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AÏKIDO FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES magazine PHILIPPE TRAMON La technique est un moyen pour atteindre un objectif et non l’objectif lui-même…” r encontr e sophie d’auzac l’énergie communicative stages osawa hayato shihan micheline vaillant-tissier jeunes en martinique JUIN 2010

Aikido Mag 2010/06

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de juin 2010.

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AÏKIDOF É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

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PHILIPPETRAMON“ La technique est un moyen pour atteindre un objectif et nonl’objectif lui-même…”

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JUIN

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une charte d'éthique fédérale

Dans un dojo il existe une étiquette dont les professeurs et les anciens rappellent, si néces-saire, qu'elle est, au-delà de la simple politesse, indispensable à la concentration permet-tant de recevoir l'enseignement. Cet enseignement existe parce que les professeurs ont,eux-mêmes, pu le recevoir et faire valider leur progression par un grade. De même, c'esten restant au contact de leurs pairs qu'ils assurent leur évolution. Concrètement, c'est laFédération qui permet cela. Il faut donc, pour elle aussi, des règles de comportement.Ainsi de la loyauté, évidente vis-à-vis du professeur, il est nécessaire de rappeler qu'elleest tout aussi indispensable à l'institution fédérale. Nous œuvrons en commun et notrecohésion est une garantie que nous nous devons les uns aux autres.Rappelons que dans l'enseignement des samouraï, qui sont toujours un peu en arrière-plan chez nous, la loyauté est un thème majeur.La voie, le DO, est un chemin toujours inabouti qui ne peut donc se parcourir sans prin-cipes de nature éthique, si ce n'est morale.Sans cette colonne vertébrale il n'y a pas d'estime de soi et ne sommes-nous pas là pourenseigner quel est le premier ferment du courage ?Nous devons être fiers d'avoir pu, ensemble, construire un cadre où tous les aïkidoka sontlibres de recevoir la plus grande variété possible d’enseignements sans porter atteinte àl'unicité de la discipline.C'est pour pouvoir continuer que nous avons énoncé quelques principes de base dans

une charte d'éthique fédérale que nous saurons améliorerensemble. L’essentiel à en retenir sera qu’il n’y a ni vie, indi-viduelle ou collective, ni art martial sans honneur.

Maxime Delhomme, Président de la FFAAA

Au moment où j'écrivais ces quelques lignes nous avonsappris, avec une grande émotion, la disparition de FrançoisBesson, une très haute personnalité du Judo national et international. François Besson a toujours été un ami très proche de beaucoup d'entre nous et de notreFédération. Je l’ai toujours vu œuvrer avec une grande sensibilité pour faire des principes éthiques et moraux leprincipal enseignement du Judo et des arts martiaux aveclesquels il collaborait. En notre nom à tous, je prie sa famille et la Fédération deJudo de recevoir nos très sincères condoléances. MD.

AÏKIDO MAGAZINE juin 2010 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication : Maxime Delhomme - Directrice administrative : Sylvette Douche. Réalisation : Ciné Horizon. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable.

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STAGES FÉDÉRAUX

>Stage enseignantset futurs enseignantsdu 23 au 27 août 2010 à Dinard avecFranck Noel 7e dan et Bernard Palmier 7e dan, DTR Ile-de-France. Inscriptions par courrier à : FFAAA11, rue Jules Vallès - 75011 Paris.

>Stage national de préparation aux Brevets d’État 1er et 2e degrédu 15 au 17 octobre 2010 à Chartresavec Paul Muller 7e dan et Gilles Rettel5e dan. Inscriptions par courrier à : FFAAA11, rue Jules Vallès - 75011 Paris.

STAGES DES TECHNICIENS

>VincennesStage dirigé par Bruno Gonzalez 5e dan,du 1er au 4 juillet 2010.Rens.: info aikido-brunogonzalez.com/

>PragueStage dirigé par Joel Roche 6e dan, du 1er au 6 juillet 2010. Rens.: 0241487566.

>Andernos-les-Bainsstage dirigé par Philippe Léon 6e dan, du 3 au 8 juillet 2010.Rens.: 0556368641 et 0611149091.

>MèzeStage dirigé par Philippe Gouttard 6e dan,du 3 au 10 juillet 2010.Rens.: 0467438274 et 0680088641.

>HendayeStage animé par Philippe Grangé 5e dan, du 4 au 10 juillet 2010. Rens. : 0556808658 - 0686792611.http://aikido.interne.free.fr

>CrestStage dirigé par Alain Guerrrier 7e dan,du 8 au 11 juillet 2010.Rens.: 0494531400 - 0680994023.

>HartzvillerStage dirigé par Michel Erb 5e dan, 10 et 11 juillet 2010. Informations : +33671922024 http://michelerb.fr/

>Cranves-SalesStage dirigé par Marc Bachraty 5e dan, du 10 au 14 juillet 2010. Rens : 0616422865 et 0634421038

>Sorles-le-ChateauStage dirigé par Arnault Waltz 6e dan,du 10 au 16 juillet 2010.Rens.: 0327621495.

>FouesnantStage dirigé par Patrick Bénézi 7e dan,du 10 au 16 et du 17 au 23 juillet 2010.Rens. : 0611401931 - 0618211003.

>ValmeinierStage dirigé par Luc Mathevet 6e dan, du 11 au 16 juillet 2010.Rens.: 0479595369.

>St Just d’ArdècheStage dirigé par Alain Guerrrier 7e dan,du 14 au 18 juillet 2010.Rens.: 0494531400 - 0680994023.

>Ile de Noirmoutier Stage dirigé par Joel Roche 6e dan, du 14 au 18 juillet 2010. Rens.: 0241487566.

>RosheimStage dirigé par Bruno Gonzalez 5e dan,du 16 au 18 juillet 2010.Rens.: http://aikidorosheim.free.fr

>Porto-VecchioStage dirigé par Christian Mouza 5e dan,du 19 au 24 Juillet 2010. Rens.: 0608162488.www.christianmouza.com

>St-Pierre d’OléronStage dirigé par Franck Noel 7e dan, du 19 au 31 juillet 2010. Rens.: 0561261031 - 0563335170.

>BiscarosseStage dirigé par Alain Verdier 6e dan, et Alain Guillabert 5e dan, du 24 au 29 Juillet 2010.Rens.: 0616181047 et 0556070737.

>Roquebrune-sur-ArgensStage dirigé par Christian Tissier 7e dan,du 25 au 30 juillet et du 1er au 6 août2010. Rens.: 0143282990-0603247649.

>Pluneret-AurayStage animé par Philippe Grangé 5e dan, du 31 juillet au 6 août 2010.Rens. : 0297564009 et 0556808658.

>ÉvianStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,du 31 juillet au 6 août 2010.Rens.: 0615200696http://gilbertmaillot.olympe-network.com

>Zlotow (Pologne)Stage dirigé par Pascal Norbelly 6e dan, du 31 juillet au 07 aout 2010. Rens.: 0606275073-00 48600444088.

>AutransStage dirigé par Bernard Palmier 7e dan,du 31 juillet au 7 aout 2010.Venir avec ken, jo et tanto.Rens.: 0476953055.

>Saint-Jean-de-MontsStage dirigé par Irène Lecoq 6e dan et Catherine David 5e dan du 2 au 8 Août2010. Prévoir jo et bokkenRens.: 0240356663.http://aikido.cna.free.fr

>Saarbrücken-RFAStage dirigé par Gillles de Chénerilles 5e dan, du 4 au 8 août 2010Rens.: 0049681-3908062www.aikido-saarland.de

>Simiane-la-Rotondestage dirigé par Paul Muller 7e dan, du 7 au 12 août 2010.Rens.: Rens.: aikido-paul-muller.com

>SéteStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,

du 7 au 13 août 2010Rens.: 0615200696http://gilbertmaillot.olympe-network.com

>Saint-EtienneStage avec Philippe Gouttard et LucMathevet 6e dan, du 11 au 15 août 2010.Rens.: www.aikido-gouttard.fr

>Wégimont en Belgiquestage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 14 au 21 août 2010.Rens.: 32-4-3772507 et 32-4-2648782

>EstavarStage dirigé par Franck Noel 7e dan, du 16 au 21 août 2010. Rens. : 04 68 73 13 34.

>BerlinStage dirigé par Michel Erb 5e dan, du 20 au 22 aout 2010 . Rens.: [email protected]

>VincennesStage dirigé par Patrick Bénézi 7e dan,du 21 au 26 août 2010.Rens. : 0611401931.

>Schwindratzheimstage dirigé par Paul Muller 7e dan, du 21 au 28 août. 2010.Rens.: aikido-paul-muller.com

>Lons-le-SaunierStage, avec Michel Erb 5e dan, 28 et 29 août 2010 .Rens.: www.aikidolons.com

STAGEINTERNATIONAL

>Le ViganStage d’été avec Saotome Mitsugi8e dan, du 21 au 29 août 2010. Rens.: 0299688248 - 0687428828.

INFOS STAGES

Retrouvez toutes les infos fédérales,les stages, etc.,

sur le site de la FFAAAw w w . a i k i d o . c o m . f r

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LIRE VOIR ÉCOUTER

Reiki, fiches pratiquespar Anne Schneider50 fiches pour 50 techniques par un maître du Reiki SeiChem afin de canaliser l’énergie et aider à la guérison.Dans un superbe coffret, ces fiches sont remarquable-ment illustrées et détaillées, traitant chacune des trois

degré du Reiki. À utiliser chez soi comme en voya-ge ou au bureau pour le plus grand bien de votreentourage et de vous même.Pour débutants et confirmés.2O€ - Le Courrier du Livre

AÏKIDO, La spirale universellepar Robert Arnulfo

C’est à travers le regard de Roberto Arnulfo, qui apratiqué avec les plus grands maîtres, que ce filmnous introduit dans l’univers de l’Aïkido. Ce film,mémoire vivante de notre art martial, a pour objectifde faire découvrir aux néophytes les principes debase et lois physiques qui le régissent.Des images d’archives exceptionnelles de grands sensei ( Mochizuki,Nakazono, Kawashi, etc. ) illustrent l’histoire de l’Aïkido en Franceainsi que le parcours de Roberto Arnulfo.Renseignements et commande au :

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Erratum : Une inversion de grade s’est produite dans AIKIDO magazine de décembre 2009concernant Yolande Sanchez et Monique Girardoz… Il faut rendre à Yolande son 4e dan et attribuer le 3e dan à Monique.

