud-dhistes (« de ton esprit à mon esprit »). Cet amourlà a un pouvoir de transformation de soi, maispas seulement. Il est un germe de cohésion socia-

le et de solidarité ; ce qui a d’ailleurs été une despréoccupations permanentes de notre fondateurtout au long de sa vie.Pour moi, le fondement de ma pratique s’enraci-ne dans ce chemin. En tant qu’assistante socialeet socio-anthropologue auprès des personnes sansabri à Lyon et à Dakar, j’ai pu développer ma pra-tique dans un cadre bénévole et développer l’ac-cès aux arts martiaux et énergétiques pour tous(en particulier pour les personnes à faible revenu)dans le cadre du Kidan club. Ce club Villeurbannaisà vocation sociale, que j’ai lancé avec mes élèveset amis, va fêter ses 20 ans cette année.

Que vous ont apporté les senseidont vous avez suivi l'enseigne-ment ?Tous mes maîtres, que je ne nommerai pas ici,m’ont apporté une couleur particulière dans ladécouverte de l’Aïkido, comme une ouverturepour rejoindre le geste initiatique que MaîtreUeshiba a tenté de nous transmettre.

Après plus detrente années de pratique,faites-vous encorede nouvellesdécouvertes ?Oui, toujours. D’abordquand la vitalité de la jeu-nesse se transforme en unesorte de force tranquille àcinquante ans, il y a réelle-ment un changement. Lecorps se modifie, perdant unpeu de souplesse, de vivaci-té et de résistance. Avec l’in-tégration des mouvementset le long travail répétitif

durant des années, il n’y a pratiquement plusbesoin d’utiliser la force musculaire et l’énergieagit plus facilement. La pratique s’ancre dans laconcentration et la relaxation dynamique. Le men-tal s’apaise et le cœur s’ouvre. Cette pratique lais-se de temps en temps émerger un peu de ce jaillis-sement spontané qui fait toucher l’essentiel.Maître Ueshiba en parle comme de l’expansiondu « cœur de Dieu ». Comme certains pratiquantscroyants, dans le respect de l’appartenance confes-sionnelle, je me situe dans cette lignée.Ce sont les jeunes hommes incarcérés à la prisonSaint-Paul à Lyon qui m’ont permis d’aller plusloin dans cette découverte. Avec Jean-Max Ferey,mon ami aïkidoka et psychologue, nous avionsrencontré Richard Helbrunn à Strasbourg. En tantque psychanalyste et boxeur, il a mis au point la« thérapie frappante ». Pour des personnes ayantdéveloppé (ou subi) des passages à l’acte violent,sa méthode consiste à aller jusqu’au bout de leurslimites, et là à accéder à la parole et à la connais-sance de leurs propres perceptions et émotions. C’est ce que nous avons développé dans les pri-sons de Lyon pendant 5 ans entre 1997 et 2002,dans le cadre du service dirigé par le DocteurChevry. Nous nous sommes appuyés sur l’Aïkidoplutôt que sur la boxe. Les hommes, âgés de 18à 30 ans, multirécidivistes, incarcérés périodi-quement depuis l’âge de 16 ans pour certains,ne cessaient de nous tenir les bras et les poignets,jusqu’à nous broyer les os ! Ils ne comprenaientpas comment leur force musculaire pouvait flé-chir au point qu’ils se retrouvent par terre !« Un homme, un vrai, c’est celui qui cogne le plus fort ! »L’effet de sidération, auquel s’ajoutait la percep-tion d’une force non violente et efficace dans unedynamique de respect de l’intégrité de l’autre,leur a permis pour la plupart d’évoluer et de chan-ger de représentation d’eux-mêmes et pour cer-

ENTRETIEN AVEC Martine BUHRIG

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tains de changer de comportements. Pour moi,en tant que femme et « maître », je savais queje ne pouvais rien faire en utilisant la force mus-culaire. Jamais de ma vie je n’avais eu à faire faceà de telles saisies. C’est dans le relâchement etles mouvements spiralés que leur étau se des-serrait naturellement. L’inversement du rôle tori-uké me permettait de ne pas les blesser dans leurnarcissisme. Ils s’appropriaient ainsi un peu de cesavoir énergétique lié à une forme de qualitéd’être. Je garde surtout de ces moments la forcedes échanges, leur regard posé sur leur vie et surle monde, ainsi que leur joie de pouvoir vivre cequ’ils appelaient un « moment de liberté ». Dansce dojo composé de deux cellules dont on avaitcassé le mur mitoyen, les barreaux étaient tra-versés de barbelés auxquels restaient suspendusde lamentables yoyos ternis par le temps. Untableau de Niro, avec un soleil rouge derrière unfil barbelé noir, nous tenait lieu de kamiza. Dufond de la maison d’arrêt, des cris d’appel à l’ai-de scandaient ces instants, jusqu’à rester impri-més à jamais dans notre mémoire.