EN KIOSQUE

Le nouveau hors-sérieAïKIDOest en venteen kiosque et dans lesbonnes librairies. Des infos, des entretiens avec degrands senseï (Osawa Hayato, etc. ),des articles de fond, des techniques développées par lesplus grands experts de l’aïki, etc. À ne pas manquer pour prolonger votre pratique dans lecadre de vos vacances.www.karatebushido.fr

SHIATSU STRETCHINGToru Namikoshi

Un texte clair et pratique, illustré de très nombreux dessins pour unebonne

pratique du stretching combinéà la thérapie en douceur qu’estle Shiatsu, par un des plusgrands experts de la discipline.Toru Namikoshi décrit un nou-veau système qui utilise lespressions digitales.Le Courrier du Livre

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permettant, n'importe quand et n'impor-te où, d'améliorer votre silhouette enremodelant, musclant et assouplissantefficacement votre corps. Quel que soitvotre âge ou votre condition physique, laméthode "Pilates" vous apporte laréponse. Grâce à des exercices rapides etaisés, adaptables à un emploi du tempschargé, vous obtiendrez un corps toniqueet svelte tout en diminuant les effets dustress et de la fatigue. Une méthoded'une efficacité remarquable.144 pages - 14,50€

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nous fait partager son parcours.Sur le ton de la confidence, il retrace, aveclucidité et humour, les étapes qui l’ontmené d’un état désespéré à celui demaître éveillé, avec pour principal soucicelui de nous faire retrouver « l'état natu-rel et lumineux du cœur avec lequel noussommes venus au monde. » Dans ce livrerafraîchissant, où le jargon bouddhiste estpour ainsi dire absent, ce maître contem-porain, restitue au Zen son aspect naturelet vivant. À lire absolument pour ceux quisouhaitent se remettre les idées à l’endroit.160 pages - 16€

Le courrier du Livre

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DDu 9 au 13 décembre derniers, le

Comité Départemental FFAAA del’Essonne, aidé en cela par le ConseilGénéral, a organisé une tournée desdojos pour présenter l’Aïkido dans cedépartement. Le Président et sonComité ont invité, pour à cette occa-sion, Osawa Hayato sensei, 7e dan, pro-fesseur à l’Aïkikai de Tokyo. OsawaHayato n’est autre que le fils du grandmaître Osawa Kisaburo qui fut l’un desplus proches collaborateurs de feuUeshiba Morihei (1883-1969), le fon-dateur de l’Aïkido. Pour cette occasion,Osawa Hayato sensei a dirigé des stagesdans cinq villes de l’Essonne, à savoirDraveil, Lisses, Morangis en soirée,Sainte-Geneviève-des-Bois le samedi

après-midi puis il a terminé son tourdes dojos de l’Essonne à Brétigny-sur-Orge, le dimanche toute la journée.Plus de 850 stagiaires ont pu profiterde ces stages pour pratiquer avec unsensei japonais, certains pour la pre-mière fois, comme débutants, d’autrespour se perfectionner au contact d’unsensei de l’Aïkikaï. Pour chaque coursle nombre de participants approchaitles 200 stagiaires, même en soirée. Desaïkidoka de l’Essonne bien sûr, maisbeaucoup étaient venus également detoute l’Ile-de-France et d’ailleurs. Ungrand nombre d’aïkidoka étrangersétaient présents, 25 Roumains, denombreux Belges dont Dany Leclerc,Président et responsable technique de

la Fédération de Belgique, des Italiens,ainsi qu’un aïkidoka congolais, secré-taire général de la Fédération duCongo, venu directement de Brazzavillepour participer à cet événement excep-tionnel, témoignant de l’implantationde notre art sur les cinq continents.

La qualité techniquePrésents également, des hauts gradésainsi que des responsables de la FFAAAcomme Maxime Delhomme sonPrésident, le docteur Hubert Thomas,Président du Kinomichi, Madame OdyleNoro, maître Noro Masamichi s’étantfait excuser, Christian Tissier, Frank Noel,Arnaud Waltz, Pascal Norbelly, PascalDurchon ont participé à ces stages. Des

personnalités locales comme les mairesde chaque ville organisatrice étaientprésentes, ainsi que de nombreux res-ponsables des sports et associations.Ils ont pu apprécier, pour certainsdécouvrir l’Aïkido, ses techniques maisaussi les valeurs qui font l’essence denotre pratique.Tout au long de ces stages, les aïkido-ka présents ont pu mesurer la qualitétechnique de l’enseignement d’Osawasensei, comme nous le précise MauriceThai, professeur à Morangis et co-orga-nisateur de cette tournée : « Commefil directeur du stage, Osawa sensei afait principalement travailler les tech-niques fondamentales de base (kihonwaza avec ikkyo, irimi nage et shiho

un grand sensei de l’aïkikaï en essonne

Des aïkidokavenus de toute

l’Europe pourperfectionner

leurs kihonwaza avec

Osawa Hayatoshihan.

STAGE osawa hayato shihan

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nage) telles qu'elles sont pratiquées auHombu dojo de l’Aïkikaï de Tokyo.Osawa sensei a insisté sur la pratiquede mouvements simples pour mieuxappréhender son corps et surtoutapprendre à être relâché pour pouvoirexprimer sa puissance au bon momentsous forme d'une impulsion très brève.Dès l'échauffement, il a inclus un travailfluide à deux, sous forme de jyu waza.S'apercevant des difficultés des prati-quants sur la gestion de leur posture(shisei) et de la dynamique des mainset des pieds, il a fait répéter les tech-niques sans partenaire sous forme dekata avant de les faire pratiquer ensui-te à deux. Ceci a permis de mieux assi-miler la forme par rapport à soi-même.Osawa sensei a particulièrement insis-té sur un travail avec un centre de gra-vité bas, à noter son attitude très féli-ne, demandant de rechercher sanscesse une relation sincère avec son par-tenaire tout au long de la constructiond'une technique, seul moyen

d'atteindre son coeur (kokoro).Perfectionner son souffle (kokyu ho)fut également souvent pratiqué surattaque morote dori ou lors de la sai-sie ryote dori en suwari waza. »

Un succèsAu nombre de messages de félicita-tions reçus, y compris celui du Hombudojo de Tokyo, ce stage a été une réus-site à tous points de vue. Je ne terminerai pas sans remercier tousles acteurs de cette grande organisa-tion, les responsables des clubs, lestechniciens, les nombreux bénévolesqui ont, d’une manière ou d’une autre,de près ou de loin, participé à la réus-site de cette semaine évènementiellede l’Aïkido, car sans eux cette tournéen’aurait pu se faire et connaître un telsuccès. ●

Michel HamonPrésident du Comité FFAAA

Département Essonne

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L’Aikido shimbun de Tokyo a relaté le séjouren France d’Osawa Hayato shihan :

À la demande de la FFAAA, Osawa Hayato shihan a dirigé, du 9 au 13décembre 2009, un stage en France, organisé par Michel Hamon (Présidentde la Ligue IDF-FFAAA ) et Maurice Thai (professeur au dojo de Morangis).Michel Hamon faisait partie des hôtes ayant accueilli Osawa shihan lors-qu'il avait accompagné doshu Kishomaru Ueshiba lors de son voyage enFrance il y a 25 ans. L'heure était donc aux retrouvailles.Le stage s'est étalé sur cinq jours dans cinq villes différentes de l’Essonne,dans la banlieue sud de Paris (environ 45 minutes en voiture) : Draveil,Lisses, Morangis, Sainte-Geneviève-des-Bois et Brétigny-sur-Orge. Auxpratiquants de la région se sont ajoutés des pratiquants japonais, ita-liens, belges, congolais et roumains, totalisant 860 personnes sur l'en-semble de la durée. À noter que parmi les Roumains, certains étaientégalement présents il ya 25 ans lors de la venue du doshu. Il y avait doncpour ceux-là une touche de nostalgie dans cette nouvelle rencontre.Ce stage fut également marqué par les présences de Christian Tissier etFrank Noel. Osawa shihan a principalement mis l'accent sur les tech-niques de base (kihon waza), la posture (shisei), la position des mains etdes pieds ou bien encore les déplacements en gardant en position bassele centre de gravité (ashi hakobi). Certaines personnes ont sans douteété, de prime abord, déroutées par cette pratique détaillée mais, au fildes jours et en répétant les mêmes mouvements, le message a fait sonchemin dans les esprits et lors de la dernière journée de pratique un sen-timent d'unité se dégageait. Cela illustre exactement le processus de pra-tique des formes (kata). Lors des premières phases où l'on cherche à assi-miler la forme par rapport à soi-même, il arrive naturellement que laconnexion avec le partenaire soit coupée, puis au fur et à mesure quel'on insuffle la vie dans la forme (kata), la relation avec le partenaire s'entrouve approfondie.La France est un pays où l'Aïkido est déjà profondément ancré depuisde nombreuses années et où le niveau des pratiquants est extrêmementélevé. Cependant, même pour un Aïkido mûr, la pratique continue destechniques de base reste primordiale.Miyuki Kumazawa, Hombu dojo

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CC’était sur un bout de trottoir, dans labanlieue populaire de Tunis, à BenArous, après avoir partagé mon expé-rience d’Aïkido avec mes amis tunisiensque l’idée me vint à l’esprit : tiens pour-quoi donc ne pas inviter MichelineVaillant-Tissier en Tunisie? Je venais d’entraîner les élèvesd’Abdelaziz Boukhazna et, encore unefois, j’étais sous le charme de la joie devivre, de l’envie de partage, de l’ap-pétence de vie des Tunisiens. Sur le tapis, une forte proportion defemmes tunisiennes, des femmes spor-tives pratiquant aussi le handball, desfemmes voilées, des jeunes diplômées,

toutes souriantes, engagées, sérieuses.Depuis le Président Bourguiba, deuxpriorités en Tunisie : l’éducation et l’éga-lité des droits entre les hommes et lesfemmes. J’aime particulièrement lesfemmes tunisiennes. Elles font desétudes, elles continuent une tradition,elles s’intéressent au monde, elles taqui-nent avec subtilité le machisme desjeunes hommes tunisiens tout en lesvalorisant. Avouons-le, autour de la

Méditerranée,nous sommesun tous peumachos… De cette intelli-

gence d’être des femmes tunisiennes,une idée s’imposa donc : MichelineVaillant-Tissier en Tunisie. Puis on me parla de l’Aïkido au fémi-nin. Mais, l’Aïkido au féminin, cela neveut pas dire grand chose. Soit nousfaisons de l’Aïkido, soit autre chose :un sport, une certaine pratique, unepour les femmes, l’autre pour leshommes. Si l’Aïkido est universel, il ya bien une contradiction dans cetteséparation des genres ou des nations...Il y a simplement des femmes prati-quant un art martial : l’Aïkido. Et parmielles : Micheline Vaillant-Tissier. Avec Micheline, c’est une longue his-

toire. Sur un bout de tapis à Vincennes,il y a dix, quinze ans, voire sans doute plus,chez notre « référence » en Aïkido :Christian Tissier, j’adorais attaquerMicheline de toutes mes forces : desshomen de bûcheron, des attaques aucouteau dignes de la rue, des coupsde poing sans merci… Je ne sais pas sicette confidence est à mon avantage…Bref, nous nous entraînions avec unjoyeux engagement sous l’œil amuséou inquiet d’un Christian Tissier quidevait trouver que, décidément, les phi-losophes sont vraiment des gens à part.À chaque fois, Micheline était parfaite-ment placée, je me retrouvais déséqui-

STAGE micheline vaillant-tissier

histoire de rencontres : micheline vaillant-tissier en tunisie

Beaucoup de monde sur

le tatami deTunis pour le

stage deMicheline

Vaillant-Tissier.

C’est une longue histoire culturelle commune qui unit les pays du Maghreb et la France, et l’Aïkido n’ydéroge pas. De nombreux sensei ont traversé la Méditerranée de part et d’autre mais, pour la premièrefois, une technicienne, Micheline Vaillant-Tissier, se rend en Tunisie.

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libré, sur une jambe, chutant à droite,à gauche. On aura compris que j’aipour l’Aïkido de Micheline le plus grandrespect. Mais plus que cela, c’est aussipour la personne, la vraie sensibilité, laforce fragile, le sérieux, l’entraînementsans faille, la recherche personnellevoire spirituelle de Micheline que j’ai leplus d’intérêt. Car, pour moi, l’Aïkido,c’est plus qu’une technique, c’est unerigueur, une manière d’être, de prati-quer et de vivre un art. Et Michelinecorrespond à cette vision. Et quand onaime les gens, il faut les faire rencon-trer d’autres gens qu’on aime et par-tager avec eux une expérience de vie.Voici donc Micheline Vaillant-Tissierinvitée à Tunis, les 9, 10 et 11 avril2010… Grâce, en grande partie, à unautre Abdelaziz, un ami : AbdelazizMokhtari, entraîneur d’Aïkido, hommede cœur, de joie et de partage.

Techniques et souriresLa rencontre fut au-delà des espérancesde part et d’autre sans doute. Grâce au Ministère des Sports, à laFédération de Judo, d’autres appuisinstitutionnels obligatoires, mais aussià une femme —encore une femme, jevous disais ces femmes tunisiennesd’exception— Senda Tounsi, directri-ce d’un foyer universitaire à Tunis, lestage pouvait commencer. Beaucoup de monde, beaucoup defemmes, beaucoup de spectateurs etnos amis d’Algérie faisant le voyage, pourcertains un voyage de 1200 km, des aïki-doka de France aussi. Les professeursalgériens de grand renom, Hamid Silem,Ahmed Makloufi, Nasser Rouibeh,Djamel Eddine Mekdade apportent uncadeau à Micheline : une photographiedu début des années 80, prise lors d’undes premiers stages de Christian Tissieren Algérie. Moment d’émotion. C’estcela aussi la mémoire de l’Aïkido, ladurée, les liens indéfectibles malgré lesannées… La quasi totalité des profes-seurs d’Aïkido de Tunisie font le dépla-cement avec leurs élèves. Les techniques s’enchaînent, multiples,rapides, précises. Sur le tapis concen-

tration et sourires de toutes parts. Quelque soit le nombre d’années d’entraî-nement d’Aïkido, chacun joue le jeu,chacun va à la rencontre de l’Aïkido del’autre. Micheline passe parmi tous lespratiquants. Je devine le bonheur depart et d’autre. De part et d’autre car nous compre-nons ce que représente l’Aïkido pourtous les pratiquants, tous ont fait ungros effort financier, le niveau de vieen Tunisie n’est pas celui de la France.Là encore, l’Aïkido c’est un peu plusque de l’Aïkido, c’est aller à la rencontrede l’autre, de sa culture, de ses joies,de ses difficultés. On ne salue pas uneimage, fût-elle celle d’O senseï en débutde cours, nous sommes en pays musul-man, mais on salue l’autre, celui quinous regarde, celui avec qui on va pra-tiquer, partager un moment de vie. Je sens Micheline touchée, émue, decet accueil, de cette chaleur toute médi-terranéenne, de ces parcours de vie quise croisent et s’apprécient. Des invita-tions après le stage, le partage des mets

tunisiens, des expériences qui s’échan-gent, des confidences qui se font. Brefdes êtres humains qui se dévoilent, serencontrent et sortent de là un peuaugmenté de l’autre, d’une parcelle dela vie de l’autre. Je vois, et l’on meconfie, que pour beaucoup de cesfemmes Micheline est un modèle,qu’elle s’est donnée sans compter etqu’on aime cette franchise, ce don. Nous sommes au Maghreb, là où rece-voir et accueillir l’étranger n’est pas unvain mot. Micheline donne tout ce qu’el-le a et on l’accueille à cœur ouvert. Fin de stage : cadeaux, multiples pho-tographies, on échange des adresses,encore des impressions, on s’embrasse. C’est sans doute cela un beau stage réus-si, partir en emportant avec soi un peude l’autre, un peu de son sourire, un peude sa culture, repartir, l’un et l’autre, chezsoi, mais pas tout à fait le même. Unebelle histoire de rencontres : MichelineVaillant-Tissier à Tunis. Merci à tous ! ●

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QQuand vous entendez « Aïkido »que vous vient-il immédiatement àl’esprit ? Sans réfléchir : l'Aïkido c'est l'art d'utiliser la force d'unadversaire contre lui-même.C'est aussi un art martial qui peut être pratiqué long-temps et ceci n'est pas négligeable car j'aime ça et jene me vois pas arrêter !Et puis cela me plaît aussi qu'il puisse être pratiqué par

tout un chacun, des petits, des gros, des femmes, toustypes de physique, des séniors également !

L’Aïkido commence et se terminetoujours par une cérémonie formelle, en quoi cela conditionne-t-il la pratique ?Le salut du début de cours, l'attente du professeur per-mettent de se vider la tête après une journée de tra-

vail. L'Aïkido est un art martial empreint de valeurs etj'apprécie d'avoir ce sas pour me reconnecter à sa pra-tique, à ses exigences.

Quels senseï ont principalement influésur votre pratique, pourquoi ?J'ai fait sept d'ans d'Aïkido enfant avec Régis Boulierqui enseignait au dojo de la Main d'Or à Paris. Il a réus-si à m'emmener jusqu'au cours pour adultes. C'est

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RENCONTRE Sophie d’Auzac

transmission d’énergie

C’est dans le Nord de la France que Sophie d’Auzac, 4e dan, BE 1er degré, s’est établie. Pratiquante passionnée, elle enseigne à tous avec une prédilection pour les plus jeunes. Toujours en recherche, elle a mis au point une méthode très personnelle avec une énergie communicative.

De la patienceet beaucoupd’attention

chez Sophied’Auzac pour

ses grainesd’aïkidoka.

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avec lui que j'ai découvert mes premières chutes enle-vées, un bonheur !!!Devenue adulte il y a eu Arnault Waltz ; c'est avec luique j'ai découvert une nouvelle dimension de l'Aïkido :sa martialité. Mon côté masculin s'est développé à soncontact.Bernard Palmier m'a, lui, appris la pédagogie de l'en-seignement de l'Aïkido à travers ses stages pour ensei-gnants. J'apprécie beaucoup ses présentations de"squelettes de cours".J'ai aussi fait quelques stages avec Philippe Gouttardet j'ai adoré son entraînement physique ! Il sait don-ner le goût de l'effort et du dépassement de soi surun tatami aussi bien en tant que professeur qu'en tantque partenaire !Puis il y eut Christian Tissier qui, lui, m’a révélé son ingé-niosité sur des applications de techniques ! Il y a danssa pratique des moments où "il vous perd". Et vousvous demandez émerveillé "mais qu'a-t-il fait ? ", touten vous promettant de tout mettre en œuvre pouressayer de reproduire ce dont vous n'avez pas saisi lasubtilité !!!Il est bon d'avoir des enseignants difficiles d'accès carcela rend modeste et indique combien nous pouvonsencore progresser…

Tous les aïkidoka étudient lesmêmes principes. S’il y a harmoniedans la forme et dans le fond, n’ya-t-il pas risque d‘uniformité ?Non car chaque enseignant développe sa propre formede corps. Je pense d'ailleurs que c'est inévitable et heu-reux. Et de toutes les façons, nous restons uniquesquand bien même nous apprenons les mêmes tech-niques : un grand, un petit, une femme ne réaliserontpas un ikkyo de la même façon ! Et c'est très bien caril y a les "virtuoses", qui nous éblouissent sur une tech-nique, ceux qui ont laissé parler leur intuition, leur ki

et qui, de fait, nous "inspire" ! C'est, je pense, danscet esprit que Morihei Ueshiba a enseigné l'Aïkido.Sans inciter les professeurs à enseigner "leur Aïkido",il devait avoir conscience qu'ils distilleraient son ensei-gnement avec quelques différences. La différence nousenrichit.