Sur quels points insistez-vous leplus dans votre enseignement ?Enseignant depuis plus de trente ans en Franceet en Suisse, j’ai appris que la grande majoritédes aïkidoka pratiquent pendant un à deux ans.Il me semble important qu’ils puissent intériori-ser d’abord et avant tout une « forme de corps »afin que cela soit pour eux une vraie ressourcequi leur serve toute leur vie. C’est pourquoi j’insiste d’une part sur la positionde l’axe de la colonne vertébrale, afin qu’ils puis-sent respirer mieux, accéder à un relâchementmusculaire et moins souffrir du dos. Cela sertaussi de prévention face aux risques d’accidentdans les chutes.

D’autre part je fais travailler le hara, ce qui leurpermet de se centrer et d’acquérir davantage deconfiance en eux. Car le hara est le moteur dumouvement et le lieu de concentration de l’éner-gie vitale. C’est à partir de ce centre que naissentles mouvements des bras et des jambes lorsqu’onarrive à une unification de l’être. Les aïki taîso ontune place de choix dans cette dynamique.Ces deux axes de travail sont les bases indispen-sables pour favoriser la circulation du ki. Sans axeet sans mobilisation du hara, l’Aïkido n’est qu’uneforme de combat martial ou de gymnastique,esthétique certes, mais qui ne joue pas son rôlede régénérescence tant sur le plan physique quepsychique et spirituel. « L’essentiel du combat estde rester au point central », là où microcosme etmacrocosme deviennent « un », nous disait MaîtreUeshiba.Cela permet aux pratiquants d’accéder dès ledébut, de temps en temps, à la perception dumouvement juste et d’avancer sur le chemin dela non violence et de la communication avecl’autre. C’est aussi une expérience pleine de joiequi s’exprime sur les tatamis.Bien sûr les techniques sont là comme supportet elles sont importantes. Je m’appuie sur la pro-gression par kyu pour que les pratiquants qui s’in-vestissent durablement puissent connaître l’en-semble de notre discipline, que ce soit à mainnue ou avec des armes. Nous travaillons selon les

critères proposés par lafédération, notammentpour les passages degrades. Dans mon enseignement,je mets également l’accentsur les détails, intégrantune partie de la connais-sance énergétique subtile

qui m’a été transmise dans le Taï Chi Chuan. Cetteforme de travail, avec une attention particulièrepour dénouer les lieux de passages de l’énergie,particulièrement au niveau des articulations etjusque dans le bout des doigts, permet aux élèvesde mieux intégrer l’axe et la puissance du hara.

Préconisez-vous un travail spécifique pour développer lesouffle, l'énergie ?Le travail sur le souffle n’a rien de spécifique. Ilest contenu dans l’ensemble de la transmissiondu geste aïki. Car sans une installation claire etprécise des postures de base, avec des ancragesau sol solides intégrant les déplacements, desjambes non effondrées, d’un axe vertical du bas-sin jusque dans la tête, des gras toniques et sanstension, des positions de main pour diriger et trans-former l’énergie yin en yang (et réciproquement),du regard pour porter la direction et l’intention del’action, il ne peut pas y avoir d’énergie.Maître Coquet, mon professeur de Iaï, se plaisaità dire lorsque nous étions sur la montagne :« Le chien, c’est l’énergie. Le maître, c’est l’in-tention. C’est le maître qui dirige le chien. »Maître Chu, mon maître de Taï Chi Chuan, pré-cise qu’une action, « c’est 95% de Yi » (le Yi,c’est l’intention en chinois). D’où l’indispensabletravail du Yi pour développer l’art interne de nosdisciplines.

Que vous apporte la pratiqued'une autre discipline ?C’est tout naturellement que la pratique d’autresdisciplines s’est installée tout au long de ma vie,à partir de l’Aïkido.En 1970, j’ai désiré développer la concentrationassise en même temps que la méditation dyna-mique qu’offre l’aïkido. C’est ainsi que j’ai prati-

Martine Buhrigen 1975 en compagnie deRoger Prost,maitre fondateur del’Aïkido en région Rhone-Alpes.