La force de l’Aïkido ne réside pasdans la puissance musculaire maisdans une forme de relation plussubtile. Cela convient-il mieux auxfemmes ?Cette question m'énerve. Oui les hommes ont poten-tiellement plus de force que les femmes, mais non"l'Aïkido ne convient pas mieux aux femmes", il leurconvient autant !Poser cette question c'est réduire la pratique fémini-ne de l’Aïkido au simple fait qu'on y a moins besoinde force physique que dans d'autres arts martiaux.Ce qui me plaît c'est de pouvoir me confronter avecdes hommes justement ! Alors que dans d'autres artsmartiaux les compétitions se font par sexe, nous avonsla chance de pouvoir simuler des combats avec le sexemasculin !!! C'est ça qui est intéressant par rapport àla différence de force musculaire des hommes et desfemmes !

La composante martiale del’Aïkido ne vous dérange-t-ellepas ? Au contraire, je la recherche ! Il est difficile de ne pass'endormir et de ne pas tomber dans l’imitation duprofesseur.Même si c'est très bien qu'il n'y ait pas de compéti-tions en Aïkido, il est difficile de rester attaquant. Nousoublions vite de rester offensifs lorsque nous fatiguons,lorsque nous perdons un instant notre concentration…C'est avec un partenaire de même force ou de niveau

égal que j'aime le plus travailler car je peux tout don-ner, quitte à avoir des bleus, et tant mieux ! C'est lamise en danger qui est bonne, agréable: je sais qu'enattaquant avec franchise, vélocité et beaucoup d'en-gagement, je risque de prendre un coup ailleurs quelà où il était "convenu" que je le reçoive. Mais au moins,nous aurons réellement simulé l'engagement d'uncombat. Donc, heureusement qu'elle existe cette mar-tialité car sinon nous ne ferions que des simulations,de la représentation vide de sens.C'est cette martialité qui nous force à nous mettre endanger dans notre train-train d'aïkidoka et qui nous faitprogresser. Car, sans se mettre en danger, on reste surses acquis, mais on ne progresse pas ; c'est d'ailleurs éga-lement vrai dans la vie, pas uniquement sur le tatami !

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Trés facétieux, les jeunes aïkidoka dans la peau du “piranha”, mais très sérieuxaussi quand il s’agit de suivre et d’appliquer les conseils techniques de Sophie.

...Le salut du début de cours, l'attente du

professeur permettent dese vider la tête.

L'Aïkido est un art martialempreint de valeurs

et j'apprécie d'avoir ce saspour me reconnecter

à sa pratique,à ses exigences...

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Vous avez décidé d’enseigner, detransmettre, parlez-nous de cetteexpérience originale que vous avezmise en place.Je voulais enseigner depuis très longtemps. En tantque femme, je voulais montrer que même avec moinsde force je peux donner beaucoup de puissance.Pour les enfants, les cours se montent comme une évi-dence. Des idées me viennent spontanément. En fonc-tion de mon humeur, de mes envies, je peux utiliserpour certaines techniques des postures d'animaux. Jem'explique : sur une saisie uchiro kata dori pour réa-liser un kokyu nage, je parlerais, voir imiterais un oursqui voudrait se défaire d'une saisie encombrante enroulant des épaules, en "donnant des coups de pattes"au-dessus de sa tête et vers l'avant. Et en avançant etme baissant j'amènerais uké sur l'avant pour le pro-jetter. J'ai aussi inventé quelques jeux pour dévelop-per la force des cuisses ou celle du hara. Je chercheavant tout à amuser les enfants et, quand j'ai une "idéequi marche", j'évolue dans mon cours avec "ce que

me donnent les enfants" ; comme m'a dit un jourArnaud Waltz quand je lui demandais des conseils enjeune professeur d'enfants : "ce n'est pas moi qui faitle cours ce sont les enfants". Sa réponse m'avait beau-coup énervée et aujourd'hui je l'applique !Pour les adultes, je rêvais d'un dojo avec un esprit d'équi-pe, d'émulation. Je m'efforce de rester humble commelorsque j'essaye de faire découvrir une forme de koshi-nage apprise auprès de Christian Tissier ou une sensa-tion ressentie avec un autre enseignant. Je précise tou-jours que c'est au cours d'un Autre que je me suis "nour-rie", je ne m'approprie rien. Je me considère commeun "canal", pas comme une référence. J'invite beau-coup les pratiquants à aller "goûter" l'Aïkido chezd'autres enseignants, à s'ouvrir à d'autres applicationsque celles qu'ils ont l'habitude de pratiquer.

Il n’existe pas de compétition enAïkido, cela convient-il aux enfants ?En tant qu'enfant la compétition ne m'a pas manquée.Je répondrais : oui, sans compétition les enfants sont

protégés de parents qui seraient tentés de toujourspousser leur progéniture à devenir "le meilleur". Maisencore faut-il que l'enfant soit heureux ! Je me souviens encore d'une petite fille qui excellaitdans sa pratique de jeune aïkidoka, c'était un bonheurde la voir pratiquer !!! Son frère, lui, était beaucoupplus dissipé... Un jour, au lieu de le ramener à l'ordre,je lui ai demandé s'il aimait l'Aïkido et il m'a répondunon ; il rêvait de faire de la poterie mais ses parentsne voulaient pas l'y inscrire ! J'en ai tout de suite parléaux parents. Je ne voulais pas qu'ils obligent leur fils àcontinuer ; la pratique doit rester un plaisir !

Est-il important de travailler lesarmes en Aïkido, pour vous commepour les jeunes pratiquants ?Avant de faire travailler des enfants avec les armes, ilfaut qu'ils aient une bonne appréhension de l'espacedans lequel ils évoluent, il faut qu'ils soient à l'aise surle tatami. Il est difficile de travailler les armes lorsquevous n'avez qu'une heure de pratique hebdomadai-

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RENCONTRE Sophie d’Auzac

… Cela me plaît aussi que l’Aïkido puisse être pratiqué par tout un chacun, des petits, des gros,

des femmes, tous types de physique, des séniors également !…

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Sophie d’Auzac, technicienne accomplie au service de tous,aïkidoka confirmés comme débutants.

re. Je préfère privilégier, dans ce cas-là, la pratique del'Aïkido à mains nues. Par contre, lors d'un camp de 9jours1, que j'anime régulièrement et où les enfants pra-tiquent tous les jours l'Aïkido, je les fais pratiquer 45minutes sur l'herbe, pieds nus. L'année passée, j'aimême laissé les plus avertis inventer des kata avec lesquelques techniques que je leur avais apprises. J'ai étérelativement surprise de certains enchaînements ! Mêmesi c'était toujours les mêmes qui revenaient, les enfantsavaient construit des minis kata qui s'enchaînaient dansune certaine logique. Et ceux qui n'étaient pas à l'aisedans leur Aïkido se révélaient meilleurs aux armes, ilss’étaient mis en valeur par la pratique des armes.Quant à ma pratique des armes, elle est primordiale.J'aimerais en faire davantage ; j'y gagne en matialitéet en concentration.

Accordez-vous une importance particulière au travail des suwariwaza, pour vous et dans votreenseignement ? J'aime à dire aux enfants que la pratique des suwariwaza vient de la culture japonaise : les Japonais vivantà genoux, il était évident que Morihei Ueshiba inventedes techniques de défense en suwari. Car, si assis en

seiza, vous êtes attaqué, il faut pouvoir riposter. Auparantje commençais régulièrement mes cours par quelquessuwari waza. Mais aujourd'hui je commence toujourspar échauffer mes élèves avant de les mettre à genoux.Beaucoup d'adultes souffrent des genoux ou ont étéblessés, alors rester longtemps sur les rotules peut êtredouloureux. Mais la pratique des suwari waza permetd'acquérir une bonne assise, un bon équilibre, réin-vestissable dans la pratique des tachi waza ; ils fontdonc partie d'une pratique régulière d'aïkidoka.

Quelles qualités le pratiquant doit-ilchercher à développer pour espéreracquérir le fond de l’Aïkido ? Avec humilité, je répondrais qu'il faut pratiquer en semettant régulièrement en danger, afin de rester offen-sif en tant que uké et vigilant en tant que tori. Nousn'avons pas de compétition pour nous évaluer, il fautdonc rester vigilant et ne pas nous contenter de ce quenous avons appris. Il faut aussi faire avec son corps qui"avance en âge" et donc le respecter si l'on veut conti-nuer longtemps pour "aller au fond de l'Aïkido".

L’Aïkido n’est-il qu’un simple art dedéfense ?

Dans les quelques forums d'associations auxquels j'aiparticipé, je devais souvent répondre aux personnesqui me demandaient si on pouvait se défendre avecl'Aïkido. Je leur disais : l'Aïkido vous permettra d'êtrebien dans votre corps, de bien gérer l'espace dans lequelvous évoluez. Mais malgré l'apprentissage des armes,il n'y a que quelques techniques rapides qui vous per-mettront d'immobiliser un agresseur rencontré. Si vousvoulez apprendre à vous battre, l'Aïkido n'est peut-êtrepas le plus adapté des arts martiaux.Je pense, mais c'est beaucoup plus dur à réaliser qu'àénoncer, que ça peut aussi être un art de vivre…Comme, par exemple, pour éviter tout conflit.Désamorcer une mésentente qu'on sent arriver par unequestion agréable pour l'interlocuteur qu'on percevaitagressif ou des petites choses comme ça.

En quel sens l’Aïkido peut-il être un art de santé, de bien-être ? Je ne le pratique pas pour tel. Ce que j'aime c'est "trem-per mon kimono" et repousser mes limites physiquesou mentales !

Quels sont les points essentiels quel’Aïkido doit faire passer ? Le respect de son partenaire, surtout quand il vous éner-ve ! Et donc la maîtrise de soi : apprendre à pratiqueravec quelqu'un avec qui ça s'est mal passé une fois n'estpas chose évidente ! Soyons honnête ! Et la fuite n'estpas non plus une solution d’"aïkidoka sincère" ! ●

Propos recueillis par Albert Wrac’h

Illustration Claude seyfried

1- Musaïki avec l’association irimivivace : www.irimi-vivace.fr

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Q14

Quand et comment êtes-vous venuà l’Aïkido ?J’ai débuté l’Aïkido en 1978 après avoir vu un coursdans le club de mon lycée. J’ai tout de suite accrochéavec le professeur Jean-Pierre Lemaire et je me suis ins-crit. C’est lui qui m’a donné les bonnes bases. Il fallaitinstaller et désinstaller les tatamis pour le cours ! Puisquand Jean-Pierre a arrêté, j’ai intégré le club deValenciennes avec Christian Ziolek. J’ai commencé ày enseigner aux adultes et aux enfants en préparantle Brevet d’État que j’ai passé en 1989. Cette année-là, j’ai ouvert les clubs de Saint-Saulve et Le Quesnoy.J’ai aussi été sollicité par l’Université de Valenciennespour reprendre les cours d’Emmanuel Madiéta qui par-tait pour Angers. Puis le club d’Orchies m’a demandéde reprendre pendant trois ans les cours du vendredi.Rapidement, je me suis investi dans la vie de la ligue

Nord Pas-de-Calais pour les stages enfants, les stagespréparation dan, les passages de grades et surtout l’École des cadres.

À quoi faut-il attacher le plusd’importance en Aïkido, à l’espritou à la technique ?Quand on débute la pratique, c’est surtout la formeque l’on travaille. On cherche les déplacements, le désé-quilibre du partenaire, la possibilité de le faire chuterou de l’immobiliser, en résumé à construire de façonmécanique. En tant qu’uké, c’est la maîtrise de la chutequi prime. Petit à petit on s’aperçoit qu’apprendre unetechnique c’est apprendre la forme que prend un prin-cipe, que la technique est un moyen pour atteindre unobjectif et non l’objectif lui-même. C’est une évolutionqui se fait sur la durée. C’est le corps qu’on cherche à

la voie dunordMembre de la CSDGE1

et du Collège Technique de la fédération, Philippe Tramon, 5e dan,enseigne principalementdans le Nord Pas-de-Calais où tous les aïkidoka peuvent apprécier sa générosité.Entretien avec un pédagogue exigeant etpassionné .

ENTRETIENPhilippe Tramon

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structurer en premier autour de principes tels que cen-trage, unité du corps, économie du geste et autres.Cela amène à développer en parallèle des valeurs plusmorales voire spirituelles telles que l’écoute, la dispo-nibilité, la bienveillance, la générosité, la vigilance.

Quels sont les aspects techniquesqui vous paraissent fondamentauxet incontournables pour une bonnepratique en Aïkido ?La réponse qui me vient fait appel aux différents aspectsde ma pratique : élève à l’écoute de l’enseignant, ensei-gnant ayant mission de transmission d’un savoir-faireet d’un savoir-être, juge de passage de grades, for-mateur en école de cadres. C’est la recherche d’uneconstruction cohérente et crédible de la technique avecdes phases identifiées et liées qui me paraît fonda-mentale et incontournable. Quelle que soit l’approche,plus formelle, plus en sensation ou plus en application,cela permet à chacun de comprendre ce qu’il voit,d’échanger et comparer avec autrui, d’évaluer en res-pectant les différentes sensibilités. C’est un peu commeen architecture, que l’on aime ou non l’aspect exté-rieur, l’essentiel est que l’édifice tienne debout.

Considérez-vous certaines techniques plus propices à la compréhension de l’Aïkido ? Toutes les techniques permettent de travailler plus oumoins tel ou tel principe. C’est la qualité pédagogiquede l’enseignant qui me paraît primordiale pour la com-

préhension. C’est grâce à unedémonstration technique clai-re, à un discours adapté et uneanimation agréable que l’élèvepourra appréhender au mieuxla discipline. La formation d’en-

seignants est essentielle pourcréer ou pérenniser les clubs etc’est un travail de longue halei-ne. C’est pour ces raisons quej’anime et coordonne depuis1992 l’École des cadres de larégion Nord Pas-de-Calais avecd’autres collègues et l’aide pré-cieuse d’Arnaud Waltz, BernardPalmier et du regretté Jean-Michel Mérit.

L’Aïkido s’applique-t-il sur tout type d’at-taque et comment ?Nous utilisons des attaques avecsaisies ou frappes. Les saisies facilitent la prise deconscience de la surface decontact, de la pression, du sens(neutre, en pression, en trac-tion), développent les sensationsproprioceptives articulaires etmusculaires avec la possibilité de travail les yeux fer-més pour améliorer la prise de conscience. Les frappesdéveloppent plus la vision, la vigilance, la réactivité, lavitesse d’exécution. Si l’on pratique autour des prin-cipes et non sur une forme stéréotypée immuable etsclérosante, l’Aïkido peut s’appliquer sur tout type d’at-taques. Le travail régulier des kihon waza et leur maî-trise progressive permettent des applications sortantdu répertoire habituel.

Pourquoi pratiquer le suwari waza ? La spécificité du suwari waza réside dans sa pratiqueexclusive dans le dojo, dans ses déplacements quidonne au débutant et même plus tard la sensation

d’apprendre à «marcher » ! Dans l’apprentissage l’at-tention doit être portée sur la qualité pour éviter lesporte-à-faux au niveau des genoux. La mobilité deshanches et la verticalité du buste sont prioritaires pourlimiter les pertes d’équilibre et permettre l’utilisationdes membres supérieurs. Le déséquilibre apparaît plusvite en cas de défaut de centrage qu’en tachi waza.Pour ma part, c’est une pratique qui doit être réguliè-re et à consommer avec modération.

Préconisez-vous une pratique avecarmes ?Dès le début de ma vie sur les tatamis, j’ai été initié àla pratique des armes et elle fait partie intégrante de

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La pratiqueavec armespermet de

développerdes notionsessentielles.

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mon enseignement. Les transferts entre travail à mainsnues et avec armes sont nombreux et enrichissants.J’utilise beaucoup les armes comme outil pédagogiquepour matérialiser les directions, un danger, le sens dela coupe. Avec les enfants c’est le jo que je proposeessentiellement car il permet une pratique symétriquefacilitant l’apprentissage de la latéralité ; il permet ausside très nombreux exercices de maniabilité ; il facilitel’appréciation des distances et du danger. Dans notrerégion, nous avons depuis longtemps pour principe,dans les stages de ligue, d’avoir une partie à mains nueset une avec armes.

Quelle place donnez-vous auxkokyu nage dans votre pratique ? Les techniques de kokyu nage permettent de déve-lopper les possibilités de déséquilibre sans passer par

des positions articulaires contraignantes. La rechercheest plus axée sur les déplacements et placements parrapport à uké. Pour ce dernier, les capacités de chutesont développées avec un minimum de risque articu-laire par rapport à des techniques comme shiho nage,kotegaeshi ou irimi nage. L’attention peut être facilement portée sur la respira-tion en alliant ouverture et inspiration et fermeture avecexpiration. Ce sont des techniques que je préfère uti-liser en début de cours pour prolonger l’échauffement.Avec les enfants, j’ai, au fur et à mesure des années,développé beaucoup d’éducatifs à partir des kokyu

...C’est vers une pratique la plus conservatrice possiblepour le corps que je me suis très tôt orienté.C’est certainement ma profession de masseur-kinésithéra-peute qui m’a amené vers cette tendance...

ENTRETIENPhilippe Tramon

Provoquer ledéséquilibre

comme passersous le centrede gravité estessentiel pour

une bonnepratique de

l’Aïkido.

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nage pour l’apprentissage des chutes et l’aspect ludique.

Vous référez-vous à des sensei enparticulier ? Non, mais il est évident que ma pratique et mon ensei-gnement ont été influencés par les nombreux profes-seurs que j’ai suivis depuis plus de 30 ans. J’ai puisédans leurs cours les éléments qui me convenaient leplus pour me construire. Chronologiquement, c’estmon premier professeur qui m’a donné de bonnes

bases et qui m’a incité à suivre d’autres professeurscomme Louis Clériot qui venait à Cambrai. Ce derniernous poussait à découvrir Christian Tissier. Étant kyu àcette époque, j’avais été impressionné et depuis, j’aitoujours autant de plaisir et d’intérêt à suivre ses stages.Puis ce furent Arnaud Waltz, Pascal Norbelly, Jean-Michel Mérit, Bernard Palmier, Franck Noel, PatrickBénézi. Des maîtres japonais que j’ai pu voir, ce sontYamaguchi sensei, Endo sensei et Yasuno sensei dontla pratique m’a le plus marqué.