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qué le zen avec Maître Deshimaru à Paris et conti-nué dans cette voie depuis. Si maître Ueshiba n’apas enraciné son art dans le zen mais plutôt dansla tradition taoïste et shinto, on y retrouve lamême source dans la vacuité (mu) comme essen-ce de la pratique. « Je suis le vide moi-même »nous révélait-il.Mes élèves se faisaient parfois mal sur le tatami.C’est ce qui m’a conduit à apprendre le shiatsupour pouvoir intervenir tout se suite et mieuxtransmette le do in qui est une des bases del’échauffement de l’Aïkido. C’est ainsi que je suisdevenue enseignante praticienne de shiatsu en2001. Actuellement, je poursuis une formationen médecine chinoise avec M. Courbon pourm’améliorer cet art de soigner.L’utilisation du sabre en l’Aïkido m’a conduite àdécouvrir le Iaïdo et le Ken Jitsu de l’école KatoriShintoryu avec maître Michel Coquet en 1983.Pendant 15 ans, cette pratique m’a amenée àentrer davantage dans l’art de « trancher l’ego »,c’est à dire dans le travail sur soi et l’intériorisa-

tion de la coupe. Mais aussi l’atteinte de meslimites d’endurance personnelle après plus de centsauts et coupe en une heure, la force de l’humi-lité et la responsabilité. Sur la montagne, Michelnous faisait dégainer (et rengainer) en poussantdes kiaï gigantesques en pleine nature.« Envoyez vos kiaï jusqu’aux confins de l’univers.Attention, vous êtes responsables de votre éner-gie. N’envoyez pas d’énergie négative, mais votreénergie positive ! »J’ai moi-même enseigné cet art de 1993 à 1998.Puis une tendinite chronique m’a contrainte àcesser cette discipline et à m’ouvrir à l’école Sotode Maître Nishio en alliant le sabre et l’Aïkido, endéveloppant également l’épée Taï Chi, plus légè-re dans le poids et la frappe. Ces formes de tra-vail avec les armes m’ont permise de développerle Yi dans mes postures d’attaque et de défen-se, ainsi que dans mes mouvements en intégrantla coupe. Ma forme d’Aïkido est devenue à la foisplus tranchante et moins « agrippante ». Au niveau interne, le travail de purification du

mental et de gestion positive des émotions s’estaccentué. Les techniques avec armes sont indis-pensables pour une bonne maîtrise de l'Aïkido. Avec mon ami Chinh Trinh, nous avons com-mencé à pratiquer le Taï Chi Chuan en 1990.Nous avions le souci de pouvoir enseigner unediscipline à pratiquer seul, en particulier pour nosamis moines bénédictins. Avec le Chi Qong, cetart complet, qui est à la fois une discipline mar-tiale, du bien être (voire thérapeutique) et médi-tative, apporte une connaissance très précise del’énergie. C’est ce qui m’a amené à l’enseignerdepuis 1997, étant toujours élève de Jean-PierreCayrol à Lyon et supervisée par Maître Chu à Londres.Maître Tanaka Shingaï m’a transmis un peu decet art de la beauté qu’est la calligraphie japo-naise de 1998 à 2001, faisant le lien avec le gestemartial et énergétique utilisé avec le pinceau. Cetart inexprimable touche au cœur de l’être trèsprofondément, laissant jaillir beaucoup de ten-dresse et de force. Tout comme les disciplines quej’ai pratiquées, aucun mot ne peut dire l’essen-ce du geste créateur lorsqu’il émerge du cœurde l’être, tel l’éclair.

Pratiquez-vous un art de défenseou plutôt un art du bien-être ?La mixité homme-femme joue un rôle (souventnon dit) important dans l’Aïkido qui est pour moid’abord un art relationnel : perte des peurs del’autre, chasteté du contact, accueil et mise enconfiance jusque dans la chute, réalisation du Taodans l’essence du mouvement.C’est un art de défense et un bel outil de gestionde l’agressivité, d’abord pour soi, puis pour celuiqui frappe. De par mon métier d’assistante

▼ La mixité homme-femme joue un rôleimportant dans l’Aïkido qui est pour moid’abord un art relationnel :perte des peursde l’autre,chasteté du contact,accueil et mise en confiance jusque dans lachute,réalisation du Tao dans l’essence du mouvement… ▲