Quel est le sens de l’harmonie dansla pratique d’un art martial commel’Aïkido ?L’absence de compétition dans la discipline amène unsens particulier : c’est le fait de pratiquer avec un par-tenaire et non de se battre contre un adversaire. L’objectifde réaliser une technique à partir d’une attaque, nonpas à tout prix, mais en respectant l’intégrité des deuxprotagonistes me paraît spécifique et essentiel. Cettestratégie de gagnant-gagnant, où chacun exprime lemeilleur de soi en fonction de ses capacités et tire unbénéfice de l’échange, donne sens au principe « aïki »: union des énergies physiques et psychologiques deuké et tori séparément et dans leur relation.

Comment évoluent votre pratique etvotre enseignement ? C’est vers une pratique la plus conservatrice pos-sible pour le corps que je me suis très tôt orienté.C’est certainement ma profession de masseur-kiné-sithérapeute qui m’a amené vers cette tendance.Les deux activités s’enrichissent mutuellement. Surles tatamis, c’est la recherche du déséquilibre et sagestion qui prime. Avec les patients, c’est la préser-vation ou la récupération des capacités à tenir ourécupérer l’équilibre dans la marche, les change-ments de position, les escaliers… D’un côté commede l’autre, l’indolence est prioritaire et si la douleurpeut apparaître elle n’est jamais un but. Par ailleurs,je travaille sur la lutte contre les algies rachidienneset les troubles musculo-squelettiques (TMS) depuisde nombreuses années. J’utilise les principes d’er-gonomie préconisés en rééducation et dans les for-mations à la manutention que j’anime. Par exemple,l’action prépondérante des membres inférieurs etl’utilisation du poids du corps pour créer un désé-quilibre ; l’utilisation des différents leviers essentiel-lement dans les saisies ; l’utilisation de la réactivitéde uké pour conduire le déséquilibre ; préférer lesdéplacements peu nombreux et précis : irimi, ten-kan, henka, tsugi ashi ; coordonner la respirationavec le geste effectué ; utiliser l’association d’appuiet contre-appui ; passer sous le centre de gravité dela charge à soulever comme dans les koshi nage ;verrouillage de colonne vertébrale pendant l’effort.Tout cela m’amène à penser que l’Aïkido est unevoie pour le dos ! ●

Propos recueillis par Albert Wrac’h

Illustration Claude Seyfried

1- CSGDE : Commission Spécialisée des Dans et Grades Équivalents.

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CC’est un fait… c’est entré dans les pratiques usuelles.On se connecte sur internet et on pianote dans sonnavigateur « Aïkibudo vidéo » histoire de, on ne saitjamais, tomber sur une perle !... et on trouve le filmd’une démonstration ou un vieux reportage réaliséalors qu’on n’était pas né. C’est ainsi que certainsont pu découvrir le film d’une démonstration qui aeu lieu à la Halle Carpentier en 1963 dans laquelleon peut reconnaître un jeune yudansha, Alain Floquet,faisant office de uke au jeune Hiroo Mochizuki envoyéen France par son père pour promouvoir l’Aïkido duYoseikan. Un bijou, un document exceptionnel danslequel on perçoit le chemin réalisé entre ce que lesplus anciens d’entre nous ont appris à cette époqueet la forme aboutie de l’Aïkibudo, tel qu’il est prati-qué et enseigné aujourd’hui. Comme un archivisteattentif aux informations rares et précieuses, on télé-charge ce témoignage de notre histoire avant quecelui qui l’a diffusé ne décide de l’enfouir dans lesarmoires de l’oubli.

L’Aïkibudo n’est pas un simple mélange : il résulted’une construction et d’une longue progression àpartir de l’expérience d’individus d’exception qui ont,à chaque étape de l’histoire de la pratique, apportéleur pierre à cet édifice. Il en résulte un art complet,qui a son histoire, sa culture, une forme et une éthique.

L’Aïkibudo n’est ni un mélange, ni une synthèseIl est toujours difficile d’expliquer ce qu’est un artmartial. Bien entendu, si vous parlez de Judo, deKaraté ou de Boxe, la plupart des gens se font une

L’Aïkibudo résulte d’une construction et d’une longue progression àpartir de l’expérience d’individus, de budoka, qui ont, à chaque étape del’histoire de cette pratique, apporté leur pierre à cet édifice aujourd’huireconnu et pratiqué sur les cinq continents.

une cultureun style, une histoire, des valeurs,

AÏKIBUDO

Alain Floquet en compagnie des sensei Mochizuki et Sugino lorsd’un stage d’été de Temple-sur-Lot.

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idée assez précise de ce que c’est. Les arts « Aïki »sont souvent moins connus du grand public et, ducoup, beaucoup de personnes cherchent à les défi-nir comme étant « une sorte de mélange de… ». Alain Floquet, fondateur de l’Aïkibudo, refuse une telleapproche réductrice de l’élaboration d’un art martialdans la mesure où elle est sujette à toutes les dérives :il ne suffit pas de s’autoproclamer « maître de… » eneffectuant un amalgame de pratiques dans lesquelleson a picoré pour élaborer un budo. L’Aïkibudo, commel’Aïkido, a une identité qui lui est propre et une his-toire qui fonde sa légitimité.

Minoru MochizukiDans les années 1930, Jigoro Kano, le fondateur duJudo a eu l’intention de renouer avec les arts tradi-tionnels. À cette fin, il créa le Kobudo Kenkyukaï(centre de recherche sur les arts martiaux anciens) etenvoya certains de ses jeunes yudansha (3e et 4e danJudo Kodokan) pratiquer ces disciplines. Parmi eux,on comptait les grands maîtres Minoru Mochizuki et Yoshio Sugino qui étudièrent ce qui était alors appelé l’Aïki-jujutsu de maître Ueshiba et le Katorishintô ryu.Mais les hommes évoluent et enrichissent leur pra-tique de leur propre expérience. Par la suite, maîtreSugino se consacra pleinement au Katori dont il devintl’un des plus brillants représentants tandis que maîtreMochizuki, au sein de son dojo, le Yoseikan, propo-sa un enseignement issu de sa pratique du Judo, del’Aïki-jujutsu Ueshiba-ryu, des sutemi avec maîtreKyuzo Mifune. Il mit au point également des kata debase et proposa une interprétation pragmatique etéducative des kata du Katori qu’il avait étudiés. Il va sans dire que maître Mochizuki avait une légiti-mité telle que cette démarche était celle d’un hommeà l’expérience exceptionnelle et non le bidouillage dechoses prises à gauche et à droite.C’est cet enseignement du Yoseikan qu’Alain Floquet

reçut en premier lieu, d’abord par le biais de Jim Alcheikmort précocement en 1962, puis de 1963 à 1970avec Hiroo Mochizuki (riche période d’évolution par-tagée) et enfin avec le grand maître Minoru Mochizukilui-même, chez lequel il allait régulièrement étudieret pratiquer au Yoseikan à Shizuoka.« Le Daïto Ryu Aïki-jujutsu et le Katori Shinto Ryu sontles deux berges d’un fleuve, dont le Yoseikan shintoryu1 est le lit et dans lequel s’écoule l’Aïkibudo. Lesberges de ce fleuve sont les rails de la tradition etl’Aïkibudo, le flux de la modernité.2»Mais une fois encore, les hommes évoluent et enri-chissent ce qu’ils reçoivent par leur propre démarche.Policier de métier, Alain Floquet donna à sa pratiqueune dimension pragmatique issue de son expériencede terrain. De la même façon, il eut très vite le soucide renouer avec les arts martiaux traditionnels : leKendo avec Shiga Tadakatsu, qui le conduisit à par-ticiper au premier championnat du monde à Tokyoet 1970, le Katori shintô ryu de Minoru Mochizukisensei puis, sur sa recommandation, celui de maîtreYoshio Sugino, enfin le Daito ryu aïki-jujutsu, avecl’assentiment de son maître, auprès du soké TakédaTokimune. Cette culture des arts anciens constituedonc, en quelque sorte, une base historique qui per-met de percevoir physiquement, techniquement, men-

talement et culturellement l’évolution du mouvement« Aïki » popularisé par le maître Morihei Ueshiba. Cette expérience d’une grande richesse humaine etmartiale trouve son assise structurelle au sein du Céraqu’Alain Floquet initie en 1973. Elle évolue si sensi-blement que le maître Minoru Mochizuki lui deman-da au début des années 1980 de donner un nom spé-cifique à sa pratique et à l’école qui en découle.L’Aïkibudo est donc un art dont les racines sont pro-fondément ancrées dans le bujutsu et le budo japo-nais, mais cette école – fait exceptionnel – est le résul-tat de l’évolution d’un Occidental. Cette évolution futnéanmoins encadrée, accompagnée par l’un desmaîtres qui comptaient parmi les plus grands expertsdu budo japonais du XXe siècle.L’Aïkibudo n’est donc ni une synthèse, ni un mélange.Une telle affirmation conduirait à nier le travail, le par-cours, la maturation nécessaire à la construction d’unsavoir. Elle prêterait à croire que cette recherche esttriviale et laisserait planer l’illusion que chacun peut,dans son coin, construire et élaborer son école.Or cette construction doit avoir un contenu, des racineset une cohérence à la fois technique, historique etculturelle. Elle est aussi le fait d’individus dont l’ex-périence, le savoir-faire et le charisme ont permis l’édi-fication de groupes dont la dimension humaine est

Les techniques pratiquées au sein des arts martiaux appartiennent au

patrimoine humain.