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sociale dans des milieux touchés par l’exclusionsociale, j’ai souvent été amenée à l’utiliser pourcalmer ceux qui passaient à l’acte violent. Celas’est toujours fait dans une contention passive quia permis à l’autre de se reprendre et de poser desmots sur son geste, sur sa situation, sur ses maux.Intervenant comme formatrice auprès des publicsen grande précarité, des travailleurs sociaux ou desinstitutions cherchant des outils de gestion du stresset de la violence, j’ai gardé en mémoire cette expé-rience de mixité : dans un même groupe, desfemmes ayant été victimes de violences conjugaleset des hommes, souffrant de dépendance alcoo-lique, devenaient parfois violents. Tous ayantdemandé à travailler sur la gestion de la violence,j’ai ramené les bokken et demandé aux hommesd’attaquer les femmes. Après avoir un peu hésité,ils l’ont fait volontiers. Les femmes, apeurées, étaientlittéralement statufiées. Je leur ai appris à sortir dela ligne d’attaque et à contrôler celui qui les frap-pait. Puis nous avons inversé les rôles. Les hommes,pour la première fois de leur vie, ont connu la peurd’être frappés par des femmes. Un dialogue forts’est engagé et beaucoup ont intégré une nou-velle posture, en sortant du cercle vicieux de victime et d’agresseur.C’est aussi, bien sûr, un art de bien être. Au niveauphysique, l’effet « massage » de la préparationpermet une réappropriation de son propre corps.La pratique fait vivre un plaisir de l’harmonie, uneacquisition de compétences qui revalorise, un lâcherprise dans les rôles de Uké et Nagé qui permet de

lâcher le stress accumulédans la journée et dereprendre des forces. Cesdeux dimensions de bien-être et de défense s’inter-pénètrent. Elles permettentainsi aux pratiquants de sereconstruire.

Le fondateur de l'Aïkido parlait « d'harmonie universelle » pour finalité de l'Aïkido, est-ceégalement votre conception ?Le fondateur de l'Aïkido a eu la force de refuserque son art reste confiné dans les frontières duJapon en tant que « trésor national ». Ayant connului-même la guerre et milité pour la paix au prixde sa vie, il a voulu que son art soit une œuvrede Paix, de tolérance et d'harmonie universellequi transcende les nations.Très touchée par cette conviction, j’ai toujoursdésiré que l’Aïkido soit l’occasion de liens ami-caux et de découverte réciproque de nos cultures.Depuis plus de vingt, avec mon ami Chinh, nousanimons des sessions où nous pratiquons l’Aïkido,le Taï Chi Chuan, le Iaï et l’épée Taï Chi, le Shiatsuet Do in, le Zazen et la méditation autour desgrands textes sacrés de l’humanité. Nos frèresbénédictins nous ont accueillis dans leur monas-tère de La Pierre Qui Vire, puis de Chauveroche.Nous continuons nos sessions sur fond de dia-logue religieux (Chinh est bouddhiste et moi chré-tienne) en nous appuyant sur la pratique de cesdisciplines d’unification de l’être.

Vous menez également uneimportante activité humanitaire,en quoi l'Aïkido vous aide-t’il

dans cettedémarche ?L’aspect social del’Aïkido est impor-tant. Le Kidan club,que nous avonscréé à Villeurbannegrâce à l’appui dela mairie qui nousaccueille dans undes gymnases deses écoles, a fait lechoix d’ouvrir l’ac-cès de la pratiquedes arts martiaux et

énergétiques à tous (Aïkido, Taï Chi Chuan, Iaïdoet Ken Jutsu). Toutes les catégories sociales peu-vent donc venir pratiquer, sans qu’il y ait de dis-crimination liée aux tarifs, en ces temps où unepartie importante de nos concitoyens vivent endessous du seuil de pauvreté. Nous adaptons éga-lement nos activités pour les personnes en situa-tion de handicap.C’est ainsi que nous ouvrons aussi les portes duclub, avec la participation active de tous les élèves,pour des expériences ponctuelles de lutte contrel’exclusion. Nous avons par exemple accueilli lespersonnes du Foyer Notre Dame des Sans Abri,pratiqué et longuement échangé autour de laquestion de la chute et du relèvement. Cetteétape, dans une rencontre intergénérationnelle,a donné lieu à un film réalisé par Nicolas Cornuet produit par Cocotte Minute Production avecJérome Duc-Maugé. Choisi comme projet pilotepar le maire de Lyon, le film Comme des enfants*a bénéficié d’un des trois Howards européens de « Euro cités » en 2004.Certains membres du Kidan club soutiennent desactions à but humanitaire au Sénégal, telle qu’uneéquipe de jeunes footballeurs dans la banlieuede Dakar et participent aux vacances solidairesde ADEFI (Action Développement Enfance FamilleInternationale) avec la construction d’un centresocial à Hann.C’est une façon de rejoindre l’esprit de notre fon-dateur qui affirmait : « En Aïki, vivez le présent,c’est l’éternel qui se manifeste en vous-même, etvous fait collaborer à l’amour et à la solidaritéque se doivent tous les hommes sur la terre etdans le ciel ». ●

*prix FNAC 19€, à commander sur : www.cocottesminute.fr

ENTRETIEN AVEC Martine BUHRIG

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Pratique multi-disciplinaire,Aïki, Iaï, Ken,lors d’un stagedans le cadre prestigieux d’un monastèrebénédictin.

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