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primordiale. C’est ainsi qu’évolua l’enseignementd’Alain Floquet dont la pratique, bien que s’appuyantfondamentalement sur le contenu de l’Aïkido-yosei-kan du maître Mochizuki, a peu à peu acquis un style,une forme de corps caractéristique et un esprit spécifique. En 1981 lors d’un cocktail organisé en l’honneur dumaître Mochizuki Minoru par l’UNA (Union Nationaled’Aïkido) de la FFJDA, en présence et à la demande deses représentants officiels celui-ci dit à Alain Floquet : « Ceque tu pratiques n’est pas de l’Aïkido ».Alain Floquet répondit : « Je sais, c’est votre ensei-gnement ». Le maître lui dit encore : « Il faut que tuchanges de nom ». Il fut alors proposé à Alain Floquetl’appellation « Aïki-jujutsu » qu’il rejeta. Quelqu’un lança alors « Yoseikan Budo ! ». Deux « non » se firent écho, celui d’Alain Floquet et celuid’Hiroo Mochizuki. Alain Floquet proposa alors celuiqu’il avait en tête depuis quelques années déjà et quicompose idéalement le sens, l’esprit et le fond de sapratique : AÏ-KI-BU-DO. C’est ainsi qu’il choisit de nom-mer sa pratique et l’art qui en découle « Aïkibudo »,proposition qui reçut l’aval de ses interlocuteurs. 3

Les caractéristiques de l’Aïkibudo

Comme se plaît à l’expliquer régulièrement AlainFloquet, les techniques pratiquées au sein des artsmartiaux (ou sports de combat) n’appartiennent àpersonne en particulier, ou plutôt elles appartiennentau patrimoine humain. En tout lieu, à toute époque,les techniques de combat utilisées sont proches, voiremême parfois identiques. Pourquoi ? Tout simple-ment parce que le corps humain est fait de la mêmefaçon que ce soit dans l’Egypte ancienne, le Japonmédiéval ou l’Europe occidentale du XVe siècle. Parconséquent, à différentes époques, en différents lieux,les individus ont su empiriquement comment tordreun poignet, déséquilibrer un adversaire ou utiliserune arme tranchante. De même, quotidiennement,dans toutes les écoles de la planète, des enfants quichahutent redécouvrent des clés de bras, des pro-jections de hanche, des torsions de poignet, etc. Bien entendu, des individus ont consacré leur vie àcomprendre la mécanique du corps pour parfaire leurtechnique, l’exercice quotidien leur permettant d’ac-quérir une dextérité et une maîtrise motrice excep-tionnelles. Ils ont approfondi leur connaissance ducorps et de ses principes biomécaniques. Enfin, parl’expérience, certains acquièrent un talent particulierqui transcende la pure pratique qui devient alors véri-tablement un art. Cette même expérience leur per-

met parfois d’outrepasser la simple connaissance intel-lectuelle des choses et les mène vers une perceptionintuitive, supérieure de la pratique et de l’art martial.Ainsi, maître Minoru Mochizuki a-t-il parfois affirméqu’Alain Floquet avait atteint un sens supérieur de lapratique. Coutumier des formules imagées, il disaitde son élève qu’il avait atteint un septième sens !C’est cette recherche d’une pratique authentique etréaliste, parce que tenant compte des spécificités ducorps humain, qui caractérise l’Aïkibudo. La démarched’Alain Floquet visa avant tout à approfondir cetteconnaissance grâce à la pratique à haut niveau duKendo et à l’étude technique, historique et culturel-le des arts traditionnels. C’est le Ken-jutsu (l’art dusabre) du Katori shintô ryu et sa maîtrise de la verti-calité qui, en outre, conférèrent à sa pratique uneforme spécifique et un esprit particulier, soucieuxd’appréhender l’humain avec une disponibilité tota-le. Dans sa forme la plus évoluée, la pratique del’Aïkibudo doit libérer le pratiquant de toute inten-tion, le conduire à une ouverture totale lui permet-tant de s’adapter parfaitement à la situation et aumoment.

La forme de l’Aïkibudo

Comme le précise Alain Floquet, chaque art martialdéveloppe une attitude, un comportement physique,découlant de la nature profonde de sa pratique, quipermet d’identifier celle-ci et qu’il nomme « forme decorps ». On reconnaît un boxeur ou un judoka à leurattitude corporelle, à une physiologie construite parla pratique. Il en est de même pour l’Aïkibudo : saforme vient, d’une part, de l’art du sabre, du Ken-jutsu, et, d’autre part, de l’art de la verticalité et del’état mental « shisei » « zanshin » et « irimi ». Lesépaules sont basses, le corps est droit,le pratiquant est légèrement descen-du sur ses appuis sans avoir les jambestrop écartées pour garder l’entière dis-ponibilité du bassin, les coudes posi-tionnés en avant du thorax ne sontjamais pliés à moins de 90°.Ainsi, c’est cette forme spécifique, cetteallure générale qui fait qu’un mouve-ment est de l’Aïkibudo. Un judoka, un

boxeur, un karatéka peuvent faire une techniqued’Aïkibudo mais qui restera marquée par la formeJudo, la forme Karaté ou la forme Boxe dans l’espritet dans le style. De la même façon, un pratiquantd’Aïkibudo pourra exécuter une technique de hanchede type Judo ou le contrôle d’un coup de poingcomme au Karaté mais dans la forme, dans l’allure,ça restera de l’Aïkibudo.

Démonstrationde Kendo,

Alain Floquet et CorinnePlaisance, mai 2009.

AÏKIBUDO

...La forme de corps de l’Aïkibudo vient d’une part del’art du Ken-jutsu,de l’art de la verticalité et de l’état mental,shisei, zanshin, irimi...

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1- « Yoseikan Shinto Ryu » terme créé et utilisé par le maître Minoru

Mochizuki lors de la rédaction manuscrite du « menjo » exclusif par

lequel il décernait le grade de 5e Dan de Iai-jutsu de Katori shinto ryu à

son disciple Alain Floquet. Ce dernier a adopté cette dénomination

pour désigner et identifier le Iaï-jutsu de l’Aïkibudo.

2- Alain Floquet, Pensées en mouvement, éd. Budo, 2006.

3- Alain Floquet, Préface d’Aïkibudo, Connaissances élémentaires,

éd. Budo, 2007.

4- Loïc Wacquant, Corps et âme, Carnets ethnographiques d’un

apprenti boxeur, éd. Agonie, 2000.

5- Code d’honneur et de morale traditionnelle du Collège national

des ceintures noires de France.

Le vainqueur est…Personne

Nous évoquions, au début de cet article, la richessede l’information que l’on peut trouver sur internet.Malheureusement, parfois, on tombe sur des docu-ments qu’on aimerait voir disparaître au plus vite :une vidéo où l’on tente de simuler un combat entreun aïkibudoka et un boxeur pour savoir lequel desdeux va gagner ; des articles qui tentent de mettreen concurrence les disciplines. On peut ainsi lire ouentendre parfois : « l’Aïkido, le Karaté et le Judo sontenfermés dans leur discipline, nous, on est un mélan-ge des trois de telle sorte qu’on peut s’adapter à toutesituation… la preuve, dans l’ultimate fight, c’est tou-jours quelqu’un de notre discipline qui gagne ».Des propos de ce type sont simplement faux et erro-nés. Tout art martial, quel qu’il soit, se pratique dansun contexte donné avec des codes et des règles bienloin des conditions du combat réel. Sorti de ce contex-te, le plus habile des pratiquants peut se retrouvertotalement déboussolé et perdre ses moyens. Parailleurs, on confond la technique et l’individu. Dansune situation de combat, c’est l’individu qui est déter-minant, son tempérament, son histoire : il y a desenfants bagarreurs, des enfants qui, par nécessité par-fois (et malheureusement), ont développé un instinctde survie tel, qu’au-delà de toute technique, ils sontdevenus déjà des combattants redoutables. A contrario, dans le cadre d’un ring ou d’un tatami,il suffit de modifier certaines règles pour transformerles conditions du combat et augmenter ou réduireconsidérablement les chances des uns ou des autres.Le grade, en Judo, représente une triple valeur SHIN(valeur morale, esprit, caractère), GHI (valeur tech-nique), TAI (valeur corporelle). Cette triple valeur peutexister, pour chaque pratiquant, en proportion variableselon l'âge, la santé, le sexe. La valeur SHIN domine

et commande les autres. Un pratiquant sans valeurSHIN, et qui posséderait seulement les deux autres,serait un être dangereux et nuisible pour tous, et fina-lement pour lui-même.5

Par conséquent, ces ultimate fights n’ont aucun sens,aucun sens du point de vue technique, aucun sens dupoint de vue moral ni aucun sens du point de vue del’évolution. Alors que les fédérations s’attachent à édi-ter des codes moraux, à vanter les vertus éducativesde leurs disciplines, on peut s’interroger sur des pro-fesseurs dont l’objectif est d’apprendre à leurs élèvesà détruire les autres. Une telle démarche est régressi-ve, elle va à l’encontre même des règles sociales d’unesociété comme la nôtre où chaque enseignant a undevoir de socialisation et de transmission de ces règles.

Eduquer, c’est le but ultime du budo

« La nature même du budo est la tradition. La tradi-tion en est le fluide vital. […] Le but actuel du budo,et a fortiori de l’Aïkibudo, m’apparaît n’être ni la guer-re, ni la violence, ni même le combat sportif, maisl’édification d’un être humain solidement équilibré etapte à vivre en toute harmonie et à répandre cetteharmonie autour de lui. »2

Tout pratiquant et, a fortiori, tout enseignant d’unbudo ou d’un art de combat, quel qu’il soit, doit s’in-terroger sur le sens de ce qu’il enseigne et sur sa res-ponsabilité vis-à-vis de ses élèves. Le sociologue LoïcWacquant4 qui a passé plusieurs années dans les sallesde boxe des quartiers noirs de Chicago montre quepar l’élaboration de règles strictes, le ring est le lieude canalisation d’une agressivité exacerbée par unevie souvent prématurément éprouvée par la misèreet la violence. Dans des zones de non-droit que lesinstitutions publiques ont très souvent désertées, la

salle d’entraînement reste souvent le dernier lieu desociabilité, de respect des règles collectives et de main-tien d’une forme d’autorité. Au fin fond du ghetto,l’entraîneur de boxe est avant tout un éducateur, leclub un espace protégé et le ring un espace de maî-trise de la violence.Se dispenser de cette réflexion, c’est faire preuve d’uneirresponsabilité patente. Aller à l’encontre de ce devoiréducatif du budo, c’est avoir une approche nuisibled’un art martial dont les vertus peuvent permettre degrandir l’individu et d’en faire un citoyen responsable.Quel gâchis ! ●

Christophe Gobbé, 4e dan, avec la participation de Daniel Dubreuil, 6e dan

Photos Céra

Stages d’été dirigés par Alain Floquet :- Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne)

du 18 au 23 juillet et du 26 au 30 juillet 2010.- Lagord (Charente-maritime)

du 2 au 6 aout 2010.Pour toute information complémentaire,

www.aikibudo.com : rubrique les infos pratiques.

L’art de la verticalité et de l’état mental « shisei », « zanshin », « irimi ».

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UUn stage d'Aïkido est l'occasion de sortir des habitudestechniques et générales de la pratique quotidienne duclub ! Il invite à échanger ses propres connaissancesavec des partenaires inhabituels, tout en employantun language technique plus ou moins connu de tous.Cette expérience fait travailler la confiance en soi eten l'autre, l’une des difficultés de l’Aïkido chez lesjeunes, étant certainement la diversité des niveaux,tant en taille qu'en âge. Dans un cours classique declub, les niveaux techniques sont a priori plus homo-gènes que lors d’un stage où les jeunes sont confron-tés à une plus grande diversité de situation.Pour les jeunes, les repères dans la pratique se refè-rent souvent à une couleur de ceinture. À l'occasion

d'un stage, ils sont confrontés à leur propre connais-sance. La catégorisation par grade leur pose parfoisdes difficultés, ils font souvent l'amalgame entre lalogique mathématique du système d'évaluation ( 5e

kyu = 3 techniques, 4e kyu = 5 techniques, 3e kyu =7 techniques, etc.) et l'identification des principes ( pro-jection/immobilisation, uké/tori, omote/ura ). Le solfège de l'Aïkido est très vaste et les jeunes, for-cément débutants, n'acceptent pas toujours les diffé-rences qu’ils rencontrent en passant d'un enseigne-ment à un autre. Reste alors pour l'enseignant à effa-cer ces différences et à mettre l'accent, en priorité, surla satisfaction pour le jeune aïkidoka d'avoir réussi danssa recherche !

Ce stage en Martinique s'est déroulé dans un contex-te particulier. Les stagiaires se sont retrouvés pendantquatre jours dans un environnement naturel, en auto-nomie quasi totale. Particulièrement motivés, ils se sontinvestis sans compter dans cette aventure nouvelle,pour beaucoup d’entre eux, avec l’esprit neuf, libre etsincère du débutant.Très rapidement, au milieu de tous ces éléments, plage,forêt, un fil conducteur s’est imposé à tous pour cestage : les principes fondamentaux de l’Aïkido reliés àcette nature : le contact, le partage, la résolution desproblèmes dans la solidarité. Pour animer un stage de jeunes, une connaissancevariée de techniques est utile afin de mieux construi-

Rendez-vous annuel, ie stage pour jeunes pratiquants en Martinique avécu une innovation pourson édition de 2010 avec lavenue d’un intervenantexterne, Silva Tscharner.Dans l’environnement spécifique de l’île, les jeunesstagiaires ont pu expérimenter leurs acquisloin des habitudes du dojo.

sous le soleil, l'espritdu débutant

STAGE jeunes en martinique

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re et surprendre. Le retour d’expériences, très divers,des pratiquants donne la possibilité de laisser les jeunes,souvent dans une interrogation permanente, s'expri-mer devant le groupe. Ce travail sur le retour des élèvesest absolument indispensable pour la suite du stage.Enseigner aux jeunes n'est pas uniquement une affai-re d'improvisation. Une solide préparation est néces-saire et une réflexion approfondie aide à cerner unmessage simple à transmettre. Celui-ci se réfère, enl’occurrence, au Bushido, code donnant une valeuréthique éducative à l'enseignement de l'Aïkido.Ce stage en Martinique nous a fait profiter d'un lieude rassemblement où l’on a pu découvrir une situationinconnue, avec une technique aquise connue, ( par exemple travail avec plusieurs partenaires simul-tanément, suwari-waza, tachi-waza, hanmihandachi-waza, travail avec armes, etc. ). Il est clair que le stageest réussi si le retour montre une connexion de chacunavec tous. Des situations inhabituelles ont réveillé lecôté ludique dans la pratique, les jeunes étant cham-pions pour créer des mises en situations particulièresenrichissantes. L'absence de postures artificielles et leurfacilité à se déplacer naturellement les mettent souventen situation de riposte immédiate qui conduit à l'éx-périence tout à la fois de la feinte et de la sincérité...

Le mouvement et la formeCe stage pour jeunes en Martinique a été organiséavec le concours du Squale-Club de Sainte-Luce parle Président de la ligue de Martinique Louis Lauhon,avec également Isabelle Bourgade, Gina Croisan,Raymond Dufrenot et bien d’autres qui nous font unpetit retour de l’évènement tel qu’ils l’ont vécu :« Le stage a été orienté sur la liaison des principesd'Aïkido et l’observation de ses principes dans le milieunaturel, la plage et la forêt, trés présents en Martinique,

s'y prétant particulièrement, leclimat aussi... Ce stage a étéorganisé à l'initiative de LouisLahon, qui avait déjà expéri-

menté plusieurs fois cette formule de prise en charged'un groupe de 25 jeunes de 8 à 17 ans. Il a souhai-té, pour ce rendez-vous de 2010, changer de formu-le en faisant appel à un intervenant externe, en l’oc-currence Silva Tscharner, et en mettant en place unplanning qui inclue des cours d'Aïkido et des activitésde plein air. Cela devait permettre de varier le contex-te autour de la pratique.Le fil conducteur était l'esprit du débutant, facilementidentifiable par les jeunes, tous étant forcément plusou moins débutants ! L'accent a été mis sur la libreexécution d'une technique connue dans une situationinconnue. L'idée force étant de découvrir une technique...À la plage, par exemple, nous avons abordé le mou-vement et la forme de la vague pour travailler les pro-jections et différentes formes de kokyu ; mais non,nous n'avons pas chuté souvent dans le sable maisexpérimenté l'inertie d'une réception de choc dans unélément liquide, la mer ! Par l' observation des élé-ments "en direct", les stagiaires n'ont eu aucun malà percevoir un principe, aspiration et projection, qui semanifeste dans plusieurs techniques ou mouvementsqu'ils connaissaient déjà : kokyu nage, kaiten nage,tenchi nage... nage... nage...Nous avons également pratiqué avec armes, jo et ken,dans le but de faire sentir que pour les jeunes, les chosessérieuses sont pour plus tard !Avec l'activité canoë/kayak et le tir à l'arc nous noussommes créés des outils pédagogiques pour le travailau jo. Le maniement d'un outil à manche permet dedémontrer plus nettement les variétés d'utilisation.Quelquefois nous déplaçons l'outil, parfois c’est lui quinous fait bouger. Puis la pratique avec une arme pourdeux fut intéressante également, permettant d'affinerles rôles et l'identification de uké et tori. Pour surmonterla difficulté de l'éxécution technique dans un cadre dedébutants, nous travaillions les techniques la veille audojo (kokyu, ikkyo, irimi tenkan) avant de se “jeter“dans la forêt pour les expérimenter… sur le champ debataille. Une situation inconnue par l'absence du tata-

mi, au milieu d’un environnement d'arbres, de petitschemins, de fougères géantes, de rochers volcaniques...Là, l'esprit de nos débutants n'en n’est pas resté àregarder la couleur de la ceinture !Les stagiaires ont même pratiqué sous la pluie. Pas letemps de se poser des questions, trop absorbés parl'envie d'expérimenter leurs connaissances en situa-tion. La mise à l'épreuve de leur savoir-faire les rendait“furieusement” curieux. L'esprit du débutant préva-lait dans l’expérimentation, voir sans regarder, fairesans vouloir faire.

Armes et jardins secretsLors de ce stage, le groupe multi-ethnique et d'âgesvariés a révélé à chacun que le fait d'être fille ou gar-çon n'était qu'une situation particulière parmi tantd'autres. Avoir les yeux bleus ou les cheveux noirs, por-ter des lunettes, être grand et maigre, n’était qu’undétail technique de la création. Ici encore l'esprit dudébutant rappelle qu’il faut rester ouvert à toute formede situation : les filles de Martinique ont des armessecrètes et les garçons des jardins secrets...»Pour enrichir l'image de l'Aïkido du débutant, le stagenous a donné l’occasion de parler du "code" pourdébutant et de revenir sur le Reishiki pour les sempaï.En fin de journée, nous faisions ensemble une lectu-re de la rubrique " Régles et Étiquette " du Guide dudébutant. Deux ou trois règles en moyenne par soiréequi permettaient d’entendre les différents avis sur lesujet et d’en débattre. Les jeunes s'expriment timidement, formatés dans leurperception des règles à observer ! Ils ont l'habituded'obéir à l'autorité hiérarchique, ce qui est naturel. Ilssuivent le guide, à nous, adultes, de donner l’exemplepar notre comportement. Petit à petit, les règles connuess'appliquent par habitude puis, en situation ou lieuinconnus, la règle devient un code ! Pas besoin d'ex-pliquer aux jeunes… CODE ACCEPTÉ @. ●

Albert Wrac’h

En Martinique,tout

commence et se termine

avec la banane.

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ENTRETIEN AÏKBUDO

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fax: 01 43 48 87 91

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